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Turquie Commemoration Du Genocide Des Armeniens

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    TURQUIE COMMEMORATION DU GENOCIDE DES ARMENIENS
    par Sophie Shihab

    Le Monde, France
    25 avril 2007 mercredi

    Dans le " Sud-Est " turc, les Kurdes endossent leurs responsabilites
    dans les massacres de 1915

    La scène se passe dans une salle de l'universite Dicle, un campus
    a l'entree de Diyarbakir, la principale ville du " Sud-Est " turc,
    euphemisme impose par Ankara pour designer cette partie de la
    region qui, sur des cartes datant de moins d'un siècle, s'appelait
    Kurdistan. A quelques jours de la commemoration, mardi 24 avril,
    du genocide des Armeniens de 1915, une cinquantaine d'etudiants,
    très majoritairement kurdes, s'y pressent pour ecouter un professeur
    d'histoire repute repondre sans reticence aux questions " chaudes
    " du jour. Celle qui fuse en premier - presence d'une journaliste
    francaise oblige - porte sur la loi votee a Paris punissant le deni du
    genocide armenien, qui a heurte tout le monde en Turquie. Reponse :
    cette loi n'a pas ete soumise a temps au Senat et ne sera sans doute
    plus representee a l'Assemblee.

    Insatisfaite, une etudiante demande la parole : " Vous savez, je
    tiens de mon grand-père qu'en 1915 des enfants armeniens de Diyarbakir
    ont ete rassembles dans la cour de la Grande Mosquee où ils ont ete
    massacres. Et je crois mon grand-père. "

    Cette sortie en provoque d'autres, allant dans le meme sens. Et
    le professeur confirme qu'en general ses etudiants kurdes ne
    nient pas ce qu'ils appellent plutôt " massacre " que genocide
    des Armeniens d'Anatolie, ni surtout la responsabilite de leurs
    arrière-grands-parents. " Tout le monde, ici, connaît des histoires
    comme celle de ces Armeniens brûles dans l'eglise de leur village par
    leurs voisins kurdes ", assure Nimet, une architecte de la region. "
    Mais les pires responsables sont les dirigeants turcs qui ont fait
    croire aux Kurdes qu'etre un bon musulman supposait de nettoyer cette
    terre des chretiens allies de leurs ennemis ", precise-t-elle.

    Par ailleurs, chacun ici sait aussi que les Kurdes de religion alevie
    - une forme syncretique de l'islam - qui habitent dans la region du
    Dersim ont, au contraire, protege les Armeniens en 1915-1916.

    EPOUSES FORCEES

    Roulant dans la campagne a une centaine de kilomètres a l'est de
    Diyarbakir, Recep, un employe municipal originaire du coin, explique,
    d'un large geste circulaire, comment " toutes ces terres appartenaient
    autrefois aux Armeniens ", alors que son ami Selim evoque des chefs
    de tribu kurdes " devenus soudain de richissimes citadins ".

    Puis on apprend que ces deux Kurdes, rencontres par hasard, ont eu
    chacun une grand-mère armenienne - de ces femmes qui ont echappe
    a la mort en devenant epouses forcees des nouveaux maîtres. Dans la
    famille de Recep, on cachait ce " detail honteux " - le mot " armenien
    " reste parfois une insulte. Mais Selim a toujours su qui etait sa
    grand-mère, " la seule du village qui savait parler turc en plus
    du kurde et qui etait bien consideree, car elle aidait les autres,
    pour les accouchements notamment ".

    L'influence du Parti ouvrier kurde (PKK, separatiste), a l'origine de
    l'insurrection des Kurdes de Turquie, a sans aucun doute pese dans
    la prise de conscience. Dans les annees 1980, le PKK publiait des
    communiques communs avec cet autre ennemi mortel des Turcs qu'etait
    l'Armee secrète armenienne de liberation de l'Armenie (Asala), qui
    tuait des diplomates turcs pour venger le genocide.

    Cette annee, la " vitrine politique " du PKK, le Parti pour une
    societe democratique (DTP), a participe a la grande marche qui a
    suivi l'assassinat a Istanbul du journaliste Hrant Dink, avec des
    pancartes " nous sommes tous des Armeniens ", slogan ecrit aussi en
    kurde. En promettant de lancer des etudes sur le rôle des Kurdes dans
    le genocide - un aspect que le PKK preferait jusqu'alors ignorer.

    Au bureau de tourisme du vieux Diyarbakir, des brochures sont
    distribuees en turc et en kurde - un crime au regard des lois voulant
    que tout ecrit " officiel " soit redige en turc. Pour attenuer cette
    audace, le maire de la circonscription, Abdullah Demirbas, prône des "
    services multilingues a la population ", en faisant aussi distribuer
    des brochures en syriaque et en armenien - langues dont il reste ici
    une bonne poignee de locuteurs.

    Ce maire, soutenu par son parti, le DTP, organise aussi des chorales
    d'enfants qui chantent en armenien et en hebreu en plus du kurde,
    et veut faire restaurer les eglises de la vieille ville. Efforts qui
    n'ont pas plu a Ankara : le Conseil d'Etat examine une requete en
    destitution de M. Demirbas et de son conseil municipal.

    --Boundary_(ID_GE69PqL9LSUxHqH/y0MFrg) --

    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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