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    * Vers un « oui mais... » de Bruxelles à Ankara;
    * Leila Zana a demandé à l'Union européenne d'accueillir la Turquie
    * L'obsession de Jacques Chirac; Éditorial
    * Michel Barnier n'a pas employé de lui-même le mot "génocide", selon Paris
    * Les eurodéputés disent oui aux négociations d'adhésion avec la Turquie
    * Turquie: Dupont-Aignan et Myard "implorent" Chirac de dire non à l'adhésion
    * Arménie/Turquie: le débat doit porter sur le "devoir de mémoire", selon Copé
    * L'Union européenne prête à entrebailler ses portes à la Turquie (PAPIER BALAI)
    * Barroso: c'est le moment de dire oui à la Turquie
    * Les Turcs déçus par l'attitude de la France
    * Dossier. L'élargissement de l'Europe. Paroles de religieux...
    * L'Europe est prête à ouvrir ses portes à la Turquie ;
    * « Vivre sous le ciel de l'Union européenne » ;
    * Lettre ouverte à Jacques Chirac;
    * L'argumentaire antiturc passé au crible;
    * La Turquie maintient sa pression sur l'Union européenne
    * Les Turcs attendent le verdict de Bruxelles
    * Les Arméniens de Turquie en quête de reconnaissance;
    * Moscovici : « L'objectif, c'est l'adhésion »;
    * Turquie : l'autre division des socialistes;
    * Les parlementaires français continuent d'exprimer leurs réticences
    * Pour ou contre la candidature turque : les arguments de chaque camp
    * Sommet de l'UE sur la Turquie Chirac dit un oui conditionnel à l'entrée d'Ankara
    * Des Arméniens de France s'indignent des propos de Michel Barnier
    * L'adoption d'une loi sur le "génocide arménien" par le parlement français (ENCADRE)
    * Le massacre des Arméniens: reconnu comme génocide par peu de pays européens (ENCADRE)
    * Train spécial Marseille-Bruxelles affrété par des organisations arméniennes
    * La communauté arménienne se mobilise contre l'adhésion de la Turquie à l'UE (PAPIER D'ANGLE)
    * Michel Barnier relance la question du génocide arménien (ECLAIRAGE)
    * Erevan remercie Paris d'avoir évoqué la reconnaissance du génocide arménien
    * Barnier: nous poserons à la Turquie la question "du génocide arménien"
    * Turquie/UE: les protestants demandent à Chirac d'être l'avocat des minorités religieuses
    * Tragédie des Arméniens: "une blessure qui ne cicatrise pas" (Barnier)
    * La communauté turque de France souffre d'isolement et de "méconnaissance" (PAPIER D'ANGLE)
    * Turquie: Hollande rappelle la ligne du PS

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    Vers un « oui mais... » de Bruxelles à Ankara;

    L'Humanité
    16 décembre 2004

    Union européenne. Le sommet des chefs d'État qui débute aujourd'hui
    doit décider de l'ouverture des négociations d'adhésion avec la
    Turquie.

    par Paul Falzon

    Sept mois après son élargissement vers l'Est, l'Union européenne va
    ouvrir aujourd'hui et demain à Bruxelles une nouvelle page de son
    histoire. Les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Cinq vont
    décider d'ouvrir des négociations d'adhésion avec la Turquie. Reste à
    savoir quand et sous quelles conditions. Acquise sur le principe - le
    président en exercice de l'Union, Jan-Peter Balkenende, a confirmé
    hier que le Conseil européen « s'achemine vers un oui » - l'adhésion
    d'Ankara devrait être soumise à des critères qui, au final, pourrait
    compromettre ses chances de réussite. Plusieurs chefs d'État, dont
    Jacques Chirac (voir ci-dessous), ont parlé d'étaler les négociations
    sur dix ou quinze ans. Le président français a aussi souhaité
    repousser au maximum le début des discussions, vers la fin 2005,
    alors que la Turquie réclame une ouverture des discussions « sans
    délais », comme le stipulait le sommet de Copenhague en 2002.
    Surtout, les Vingt-Cinq devraient se laisser la possibilité de créer,
    sous prétexte d'instaurer un « processus ouvert », une « troisième
    voie » entre l'adhésion et le rejet, sous la forme d'un « partenariat
    privilégié » qui a les faveurs des opposants à la candidature turque.
    « la Turquie n'hésitera
    pas à dire non »
    À Ankara, la pilule passe mal. « Nous ne dirons pas oui à tout prix
    », a souligné le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul,
    en rejetant toute idée de « dérogations » spécifiques à son pays.
    Tandis que le premier ministre Recep Erdogan a déclaré à des
    diplomates européens que « la Turquie n'hésitera pas à dire non » si
    le Conseil européen ne lui propose pas une perspective d'adhésion
    pleine et entière à l'UE, et dans un délai raisonnable.
    Le ton devrait évidemment être plus consensuel aujourd'hui à
    Bruxelles. Mais le débat devrait très vite resurgir au sein des pays
    les plus réticents à l'adhésion d'Ankara. C'est particulièrement vrai
    pour l'Autriche, la France et l'Allemagne. Dans ces deux derniers
    pays, la droite (l'UMP et la CDU) plaide pour un « partenariat
    privilégié », avec d'évidentes arrière-pensées électoralistes puisque
    ce sont aussi deux des États où l'opinion publique est la plus
    frileuse vis-à-vis de la Turquie - le reste de l'Europe restant, il
    faut le souligner, très favorable à l'adhésion de ce pays. Ces enjeux
    intérieurs expliquent le net recul de Jacques Chirac qui, chaud
    partisan de l'adhésion turque il y a quelques semaines encore, se
    montre aujourd'hui plus circonspect. Le président français tente
    aussi d'éviter la confusion entre ce dossier et la celui de la
    constitution européenne, à l'approche d'un référendum qui s'annonce
    serré.
    Car les sujets sensibles sont nombreux concernant la Turquie, pays
    peuplé de 70 millions de musulmans face à à une Europe de plus en
    plus marquée par l'islamophobie. Ces derniers jours, la polémique
    s'est concentrée sur la reconnaissance du génocide arménien, qui a
    fait plus d'un million de morts entre 1915 et 1917. Ankara refuse
    toujours de reconnaître sa responsabilité dans le massacre. De même,
    la question de Chypre reste problématique. La Turquie doit encore
    signer l'extension aux dix nouveaux membres de l'UE de l'accord
    commercial qui la lie depuis 1995 à l'Union. Parmi ces pays figure la
    République de Chypre, en conflit avec la Turquie depuis la partition
    de l'île en 1974. Ankara refuse toujours de reconnaître Nicosie.
    Paul Falzon

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    Leila Zana a demandé à l'Union européenne d'accueillir la Turquie

    L'Humanité
    16 décembre 2004

    Avant de se rendre au Parlement européen, la militante kurde,
    ex-députée, a été faite citoyenne d'honneur de la Ville de Paris par
    Bertrand Delanoë.

    Leila Zana, ex-députée kurde, a été faite citoyenne d'honneur de la
    Ville de Paris par le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, au
    cours d'une brève cérémonie dans les salons de l'Hôtel de Ville en
    présence d'une quarantaine de personnalités en majorité kurdes.
    C'était sa première visite en France depuis sa libération en mai
    dernier. Un emploi du temps chargé puisqu'elle doit se rendre au
    Parlement européen de Strasbourg, rencontrer des dirigeants des
    partis socialistes et des Verts avant une dernière visite au siège du
    PCF, où elle sera reçue vendredi par Marie-George Buffet. Visiblement
    émue par l'accueil, elle a pris la parole en langue kurde à la suite
    d'une brève intervention du maire de Paris, accompagnée d'un de ses
    adjoints, Khédidja Boucart. Leila Zana a tenu à remercier Danielle
    Mitterrand, présente à la cérémonie, et tous ceux - partis
    politiques, organisations sociales et personnalités - en France qui
    se sont mobilisés pour sa libération et celle de ses deux codétenus
    condamnés avec elle en 1994 à de très lourdes peines de prison.
    L'ex-députée kurde a lancé un appel à la France afin qu'elle prenne
    en compte les évolutions intervenues en Turquie et pour que son pays
    intègre rapidement l'UE.
    Quant au maire de Paris, il a tenu à rendre un vibrant hommage au «
    courage » de la militante kurde pour son combat en faveur des
    libertés, de la démocratie et de l'identité kurde, la qualifiant au
    passage de « résistante ». La question de l'adhésion de la Turquie à
    l'UE a été également évoquée par le maire de Paris. S'exprimant « à
    titre personnel », a-t-il précisé, Bertrand Delanoë a émis le souhait
    de voir la Turquie faire partie de l'UE, parce qu'elle est «
    européenne », et cela dès lors qu'elle aura satisfait à toutes les
    conditions requises - démocratie, pluralisme, reconnaissance des
    droits culturels des minorités kurdes et des droits de la femme... Il
    a demandé à « la Turquie démocratique » de faire un geste en
    reconnaissant le génocide arménien.
    H. Z

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    L'obsession de Jacques Chirac; Éditorial
    par Claude Cabanes

    L'Humanité
    16 décembre 2004

    * Le président de la République va-t-il sacrifier l'entrée de la
    Turquie dans l'Union européenne à la victoire du « oui » au
    référendum sur la constitution européenne, ou défendre ses
    convictions ? *

    Hier soir à la télévision, le président de la République a, en
    quelque sorte, ouvert avec 24 heures d'avance les travaux du sommet
    européen qui se réunit à Bruxelles. Quand ces lignes sont écrites sa
    prestation télévisée n'a pas encore été présentée sur TF1 : mais tout
    laissait à penser qu'il développerait son point de vue sur le dossier
    de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
    On dit Jacques Chirac « obsédé » par le « oui » au futur référendum
    sur la Constitution européenne : le mot est de l'un des ministres les
    plus proches de l'Élysée. On dit même qu'il fait de la victoire du «
    oui » une grande affaire et qu'il en fait son affaire. Il serait
    donc, après la phase d'intense satisfaction des résultats du
    référendum interne au Parti socialiste, très tracassé, sinon inquiet,
    de la montée en puissance du « non » dans le pays. Il serait prêt à
    tout pour lui barrer la route. Serait-il même prêt à sacrifier ses
    propres convictions favorables à la négociation avec Ankara pour
    qu'elle devienne l'un des États membres de l'Union ? C'est la
    question que l'on se posait hier soir...
    Il faut bien dire de ce point de vue que la lumière ne viendra pas de
    son propre camp. L'équipe qu'il a installée à l'Hôtel Matignon est à
    bout de souffle et fait le dos rond. Le premier ministre avait
    fâcheusement laissé deviner son opinion il y a quelque temps en
    déclarant : « Voulons-nous que le fleuve de l'islam rejoigne le lit
    de la laïcité ? » Ce n'était pas très encourageant pour la Turquie,
    c'est le moins que l'on puisse dire. Depuis, M. Raffarin a baissé
    d'un ton et fait le discret. Quant au nouveau chef de l'UMP, M.
    Sarkozy, qui accomplit paraît-il un voyage triomphal en Israël où il
    flatte la politique de M. Sharon, il a toujours eu du mal à cacher
    son opinion favorable à l'intervention militaire américaine en Irak,
    et ne cache plus son hostilité à l'adhésion de la Turquie à l'Europe.
    Ainsi donc, à droite, M. Chirac se sent un peu seul sur ce dossier.
    Il est d'ailleurs saisissant de noter, de ce côté-là, que certains
    argumentaires qui tendent à rejeter la Turquie ont un fort
    désagréable parfum d'empire colonial d'autrefois. Il est certes tout
    à fait légitime de demander à la Turquie de solder ses comptes avec
    sa propre histoire, qui a parfois porté l'empreinte de la férocité
    génocidaire à l'égard du peuple arménien notamment... Pourtant les
    redresseurs de tort vêtus de probité candide et de lin blanc ont
    quelquefois la mémoire qui flanche : c'est au coeur de l'Europe
    chrétienne, à l'apogée de son règne si brillant, qu'a été commis le
    massacre, unique dans l'histoire, connu sous le nom de « Shoah »...
    Cela devrait rendre humble.
    Naturellement, l'examen du dossier turc mérite une attention
    sérieuse, sereine et généreuse. Aucun des chapitres en débat n'est à
    rejeter d'un revers de main : la situation géographique du pays,
    l'importance de sa population, la forte imprégnation de l'islam, la
    situation des droits de l'homme en général et de la femme en
    particulier, le caractère laïque de l'État, la puissance historique
    de l'armée et de ses chefs, sont évidemment à prendre en
    considération. Mais au fond l'essentiel tient à la vision politique
    profonde de l'avenir qu'auront les uns et les autres au cours de la
    négociation.
    En définitive, la seule question qui vaille est simple : Quelle
    Europe ? La réponse de M. Tony Blair, par exemple, ne laisse aucune
    ombre : il envisage avec enthousiasme l'entrée de la Turquie dans
    l'Union, parce qu'elle est membre de l'OTAN, parce qu'elle est l'amie
    d'Israël, et parce qu'elle sera le cheval de Troie de l'Occident pour
    « remodeler » le monde arabe... Autrement dit, le destin de l'Europe
    est d'être amarré sous le bouclier américain, et la nature de son
    système économique ne se pose pas : il est capitaliste jusqu'à la fin
    des temps...
    C'est ce qu'accepte Jacques Chirac. Nous ne l'acceptons pas.

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    Michel Barnier n'a pas employé de lui-même le mot "génocide", selon Paris

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi 12:56 PM GMT

    PARIS 15 déc 2004 -- Le ministre des Affaires étrangères, Michel
    Barnier, n'a pas employé de lui-même le mot "génocide" arménien, ne
    faisant que reprendre l'expression d'un député français, a indiqué
    mercredi le Quai d'Orsay.

    "Monsieur Barnier n'a pas employé de lui-même ce mot. Celui-ci n'est
    venu dans sa bouche que pour reprendre les termes de la question que
    lui posait un député", a déclaré la porte-parole adjointe du
    ministère des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo, lors d'un
    point de presse.

    "Nous poserons toutes les questions, notamment celle du génocide
    arménien, notamment celle de Chypre, au long de cette négociation"
    d'adhésion de la Turquie, avait déclaré mardi M. Barnier à
    l'Assemblée nationale.

    C'était la première fois que le ministre employait ce terme alors
    qu'il avait jusque-là pris soin d'utiliser le terme "tragédie", terme
    souvent employé par les autorités turques pour qualifier cette
    question.

    Le 18 janvier 2001, le Parlement français a adopté une loi,
    promulguée le 29 janvier, qui dispose dans son article unique : "La
    France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915", sans
    toutefois en désigner les responsables.

    L'exécutif français ne s'est jamais prononcé.

    A l'Elysée, on indiquait que la France "n'est pas qualifiée pour
    employer ce terme car il n'a pas été défini juridiquement et
    internationalement".

    Le génocide est juridiquement identifié par la Convention pour la
    prévention et la répression du crime de génocide adoptée par
    l'Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1948.

    L'Elysée souligne que cette convention a été appliquée pour la Shoah,
    le Rwanda et le Cambodge mais pas pour l'Arménie et qu'elle ne peut
    être rétroactive puisqu'elle vise à punir les auteurs du génocide.

    Le président Jacques Chirac avait estimé en avril que la question de
    la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie était "un
    problème qui concerne les relations entre la Turquie et l'Arménie".

    "J'observe avec satisfaction qu'il y a dans ce domaine une évolution
    positive et je m'en réjouis. On ne peut pas non plus sur le plan
    bilatéral juger de tout l'avenir en fonction exclusivement du passé",
    avait-il ajouté.

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts selon les Arméniens, et
    entre 300 et 500.000 selon les Turcs.

    Ceux-ci rejettent catégoriquement la thèse d'un génocide, faisant
    valoir qu'il s'agissait d'une répression dans un contexte de guerre
    civile, dans un empire ottoman sur le déclin.

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    Les eurodéputés disent oui aux négociations d'adhésion avec la Turquie

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    STRASBOURG (Parlement Européen) 15 déc 2004

    Les eurodéputés se sont prononcés mercredi en faveur de l'ouverture
    de négociations d'adhésion entre la Turquie et l'Union européenne,
    par 407 voix contre 262 et 29 abstentions.

