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Un office pour les Arméniens

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    L'Est Républicain, France
    Vendredi 31 août 2012
    NCY Edition


    Un office pour les Arméniens

    Religion Arthur Avetyan, réfugié politique veut créer plus de lien au
    sein de la communauté lorraine

    par Guillaume MAZEAUD



    ARTHUR est un colosse souriant. Mais il a retrouvé son sourire une
    fois en Europe occidentale. Pour lui, ça ne se passait pas très bien
    il y a encore quatre ans. A la suite de la présidentielle dans ce
    pays, troubles, émeutes et morts ont déchiré les jours et les nuits
    d'Erevan la capitale du pays.

    « J'étais journaliste à la radio », se souvient Arthur Avetyan, qui
    avec la fougue de sa jeunesse n'admet guère le manque de démocratie du
    gouvernement et sa large soumission aux Russes. « Il n'y a plus
    d'Union soviétique, mais c'est toujours la Russie qui décide en
    Arménie », explique ce garçon de 29 ans au physique de rugbyman, mais
    d'un naturel plein de douceur. À force de parler démocratie et liberté
    sur les ondes, il a fini par faire plusieurs séjours, heureusement
    courts, en prison. « Car, ceux qui font des peines longues se
    retrouvent dans des centrales où la mafia fait la loi ». Et comme il
    n'a pas envie de retourner derrière les barreaux, et d'y être battu,
    comme il lui est arrivé, il a fui dans un premier temps son pays vers
    la Russie, avant de passer six mois plus tard en Europe occidentale
    avec sa femme Lilit et son fils. C'était en 2008. Il arriva à
    vingt-cinq ans en France, à Nancy, et depuis ce temps, il se trouve à
    l'Ars en tant que réfugié et espère avoir bientôt une carte de séjour
    pour pouvoir travailler.

    Arthur, qui est aussi écrivain et poète ne reste toutefois pas les
    deux pieds dans le même sabot lorrain, et a décidé d'être un lien
    entre ses compatriotes, au sein de la communauté arménienne du sud
    Lorrain. « La région de Nancy compte environ deux mille Arméniens,
    dont beaucoup sont arrivés seulement ces dix dernières années comme
    moi, et ne parlent qu'à peine le français. C'est pourquoi, j'ai créé
    une association en décembre dernier, « Hayasa Lorraine » (nom ancien
    de l'Arménie), qui est à la fois culturelle et cultuelle ». En
    Arménie, les deux choses sont intimement liées...

    Le 24 avril
    La première manifestation a été l'anniversaire du génocide arménien,
    commémoration qui a lieu chaque année le 24 avril. « Nous avons montré
    des films et des photos retraçant cette histoire ». Et le volet
    religieux a commencé en juillet, avec une première célébration de la
    messe par le père Vatché, prêtre de l'église nationale apostolique
    arménienne, basé à Strasbourg. « Les communautés arméniennes de
    Marseille, Lyon, Paris ont une presse, des radios, une activité très
    importante, mais dans l'Est, il n'y a pratiquement rien. »

    Il y avait environ 150 personnes. « Il y aura une seconde messe
    dimanche prochain 2 septembre à 15 h 30, toujours célébrée par le père
    Vatché, avec l'accord du curé de la paroisse Jacques Bertholet ».

    Car au-delà des très grandes différences de rituel entre les cultes
    catholiques romain et arménien, il n'y a sur le fond que des
    différences de détail, qui tiennent surtout à la nature à la fois
    humaine et divine de Jésus. Question qui avait été tranchée au concile
    de Chalcédoine, au... Ve siècle, et aux conclusions duquel les
    Arméniens n'avaient souscrit que très partiellement. L'Arménie a
    commencé à être évangélisée par les apôtres Barthélémy et Thaddée au
    Ier siècle. « Et aussi, plus tard, par trois chrétiennes, Gayané,
    Ripsimé et Chogakat, qui ont été martyrisées. A leur suite, le peuple
    arménien a été converti en son entier par Grikor, en 301 après
    Jésus-Christ. L'Arménie a ainsi été la première nation chrétienne de
    l'histoire ». Grikor, nom arménien, est plus connu sous son nom de «
    Saint-Grégoire l'illuminateur ». Il était lui-même prince d'Arménie,
    ce qui a facilité la conversion du roi de l'époque, puis de son
    peuple, comme pour Clovis et la France tout de même... deux siècles
    plus tard !

    Mais tout cela est bien loin. Arthur veut surtout aider ses
    compatriotes à mieux s'insérer. « Et moi, j'espère travailler, mieux
    parler français et étudier... » Un bon programme.

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