Announcement

Collapse
No announcement yet.

Les rêves de grandeur du Kurdistan d'Irak

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Les rêves de grandeur du Kurdistan d'Irak

    REVUE DE PRESSE
    Les rêves de grandeur du Kurdistan d'Irak


    Depuis 1991, cette région du nord de l'Irak connaît un boom économique
    sans précédent et s'est largement affranchie de la tutelle de Bagdad

    Ã Erbil, capitale politique et économique de la région autonome du
    Kurdistan, dans le nord de l'Irak, les grues s'élancent à la conquête
    du ciel kurde. « Empire City » est un vaste chantier ouvert par la
    société irakienne Empire world, qui verra l'érection, d'ici à 2017,
    d'un ensemble d'une douzaine de tours de bureaux, plus de 300 maisons
    de luxe, des espaces verts et un hôtel de la chaîne américaine
    Marriott.

    Non loin de lÃ, le « Downtown Erbil » devrait réunir tours de bureaux,
    immeubles d'habitation, centres commerciaux à l'occidentale, cinéma,
    restaurants, centre de loisirs. Après un village anglais et un village
    italien, ensemble de villas de luxe pour les expatriés, un village
    libanais devrait lui aussi sortir de terre.

    Le Kurdistan d'Irak est en construction. Quand ces chantiers seront
    achevés, les dirigeants kurdes pourront se vanter d'avoir leur « petit
    Dubaï », référence absolue dans cette région. Ils auront aussi réussi
    leur pari de faire de cette région autonome un havre de paix et de
    prospérité dans un environnement régional tumultueux. Le voisin turc
    en profite

    Le voisin turc en profite, en tant que premier partenaire économique,
    et de loin, du gouvernement d'Erbil? : 80 % des sociétés établies dans
    la « capitale » viennent de Turquie. Le commerce entre ce pays et le
    Kurdistan s'est établi à 12 milliards de dollars (8,8 milliards
    d'euros) en 2012. C'est une entreprise turque qui a construit le
    nouvel aéroport international, où 23 compagnies aériennes du monde
    relient désormais le Kurdistan à 15 pays. Et les produits turcs
    inondent les supermarchés.

    Mais les Kurdes eux aussi profitent du boom économique. Les jeunes et
    la classe moyenne naissante découvrent les temples de la consommation
    comme le « Family Mall », avec ses chaînes de magasins, de cafés et de
    restaurants. Carrefour a ouvert un supermarché où même les Irakiens de
    Bagdad viennent faire leurs courses.

    Ziyad est originaire de Zahlé au Liban, Ã seulement une heure et demie
    en avion. Comme beaucoup de ses compatriotes, il a été attiré par les
    promesses économiques de ce petit territoire où tout est à faire. Il
    est arrivé il y a deux ans pour monter « Delar », une société de
    recrutement. « Les lois changent vite dans ce pays où tout est neuf »

    Sur son bureau, un ordinateur et un téléphone. Et il paie un
    intermédiaire pour faire le lien avec les administrations « car les
    lois changent vite dans ce pays où tout est neuf, il faut s'adapter
    constamment ». La plupart de ses clients sont les compagnies
    pétrolières. « Je recrute une main-d'Å`uvre qualifiée avec une
    expérience d'au moins dix ans. » Pour cela, il fait appel aux
    travailleurs étrangers car « les Kurdes ne sont pas formés dans ce
    secteur ».

    Il recrute aussi médecins, ingénieurs, comptables et informaticiens
    indiens, infirmières philippines ou népalaises pour les hôpitaux
    kurdes. « Plus de mille personnes par mois. Au Kurdistan, il y a plus
    de possibilités qu'Ã Dubaï ou au Qatar, poursuit-il, et les gens que
    je recrute sont payés trois fois plus que dans les pays du Golfe. S'il
    n'y a pas de guerre, ce pays a un fort potentiel. »

    Ce n'est pas Qassem Khidir, journaliste kurde indépendant, qui le
    démentira. « Les médias sont en plein boom, avec plus de 300
    quotidiens et magazines, et surtout plus de 100 chaînes de télé. Mais
    elles appartiennent toutes à des partis ou des gens richissimes qui
    l'utilisent pour leurs propres intérêts », s'empresse-t-il de
    préciser. Trouver du travail n'est pas difficile

    Trouver du travail n'est pas difficile mais tous ceux qui veulent
    gagner de l'argent recherchent un emploi dans le pétrole. Comme Leïla,
    réceptionniste dans un hôtel, qui a bien l'intention d'aller voir du
    côté des compagnies pétrolières étrangères où son anglais parfait sera
    un atout. Elle en est sûre, elle pourra ainsi doubler, voire tripler
    son salaire. Aussi les familles aisées encouragent-elles leur
    progéniture à étudier en priorité ce qui a trait à l'or noir.

    Conscient toutefois des limites d'une économie basée essentiellement
    sur la consommation et l'extraction du pétrole, le gouvernement
    soutient par un programme d'incitations financières les entrepreneurs
    qui veulent ouvrir des usines. Et finance, Ã hauteur de 100 millions
    de dollars par an, 2?000 bourses pour les étudiants qui veulent
    étudier à l'étranger en master ou en doctorat. « Des bourses
    généreuses », selon Bayman qui, lui, fait ses études en France en
    stylistique et devra, comme tous les jeunes boursiers, travailler
    pendant cinq ans pour l'État kurde à son retour.