    L'avis du Parlement européen (PE) est un message politique avant tout
    symbolique car la décision appartient aux chefs d'Etat et de
    gouvernement de l'UE qui se réuniront jeudi et vendredi à Bruxelles.

    Le rapport adopté par le PE recommande l'ouverture "sans délai
    inutile" des négociations avec Ankara et n'envisage pas, dès à
    présent, d'alternative à l'adhésion, comme le "partenariat
    privilégié" réclamé par les droites française et allemande.

    Si l'objectif "est que la Turquie devienne membre de l'UE", ces
    négociations sont cependant "un processus ouvert qui ne conduit pas a
    priori ni automatiquement à l'adhésion", soulignent les eurodéputés,
    qui énumèrent une série de conditions à remplir, dont "une tolérance
    zéro" contre la torture.

    Les eurodéputés ont également adopté un amendement par 332 voix
    contre 325 appelant "la Commission européenne et le Conseil à exiger
    des autorités turques la reconnaissance formelle de la réalité
    historique du génocide des Arméniens en 1915 et l'ouverture dans un
    délai rapide de la frontière entre la Turquie et l'Arménie", sans en
    faire cependant un préalable aux négociations.

    Les eurodéputés appellent également au retrait des troupes turques du
    nord de Chypre et notent que les négociations se dérouleront avec les
    25 Etats membres de l'UE, ce qui, "à l'évidence, implique la
    reconnaissance de Chypre par la Turquie".

    A la demande de députés conservateurs qui ont réuni le nombre de
    signatures suffisant (un cinquième du PE), le vote final s'est
    déroulé de manière secrète, au grand dam de nombreux députés.

    Ceux-ci ont manifesté leur protestation en brandissant des bulletins
    avec la mention "Evet" (oui en turc) ou Hayir (non) au moment
    d'appuyer sur leur bouton électronique.

    Le non était ouvertement défendu par les droites française (UMP et
    UDF) et allemande (CDU), ainsi que les courants souverainiste ou
    d'extrême-droite.

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    Turquie: Dupont-Aignan et Myard "implorent" Chirac de dire non à l'adhésion

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004


    Les députés UMP Nicolas Dupont-Aignan et Jacques Myard ont "imploré"
    mercredi Jacques Chirac "d'avoir le courage de proposer" un
    partenariat privilégié à la Turquie et non une adhésion, à la veille
    du Conseil européen qui doit décider de l'ouverture de négociations
    d'adhésion.

    "Ce serait tellement simple d'avoir le courage de proposer" jeudi et
    vendredi à la Turquie "un partenariat privilégié", a estimé M.
    Dupont-Aignan, président de Debout la République, ajoutant: "il vaut
    mieux une crise salvatrice et préventive demain à Bruxelles plutôt
    qu'un grand choc" dans quelques années.

    Selon le député, "il vaut mieux avoir le courage de dire les choses
    maintenant aux Turcs, en leur proposant de bâtir d'abord un
    partenariat", et de "voir dans cinq ans" pour l'ouverture de
    négociations d'adhésion si la Turquie "reconnaît le génocide
    arménien" et si elle s'est "retirée de Chypre".

    "L'enjeu n'est pas que Jacques Chirac fasse passer la pilule aux
    Français, car cela ne serait pas responsable devant l'Histoire, mais
    que le président fasse passer la pilule aux Turcs", en expliquant aux
    partenaires européens que la France "ne peut pas accepter cette
    adhésion parce que la majorité des Français y sont hostiles, et parce
    que c'est dangereux", a poursuivi M. Dupont-Aignan.

    Pour Jacques Myard, président de Nation et République, "on est en
    train de désespérer les Français de la construction européenne" avec
    "cette affaire turque".

    "Avec le traité constitutionnel, on nous propose de tous vivre dans
    la même chambre à coucher, puisque on a soi-disant les mêmes valeurs,
    et on pourra tous circuler d'Istanbul à Lisbonne", a critiqué M.
    Myard, jugeant que "tout cela était de la pure utopie".

    Le président Jacques Chirac doit s'exprimer mercredi dans le journal
    de 20H00 de TF1.

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    Arménie/Turquie: le débat doit porter sur le "devoir de mémoire", selon Copé

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004

    Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a assuré mercredi
    que le véritable débat concernant les massacres d'Arméniens perpétrés
    sous l'Empire ottoman en 1915 devait porter sur le "devoir de
    mémoire" de la Turquie.

    Interrogé lors du compte-rendu du Conseil des ministres sur la
    position du gouvernement sur cette question, M. Copé a répondu que
    "la loi qui a été votée par le parlement à l'unanimité est tout à
    fait claire sur ce sujet".

    "Il n'y a pas d'ambiguité", a-t-il ajouté.

    Le 18 janvier 2001, le Parlement français a adopté une loi,
    promulguée le 29 janvier, qui dispose dans son article unique: "La
    France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915" sans
    toutefois en désigner les responsables.

    Pour M. Copé, "ce serait une erreur de déplacer le débat. Le
    véritable débat renvoie au devoir de mémoire pour ce qui concerne la
    Turquie, c'est cela le sujet, il n'y en a pas d'autre", a-t-il
    affirmé.

    Le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier avait demandé
    lundi que la Turquie reconnaisse "la tragédie" arménienne avant de
    rejoindre l'Union européenne, un terme souvent utilisé par les
    responsables turcs.

    Mais mardi, devant l'Assemblée nationale, pressé par les députés, il
    a prononcé pour la première fois le terme de "génocide".

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    L'Union européenne prête à entrebailler ses portes à la Turquie (PAPIER BALAI)
    Par Bertrand PINON

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    BRUXELLES 15 déc

    L'Union européenne s'apprête à dire oui à des négociations d'adhésion
    avec la Turquie au sommet de Bruxelles qui s'ouvre jeudi soir, mais
    la route sera tortueuse d'ici à une entrée d'Ankara loin d'être
    garantie et qui n'interviendra pas avant dix ou quinze ans.

    La rencontre devrait aussi fixer au printemps prochain l'ouverture de
    discussions similaires avec la Croatie et la signature du traité
    d'adhésion de la Roumanie et la Bulgarie, attendues toutes deux dans
    l'UE dès 2007.

    Selon des diplomates, les pourparlers avec la Turquie ont toutes les
    chances de démarrer à l'automne 2005, à des conditions cependant très
    strictes. Ils pourront notamment être suspendus en cours de route cas
    de violation des principes fondamentaux de l'UE.

    Les chefs d'Etat et de gouvernement devraient souligner que les
    discussions seront longues et reprendre à leur compte la
    recommandation de la Commission européenne en faveur d'un "processus
    ouvert dont le résultat ne peut être garanti avant terme".

    Sauf rebondissement, ils ne s'avanceront pas en revanche sur une
    alternative à l'intégration en cas d'échec et se contenteront
    d'affirmer le "lien" que l'UE veut conserver "quoi qu'il arrive" avec
    Ankara, selon les mêmes sources.

    Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé mardi que
    son pays n'accepterait "aucune autre perspective qu'une adhésion
    pleine".

    La Turquie aspire à s'arrimer à l'Europe depuis plus de 40 ans. Elle
    dispose du statut officiel de candidat à l'UE depuis 1999 et une
    large majorité des dirigeants européens voit dans la perspective de
    son intégration le moyen de jeter un pont entre l'Occident et le
    monde musulman.

    Mais les opinions en appréhendent souvent l'impact. Ainsi, 67% des
    Français s'y disent opposés. En Autriche, la proportion grimpe à plus
    de 75%.

    Les consultations entre Etats membres des dernières semaines ont
    déminé les

    questions les plus sensibles laissées au verdict des dirigeants.

    La France, qui craint que le débat sur la Turquie n'interfère avec le
    référendum attendu au printemps pour la ratification de la
    Constitution européenne, devrait avoir gain de cause sur sa
    revendication d'ouvrir les négociations d'adhésion "au plus tôt au
    2ème semestre" de l'an prochain.

    M. Erdogan réclamait le début 2005, mais le scénario de Paris tient
    la corde. Septembre ou octobre sont les mois les plus évoqués en
    coulisses. L'hypothèse convient au Royaume Uni, qui présidera alors
    l'UE et est l'un des principaux partisans d'Ankara avec l'Espagne,
    l'Allemagne et la Belgique.

    Berlin a obtenu de sécuriser les futurs pourparlers, en réintégrant
    au projet de conclusions du sommet qu'une interruption éventuelle
    devra être demandée par au moins un tiers des Etats membres pour être
    étudiée.

    Britanniques, Allemands, Espagnols et Belges restent réticents sur
    les "clauses de sauvegarde" envisagées pour limiter les migrations de
    travailleurs turcs dans le reste de l'Union en cas d'adhésion, mais
    sans vélléité d'en faire un casus belli.

    La présidence néerlandaise ambitionne un sommet court. "Le plan A,
    c'est qu'on se met d'accord jeudi soir. Vendredi, on finalise les
    conclusions et on se réunit à 25 plus 4 (Ndlr, Turquie, Croatie,
    Roumanie, Bulgarie) avec le champagne", résume un diplomate européen.

    "Reste à savoir comment on va gérer Chypre", tempère-t-il toutefois,
    en référence à la question toujours entière de l'île divisée depuis
    1974, dont seule la partie grecque est entrée dans l'UE le 1er mai.

    Le chef de la diplomatie de Nicosie, George Iacovou, a réclamé lundi
    que la Turquie fasse d'ici mars des pas en direction d'une
    "normalisation" avec la République de Chypre, qu'Ankara refuse de
    reconnaître.

    De son côté, la France souhaite que pendant le processus de
    négociations, la Turquie reconnaisse le génocide arménien de 1915.

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    Barroso: c'est le moment de dire oui à la Turquie

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004 -- Le président de la Commission européenne José
    Manuel Durao Barroso a estimé mercredi que le moment était venu de
    dire oui à l'ouverture des négociations d'adhésion à la Turquie et
    s'est prononcé contre l'option d'un partenariat privilégié.

    "C'est le moment, on peut dire oui à l'ouverture des négociations
    avec la Turquie qui a fait énormément d'efforts", a déclaré M.
    Barroso sur France 2.

    Jeudi soir s'ouvrira le sommet de l'Union européenne qui doit décider
    d'ouvrir ces négociations d'adhésion.

    M. Barroso s'est prononcé contre l'inclusion, dans les conclusions de
    ce sommet, de l'option d'un partenariat privilégié en cas d'échec du
    processus d'adhésion. "Ce ne serait pas juste à l'égard des Turcs si,
    dès le début, on disait qu'il y a une autre catégorie pour être
    membre. Ce serait vraiment ressenti par la Turquie comme une
    discrimination par rapport aux autres pays qui veulent nous
    rejoindre", a-t-il dit.

    Evoquant les craintes des Français à l'égard d'une Turquie
    européenne, il a souligné que la Turquie "posait des problèmes
    spécifiques" et devait gagner "le coeur et l'esprit des Européens".
    Il a appelé les Turcs "à faire des efforts" pour rassurer l'opinion
    publique européenne.

    Interrogé sur le génocide arménien dont la France demande la
    reconnaissance par la Turquie avant l'adhésion, il a appelé la
    Turquie à "donner des signaux sur ses engagements démocratiques". Il
    a cependant mis en garde contre une "exploitation populiste" de cette
    question en soulignant que ce sont "des blessures très profondes et
    des problèmes très difficiles".

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    Les Turcs déçus par l'attitude de la France
    By Hassane Zerrouky

    L'Humanité
    15 décembre 2004

    L'opinion publique se sent trahie par les obstacles que Paris semble
    vouloir ériger à l'adhésion.

    Dans les rues d'Istanbul et d'Ankara, une large majorité de Turcs ne
    comprennent pas les réticences exprimées, notamment en France et en
    Allemagne, à l'endroit de l'adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne. Davantage que la question de la reconnaissance du
    génocide arménien par la Turquie, c'est le sondage du Figaro faisant
    état du refus exprimé par une majorité de Français à l'adhésion de la
    Turquie qui a le plus surpris les Turcs. La France jouissait jusqu'à
    récemment d'une certaine estime dans ce pays. « Est-ce parce que nous
    sommes musulmans ? » s'éton- ne une étudiante turque. Beaucoup, à
    Istanbul et Ankara, se plaisent à rappeler que la Turquie avait
    déposé sa candidature d'adhésion au Marché commun en 1963, à une
    époque où la Grande-Bretagne, par exemple, n'était pas membre d'une
    Europe qui comprenait alors six pays. Mieux, d'aucuns rappellent que
    c'est sous le règne du sultan Abdelmegîd (1839-1861) que furent
    promulguées les « tanzimet » (réformes) d'inspiration napoléonienne,
    instituant un État moderne, une Constitution, le droit et l'égalité
    des personnes, avant que Mustapha Kemal ne fonde la Turquie moderne
    largement inspirée du modèle d'État laïc français. En bref, pour
    cette élite turque de gauche et de droite, la Turquie regarde vers
    l'Europe depuis la fin du XIXe siècle.
    « En vérité, c'est le 11 septembre 2001 qui a tout changé. Avant,
    personne, au sein de l'UE, n'avait avancé le prétexte de l'islam pour
    s'opposer à l'adhésion de la Turquie », faisait remarquer un
    journaliste turc de passage à Paris. Pour lui, comme pour de nombreux
    Turcs, « cette question de l'islam est un faux problème ». Dans les
    colonnes de l'Humanité, Ahmet Insel, professeur d'économie de
    l'université de Galatasaray, collaborateur de la revue turque de
    gauche Radikal, faisait observer que la droite et certains milieux de
    la social-démocratie française instrumentalisent la question d'une
    Turquie où l'islam est la religion dominante et du danger d'une
    immigratio turquen massive à des fins de politique interne. Les
    mêmes, affirmait-il, qui s'étaient tus quand le régime militaire, au
    début des années quatre-vingt, réprimait la gauche et les démocrates
    turcs.
    En Turquie, côté politique, de Deniz Baykal, leader du CHP (Parti
    républicain du peuple), seule formation d'opposition siégeant au
    Parlement, à Devlet Bahceli, du MHP (nationaliste), en passant par
    Mehmet Agar, du DYP (Parti de la juste voie), tous sont montés au
    créneau pour exiger que le Conseil européen du 17 décembre fixe, sans
    autres conditions que celles exigées par les critères de Copenhague,
    une date à l'ouverture des négociations d'adhésion. Abondant dans le
    même sens, le Tusiad (patronat turc) a adressé avant-hier une lettre
    à tous les chefs d'État et de gouvernement des 25 pays membres de
    l'UE. Dans la société turque, les Kurdes - 12 millions de personnes -
    sont acquis majoritairement à l'adhésion à l'UE. « L'Europe sans la
    Turquie sera un projet inachevé », déclarait l'ex-députée kurde Leyla
    Zana, en juin 2003, face aux juges, lors de la révision de son
    procès. En effet, dans la perspective de l'ouverture des négociations
    d'adhésion, parmi les réformes politiques adoptées par le Parlement
    d'Ankara, l'une d'elle équivaut à une reconnaissance partielle des
    droits culturels et linguistiques de la minorité kurde. L'usage de la
    langue kurde n'est plus formellement interdit et elle peut même être
    enseignée. Autre minorité qui souhaite cette adhésion, les 15
    millions d'alévis, variante du chiisme, politiquement proches de la
    gauche, et surtout profondément laïcs. Les alévis sont l'objet de
    mesures discriminatoires non écrites restreignant l'accès des membres
    issus de cette minorité aux plus hautes fonctions publiques. Pour ces
    représentants d'un islam moderne, une Turquie intégrée à l'UE se
    traduira par la fin des discriminations.
    Plus généralement, selon un sondage rendu public par l'agence de
    presse turque Anatolia, ils sont 75 % de Turcs à souhaiter que leur
    pays fasse partie de l'UE, et seulement 17 % contre. Parmi les pour,
    on compte des islamistes réformateurs et des laïcs de gauche et de
    droite. « L'inclusion de la Turquie dans l'UE va démontrer que
    réduire la relation interculturelle à la seule religion est une
    erreur », affirme le politologue Ilter Turan, cité par l'AFP. « Le
    développement le plus important en Turquie au cours des dernières
    années c'est la transformation de certains cercles islamistes, qui ne
    voient plus de contradiction entre l'identité musulmane et une
    attitude pro-européenne », rétorque de son côté Ihsan Dagi,
    professeur de relations internationales, à l'AFP. « Ceux qui se
    définissent à travers leur identité religieuse ont réalisé que leurs
    demandes pour plus de libertés correspondaient avec les réformes
    démocratiques requises par l'UE », ajoute-t-il. Et parmi les contre,
    on retrouve des islamistes radicaux, ceux du parti Refah, une partie
    de l'extrême gauche et des souverainistes, pour qui l'adhésion de la
    Turquie à l'UE signifie pour les uns la fin d'une issue islamiste à
    la crise sociopolitique, la fin des privilèges liés au pouvoir pour
    les partisans d'un régime autoritaire militaro-civil.
    Hassane Zerrouky

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    Dossier. L'élargissement de l'Europe. Paroles de religieux...

