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La Famille Avakian Veut Esperer Mais Craint La Desillusion

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    LA FAMILLE AVAKIAN VEUT ESPERER MAIS CRAINT LA DESILLUSION
    Laetitia Van Eeckhout

    Le Monde, France
    14 Juin 2006

    Nantes Envoyee Speciale

    Karina Avakian est lasse. Lasse de vivre dans l'angoisse, de passer
    d'espoirs en desillusions, de savoir l'avenir de sa famille hypotheque,
    suspendu a une decision administrative. Il y a deux mois, Karina,
    Edouard et leurs deux fils, Joseph et Sarkis, ont emmenage dans
    un appartement mis a leur disposition par l'association nantaise
    L'accueil d'abord. Mais ce reve, après quatre ans passes a vivre
    entre la rue et des chambres d'hôtel, a ete aneanti, le 29 mai, par
    un courrier de la prefecture de Loire-Atlantique proposant un aide au
    retour. Une aide qui ne represente rien d'autre, pour Karina Avakian,
    que la confirmation de l'intention de l'Etat francais de les renvoyer,
    elle et les siens, vers leur pays d'origine, l'Azerbaïdjan.

    Karina et Edouard Avakian sont "proteges" jusqu'a la fin du mois de
    juin par la scolarite de leurs enfants. L'annonce par Nicolas Sarkozy
    de la regularisation de 720 familles de sans-papiers, le 6 juin,
    a laisse la jeune femme sans voix. Ni Joseph ni Sarkis ne sont nes
    en France. Mais ils y sont arrives avant l'âge de 13 ans.

    Correspondront-ils, au yeux du prefet de Loire-Atlantique, aux critères
    definis par le ministère de l'interieur ? Incertitude encore.

    "POURQUOI PAS NOUS ?"

    Cela fait dix-huit ans que dure l'errance du couple. En 1988, Karina
    et Edouard Avakian, azeris d'origine armenienne, sont contraints
    de quitter leur pays natal après le declenchement du conflit avec
    l'Armenie. En 1993, ils doivent fuir l'Armenie pour l'Ukraine,
    Edouard Avakian refusant d'etre enrôle dans l'armee pour combattre
    l'Azerbaïdjan. Six ans plus tard, persecutions et rackets les amènent
    a nouveau a s'exiler, en France cette fois. Le 2 avril 2002, ils
    arrivent a Nantes, avec leurs garcons, alors âges de 9 et 6 ans.

    Deboutes du droit d'asile, Karina et Edouard Avakian, 36 ans tous
    deux, ont tente tous les recours possibles. En vain : le 19 avril
    2004, le tribunal administratif de Nantes a confirme le rejet par
    l'Office francais de protection des refugies et apatrides (Ofpra) de
    leur demande de reexamen de dossier. Petition, courriers adresses au
    prefet par les parents d'elèves de l'ecole de leurs fils : le prefet
    est reste inflexible.

    "Pourquoi pas nous ?, interroge Karina Avakian. Nous n'avons rien
    fait de mal. C'est juste pour que nos enfants aient un avenir que
    nous sommes venus." Dès leur arrivee, elle a tout fait, malgre des
    conditions de vie precaires, pour que Joseph et Sarkis s'intègrent
    et aient une vie normale. Elle les a inscrits a la bibliothèque, au
    centre de loisirs, a des cours de sport, et prend plaisir - d'autant
    qu'elle est institutrice de formation - a accompagner les sorties de
    classe. "Dès qu'il y a un projet de sortie, mes copains me demandent
    si ma mère nous accompagne", raconte fièrement Sarkis, 10 ans.

    Joseph a rattrape son retard scolaire : integre a son arrivee dans une
    classe de cours preparatoire, il est entre en septembre 2004, comme
    tous les enfants de son âge, en classe de sixième. Parlant aujourd'hui
    aussi bien le francais que ses camarades, il reve "d'un avenir simple",
    qu'il n'imagine pas ailleurs qu'en France. "D'un matelas tout sale,
    on est passe a une vraie chambre, on a fait pas mal de chemin. Il ne
    nous manque plus que des papiers et l'on sera une famille comme les
    autres", dit-il. Il ne se sent "pas different" de ses copains.

    La famille vit des 400 euros mensuels d'aide a la subsistance
    verses par le conseil general de Loire-Atlantique aux deboutes du
    droit d'asile, et de ce que reussit a gagner le père, regulièrement
    sollicite par des particuliers pour ses talents d'ebeniste.

    Ce sujet, Karina Avakian, rongee par la honte de vivre au crochet
    des autres, ose a peine l'evoquer. Son mari serait pourtant certain
    d'obtenir un veritable emploi s'il etait regularise. L'Atelier Madec,
    une entreprise nantaise de menuiserie, lui a deja fait une proposition
    ferme d'embauche.

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