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Le Juge Giovanni Bonello Et Le Genocide Armenien : Affirmations Absu

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  • Le Juge Giovanni Bonello Et Le Genocide Armenien : Affirmations Absu

    LE JUGE GIOVANNI BONELLO ET LE GENOCIDE ARMENIEN : AFFIRMATIONS ABSURDES SUR LES PROCES DE MALTE
    Stephane

    armenews.com
    vendredi 23 novembre 2012

    Le Juge [maltais] Giovanni Bonello a descendu en flammes la thèse du
    ministre des affaires de l'UE de Turquie, thèse selon laquelle son
    pays a ete acquitte de la responsabilite du Genocide Armenien de 1915,
    parce qu'aucun procès de ce genre n'avait jamais eu lieu a Malte.

    Bien que le ministre turc ait eu raison de dire que plus de cent Turcs
    avaient ete conduits a Malte par les Britanniques en 1919 pour y etre
    accuses de crimes de guerre, le Genocide Armenien y compris, le defaut
    de preuves materielles et l'absence d'une necessaire juridiction
    supranationale ont finalement debouche sur le rapatriement puis la
    liberation des inculpes turcs, en echange de 22 Britanniques retenus
    prisonniers par Mustafa Kemal (Ataturk).

    Ce chapitre important mais semble-t-il oublie de l'histoire coloniale
    moderne a ete traite par le Juge Bonello dans l'un des volumes de la
    serie Histoires de Malte, publies par Fondazzjoni Patrimonju Malti
    dont il est l'auteur.

    A la suite d'une nouvelle rendue publique hier par ce journal
    citant le ministre de l'UE turc qui a fait reference au Genocide des
    Armeniens comme a un 'incident', le Docteur Bonello a alerte le Malta
    Independant pour faire savoir que ces remarques sont tout simplement
    absurdes. Il nous a renvoyes au volume neuf de la serie Histoires de
    Malte dans lequel un chapitre particulier titre "Les Procès de Malte'
    et la Question Turque-Armenienne ' est consacre a ce sujet controverse.

    Le Docteur Bonello explique qu'a la suite de la Première Guerre
    Mondiale, il n'existait pas de norme internationale relative au crimes
    de guerre. Selon lui, ce n'est qu'a la suite de la conjugaison d'un
    certain nombre de faits deliberes que la Première Guerre Mondiale ne
    s'est pas terminee, comme la Seconde Guerre Mondiale, en un procès
    de Nuremberg. Il y definit le vide juridique ressenti en 1919 comme
    "un cauchemar juridique, un domaine inconnu qui defia pour la première
    fois les esprits devant un phenomène inconnu jusque la dans l'histoire
    des conflits et de ses consequences". Bien que les evenements qui se
    sont produits a Malte a cette epoque ont eu un impact tout a fait
    majeur dans l'histoire de Turquie, ils sont restes selon l'auteur
    totalement inconnus ou ignores a Malte.

    Les premières etapes relatives a la Question Armenienne

    Selon l'Institut Turc de Politique Etrangère, a la suite de l'armistice
    impose par les allies le 30 octobre 1918, les Britanniques designèrent
    l'amiral Sir Somerset Arthur Gouch Calthorpe et le contre-amiral
    Richard Web comme Haut-commissaire et Assistant Haut-commissaire
    de la puissance ottomane vaincue. Le 2 janvier 1919, Calthorpe fit
    une requete auprès du Foreign Office pour obtenir l'arrestation et
    la presentation de tout ceux qui s'etaient rendus responsables des
    incessantes entorses aux termes de l'armistice et du mauvais traitement
    des Armeniens.

    Calthorpe recut a la fois une equipe d'assistants devoues, dont
    faisait partie un Irlandais notoirement antiturc, Andrew Ryan, eleve
    au titre de lord par la suite, qui publia ses memoires en 1951. Dans
    son nouveau rôle de Drogman en chef de la Haute-Commission britannique
    et Officier Politique adjoint, il se retrouva charge de la Question
    armenienne. Il compta pour beaucoup dans l'arrestation d'un grand
    nombre des deportes de Malte.

    Ceux-ci peuvent etre classes en trois categories : ceux qui
    continuaient a enfreindre les termes de l'armistice, ceux qui
    contre qui etaient designes comme s'etant rendus coupables de
    mauvais traitements envers les prisonniers de guerre allies, et
    ceux responsables d'excès envers les Armeniens, en Turquie et dans
    le Caucase.