    La Croix
    15 décembre 2004

    Interview. Mesrob II, patriarche arménien de Constantinople: "Des
    maisons de prière sont nécessaires". Luis Erin, membre de l'Église
    syrienne-catholique: "Seule l'Union européenne peut provoquer le
    changement". Ishak Haleva, grand rabbin de Turquie: "Nous sommes
    privilégiés d'être les fils de ce pays".

    PLOQUIN Jean-Christophe

    Mesrob II

    Patriarche arménien de Constantinople

    "Notre pays est comme un musée à ciel ouvert de l'histoire des
    religions, du mont Ararat, à l'est, jusqu'à Éphèse à l'ouest. Des
    polythéismes païens et les trois religions monothéistes y ont laissé
    leurs marques dans chaque recoin. Aujourd'hui, particulièrement dans
    nos grandes villes, des maisons de prière sont nécessaires pour les
    fidèles des trois monothéismes. Là où elles n'existent pas, il
    faudrait soit restaurer des infrastructures historiques, soit en
    ériger de nouvelles."

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    L'Europe est prête à ouvrir ses portes à la Turquie ;

    Le Monde
    15 décembre 2004

    Plus aucun obstacle ne s'oppose à l'ouverture des négociations
    d'adhésion avec Ankara que devront décider, lors d'un sommet à
    Bruxelles, jeudi et vendredi, les dirigeants des 25 pays membres de
    l'Union. La France, qui a prévu un référendum, réclame toutefois que
    l'issue ne soit pas garantie

    Arnaud Leparmentier

    BRUXELLES de notre bureau européen


    Le SOMMET de l'Union européenne, convoqué jeudi et vendredi à
    Bruxelles, devrait décider l'ouverture de négociations d'adhésion
    avec la Turquie en 2005. L'intégration de la Turquie n'est pas
    envisagée avant la fin de la prochaine PROGRAMMATION financière
    2007-2013. Les négociations se dérouleront selon un processus destiné
    à garantir à chaque étape que les règles de l'Union soient
    effectivement mises en oeuvre, ce qui n'a pas été le cas dans les
    élargissements antérieurs. A la demande principalement de la FRANCE
    et de l' AUTRICHE, une formulation de compromis doit encore être
    trouvée afin que l'issue du processus reste ouverte. Lundi, à
    Bruxelles, MICHEL BARNIER a également demandé à Ankara, sans en faire
    un préalable à l'ouverture des négociations, de reconnaître le
    génocide arménien.


    Sauf coup de théâtre, les chefs d'Etat et de gouvernement européens,
    réunis jeudi et vendredi 17 décembre à Bruxelles, décideront d'ouvrir
    des négociations d'adhésion avec la Turquie. A deux jours de leur
    conseil, le dossier est largement décanté. La bataille ne devrait
    porter que sur des détails, certes importants ou affectifs, mais
    mineurs au regard de l'enjeu.

    « Les Turcs nous ennuient en prétendant qu'ils n'auront pas ce qu'ils
    demandent. Ils auront l'ouverture des négociations et une date »,
    rappelle un ambassadeur. En dépit des réticences de certaines
    populations européennes, en particulier des Français, tous les
    dirigeants veulent aller de l'avant. Le plus réticent, le chancelier
    autrichien Wolfgang Schüssel, défenseur du « partenariat privilégié »
    plutôt que d'une adhésion pleine et entière, ne brandit aucune menace
    de veto.

    Suivant les recommandations de la Commission, qui a considéré fin
    octobre que la Turquie respectait « suffisamment » les critères
    démocratiques dits de Copenhague, les « 25 » vont fixer jeudi soir au
    cours d'un dîner la date d'ouverture des négociations. L'idée d'avoir
    un nouveau rendez-vous courant 2005, pour vérifier une dernière fois
    que la Turquie reste sur la voie des réformes, a été abandonnée. Elle
    aurait contribué à éterniser le débat sur une adhésion peu populaire
    et créé une crise avec Ankara.

    Les Européens avaient précisé en 2002 à Copenhague que les
    négociations s'ouvriraient « sans délai » après le sommet du 17
    décembre. Mais Jacques Chirac veut gagner du temps, pour que ce début
    de négociations intervienne le plus tard possible après le référendum
    français sur la Constitution, histoire d'éviter que les deux débats
    ne se télescopent. Le contretemps devrait être bref. Après avoir
    réclamé une ouverture fin 2005-début 2006, Michel Barnier ne parlait
    plus, lundi à Bruxelles, où avait lieu une réunion préparatoire des
    ministres des affaires étrangères, que d'une ouverture « au plus tôt
    au deuxième semestre 2005 ». Les pourparlers s'ouvriraient donc sous
    la présidence du Royaume-Uni, grand partisan de l'adhésion turque, ce
    qui est aussi le voeu du chancelier allemand Gerhard Schröder.

    Le deuxième sujet litigieux porte sur le caractère des négociations,
    dont il est précisé que leur issue est « ouverte ». Il s'agit là de
    sauver la face des Turcs, qui ne veulent rien envisager d'autre que
    l'adhésion, mais aussi des Français et des Autrichiens, favorables à
    l'évocation d'une troisième voie en cas d'échec des négociations. Les
    diplomates sont à la recherche d'une formule de compromis,
    volontairement vague, stipulant que la Turquie restera quoi qu'il
    arrive ancrée à l'Europe. Mais il n'est pas question d'expliciter un
    quelconque statut spécial, partenariat privilégié ou scénario
    alternatif. Ce serait humilier le gouvernement turc, qui a averti
    qu'il le refuserait ; et c'est inacceptable pour le chancelier
    Schröder, parce que cela ferait le jeu de son opposition
    chrétienne-démocrate.

    Malgré une mobilisation intense de la diaspora arménienne, la
    dernière réticence française, le génocide arménien, ne devrait pas
    non plus être une pierre d'achoppement. Certes, Michel Barnier a
    demandé sa reconnaissance par Ankara : « Je pense qu'un grand pays
    comme la Turquie doit faire son devoir de mémoire », a déclaré à
    Bruxelles le ministre français qui, en invoquant la réconciliation
    franco-allemande, a estimé que la Turquie, qui nie le génocide
    arménien, devait également faire la paix avec ses voisins. Mais
    Michel Barnier n'en a nullement fait une condition préalable à
    l'ouverture des négociations d'adhésion.

    Reste Chypre, dont le Nord est occupé par les Turcs et dont le
    gouvernement chypriote grec n'est pas reconnu par Ankara. Mais nul ne
    croit à un veto des Chypriotes grecs. A Bruxelles, leur ministre des
    affaires étrangères, George Iacovou, a déclaré souhaiter que la
    Turquie manifeste sa volonté de normaliser ses relations avec Nicosie
    avant le sommet européen de mars 2005, ce qui équivaut, selon les
    exégètes, à renoncer à en faire un préalable à l'ouverture des
    négociations le 17 décembre.

    Les Chypriotes grecs sont isolés en Europe, depuis que, contrairement
    aux Chypriotes turcs, ils ont rejeté par référendum au printemps le
    plan de réunification de l'île sous l'égide des Nations unies et
    qu'ils bloquent un projet visant à aider économiquement le nord de
    l'île. Le soutien de la Grèce va faiblissant, ce pays ayant obtenu
    dans le projet de conclusions finales les garanties nécessaires pour
    le règlement de ses conflits frontaliers avec la Turquie et ayant
    fait de son rapprochement avec Ankara un axe stratégique de sa
    politique.

    D'autres réticences ont, elles aussi, été levées. Les Danois, qui
    craignent une arrivée massive d'immigrés turcs en vertu de la libre
    circulation des personnes, ont obtenu que l'on évoque de possibles
    clauses de sauvegarde permanentes. Les Britanniques, qui tentaient de
    s'opposer à ces clauses, disant qu'elles empêchaient une pleine
    adhésion turque, ont eu droit aux sourires narquois de leurs
    collègues continentaux, qui leur ont rappelé le nombre de clauses
    d'exemption dont bénéficie l'Albion. Dans ce contexte, les diplomates
    tablent sur un accord au Conseil européen de Bruxelles.

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    « Vivre sous le ciel de l'Union européenne » ;

    Le Monde
    15 décembre 2004

    DOSSIER TURQUIE LES FRONTIERES ;
    Voyage le long de ce qui pourrait devenir les nouvelles frontières de
    l'union européenne : Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Irak et
    Syrie

    Marie Jégo

    La route qui défile au coeur d'un paysage de montagnes au nord-est de
    Kars s'interrompt brutalement, barrée en son milieu par un bloc de
    pierre agrémenté du drapeau turc et d'une citation de Mustafa Kemal
    Atatürk. Barbelés et miradors courent sur des kilomètres. En face, à
    700 mètres à peine, c'est l'Arménie. A flanc de montagne au loin, on
    aperçoit même Giumri, la première ville arménienne, qui abrite
    aujourd'hui une importante base militaire russe. Mais, hormis
    quelques rares bergers, personne, jamais, ne passe par ici car le
    passage est fermé depuis des années. La voiture qui vient de faire
    irruption dans ce cul-de-sac désolé à 2 000 mètres d'altitude a semé
    l'émoi dans la petite garnison toute proche. Le soldat en faction se
    précipite sur la route, un gradé vient à sa rescousse.

    Après l'inéluctable « Qu'êtes-vous venus faire ici ? » suit une
    invitation à pénétrer dans le cantonnement. Une fois les identités
    vérifiées, une recrue apporte le thé, servi dans de petits verres qui
    brûlent les doigts. L'endroit est douillet, bâti de neuf l'an
    dernier, et la télévision grand écran aide sans doute à mieux
    supporter les longues soirées d'hiver, quand la nuit tombe à 15
    heures et qu'il fait - 35°C dehors. Peu habitués à voir du monde, les
    soldats redoutent les questions. « Si vous avez aimé notre thé, nous
    serions soulagés de vous voir partir », avoue le commandant. Son
    empressement est d'autant plus grand que les inconscients buveurs de
    thé, ignorants des usages, ne savent pas qu'ils se trouvent « en zone
    numéro un, interdite aux étrangers », dont la seule évocation suffit
    à faire rougir l'officier.

    Désertée et battue par les vents, la frontière turco-arménienne,
    vieille cicatrice de l'Histoire, en dit long sur les crispations
    persistantes entre les deux Etats. La blessure des Arméniens, c'est
    le massacre de 1,5 million des leurs entre 1915 et 1917, au moment de
    la désintégration de l'empire ottoman. La Turquie, qui réfute ce
    nombre et le terme de génocide, est, pour sa part, sensible au sort
    des Azerbaïdjanais turcophones chassés de leurs terres par la guerre
    (1988-1994) pour la conquête du Haut-Karabakh - un territoire
    majoritairement peuplé d'Arméniens en Azerbaïdjan -, enjeu d'une
    guerre de sept ans entre ces deux Etats de Transcaucasie.

    C'est d'ailleurs en pleine guerre du Karabakh, en 1992, qu'Ankara
    décida de clore la frontière, par solidarité avec les frères azéris
    défaits. Malgré l'amorce, ces dernières années, d'un dialogue
    turco-arménien, la réouverture se fait attendre. Et s'il est
    possible, depuis deux ans, de gagner Erevan en empruntant un vol
    direct depuis Istanbul, Kars, à l'extrême nord-est de la Turquie,
    fait face à l'Arménie sans pouvoir l'atteindre. Située à une
    soixantaine de kilomètres de la frontière, la ville (145 000
    habitants) est privée des échanges transfrontaliers qui font le
    bonheur de ses voisines.

    FRONTIÈRE FERMÉE AVEC L'ARMÉNIE

    En effet, à 200 kilomètres à l'est, Igdir ou Dogubeyazit prospèrent
    grâce au commerce avec l'Iran et avec le Nakhitchevan (territoire
    azerbaïdjanais situé entre l'Arménie, l'Iran et la Turquie). A 100
    kilomètres plus au nord, Ardahan connaît beaucoup de passages du fait
    de sa proximité avec le poste frontière de Possof, vers la Géorgie.
    C'est par là que doit passer l'oléoduc Bakou (Azerbaïdjan) - Tbilissi
    (Géorgie) - Ceyhan (Turquie) (BTC), appelé à transporter le brut de
    la Caspienne vers la Méditerranée et les marchés mondiaux. En 2007,
    son tracé sera doublé par un gazoduc.

    Cette future manne énergétique réjouit Nevzat Turhan, le préfet de
    Kars, qui y voit une solution aux problèmes de pollution locaux : «
    Comme il fait très froid et qu'il n'y a pas de gaz naturel, les gens,
    pour la plupart, se chauffent au charbon. » Selon lui, « la fermeture
    de la frontière pèse sur l'économie de la région ».

    Le jeune maire de Kars, Naif Alibeyoglu, a bon espoir : « La
    frontière s'ouvrira », peut-être même « dès 2005 ». « Naif bey »,
    comme on dit parfois ici, a deux priorités : l'ouverture de la
    frontière et l'approfondissement des liens avec l'Union européenne. «
    C'est la seule alternative possible à l'extrémisme de George Bush et
    à la guerre totale déclarée par Oussama Ben Laden », aime-t-il à
    répéter. Mais l'intégration de la Turquie dans l'UE ne passe-t-elle
    pas par la réconciliation turco-arménienne ? « Le dialogue aidant,
    tout finira par s'arranger », veut-il croire. Et puis, « l'Anatolie
    n'est-elle pas pour la Transcaucasie la voie la plus courte vers
    l'Europe ? ». Enfant du pays devenu homme d'affaires, et un maire
    apprécié de ses administrés - il entame son second mandat -, Naif
    Alibeyoglu est représentatif de cette nouvelle génération d'hommes
    politiques turcs que la nébuleuse de l'AKP, le parti au pouvoir, a su
    attirer autour de son projet européen et réformateur.

    Mais, vue d'Akyaka, un petit bourg à 13 kilomètres de la frontière
    arménienne, l'ouverture au monde a une autre saveur. La gargote des
    Trois Grillades affiche au menu des poissons pêchés « au barrage » de
    la centrale électrique d'Arpacay, la seule chose que Turcs et
    Arméniens exploitent en commun depuis vingt-trois ans. « Ça pêche des
    deux côtés », tient à préciser Mehmet Erdagi, tenancier du lieu.

    Entre deux gorgées d'un thé noir et brûlant, il raconte que, quand
    bien même la frontière a été ouverte de 1923 à 1992, « le passage à
    pied n'a jamais été autorisé ». Durant son enfance, dans les années
    1950, « on n'y laissait pas même un oiseau voler ». Il fallut
    attendre le dégel gorbatchévien de la fin des années 1980 pour que
    des trains passent. « Deux fois par semaine, des touristes arméniens
    allaient à Kars, mais, pour nous, cela ne changeait rien puisque le
    train ne s'arrêtait jamais ici », dit-il en haussant les épaules.

