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Turquie : Chronique De L'Arbitraire Judiciaire

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    TURQUIE : CHRONIQUE DE L'ARBITRAIRE JUDICIAIRE

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65178
    Publié le : 29-06-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    invite a lire cette information publiée sur le site du GIT France
    (Groupe de travail international) le 29 juin 2012.

    GIT France

    Chronique de l'arbitraire judiciaire. En attendant le 2 juillet

    Vendredi 29 juin 2012

    Attirer l'attention internationale sur les violations en chaîne des
    droits civiques et la banalisation de l'arbitraire judiciaire d'un
    pays passe souvent par le moment des procès comme celui qui va se
    tenir mardi 2 juillet a Silivri, a 100 kilomètres d'Istanbul, où
    débuteront les audiences du procès d'intellectuels démocrates
    accusés d' Â" appartenance a un groupe terroriste Â" ou de Â"
    complicité Â". C'est le cas notamment de l'éditeur Ragıp Zarakolu
    et de la professeure de l'université de Marmara BuÅ~_ra Ersanlı,
    passibles respectivement de 7,5 a 15 ans de prison et de 15 a 22,5
    ans. Des membres du GIT présents sur place suivront le procès et
    nous informeront. Nous les remercions pour leur action.

    Dans ces procès anti-kurdes (dit Â" KCK Â"), la justice est
    instrumentalisée pour briser l'opposition intellectuelle et
    politique a un Etat et a un gouvernement qui placent aujourd'hui la
    Turquie dans un état proche de la tyrannie. D'autres opposants sont
    pourchassés et frappés dans le cadre d'un autre procès-monstre
    (dit Â" Ergenekon Â").

    Une chose est sÃ"re, le système judiciaire turc mettra des années
    a se remettre des conséquences de cette fonction de justice d'Etat
    et de tribunal idéologique qui lui est imposée et qu'il adopte sans
    états d'âme. Il suffit de se reporter a l'acte d'accusation dressé
    contre BuÅ~_ra Ersanlı pour comprendre l'étendue de la manipulation.

    Si de tel procès permettent de frapper les opposants et d'accroître
    la peur sur toute une société, ils courent le risque néanmoins de
    révéler davantage les pratiques d'arbitraire judiciaire et d'amener
    la condamnation, sur la scène internationale pour commencer, d'un
    Etat qui se livre a cette terreur légale et si peu juridique. Encore
    faut-il que des journaux et des journalistes rapportent ces faits
    et bien d'autres. Guillaume Perrier, correspondant du Monde en
    Turquie, suit cette actualité avec précision et compétence,
    dans des contextes où chaque article est toujours scruté par un
    gouvernement attaché a son image international.

    Il a publié dans la version papier du journal un article sur
    l'arrestation d'une jeune étudiante pour des faits qui sont ceux de
    la vie normale. Sauf qu'en Turquie ces faits peuvent mener en prison.

    Sauf qu'elle est francaise et que son sort peut
    intéresser un lectorat francais. Publié le 27 juin,
    l'article de Guillaume Perrier est disponible sur son blog
    (http://istanbul.blog.lemonde.fr/2012/06/28/liberez-sevil/), et
    maintenant plus bas sur cette page.

    Le Monde a pris très au sérieux cette affaire en consacrant, cet
    après-midi, son éditorial de une a cette affaire emblématique. Â"
    Quel crime a commis Sevil Sevimli, M. Erdogan ? Â" s'interroge la
    rédaction.

    On ne peut que la féliciter. A la fois parce que l'éditorial
    dit exactement ce qu'il faut penser de cette affaire d'arbitraire
    judiciaire qui est le quotidien des jeunes de Turquie, surtout s'ils
    sont kurdes, alévis, étudiants ou étudiantes. Et aussi parce que Le
    Monde rappelle qu'en face de cette criminalisation de la société tout
    entière, on se doit de réagir et particulièrement quand l'histoire
    devient une pédagogie de la Turquie d'aujourd'hui. Â" L'histoire de
    Sevil, étudiante francaise de 20 ans, prise au piège de la machine
    judiciaire turque, ou plutôt de la machine a injustices, attire
    aujourd'hui l'attention car elle a la nationalité francaise. Mais
    combien d'autres comme elles, croupissent en prison ? Â", commente
    Guillaume Perrier. L'éditorial s'achève sur une même mise au point
    et souligne les implications diplomatiques d'une telle affaire.

    Â" Son cas, malheureusement, n'est pas isolé. Plus de 600 étudiants
    turcs sont emprisonnés depuis 2010, selon des organisations
    étudiantes, et un millier de lycéens ont été arrêtés ces derniers
    mois, considérés comme trop proches des milieux de gauche. Quelque
    70 journalistes, dont une bonne partie travaillaient pour des
    médias kurdes, sont également en détention. Le durcissement de la
    répression dans le pays du premier ministre Recep Tayyip Erdogan fait
    craindre a de nombreux observateurs le retour des vieux démons de
    la Turquie, au moment où ce pays, dynamisé par une forte croissance
    économique, revendique le statut de puissance régionale.