    Calthorpe convoqua pour une entrevue particulière Reshid Pacha,
    ministre des affaires etrangères, pour l'informer que la Grande
    Bretagne considerait l'affaire armenienne et les mauvais traitements
    subis par les prisonniers de guerre comme "extremement importants"
    meritant " la plus grande attention".

    Deux jours plus tard, Calthorpe demanda formellement l'arrestation
    de sept dirigeants du Comite Union et Progrès (CUP). Tandis que 160 a
    200 personnes etaient arretees, 60 autres suspectees d'avoir participe
    au massacre des Armeniens etaient laisses libres.

    Calthorpe avait deja engage le transfert des prisonniers a Malte, pour
    au moins 50 a 60 d'entre eux. Il informa Lord Plumer, Gouverneur de
    l'île, de la necessite de recourir a Malte pour assurer leur securite
    hors de la Turquie. A ce moment, quelques 40 parmi les suspects
    les plus importants etaient detenus en sûrete par les autorites,
    mais cinq autres listes noires avaient ete dressees par la section
    armenienne et grecque de la Haute Commission Britannique.

    Il faut noter aussi que le gouvernement francais de l'epoque avait
    souleve diverses objections, l'extradition des detenus turcs a Malte,
    entre autres.

    Ces mesures, insistait la France, "loin d'avoir les caractères d'une
    bonne justice", risquait de laisser une impression de vengeance par
    les vainqueurs.

    Arrivee des premiers detenus a Malte

    Entre temps, des developpements politiques en Turquie, principalement
    la montee de Mustafa Kemal (qui deviendra plus tard le charismatique
    Ataturk) forcaient les Britanniques a changer precipitamment leurs
    plans. L'amiral Webb prit la decision de transferer les prisonniers
    en un lieu eloigne des soulèvements populaires d'Istanbul, tels que
    l'attaque par des emeutiers sur les prisons de Seriaskeriat et de Bekir
    Aga, où des detenus politiques etaient incarceres, en l'attente d'un
    jugement devenu impossible a organiser. Webb assuma la responsabilite
    de ne pas informer le gouvernement turc de ses intentions avant de
    les mette a execution, faisant foi a un souhait non acte de Ferid
    Pacha que ces detenus soient transferes a Malte.

    67 detenus furent embarques sur le SS Princess Ena, dont 12 chefs
    politiques et ex-ministres etaient prevus d'etre debarques a Moudros ,
    et 55 a Malte. Un supplement de 11 deportes fut ajoute a ceux d'entre
    eux qui devaient debarquer a Malte. Ceux-la avaient ete arretes a la
    suite des emeutes de Kars, et n'etaient pas concernes par les crimes
    de guerre. Le transfert des exiles se termina dans les baraquements
    a Salvatore, Polverista et Verdala, laisses vacants depuis l'annee
    precedente par les prisonniers de guerre des puissances centrales. Le
    Princesse Ena pris la mer le soir du 28 mai 1919. Parmi ceux destines
    a rester a Malte se trouvaient 41 leaders politiques, dont environ
    la moitie avaient ete consideres comme responsables d'atrocites
    commises sur les Armeniens et les autres faisant l'objet d'une
    "mesure preventive de temps de guerre". 14 autres officiers, accuses
    de traitement inacceptable de prisonniers de guerre britanniques,
    etaient egalement joints a eux.

    Des complications juridiques commencent a apparaître

    L'auteur explique que c'est a ce moment la que les complications
    juridiques commencèrent a faire surface. Aucune loi n'existait pour
    permettre un procès Les cours militaires britanniques pouvaient
    engager des procès pour trois des sept infractions commises (rupture
    des termes de l'armistice, obstacles a leur mise en application,
    mauvais traitement des prisonniers de guerre britannique), mais
    dans les seuls territoires occupes, pas a Malte. Toutes les autres
    infractions, y compris les excès contre les Armeniens, menacèrent de
    ressembler a un desert juridique et devoir au mieux etre laissees a
    un futur traite de paix.

    A la conference de la Paix de Paris, une base legale, vague et mince,
    avait a la rigueur ete etablie. Compare a la charte de Nuremberg,
    un fantôme de base legale.

    Entre temps, le nombre de detenus turcs deportes a Malte avait augmente
    au-dela de 100. A ce moment la, il etait deja clair que personne ne
    savait comment s'y prendre avec eux, et on commencait a realiser qu'
    "il serait très difficile de soutenir dans un tribunal allie des
    accusations incontestables devant beaucoup de ces personnes ".