    « L'EUROPE SEMBLE LOIN »

    Au café d'à côté, cultivateurs et fonctionnaires de la
    sous-préfecture - « les têtes pensantes d'Akyaka » - palabrent autour
    d'un verre de thé, comme chaque fin de journée. Le thème de «
    l'ouverture de la porte » fait mouche. Sont-ils pour ? « Pas tant que
    l'Arménie occupera les territoires azerbaïdjanais autour du Karabakh.
    A 70 %, les gens de la région sont originaires de l'Azerbaïdjan ;
    alors, forcément, ça les touche », explique un homme au col de
    fourrure, chargé des finances à la sous-préfecture. Un autre ajoute
    que la frontière reste, depuis l'époque de l'URSS, gardée par des
    militaires russes. Eray, policier chargé de rédiger les
    procès-verbaux avec « l'autre côté », lors du passage inopiné de
    bétail par exemple, acquiesce : « La Russie contrôle la frontière,
    c'est elle qui est mentionnée dans les PV. Je préférerais avoir
    affaire aux Arméniens. »

    Et l'entrée de la Turquie dans l'UE ? « Difficile d'être contre »,
    explique un consommateur. « Ça ne changera pas grand-chose ici »,
    tempère Eray. Occupés essentiellement à l'élevage et à l'agriculture,
    les gens d'Akyaka ont du travail quatre mois par an. L'hiver est
    rude, les ressources limitées, et les petites parcelles ne suffisent
    pas à faire vivre toute la famille. « Nous étions cinq frères, mon
    père avait 20 hectares, pas assez pour nous nourrir tous, alors je
    suis parti chercher du travail à Kars », explique Orhan, la
    soixantaine. La réduction récente des subventions à l'élevage, voulue
    par Ankara au nom de la marche du pays vers l'économie mondialisée,
    n'est pas vue d'un bon oeil. « Ceux-là n'auront plus nos voix ! »,
    fulmine un éleveur.

    « Ce n'est pas l'Union européenne qui nous donnera à manger ! »
    conclut un homme en complet veston et casquette, sans lever les yeux
    de son journal. « L'Europe semble loin », lâche le garçon de café. «
    Pas pour moi ! » s'exclame le jeune Murat, fort de ses quatre années
    passées à Berlin, où il a travaillé « dans une disco, et aussi à
    vendre des fleurs ». Et de raconter son séjour en prison en
    Allemagne, pour défaut de papiers. « Leurs prisons sont dix fois
    pires qu'ici ! », assure-t-il avec l'assentiment du public. Gêné,
    Mehmet Erdagi, le patron du petit restaurant d'à côté, glisse : «
    Excusez Murat, il n'a pas toute sa tête... » Derrière lui, le garçon
    porte une bouteille imaginaire à ses lèvres et chuchote, d'un air
    entendu : « Il boit ! » Dans le brouhaha général, une voix se fait
    entendre : « La vérité, c'est qu'on n'entrera pas ; ils ne veulent
    pas de nous, ils ne veulent pas de musulmans ! » Suit un murmure
    d'approbation.

    A près de 300 kilomètres de là, autour d'Igdir, l'activité
    transfrontalière est visible. Les camions iraniens sont nombreux, la
    ville regorge de petits hôtels, et ses habitants ne sont pas les
    derniers à se rendre en Iran, « où les produits sont moins chers ».
    Le poste frontière avec le Nakhitchevan, situé au fond d'un étroit
    corridor entre l'Arménie et l'Iran appelé Dilucu - « le bout de la
    langue » - voit pas mal de passages, « surtout au moment des fêtes »,
    confie un douanier. C'est jour de marché, et des paysans
    nakhitchevanais en guenilles attendent le feu vert pour passer. Le
    contrôle n'en finit plus. Les plus nantis, des chauffeurs de vieilles
    Mercedes garées le long du poste, patientent eux aussi. « Des
    trafiquants d'essence », chuchote un paysan.

    « ONT-ILS LE CHOIX ? »

    Essence, fioul et brut sont le nerf du commerce transfrontalier pour
    tout l'est et le sud de la Turquie. A 550 kilomètres au sud d'Igdir,
    Silopi, principal point de passage à la frontière turco-irakienne, ne
    désemplit pas. Les camions-citernes qui y font la queue sur une
    dizaine de kilomètres vont chercher du brut qu'ils transporteront
    ensuite jusqu'à la raffinerie d'Iskenderun. Une fois raffiné, le
    pétrole retourne en Irak. « Pour les besoins des Américains »,
    précise Bedi, la cinquantaine, propriétaire d'une petite entreprise
    de transport. Ses affaires « marchaient bien » jusqu'à l'intervention
    américaine. Depuis, tout va à vau-l'eau. Un de ses chauffeurs a été
    assassiné, un autre a disparu, deux camions ont été détruits. «
    Puisque le pétrole est acheté par les Américains, ils sont
    responsables. Ils doivent nous indemniser ! » insiste-t-il.

    Hamide Tekin et ses six enfants, sans ressources depuis la mort du
    père, Veysi, tué le 14 novembre dans une embuscade à Beyci, non loin
    de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, cherchent en vain à qui
    s'adresser. Originaire du village d'Ömerli, près de la frontière
    syrienne, Hamide avait l'habitude de faire le trajet pour améliorer
    l'ordinaire de la famille. Aujourd'hui, tout le village le pleure.
    Mais, comme si sa mort ne suffisait pas, la famille s'est lourdement
    endettée pour pouvoir récupérer le corps. Le beau-père du défunt a
    erré des jours durant en Irak à la recherche de la dépouille mortelle
    : « Rien que pour accéder à la morgue, j'ai dû payer 100 dollars. »
    Le vieil homme poursuit : « Si tu savais le chaos qui règne en Irak !
    Les gens sont prêts à te vendre au premier venu pour quelques sous !
    De ce côté-ci, les choses changent en mieux, là-bas... »

    Partis dans l'espoir de gagner quelque 200 euros, ces camionneurs,
    enlevés, attaqués ou victimes de balles perdues, paient un lourd
    tribut à la guerre. Ils sont 66 chauffeurs de poids lourds, pour la
    plupart originaires des régions kurdes jouxtant la frontière, à avoir
    trouvé la mort en Irak. Le ministre turc des affaires étrangères,
    Abdullah Gül, a bien parlé de constituer un fonds d'assurances pour
    les familles endeuillées, mais rien n'est encore venu. A Silopi,
    avertissement dérisoire, on a affiché une carte d'Irak montrant les «
    zones à risques ».

    « Nos gars savent bien que leur vie est en jeu, mais ont-ils le choix
    ? Toute la région est occupée au transport routier. Avant, les
    paysans naissaient la bêche à la main ; à présent, tout est dans le
    volant. Sans camion, point de salut », explique Servet Cemiloglu,
    maire d'Ömerli. Depuis des millénaires, les populations syriaques
    (chrétiens d'Orient) cultivaient la vigne et faisaient leur vin. La
    plupart sont parties récemment, comme les paysans kurdes, poussés par
    la destruction de près de 3 000 villages au moment de la guerre entre
    l'armée et les séparatistes du PKK (Parti des travailleurs du
    Kurdistan) entre 1984 et 1998.

    Depuis la normalisation - l'état d'urgence a été aboli, l'armée et
    les forces spéciales sont moins visibles, les contrôles rares, les
    accrochages aussi -, l'atmosphère s'est détendue, le retour dans les
    villages se fait au compte-gouttes. A Ömerli, la municipalité a
    récemment restauré une vénérable église « grâce à l'aide des
    syriaques réfugiés en Suède ». « N'allez pas penser qu'on a fait ça
    pour de l'argent ! » s'empresse d'ajouter le maire. Partisan de « la
    tolérance entre les peuples », il dit souhaiter le retour des
    syriaques et regrette la décision de la municipalité, il y a vingt
    ans, de refuser l'installation d'une cave viticole, pour des motifs
    religieux. Deux camionneurs, Selim et Mehmet, acquiescent. Ils ne
    veulent plus repartir en Irak, c'est trop risqué, et se demandent ce
    qu'ils pourraient bien faire.

    UN VENT DE LIBERTÉ

    Depuis deux ans, des touristes étrangers, attirés par les trésors
    archéologiques que recèle la région, ont fait leur apparition. A
    Mardin, superbe ville ancienne aux pierres couleur de miel à flanc de
    colline, chaque été désormais « le grand hôtel affiche complet »,
    s'enorgueillit son jeune directeur, Bedrettin Gündes. Le vent de
    liberté qui souffle sur ces régions, tout juste sorties de
    l'engrenage de la guerre, doit beaucoup à la perspective
    d'intégration de la Turquie à l'UE, chacun en a bien conscience.

    « Nous voyons l'adhésion de la Turquie comme la meilleure garantie de
    notre sécurité, confie Bedrettin. Pendant des années, on a dit aux
    gens d'ici : «Vous n'existez pas !» Obtenir leurs droits, comme celui
    d'enseigner le kurde ou de s'organiser, y compris sur le plan
    politique, est devenu pour eux une question de dignité. » Réfutant le
    scénario du séparatisme, il est persuadé que « Turcs et Kurdes
    continueront de vivre sous le même toit », mais, de préférence, «
    sous le ciel de l'Union européenne ».

    ************************************************** *************************
    Lettre ouverte à Jacques Chirac;
    La reconnaissance du génocide arménien
    par Ara TORANIAN

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    Monsieur le Président de la République,

    Vous allez parler au nom de la France au sommet des chefs d'Etat qui
    devra statuer le 17 décembre à Bruxelles sur l'ouverture des
    négociations en vue de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
    Or, le principe d'une adhésion, qui semble bénéficier de votre
    soutien, crée un grand climat d'inquiétude parmi les 450 000 Français
    d'origine arménienne, qui sont tous des descendants des rescapés du
    génocide de 1915.

    Cette appréhension n'est pas une manifestation d'intolérance. Elle
    n'est pas non plus dictée par un quelconque sectarisme d'ordre
    religieux ou de civilisation : les communautés arméniennes dispersées
    aux quatre coins du monde vivent en effet en parfaite harmonie avec
    l'ensemble de leurs congénères, quelles que soient leurs races ou
    confessions.

    Elle ne saurait exprimer non plus on ne sait quelle fixation morbide
    sur un passé tragique que les Arméniens seraient incapables de
    dépasser.

    Ce sentiment légitime de crainte et d'indignation qui habitent ceux
    dont je me fais aujourd'hui l'interprète est d'une tout autre portée.
    Il est en effet provoqué et entretenu par l'attitude de la Turquie
    dont la politique actuelle continue de témoigner d'une forme de
    complicité face à l'extermination des Arméniens dans ce pays.

    Après avoir refoulé cet événement pendant des décennies, les
    autorités turques successives sont en effet entrées dans une phase
    active de négationnisme, avec force moyens budgétaires, à l'intérieur
    de leur frontière et partout dans le monde. Il ne s'agit plus
    seulement pour elles de se « voiler la face », de dissimuler les
    faits, mais de les réviser, de les dénaturer. Voire d'en empêcher
    partout dans le monde la relation. La France a été confrontée au
    moment de la reconnaissance parlementaire du génocide arménien (lois
    du 28 janvier 2001) à ces manoeuvres extravagantes qui se sont
    traduites par une sorte de chantage politico-économique à son égard.
    Des pressions comparables ont également été exercées avec constance
    et force sur toutes les institutions notamment aux Parlements suisse
    et canadien en 2004 qui ont eu à un moment ou un autre le courage de
    dire la vérité sur le sujet, d'exprimer leur compassion envers les
    victimes, d'accomplir leur devoir de mémoire.

    En Turquie, la communauté arménienne 60 000 personnes aujourd'hui,
    contre environ 2,2 millions au début du siècle dernier n'a ni le
    droit de commémorer cet événement ni d'y faire référence, encore
    moins de le qualifier. Pis, des monuments et des rues portent le nom
    des instigateurs et responsables du génocide. Jusqu'à aujourd'hui,
    des intellectuels turcs, qui, au péril de leur intégrité, s'opposent
    à cette politique, continuent à être censurés ou réprimés. Dans le
    nouveau Code pénal adopté le 26 septembre dernier, l'exposé des
    motifs de l'article 305 prévoit quinze années de prison pour tous
    ceux qui feront état dans la presse du génocide arménien.

    Monsieur le Président,

    Comment de tels faits pourraient-ils laisser de marbre les rescapés
    du génocide et leurs enfants, quand bien même ceux-ci sont-ils
    devenus depuis des citoyens français à part entière ?

    La non-reconnaissance du génocide entrave le travail de deuil. Il
    interdit la cicatrisation des plaies. Nos amis juifs le savent bien :
    le négationnisme, véritable pendant politique du génocide, en attise
    les brûlures, perpétue les souffrances. Outrage à la mémoire des
    victimes, ce déni est aussi un défi à la conscience humaine et à ce
    titre il hypothèque l'indispensable entente entre les peuples.
    Perpétuant l'ignorance et la confusion, il encourage le fanatisme
    dans certaines franges de la population turque. L'agression
    antiarménienne commise à Valence le 27 novembre dernier ainsi que
    divers actes racistes qui nous ont été rapportés témoignent des
    risques que ferait courir l'entrée d'une Turquie qui continuerait à
    s'enferrer dans la négation et l'arménophobie.

    A l'heure où l'ouverture des négociations avec la Turquie est
    annoncée partout comme inéluctable, le Conseil de coordination des
    organisations arméniennes de France se tourne vers vous, en tant que
    dernier rempart contre une fatalité dont personne en France ne veut
    (la quasi-unanimité des partis politiques est en effet contre
    l'entrée de la Turquie, et les plus favorables à Ankara, comme le PS,
    conditionnent l'ouverture des négociations à la reconnaissance turque
    du génocide arménien).

    Monsieur le président, nous vous demandons d'être le 17 décembre à
    Bruxelles la voix qui dira non à l'ouverture des négociations avec un
    Etat qui, ne fût-ce qu'en raison de son attitude envers le génocide
    arménien ou de son blocus exercé contre l'Arménie, est indigne des
    valeurs de l'Europe.

    Nous vous demandons de protéger les Français d'origine arménienne des
    menaces que fait peser la perspective d'adhésion à l'Europe d'un Etat
    qui, par son négationnisme actif, se fait le complice du génocide
    dont leurs parents ont été les victimes directes.

    Nous vous demandons de dire que cette reconnaissance par la Turquie
    ne saurait entrer dans le cadre des discussions qui s'annoncent,
    devenant ainsi l'objet d'une sorte de marchandage indécent, mais
    qu'elle doit être le préalable à toute discussion sur une éventuelle
    adhésion. Nous vous demandons de rester le garant des principes qui
    font la force de notre cohésion nationale française.

    Nous vous demandons de dire la justice en même temps que le droit, et
    dans un mouvement qui répondrait également aux attentes des forces
    véritablement démocratiques et européennes de Turquie, d'affirmer
    avec elles que, non, définitivement non, l'Europe ne saurait vivre
    avec dans sa cave le cadavre d'un peuple assassiné.

    * Président du Conseil de coordination des organisations arméniennes
    de France (CCAF).

    ************************************************** *************************
    L'argumentaire antiturc passé au crible;
    UNION EUROPÉENNE Devant la montée des réticences à l'entrée d'Ankara
    par Alexandre ADLER

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    On ne parlera plus bientôt de la candidature turque en Europe. En
    bien ou en mal. Si, le 17 décembre, une date officielle est fixée
    pour le début des négociations avec Ankara, commencera alors un long
    et fastidieux processus qui n'aboutira, en toute hypothèse, à une
    entrée de la Turquie dans l'Europe que dans une décennie. Si, au
    contraire, des manoeuvres ultimes doivent aboutir à faire dérailler
    la négociation à la dernière minute, la Turquie tournera
    définitivement le dos à sa séculaire tentation européenne pour
    chercher fortune ailleurs. Qu'il me soit permis donc de revenir sur
    quelques éléments de la controverse et d'apporter un éclaircissement
    indispensable.

    Les adversaires de la candidature turque ont apporté au débat des
    arguments de valeurs très inégales ; on doit à la vérité de dire que
    les partisans de l'adhésion turque ont eu parfois le même problème.
    Déjà au début des années 30 le grand dirigeant communiste italien
    Antonio Gramsci, qui écrivait depuis les profondeurs de sa prison,
    estimait que, dans les controverses politiques, il ne faut jamais
    s'en prendre aux idées faibles, mais aux idées fortes de
    l'adversaire. C'est ce que je vais entreprendre ici. J'ai retenu pour
    ma part quatre objections décisives ; aucune ne me semble dirimante.

