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Le respect des obligations et engagements de l'Azerbaïdjan

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  • Le respect des obligations et engagements de l'Azerbaïdjan

    CONSEIL DE L'EUROPE
    Le respect des obligations et engagements de l'Azerbaïdjan
    Rapporteur AGRAMUNT, Pedro (Espagne , PPE/DC) DEBONO GRECH, Joseph (Malte , SOC)

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=85690

    Doc. 13084

    20 décembre 2012

    Le respect des obligations et engagements de l'Azerbaïdjan Rapport1

    Commission pour le respect des obligations et engagements des Etats
    membres du Conseil de l'Europe (Commission de suivi) M. Pedro AGRAMUNT
    Espagne Groupe du Parti populaire européen M. Joseph DEBONO GRECH
    Malte Groupe socialiste Résumé

    La commission de suivi reconnaît les progrès accomplis par
    l'Azerbaïdjan dans l'établissement du cadre législatif dans certains
    domaines cruciaux pour le fonctionnement des institutions
    démocratiques depuis son adhésion au Conseil de l'Europe. Cependant,
    l'application restrictive ou les violations de certaines législations
    soulèvent des préoccupations croissantes concernant l'Etat de droit et
    le respect des droits de l'homme.

    Le manque d'indépendance du pouvoir judiciaire est un problème. La
    situation en ce qui concerne les libertés fondamentales, notamment la
    liberté d'expression, la liberté de réunion et la liberté
    d'association est préoccupante. La commission est alarmée par les
    informations émanant de défenseurs des droits de l'homme et d'ONG
    nationales et internationales selon lesquels des chefs d'inculpation
    seraient soi-disant fabriqués de toutes pièces contre des militants et
    des journalistes. La mise en Å`uvre restrictive des libertés combinée
    au manque d'équité des procès et à l'ingérence injustifiée du pouvoir
    exécutif débouchent sur la détention systématique de personnes qui
    peuvent être considérées comme des prisonniers d'opinion. Des cas
    présumés de torture et d'autres formes de mauvais traitement dans les
    commissariats de police, ainsi que l'impunité des auteurs, sont
    également une cause de vive inquiétude.

    Les progrès accomplis dans la mise en place d'un cadre législatif
    visant à lutter contre la corruption et la criminalité organisée sont
    indéniables mais la principale difficulté réside dans son application
    effective.

    Sommaire Page

    ¢ Projet de résolution. ¢ Exposé des motifs, par M. Agramunt et M.
    Debono Grech, corapporteurs. ¢ Introduction. ¢ Situation géopolitique
    du pays. ¢ Contexte régional et géopolitique. ¢ Conflit du
    Haut-Karabakh. ¢ Relations avec l'Union européenne. ¢ Signature et
    ratification des conventions du Conseil de l'Europe. ¢ Situation
    économique et sociale. ¢ Situation politique. ¢ Fonctionnement de la
    démocratie pluraliste. ¢ Elections libres et équitables. ¢ Pluralisme
    des partis. ¢ Séparation et équilibre des pouvoirs. ¢ Démocratie
    locale et régionale. ¢ Etat de droit. ¢ Pouvoir judiciaire. ¢
    Corruption et crime organisé. ¢ Exécution des arrêts de la Cour
    européenne des droits de l'homme. ¢ Droits de l'homme et libertés
    fondamentales. ¢ Prisonniers politiques présumés et problèmes
    humanitaires. ¢ Conditions de détention et violations commises par les
    forces de l'ordre. ¢ Liberté d'expression. ¢ Liberté de réunion. ¢
    Liberté d'association. ¢ Démolition de logements. ¢ Liberté de
    conscience et de religion. ¢ Service de remplacement. ¢ Protection des
    minorités, xénophobie et intolérance. ¢ L'institution de l'Ombudsman.
    ¢ - Tableau de la législation mise en place par l'Azerbaïdjan en vue
    de la réalisation des ses engagements, tels qu'énoncés dans l'Avis 222
    (2000) de l'Assemblée parlementaire sur la demande d'adhésion de
    l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe. ¢ - Avis divergent de MM. Davit
    Harutyunyan (Arménie, GDE) et Armen Rustamyan (Arménie, SOC), membres
    de la commission de suivi.

    A. Projet de résolution2

    1. L'Azerbaïdjan a adhéré au Conseil de l'Europe le 21 janvier 2001.
    Lors de son adhésion, il s'est engagé Ã respecter les obligations que
    l'article 3 du Statut du Conseil de l'Europe impose à chaque Etat
    membre concernant la démocratie pluraliste, la prééminence du droit et
    les droits de l'homme. Il a également pris un certain nombre
    d'engagements spécifiques dont la liste figure dans l' Avis n° 222
    (2000) de l'Assemblée parlementaire relatif à la demande d'adhésion de
    l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe.

    2. Conformément à la procédure de suivi établie dans la Résolution
    1115 (1997) et modifiée par les Résolutions 1431 (2005) et 1515 (2006)
    , l'Assemblée a évalué les progrès accomplis par l'Azerbaïdjan dans
    l'exécution de ses obligations et de ses engagements dans les
    Résolutions 1305 (2002) et 1545 (2007) sur le respect des obligations
    et engagements de l'Azerbaïdjan et dans les Résolutions 1358 (2004) ,
    1398 (2004) , 1456 (2005) , 1614 (2008) et 1750 (2010) sur le
    fonctionnement des institutions démocratiques en Azerbaïdjan.

    3. L'Assemblée reconnaît le contexte géopolitique de l'Azerbaïdjan,
    qui est situé au carrefour de l'Europe et de l'Asie, placé entre la
    Fédération de Russie, l'Iran et l'Arménie, et peuplé par une
    population dont l'écrasante majorité est musulmane. Elle est également
    tout à fait consciente du conflit permanent avec l'Arménie à propos de
    la région du Haut-Karabakh, affrontement qui domine dans une large
    mesure l'agenda de la politique extérieure de l'Azerbaïdjan.
    L'Assemblée regrette que les négociations n'aient jusqu'ici donné
    aucun résultat tangible et que les résolutions de l'Assemblée
    parlementaire, du Parlement européen, de l'Organisation pour la
    sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de Sécurité
    des Nations Unies n'aient toujours pas été mises en Å`uvre.

    4. L'Assemblée rappelle avec satisfaction que les autorités ont
    toujours exprimé leurs aspirations pro-européennes et poursuivi une
    politique d'intégration avec les structures euro-atlantiques. Les
    relations avec l'Union européenne sont régies par l'Accord de
    partenariat et de coopération entre l'Union européenne et
    l'Azerbaïdjan. En outre, l'Azerbaïdjan participe à la Politique
    européenne de voisinage depuis son lancement en 2004, contribue au
    Partenariat oriental depuis 2009 et est membre fondateur d'Euronest.

    5. Depuis son adhésion, l'Azerbaïdjan a accompli des progrès
    importants concernant la signature et la ratification des instruments
    juridiques du Conseil de l'Europe. L'Azerbaïdjan a signé et ratifié
    tous les instruments juridiques, sauf un, inclus dans sa liste
    d'engagements. L'Assemblée invite l'Azerbaïdjan à ratifier la
    convention restante, la Charte européenne des langues régionales ou
    minoritaires (STE n o 148), qu'il a signée en 2001.

    6. Des progrès ont clairement été accomplis dans l'établissement d'un
    cadre législatif dans certains domaines cruciaux pour le
    fonctionnement d'institutions démocratiques conformes aux normes
    européennes. En particulier, l'instauration en 2005 du Conseil
    juridique et judiciaire a constitué une étape importante dans la
    réforme judiciaire du pays. D'autres progrès ont été accomplis dans ce
    domaine, comme en témoignent les actes juridiques, adoptés récemment,
    qui prévoient une procédure révisée de recrutement des juges et
    modifient la loi relative à la lutte contre la corruption ainsi que le
    Code pénal concernant l'incrimination de la corruption. L'Assemblée
    félicite les autorités azerbaïdjanaises de la qualité de leur
    coopération avec la Commission européenne pour la démocratie par le
    droit (Commission de Venise). La demande d'assistance récente des
    autorités pour rédiger une nouvelle loi sur la diffamation est un bon
    exemple de cette coopération.

    7. Malheureusement, les progrès concernant l'application de certaines
    lois n'ont pas été satisfaisants. L'application restrictive ou les
    violations de certaines d'entre elles soulèvent des préoccupations
    croissantes concernant l'Etat de droit et le respect des droits de
    l'homme.

    8. Depuis l'adhésion de l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe, aucune
    élection législative ou présidentielle n'a été totalement conforme aux
    normes démocratiques, comme l'ont confirmé les arrêts de la Cour
    européenne des droits de l'homme dans sept affaires sur les 35
    considérées comme recevables, liées aux élections législatives de
    2005. De nombreuses affaires liées aux élections de 2010 sont en
    instance devant la Cour. Il y a lieu de remédier, avant les prochaines
    élections, Ã un certain nombre de carences et de dysfonctionnements
    dans le processus électoral, notamment en ce qui concerne le code
    électoral, la composition des commissions électorales, l'inscription
    des candidats, le rôle des observateurs et la procédure de plainte et
    de recours.

    9. L'Assemblée est profondément convaincue qu'il est dans l'intérêt
    supérieur du processus démocratique et du parti au pouvoir lui-même
    d'affronter l'opposition au sein d'un organe représentatif et
    d'établir un vrai dialogue politique au sein du parlement. Cependant,
    depuis les dernières élections législatives de 2010, certains partis
    d'opposition azerbaïdjanais bien connus ne sont pas représentés au
    parlement et le parti au pouvoir est le seul qui peut légitimement
    constituer un groupe politique. Les élus indépendants qui, il est
    vrai, critiquent souvent le gouvernement, ont peu de chances de faire
    entendre leur voix.

    10. Malheureusement, il n'y a pas de dialogue politique avec les
    partis d'opposition en dehors du parlement. L'Assemblée est préoccupée
    par le cadre restrictif imposé aux activités de l'opposition
    extraparlementaire, qui se plaint des entraves à la liberté
    d'expression et à la liberté de réunion et du manque d'accès aux
    médias publics.

    11. Il faut, pour établir un système politique ouvert à tous et un
    environnement politique vraiment concurrentiel et non restrictif,
    respecter pleinement les libertés fondamentales, notamment la liberté
    d'expression, la liberté de réunion et la liberté d'association. La
    situation en Azerbaïdjan est préoccupante et l'Assemblée exprime sa
    vive inquiétude à cet égard.

    12. Les amendements au Code pénal et au Code administratif récemment
    adoptés, qui ont alourdi les sanctions contre les organisateurs des
    manifestations « non autorisées » et les personnes qui y participent,
    sont préoccupants. Combinées à l'interdiction générale de manifester
    dans le centre de Bakou, décrétée par les autorités, ces nouvelles
    dispositions risquent d'avoir une incidence négative supplémentaire
    sur la liberté de réunion et la liberté d'expression. L'utilisation
    restrictive de certains articles du Code pénal, en particulier les
    articles 221 et 233, contre les personnes qui participent à des
    manifestations pacifiques mais néanmoins non autorisées, est un autre
    sujet de préoccupation.

    13. L'Assemblée rappelle que l'indépendance de la justice est une des
    conditions préalables fondamentales de l'Etat de droit et du principe
    démocratique de séparation et d'équilibre des pouvoirs. Le manque
    d'indépendance du pouvoir judiciaire est un problème en Azerbaïdjan,
    où le pouvoir exécutif, dans certains cas particuliers, continue de
    faire pression sur lui. Les questions relatives à l'équité des procès,
    notamment pendant leur phase préliminaire, et à l'égalité des armes
    sont aussi d'importants sujets d'inquiétude.

    14. L'Assemblée est alarmée par les informations émanant de défenseurs
    des droits de l'homme et des organisations non gouvernementales (ONG)
    nationales et internationales selon lesquels des chefs d'inculpation
    seraient soi-disant fabriqués de toutes pièces contre des militants et
    des journalistes. La mise en Å`uvre restrictive des libertés combinée
    au manque d'équité des procès et à l'ingérence injustifiée du pouvoir
    exécutif débouchent sur la détention systématique de personnes qui
    peuvent être considérées comme des prisonniers d'opinion.

    15. Des cas présumés de torture et d'autres formes de mauvais
    traitements dans les commissariats de police, pendant l'enquête et
    dans les établissements pénitentiaires, ainsi que l'impunité des
    auteurs, sont également une cause de vive inquiétude.

    16. L'Assemblée est préoccupée par les critiques formulées aux niveaux
    national et international concernant les irrégularités observées
    pendant la campagne d'expropriation engagée à Bakou en 2009. Elle
    demande instamment aux autorités de garantir la transparence du
    processus, la conformité avec la Constitution et le droit interne, et
    le respect absolu des droits de l'homme. Elle demande également la
    révision des affaires dont la conformité avec la loi soulève des
    doutes fondés et des préoccupations légitimes, ainsi que des enquêtes
    sur les allégations d'abus et de violations commis dans le cadre des
    procédures d'expropriation et de reconstruction, suivies
    d'indemnisations adéquates et de poursuites contre ceux qui ont violé
    la loi.

    17. Les progrès accomplis dans la mise en place d'un cadre législatif
    visant à lutter contre la corruption et la criminalité organisée sont
    indéniables mais la principale difficulté réside désormais dans son
    application effective. Il sera intéressant de voir à cet égard quels
    seront les résultats de la campagne de lutte contre la corruption
    lancée en 2011.

