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Europalia-Turquie et le centenaire du génocide de 1915 par Dogan ÖZG

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  • Europalia-Turquie et le centenaire du génocide de 1915 par Dogan ÖZG

    BELGIQUE
    Europalia-Turquie et le centenaire du génocide de 1915 par Dogan ÖZGÜDEN


    Les médias belges du 26 novembre 2014 ont fait écho favorable à une
    conférence de presse tenue à Bruxelles au sujet de Europalia-Turquie
    qui se tiendra dans la capitale européenne en 2015. La Libre Belgique,
    par exemple, a donné l'information sous le titre de "L'édition 2015 du
    festival Europalia mettra la culture turque à l'honneur".

    Quant aux médias turcs, même ceux qui sont contre le pouvoir islamiste
    actuel, ils applaudissent la tenue de cette conférence de presse en
    présence du ministre turc de la Culture, Omer Çelik, comme une
    victoire du lobby turc dans la capitale européenne contre les
    diasporas anatoliennes qui se préparent à commémorer le centenaire du
    génocide des Arméniens et Assyriens en 2015.

    Pourquoi ?

    Parce que le ministre turc les aurait pris à contre-pied en disant :
    "L'Anatolie est le berceau d'innombrables civilisations, un musée à
    ciel ouvert. Nous voulons faire connaitre la culture anatolienne dans
    son ensemble, complète et non divisée en compartiments et la culture
    arménienne en fait partie. Comme les veines d'un seul corps."

    Quelques expositions, peut être quelques représentations musicales
    seront, selon eux, suffisantes pour montrer au public européen que les
    veines arménienne, assyrienne, grecque de ce corps sont toujours aussi
    vivantes que la veine turco-islamique dans la Turquie actuelle.

    Qu'en est-il du génocide et de la déportation des millions
    d'Arméniens, Assyriens et Grecs d'il y a 100 ans ?

    Pourquoi il n'y a aujourd'hui que quelques dizaines de milliers de
    descendants de ces peuples autochtones d'Anatolie, peuples qui y
    existaient déjà avant l'arrivée des Turcs dans "ce berceau
    d'innombrables civilisations" ?

    L'Anatolie d'aujourd'hui est-elle vraiment "un musée à ciel ouvert" ou
    bien "un cimetière à ciel ouvert" d'innombrables civilisations dont
    les créateurs ont été exterminés ou déportés il y a un siècle.

    Qu'en est-il de l'oppression et de l'extermination des peuples kurdes
    et yézidis ? Koçgiri, Seyh Said, Agri, Dersim et Roboski ?

    Qu'en est-il de la tyrannie sunnite sur la communauté alévie ?

    Quand s'est élevée lors de la conférence une question à propos du
    centenaire du génocide de 2015, le président d'Europalia International
    Jacobs de Hagen a dit qu'il s'agit d'une simple coïncidence de dates
    et rappelle qu'Europalia se veut "apolitique".

    Apolitique ?

    Alors que toutes les forces démocratiques du monde se préparent déjà à
    la commémoration du 100e anniversaire du premier génocide du 20e
    siècle, les dirigeants néo-ottomans et islamistes de la Turquie
    persistent toujours dans la négation de ce crime honteux commis par
    l'Empire ottoman sur les terres qui étaient la mère patrie des
    Arméniens, Assyriens et Grecs.

    Le ministre des affaires étrangères de ce régime, Mevlut Cavusoglu, a
    déclaré récemment au Parlement turc qu'il est impossible pour la
    Turquie de reconnaître le génocide arménien qui est attribué à leurs
    ancêtres et à la nation turque. (armenews.com, 7 novembre 2014)

    D'ailleurs, les dirigeants d'Europalia ne doivent-il pas tenir compte
    de la situation des droits de l'Homme et de la liberté d'expression
    dans un pays qui sera choisi comme partenaire du festival ? Il suffit
    de feuilleter les derniers rapports d'ONG internationales comme
    Amnesty International, Reporters sans frontières, Human Rights Watch,
    Fédération Européenne des Journalistes et Comité pour la protection
    des journalistes.

    Et les déclarations rétrogrades et scandaleuses du président de la
    République ? (Le président Erdogan, roi de la polémique, AFP, 27
    novembre 2014)

    Honorer un tel régime par l'organisation d'Europalia, est-ce vraiment
    un acte apolitique ?

    N'oublions pas que la décision du Conseil d'administration d'Europalia
    International du 23 mai 2013 de consacrer Europalia 2015 à la Turquie
    avait déjà suscité des réactions comme ce fut le cas en 1995.

    En effet, comme souligné par la Libre Belgique du 28 mai 2013,
    Europalia avait dû interrompre en mars 1995 l'organisation de
    l'édition 96 consacrée à la Turquie en raison du "manque de respect de
    la Turquie dans le programme de la diversité culturelle, en ce compris
    la dimension kurde".

    Voir également l'article de Dogan Özgüden intitulé "Europalia '96 :
    festivités de la honte ?", Le Soir, 23 décembre 1994.

    Après la nouvelle attribution d'Europalia à la Turquie, le président
    de la Communauté arménienne de Belgique, Me Michel Mahmourian, avait
    lancé l'appel suivant :

    "Il est évident que le choix de l'année 2015 n'est dû ni au hasard ni
    à l'initiative de la partie belge. Si inviter la Turquie est déjà en
    soi discutable - rappelons qu'en 1995 le gouvernement fédéral s'est
    opposé à l'invitation de la Turquie pour des raisons politiques - nous
    ne pouvons pas ne pas réagir au choix de l'année 2015. Réagissons
    donc, mais pas seuls 2015 sera le centenaire du génocide des Arméniens
    mais aussi du commencement de l'anéantissement de tous les chrétiens
    de l'Empire ottoman. L'occasion nous est ainsi donnée de réunir à nous
    les Grecs et les Assyro-chaldéens, et même de solliciter le soutien
    d'autres minorités ex-ottomanes soucieuses de se démarquer de la
    position officielle turque."
    (http://www.info-turk.be/419.htm#Europalia)

    Malgré cet avertissement, les autorités belges persistent d'honorer un
    régime négationniste sans aucune réserve.

    Or, elles pouvaient exiger pour la tenue du festival que la Turquie
    reconnaisse solennellement le génocide de 1915 et s'engage à la
    réparation de toutes les conséquences de ce crime contre l'humanité.

    Ce qui n'a pas été fait par les dirigeantes belges est fait en Turquie
    par les forces démocratiques malgré tous les risques.

    Un dernier exemple :

    La députée kurde Sebahat Tuncel du Parti pour une société démocratique
    (HDP) a soumis au Parlement turc un projet de loi exigeant la
    reconnaissance du génocide de 1915 ainsi que des massacres commis
    contre les Kurdes et les Alévis lors de la période républicaine.

    Tuncel invite le président de la République à présenter des excuses à
    la tribune du Parlement aux victimes de ces crimes contre l'humanité.
    Elle exige également que les archives d'Etat turc soient ouvertes, que
    le 24 avril soit proclamé comme un jour de commémoration et que des
    dommages moraux et matériels soient indemnisés par l'Etat.

    Les autorités belges et les dirigeants d'Europalia ne doivent-ils pas
    faire preuve de courage comme cette femme politique kurde, toujous
    menacée par des forces réactionnaires, et exiger la reconnaissance du
    génocide de 1915 par l'Etat turc avant la mise en oeuvre du programme
    du festival ?

    S'ils se veulent vraiment "apolitique" !

    dimanche 30 novembre 2014,
    Stéphane (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=105752

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