    Première objection : il faut avant toute demande d'adhésion de la
    Turquie que celle-ci règle au préalable ses contentieux avec la Grèce
    Chypre et avec le peuple arménien le génocide de 1915. Ceux qui
    avancent aujourd'hui cette exigence bien tardive ne font que créer
    les conditions pour rendre cette affaire insoluble demain. La
    Turquie, en effet, a accepté cette année même le compromis élaboré à
    l'ONU par son secrétaire général, Kofi Annan. Alors que les Turcs de
    Chypre ont dit oui au compromis, les Grecs de l'île, encouragés en
    sous-main par la droite chrétienne démocrate allemande, ont répondu
    massivement non. On peut à l'évidence reprendre le dossier et le
    faire aboutir dans le cadre de la négociation ultérieure avec la
    Turquie. Mais, à l'évidence, la balle est à présent dans le camp
    gréco-chypriote, et c'est lorsque de nouvelles propositions auront
    été posées sur la table que l'on pourra obtenir facilement la
    reconnaissance de la République de Chypre par Ankara.

    Plus délicat et aussi plus tragique, le dossier arménien. En réalité,
    un gouvernement turc a déjà reconnu par le passé la honte des
    massacres de 1915 qu'on n'appelait pas encore un « génocide ».
    C'était hélas le gouvernement du dernier sultan qui connaissait là
    ses spasmes ultimes. Il est hors de doute que la Turquie doit aborder
    de front cette question. Il faut commencer, dans un climat de
    sympathie envers la Turquie, à obtenir des réunions d'historiens où
    chacun pourra exposer son point de vue et aboutir peu à peu à une
    version commune de l'histoire qui pourrait être exemplaire.

    Il n'est pas étonnant que la thématique du génocide ressorte avec
    d'autant plus de force que la situation arménienne d'aujourd'hui est
    imprésentable. Alors que la démocratie turque montre tous les jours
    sa vigueur et son enracinement populaire, l'Arménie vit avec un
    président élu par les mêmes méthodes qui échouent en ce moment en
    Ukraine, la fraude électorale généralisée. Cet État arménien en
    faillite a d'autant moins de leçons à donner que le premier président
    de l'Arménie indépendante, le sympathique et honnête Levon
    Ter-Petrossian, avait, lui, accepté un plan de paix global avec
    l'Azerbaïdjan présenté par la Turquie, et souhaitait arriver à une
    réconciliation sans préalable avant d'aborder le problème du
    génocide.

    Il faut enfin ajouter qu'un examen complet du contentieux arméno-turc
    ne pourra se dispenser non plus de l'ouverture des dossiers du KGB
    arménien des années 70 et du rôle central qu'il a joué dans
    l'entreprise de déstabilisation de la Turquie menée par l'Union
    soviétique et ses alliés syrien, bulgare et, de facto, grec. Mais
    sans conteste, le dossier du génocide arménien devra être ouvert,
    dans le cadre général d'une négociation sincère et complète avec la
    Turquie. La Turquie serait-elle mise à la porte de l'Europe ce
    vendredi qu'elle devrait encore le faire.

    Deuxième argument, celui-là beaucoup plus sérieux, la pauvreté
    turque. Les disparités sont aujourd'hui énormes entre Istanbul et la
    façade égéenne, d'une part, l'intérieur du pays, de l'autre. Si l'on
    considère la dynamique, néanmoins, on observera que le moteur
    stambouliote est aujourd'hui aussi puissant que l'est le moteur
    shanghaïen à l'échelle de la Chine. Personne ne demandera jamais aux
    contribuables européens d'assurer par leurs subsides le développement
    de l'Anatolie. En revanche, on doit observer que l'union douanière de
    la Turquie et de l'Europe fonctionne déjà depuis plusieurs années ;
    qu'elle a entraîné un choc de productivité dans l'économie turque qui
    a mis en difficulté beaucoup de PME incapables de faire face à la
    compétition de l'Europe de l'Ouest.

    Mais troisième argument un « partenariat privilégié » ne
    répondrait-il pas à ces légitimes attentes de la Turquie sans pour
    autant l'introduire au coeur des institutions européennes ? Nous
    observerons que jamais au grand jamais ce partenariat privilégié n'a
    été proposé à la Turquie dans aucun domaine avant que cette dernière
    ne présente sa candidature en bonne et due forme. Nous avons plutôt
    été frappés par l'hostilité latente de plusieurs États européens à la
    politique turque, au manque de solidarité devant le terrorisme kurde,
    à l'incompréhension de son alliance avec Israël, au mépris pour son
    prétendu atlantisme et à l'avarice en matière d'aide au
    développement. Un partenariat privilégié, qui est en réalité le refus
    d'accorder certains privilèges modestes qui vont avec l'adhésion à
    l'Europe, ne représenterait en toute hypothèse qu'une pluie de mots
    apaisants et melliflus accompagnés peut-être de quelques pourboires
    humiliants qu'il n'est pas dans l'esprit turc d'accepter en se
    prosternant. Comme le général Kilinc l'a déjà déclaré, la Turquie
    peut aussi explorer d'autres politiques avec la Russie, l'Iran,
    Israël et, avant tout, avec les États-Unis, qui exigeront moins
    d'elle et lui donneront en définitive peut-être davantage en termes
    de sécurité et d'accès aux marchés.

    Quatrième argument : la Turquie, dans l'état actuel de transformation
    extrêmement délicate de l'Europe, ne va-t-elle pas définitivement
    perturber un équilibre déjà instable ? Ceux-là mêmes qui avancent ce
    genre d'arguments ne semblent nullement inquiets de l'arrivée
    imminente de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Croatie. Ce sont
    aussi les mêmes qui exultent devant le basculement de l'Ukraine sans
    même considérer un seul instant les problèmes qu'un tel élargissement
    nous crée instantanément avec la Russie si rien n'est fait en
    parallèle avec Moscou.

    C'est ici véritablement que l'on se moque du monde. Car aussi
    nécessaire que soit l'adoption de la Constitution Giscard d'Estaing
    pour apporter un semblant d'ordre à cette étonnante structure qu'est
    l'UE, personne ne peut croire qu'elle va fonctionner sérieusement.

    Ceux qui ne se payent pas de mots savent que d'autres opérations
    chirurgicales seront encore nécessaires pour que l'Europe parvienne à
    se développer normalement. Les négociations avec la Turquie se
    dérouleront donc en réalité durant ce long et difficile processus.
    Beaucoup se disent qu'entre-temps la Turquie aura dérapé et la
    nécessité de l'intégrer ne se présentera plus. Je n'exclus pas pour
    ma part le scénario inverse où le sujet européen qui engage les
    pourparlers avec Ankara ne sera plus tout à fait le même entre le
    début et la fin de la négociation, si toutefois on permet à cette
    négociation d'avoir lieu. Ce n'est pas la Turquie qui empêche
    aujourd'hui la France et l'Allemagne de prendre la tête d'une
    structure européenne plus ramassée, dotée d'une stratégie à long
    terme capable de peser sur les destinées du monde. Ce n'est pas la
    Turquie qui nous oblige à conserver nos 35 heures et nos rigidités
    structurelles en tout genre. Ce n'est pas la Turquie qui empêchera la
    Lituanie ou la Slovaquie de poser de lourds problèmes de
    compatibilité au noyau européen. Ce n'est pas la Turquie non plus qui
    pousse l'Angleterre ou la Suède à refuser obstinément l'euro. En
    revanche, en rompant enfin avec les complaisances et les inepties
    d'une politique arabe qui n'a mené à rien, l'Europe apporterait la
    preuve de sa capacité stratégique au lieu de se rétracter sans fin
    sur sa prospérité vieillissante et craquelante.

    Je n'ai pas ici évoqué le problème de notre incompatibilité de
    valeurs. Cette question, en effet, m'a toujours semblé absurde. Je
    n'ai pas les mêmes valeurs qu'un fils de gestapiste allemand, ou
    qu'un gauchiste espagnol, et pourtant nous sommes bien tous ensemble
    en Europe. En revanche, je sais ce que les émigrés antinazis
    d'Allemagne et d'Autriche, les enfants juifs de Bulgarie, tel le
    grand pianiste Alexis Weissenberg, doivent à ces libéraux turcs qui,
    malgré les pressions constantes du fascisme abattu sur l'Europe
    entière, n'ont pas cédé devant l'horreur. Avec ces hommes et ces
    femmes, je partage en effet les mêmes valeurs, et ce m'est une raison
    supplémentaire, mais non décisive, je le reconnais bien volontiers,
    de vouloir que la Turquie soit à nos côtés en Europe.

    ************************************************** *************************
    La Turquie maintient sa pression sur l'Union européenne

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    A deux jours de l'ouverture du sommet de Bruxelles, qui doit décider
    de l'ouverture de négociations avec la Turquie, le premier ministre
    Recep Tayyip Erdogan a lancé hier un vibrant appel aux dirigeants
    européens, pour leur rappeler que son objectif à terme était l'«
    adhésion pleine » à l'Union européenne (UE), et rien d'autre. Le chef
    du gouvernement turc n'a pas relâché la pression, ajoutant qu'Ankara
    n'hésiterait pas à retirer sa candidature si l'Union européenne lui
    posait des conditions inacceptables.

    A Bruxelles, demain soir et vendredi, les chefs d'Etat et de
    gouvernement de l'UE devraient donner un feu vert au lancement de ces
    négociations en assortissant toutefois leur décision de conditions
    strictes et en précisant que les pourparlers dureront une dizaine
    d'années. La date d'octobre 2005 circulait hier dans les coulisses
    bruxelloises pour l'ouverture de ces discussions.

    Ce soir, Jacques Chirac devrait réaffirmer dans une allocution
    télévisée son « souhait » de voir les Turcs rejoindre l'UE, tout en
    rassurant l'opinion française sur les futures négociations qui ne
    déboucheront pas automatiquement sur une adhésion.

    Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a déclaré hier
    devant les députés que la France poserait « toutes les questions,
    notamment celle du génocide arménien », lors des négociations. «
    C'est une blessure qui ne cicatrise pas », a-t-il estimé en déclarant
    toutefois que la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie «
    n'est pas une condition » pour l'ouverture des négociations
    d'adhésion.

    ************************************************** *************************
    Les Turcs attendent le verdict de Bruxelles

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    UNION EUROPÉENNE A deux jours de l'ouverture du sommet de Bruxelles,
    le premier ministre turc s'est dit persuadé hier que les Vingt-Cinq
    accepteraient d'ouvrir avec Ankara des pourparlers d'adhésion.
    Contrairement à la diaspora arménienne, notamment en France, qui
    considère qu'un mea-culpa d'Ankara est un préalable.


    - Deux jours avant le début du sommet de l'Union européenne qui doit
    décider de l'ouverture de négociations avec la Turquie, le premier
    ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé hier un vibrant appel
    aux dirigeants européens, rappelant que l'objectif à terme d'Ankara
    était l'« adhésion pleine » à l'UE et rien d'autre. « J'espère que
    l'UE ne signera pas une erreur historique qui affaiblirait ses
    propres fondations », a-t-il ajouté.

    - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE devraient donner un feu
    vert au lancement de ces négociations mais assortir leur décision de
    conditions strictes, tout en précisant que les pourparlers dureront
    probablement plus d'une décennie. La question de la date d'ouverture
    des pourparlers sera tranchée au dernier moment, mais dans les
    coulisses bruxelloises, la date d'octobre 2005 circule avec
    insistance.

    - Le président Jacques Chirac devrait réaffirmer aujourd'hui dans une
    allocution télévisée son « souhait » de voir les Turcs rejoindre
    l'UE, tout en rassurant une opinion française majoritairement
    hostile, sur le fait que l'ouverture de négociations ne débouchera
    pas automatiquement sur une adhésion, si la Turquie dévie de la route
    de la démocratisation.

    - Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a déclaré hier
    devant les députés que la France poserait « toutes les questions,
    notamment celle du génocide arménien » lors des négociations. « C'est
    une blessure qui ne cicatrise pas », a-t-il estimé, ajoutant que «
    cette question est au coeur même du projet européen qui est fondé sur
    la réconciliation ». Mais la reconnaissance du génocide arménien par
    la Turquie « n'est pas une condition que nous posons pour l'ouverture
    des négociations », a précisé le ministre.

    - Le premier ministre britannique, Tony Blair, qui dînait hier soir
    avec le chancelier allemand, Gerhard Schröder, avant le Conseil
    européen, pourrait proposer des concessions à la France et à
    l'Allemagne pour apaiser leurs appréhensions. Il serait prêt à
    retarder au deuxième semestre 2005 l'ouverture des négociations,
    après le référendum attendu en France sur la Constitution. Il
    pourrait accepter aussi une clause de « sortie » des négociations,
    qui laisserait la possibilité de refuser l'entrée au candidat.

    - Le numéro deux du Parti socialiste, Laurent Fabius, a réaffirmé
    hier son opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne, en soulignant que « la meilleure solution » était « un
    partenariat privilégié » entre l'UE et Ankara. « La population ne
    souhaite pas l'adhésion, le Parlement ne souhaite pas l'adhésion, et
    l'adhésion n'est pas de l'intérêt de l'Europe et de la France, c'est
    le partenariat qui est la bonne solution », a déclaré Laurent Fabius.


    - Le coprésident du groupe des Verts au Parlement européen, Daniel
    Cohn-Bendit, a au contraire regretté hier « une folie ambiante »
    autour du débat en France et en Allemagne sur la Turquie. « Pourquoi
    devrions-nous rassurer Mme Merkel (leader de la CDU allemande) et M.
    Sarkozy (leader de l'UMP française) ? Ils n'ont qu'à gagner les
    prochaines élections et ils mèneront les négociations », a-t-il
    ajouté, rappelant que celles avec le Royaume-Uni « avaient duré dix
    ans avec deux veto (français) et deux interruptions ».

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    Les Arméniens de Turquie en quête de reconnaissance;

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    UNION EUROPÉENNE A deux jours de l'ouverture du sommet de Bruxelles,
    le premier ministre turc s'est dit persuadé hier que les Vingt-Cinq
    accepteraient d'ouvrir avec Ankara des pourparlers d'adhésion.
    Contrairement à la diaspora arménienne, notamment en France, qui
    considère qu'un mea-culpa d'Ankara est un préalable

    Marie-Michèle MARTINET, Alain BARLUET

    Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a relancé hier
    la question du génocide arménien de 1915, précisant que Paris n'en
    faisait pas un préalable pour l'ouverture des négociations d'adhésion
    de la Turquie à l'UE mais assurant qu'elle serait posée. « C'est une
    blessure qui ne cicatrice pas » et « c'est une question que la France
    va poser, car nous voulons une réponse », a-t-il déclaré hier à
    l'Assemblée nationale française.

    Dans son bureau du journal arménien Agos, dont il est le rédacteur en
    chef, Hrant Dink s'énerve de cette tension qui monte, en France, à
    propos de l'Arménie et du génocide. Il y a quinze jours, il était à
    Marseille où il a rencontré les principaux responsables de la
    diaspora arménienne de France, ainsi que de nombreux élus. Il soupire
    : « J'ai passé ma vie en Turquie ; j'y ai vécu mon enfance. Je ne
    crois pas au rapport de force, mais plutôt au dialogue. Laissons
    d'abord s'ouvrir les négociations d'adhésion : c'est le meilleur
    moyen de développer la démocratie en Turquie. »

    La position de Hrant Dink est diamétralement opposée à celle de la
    diaspora de France qui considère que la reconnaissance par Ankara du
    génocide perpétré, en 1915, par l'Empire ottoman, constitue un
    préalable à toute négociation. Selon Michel Guévidian, président du
    Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, les
    chefs d'Etat européens commettront une « gaffe monumentale » s'ils
    acceptent demain de donner le feu vert à l'ouverture des négociations
    d'adhésion.

    Le quotidien Agos est publié à Istanbul en arménien et en turc. A son
    retour de France, au début du mois, Hrant Dink a voulu rappeler les
    Arméniens de France à la raison : « Ils sont devenus aveugles et
    n'agissent qu'en fonction de leurs émotions. Ils croient que la
    Turquie est incapable de changer... mais tout peut changer dans le
    monde ! Et ce n'est pas en fermant la porte que l'on règle les
    problèmes, bien au contraire. »

    Au passage, il tente de convaincre l'opinion publique française de se
    montrer moins frileuse : « Les Français ne me semblent pas prêts à
    accepter, sur le fond, le principe de la diversité culturelle. Dans
    leurs relations avec le monde musulman, on dirait que l'histoire
    s'est arrêtée, pour eux, avec la guerre d'Algérie... »

    Au sein de la minorité chrétienne vivant en Turquie, les Arméniens,
    qui comptaient 2 millions de personnes à la fin du XIXe siècle, ne
    sont plus que près de 70 000 aujourd'hui. Leur statut, fixé en 1923
    par le traité de Lausanne, fait partie des tabous de la société
    turque, où nombreux sont ceux qui, notamment parmi les nationalistes
    radicaux, considèrent que la notion de minorité est synonyme de
    menace pour l'intégrité du pays.