    18. Compte tenu de ce qui précède, l'Assemblée demande aux autorités
    azerbaïdjanaises :

    18.1. Concernant le fonctionnement de la démocratie pluraliste :

    18.1.1. de remédier aux carences et aux dysfonctionnements recensés
    par les observateurs internationaux au cours des dernières élections
    législatives et présidentielle et de modifier le Code électoral
    conformément aux recommandations de la Commission de Venise en temps
    voulu pour la prochaine élection présidentielle ;

    18.1.2. de créer un environnement politique ouvert à tous et non
    restrictif, et d'établir un vrai dialogue avec l'opposition
    extraparlementaire ;

    18.1.3. de traiter la question du financement des partis politiques
    conformément à la Recommandation Rec(2003)4 du Comité des Ministres
    sur les règles communes contre la corruption dans le financement des
    partis politiques et des campagnes électorales ;

    18.1.4. de renforcer l'application réelle du principe de séparation
    des pouvoirs, garanti par la Constitution, et d'accentuer le contrôle
    parlementaire du pouvoir exécutif, en particulier :

    18.1.4.1. de réviser le règlement intérieur du parlement en vue de
    renforcer les possibilités d'action parlementaire des députés qui ne
    sont pas membres du groupe parlementaire du parti au pouvoir ;

    18.1.4.2. de réviser le règlement intérieur du parlement en vue
    d'abaisser le nombre de députés exigé pour créer un groupe
    parlementaire jusqu'Ã entre 3% et 5 % comme dans les autres Etats
    européens ;

    18.2. Concernant le pouvoir judiciaire :

    18.2.1. de garantir l'indépendance totale du pouvoir judiciaire,
    notamment vis-Ã-vis du pouvoir exécutif, et de s'abstenir de toute
    pression ;

    18.2.2. d'inscrire dans la loi que le Conseil juridique et judiciaire
    joue un rôle de garant de l'indépendance de la justice et d'appliquer
    cette disposition de manière effective ;

    18.2.3. de fixer un ge de départ à la retraite obligatoire pour tous
    les juges ;

    18.2.4. d'effectuer une analyse des carences de la pratique judiciaire
    et d'accorder toute l'attention requise aux rapports sur des
    dysfonctionnements présumés ayant débouché sur des procès
    inéquitables, en vue d'y remédier ;

    18.2.5. d'élaborer une stratégie en matière de ressources humaines qui
    encourage le professionnalisme, l'indépendance et l'intégrité, et
    d'établir un mécanisme cohérent et uniforme d'évaluation de l'action
    des juges, lié Ã l'évolution de carrière ;

    18.2.6. de créer un système unique et efficace d'attribution aléatoire
    des affaires à l'échelle nationale ;

    18.2.7. de s'abstenir de toute pression sur les avocats qui défendent
    les militants et les journalistes qui critiquent les autorités et de
    veiller à ce que tous les cas de pression signalés fassent l'objet
    d'une enquête effective en vue de traduire leurs auteurs en justice ;

    18.2.8. de mener des enquêtes efficaces dans toutes les affaires de
    corruption présumée au sein du système judiciaire ;

    18.2.9. d'encourager la participation de la société civile à la
    définition et au suivi d'autres stratégies visant à réformer le
    système judiciaire ;

    18.3. Concernant la corruption et la criminalité organisée :

    18.3.1. d'intensifier leurs efforts pour appliquer effectivement les
    lois relatives à la lutte contre la corruption ;

    18.3.2. de donner suite aux recommandations du Groupe d'Etats contre
    la corruption (GRECO) ;

    18.3.3. de poursuivre leurs travaux concernant l'élaboration d'un
    projet de loi sur la prévention des conflits d'intérêts ;

    18.3.4. d'encourager la participation de la société civile à la
    définition et au suivi des stratégies concernant la lutte contre la
    corruption et la criminalité organisée ;

    18.4. Concernant les prisonniers politiques présumés et les
    prisonniers d'opinion :

    18.4.1. d'examiner les affaires concernant les défenseurs des droits
    de l'homme, les militants et les journalistes placés en détention à la
    suite de procès pénaux dont la conformité avec les normes de
    protection des droits de l'homme est contestée par la société civile
    et la communauté internationale ;

    18.4.2. d'utiliser tous les outils juridiques disponibles pour libérer
    les prisonniers dont la détention soulève des doutes fondés et des
    préoccupations légitimes ;

    18.4.3. de libérer pour des motifs humanitaires les prisonniers
    politiques présumés dont l'état de santé est préoccupant ;

    18.4.4. de mettre pleinement en Å`uvre les résolutions de l'Assemblée
    se rapportant aux prisonniers politiques présumés en Azerbaïdjan ;

    18.5. Concernant la torture et les mauvais traitements infligés par
    les agents des forces de l'ordre :

    18.5.1. de poursuivre les efforts déployés pour mettre fin aux abus
    commis par des agents des forces de l'ordre en appliquant de manière
    effective les mesures visant à éliminer l'impunité et l'absence de
    responsabilité pour ces abus, notamment en menant une enquête en bonne
    et due forme dans chaque cas ;

    18.5.2. de mener des enquêtes effectives dans toutes les affaires
    concernant des actes de torture ou de mauvais traitement présumés en
    vue de traduire leurs auteurs en justice ;

    18.5.3. d'adopter des mesures et des garanties procédurales plus
    efficaces contre les mauvais traitements et la torture dans les
    commissariats de police, en conformité avec les normes européennes,
    telles que l'installation de caméras ;

    18.5.4. d'encourager la société civile à assurer un suivi et de
    développer les mesures de sensibilisation et de formation ;

    18.5.5. de poursuivre les efforts déployés dans la mise en Å`uvre du
    mécanisme national de prévention de la torture et des mauvais
    traitements, et d'associer la société civile à ce processus ;

    18.6. Concernant la liberté d'expression :

    18.6.1. de poursuivre leurs efforts visant à élaborer une nouvelle loi
    sur la diffamation, en coopération avec la Commission de Venise ;

    18.6.2. de créer des conditions favorables à l'exercice du métier de
    journaliste et de s'abstenir de toute forme de pression ;

    18.6.3. de mettre fin aux poursuites à l'encontre des journalistes ou
    d'autres personnes exprimant des avis critiques ;

    18.6.4. de mener des enquêtes effectives sur les meurtres de MM. Elmar
    Huseynov et Rafiq Tagi et de traduire les auteurs en justice ;

    18.6.5. de mener des enquêtes effectives sur tous les cas de passage Ã
    tabac signalés par des journalistes et de traduire les auteurs en
    justice ;

    18.7. Concernant la liberté de réunion :

    18.7.1. de garantir le respect de la liberté de réunion, en particulier :

    18.7.1.1. de trouver une solution de compromis permettant d'autoriser
    des manifestations dans certains secteurs du centre de Bakou, qui
    respecte les exigences de sécurité et soit acceptable pour les
    organisateurs et pour les pouvoirs publics ;

    18.7.1.2. de s'abstenir de recourir de manière disproportionnée à la
    force par la police contre des manifestants pacifiques ;

    18.7.1.3. de s'abstenir de faire un usage restrictif de certains
    articles du Code pénal, en particulier les articles 221 et 233, contre
    les participants à des manifestations pacifiques, même non autorisées
    ;

    18.8. Concernant la liberté d'association :

    18.8.1. de réviser la loi relative aux ONG en vue de répondre aux
    préoccupations exprimées par la Commission de Venise ;

    18.8.2. d'améliorer et de faciliter le processus d'enregistrement des
    ONG internationales ;

    18.8.3. de créer un environnement propice aux activités des ONG, y
    compris celles exprimant des avis critiques ;

    18.9. Concernant la liberté de conscience et de religion :

    18.9.1. de réviser la loi sur la liberté de religion en tenant compte
    des préoccupations exprimées par la Commission de Venise ;

    18.9.2. d'améliorer et de faciliter les procédures d'enregistrement
    pour les groupes religieux minoritaires.

    19. L'Assemblée encourage les autorités à intensifier leurs efforts
    pour mettre en Å`uvre la législation dans les domaines qui sont
    cruciaux pour le bon fonctionnement des institutions démocratiques.
    Dans ce contexte, l'Assemblée décide de poursuivre son suivi du
    respect des obligations et des engagements de l'Azerbaïdjan. B. Exposé
    des motifs, par M. Agramunt et M. Debono Grech, corapporteurs 1.
    Introduction

    1. L'Azerbaïdjan est devenu membre du Conseil de l'Europe le 21
    janvier 2001. Lors de son adhésion, il s'est engagé Ã honorer non
    seulement les obligations incombant à tous les Etats membres au titre
    de l'article 3 du Statut de l'Organisation, mais également un certain
    nombre d'engagements spécifiques énoncés dans l' Avis 222 (2000) qui,
    conjointement, constituent la base de la procédure de suivi
    conformément à la Résolution 1115 (1997) sur la création d'une
    commission de l'Assemblée pour le respect des obligations et
    engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe (commission de
    suivi), telle que modifiée par la Résolution 1431 (2005) sur
    l'ouverture d'une procédure de suivi et dialogue post-suivi, la
    Résolution 1515 (2006) sur l'évolution de la procédure de suivi de
    l'Assemblée (mai 2005-juin 2006) et la Résolution 1710 (2010) sur le
    mandat des corapporteurs de la commission de suivi.

    2. Depuis lors, la commission de suivi a présenté Ã l'Assemblée
    parlementaire plusieurs rapports sur les progrès réalisés par
    l'Azerbaïdjan : des rapports complets sur le respect des obligations
    et engagements en 2002 et 2007, ainsi que des rapports sur le
    fonctionnement des institutions démocratiques en 2004, 2005, 2008 et
    20103.

    3. Par ailleurs, la commission des questions juridiques et des droits
    de l'homme a présenté plusieurs rapports sur le respect d'un
    engagement spécifique, Ã savoir celui de libérer ou de rejuger les
    prisonniers politiques présumés4. L'examen par l'Assemblée du rapport
    le plus récent sur ce sujet est prévu à la partie de session de
    janvier 20135.

    4. Le cas de l'Azerbaïdjan est en outre examiné dans les rapports
    périodiques sur la mise en Å`uvre des arrêts de la Cour européenne des
    droits de l'homme (« la Cour ») dans les Etats membres du Conseil de
    l'Europe, élaborés par la commission des questions juridiques et des
    droits de l'homme. Le rapport le plus récent dans ce domaine a été
    présenté Ã l'Assemblée en 20116.

    5. Certains problèmes non résolus dans le domaine des droits de
    l'homme en Azerbaïdjan ont également fait l'objet de rapports
    thématiques d'autres commissions de l'Assemblée, concernant soit
    l'ensemble, soit une partie seulement des Etats membres du Conseil de
    l'Europe. On citera en particulier ici le rapport sur la liberté
    d'expression dans les Etats membres du Conseil de l'Europe présenté
    par la commission de la culture, de la science et de l'éducation7
    ainsi que le rapport sur les défenseurs des droits de l'homme dans les
    Etats membres du Conseil de l'Europe présenté par la commission des
    questions juridiques et des droits de l'homme8. En octobre 2012,
    l'Assemblée parlementaire a tenu un débat d'actualité sur l'affaire
    Safarov.

    6. Les développements politiques concernant le conflit du
    Haut-Karabakh ont été suivis par la commission des questions
    politiques et de la démocratie9, tandis que la situation spécifique
    des réfugiés et des personnes déplacées en Azerbaïdjan a été examinée
    par la commission des migrations, des réfugiés et des personnes
    déplacées10.

    7. Des représentants de l'Assemblée ont observé toutes les élections
    législatives et présidentielles ayant eu lieu depuis l'adhésion de
    l'Azerbaïdjan, ainsi qu'un référendum constitutionnel ; les rapports
    correspondants ont été présentés à l'Assemblée11. Les conclusions du
    rapport élaboré à la suite des élections de 2005 ont abouti à la
    contestation des pouvoirs de la délégation de l'Azerbaïdjan Ã
    l'ouverture de la partie de session de janvier 2006 de l'Assemblée12.

    8. Enfin, le respect des obligations et engagements de l'Azerbaïdjan
    est suivi par le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe dans le
    cadre du sous-groupe sur l'Arménie et l'Azerbaïdjan du Groupe de
    rapporteurs sur la démocratie (GR-DEM) qui a remplacé le « Groupe AGO
    » en décembre 2011. Tous les six mois, ce sous-groupe fait le point
    sur les progrès réalisés dans chaque pays.

    9. Dans le présent rapport, nous nous sommes basés sur les
    constatations et conclusions des institutions compétentes et des
    mécanismes de suivi des conventions du Conseil de l'Europe auxquelles
    l'Azerbaïdjan est partie. Ont été pris en compte les travaux des
    organes suivants : la Cour européenne des droits de l'homme, le Comité
    des Ministres dans sa fonction de surveillance de l'exécution des
    arrêts de la Cour, le Commissaire aux droits de l'homme, le Congrès
    des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, le Groupe
    d'Etats contre la corruption (GRECO), le Comité d'experts sur
    l'évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux
    et le financement du terrorisme (MONEYVAL), le Comité européen pour la
    prévention de la torture et des peines oui traitements inhumains ou
    dégradants (CPT), le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la
    protection des minorités nationales ainsi que la Commission européenne
    contre le racisme et l'intolérance (ECRI).