    Une nouvelle vague d'arrestations suivit l'occupation de la chambre
    des deputes turcs par les troupes britanniques, et 30 importantes
    figures politiques furent deportees a Malte sur le HMS Benbow, où
    ils arrivèrent le 21 mars 1920. D'autres deportes turcs arrivèrent
    petit a petit a Malte et vers le 20 novembre, leur nombre atteignit
    144. Cela decida Mustafa Kemal a arreter 20 officiers britanniques en
    Anatolie, qui joueront un rôle majeur sur le sort en dernier ressort
    des detenus turcs de Malte. Parmi eux se trouvait le Colonel Rawlinson,
    un parent de Lord Curzon et frère de Lord Rawlinson.

    A la suite d'un memorandum secret mis en circulation par Winston
    Churchill, secretaire d'etat a la guerre le cabinet Britannique se
    decida pour une revision de la liste des detenus par le Procureur
    General. Ceux contre qui aucune poursuite criminelle ne paraissait
    possible "devront etre relâches a la première occasion convenable".

    Dans ces circonstances, Lord Plumer se retrouva complètement perdu
    a Malte quant a la ligne a suivre. Il mentionna les 115 prisonniers
    turcs (les autres n'etaient pas techniquement turcs ou avaient ete
    relâches) qui appartenaient aux classes sociales les plus elevees. Ils
    avaient tous pesamment invoque le principe constitutionnel britannique
    selon lequel ils devaient etre consideres et traites comme innocents
    jusqu'a ce que la preuve de sa culpabilite soit etablie. Ils niaient
    tous leurs accusations, les attribuant a des informations malsaines de
    leurs ennemis, Grecs, Armeniens, et a des erreurs d'identite. Toutes
    leurs demandes, ajoutait Plumer, sont restees sans reponse, et jamais
    la possibilite de se defendre contre quelque accusation que ce soit ne
    leur a jamais ete donnee. Ils demandèrent une liste des accusations
    portees conter eux, avec une indication des preuves. Plumer soutint
    toutes leurs demandes.

    Rumbold, de son côte, soutenait qu'il ne fallait rien dire aux
    prisonniers - excepte qu'on allait finalement les accuser de massacre
    et de deportation, ou de cruaute envers les prisonniers de guerre.

    La couronne envisage un echange des prisonniers de guerre

    Vers le mois de mars 1921, Lord Curzon informa Rumbold que la couronne
    envisageait un echange des prisonniers de guerre et qu'il n'y avait
    aucune raison de garder ceux contre qui aucune accusation criminelle
    ne serait soutenue. Au debut, Rumbold maintînt qu'au moins quelques
    uns des deportes de Malte soient retenus et accuses. Le 16 mars 1921,
    le ministre des affaires etrangères turc et le Foreign Office signèrent
    un accord a Londres.

    En echange des 22 prisonniers britanniques, la Grande Bretagne
    libererait 64 prisonniers turcs de Malte. Ceux-ci ne comprenaient
    pas ceux qu'on entendait poursuivre sur les infractions commises en
    violation des lois et coutumes de guerre ou pour des massacres commis
    où que ce soit dans l'empire turc après que la guerre ait eclate.

    La valeur des preuves disponibles contre ceux detenus a Malte restait
    cruciale. Aucune preuve les concernant n'etait detenue a Londres
    ou a Malte, et tous les espoirs reposaient sur le Haut Commissaire
    a Constantinople.

    Rumbold avanca les preuves qu'il avait sur les 56 deportes qu'il
    pensait pouvoir etre poursuivis. Il devint evident que cela etait
    base principalement sur le concept de "presomption de culpabilite" :
    il fallait que des hauts fonctionnaires gouvernementaux puissent etre
    connus pour avoir ete au courant, et acquiesce, aux massacres. Les
    autorites britanniques etaient bien conscientes que ce dont ils
    disposaient serait insuffisant devant une cour criminelle quelconque.

    Le Procureur general montra clairement sa reticence quant a etre
    entraîne dans une querelle politique quelconque, et selon lui, seules
    les poursuites des huit prisonniers accuses de mauvais traitement
    des prisonniers de guerre allies etaient juridiquement fondes.

    Pour des raisons qui ne furent jamais expliquees, les autorites
    britanniques ne semblent pas avoir jamais considere avoir recours a
    Malte aucune preuve - pour la plupart documentaires - des atrocites sur
    les Armeniens dont les prisonniers turcs ont ete accuses et convaincus
    par les cours militaires turques tout de suite après l'armistice -
    des documents substantiels et alarmants.