    La présentation, à l'automne dernier, d'un rapport sur les droits des
    minorités, élaboré à la demande du gouvernement, a été ainsi
    l'occasion de mesurer les limites que certains voudraient imposer à
    l'exercice de la démocratie : au moment où le président de la
    commission prenait la parole pour rendre compte des observations de
    son groupe de réflexion, proposant notamment que des amendements
    constitutionnels et législatifs en faveur des minorités, un
    syndicaliste nationaliste lui a arraché son texte des mains et l'a
    déchiré devant les caméras de télévision en hurlant : « Ce rapport a
    été fabriqué de toutes pièces ! » Quelques jours après l'incident, le
    ministre de la Justice, Cemil Cicek, précisait que « la Turquie et
    l'Union européenne ne parlent pas la même langue » quand il s'agit
    des minorités et qu'il n'était pas question d'engager « un débat qui
    mettrait en cause l'unité du pays ».

    Il n'empêche. En dépit de multiples résistances, la glace a commencé
    à fondre entre l'Etat turc et les communautés minoritaires sous
    l'influence de l'UE et des associations de défense des droits de
    l'homme. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, vient lui-même de
    lever un immense tabou : il a été le premier homme politique turc à
    évoquer récemment le génocide de 1915 sans l'englober, comme c'était
    jusqu'à maintenant l'usage, dans la formule turque consacrée de «
    soi-disant génocide de 1915 ».

    La communauté arménienne a bien enregistré le message : « Les choses
    changent, souligne Hrant Dink. Prenons un exemple : depuis deux ou
    trois ans, quand il s'agit de restaurer une église, on attend moins
    longtemps pour obtenir les autorisations obligatoires avant d'engager
    des travaux. Les démarches bureaucratiques sont moins lourdes. » Ce
    qui n'est pas une mince affaire puisque la Turquie compte encore plus
    d'une cinquantaine d'églises arméniennes sur son territoire ; et à
    peu près autant d'écoles.

    Les relations diplomatiques, officiellement au point mort entre la
    Turquie et l'Arménie, avancent discrètement. « Il suffirait d'un
    geste de bonne volonté de la Turquie pour que les Arméniens acceptent
    de tourner la page. Les deux pays sont prêts à la réconciliation »,
    observe Anne-Birgitte Albrectsen, qui représente l'UNFPA, la mission
    des Nations unies en Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie. Hrant Dink
    reste cependant inquiet. Il veut encore une fois rappeler l'enjeu
    capital du sommet de Bruxelles. Un refus pourrait, selon lui,
    provoquer un recul catastrophique : « Ce serait une grande défaite
    pour les démocrates de Turquie ; et pour la démocratie en général. Et
    quelles seraient les conséquences pour l'Arménie d'une Turquie
    repliée sur elle-même ? » M.-M. M.

    Droits de l'homme : encore des efforts à faire



    Pour adhérer à l'Union européenne, tout pays candidat doit remplir
    les « critères de Copenhague », définis lors d'un Conseil européen
    qui s'est tenu au Danemark, en juin 1993. Les premières conditions
    sont politiques. Le pays candidat doit être doté d'« institutions
    stables » garantissant « la démocratie, la primauté du droit, les
    droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection ». Le
    respect de ces critères de base permet d'ouvrir les négociations
    d'adhésion. Le 6 octobre, la Commission européenne a estimé que la
    Turquie remplissait « suffisamment » ces conditions politiques pour
    entamer les pourparlers d'adhésion. Vendredi, le Conseil européen
    suivra sa recommandation à la lettre, saluant les progrès réalisés
    par Ankara dans son processus de réformes. Il soulignera les efforts
    qui restent à faire pour éliminer sur le terrain toute pratique « de
    torture et de mauvais traitement ». Enfin, pour clôturer les
    négociations, et signer le traité d'adhésion, le pays candidat doit
    également remplir les « critères économiques » de Copenhague.A. B.

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    Moscovici : « L'objectif, c'est l'adhésion »;

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    Le député européen estime que l'Union ne doit pas être « hypocrite »

    Nicolas BAROTTE

    Pierre Moscovici est député européen socialiste et vice-président du
    Parlement européen.

    LE FIGARO. Vous êtes favorable à l'adhésion de la Turquie à l'Union.
    Quand les négociations doivent-elles s'ouvrir, selon vous, et à
    quelle échéance doivent-elles se terminer ?

    Pierre MOSCOVICI. Je suis un partisan raisonné de l'adhésion.
    L'entrée de la Turquie dans l'Union européenne peut être une chance
    pour une présence plus forte vis-à-vis du Moyen-Orient, pour garantir
    la sécurité dans l'Union élargie, pour jouer réellement le dialogue
    des civilisations. Le Conseil européen doit décider d'ouvrir les
    négociations sans évoquer d'autre hypothèse que l'adhésion. Si on
    souhaite qu'elles s'ouvrent en 2005 après le référendum sur la
    Constitution européenne, je n'y vois pas d'obstacle. Les négociations
    seront longues, elles ne pourront pas être conclues avant 2014, après
    le vote du budget européen pour la période 2013-2020. Mais l'adhésion
    n'est pas automatique. Les négociations seront longues et difficiles.
    Elles peuvent déboucher sur autre chose.

    Que pensez-vous de l'idée d'un partenariat privilégié ?

    Les conditions que la Turquie doit remplir sont importantes :
    démocratie, respect des minorités, laïcité, égalité homme-femme,
    reconnaissance du génocide arménien... Il y a du chemin à parcourir.
    Si ces conditions ne sont pas remplies, une troisième voie peut être
    imaginée. Mais elle ne doit pas être souhaitée. L'UE a une parole.
    L'objectif des négociations d'adhésion, c'est l'adhésion. Pas
    d'hypocrisie là-dessus.

    L'adhésion de la Turquie ne modifierait-elle pas le projet européen ?


    L'entrée de la Turquie ne représente pas un changement de nature de
    l'Europe. L'Europe aujourd'hui intègre des pays libéraux, d'autres
    qui le sont moins, des pays atlantistes, d'autres qui le sont
    moins... L'Europe est très diverse depuis l'entrée de la
    Grande-Bretagne. La Turquie ajouterait à cette diversité, elle ne la
    créerait pas.

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    Turquie : l'autre division des socialistes;

    Le Figaro
    15 décembre 2004

    OPPOSITION La question de l'adhésion d'Ankara à l'Union embarrasse le
    PS, qui a déjà mis au jour ses contradictions sur la Constitution
    européenne

    Nicolas BAROTTE

    La question de l'entrée de la Turquie à l'Union européenne trouble la
    gauche. Le PS est partagé entre partisans de l'adhésion ou du
    partenariat privilégié. Le Parti communiste, les Verts, le MRC et
    l'extrême gauche sont plutôt favorables, mais certains émettent des
    conditions.

    Divisé sur la Constitution européenne, le PS l'est aussi sur la
    question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Mais,
    cette fois, le parti de François Hollande a choisi de ne pas
    trancher. « Nous prenons des précautions », concède le porte-parole
    du PS, Julien Dray. Le bureau national du PS a adopté le 12 octobre,
    à l'unanimité, une position a minima : pour l'ouverture de
    négociations sans préjuger de leur issue. Pourtant, en juin dernier,
    le PS affirmait encore être « favorable au principe de l'entrée de la
    Turquie dans l'Union européenne ».

    Aujourd'hui, le parti a donc choisi la prudence. « Toutes les options
    doivent être ouvertes », a déclaré François Hollande, le 9 décembre
    sur France 2. « L'adhésion si les garanties sont données, le
    partenariat privilégié, même si aujourd'hui personne ne sait
    exactement ce que c'est, ou le refus de l'adhésion. » Et, pour le
    premier secrétaire, tout nouvel élargissement de l'Union européenne
    doit être soumis à référendum.

    Le clivage au sein du PS ne reprend pas les lignes du débat sur la
    Constitution. Laurent Fabius, ses amis et Manuel Valls, qui sont
    contre la Constitution, sont aussi opposés à l'adhésion de la
    Turquie. Mais ils sont rejoints sur cette position par certains
    tenants du oui comme la présidente de la région Poitou-Charentes,
    Ségolène Royal, le député européen Bernard Poignant ou le sénateur
    Robert Badinter. Pour eux, l'entrée de la Turquie changerait le
    projet européen. L'adhésion est synonyme de « fuite en avant
    territoriale qui mène vers l'Europe diluée et impotente », estime le
    député européen Henri Weber. Comme Laurent Fabius, il défend l'idée
    d'un partenariat privilégié. Hier, Ségolène Royal, souhaitant
    souligner les lacunes de la démocratie turque, s'est ostensiblement
    affichée avec l'ex-député kurde Leyla Zana, emprisonnée pendant dix
    ans pour avoir milité en faveur des droits des Kurdes en Turquie.

    A l'inverse, partisans de la Constitution, Pierre Moscovici, Harlem
    Désir ou Elisabeth Guigou se sont clairement prononcés pour
    l'adhésion de la Turquie. Certains tenants du non aussi, notamment
    Vincent Peillon, du courant minoritaire du Nouveau Parti socialiste.
    Pour eux, l'Union européenne doit tenir ses promesses. « Les Turcs
    ont fait évoluer leur société dans cette perspective, l'adhésion à
    l'Union européenne a été le moteur de leur réforme. On ne peut pas
    jouer avec les engagements envers les peuples », explique le député
    européen Harlem Désir.

    Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc
    Ayrault, a demandé hier de la pédagogie au président de la
    République, qui doit s'exprimer ce soir sur TF 1. Il faut expliquer
    aux Français « pourquoi le problème de la Turquie se pose », a-t-il
    souhaité. « Il faut en parler sans jouer sur les peurs. »

    Au PS, la gêne est perceptible. « La Turquie n'est pas n'importe quel
    pays », explique le député de l'Essonne, Julien Dray. Outre son poids
    démographique, son histoire, sa situation, le porte-parole du PS
    évoque le problème de la non-reconnaissance du génocide arménien,
    l'occupation du nord de Chypre par l'armée turque, le respect des
    droits de l'homme... « Ces questions existent, on ne peut pas les
    balayer », estime-t-il.

    Les hésitations du PS s'expliquent aussi par les réticences de
    l'opinion et de l'électorat de gauche. Pour Julien Dray, « si on se
    prononçait en l'état, les peuples diraient non ». Si les
    sympathisants socialistes sont favorables à 61 % à l'ouverture de
    négociations, ils sont opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Union
    européenne à 61 %, selon le sondage Ifop paru dans Le Figaro lundi.

    Mais pour l'ancien commissaire européen socialiste Pascal Lamy, la
    question, pour ou contre l'adhésion, a déjà été tranchée. « On a déjà
    dit que la Turquie avait vocation à rejoindre l'Union »,
    explique-t-il. Pour lui, le processus est entré dans une deuxième
    phase : les négociations. « Il s'agit du temps qu'il faut à un pays
    comme la Turquie pour prendre les engagements qu'un nouvel Etat
    membre doit respecter par rapport à l'acquis communautaire »,
    explique-t-il. La troisième et dernière étape étant la ratification.

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    Les parlementaires français continuent d'exprimer leurs réticences

    Les Echos
    15 décembre 2004

    Les dés sont probablement jetés. Le ministre des Affaires étrangères,
    Michel Barnier, ne l'a pas caché hier. « La négociation avec la
    Turquie va sans doute s'ouvrir », a-t-il indiqué à l'Assemblée
    nationale, et la France va y apporter son soutien. Il n'empêche : à
    la veille du sommet de Bruxelles qui devrait, demain et vendredi,
    engager le processus d'adhésion d'Ankara, l'exécutif français fait
    face à une nouvelle fronde de la part des responsables politiques
    français, de gauche comme de droite, qui restent majoritairement
    hostiles à une Turquie européenne. Les efforts déployés par le
    gouvernement pour rassurer les Français - majoritairement « contre »
    eux aussi - et leurs représentants, n'ont pas suffi : Michel Barnier
    a promis qu'il consulterait le Parlement régulièrement ; il a affirmé
    qu'il « poserait la question de la tragédie arménienne et de Chypre
    ». Quant à Jacques Chirac, il intervient ce soir sur TF1 pour
    rappeler qu'en tout état de cause, ce sont les Français qui
    décideront, par référendum, de l'adhésion ou non de la Turquie.

    Demandes de garanties

    Las, de nombreux leaders politiques, y compris à l'UMP, sont montés
    au créneau pour regretter que l'exécutif n'ait pas réussi à obtenir
    des garanties pour que les négociations n'aboutissent pas «
    automatiquement » à l'adhésion. Ces derniers jours, ils misaient sur
    d'autres options comme celles d'un « partenariat privilégié ». « Mais
    manifestement, dans les dernières heures, cette option a été
    abandonnée », a vivement regretté hier François Bayrou, le président
    de l'UDF. « Jacques Chirac doit dire oui au partenariat et non à
    l'adhésion », a de son côté affirmé Laurent Fabius. Jean-Marc
    Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée, fait, lui, de « la
    reconnaissance du génocide arménien une condition préalable », et
    demande à Jacques Chirac de peser pour obtenir « des progrès d'Ankara
    en matière de droits de l'homme, de gestion de l'économie et de
    transparence ».

    Quant aux députés européens de l'UMP, ils ont purement et simplement
    voté « contre » l'ouverture des négociations, hier soir à Strasbourg.

    S'ils ne peuvent plus s'opposer à l'ouverture des négociations, les
    anti-Turquie veulent au moins signifier qu'ils ne baissent pas les
    bras et qu'ils resteront très vigilants à toutes les étapes du
    processus.

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    Pour ou contre la candidature turque : les arguments de chaque camp
    By YANN ROUSSEAU

    Les Echos
    15 décembre 2004


    En France, la candidature d'Ankara divise les partis et bouleverse le
    traditionnel clivage droite-gauche. Si les partis de droite (UMP,
    UDF) se sont massivement prononcés contre l'entrée de la Turquie dans
    l'Union, plusieurs personnalités de droite militent, elles, pour cet
    élargissement. A l'inverse, si le PS est plutôt favorable à cette
    entrée, plusieurs figures socialistes s'y opposent vigoureusement.
    Revue des arguments.

    POUR

    Une Europe plus sûre. « L'entrée de la Turquie est une assurance-vie
    pour l'Union », martèle l'ancien Premier ministre Michel Rocard. «
    Dire «non» à ce grand pays musulman laïcisé, stable et puissant,
    c'est prendre le risque de le rejeter vers un extrémisme dangereux »,
    ajoute-t-il, rappelant que l'Union s'est déjà prononcée sur la «
    vocation » européenne de la Turquie. Un rejet risquerait de pousser
    la Turquie « à constituer avec l'Irak et la Syrie un ensemble
    menaçant à ses frontières », complète Dominique Strauss-Kahn. «
    Peut-on prendre le risque qu'Ankara choisisse un autre modèle que
    l'Europe ? », s'interroge aussi Michel Barnier, le ministre des
    Affaires étrangères. « La vocation première de la construction
    européenne, c'est élargir sans cesse la zone de paix afin de rendre
    impossible le retour de la guerre en Europe », rappelle de son côté
    l'UMP Pierre Lellouche.

    De nouveaux marchés. « La Turquie, par son influence régionale, peut
    ouvrir d'immenses perspectives économiques, notamment en matière
    pétrolière », pointe Michel Rocard. Son intégration permettrait
    notamment à l'Union de peser plus fortement dans les zones
    stratégiques du Proche-Orient et de la Caspienne. Les partisans de la
    candidature d'Ankara rappellent enfin que la Turquie est depuis neuf
    ans déjà dans l'Union douanière.

