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Le Passe Armenien De La Place Taksim

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    LE PASSE ARMENIEN DE LA PLACE TAKSIM

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=91032
    28 juin 2013

    Envoye par EMILY GREENHOUSE

    La Place Taksim, comme la place Tahrir et le Parc Zuccotti avant
    elle, est un endroit d'une ville qui aurait pu n'etre qu'un point de
    rendez-vous pour des amis, ou pour lire un livre sous un arbre. Mais
    le Premier Ministre, Recep Tayyip Erdogan, a decide qu'il aimerait
    rendre a ce lieu l'architecture des casernements qui s'y trouvaient
    a l'epoque ottomane, pour y installer un centre commercial et une
    mosquee. À la fin du mois de mai, plusieurs douzaines d'ecologistes
    avaient commence a manifester contre les projets d'Erdogan a Gezi Park,
    l'île des arbres qui s'y trouve ; ils ont ete attaques par la police
    turque avec des gaz lacrymogènes et des canons a eau. Bientôt, comme
    l'a ecrit Selif Batuman, " quinze pour cent seulement d'entre eux
    protestaient contre la destruction des arbres, tandis que quarante
    neuf pour cent protestaient contre la violence de la police envers
    ces individus qui osaient protester contre la destruction des arbres ".

    Depuis lors, environ huit mille manifestants ont ete blesses. A
    present, la manifestation a evolue en une mise en cause du programme
    religieux d'Erdogan et a son comportement autoritaire. Aujourd'hui,
    " Place Taksim " n'est plus synonyme d'agitation ou de lieu mais une
    expression qui signifie debat d'idees, mouvement, champ de bataille.

    Considerant le symbolisme associe a present a ce site, empreint
    de sideration et desagreable, c'est pour un peuple entier un fait
    historique, la Place Tassim est desormais une representation de la
    demolition du passe. Dans l'une des allees du Parc Gezi, les militants
    ont place une tombe improvisee portant l'inscription " Cimetière
    Armenien Saint Jacques, 1551-1939 : vous nous avez depossedes de
    notre cimetière, vous ne nous prendrez pas notre parc ! "

    C'est un fait ignore de la plupart des courageux manifestants
    d'Istanbul : il y a des siècles, des membres de la communaute
    armenienne d'Istanbul etaient enterres a l'endroit où ils se trouvent.

    Au cours du seizième siècle, sous le règne de Soliman le Magnifique,
    sultan de l'Empire ottoman, un groupe de conspirateurs aurait approche
    Manuk Karaseferyan, un cuisinier de la cour imperiale, afin qu'il mette
    du poison dans la nourriture du sultan. Mais Karaseferyan ayant mis
    Soliman au courant du complot, ce dernier lui offrit une faveur pour le
    remercier. Karaseferyan aurait alors demande d'affecter un emplacement
    pour y enterrer ses compatriotes Armeniens. Le Cimetière Armenien de
    Pangali serait alors devenu le plus grand cimetière non-musulman de
    toute l'histoire d'Istanbul, bien que dans les annees mil huit cent
    soixante, après une epidemie de cholera, les enterrements d'Armeniens
    furent deplaces vers le quartier Sisli.

    Au debut de la Première Guerre Mondiale, il y avait dans l'Empire
    ottoman deux millions d'Armeniens ; en 1922, il n'en restait plus que
    cent mille - un massacre d'un million et demi de personnes que les
    historiens appellent genocide ( le mot " genocide " avait ete cree
    par Raphaël Lemkin, un juriste polonais, au cours de ses travaux
    sur les massacres d'Armeniens). L'un des volets de la campagne
    contre les Armeniens consistait en la confiscation de leurs terres ;
    le cimetière qui en faisait partie a ete rase au cours des annees
    1930. À sa place se trouvent aujourd'hui, dans le Gezi Park, des
    hôtels, des immeubles d'habitation et un centre de la Radiotelevision
    turque. On peut cependant encore y voir des pierres tombales : elles
    ont ete recyclees comme marches d'escalier (ce qui n'est pas le seul
    reemploi de pierres tombales : Tablet a publie cet ete une serie de
    photos de pierres tombales juives integrees a des ateliers d'artistes,
    a des terrains de basket-ball, a des bacs a sable du jardin d'enfants
    du quartier Pologne).

    Après presque cent ans, le gouvernement turc n'a toujours pas reconnu
    le Genocide armenien. Il ne reste que peu d'Armeniens en Turquie. Le
    Washington Post a recemment publie un article sur une femme âgee nomme
    Asiya - la dernière Armenienne de Chunkush, qui en a compte dix mille.

    En 1919, un monument au Genocide armenien avait ete erige au cimetière
    Pangalti, mais il a ete detruit en 1922, des annees avant que Gezi Park
    ne soit amenage. Chaque annee, un groupe turc des droits de l'homme
    appele DurDe organise une commemoration silencieuse le 24 avril, le
    jour de 1915 où plusieurs centaines d'intellectuels armeniens furent
    regroupes pour etre executes. Il projette la reinstallation du monument
    a Gezi Park, mais la pression des nationalistes l'en a empeche jusqu'a
    present. Cengiz Algan, un membre de DurDe, a declare au journal Le
    Monde " tous les partis politiques s'entre-tuent, mais lorsqu'il est
    question des Armeniens, ils trouvent toujours un consensus ".

    Ceux qui protestent contre Erdogan en Turquie, dans une demarche
    compliquee, souhaitent faire usage de leur liberte et se souvenir de
    leur passe, sans gaz lacrymogènes, sans effusion de sang, negationnisme
    ou souffrance. Ils ne sont pas seuls.

    Image : extraite du " Black's Guide : a Guide to Constantinople "
    de Demetrius Coufopoulos.

    Traduction Gilbert Beguian

    http://www.newyorker.com/online/blogs/culture/2013/06/turkey-protests-the-armenian-past-of-taksim-square.html

    mardi 2 juillet 2013, Stephane ©armenews.com




    From: A. Papazian
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