    10. Nous nous sommes également appuyés sur l'expertise juridique de la
    Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de
    Venise) et en particulier sur ses conclusions au sujet de la
    conformité d'un certain nombre de lois de l'Azerbaïdjan avec les
    normes du Conseil de l'Europe. Au cours de la période considérée, la
    Commission de Venise a rendu les avis suivants : sur le projet de
    modification du Code électoral de la République d'Azerbaïdjan (avis
    conjoint avec le Bureau des institutions démocratiques et des droits
    de l'homme de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
    Europe (OSCE/BIDDH))13 ; sur le projet d'amendements à la Constitution
    de la République d'Azerbaïdjan14 ; sur le projet de loi relatif Ã
    l'obtention d'informations sur les activités des tribunaux de
    l'Azerbaïdjan15 ; sur le projet de loi complétant la loi sur le statut
    des municipalités de la République d'Azerbaïdjan16 ; sur la
    compatibilité de la législation de la République d'Azerbaïdjan
    relative aux organisations non gouvernementales avec les normes
    relatives aux droits de l'homme17 ; ainsi que sur la loi relative à la
    liberté de religion18. A cet égard, nous tenons à féliciter les
    autorités de l'Azerbaïdjan pour leur coopération constructive avec la
    Commission de Venise.

    11. Nous avons été nommés corapporteurs de la commission de suivi,
    respectivement en novembre 2009 pour M. Debono Grech, en remplacement
    de Mme Evguenia Jivkova (Bulgarie, SOC) qui a quitté l'Assemblée, et
    en juin 2010 pour M. Agramunt, en remplacement de M. Andres Herkel
    (Estonie, PPE/DC), dont le mandat était arrivé Ã expiration. Dans le
    cadre de la préparation du présent rapport et en vue de maintenir un
    dialogue politique, nous nous sommes rendus en Azerbaïdjan à quatre
    reprises : en février 2011, en février 2012, en juin 2012 et en
    novembre 2012. A l'issue de ces visites, nous avons présenté des notes
    d'information19Ã la commission, lesquelles ont ensuite été
    déclassifiées.

    12. Au cours de nos visites, nous avons tenu plusieurs réunions avec
    les plus hauts représentants des pouvoirs législatif, exécutif et
    judiciaire du pays, les représentants de la société civile nationale
    et internationale, et les chefs de l'opposition extraparlementaire.

    13. La commission a tenu une audition sur la liberté d'expression en
    Azerbaïdjan après la publication d'un rapport d'Amnesty International
    Ã ce sujet en décembre 2011. De plus, nous rencontrons régulièrement
    les représentants des organisations non gouvernementales (ONG)
    d'Azerbaïdjan présents à Strasbourg au cours des sessions
    parlementaires.

    14. Lors de la préparation du présent rapport, nous avons été
    confrontés à une pression sans précédent de la part d'un certain
    nombre d'organisations non gouvernementales azerbaïdjanaises qui ne
    semblaient pas comprendre la nature du suivi parlementaire, fondé sur
    le dialogue politique et sur une approche constructive. Leurs
    critiques quelquefois sans fondement à l'égard de notre travail ainsi
    que leurs tentatives de nous discréditer ne nous ont pas facilité la
    tche.

    15. D'entrée de jeu, nous nous sommes efforcés de structurer notre
    dialogue avec les autorités de manière à parvenir à une vision commune
    des problèmes existants et des mesures pouvant être prises pour
    améliorer la situation et réaliser des progrès dans le respect, par
    l'Azerbaïdjan, de ses obligations et engagements.

    16. Nous tenons à souligner que, tout au long de la préparation du
    présent rapport, la coopération avec les autorités azerbaïdjanaises et
    la délégation parlementaire de l'Azerbaïdjan a été excellente. Nous
    avons obtenu toutes les informations nécessaires et bénéficié de tout
    le soutien organisationnel requis pour nos visites d'information.

    17. Le tableau relatif au respect des engagements pris par
    l'Azerbaïdjan lors de son adhésion est joint au présent rapport (voir
    annexe 1). 2. Situation géopolitique du pays 2.1. Contexte régional et
    géopolitique

    18. La situation de l'Azerbaïdjan sur le plan politique et de la
    sécurité étant dans une grande mesure déterminée par le contexte
    géopolitique, elle ne peut guère être examinée en faisant abstraction
    de ce dernier. Le pays jouxte la Fédération de Russie, l'Iran et
    l'Arménie.

    19. Dans cette société séculaire et multireligieuse, l'immense
    majorité de la population est musulmane (plus de 97 %), Ã dominante
    chiite. Toutefois, en Azerbaïdjan, contrairement à la plupart des
    autres pays musulmans, chiites et sunnites fréquentent souvent les
    mêmes mosquées et il n'y a aucun conflit entre eux. Pour l'heure, le
    gouvernement azerbaïdjanais est parvenu à tenir à distance le
    fondamentalisme islamique et veille à ce que les autres religions
    puissent être pratiquées librement. Nous avons examiné de près la
    question des libertés religieuses et y reviendrons plus en détail dans
    l'un des chapitres suivants.

    20. Depuis son indépendance, l'Azerbaïdjan s'est efforcé, dans le
    cadre de sa politique étrangère, de trouver un équilibre dans ses
    relations avec l'Union européenne, la Turquie, l'Iran et ses autres
    voisins de la mer Caspienne, la Fédération de Russie et les
    Etats-Unis. Il entretient également des relations cordiales avec
    Israël. Les autorités ont toujours affiché leurs aspirations
    pro-européennes et mené une politique d'intégration aux structures
    euro-atlantiques.

    21. En ce qui concerne la politique étrangère de l'Azerbaïdjan,
    l'actualité est dominée par le conflit en cours avec l'Arménie au
    sujet du Haut-Karabakh. Cette question sera traitée dans le prochain
    chapitre.

    22. Les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Iran sont influencées par
    divers facteurs, parmi lesquels la présence d'une vaste minorité
    ethnique azérie de plusieurs millions de personnes dans le nord de
    l'Iran, les craintes récurrentes d'infiltrations islamiques par la
    frontière du sud avec l'Iran ou encore la coopération dans le secteur
    de l'énergie. Ces relations se caractérisent également par des
    tensions périodiques. Une partie de la classe politique iranienne
    considère même ouvertement l'Azerbaïdjan comme une simple province de
    la République islamique d'Iran. Bien conscientes de cette menace
    potentielle et craignant en particulier de perdre leur laïcité dans ce
    contexte géopolitique, les autorités azerbaïdjanaises recherchent
    clairement un soutien politique ferme de la part de l'Union
    européenne. Elles se veulent également le partenaire fiable, moderne
    et laïc de l'Union européenne aux frontières orientales de l'Europe.

    23. Les incidents suivants avec l'Iran illustrent bien le problème :
    le 19 janvier 2012, le ministère azerbaïdjanais de la sécurité
    nationale a annoncé avoir découvert qu'un groupe terroriste planifiait
    l'assassinat de personnalités publiques. D'après le ministère, deux
    citoyens azerbaïdjanais, qui étaient en contact avec les services
    spéciaux iraniens, avaient fait entrer illégalement des armes à feu et
    des explosifs en Azerbaïdjan depuis l'Iran. Ils ont été détenus par
    les forces de sécurité azerbaïdjanaises. La dénonciation de ce complot
    a entraîné une véritable épreuve de force.

    24. Dernièrement, l'Iran a également accusé l'Azerbaïdjan d'avoir
    permis le passage en toute sécurité d'agents des services secrets
    israéliens qu'il tenait pour responsables des deux derniers d'une
    série d'assassinats ou de tentatives d'assassinat de scientifiques
    nucléaires iraniens, ayant eu lieu en janvier 2012. L'Azerbaïdjan a
    réfuté ces accusations et affirmé, par la voix du porte-parole du
    ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, M. Elman Abdullayev,
    que la position de l'Iran était une « réaction absurde » aux doléances
    de l'Azerbaïdjan concernant le complot qui aurait été orchestré par
    des agents iraniens en vue de l'assassinat d'Israéliens en
    Azerbaïdjan.

    25. L'Azerbaïdjan a établi de bonnes relations avec les Etats-Unis. La
    visite de la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à Bakou en
    juin 2012 peut être considérée comme une confirmation de l'importance
    de l'Azerbaïdjan en tant qu'allié stratégique dans la région, Ã la
    fois en sa qualité de producteur d'énergie et pour sa proximité avec
    l'Iran.

    26. La Fédération de Russie joue également un rôle important dans la
    politique étrangère de l'Azerbaïdjan, notamment dans les négociations
    relatives au conflit du Haut-Karabakh. Un nombre considérable de
    ressortissants azerbaïdjanais travaillent et vivent en Russie.

    27. En 2009, les autorités se sont montrées vivement préoccupées par
    l'amélioration des relations entre l'Arménie et la Turquie en
    l'absence de solution au problème du Haut-Karabakh. L'établissement de
    relations diplomatiques entre ces deux pays et la réouverture de la
    frontière fermée par la Turquie en 1993 par solidarité avec
    l'Azerbaïdjan à la suite du conflit du Haut-Karabakh ont été perçus
    par l'Azerbaïdjan comme une menace pour la stabilité de la région.

    28. Enfin, et ce n'est pas négligeable, la richesse des ressources de
    l'Azerbaïdjan en pétrole et en gaz font de ce pays la cible d'intérêts
    et de stratégies divergents. Comme nous le verrons plus loin,
    l'Azerbaïdjan est et sera un important fournisseur de pétrole et de
    gaz naturel, notamment vers l'Europe. Les revendications
    conflictuelles concernant les frontières maritimes et la délimitation
    des fonds marins de la mer Caspienne entre tous les pays riverains, et
    en particulier entre l'Azerbaïdjan et l'Iran, créent un climat
    d'incertitude permanente20.

    2.2. Conflit du Haut-Karabakh

    29. Lors de son adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé Ã « poursuivre
    les efforts pour résoudre ce conflit exclusivement par des moyens
    pacifiques » et à « régler les différends internationaux et internes
    par des moyens pacifiques et selon les principes de droit
    international (obligation qui incombe à tous les Etats membres du
    Conseil de l'Europe), en rejetant résolument toute menace d'employer
    la force contre ses voisins ».

    30. Depuis l'accord de cessez-le-feu de 1994, les négociations
    relatives au conflit du Haut-Karabakh ont été menées au sein du groupe
    de Minsk, coprésidé par la France, la Fédération de Russie et les
    Etats-Unis, mais elles n'ont malheureusement donné aucun résultat
    tangible jusqu'ici. L'absence de progrès réels dans la résolution du
    conflit suscite un profond mécontentement au sein du gouvernement et
    de l'opinion publique. Nous avons constaté que la communauté
    internationale, Ã laquelle on peut reprocher de n'avoir pas respecté
    ses propres résolutions relativement à ce conflit, exerce par ailleurs
    une pression politique considérable sur l'Azerbaïdjan dans d'autres
    domaines.

    31. Dix-huit ans après l'accord de cessez-le-feu, aucune solution
    pacifique n'a été trouvée : près de 20 % du territoire azerbaïdjanais,
    et notamment le Haut-Karabakh et sept districts environnants, est
    toujours occupé. Quelque 900 000 personnes, soit 10 % de la population
    du pays, restent déplacées, ce qui pèse lourdement sur la situation
    économique et sociale de l'Azerbaïdjan21.

    32. Lors de notre visite en février 2012, nous nous sommes rendus dans
    l'un des camps de réfugiés de la banlieue de Bakou et avons rencontré
    le secrétaire d'Etat aux réfugiés et aux personnes déplacées, qui nous
    a dressé un panorama exhaustif de la situation.

    33. Dans le rapport de la mission d'évaluation sur le terrain des
    coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE réalisée dans les
    territoires occupés adjacents au Haut-Karabakh, publié fin 2010, les
    coprésidents, évoquant les conséquences humanitaires désastreuses
    qu'ils ont pu observer dans ces territoires, ont souligné que « la
    dure réalité de la situation dans ces territoires ne fait que
    conforter le point de vue des coprésidents selon lequel le statu quo
    est inacceptable, et que seul un règlement pacifique négocié peut
    apporter la perspective d'un avenir meilleur et plus sûr aux personnes
    qui vivaient dans ces territoires et à celles qui y vivent aujourd'hui
    »22.

    34. Sur fond de tensions croissantes le long de la ligne de contact,
    les efforts de médiation n'ont apporté que des avancées très limitées
    dans l'enquête portant sur la violation de l'accord de cessez-le-feu.

    35. Nous avons appris que le conflit, qui est qualifié de « gelé »,
    fait chaque jour des victimes. D'après les informations que nous avons
    obtenues lors de nos visites, environ 30 personnes sont tuées chaque
    année, et plus encore sont blessées. Comme l'a dit un intervenant lors
    de la discussion sur l'Azerbaïdjan au sein de la commission, « le pays
    n'est ni en guerre, ni en paix ».

