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La Contestation Feutree Du Genocide Armenien A L'ecole

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    LA CONTESTATION FEUTREE DU GENOCIDE ARMENIEN A L'ECOLE

    education-genocide-histoire-Turquie-Armenie-anniversaire

    Bobigny, 23 avr 2015 (AFP) - L'enseignement du genocide armenien,
    dont le centenaire doit etre commemore vendredi, demeure un sujet de
    crispation pour nombre d'elèves d'origine turque, selon des enseignants
    d'histoire, mais la negation virulente de ce crime de masse a cede
    la place a une contestation plus feutree.

    Dans les collèges, les premiers incidents recenses remontent a 2001,
    quand l'Assemblee nationale a adopte une loi reconnaissant le genocide
    armenien.

    A Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), où reside une importante
    communaute turque, "un elève etait venu voir son prof d'histoire-geo
    pour avoir confirmation que le genocide n'avait pas eu lieu et que
    cette reconnaissance etait due a la pression du lobby armenien",
    rapporte Sophie Ferhadjian, agregee d'histoire.

    Ancien membre du Haut conseil a l'integration, cette
    arrière-petite-fille de rescapes du premier genocide du XXe siècle
    a recense des dizaines d'incidents similaires.

    Parfois, comme a Vendôme, dans le Centre, ce sont des parents qui
    protestent auprès d'un chef d'etablissement parce qu'une enseignante
    a evoque une "page sombre de l'histoire de la Turquie", sans meme
    employer le terme genocide.

    Ailleurs, comme a Lyon ou Nancy plus recemment, c'est "l'unilateralite
    des victimes" qui est critiquee, sous l'angle : "les Armeniens ont
    egalement massacre des Turcs, ils etaient des traîtres, allies des
    Russes", ajoute Mme Ferhadjian.

    L'introduction du genocide armenien dans les programmes d'histoire
    de collège a la rentree 2012 a egalement provoque des remous.

    "Au debut, il y a eu des tensions dans certaines classes avec des
    familles qui refusaient que leur enfant assiste au cours quand
    l'enseignant abordait la thematique", affirme Fabrice Romanet,
    enseignant et formateur dans l'academie de Lyon.

    "C'est moins le cas maintenant car les enseignants sont mieux formes",
    dit-il, et donc mieux armes pour "deconstruire des opinions imposees
    le plus souvent dans le cadre familial", avec le renfort des reseaux
    sociaux.

    D'autant que pour traiter cette thematique, les enseignants peuvent
    desormais s'appuyer sur l'existence d'un nombre croissant d'ouvrages
    ecrits par des historiens turcs et l'ouverture des archives de l'Empire
    ottoman qui permet de presenter aux elèves des photos ou des documents
    ayant valeur de preuve.

    "Quand le programme de 3e a ete mis en application, le rectorat a
    ete inonde de courriers demandant que ce chapitre ne soit pas aborde
    et que les manuels soient expurges mais depuis, on n'a plus aucun
    retour, les choses se sont apaisees", confirme Catherine Vercueil,
    inspectrice dans l'academie de Lyon.

    - "le fait devient une opinion" -

    Mais pour Sophie Ferhadjian, l'absence de "remontees" du terrain ne
    signifie pas l'absence de problème.

    Et de citer les cas des manuels turcs utilises dans les ELCO
    ("Enseignements de Langue et de Culture d'Origine" a destination
    d'elèves desireux d'apprendre la langue de leurs parents) ou de
    certains manuels francais se contentant de parler de "massacres
    inter-religieux".

    Plus grave a ses yeux : "il semble que les problèmes remontent de
    moins en moins, et c'est vrai aussi de la Shoah, parce qu'on est passe
    de la negation pure -+ca n'a pas existe+- a une remise en cause plus
    subtile des faits".

    "Ce qui est remis en cause, c'est le statut meme du fait d'histoire",
    qui devient "une opinion dont on peut discuter", poursuit
    l'historienne, dressant un parallèle entre ce nouveau negationnisme
    "soft" et le succès des theories complotistes après les attentats
    contre Charlie Hebdo.

    Pourtant, en Turquie meme, la reconnaissance du genocide progresse,
    comme en temoigne une enquete recente de la Fondation pour
    l'innovation politique, realisee auprès de jeunes de 16 a 29 ans
    dans 31 pays. Ainsi, 33% des jeunes Turcs interroges en août 2014
    qualifiaient de "genocide" le massacre des Armeniens, contre 82%
    dans l'Union europeenne et 93% en France.

    Mais en France, la diaspora turque est "crispee dans un nationalisme
    primitif" et a tendance a considerer ce combat pour la reconnaissance
    du genocide armenien comme du racisme anti-turc, estime Seta
    Papazian, presidente du Collectif Van (Vigilance armenienne contre
    le negationnisme).

    Par Eve SZEFTEL

    vendredi 24 avril 2015, Stephane (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=110841

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