    Une Europe puissance. Pour peser dans un monde qui sera à terme
    organisé en « grands blocs », l'Union européenne doit, « si elle veut
    rayonner », avoir la vocation de regrouper tous les territoires qui
    entourent les rives de la Méditerranée, assure Dominique Strauss-Kahn
    (PS). « Si la Turquie adhère à l'ensemble des valeurs qui sont les
    nôtres, c'est une chance extraordinaire pour l'Europe de se
    renforcer. A tous égards nous avons intérêt à ce que la Turquie nous
    rejoigne... Nous sommes tous des enfants de Byzance », a récemment
    estimé Jacques Chirac.

    CONTRE

    Une intégration trop coûteuse. « Le poids de la Turquie au sein de
    l'Union européenne serait considérable. Sa modernisation
    représenterait un coût d'environ 25 milliards par an », estime
    Edouard Balladur, qui rappelle les très coûteux efforts déjà induits
    par l'élargissement à 25 membres.

    Le poids de la géographie. « La frontière de l'Union européenne,
    c'est la frontière nord de la Turquie », argumente le député européen
    Jean-Louis Bourlanges (UDF), qui souligne que moins de 10 % du
    territoire turc sont européens. « C'est comme si la France demandait
    d'adhérer à l'Union africaine ! », s'étonne l'ancien ministre Hubert
    Védrine.

    Un projet européen malmené « Ça serait la fin de l'Europe », lance
    Valéry Giscard d'Estaing. « L'adhésion de la Turquie est un pas non
    vers l'unité de l'Europe, mais vers sa dispersion, à tous les points
    de vue », résume François Bayrou.

    Des institutions européennes bouleversées. « Le poids de population
    turque représenterait 20 % de droits de vote de plus que la France »
    au sein des institutions de l'Union, a calculé Laurent Fabius. La
    Turquie aurait, à terme, « plus de députés que la France », affirme
    de son côté Philippe de Villiers

    La difficile intégration de l'islam. « Voulons-nous que le fleuve de
    l'islam rejoigne le lit de la laïcité ? », s'est notamment interrogé
    Jean-Pierre Raffarin dans une interview au « Wall Street Journal ».
    Les centristes pointent, eux, « une identité historique chrétienne »
    à laquelle la Turquie est « étrangère ».

    La question des droits de l'homme. « La Turquie ne remplit pas tous
    les critères démocratiques ; elle n'a pas reconnu le génocide
    arménien ; elle traite mal un certain nombre de minorités », avance
    Laurent Fabius. François Bayrou évoque des massacres au Kurdistan. Le
    peu d'entrain d'Ankara à reconnaître Chypre est aussi montré du
    doigt.

    ************************************************** *************************
    Sommet de l'UE sur la Turquie Chirac dit un oui conditionnel à l'entrée d'Ankara

    Schweizerische Depeschenagentur AG (SDA)
    SDA - Service de base français
    15 décembre 2004


    Paris (ats/afp) Le président français Jacques Chirac a confirmé avec
    force mercredi qu'il était favorable à l'adhésion de la Turquie à
    l'Union européenne. Mais il l'a soumise à la satisfaction de "toutes
    les conditions" à cet effet, dans "l'intérêt" de la France et de
    l'Europe.

    "La question qu'il faut se poser, c'est 'est-ce que l'Europe, et
    notamment la France, ont ou non intérêt à ce que la Turquie les
    rejoigne?' Ma réponse est oui, si...", a déclaré M. Chirac à la
    télévision privée TF1, à la veille du Conseil européen de Bruxelles.
    La rencontre doit décider de l'ouverture de négociations d'adhésion
    de l'UE avec Ankara.

    "Oui, si la Turquie remplit naturellement la totalité des conditions
    qui s'imposent à tout candidat à notre union", a ajouté M. Chirac. Il
    a rejeté l'idée d'un "partenariat privilégié" avec ce pays.

    Il a expliqué que "l'Union européenne, c'est d'abord un projet pour
    la paix et la stabilité", c'est "l'enracinement de la démocratie" et
    le "développement économique et social".

    "Effort de mémoire"

    "Au regard de ces trois critères, je crois que nous avons intérêt à
    avoir la Turquie, si elle remplit toutes les conditions", a-t-il
    affirmé. Un rejet de la Turquie représenterait "certainement un
    risque d'instabilité, d'insécurité à nos frontières", a-t-il dit.

    M. Chirac a précisé également que "la Turquie est un pays laïc"
    depuis 1923. Il a souligné que ces négociations "vont durer 10 ans,
    15 ans, 20 ans" pour permettre à la Turquie de reprendre "l'acquis
    communautaire".

    Interrogé sur le génocide arménien de 1915, le président français a
    demandé à la Turquie de faire "un effort de mémoire important". Mais
    il n'a pas fait de cette question un préalable pour les négociations.

    Il a rappelé toutefois le vote d'une loi en France reconnaissant le
    génocide. "Nous sommes en France un pays de droit. Il y a une loi qui
    a été votée, d'ailleurs presque à l'unanimité aussi bien du Sénat que
    de l'Assemblée nationale, qui parle de génocide. Par conséquent,
    c'est la loi", a-t-il dit.

    "D'Etat à Etat"

    M. Chirac a affirmé que la réforme constitutionnnelle, rendue
    nécessaire pour l'adoption de la future Constitution européenne,
    prévoirait que "toute nouvelle adhésion devra être sanctionnée (...),
    pas par la voie parlementaire, mais obligatoirement par la voie
    référendaire".

    "Ce qui veut dire en clair qu'en toute hypothèse, chaque Française et
    chaque Français conserve son droit à s'exprimer et que les Français
    auront (...) le dernier mot", a-t-il dit.

    M. Chirac a aussi rappelé que la négociation qui devrait s'engager
    avec Ankara serait "une négociation d'Etat à Etat", ce qui signifie
    que "chaque nation, et notamment la France, conserve depuis le début
    des négociations jusqu'à leur fin, c'est-à-dire pendant les dix ans,
    quinze ans, vingt ans qui seront nécessaires, le droit de tout
    arrêter".

    ************************************************** *************************
    Des Arméniens de France s'indignent des propos de Michel Barnier

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi 7:33 PM GMT

    PARIS 14 déc 2004


    Le Comité de défense de la cause arménienne (CDCA) en France s'est
    indigné mardi soir des propos tenus le jour même à propos du génocide
    arménien par le chef de la diplomatie française Michel Barnier devant
    les députés.

    "Les circonvolutions de Michel Barnier autour du mot génocide sont
    pathétiques.

    Le génocide arménien n'est pas une tragédie dont la reconnaissance
    n'a été effectuée que de façon solennelle par le Parlement
    (français). Il s'agit d'une loi, signée par le président de la
    République Jacques Chirac", a déclaré dans un communiqué Harout
    Mardirossian, président du CDCA.

    Michel Barnier, interrogé à l'Assemblée nationale sur la
    reconnaissance du génocide par la Turquie lors des négociations en
    vue de son adhésion à l'UE, avait utilisé le terme "tragédie", mot
    souvent utilisé par les responsables turcs pour évoquer cette
    question, avant d'employer finalement le mot "génocide", pressé par
    les députés lors de la traditionnelle séance des questions
    hebdomadaires au gouvernement.

    Pour sa part, Mourad Papazian du Parti socialiste arménien a rappelé
    que "le président de la République avait été interpellé sur cette
    question" et que "la Turquie avait eu 17 ans pour se conformer aux
    décisions de la résolution du Parlement Européen du 18 juin 1987 qui
    exigeait (..) la reconnaissance du génocide arménien".

    M. Barnier a déclaré mardi que la reconnaissance du génocide arménien
    par la Turquie "n'était pas une condition" à l'ouverture des
    négociations d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne mais a assuré
    que la question serait posée.

    Les organisations arméniennes (CDCA, Parti socialiste) appellent à
    une manifestation vendredi 17 décembre à Bruxelles devant le Conseil
    Européen où, disent-elles, 10.000 Européens d'origine arménienne sont
    attendus.

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    L'adoption d'une loi sur le "génocide arménien" par le parlement français (ENCADRE)

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004

    La France a reconnu en 2001 comme un "génocide" les massacres
    d'Arméniens perpétrés sous l'Empire ottoman en 1915.

    Le 18 janvier 2001, le Parlement français a adopté une loi,
    promulguée le 29 janvier, qui dispose dans son article unique: "La
    France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915" sans
    toutefois en désigner les responsables.

    Cette loi est l'aboutissement d'un processus parlementaire entamé le
    29 mai 1998 avec l'adoption par l'Assemblée nationale, à l'unanimité,
    d'une proposition de loi du groupe socialiste.

    Ce vote, qui constitue une réponse à une revendication constante du
    peuple arménien et de la communauté arménienne de France, est
    accueilli par de longs applaudissements dans l'hémicycle.

    Des sénateurs favorables au texte tentent alors de faire inscrire la
    proposition de loi à l'ordre du jour du Sénat, mais ils se heurtent à
    l'hostilité du gouvernement et de la commission des Affaires
    étrangères de la Haute Assemblée.

    Finalement, après l'échec de plusieurs tentatives, le Sénat approuve
    un texte identique à celui de l'Assemblée nationale le 8 novembre
    2000, à l'initiative notamment de Jean-Claude Gaudin (DL,
    Bouches-du-Rhône). Le vote est acquis par 164 voix contre 40 et 4
    abstentions.

    Le vote du Sénat français intervient moins d'un mois après que le
    Congrès américain eut retiré un projet de loi reconnaissant également
    le génocide arménien.

    La reconnaissance par le Sénat provoque aussitôt le mécontentement de
    la Turquie qui convoque l'ambassadeur de France le 8 novembre. "Nous
    rejetons et condamnons cette initiative absolument erronée et
    regrettable" déclare le ministère turque des Affaires étrangères.

    Toutefois, la validation définitive par le Parlement du texte doit
    encore attendre. En effet, si la proposition Gaudin est identique sur
    le fond, elle n'est juridiquement pas la même que celle adoptée en
    mai 1998 par les députés et il faut un nouvel examen par l'Assemblée.

    Le gouvernement déclare alors "s'en remettre à l'initiative
    parlementaire" pour l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée.
    C'est finalement le groupe UDF qui s'en charge, en utilisant son
    ordre du jour réservé.

    Le 18 janvier 2001, le Parlement français reconnaît publiquement par
    un ultime vote unanime de l'Assemblée nationale le génocide arménien
    malgré les réserves du gouvernement français. La loi est promulguée
    le 29 janvier par le président Jacques Chirac.

    Le lendemain, le Premier ministre turc Bulent Ecevit annonce que son
    pays révisera ses "relations économiques et politiques avec la
    France". Ankara rappelle ainsi son ambassadeur à Paris, ce dernier ne
    regagnant la capitale française que cinq mois plus tard.

    Si l'adoption de cette loi a eu des répercussions négatives pour les
    entreprises françaises en Turquie (appel au boycott, annulation de
    contrats etc.), elle n'empêche pas la France de se placer parmi les
    principaux partenaires économiques de ce pays.

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    Le massacre des Arméniens: reconnu comme génocide par peu de pays européens (ENCADRE)

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    La France est devenue en janvier 2001 le premier grand pays européen
    à reconnaître comme un génocide le massacre des Arméniens perpétré
    dans les dernières années de l'Empire ottoman.

    Le Parlement français a voté le 18 janvier 2001 une loi affirmant que
    "la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915", sans
    d'ailleurs en désigner explicitement les Turcs comme responsables.

    La France a rejoint ainsi au sein de l'Union européenne la Belgique
    et la Grèce. La Grèce, aux relations complexes et conflictuelles avec
    la Turquie, a toujours parlé de "génocide" lorsqu'elle se référait au
    massacre d'Arméniens. Le parlement grec a décrété en 1996, le 24
    avril "jour de la mémoire du génocide des Arméniens par le régime
    turc". Le sénat belge a explicitement reconnu en mars 1998 le
    génocide arménien.

    En Suisse, le Conseil national, chambre basse du parlement, a reconnu
    en décembre 2003 le génocide des Arméniens contre l'avis du
    gouvernement suisse.

    Le Parlement européen avait ouvert la voie dès 1987. Dans une
    résolution, il déclarait être d'avis que "les événements tragiques
    qui se sont déroulés en 1915-1917 contre les Arméniens établis sur le
    territoire ottoman constituent un génocide au sens de la Convention
    pour la répression du crime de génocide, adpotée par l'Assemblée
    générale de l'ONU le 9 décembre 1948".

    Dans les autres pays européens, les processus de reconnaissance,
    souvent sous l'impulsion des communautés arméniennes, en sont à des
    stades divers.

    En Italie, la Chambre des députés a adopté en novembre 2000 une
    résolution invitant le gouvernement italien à demander à la Turquie
    de reconnaître le génocide arménien dans la perspective d'une
    intégration rapide à l'Union européenne.

    L'Allemagne, qui compte une très forte communauté turque de plus de
    deux millions de membres, n'a jamais reconnu le génocide, pas plus
    que l'Espagne. Les Britanniques sont extrêmement prudents et se
    refusent à utiliser le terme de génocide.

    La Turquie reconnaît aujourd'hui que des massacres ont été perpétrés
    et que de nombreux Arméniens sont morts lors de leur déportation.
    Mais elle fait valoir qu'il s'agissait d'une répression contre une
    population coupable de collaboration avec l'ennemi russe pendant la
    première guerre mondiale, et que des dizaines de milliers de Turcs
    ont été tués par les Arméniens.

    Les massacres et les déportations d'Arméniens, de 1915 à 1917, ont
    fait entre 1,2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens (entre
    250.000 et 300.000, selon les Turcs). Environ quatre millions et demi
    d'Arméniens vivent dans le monde aujourd'hui dont 3.200.000 en
    Arménie et 45.000 en Turquie.

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    Train spécial Marseille-Bruxelles affrété par des organisations arméniennes

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    MARSEILLE 14 déc 2004


    Un train affrété par des organisations arméniennes quittera Marseille
    jeudi soir pour Bruxelles, où une manifestation est prévue vendredi à
    l'occasion du Conseil européen sur l'ouverture de négociations en vue
    de l'adhésion de la Turquie à l'UE, a-t-on appris mardi auprès des
    organisateurs.

    Ce train, qui prendra également des passagers à Valence et Lyon
    notamment, est complet, avec 608 places réservées, selon la FRA
    Dachnaktsoutiun, l'Organisation arménienne démocrate libérale
    ADL-Ramgavar et le Comité de défense de la cause arménienne (CDCA).

    Ces associations réclament la reconnaissance par Ankara du génocide
    arménien de 1915-1917, en préalable à l'ouverture de négociations
    avec l'UE.

    Avec 80.000 membres sur un total de 350.000, la communauté arménienne
    de Marseille est la deuxième de France.

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    La communauté arménienne se mobilise contre l'adhésion de la Turquie à l'UE (PAPIER D'ANGLE)

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004


    Les 350.000 Arméniens de France, la plus importante communauté de la
    diaspora européenne, ne veulent pas, dans leur immense majorité,
    entendre parler d'une adhésion de la Turquie à l'UE sans
    reconnaissance préalable du génocide arménien.

    "Nous sommes inquiets, déclare Ara Toranian, président du Conseil de
    Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF), et notre
    inquiétude se fonde sur le fait que non seulement la Turquie ne
    reconnaît pas le génocide de 1915 mais qu'en plus, elle pratique un
    négationisme actif. Ce négationisme, ajoute-t-il, c'est la
    continuation du génocide par d'autres moyens".

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'Empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens. Le
    Parlement français a reconnu officiellement en 2001 qu'il s'agissait
    bien d'un génocide.

    La diaspora arménienne en France, citée souvent comme un modèle
    d'intégration, est la deuxième au monde après celle des Etats-Unis
    (900.000 personnes). Elle est constituée pour l'essentiel, remarque
    Claire Mouradian, chercheuse au CNRS, de rescapés du génocide et de
    leurs descendants.

    A la veille du sommet européen de Buxelles qui doit décider d'engager
    ou non des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, la
    communauté arménienne de France se mobilise et organise une grande
    manifestation le 17 décembre à Bruxelles. Le Comité de défense de la
    cause arménienne (CDCA) a ainsi affrété un train à partir de la
    région de Marseille où vivent quelque 80.000 Arméniens. Au moins
    quinze autobus et de nombreuses voitures partiront par ailleurs de la
    région parisienne avec ce leitmotiv: "Non à l'entrée dans l'UE d'une
    Turquie négationiste!"