    36. L'Assemblée parlementaire a essayé de contribuer au processus de
    paix. En 2005, elle adoptait la Résolution 1416 (2005) sur le conflit
    du Haut-Karabakh traité par la Conférence de Minsk de l'OSCE, dans
    laquelle elle décidait de participer activement à l'établissement d'un
    climat positif autour du processus de paix, sans intervenir dans les
    négociations. Le Bureau de l'Assemblée créa une commission ad hoc
    chargée d'assurer la mise en Å`uvre de cette résolution, composée des
    présidents des délégations nationales de l'Arménie et de
    l'Azerbaïdjan, des corapporteurs pour ces deux pays, de représentants
    des groupes politiques non représentés par les membres précités et de
    représentants du principal parti d'opposition de chaque pays. Le
    regretté Lord Russell-Johnston fut nommé président et remplacé ensuite
    par M. Jordi Xuclà i Costa.

    37. Le travail de cette commission ad hoc a été rendu difficile, dès
    le départ et plus encore après le décès de son premier président, par
    un manque de coopération du côté arménien. Durant toute l'année 2011,
    les membres arméniens ont refusé de prendre part aux réunions23. La
    commission ad hoc n'a pas encore été reconstituée en 2012, la
    situation étant restée inchangée.

    38. Au cours de nos visites en Azerbaïdjan, nous avons pu observer un
    consensus politique général à propos du conflit, et bon nombre de nos
    interlocuteurs, parmi lesquels les représentants de la société civile,
    se sont dits déçus par l'indifférence et la passivité de la communauté
    internationale, y compris au sein du Conseil de l'Europe. Nous avons
    même entendu des accusations selon lesquelles une politique de deux
    poids, deux mesures aurait été appliquée aux pays concernés.

    39. Il est également très inquiétant de constater que l'inefficacité
    de la médiation internationale entraîne une fréquence accrue des
    propos hostiles et des menaces de recours à la force dans les
    déclarations publiques. L'augmentation du budget de la défense de
    l'Azerbaïdjan est une autre source de vive préoccupation. Depuis 2005,
    il a augmenté de 70 %, et notamment de 45 % entre 2010 et 201124. En
    2011, les dépenses d'armement représentaient 3,1 milliards de dollars
    sur un budget total de l'Etat de 15,9 milliards de dollars (19,47
    %)25.

    40. Il est évident que l'incapacité Ã résoudre ce conflit, qui touche
    Ã l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, a pesé sur l'évolution du
    pays dans tous les secteurs. L'occupation permanente des territoires
    en question et la présence de réfugiés et de personnes déplacées Ã
    l'intérieur de leur pays restent un problème important. La réussite
    des initiatives de règlement de ce conflit, qui a été un frein au
    développement interne du pays dans le domaine politique, économique,
    institutionnel et social, est déterminante pour les progrès
    démocratiques futurs de l'Azerbaïdjan.

    41. Cela étant, seule une solution pacifique peut être envisagée : par
    conséquent, l'Azerbaïdjan et l'Arménie devraient redoubler d'efforts
    pour parvenir à un accord sur les principes de Madrid, conformément
    aux engagements pris par les présidents de ces deux pays dans le cadre
    du groupe de Minsk. Nous avons noté, cependant, que la crédibilité de
    ce format est de plus en plus contestée. 2.3. Relations avec l'Union
    européenne

    42. Les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Union européenne sont
    régies par l'Accord de partenariat et de coopération (APC) Union
    européenne-Azerbaïdjan signé en 1996 et entré en vigueur en 1999. Les
    principaux objectifs et priorités de coopération sont définis dans le
    Document de stratégie par pays 2007-2013.

    43. A la suite de son élargissement en 2004, l'Union européenne a
    lancé la Politique européenne de voisinage (PEV) avec cinq pays, dont
    l'Azerbaïdjan. La PEV définit des objectifs ambitieux reposant sur
    l'attachement de l'Union européenne et de l'Azerbaïdjan à des valeurs
    communes, en particulier le respect de la souveraineté, de l'intégrité
    territoriale et de l'inviolabilité des frontières internationalement
    reconnues des uns et des autres ainsi que les valeurs démocratiques.

    44. Un plan d'action de la PEV visant à « rapprocher sensiblement la
    législation et les normes azerbaïdjanaises de celles de l'Union
    européenne » a été adopté en 2006. Il définit plusieurs domaines
    prioritaires, parmi lesquels la contribution au règlement pacifique du
    conflit du Haut-Karabakh, le renforcement de la démocratie dans le
    pays, au moyen notamment d'un processus électoral équitable et
    transparent conforme aux exigences internationales, le renforcement de
    la protection des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de
    l'Etat de droit conformément aux engagements internationaux de
    l'Azerbaïdjan, la lutte contre la corruption ou encore l'intégration
    économique. A plusieurs reprises, ce plan d'action fait directement
    référence au travail du Conseil de l'Europe et à nos activités de
    suivi26.

    45. Ce plan d'action est arrivé Ã expiration le 31 décembre 2011, mais
    les deux parties ont convenu de l'étendre pour une durée indéterminée,
    jusqu'Ã la signature de l'Accord d'association actuellement en cours
    de négociation.

    46. En 2007-2010, l'enveloppe consacrée à l'Instrument européen de
    voisinage et de partenariat était de 88 millions d'euros. Le nouveau
    Programme indicatif national pour 2011-2013 est quant à lui doté d'un
    budget de 122,5 millions d'euros. Cette hausse témoigne de l'intérêt
    accru pour un renforcement de la coopération. Le but de ce programme
    est la réalisation des objectifs et priorités du plan d'action :
    structures démocratiques et bonne gouvernance ; réforme
    socio-économique et développement durable, commerce et investissements
    ; partenariat et coopération dans divers domaines dont l'énergie, la
    mobilité et la sécurité.

    47. L'Azerbaïdjan participe activement au Partenariat oriental, lancé
    en 2009, qui s'appuie sur la PEV. C'est aussi un membre fondateur
    d'Euronest.

    48. Le 15 juillet 2010, des négociations ont été engagées en vue de la
    conclusion d'un Accord d'association Union européenne-Azerbaïdjan, qui
    devrait succéder à l'Accord de partenariat et de coopération, mais
    elles progressent lentement. Une fois signé, cet accord couvrira un
    grand nombre de domaines, et notamment le dialogue politique, la
    justice, la liberté et la sécurité ainsi que la coopération
    économique, ce qui renforcera considérablement l'intégration
    économique et l'association politique de l'Azerbaïdjan avec l'Union
    européenne.

    49. Cette intensification du dialogue politique est strictement liée
    au renforcement des relations économiques. Depuis 2004, l'Union
    européenne est le principal partenaire commercial de l'Azerbaïdjan. En
    2010, les échanges commerciaux avec l'Union européenne représentaient
    42,5 % du total des échanges de l'Azerbaïdjan.

    50. Bien que la part de l'Azerbaïdjan dans le volume global des
    échanges de l'Union européenne reste très faible (moins de 0,5 %), le
    pays reste un fournisseur majeur de pétrole et de gaz vers l'Union
    européenne. Son importance stratégique particulière est reconnue dans
    le mémorandum d'accord sur l'énergie conclu en 2006 entre l'Union
    européenne et l'Azerbaïdjan.

    51. Le pétrole et le gaz de la mer Caspienne sont acheminés vers
    l'Union européenne par des oléoducs et gazoducs qui traversent la
    Géorgie et la Turquie, ainsi que par voie ferrée jusqu'aux ports
    géorgiens de Poti et Batoumi. Un « couloir méridional »
    d'acheminement, qui inclurait notamment le gazoduc Nabucco, est en
    projet. L'accord de construction du gazoduc transanatolien (TANAP),
    qui pourrait être une solution de remplacement au gazoduc Nabucco,
    prévoit l'acheminement futur de gaz vers l'Europe via un « couloir
    méridional ». 2.4. Signature et ratification des conventions du
    Conseil de l'Europe

    52. A la date du 5 juin 2012, l'Azerbaïdjan avait signé et ratifié 56
    des 213 conventions du Conseil de l'Europe, et notamment tous les
    instruments juridiques figurant dans la liste des engagements, sauf
    un.

    53. Il s'agit de la Charte européenne des langues régionales ou
    minoritaires (STE n o 148), qui a été signée le 21 décembre 2001 mais
    n'a pas été ratifiée, en dépit de l'engagement qui a été pris de le
    faire dans un délai d'un an suivant l'adhésion.

    54. Au cours de notre visite en février 2012, nous avons été informés
    que le processus de ratification est en cours, mais qu'il progresse
    lentement. On peut supposer que la réticence des autorités en la
    matière est liée à la crainte que la mise en Å`uvre de la Charte ne
    soit utilisée de manière abusive par certains groupes radicaux dans
    les régions proches de la frontière iranienne.

    55. Dans son rapport biennal de 2012 sur l'application de la Charte
    européenne des langues régionales ou minoritaires27, le Secrétaire
    Général a invité les autorités de l'Azerbaïdjan à tirer profit de
    l'aide juridique des experts du Conseil de l'Europe en vue d'élaborer
    un instrument de ratification qui tienne pleinement compte des
    problèmes spécifiques pouvant exister dans le pays. Au cours de la
    partie de session d'avril 2012 de l'Assemblée à Strasbourg, nous avons
    rencontré les membres du Secrétariat de la Charte, qui nous ont fourni
    des informations intéressantes sur les garanties contre l'utilisation
    abusive des dispositions de la Charte. Nous espérons pouvoir
    convaincre les autorités d'accélérer le processus de ratification et
    de le conclure sans plus attendre.

    56. Enfin, l'Azerbaïdjan n'a pas encore signé la version actualisée de
    la Convention sur le blanchiment de capitaux et le financement du
    terrorisme (STCE n° 198). Nous avons appris que ce processus était
    également en cours. 3. Situation économique et sociale

    57. L'économie de l'Azerbaïdjan a connu un déclin important après
    l'effondrement de l'Union soviétique et n'a commencé Ã se redresser
    que dans le milieu des années 1990. Après une croissance
    exceptionnellement rapide entre 2001 et 2010, qui atteignait en
    moyenne plus de 16 % au cours de cette période28et était largement
    tirée des exportations de pétrole, la croissance du produit intérieur
    brut (PIB) réel s'est quasiment arrêtée en 2011, Ã +0,1 %.

    58. Le pétrole et le gaz restent des facteurs essentiels dans
    l'économie de l'Azerbaïdjan, puisqu'ils représentent plus de 40 % du
    PIB29. Le prix élevé du pétrole a largement profité Ã l'économie du
    pays. Toutefois, en 2011, le volume total des exportations de produits
    pétroliers a chuté de 21,6 %. Selon des sources officielles
    azerbaïdjanaises, la baisse dans le secteur du pétrole et du gaz était
    due à des travaux de réparation sur certaines plateformes de forage et
    dans certaines raffineries.

    59. L'Azerbaïdjan est considéré comme l'une des régions les plus
    importantes du monde en termes d'exploration et de développement des
    gisements de pétrole et de gaz. Les réserves de pétrole prouvées dans
    le bassin Caspien, que le pays partage avec la Russie, le Kazakhstan,
    l'Iran et le Turkménistan, sont estimées à 7 milliards de barils30, un
    volume comparable en taille aux réserves de la mer du Nord.

    60. L'Union européenne est le principal consommateur d'hydrocarbures
    azerbaïdjanais : elle représente près de la moitié des exportations du
    pays.

    61. L'Azerbaïdjan a conclu plusieurs accords de partage de la
    production avec diverses sociétés pétrolières. La production totale du
    pays est assurée à moins de 20 % par la compagnie pétrolière nationale
    de la République d'Azerbaïdjan (SOCAR) et à 80 % par l'AIOC
    (Azerbaijan International Operating Company) dirigée par BP31. Les
    grandes sociétés pétrolières internationales ont investi plus de 60
    milliards de dollars dans l'extraction, la production et le transport
    du pétrole de l'Azerbaïdjan. En 2006, l'oléoduc BTS transportant le
    pétrole de la mer Caspienne vers la Méditerranée via la Géorgie et la
    Turquie est entré en service. Il achemine près de 80 % des
    exportations de pétrole de l'Azerbaïdjan, les 20 % restants étant
    partagés entre deux autres oléoducs (Bakou-Novorossiysk sur la mer
    Noire en Russie et Bakou-Supsa sur la mer Noire en Géorgie). Un «
    couloir méridional » incluant l'oléoduc de Nabucco est en
    construction. A noter également, comme indiqué plus haut, l'accord
    concernant le gazoduc transanatolien, qui a été ratifié par le
    Parlement azerbaïdjanais le 20 novembre 2012.

    62. L'Azerbaïdjan a déployé des efforts considérables pour moderniser
    et réformer son économie. Le gouvernement a engagé des réformes de la
    réglementation dans plusieurs domaines et a notamment entrepris une
    ouverture marquée de la politique commerciale, mais l'impact de ces
    réformes est limité en raison de l'inefficacité de l'administration
    publique. Le gouvernement a pratiquement terminé la privatisation des
    terres agricoles et des petites et moyennes entreprises. Toutefois,
    l'Etat continue de jouer un rôle très important dans l'industrie et il
    reste encore beaucoup à faire pour développer l'économie, notamment
    par la modernisation de l'administration fiscale et douanière et le
    renforcement de la lutte contre la corruption.

    63. La place prépondérante de la dépense publique dans la croissance
    non liée au pétrole et le faible rôle du commerce extérieur sont des
    sources de préoccupation. Parmi les autres problèmes, on peut citer le
    taux de chômage des jeunes relativement élevé et les points faibles du
    contexte pour les investisseurs, y compris les petites et moyennes
    entreprises (corruption, transparence budgétaire et gestion des
    affaires publiques notamment).

