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Discours de Jacques Donabédian, président du CCAF Marseille-Provence

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  • Discours de Jacques Donabédian, président du CCAF Marseille-Provence

    MARSEILLE-CCAF
    Discours de Jacques Donabédian, président du CCAF Marseille-Provence
    prononcé lors de la réunion publique du 29 juin à Marseille


    Nous publions ci-dessous dans son intégralité, le discours de Jacques
    Donabédian, président du CCAF Marseille-Provence prononcé le mercredi
    29 juin à l'occasion de la rencontre-débat autour de l'échec de la Loi
    de pénalisation du négationnisme du génocide au Sénat le 4 mai
    dernier.

    « Sous la pression turco azérie l'UNESCO a profané il y a quelques
    jours une exposition de photos de Khatchkars dont elle était elle-même
    co-organisatrice. La mention des lieux et la carte montrant
    l'implantation de ces croix de pierre témoignant de la présence
    arménienne sur sa terre ancestrale en Arménie occupée ont été
    supprimées. Voilà encore une forme de négationnisme pervers que nous
    ne pouvons plus supporter et qui se rajoute à tout ce que nous avons
    entendu le 4 mai au sénat. Alors trop c'est trop !

    Mais le but de cette rencontre n'est pas de nous défouler sur nos amis
    parlementaires ici présents, il est certes d'exprimer notre émotion,
    notre colère mais également après les sentiments de laisser parler la
    raison. Il s'agit d'établir un dialogue avec nos parlementaires. Un
    dialogue que je voudrais sans animosité, courtois, constructif. Cette
    rencontre doit servir à préparer l'avenir de notre combat contre le
    négationnisme.

    Le 12 octobre 2006 l'Assemblée nationale votait une proposition de loi
    visant à pénaliser la négation du génocide des Arméniens perpétré par
    les Turcs en 1915. Tout comme la loi du 29 janvier 2001 qui reconnaît
    ce génocide, c'est l'engagement de nos parlementaires qui a énormément
    contribué à ces 2 victoires. Le CCAF a su créer à Marseille l'esprit
    de consensus qui a permis ces succès. Je rappelle le rôle primordial
    de l'appel des 5 : Richard Mallié, Christophe Masse, J-F Picheral,
    Roland Blum, Robert Bret, qui a été le catalyseur qui a conduit au
    vote du 12 octobre. D'ailleurs Christophe Masse a été le rapporteur de
    cette loi. Tout le monde ici est d'accord pour dire que notre cause
    concerne l'humanité toute entière et se place au-dessus des clivages
    politiques. Sans être chauvin on peut aussi dire que tout est parti de
    notre région. Bouc Bel Air, Aix en Provence, Gardanne, Marseille,
    Toulon etc... Il y a eu un élan populaire et républicain en faveur de
    notre cause. Nos parlementaires ont la plupart une place dans le grand
    livre d'histoire du peuple arménien.

    Depuis octobre 2006 le processus législatif était bloqué. Pourtant le
    CCAF a multiplié les actions au niveau national pour que la PPL soit
    inscrite à l'ordre du jour du Sénat. René Dzagoyan était chargé de
    coordonner cette action au niveau national. Une centaine de sénateurs
    lui avait répondu favorablement, En vain ! On le sait les
    gouvernements successifs ont toujours sacrifié les droits légitimes du
    peuple arménien aux bonnes relations avec la Turquie. Nous en avons eu
    une confirmation en décembre 2010 par la révélation de Wikileaks sur
    les propos tenus par M. Levitte l'envoyé du Président Sarkozy en
    Turquie le 16 mai 2007 qui rassurait les Turcs en leur promettant que
    la PPL mourra au Sénat alors qu'un mois avant, le futur président
    Sarkozy nous écrivait le contraire. Loin de nous surprendre cette
    révélation a eu pour vertu de redynamiser nos revendications vis-à-vis
    du Sénat. Le parti dachnag membre du CCAF met la pression sur le PS.
    Le 5 juillet 2010 le PS avait déposé le texte au sénat en promettant
    qu'il l'inscrirait dans sa niche sénatoriale du 30 mars. Lors du dîner
    du CCAF le 28 janvier 2011, le Président Jean Noël Guérini annonce
    qu'il rappellera cette promesse au cours de la réunion du bureau du
    groupe socialiste le 8 février. Le 8 février Jean-Noël Guérini est
    désavoué. Branlebas de combat au parti dachnak, leur chef Mourad
    Papazian monte au créneau et obtient de Martine Aubry une lettre de
    promesse que la prochaine niche sera pour nous le 4 mai. Le CCAF
    s'enthousiasme une campagne d'information est immédiatement entreprise
    auprès des Sénateurs. A Marseille, de juillet 2010 à mai 2011 des
    centaines de courriers sont adressés aux parlementaires, des
    manifestations publiques sont organisées ainsi que des rencontres avec
    les sénateurs régionaux.