    L'unanimisme dans l'exigence de la reconnaissance du génocide par la
    Turquie est bien réel, confirme Jean-Claude Kebabdjian, président du
    Centre de recherches sur la diaspora arménienne, qui reconnaît
    appartenir à une minorité souhaitant privilégier le dialogue avec la
    Turquie. "La reconnaissance du génocide, a-t-il déclaré à l'AFP, est
    un préalable souhaitable mais, en même temps, il faut travailler sur
    le long terme. On n'aura pas de résultats miraculeux si on leur met
    le couteau sous la gorge".

    Mais, dit-il, le peuple turc ne peut rien construire "avec le cadavre
    d'un peuple dans sa cave".

    En juin 1987, le Parlement européen avait adopté une résolution
    faisant de la reconnaissance du génocide arménien une des conditions
    de l'entrée de la Turquie en Europe. En revanche, cette exigence n'a
    pas été retenue dans les critères de Copenhague qui fixent les
    conditions d'ouverture de négociations avec la Turquie.

    Le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier a souligné mardi
    que la France "posera toutes les questions, notamment celle du
    génocide arménien (...), au long de cette négociation". "Je pense que
    le moment venu, la Turquie devra faire ce travail de mémoire", a-t-il
    ajouté.

    M. Kebabdjian, qui estime que le ministre français a posé là "une
    clause morale de salubrité publique", affirme également qu'"il faut
    laisser aux Turcs le temps de digérer leur histoire". "Les Arméniens
    développent une pathologie de victimes, les Turcs une pathologie de
    bourreaux. Il faudra bien guérir un jour ensemble", lance-t-il.

    "Illusoire", répond Ara Toranian, pour lequel "en 90 ans, les Turcs
    ont eu tout le temps de digérer".

    ************************************************** *************************
    Michel Barnier relance la question du génocide arménien (ECLAIRAGE)
    Par Suzette BLOCH

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004

    Le chef de la diplomatie française Michel Barnier a relancé mardi la
    question du génocide arménien précisant que Paris n'en faisait pas un
    préalable pour l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie
    à l'UE mais assurant qu'elle serait posée.

    "C'est une blessure qui ne cicatrice pas" et "c'est une question que
    la France va poser, car nous voulons une réponse", a déclaré mardi M.
    Barnier à l'Assemblée nationale française.

    Michel Barnier a néanmoins pris grand soin d'utiliser le terme
    "tragédie", mot souvent utilisé par les responsables turcs pour
    évoquer cette question, avant d'employer finalement le mot
    "génocide", pressé par les députés, lors de la traditionnelle séance
    des questions hebdomadaires au gouvernement.

    "Nous poserons toutes les questions, notamment celle du génocide
    arménien, notamment celle de Chypre, au long de cette négociation"
    d'adhésion de la Turquie, a-t-il dit.

    Le Parlement français, l'un des premiers en Europe, avait voté en
    janvier 2001 la reconnaissance du génocide sous forme d'une loi dotée
    d'un article unique stipulant: "La France reconnaît publiquement le
    génocide arménien de 1915".

    Ce vote avait suscité une vive tension entre Paris et Ankara qui
    avait rappelé son ambassadeur en consultation et évoqué des mesures
    de rétorsion notamment commerciales.

    "Je n'oublie pas que votre assemblée à l'unanimité a qualifié cette
    tragédie de génocide en 2001", a également lancé mardi M. Barnier aux
    députés en rappelant que la Turquie avait "martyrisé des centaines de
    milliers d'Arméniens".

    La France compte une communauté d'origine arménienne importante,
    forte d'environ 450 000 personnes et très active dans le monde
    politique par l'intermédiaire de nombreuses associations.

    Ces associations ont multiplié des manifestations et des appels
    dirigés vers le président Jacques Chirac s'indignant que l'Union
    européenne puisse ouvrir des négociations sans que la Turquie
    reconnaisse sa responsabilité dans le génocide.

    Un ministre de Jacques Chirac, Patrick Devedjian (Industrie) et
    d'origine arménienne a posé la même exigence cette semaine. Le Parti
    Socialiste généralement favorable à une Turquie européenne a depuis
    de longs mois posé cette reconnaissance comme préalable à l'adhésion
    turque.

    Lors d'un vote symbolique organisé en novembre à l'initiative de
    plusieurs organisations arméniennes, plus de 250 députés de toutes
    tendances politiques s'étaient prononcés contre l'ouverture
    immédiates des négociations tant que le génocide ne serait pas
    reconnu par Ankara.

    M. Barnier était intervenu une première fois mercredi devant la
    presse à Bruxelles annonçant que la France déposerait officiellement
    une demande à la Turquie sur la "tragédie" arménienne pendant la
    période de négociation d'adhésion.

    De source diplomatique, on indiquait mardi que la France voulait
    signifier avec diplomatie à la Turquie qu'elle ne pourrait échapper à
    un devoir de mémoire.

    "La France veut tenir un langage de vérité à l'égard de ce pays", a
    insisté M. Barnier. "Toutes les questions seront posées, tous les
    problèmes seront soulevés et c'est le cas en particulier de cette
    tragédie", a-t-il ajouté.

    "Cette question est au coeur même du projet européen qui est fondé
    sur la reconciliation", a-t-il relevé.

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'empire Ottoman, de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts selon les Arméniens, et
    entre 300 et 500.000 selon les Turcs.

    Ceux-ci rejettent catégoriquement la thèse d'un génocide, faisant
    valoir qu'il s'agissait d'une répression dans un contexte de guerre
    civile, dans un empire ottoman sur le déclin.

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    Erevan remercie Paris d'avoir évoqué la reconnaissance du génocide arménien

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    EREVAN 14 déc


    L'Arménie s'est félicitée mardi de ce que Paris ait incité Ankara à
    reconnaître comme "génocide" la tragédie des Arméniens en Turquie en
    1915, après l'intervention du ministre des Affaires étrangères Michel
    Barnier devant les députés.

    M. Barnier a indiqué avoir "posé la question de la reconnaissance de
    cette tragédie" par Ankara, en référence aux négociations d'adhésion
    à l'Union européenne de la Turquie.

    "C'est une déclaration méritoire qui montre que la question de la
    reconnaissance du génocide a dépassé le cadre de l'Arménie et de son
    peuple", a indiqué le ministre arménien des Affaires étrangères
    Vardan Oskanian.

    "Il est difficile de dire quel tournant cette question prendra lors
    des négociations avec la Turquie" sur son adhésion à l'UE, a-t-il
    ajouté cependant.

    Paris a précisé que la reconnaissance du génocide arménien "n'était
    pas une condition" pour l'ouverture des négociations d'adhésion
    d'Ankara à l'UE. "Juridiquement, ce ne serait pas possible", selon M.
    Barnier.

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    Barnier: nous poserons à la Turquie la question "du génocide arménien"

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc

    Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, a déclaré mardi
    devant les députés que la France poserait "toutes les questions,
    notamment celle du génocide arménien" lors des négociations pour une
    adhésion de la Turquie à l'UE, prononçant pour la première fois le
    terme de "génocide".

    "Nous poserons toutes les questions, notamment celle du génocide
    arménien, notamment celle de Chypre, au long de cette négociation"
    d'adhésion de la Turquie, a déclaré M. Barnier.

    Le ministre avait jusqu'ici utilisé le terme de "tragédie", à propos
    de cette page d'histoire.

    Interrogé auparavant par un autre parlementaire, M. Barnier a
    souligné que "la France veut tenir un langage de vérité à l'égard de
    ce pays" (la Turquie, ndlr). "Toutes les questions seront posées,
    tous les problèmes seront soulevés et c'est le cas en particulier de
    cette tragédie", a-t-il dit.

    Le ministre a souligné qu'il "n'oubliait pas que votre assemblée à
    l'unanimité a qualifié cette tragédie de génocide en 2001", en
    rappelant que la Turquie avait "martyrisé des centaines de milliers
    d'Arméniens".

    "Nous avons donc posé la question de la reconnaissance de cette
    tragédie", a poursuivi M. Barnier. "C'est une blessure qui ne
    cicatrise pas", a-t-il estimé, ajoutant: "cette question est au coeur
    même du projet européen qui est fondé sur la reconciliation".

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    Turquie/UE: les protestants demandent à Chirac d'être l'avocat des minorités religieuses

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004

    La Fédération protestante de France (FPF) a demandé mardi au
    président Jacques Chirac de se faire "l'avocat du droit des minorités
    religieuses" au Conseil européen sur la Turquie, soulignant les
    "mesures vexatoires" subies par le patriarcat oecuménique orthodoxe
    d'Istanbul.

    Dans une lettre, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la
    FPF et également de la Conférence des Eglises européennes (KEK)
    regroupant 125 Eglises anglicanes, protestantes et orthodoxes, évoque
    "des inquiétants échos arrivés du Patriarcat oecuménique de
    Constantinople (Istanbul) qui subit des mesures vexatoires".

    "La KEK fera dans la semaine un rapport circonstancié", après l'envoi
    d'une mission en Turquie à une date non encore précisée, selon la
    FPF.

    M. de Clermont rappelle que si "les Eglises n'ont pas à se prononcer
    sur le cadre juridique et les conditions fixées par le Conseil
    européen", elles doivent "insister sur le fait qu'il leur semblerait
    incompréhensible que la liberté de religion, le droit des minorités,
    comme la reconnaissance du génocide arménien ne soient clairement
    énoncés comme des exigences intangibles liées à la demande
    d'adhésion".

    La Turquie interdit au patriarche oecuménique orthodoxe d'Istanbul,
    Mgr Bartholomée, qui exerce une primature d'honneur sur les
    orthodoxes dans le monde, d'utiliser le titre oecuménique, lui
    refusant tout rôle politique et administratif. Les orthodoxes
    réclament également la réouverture de leur séminaire de Halki, une
    île dans le Bosphore.

    En octobre, la KEK avait soulevé la "question très préoccupante de la
    situation des minorités chrétiennes" en Turquie tout en estimant que
    l'entrée de ce pays dans l'UE pourrait avoir "des répercussions
    positives sur la bonne évolution des relations entre les diverses
    religions et cultures en Europe et pourrait constituer la pierre
    d'angle d'un pont entre les mondes chrétien et musulman".

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    Tragédie des Arméniens: "une blessure qui ne cicatrise pas" (Barnier)

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004

    La "tragédie" des Arméniens en Turquie est "une blessure qui ne
    cicatrise pas", a déclaré mardi devant les députés le ministre des
    Affaires étrangères Michel Barnier, en rappelant que l'assemblée
    nationale l'avait qualifiée de "génocide" en 2001.

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    La communauté turque de France souffre d'isolement et de "méconnaissance" (PAPIER D'ANGLE)

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    Par Martine VERON

    PARIS 14 déc 2004

    Les Turcs de France, à l'avant-veille du sommet européen qui doit se
    prononcer sur l'ouverture des négociations sur l'entrée de la turquie
    dans l'UE, ne comprennent pas les réserves de la France et se sentent
    incompris, tout en reconnaissant une intégration difficile.

    Président du centre culturel Anatolie, à Paris, Fitrat Onger témoigne
    d'un sentiment d'"injustice", d'"incompréhension", dans la communauté
    turque.

    "Les Français ne nous connaissent pas et nous confondent avec les
    Arabes, et beaucoup sont sensibles au lobby arménien", dit-il,
    reconnaissant que la diversité de l'immigration turque et sa
    "difficile intégration" ne facilitent pas les choses.

    "C'est vrai, nous sommes très dispersés", dit-il, évoquant les sept
    lieux de prière différents à Paris, appartenant chacun à une tendance
    différente.

    "Les Turcs sont intégrés économiquement, mais ils restent refermés
    sur eux-mêmes", reconnaît-il, un repli nationaliste plus que
    religieux.

    Ils sont environ 380.000 en France, sur 3 millions au sein de l'UE,
    dont la moitié en Ile-de-France, selon le démographe Stéphane de
    Tapia. Parmi eux, les Kurdes, dont l'immigration est plus récente,
    sont environ 150.000.

    La majorité est sunnite mais une forte minorité alevi, turque ou
    kurde, joue un rôle important. "Ils ont intégré l'idée républicaine
    et la laïcité et jouent le rôle d'intermédiaire avec la société
    française, comme syndicalistes, médiateurs scolaires, interprètes",
    dit le chercheur.

    Sans oublier une minorité chrétienne assyro-chaldéenne, en
    Seine-Saint-Denis, et une minorité de juifs.

    La réputation de "bosseurs", ne rechignant pas à la mobilité, est
    méritée. Lorsqu'un secteur, comme la confection, leur est grignoté
    par les Chinois, ils se recyclent dans la retoucherie. On compte
    aujourd'hui 4.200 retoucheries turques en Ile-de-France, 7.200 points
    de restauration rapide, le reste se concentrant sur le bâtiment,
    selon Fitrat Onger.

    Immigration essentiellement rurale, le nombre d'étudiants reste
    faible (2.000 environ).

    Mais l'origine rurale n'explique pas seule le repli culturel et
    identitaire des Turcs de France. "La Turquie a changé, les enfants de
    la campagne turque sont souvent plus +avancés+ que les enfants turcs
    des banlieues défavorisées", affirme Stéphane de Tapia, ce qui
    provoque des malentendus souvent dramatiques lors des mariages
    arrangés entre familles originaires du même village.

    "De plus en plus de filles ou garçons turcs renâclent, mais en
    France, le mariage arrangé reste pour les parents le dernier rempart
    contre l'assimilation", dit-il.

    Pour Fitrat Onger, les mariages arrangés, dont l'objectif est souvent
    de permettre à un parent de venir en France, "deviennent une vraie
    catastrophe", "60% se terminent par un divorce dans les 18 mois".

    Un "non" de l'UE vendredi provoquerait une "blessure symbolique
    grave" chez les jeunes, affirme Gaye Petek, directrice de
    l'association Elele. "Ils risquent de se sentir victimes et donc
    aigris vis-à-vis de la France, ce qu'ils n'ont jamais été, à la
    différence des jeunes Beurs".

    Ils pourraient avoir la tentation de retourner en Turquie, dit-elle,
    comme certains le font depuis peu, pour échapper au contrôle des
    parents, tout en les rassurant.

    "Cela sera plus difficile pour nous, qui essayons de leur montrer
    qu'on peut être critique par rapport à la culture des parents, sans
    être coupable de trahison, et être Français", dit-elle.

    ************************************************** *************************
    Turquie: Hollande rappelle la ligne du PS

    Agence France Presse
    14 décembre 2004 mardi

    PARIS 14 déc 2004


    François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a
    rappelé, mardi, la ligne du parti sur la Turquie et l'Europe votée à
    l'unanimité en bureau national : oui à l'ouverture des négociations
    sans préjuger du résultat, a indiqué le porte-parole Julien Dray.

    Au cours du dernier bureau national (BN) de l'année, et alors que la
    question de l'adhésion de la Turquie à l'UE est au menu vendredi du
    sommet européen de Bruxelles, le numéro 1 du PS a rappelé que le
    parti "n'a pas changé" depuis la position "prise à l'unanimité lors
    du bureau national du 12 octobre : oui à l'ouverture des négociations
    sans préjuger du résultat", a précisé M. Dray.

    Ce rappel à l'ordre intervient alors que plusieurs personnalités
    socialistes, y compris parmi celles siégeant au BN, ont pris position
    contre l'adhésion de la Turquie à l'UE, dont le numéro deux du parti
    Laurent Fabius, l'ancien président du Conseil constitutionnel Robert
    Badinter, Bernard Poignant, chef de la délégation des socialistes
    français au Parlement européen ou encore le chef de file du courant
    minoritaire Nouveau Monde, Henri Emmanuelli.

    Dans le document du 12 octobre, le BN avait posé trois "préalables" à
    une éventuelle adhésion turque : le renforcement de l'Europe
    politique, l'augmentation du budget européen pour pouvoir financer
    cet élargissement, enfin "des dispositifs clairs pour favoriser
    l'harmonisation fiscale et sociale".

    Parmi d'autres objections, le PS soulève l'absence de reconnaissance
    du génocide arménien par Ankara et l'occupation de la partie nord de
    Chypre, pays membre de l'UE, par des troupes turques depuis 1974.

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    This compilation was contributed to by:
    Katia Peltekian

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