    64. Le principal défi pour l'économie de l'Azerbaïdjan sera de
    conforter cette croissance, notamment par la diversification,
    c'est-Ã-dire le développement des secteurs non pétroliers. De
    nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour favoriser le
    développement du secteur privé par l'amélioration de la gouvernance
    économique et l'ouverture de la concurrence32.

    65. L'Azerbaïdjan a présenté une demande d'adhésion à l'Organisation
    mondiale du commerce (OMC) en 1997. Le processus de négociation est en
    cours mais avance très lentement. L'adhésion pourrait avoir lieu en
    2013 au plus tôt.

    66. En dépit du ralentissement de l'activité économique, l'Azerbaïdjan
    a maintenu une stabilité macroéconomique, continué Ã lutter contre la
    pauvreté et encouragé la diversification de l'économie. D'après la
    Banque mondiale, l'Azerbaïdjan a obtenu des résultats remarquables en
    réussissant à faire baisser le taux de pauvreté de 49 % en 2001 à près
    de 9 % en 2010. Cette performance est d'autant plus impressionnante
    que, d'après les estimations, une personne sur neuf en Azerbaïdjan est
    une personne déplacée dans son pays des suites du conflit du
    Haut-Karabakh. Le recul de la pauvreté est également spectaculaire si
    on le compare aux résultats obtenus dans d'autres pays, notamment ceux
    de la région.

    67. Les inégalités ont régressé, le coefficient de Gini ayant baissé
    de près de 8 % pour passer à 34 % en 2008. En 2010, la différence de
    revenu moyen entre les villes et les zones rurales était relativement
    faible, avec des coefficients de 33 % et 27 % respectivement33.

    68. Le gouvernement met actuellement à exécution un plan d'action
    2011-2015 en vue de la mise en Å`uvre du programme d'Etat pour la
    réduction de la pauvreté et le développement durable.

    69. Le taux de chômage, qui reste relativement faible, s'élevait à 5,5
    % en 2011. Il y a eu une augmentation marquée des salaires réels.

    70. En 2005, le président a signé une stratégie nationale en faveur de
    l'emploi pour 2006-2013, élaborée en coopération avec l'OIT et axée en
    particulier sur la formation professionnelle, le développement des
    petites et moyennes entreprises et la protection sociale.

    71. Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. L'accès aux
    équipements de santé essentiels, en particulier pour les tranches les
    plus pauvres de la population, reste préoccupant. Dans le classement
    des pays suivant l'indice de développement humain (IDH), qui tient
    compte de la santé, de l'éducation et du revenu, l'Azerbaïdjan se
    place encore derrière les pays comparables d'Europe et d'Asie
    centrale. Les évaluations menées par la Banque mondiale et
    l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
    mettent en évidence des inégalités dans l'accès à l'éducation et à la
    santé. 4. Situation politique

    72. La période faisant l'objet du présent rapport a été marquée par
    l'élection présidentielle d'octobre 2008 et les élections législatives
    de novembre 2010, ainsi que par la réforme constitutionnelle faisant
    suite au référendum de mars 2009 sur les amendements et ajouts à la
    Constitution. Les élections municipales se sont tenues en décembre
    2009.

    73. Sur les sept candidats à la présidence enregistrés par la
    Commission électorale centrale, le président sortant, M. Ilham Aliev,
    soutenu par le parti au pouvoir, a remporté l'élection avec 88,73 %
    des suffrages exprimés et un taux de participation de 75,64 %. La
    commission ad hoc de l'Assemblée parlementaire qui a observé les
    élections a conclu qu'en dépit d'un certain nombre de manquements, les
    résultats de l'élection tenue le 15 octobre 2008 « traduisaient la
    volonté de l'électorat national »34.

    74. Lors des élections législatives du 7 novembre 2010, le parti au
    pouvoir, le Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP), a remporté la majorité,
    avec 71 sièges (sur 125). Les candidats indépendants ont obtenu 42
    sièges, le parti de la solidarité civique trois sièges, le parti Ana
    Vatan deux sièges, tandis que le parti UMID, l'Union des citoyens, le
    parti Adalat, le parti des réformes démocratiques, le parti du Front
    populaire uni, le parti de la prospérité sociale et le parti de la
    grande construction ont obtenu un siège chacun. Le taux de
    participation était de 49,56 %. Dans leur déclaration commune, les
    observateurs de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, de
    l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, du Parlement européen et du
    BIDDH/OSCE ont conclu que « le processus dans sa globalité ne
    constituait pas un progrès significatif dans le sens de la démocratie
    »35.

    75. Bien qu'ils apportent des modifications positives comme
    l'inscription dans la constitution du principe de l'accès public des
    sessions du parlement et de l'obligation de publication des décisions
    de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle ainsi que des lois
    adoptées, mais aussi l'extension de la compétence de l'initiative
    législative à 40 000 citoyens, les amendements constitutionnels de
    2009 instaurent d'autres règles qui suscitent des inquiétudes.

    76. Parmi ces dernières figure en particulier la possibilité d'une
    réélection illimitée du président36. En effet, la limitation
    constitutionnelle expresse des mandats présidentiels consécutifs est
    particulièrement importante dans les pays dont les structures
    démocratiques et la culture politique n'ont pas encore été
    consolidées. Les critiques formulées lors des élections successives ne
    font que renforcer ces craintes.

    77. Les autres points préoccupants dans les amendements
    constitutionnels de 2009 sont la prolongation du mandat du Milli
    Mejlis (Parlement de l'Azerbaïdjan) et du président en cas
    d'opérations militaires, les modifications relatives aux organes de
    l'autonomie locale, non conformes à la Charte européenne de
    l'autonomie locale (STE n o 122)37 et les restrictions imposées à la
    liberté des médias.

    78. Il est à noter que les autorités n'avaient pas, avant la tenue du
    référendum, sollicité l'avis de la Commission de Venise sur les
    amendements proposés, malgré l'impact considérable de ces derniers sur
    le fonctionnement des institutions démocratiques. La demande d'avis a
    été présentée fin janvier 2009 par la commission de suivi et le
    Secrétaire Général du Conseil de l'Europe. Toutefois, l'avis n'a été
    adopté qu'en mars 2009, quelques jours avant le référendum, et n'a pas
    été pris en compte par les autorités azerbaïdjanaises38.

    79. Le taux de participation au référendum sur les amendements, tenu
    le 18 mars 2009, était de 70,83 %. Les 41 amendements, présentés en 29
    questions, ont été acceptés, avec un pourcentage de « oui » variant
    entre 87,15 et 91,76 %. Une délégation de l'Assemblée parlementaire
    était présente lors du référendum.

    80. Les élections municipales ont été observées par une délégation du
    Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, qui
    les a considérées « comme un élément symptomatique de la situation
    encore insatisfaisante de la démocratie locale et plus généralement de
    la faiblesse des gouvernements locaux en Azerbaïdjan »39.

    81. Depuis les élections législatives de 2005, les relations entre les
    autorités et l'opposition sont restées tendues et se sont
    caractérisées par une absence quasi totale de dialogue entre les deux
    parties. En dépit de la participation de l'opposition aux élections de
    2005, certains partis d'opposition ont décidé de ne pas se présenter Ã
    l'élection suivante, évoquant des entraves à l'égalité des chances, et
    ceux qui y ont pris part se sont finalement retirés de la répétition
    partielle des élections législatives dans 10 circonscriptions en mai
    2006 et de l'élection présidentielle d'octobre 2008, en guise de
    protestation. Lors des élections de 2005, le parti au pouvoir (Parti
    du nouvel Azerbaïdjan - YAP) a remporté 64 des 125 sièges tandis que
    45 sièges sont revenus à des candidats indépendants, qui soutiennent
    dans l'ensemble le parti au pouvoir mais sont parfois critiques Ã
    l'égard des autorités. Le parti d'opposition Musavat comptait quatre
    députés au parlement. Certains partis d'opposition, parmi lesquels le
    parti du Front populaire d'Azerbaïdjan, ont refusé d'occuper leurs
    sièges au parlement.

    82. Lors des élections de 2010, l'opposition était désunie et très
    fragmentée (cinq blocs et deux partis) ; de ce fait, très peu de
    candidats de l'opposition ont remporté des sièges (nous reviendrons
    sur la question des élections dans le chapitre intitulé «
    Fonctionnement de la démocratie pluraliste »).

    83. L'absence de véritable dialogue politique a malheureusement été
    aggravée par la détérioration du contexte politique. Nous jugeons
    inquiétantes les informations faisant état de restrictions de la
    liberté d'expression et de réunion ainsi que de violations des droits
    de l'homme, et notamment d'actes de harcèlement et de violence Ã
    l'encontre de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme,
    d'avocats et de militants. Ces questions seront également examinées
    plus en détail dans les chapitres suivants.

    84. Le recours excessif à la force par la police pour disperser les
    manifestations de protestation qui ont eu lieu à Bakou en mars et en
    avril 2011, ainsi que la détention de participants, soulève des
    préoccupations légitimes. Quinze personnes ayant écopé de peines
    d'emprisonnement de deux à trois ans pour hooliganisme à cette
    occasion ont été considérées par Amnesty International comme des
    prisonniers d'opinion. Fort heureusement, toutes ont désormais été
    libérées, soit sur décision de justice, soit à la suite de grces
    présidentielles. Nous reviendrons sur ce point dans le cadre plus
    général du chapitre consacré Ã l'Etat de droit, où nous nous penchons
    sur l'application restrictive du Code pénal et l'indépendance du
    pouvoir judiciaire, et continuerons à suivre l'évolution de la
    situation des différents prisonniers politiques présumés dans nos
    visites d'information et rapports futurs.

    85. En mai 2012, l'Azerbaïdjan s'est retrouvé sous les feux des
    projecteurs en accueillant le Concours Eurovision de la chanson 2012.
    Des militants azerbaïdjanais ont saisi cette occasion pour attirer
    l'attention de la communauté internationale sur les violations des
    droits de l'homme commises par les autorités, en lançant une campagne
    intitulée « Chanter pour la démocratie » avec le soutien d'Amnesty
    International.

    86. Dans tous nos contacts avec les plus hautes autorités, nous avons
    exprimé notre profonde conviction qu'il est de l'intérêt supérieur du
    processus démocratique et du parti au pouvoir lui-même d'affronter
    l'opposition au sein d'un organe représentatif et d'engager un
    dialogue politique vraiment significatif dans le cadre parlementaire.

    87. Nous avons également insisté sur le fait que l'on ne peut
    s'affranchir des critiques par une limitation de la liberté
    d'expression et de réunion. 5. Fonctionnement de la démocratie
    pluraliste 5.1. Elections libres et équitables

    88. Depuis l'adhésion de l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe en 2001,
    deux élections présidentielles (en 2003 et 2008) et deux élections
    législatives (en 2005, suivie d'une répétition partielle en 2006, et
    en 2010) ont eu lieu. Toutes ont été observées par l'Assemblée40.
    Malheureusement, aucun de ces scrutins ne respectait pleinement les
    normes démocratiques.

    89. Les élections de 2005 ont même conduit à la contestation des
    pouvoirs de la délégation azerbaïdjanaise pour des raisons
    substantielles au sein de l'Assemblée parlementaire41 et à la
    répétition partielle des élections en 2006.

    90. Récemment, la Cour européenne des droits de l'homme a rendu des
    arrêts dans sept affaires (sur 35 jugées recevables) relatives aux
    élections législatives de 2005 en Azerbaïdjan, dans lesquels elle a
    conclu à une violation de l'article 3 du protocole n° 1 (droit à des
    élections libres)42. Cinq affaires portaient sur des plaintes,
    présentées entre autres par les dirigeants des partis d'opposition,
    concernant l'invalidation arbitraire des résultats du scrutin dans la
    circonscription électorale des requérants, cette invalidation les
    ayant privés de la victoire. Une autre affaire concernait une plainte
    portant sur l'examen arbitraire et inefficace des réclamations du
    requérant à propos d'irrégularités électorales. Après avoir rendu cet
    arrêt, la Cour a radié sept autres requêtes analogues, Ã la suite
    d'une déclaration unilatérale du gouvernement dans laquelle ce dernier
    reconnaissait les violations invoquées. Le dernier arrêt concernait le
    refus arbitraire d'inscrire le requérant sur la liste des candidats
    aux élections législatives.

    91. Au cours de la période considérée, comme nous l'avons déjÃ
    indiqué, une élection présidentielle et une élection législative ont
    eu lieu. En 2008, l'élection présidentielle a été observée par des
    observateurs internationaux du Bureau des institutions démocratiques
    et des droits de l'homme de l'OSCE (OSCE/BIDDH), de l'Assemblée
    parlementaire du Conseil de l'Europe et du Parlement européen43. Dans
    une déclaration commune, ils ont conclu que des progrès considérables
    avaient été accomplis dans l'organisation de l'élection présidentielle
    en Azerbaïdjan mais que tous les engagements internationaux souscrits
    par le pays n'avaient pas été remplis et que des efforts
    supplémentaires étaient nécessaires pour répondre à des engagements
    internationaux cruciaux, notamment ceux ayant trait au pluralisme, Ã
    la neutralité dans l'environnement de la campagne et aux médias. Les
    observateurs ont noté que cinq partis d'opposition avaient boycotté
    l'élection en invoquant des entraves persistantes à l'égalité des
    chances.