    Avec les poids lourds que nous avons dans notre région, Jean-Claude
    GAUDIN président du groupe UMP au sénat, Jean-Noël GUERINI, président
    du PS dans notre département et président du conseil général sans
    compter tous les autres sénateurs, tous acquis à notre cause, nous
    avions quelques raisons d'être optimistes. Des illusions on s'en est
    fait et notre incompréhension et notre colère ont été à la hauteur de
    la taille de nos grandes illusions. Paris n'a pas été de reste puisque
    que les co-présidents du CCAF Paris sont reçus par le Président
    Sarkozy qui leur promet de ne pas intervenir auprès des sénateurs, qui
    leur promet des directives auprès des magistrats et qui devant eux
    appelle Jean-Claude Gaudin dont ils entendent les réticences.

    Le 4 mai dernier nous laisse un goût amer, comme si nous étions, nous,
    des accusés dans un tribunal mené par des négationnistes, en Turquie,
    patrie de la falsification et non en France, patrie des droits de
    l'Homme. Chacun des opposants a donné libre cours à un argumentaire
    souvent hors sujet, frisant la mauvaise foi. Contrairement à ce qui a
    été annoncé, il n'existe aucune base juridique, aucun recours possible
    contre le négationnisme du génocide des Arméniens. On s'est permis de
    faire de la politique politicienne, on s'est permis d'avoir des sautes
    d'humeur, on a ménagé les historiens pour ne pas les vexer alors on
    s'est demandé qui doit faire l'histoire, on a parlé de loi
    liberticide, on a dit qu'il ne faut pas compromettre l'établissement
    de soi-disant bonnes relations arméno-turque, on a même évoqué le
    conflit du Karabagh en accusant les Arméniens de crimes qu'ils
    n'avaient pas commis et enfin on est allé jusqu'à menacer de rendre
    irrecevable la loi du 29 janvier 2001 qui reconnaît le génocide des
    Arméniens. Bref on a tergiversé et on s'est contenté du moindre
    argument fallacieux, au mépris du respect des descendants des rescapés
    du génocide que nous sommes au mépris du devoir de mémoire que nous
    voulons accomplir dans la sérénité et dans la paix civile qui devrait
    être assurée par la loi. Je crois qu'on peut parler d'indécence et de
    cynisme.

    La sacro-sainte Raison d'Etat a été respectée : La France doit
    conserver les meilleures relations possibles avec la Turquie. C'est le
    laxisme des pays occidentaux au nom des intérêts économiques qui a
    laissé le champ libre aux Turcs pour commettre leur crime en 1915.
    Aujourd'hui c'est cette même raison d'Etat qui fait que la cause
    arménienne est trahie.

    Outre les raisons que je viens d'évoquer les autres raisons de l'échec
    sont nombreuses. Les élites françaises ne veulent plus entendre parler
    des lois mémorielles. Les opinions publiques ont d'autres chats à
    fouetter que de se soucier du cas arménien, la mémoire ce n'est pas du
    travail ou du pain. On ne veut pas de la Turquie dans l'UE alors on
    l'a ménage sur le reste. Cette question divise les partis et notre
    cause devient une bataille entre pro et contre turcs. La Turquie est
    devenue une puissance économique qu'il faut ménager. La Turquie est
    l'alliée de la France dans les affaires de Lybie et du nucléaire
    iranien. Et puis il y aura bientôt les élections sénatoriales. Je
    rajouterai une raison interne, nous n'avons pas pu cette fois ci
    imposer la méthode marseillaise de travail, celle du consensus.

    Nous n'avons donc pas digéré le fiasco du 5 mai qui finalement était
    inévitable et sommes en droit de nous poser quelques questions :
    Pourquoi la voix des grands défenseurs de cette juste et noble cause,
    notamment celle de Monsieur Jean-Claude GAUDIN, président du groupe
    UMP au sénat, n'a pas pu ou n'a pas voulu s'imposer comme cela a été
    dans les précédents débats ? Pourquoi le vote de l'UMP a été dans sa
    quasi-totalité des sénateurs pour l'irrecevabilité. Pourquoi le PS
    rapporteur de cette loi est arrivé en rang divisé ? Pourquoi il a été
    demandé le vote à bulletin public, assurant ainsi le succès de
    l'irrecevabilité ?

    Autant de questions dont les Français d'origine arménienne et leurs
    nombreux amis attendent des réponses alors que se rapprochent
    d'importantes échéances électorales.

    Je pourrais répondre à la place des parlementaires, mais ils sont ici
    et ce sera à eux de le faire.

    Je le disais le but de la réunion est de rebondir sur cet échec et de
    voir si malgré tout une autre possibilité est envisageable. La loi sur
    la reconnaissance du génocide n'était pas passée la première fois en
    2000 au Sénat. Le C24 Marseille Provence n'avait alors pas baissé les
    bras et nous y étions arrivés. Alors comme le laisse supposer
    Jean-Claude Gaudin dans une interview qu'il a accordée au magazine
    Nouvelles d'Arménie, y aura-t-il un moment favorable ?

    Voilà cher amis les axes du débat de ce soir ».

    Jacques Donabédian, Président du CCAF Marseille-Provence

    Krikor Amirzayan

    samedi 2 juillet 2011,
    Krikor [email protected]

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