    De meme, les Britanniques trouvèrent repugnant le système inquisitoire
    continental de la procedure penale employee en Turquie, compare
    a leur propres principes de justice criminelle et doutèrent de
    la pertinence de leur emploi. Il est possible egalement que les
    gouvernement turc ne se resolut jamais a transmettre les documents
    utilises par les tribunaux militaires. Pour une raison ou pour une
    autre, avec l'accession au pouvoir d'Ataturk, tous les documents sur
    lesquels les tribunaux militaires avaient base leurs procès et leurs
    convictions, ont ete 'perdus'.

    Opportunement, ajoutent les historiens armeniens.

    Confrontes a ce manque concerte de preuves materielles, les politiciens
    se tournèrent une fois encore vers le Procureur General qui lui aussi
    s'en lava les mains. Le gouvernement saisit l'allusion.

    ""De ce courrier (celui du Procureur General) on peut deduire que
    les chances d'arriver a des accusations sont presque nulles".

    Echange a Inebolu sur la Mer Noire, le 31 octobre 1921

    Les obstacles a un procès par un tribunal international devenus
    presque insurmontables, Sir Lindsay Smith, juge a la Cour Supreme
    ecrivit dans ses minutes : " La seule possibilite est donc de les
    retenir comme de simples otages, et de les relâcher contre des
    prisonniers britanniques".

    Les negociateurs, cependant, recurent l'instruction secrète d'inclure
    'les huit' aussi si cela devait assurer la liberation des prisonniers
    britanniques detenus par Mustafa Kemal. Le gouvernement turc delegua
    Hamid Bey, du Croissant Rouge ottoman, pour negocier avec les
    Britanniques. Il annonca clairement que pour la Turquie, la seule
    solution envisageable etait le tout pour le tout, ce qui comprenait
    'les huit'.

    Rumbold retint sa reponse jusqu'au premier octobre. Les envoyes
    discutèrent la procedure de l'echange dans un port anatolien.

    Ensemble, ils tombèrent d'accord sur Inebolu sur la Mer Noire. Les
    prisonniers de chacune des parties devraient arriver dans le port
    le meme jour. A ce stade, les Britanniques acceptèrent de liberer
    'les huit" sans conditions.

    Lord Plumer a Malte prepara la liberation des 59 prisonniers restants
    et ils prirent la mer en deux groupes, 17 sur le Royal Fleet Auxiliary
    Montenol et 42 sur le HMS Chrysanthemum. Ils touchèrent Inebolu le
    31 octobre 1921.

    Une note finale qui merite l'attention est la declaration faite
    par Lord Curzon au Parlement, que le docteur Bonello a deterre des
    archives du Foreign Office :

    Très embarrasse par l'echange des otages, Lord Curzon ecrivit :
    "le moins on en dira sur ces gens (les Turcs liberes au cours de
    l'echange) le mieux cela vaudra...J'ai dû expliquer (au Parlement)
    pourquoi nous avons libere les deportes turcs de Malte, patinant sur
    une glace très mince aussi vite que j'ai pu...Dans leur for interieur,
    les Membres (du Parlement) est qu'un prisonnier britannique vaut un
    chargement entier de Turcs, et c'est ainsi que l'echange a ete excuse".

    Le Docteur Bonello conclut ce chapitre particulier en mettant la
    lumière le fait que la controverse sur le Genocide Armenien continue
    après près de 100 ans avec de très faibles possibilites de trouver
    une solution.

    By Keith Micallef - The Malta Independent Online

    http://www.independent.com.mt/news.asp ?newsitemid=143007

    Traduction et commentaire de Gilbert Beguian

    Ainsi donc, contrairement a leurs engagements du 25 mai 1915, ni les
    Anglais, ni les Francais n'ont ete capables de juger les coupables du
    Genocide après l'armistice de novembre 1918. Le vide juridique, les
    difficultes de procedure, invoques par les responsables britanniques,
    le peu d'empressement montre par les autorites francaises, la
    destruction des preuves par Mustafa Kemal ne sont que de vagues
    explications.

    Absurde et ec~\urante en effet les remarques du ministre turc : "il n'
    y a pas eu de Genocide des Armeniens en 1915, que des incidents. Mais
    la Turquie est innocente, puisque les prevenus ont tous ete liberes
    par les grandes puissances". Innocente de quoi, des incidents ?

    Il a raison, le Juge Bonello, la controverse risque de durer encore
    longtemps, aussi longtemps que des ministres auprès de l'UE se
    livreront a des affirmations absurdes.

    vendredi 23 novembre 2012, Stephane ©armenews.com

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