    92. Dans ses conclusions, la commission ad hoc a mis en évidence un
    certain nombre de lacunes dans le processus électoral, en particulier
    en ce qui concerne le Code électoral, la composition des commissions
    électorales, l'environnement médiatique et l'application restrictive
    de la loi sur la liberté de réunion.

    93. Lors de son adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé Ã « réviser la
    législation en matière d'élections, en particulier la loi sur la
    commission électorale centrale et la loi électorale, en tenant compte
    des recommandations faites par les observateurs internationaux lors
    des scrutins passés, de façon à ce que les prochaines élections
    législatives qui auront lieu en automne 2000 confirment définitivement
    les progrès effectués et que leurs résultats soient acceptés par la
    majorité des partis politiques participant aux élections, et qu'elles
    puissent être considérées comme libres et équitables par des
    observateurs internationaux ».

    94. Les autorités azerbaïdjanaises ont fait appel à l'expertise de la
    Commission de Venise pour la réforme du Code électoral juste avant les
    élections partielles de mai 2006. Les consultations se sont
    poursuivies jusqu'en 2008 et la loi sur les amendements au Code
    électoral a été adoptée par le parlement en juin 2008. Dans son avis
    sur ces amendements44, la Commission de Venise a fait remarquer que «
    certaines recommandations précédentes ne sont pas prises en compte
    dans les amendements ou en partie seulement ». Les aspects qui
    posaient le plus problème étaient la composition de la Commission
    électorale centrale (CEC) et des commissions électorales
    territoriales, l'enregistrement des candidats, les observateurs, la
    liste électorale et son exactitude, ainsi que les procédures de
    réclamation et de recours.

    95. Dans deux résolutions consécutives sur le fonctionnement des
    institutions démocratiques en Azerbaïdjan, adoptées en 2008 et 2010,
    l'Assemblée a demandé aux autorités de garantir les conditions
    permettant aux élections législatives de novembre 2010 d'être
    pleinement conformes aux normes européennes, et en particulier de
    coopérer avec la Commission de Venise en vue de réviser le Code
    électoral sur les questions en suspens, à savoir celles évoquées à la
    fin du paragraphe précédent.

    96. Ces deux résolutions demandaient également de mettre en place les
    conditions d'une campagne électorale équitable, notamment par
    l'application pleine et entière de la loi sur la liberté de réunion et
    par le respect de la liberté des médias.

    97. Ces problèmes n'avaient pas été pleinement résolus pour les
    élections législatives de novembre 2010 qui, selon les observateurs
    internationaux et notamment de ceux de l'Assemblée parlementaire, ne
    constituaient pas un progrès significatif dans le sens du
    développement démocratique du pays. Les observateurs étaient
    particulièrement préoccupés par les restrictions à la liberté des
    médias et à la liberté de réunion, ainsi que par les irrégularités
    dans le processus d'enregistrement des candidats. Ils ont également
    souligné que ces défaillances, ajoutées à un environnement entravant
    la compétition, ont instauré pour les candidats des règles du jeu
    inégales qui, pour les électeurs, ont limité la possibilité d'un choix
    informé. Enfin, ils se sont inquiétés des allégations crédibles
    d'intimidation des électeurs et des candidats, ainsi que d'abus de
    ressources administratives, de l'absence de recours juridiques
    effectifs contre les décisions relatives à des plaintes en matière
    électorale et du manque de pluralisme dans la couverture médiatique.
    Les observateurs ont déploré que les recommandations figurant dans
    l'avis de 2008 de la Commission de Venise n'aient pas été prises en
    compte.

    98. Malheureusement, plusieurs des problèmes soulevés lors des
    précédentes élections n'ont toujours pas été réglés à ce jour. La
    prochaine élection présidentielle est prévue pour la mi-2013. Lors de
    nos visites, nous avons souligné l'importance - déjà relevée dans les
    recommandations de la Commission de Venise - de réviser le Code
    électoral en vue d'assurer sa conformité avec les normes européennes.
    Nous espérons que cela sera fait pour la prochaine élection. 5.2.
    Pluralisme des partis

    99. L'Azerbaïdjan compte de nombreux partis politiques enregistrés,
    dont une grande partie sont critiques à l'égard des autorités.
    Toutefois, Ã la suite des élections de novembre 2010, plusieurs partis
    d'opposition n'ont remporté aucun siège au parlement. Comme nous
    l'avons déjà indiqué, le parti au pouvoir a obtenu 71 sièges sur 125,
    les autres se répartissant entre 45 candidats indépendants et des
    représentants uniques d'autres partis qui, de manière générale,
    soutiennent le parti au pouvoir, mais adoptent aussi une attitude
    souvent critique à l'égard des politiques gouvernementales.

    100. Certains partis d'opposition, parmi lesquels le parti Musavat et
    le parti du Front populaire d'Azerbaïdjan, ont contesté le résultat
    des dernières élections législatives. Les autorités ont toutefois
    attiré notre attention sur la fragmentation de l'opposition qui, selon
    elles, a contribué Ã la défaite de cette dernière.

    101. Le dialogue politique entre les autorités et les principaux
    partis d'opposition est largement insuffisant à nos yeux. Nous avons
    abordé cette question à chacune de nos visites. Les autorités ont bien
    souligné que l'absence de dialogue était due à l'attitude non
    constructive de l'opposition extraparlementaire.

    102. Cela étant, au cours de nos entretiens, les représentants de
    l'opposition extraparlementaire se sont plaints du climat de
    restriction permanent qui pèse sur leurs activités. et notamment des
    restrictions à la liberté d'expression et à la liberté de réunion,
    ainsi que du manque d'accès à la télévision publique ; il y aurait
    même eu, selon eux, des actes d'intimidation et de harcèlement, voire
    de persécution à l'encontre de certains membres et sympathisants (nous
    évoquerons ces questions plus en détail dans les chapitres suivants).
    Ils ont également évoqué les arrêts précités de la Cour européenne des
    droits de l'homme relatifs aux violations commises lors des élections
    de 2005 ainsi qu'un certain nombre d'affaires concernant les élections
    de 2010, en instance devant la Cour.

    103. Ils se sont déclarés préoccupés par le financement des partis
    politiques45 ainsi que par de graves problèmes d'ordre logistique, et
    notamment de difficultés à louer des locaux pour accueillir le siège
    de leurs partis et leurs antennes régionales.

    104. A la suite de leur défaite aux élections de 2010, les candidats
    des principaux partis d'opposition extraparlementaire ont créé, le 28
    décembre 2010, le Mouvement civique pour la démocratie ou « Chambre
    publique ». Cette grande formation d'opposition comprend notamment les
    dirigeants du parti Musavat et du parti du Front populaire
    azerbaïdjanais, ainsi que les dirigeants de huit autres partis
    politiques et des représentants de la société civile. L'objectif
    affiché de la Chambre publique est de promouvoir la démocratisation et
    de nouvelles solutions aux problèmes que rencontre le pays. Dans une
    déclaration publiée à l'issue de sa session de janvier 2012, la
    Chambre publique a fixé les grands objectifs de son action : assurer
    le respect des droits de l'homme et la liberté de réunion et créer les
    conditions permettant la tenue d'élections pleinement respectueuses
    des principes démocratiques.

    105. La Chambre publique ne regroupe pas l'ensemble de l'opposition
    extraparlementaire. Le 12 janvier 2012, des représentants de cinq
    partis d'opposition extraparlementaire (le parti du Front populaire
    classique, Aydinlar, le parti de la Société ouverte, le parti
    démocratique libéral et Azadliq) ont créé un nouveau « Mouvement de la
    résistance pour une société démocratique », dont l'objectif affiché
    est de réformer la législation électorale, de créer les conditions
    permettant la tenue d'élections conformes aux critères démocratiques,
    de combattre la corruption et de trouver une solution au problème du
    Haut-Karabakh.

    106. Ce nouveau mouvement est prêt à coopérer avec la Chambre publique
    et les deux formations négocient actuellement en vue d'une éventuelle
    fusion. Cela étant, leurs points de vue diffèrent pour ce qui est de
    l'évaluation de la situation et de la stratégie à adopter.

    107. En ce qui concerne le pluralisme des partis, nous tenons Ã
    évoquer ici les modifications de la loi de 2004 relative aux partis
    politiques, qui ont été adoptées récemment par le parlement. En
    décembre 2011, la Commission de Venise a adopté un avis sur ces
    modifications, à la demande du gouvernement46. Nous tenons à saluer
    ici le fait que le gouvernement ait décidé de solliciter l'expertise
    de la Commission de Venise, mais déplorons qu'il n'ait pas tenu compte
    de l'ensemble des recommandations de cette dernière.

    108. En 2004, la Commission de Venise avait déjà formulé un avis sur
    la première loi relative aux partis politiques et recensé un certain
    nombre de problèmes dans cette dernière. Malheureusement, les
    modifications proposées dernièrement ne portent pas sur les lacunes
    alors mises en évidence.

    109. En particulier, les nouveaux projets d'amendements ne tiennent
    pas compte de la question de la transparence du financement et de
    l'utilisation des fonds des partis politiques et des dons privés,
    question déjà soulevée par la Commission de Venise dans son avis de
    2004. Or, il s'agit là d'un problème majeur, qui peut être source de
    corruption et qui crée les conditions d'une concurrence déloyale entre
    les partis. De façon plus générale, le financement des partis demeure
    problématique, conduit à l'inégalité des chances et pénalise dans une
    large mesure les partis d'opposition.

    110. Outre le fait qu'elles ne tiennent pas compte de problèmes
    signalés antérieurement, les modifications proposées instaurent de
    nouvelles règles que la Commission de Venise critique dans son avis.
    Pour l'heure, on ne voit pas encore clairement quel organe serait
    chargé de prononcer la dissolution éventuelle de partis qui ne
    respecteraient pas la législation. L'impartialité et l'indépendance
    d'un tel organe doivent par ailleurs être garanties47. Cela dit, nous
    constatons avec satisfaction qu'Ã la suite de la recommandation de la
    Commission de Venise, la disposition qui portait de 1 000 Ã 5 000 le
    nombre minimal de membres nécessaire à l'enregistrement d'un parti
    politique a finalement été retirée du projet de loi.

    111. La création d'un système politique inclusif et d'un environnement
    favorisant l'instauration d'un pluralisme politique revêt une
    importance toute particulière dans la perspective de la prochaine
    élection présidentielle prévue en 2013. Il est encore temps de traiter
    un certain nombre de problèmes soulevés à maintes reprises par
    l'opposition et la société civile ainsi que par la communauté
    internationale, et notamment par l'Assemblée parlementaire et d'autres
    organes du Conseil de l'Europe, en particulier en ce qui concerne le
    Code électoral.

    112. Enfin, il y a lieu de s'attaquer aux problèmes persistants de
    restrictions aux libertés et de violations des droits de l'homme (que
    nous traiterons dans le chapitre suivant), ce afin de créer les
    conditions d'un environnement politique véritablement concurrentiel et
    sans entraves, de nature à promouvoir le pluralisme des partis.

    113. Une fois encore, nous tenons à souligner ici notre profonde
    conviction qu'il est de l'intérêt supérieur du processus démocratique
    et du parti au pouvoir lui-même d'affronter l'opposition au sein d'un
    organe représentatif et d'engager un dialogue politique vraiment
    significatif dans le cadre parlementaire. 5.3. Séparation et équilibre
    des pouvoirs

    114. Lors de l'adhésion, les autorités azerbaïdjanaises se sont
    engagées à « poursuivre les réformes visant à renforcer l'indépendance
    du pouvoir législatif vis-Ã-vis de l'exécutif pour que le premier
    puisse exercer le droit d'interpellation des membres du gouvernement
    ».

    115. La Constitution de l'Azerbaïdjan, adoptée en 1995, met en place
    un système présidentiel fort, encore renforcé par les amendements
    constitutionnels entrés en vigueur en 2002 et 2009. Tous les
    précédents rapports de suivi ont souligné la nécessité d'accroître le
    contrôle parlementaire sur l'exécutif afin de garantir l'équilibre des
    pouvoirs.

    116. Afin d'honorer cet engagement et de créer un mécanisme permettant
    au pouvoir législatif d'exercer le droit d'interpellation des membres
    du gouvernement, une loi constitutionnelle « sur les sauvegardes pour
    le vote de confiance du Milli Mejlis envers le gouvernement » a été
    adoptée en 2001.

    117. La Commission de Venise a observé dans son avis48 que cette loi
    n'introduisait aucun changement dans le système politique de
    l'Azerbaïdjan, mais prévoyait un mécanisme permettant au parlement
    d'exercer un certain contrôle sur l'exécutif au moyen d'un vote de
    défiance prenant la forme d'une recommandation. Tout renforcement
    substantiel du contrôle parlementaire nécessiterait une révision de la
    Constitution par référendum. En d'autres termes, la loi en question
    établit le cadre d'un mécanisme qui doit encore être instauré.
    Malheureusement, cela n'a pas été fait lors du référendum sur les
    amendements constitutionnels en 2009.