    « La contrepartie de ce développement rapide, c'est que tout est plus
    cher, le logement, la nourriture, l'éducation, rappelle Qassem Khidir.
    Et les Kurdes veulent tout, tout de suite? : s'acheter une maison, une
    voiture et gagner beaucoup d'argent. » La population a vu le
    changement. Même si l'expansion économique participe largement Ã
    l'augmentation des inégalités entre les plus riches et les plus
    pauvres, chacun a le sentiment d'avoir sa part du gteau. Les rêves de
    grandeur des Kurdes ne s'arrêtent pas lÃ

    Aujourd'hui le Kurdistan d'Irak s'étend sur trois gouvernorats,
    Dohouk, Souleymanieh et Erbil. Mais les rêves de grandeur des Kurdes
    ne s'arrêtent pas lÃ. Leur pays, disent-ils, s'étend au-delÃ, dans les
    « territoires disputés », dont certains quartiers de la ville de
    Mossoul, majoritairement sunnite, Kirkouk, Salaheddine et les villages
    de la plaine de Ninive.

    Le contentieux avec le gouvernement central de Bagdad sur ces
    territoires est ouvert. Les Peshmergas kurdes (forces armées) occupent
    déjà certaines zones disputées, comme Kirkouk, mais n'arrivent pas
    encore à y maîtriser la sécurité.

    Politiquement, la zone autonome est à un moment charnière. Depuis les
    élections législatives de septembre, le Kurdistan n'a toujours pas de
    gouvernement. Le premier ministre sortant, Netchirvan Barzani, neveu
    de Massoud Barzani, le président du Kurdistan et chef du Parti
    démocratique du Kurdistan (PDK), majoritaire, devrait être reconduit.
    Compter aussi avec les partis islamiques, en progression

    Mais il devra former un gouvernement de coalition avec le deuxième
    parti du pays, Goran, laïc et chantre de la lutte contre la
    corruption, arrivé en deuxième position derrière le parti historique
    et concurrent du PDK, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). Et il
    doit compter aussi avec les partis islamiques, en progression, ce qui
    inquiète les laïcs car ils ont de l'influence sur les jeunes et
    reçoivent de l'argent du Qatar, d'Arabie saoudite ou d'Iran.

    Enfin, le Kurdistan, bien que largement autonome, fait toujours partie
    de l'Irak. L'instabilité qui règne au-delà des frontières kurdes est
    également source d'inquiétude. Des élections législatives nationales
    sont toujours prévues pour avril 2014, « les élections de la dernière
    chance pour l'intégrité territoriale de l'Irak », estime un diplomate.

    « Si elles ne se tiennent pas, la dictature chiite s'imposera et le
    pays éclatera. Si elles se tiennent et que le premier ministre Nouri
    Al Maliki s'en va, que l'Iran et la Turquie, ses voisins, améliorent
    leurs relations, ça peut changer la donne. »

    En attendant, depuis 1991, début de l'instauration d'une zone autonome
    dans le nord de l'Irak, jamais le vent n'aura été aussi favorable pour
    le Kurdistan. « Plus question pour eux d'être une minorité, prévient
    un observateur. De Bagdad, ils n'accepteront jamais moins que ce
    qu'ils ont déjà gagné. »
    .................................................. .................................................. ....
    Une autonomie chèrement acquise

    L'Irak est découpé en 18 provinces. Les trois les plus septentrionales
    (Dohouk, Erbil et Souleymanieh) constituent la Région autonome du
    Kurdistan.

    L'identité kurde y a toujours été forte et rebelle par rapport au
    pouvoir central de Bagdad. En 1991, les Kurdes avaient pris part à un
    soulèvement contre l'armée irakienne, rapidement réprimé par le
    président de l'époque Saddam Hussein. C'est alors que le Conseil de
    sécurité de l'ONU décide d'interdire à l'aviation irakienne de
    survoler le 36e parallèle, permettant peu à peu aux Kurdes de
    s'organiser politiquement au nord de cette ligne. Après le
    renversement de Saddam Hussein par une coalition anglo-américaine en
    2003, la Constitution irakienne de 2005 reconnaît le Kurdistan comme
    une entité politique, fédérale et autonome.

    Le président du gouvernement régional du Kurdistan est aujourd'hui
    Massoud Barzani, fils de Mustapha Barzani, chef historique du
    mouvement national kurde en Irak. Le Parlement compte 111 sièges,
    répartis entre le PDK de Massoud Barzani (38 sièges), Goran (24
    sièges), l'Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani, président
    de l'Irak (18 sièges), et les partis islamiques (17 sièges).

    AGNÈS ROTIVEL (Ã Erbil)

    http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-reves-de-grandeur-du-Kurdistan-d-Irak-2013-12-30-1082422

    samedi 4 janvier 2014,
    Stéphane ©armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article-126



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Working...
X