    L'arrivée a l'Elysée d'un président francais moins hostile a
    l'adhésion de la Turquie a l'UE et un premier contact plus détendu
    entre M. Hollande et M. Erdogan a Chicago pouvaient laisser espérer
    un nouveau départ dans les relations franco-turques. Il serait
    éminemment regrettable que le maintien en détention de Sevil Sevimli
    gâche cette perspective. Â"

    Ajoutons que la sociologue Pınar Selek, elle aussi victime d'un
    acharnement judiciaire (et médiatique puisque l'essentiel des
    moyens d'information est sous contrôle du gouvernement) est a
    nouveau en danger. Voir le nouveau site qui lui est consacré :
    http://pinar-selek-en-danger.blogspot.fr/

    "Le désarroi de la famille de Sevil, étudiante lyonnaise détenue
    pour terrorisme en Turquie

    Le Monde (France) mercredi 27 juin 2012

    Guillaume Perrier (avec Richard Schittly, a Lyon)

    Sevim Sevimli est désemparée. Mercredi 20 juin, c'était la sixième
    fois qu'elle rendait visite a sa fille, maintenue en détention
    provisoire a la prison d'Eskisehir (nord-ouest de la Turquie) depuis
    bientôt un mois et demi. " Chaque matin, je me réveille et je vis
    un cauchemar ", soupire cette mère de famille, venue cette fois
    en Turquie avec ses deux autres enfants, âgés de 14 et 2 ans. "
    Maintenant j'attends, je suis décidée a rester ici jusqu'a ce
    qu'elle soit libérée. Je ne quitterai pas la Turquie sans ma fille. "

    Les semaines passent et la situation de Sevil, une jeune étudiante
    lyonnaise de 20 ans, tarde a s'éclaircir. Arrêtée le 9 mai a l'aube
    par la police antiterroriste turque, dans la ville universitaire
    d'Eskisehir, la jeune femme est accusée de " collusion avec une
    organisation terroriste ". Elle risque jusqu'a douze ans de prison.

    Au cours de ses interrogatoires, elle s'est vue accusée d'avoir
    participé au défilé du 1er mai, pourtant légal, a Istanbul,
    d'avoir assisté, parmi 300 000 personnes, a un concert de Yorum, un
    groupe populaire et politiquement engagé a gauche. On lui reproche
    également d'avoir collé une affiche réclamant la gratuité de
    l'enseignement et d'avoir participé a des pique-niques organisés
    par une association étudiante. Suffisant pour être accusée de
    collusion avec le Parti-Front révolutionnaire de libération du
    peuple révolutionnaire (DHKP-C), une organisation illégale d'extrême
    gauche, en sommeil depuis une dizaine d'années mais qui reste placée
    sur sa liste noire par l'Union européenne.

    Etudiante a l'université Lyon-II en information et communication,
    Sevil Sevimli était partie en Turquie dans le cadre du programme
    d'échange européen Erasmus. " Elle est née en France, elle est
    francaise. Nous venions très rarement en Turquie. Elle venait pour
    étudier et pour mieux connaître notre pays. Nous avions un peu peur,
    mais nous ne voulions pas nous y opposer ", raconte sa mère. La
    famille, des Kurdes de confession alévie, venus de la région
    d'Elbistan, dans le sud-est de la Turquie, s'est établie près de
    Lyon - le père, artisan y est installé depuis 1984. Avide de lecture,
    curieuse de tout selon ses proches, Sevil rêve de devenir journaliste,
    " reporter de guerre ", précise sa petite soeur.

    Dossier inaccessible

    Dans l'attente qu'une date soit fixée par la justice pour le procès,
    qui se tiendra a Ankara, les faits reprochés a la jeune femme, ainsi
    qu'a cinq autres étudiantes de son campus, demeurent totalement
    absurdes pour les parents, peu au fait des pratiques judiciaires
    turques. Le dossier est inaccessible, même pour les avocats, comme
    pour toutes les affaires de " terrorisme ". L'ambassade de France
    a Ankara n'a pu obtenir aucune précision. Binationale, Sevil est
    considérée comme turque en Turquie. Même les lettres de ses proches,
    en francais, lui sont refusées par les autorités pénitentiaires. "
    Sevil n'est pas une militante de la première heure. En France, elle
    n'a jamais participé a des mouvements étudiants. Elle n'a même
    pas mis les pieds place Bellecour - lors des émeutes d'octobre 2010
    a Lyon - .

    Je suis sÃ"re qu'elle n'a rien fait d'illégal ", témoigne Sinem
    Elmas, 22 ans, étudiante a Saint-Etienne, et qui coordonne le comité
    de soutien en France.

    Cette affaire a mobilisé la communauté franco-turque et plus
    particulièrement les milieux de la gauche alévie, une branche
    minoritaire de l'islam très présente en Turquie. Dimanche 17
    juin, environ 350 personnes ont manifesté a Lyon, pour réclamer
    la libération de Sevil. En tête d'un cortège, son père, Erdogan
    Sevimli, brandissait le portrait de sa fille, tandis que sa mère
    portait un tee-shirt blanc floqué de son portrait.

    Mais le cas de Sevil est loin d'être isolé en Turquie. Plus de 600
    étudiants et un millier de lycéens ont été arrêtés ces derniers
    mois pour leur proximité avec les milieux de gauche. Des centaines
    d'autres ont fait l'objet d'enquêtes ou d'exclusions pour leurs
    idées politiques supposées."

    Lire aussi :

    Turquie : un futur Prix Nobel en prison ?

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    Source/Lien : GIT France

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