    118. La principale faiblesse du parlement est l'absence de véritable
    opposition. Comme nous l'avons déjà vu, certains partis d'opposition
    n'ont pas de représentants au sein de l'organe élu et ceux qui y
    siègent semblent soutenir le parti au pouvoir dans la plupart des cas.
    Cette perception, souvent sans fondement, est renforcée par les
    restrictions aux possibilités d'action parlementaire des membres
    individuels imposées dans le règlement interne actuel du Milli
    Meijlis.

    119. Conformément à ce règlement, il faut au minimum 25 députés pour
    constituer un groupe parlementaire, soit 20 % du total des députés
    (125). Dans la plupart des Etats membres du Conseil de l'Europe, ce
    chiffre oscille entre 3 % et 5 %. Un tel pourcentage élevé semble
    particulièrement inapproprié dans un parlement où l'opposition est si
    fragmentée. Les députés qui n'appartiennent pas au parti au pouvoir
    étant soit indépendants, soit les seuls représentants de différents
    partis, il n'y a qu'un groupe parlementaire, celui du parti au
    pouvoir. Par ailleurs, les possibilités d'action parlementaire dont
    bénéficient ces députés sont extrêmement limitées par rapport à celles
    des membres d'un groupe parlementaire. Ils sont donc privés de
    nombreux droits importants, indispensables à l'exercice de leurs
    fonctions.

    120. La nécessité d'une révision du règlement interne du Milli Meijlis
    a déjà été soulignée dans le rapport de 2007 sur le respect des
    obligations et engagements de l'Azerbaïdjan ; elle a également été
    mise en avant par nos interlocuteurs, non membres du parti au pouvoir,
    lors de notre réunion au sein du parlement. Nous partageons pleinement
    ce point de vue et sommes convaincus qu'un renforcement du rôle des
    membres individuels et une baisse du nombre de membres requis pour la
    création d'un groupe parlementaire contribueraient de manière
    significative à accroître le rôle du parlement.

    121. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour renforcer le
    contrôle parlementaire de l'exécutif et améliorer l'équilibre des
    pouvoirs dans un Etat caractérisé par un système présidentiel fort.
    Comme tous nos prédécesseurs, nous soulignons l'importance de
    renforcer l'application dans la pratique du principe de séparation des
    pouvoirs garanti par la Constitution, notamment par une consolidation
    du rôle du parlement vis-Ã-vis de l'exécutif.

    122. La question de l'indépendance de la magistrature est une autre
    source de préoccupation. Nous l'examinerons dans un chapitre distinct.
    5.4. Démocratie locale et régionale

    123. Lors de l'adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé Ã « signer et Ã
    ratifier, dans un délai d'un an suivant son adhésion, la Charte
    européenne de l'autonomie locale ». La charte a été ratifiée en 2002 ;
    depuis, l'Azerbaïdjan est soumis à la procédure de suivi du Congrès
    des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe (le Congrès).

    124. Le dernier rapport de suivi du Congrès a été présenté en octobre
    201249. Dans leurs conclusions, les rapporteurs regrettent que
    l'Azerbaïdjan n'ait accompli aucun progrès réel dans la mise en Å`uvre
    de la charte depuis les recommandations faites par le Congrès en 2003.
    Ils soulignent que le pays ne respecte pas certains principes et
    dispositions fondamentaux de la charte. Les problèmes soulevés dans le
    rapport de suivi de 2003 n'ont pas été résolus.

    125. Au contraire, la situation s'est même détériorée depuis
    l'adoption des amendements à la Constitution de la République
    d'Azerbaïdjan en 2009, et en particulier d'un nouvel article 146 sur
    l'autonomie locale, comme l'ont confirmé l'avis de la Commission de
    Venise sur les projets d'amendements50 et les déclarations du
    président du Congrès citées précédemment51.

    126. Les autorités doivent entreprendre des réformes complexes visant
    une décentralisation administrative et financière afin de développer
    l'autonomie locale. Dans son récent rapport, le Congrès a mis en
    évidence plusieurs problèmes, parmi lesquels le caractère ambigu et
    insuffisant de la définition de l'autonomie locale. Il importe que la
    législation reconnaisse les municipalités comme des institutions de
    l'Etat exerçant la puissance publique dans le cadre de
    l'administration publique du pays, conformément à la Charte européenne
    de l'autonomie locale.

    127. La répartition peu claire des responsabilités entre les
    municipalités et les organes locaux de l'Etat entraîne des conflits et
    une ingérence injustifiée dans les activités des municipalités. La
    relation hiérarchique de fait qui existe entre les autorités
    exécutives locales directement rattachées aux autorités
    gouvernementales centrales et les municipalités élues n'est pas
    conforme aux normes démocratiques européennes ni à la Charte. La loi
    sur le statut des municipalités devrait être révisée en vue de définir
    une répartition claire des tches et des pouvoirs entre le système
    centralisé parallèle de l'administration d'Etat relevant du président
    de la République et les municipalités.

    128. En outre, il convient d'assurer la transparence des fusions des
    organes de l'autonomie locale, avec la participation des municipalités
    concernées, conformément à la Charte et aux mécanismes de consultation
    qu'elle prévoit.

    129. Le projet de loi portant ajouts à la loi sur le statut des
    municipalités de la République d'Azerbaïdjan présenté Ã la Commission
    de Venise par les autorités azerbaïdjanaises en 2010 ne résolvait pas
    ces problèmes, comme l'a confirmé l'avis de la Commission de Venise Ã
    ce sujet52. La loi n'a pas été modifiée depuis.

    130. Il importe que les autorités prennent des mesures concrètes pour
    mettre en place des programmes de renforcement des capacités et de
    formation des employés municipaux, afin d'améliorer la qualité de leur
    travail quotidien.

    131. La recommandation53 adoptée par le Congrès à l'issue du débat sur
    le rapport précité inclut un certain nombre de mesures qui devraient
    être prises par les autorités azerbaïdjanaises pour avancer dans la
    mise en Å`uvre de la Charte européenne de l'autonomie locale. Nous
    espérons que les autorités règleront toutes les questions soulevées
    par le Congrès.

    132. Lors de l'adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé « Ã amender, avant
    la tenue des prochaines élections locales, la législation actuelle
    relative aux pouvoirs des autorités locales en vue d'accroître leurs
    compétences et leur autonomie, en tenant compte des recommandations
    formulées en la matière par le Congrès des pouvoirs locaux et
    régionaux de l'Europe (CPLRE) ».

    133. Le Code électoral, adopté en 2003 et modifié en 2008 et 2009,
    définit les règles applicables à l'organisation et à la conduite des
    élections de tous les organes élus, y compris les municipalités. Comme
    nous l'avons déjà indiqué, faisant suite à une demande des autorités
    azerbaïdjanaises, la Commission de Venise a rendu un avis sur les
    amendements au Code électoral juste après leur adoption en 2008. Les
    préoccupations exprimées dans cet avis s'appliquent également aux
    élections municipales.

    134. Cela a été confirmé, tel que mentionné dans l'un des chapitres
    précédents, par les conclusions de la délégation du Congrès qui a
    observé les élections municipales en 200954.

    135. De plus, les observateurs ont soulevé trois sujets de
    préoccupation majeurs : l'absence de véritable pluralisme politique
    des partis, la rareté des candidats représentant une opposition réelle
    et, en conséquence, l'absence de campagne électorale active, le
    caractère contestable du processus d'inscription et du décompte des
    votes, ainsi que la démocratie territoriale peu développée en
    Azerbaïdjan. 6. Etat de droit 6.1. Pouvoir judiciaire

    136. Depuis 2000, les autorités azerbaïdjanaises travaillent en
    étroite coopération avec le Conseil de l'Europe pour la réforme de
    leur système judiciaire. Le parlement a adopté plusieurs lois visant Ã
    garantir une plus grande indépendance des juges et à améliorer les
    procédures judiciaires, et notamment la loi sur le barreau et les
    juges (loi relative aux tribunaux et aux juges), conformément à la
    liste d'engagements pris lors de l'adhésion.

    137. Parmi les lois en question, celle qui a instauré le Conseil
    juridique et judiciaire en 2005 a constitué une avancée décisive pour
    le bon fonctionnement du système judiciaire. La législation
    nouvellement adoptée prévoyait également une procédure révisée de
    recrutement des juges suivant une procédure de sélection équitable et
    transparente élaborée en coopération avec le Conseil de l'Europe55.
    Par ailleurs, elle étendait aux juges les règles financières définies
    dans la loi de 2004 sur la lutte contre la corruption, et notamment la
    présentation des déclarations d'impôt et les restrictions en matière
    de cadeaux. Un circuit a été mis en place pour permettre aux personnes
    physiques et morales de signaler les cas de corruption dans le système
    judiciaire. Des programmes de formation pour les candidats souhaitant
    s'engager dans le système judiciaire ont également été établis.

    138. Enfin, les autorités ont réalisé d'importants investissements en
    termes d'infrastructures et de renforcement des capacités56.

    139. En février 2009, le président a publié un décret établissant le
    programme d'Etat 2009-2013 pour le développement du système
    judiciaire. Les objectifs de ce programme englobaient l'amélioration
    de la législation et de la qualité de la formation professionnelle du
    personnel.

    140. Toutefois, les progrès indéniables réalisés dans l'établissement
    d'un cadre législatif doivent s'accompagner d'une mise en Å`uvre
    effective et systématique des lois adoptées. Le manque d'indépendance
    du système judiciaire reste très préoccupant en Azerbaïdjan.

    141. L'indépendance du pouvoir judiciaire est l'une des conditions
    indispensables à la réalisation des principes démocratiques que sont
    la séparation et l'équilibre des pouvoirs. De notre point de vue, les
    autorités de l'Azerbaïdjan devraient redoubler d'efforts pour assurer
    la pleine indépendance du pouvoir judiciaire, notamment vis-Ã-vis de
    l'exécutif. En Azerbaïdjan, l'exécutif continue d'exercer une
    influence sur le pouvoir judiciaire, de sorte que le problème perdure.
    Notre visite dans le pays en juin 2012 était principalement consacrée
    Ã cette question.

    142. Conformément aux normes du Conseil de l'Europe, l'indépendance du
    pouvoir judiciaire et des juges individuels devrait être garantie par
    un organe judiciaire autonome. Il importe au plus haut point que les
    fonctions de cet organe, sa composition et la sélection de ses membres
    respectent les normes démocratiques, pour assurer son indépendance et
    son impartialité absolues.

    143. Comme cela a été évoqué ci-dessus, un tel organe - le Conseil
    judiciaire et juridique - a été mis en place en 2005 en Azerbaïdjan.
    Cependant, il n'inclut pas au nombre de ses missions celle d'assurer
    et de mettre en Å`uvre l'indépendance du pouvoir judiciaire, le
    principal garant de cette indépendance étant le président du pays, en
    vertu de la Constitution de l'Azerbaïdjan. Le fait de confier cette
    compétence à une seule personne et non à une institution indépendante
    pose problème, et ce dans n'importe quel pays.

    144. La loi sur le Conseil judiciaire et juridique, adoptée par le
    parlement en 2005 n'inclut pas parmi ses fonctions, comme indiqué
    précédemment, celle d'assurer et de mettre en Å`uvre l'indépendance du
    pouvoir judiciaire. Les domaines de compétence du Conseil judiciaire
    et juridique englobent l'organisation et le fonctionnement de
    l'appareil judiciaire, et notamment la sélection, l'évaluation et la
    promotion des juges, ainsi que l'exercice de poursuites disciplinaires
    à leur encontre, leur nomination à différents postes, mais aussi, plus
    généralement, la mise en Å`uvre de l'autonomie du pouvoir judiciaire.
    De notre point de vue, pour garantir et renforcer l'indépendance du
    pouvoir judiciaire, l'Azerbaïdjan devrait réviser la Constitution et
    la loi sur le Conseil judiciaire et juridique de manière à entériner
    la principale fonction du Conseil judiciaire et juridique en
    Azerbaïdjan.

    145. Pour pouvoir mener à bien sa mission, le Conseil judiciaire et
    juridique doit être totalement indépendant, comme indiqué
    précédemment. Conformément aux normes du Conseil de l'Europe, il
    devrait être composé soit exclusivement de juges, soit d'une majorité
    de juges élus par leurs pairs. Le Conseil judiciaire et juridique
    d'Azerbaïdjan comporte 15 membres, dont la majorité sont des juges,
    les autres étant des représentants des organes exécutifs et
    législatifs, du ministère public et de l'Ordre des avocats.

    146. Si, en théorie, la composition de ce Conseil est conforme aux
    normes européennes applicables en la matière, la procédure de
    nomination pose davantage problème. Certes, les nominations sont
    faites sur la base d'une recommandation de l'Assemblée générale des
    juges, mais cette dernière doit toujours proposer au moins deux
    candidats pour un même poste et la décision finale est prise, selon le
    poste, par divers organes, dont le ministre de la Justice, la Cour
    constitutionnelle et la Cour suprême de justice.

    147. En d'autres termes, la procédure de sélection de la majorité des
    membres du Conseil fait intervenir non seulement des juges qui élisent
    leurs pairs, mais également le pouvoir exécutif. Cette procédure n'est
    pas conforme aux normes du Conseil de l'Europe et devrait être
    révisée. Nous recommandons de modifier la loi sur le Conseil
    judiciaire et juridique en vue de simplifier la procédure de sélection
    et de nomination des membres du Conseil et de transférer à l'Assemblée
    générale des juges le droit de sélectionner et d'élire directement ces
    membres.

    148. L'influence du pouvoir exécutif sur l'autonomie du pouvoir
    judiciaire est encore renforcée par le fait que le Conseil participe,
    dans une moindre mesure, au processus d'élaboration du budget des
    tribunaux, ce qui est contraire aux bonnes pratiques européennes. La
    loi sur le Conseil judiciaire et juridique devrait donner davantage de
    pouvoirs au Conseil concernant son propre budget57.

    149. Les procédures de sélection, de nomination et de promotion des
    juges revêtent également une importance cruciale pour assurer
    l'indépendance de la magistrature. Elles devraient notamment être
    libres de toute ingérence politique : c'est pourquoi le rôle de
    l'assemblée législative et de l'exécutif devrait être limité, tout au
    long de la procédure. Malheureusement, la pratique actuelle dans ce
    domaine en Azerbaïdjan est contraire aux normes européennes, compte
    tenu du pouvoir décisionnel du président en matière de nomination des
    juges, pouvoir consacré dans la Constitution, la loi sur le Conseil
    judiciaire et juridique ainsi que la loi sur les juges. Nous
    recommandons vivement aux autorités de réviser la législation en
    vigueur afin de renforcer le rôle du Conseil judiciaire et juridique
    dans le processus de nomination, en le faisant passer du statut
    d'organe chargé de formuler des recommandations à celui d'organe
    décisionnaire. Elles devraient également veiller à ce que la loi
    prévoie la mise en place de critères de promotion des juges,
    aujourd'hui inexistants58.

    150. Afin d'assurer l'indépendance des juges et de supprimer toute
    possibilité d'influence sur ces derniers, il faudrait fixer une même
    durée de mandat pour tous et rendre ce mandat permanent. En
    Azerbaïdjan, les règles en vigueur autorisent l'extension du mandat de
    certains juges jusqu'Ã l'ge de 70 ans au lieu de 65. Il faudrait
    instaurer un ge de départ à la retraite obligatoire qui soit le même
    pour tous les juges. Les décisions au cas par cas prises par le
    Conseil juridique et judiciaire augmentent le risque d'ingérence
    injustifiée.

    151. Par ailleurs, l'inamovibilité devrait être garantie jusqu'Ã l'ge
    de la retraite obligatoire. Les exceptions à ce principe, en
    particulier celles découlant de sanctions disciplinaires, devraient
    être clairement définies et limitées aux cas les plus graves.
    Malheureusement, les motifs de cessation du mandat d'un juge, tels que
    définis dans la loi, sont peu clairs et dépourvus de cohérence. Ils
    englobent l'exercice d'activités incompatibles avec le poste, une
    infraction grave ou des infractions multiples à la loi dans l'examen
    des affaires, ou encore l'impossibilité d'exercer les fonctions de
    juge à la suite d'un avis émis par une commission médicale. Ces motifs
    sont vagues et offrent une trop grande marge d'interprétation. Nous
    recommandons de réviser la législation applicable en la matière afin
    qu'elle respecte pleinement les normes du Conseil de l'Europe59.

    152. Les préoccupations exprimées dans le paragraphe précédent
    s'appliquent également aux procédures disciplinaires. Le fait que le
    Conseil judiciaire et juridique soit le seul compétent pour engager
    une telle procédure est conforme aux normes européennes, mais Ã
    nouveau, certains motifs manquent de clarté et sont susceptibles de
    donner lieu à des abus. Compte tenu des inquiétudes précédemment
    exprimées concernant la composition du Conseil judiciaire et
    juridique, nous considérons qu'il y a un risque d'ingérence
    injustifiée. L'ensemble de la procédure devrait être plus
    transparente60.

    153. La question de l'équité des procès a été posée à maintes reprises
    lors de nos entretiens avec la société civile et constitue également
    une préoccupation de la communauté internationale. L'OSCE suit
    systématiquement les procès les plus sensibles et son rapport le plus
    récent61, ainsi que les informations exhaustives qui nous ont été
    fournies lors de notre réunion à Bakou, nous ont été très utiles.

    154. Des irrégularités sont quelquefois observées dès le stade
    préalable au procès, comme les arrestations sans mandat approprié, les
    audiences préliminaires à huis clos, l'impossibilité pour le prévenu
    de se faire assister par un avocat en temps utile ou d'avoir accès Ã
    l'avocat de son choix ou encore l'extension sans justification de la
    période de détention provisoire, en violation des dispositions du
    droit azerbaïdjanais.

    155. L'absence d'égalité des armes au cours du procès est une autre
    source de vives inquiétudes. Des avocats se sont plaints de n'avoir
    pas eu la possibilité de contester des témoignages ou des arguments
    contradictoires ou erronés présentés par l'accusation en tant que
    pièces à conviction, de présenter leurs propres preuves ou de faire
    appel à un certain nombre de témoins essentiels.

    156. D'autres irrégularités dans le déroulement des procès ont été
    signalées, parmi lesquelles le refus, de la part d'un juge,
    d'autoriser la défense à examiner les preuves utilisées contre un
    prévenu (par exemple, dans le procès de participants aux
    manifestations d'avril qui s'est conclu le 25 août 2011, il n'a pas
    été donné suite aux demandes faites par les avocats de la défense
    d'obtenir la présentation au tribunal des enregistrements vidéo
    disponibles pour analyser les actes criminels qui auraient été commis
    lors des manifestations par les personnes poursuivies), et les
    condamnations sans preuves évidentes.

    157. Plus généralement, il est préoccupant de constater que, comme
    dans d'autres pays ayant un héritage soviétique, les tribunaux
    semblent dans de nombreux cas être une extension du ministère public.
    En témoigne, entre autres, le pourcentage quasi-nul d'acquittements
    (moins de 1 %). Ce chiffre a été fourni par le Conseil judiciaire lors
    de notre réunion.

    158. L'un des principaux problèmes dans le déroulement des procès est
    l'accès quelquefois difficile à l'aide judiciaire, en particulier dans
    les affaires politiquement sensibles. Le climat s'est détérioré pour
    les avocats et les défenseurs des droits de l'homme62.

    159. Des cas de radiations arbitraires de l'Ordre des avocats
    d'Azerbaïdjan et de procédures pénales engagées à l'encontre de
    certains avocats ont également été signalés63. Nous sommes
    particulièrement préoccupés par les informations faisant état de
    violations de la loi sur le barreau, notamment en rapport avec
    l'élection de la présidence. Nous espérons qu'il sera rapidement mis
    fin à cette situation, qui porte atteinte à l'Etat de droit.

    160. Les avocats indépendants et les défenseurs des droits de l'homme
    subissent eux aussi des pressions dans leurs activités. Ils sont la
    cible de menaces et de chantages de la part des autorités ; dans
    certains cas, ils sont privés de la jouissance de leurs droits
    professionnels ou victimes d'ingérences dans ces droits, pour ce qui
    est des entretiens avec leurs clients ou de l'exercice indépendant de
    leurs fonctions, par exemple.

    161. Plusieurs avocats auraient fait l'objet d'avertissements dans le
    but de les empêcher de défendre les droits des personnes détenues. Les
    affaires qui suivent sont autant d'exemples illustrant ce problème :
    des poursuites pénales en diffamation ont été engagées à l'encontre de
    l'avocat M. Khalid Bagirov pour avoir diffusé dans les médias des
    informations selon lesquelles la police aurait joué un rôle dans les
    mauvais traitements infligés à M. Elvin Askarov et dans son décès.
    Nous relevons cependant avec satisfaction que cette affaire a été
    classée en avril 2011 par le tribunal de district en charge du
    dossier.

    162. Le 4 février 2011, M. Osman Kazimov, célèbre avocat de la
    défense, a été suspendu temporairement par l'Ordre des avocats
    d'Azerbaïdjan après avoir été accusé d'actes illicites dans une
    affaire pénale. A la suite d'une décision de justice favorable,
    l'Ordre des avocats est toutefois revenu sur sa décision et a
    abandonné les poursuites.

    163. M. Alaif Hasanov, avocat de MM. Bakhtiyar Hajiev et Shahin
    Hasanli, a affirmé avoir été victime d'une campagne de dénigrement de
    la part des autorités locales dans sa région de résidence à compter de
    mars 2011.

    164. D'après les informations que nous avons obtenues, rares sont les
    avocats en Azerbaïdjan qui sont prêts à s'occuper d'affaires
    politiques ou de droits de l'homme sensibles64.

    165. Nous sommes également préoccupés par des informations faisant
    état d'une application restrictive de certains articles du Code pénal
    (en particulier les articles 221 et 233) Ã l'encontre des participants
    Ã des manifestations pacifiques mais non autorisées.

    166. Tel a été le cas en particulier de 15 personnes arrêtées et
    condamnées à la suite des manifestations ayant eu lieu à Bakou en
    mars-avril 2011. Elles ont été condamnés en application de l'article
    233 du Code pénal pour avoir organisé des actions occasionnant des
    troubles à l'ordre public ou y avoir participé. Elles se sont vu
    infliger des peines d'emprisonnement allant de un an et demi à deux
    ans et demi. D'après Amnesty International, elles ont été condamnés au
    seul motif qu'elles auraient participé Ã ces manifestations et/ou Ã
    leur organisation.

    167. Nous avons rencontré deux militants incarcérés à la prison n° 19
    de Bakou pour y purger des peines de deux et trois ans
    d'emprisonnement respectivement. Les informations qu'ils nous ont
    fournies confirment nos craintes.

    168. L'article 233 précité est une disposition vague et mal définie.
    Les activités criminelles qu'il définit vont de la « perturbation de
    l'activité normale des transports, et entreprises » Ã l'«
    insubordination aux autorités ». Il n'y a pas de distinction entre «
    l'organisation » et « la participation ». L'interprétation restrictive
    de cet article par des juges a, à plusieurs reprises, abouti à la
    condamnation de personnes qui avaient appelé à la participation à des
    manifestations pacifiques. La même remarque vaut pour l'article 221,
    couramment appelé « article sur le hooliganisme ».

    169. Les allégations de corruption dans le système judiciaire sont un
    problème susceptible de miner la confiance de la population dans
    l'impartialité des juges.

    170. Faisant suite aux recommandations du GRECO, le gouvernement a
    adopté un certain nombre de mesures visant à éradiquer ce fléau. Dans
    le cadre d'une campagne de lutte contre la corruption dans le système
    judiciaire, des groupes de surveillance interne ont été créés au sein
    des institutions judiciaires et une division de lutte contre la
    corruption a été établie au sein du Conseil juridique et judiciaire.
    En 2010, le ministère de la Justice a indiqué que le Conseil
    judiciaire avait engagé des procédures disciplinaires à l'encontre de
    21 juges ; 11 employés du ministère ont fait l'objet de mesures
    disciplinaires et deux de ces affaires ont été transmises au ministère
    public, ce qui a abouti à une condamnation.

    171. Les capacités du service de lutte contre la corruption du
    ministère public ont été renforcées et des mesures ont été prises en
    vue de la mise en place de services en ligne. En septembre 2011, le
    service de lutte contre la corruption du ministère public a annoncé
    qu'il avait engagé 133 poursuites pénales en 2011, dont 88 avaient été
    transmises au tribunal. 147 personnes ont été accusées de corruption,
    d'abus de position dominante, de fraude ou de falsification.

    172. Toutefois, la lutte contre la corruption nécessite une approche
    globale et plus systémique. Le chapitre suivant examine cette question
    plus en détail. 6.2. Corruption et crime organisé

    173. L'opinion publique considère la corruption comme une pratique
    normale en Azerbaïdjan. Ce phénomène touche l'ensemble de la société,
    que ce soit la sphère politique, le pouvoir exécutif ou le système
    judiciaire, et a un impact négatif sur la situation économique.
    Transparency International classe systématiquement l'Azerbaïdjan parmi
    les pays les plus corrompus du monde. Dans le classement 2011 de
    l'indice de perception de la corruption, l'Azerbaïdjan occupait la 143
    e place sur 183 avec un score de 2,4 sur 10. Les autorités du pays ont
    fait de la lutte contre la corruption une priorité politique.

    174. Lors de l'adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé « Ã adopter, dans
    un délai d'un an suivant son adhésion, une loi sur la lutte contre la
    corruption et, dans un délai de deux ans suivant son adhésion, un
    programme d'Etat de lutte contre la corruption » et à « signer et Ã
    ratifier, dans un délai de deux ans suivant son adhésion, la
    Convention pénale sur la corruption et la Convention civile sur la
    corruption ».

    175. L'Azerbaïdjan a ratifié la Convention pénale sur la corruption
    (STE n° 173) en 2004. Il a ensuite adhéré au GRECO. Depuis, il est
    soumis à la procédure de suivi de la convention. Le rapport le plus
    récent sur le troisième cycle d'évaluation date d'octobre 2010.

    176. A la suite de la ratification de la convention, l'Azerbaïdjan a
    introduit en 2006 des amendements aux dispositions du Code pénal
    relatives à la corruption, ce qui a marqué une étape importante dans
    la mise en conformité de la législation avec les dispositions de la
    convention. La corruption active et passive dans le secteur public, le
    trafic d'influence, les avantages non matériels et la corruption par
    l'intermédiaire d'un tiers ont été érigés en infraction pénale,
    conformément à la convention. En mars 2012, la responsabilité des
    personnes morales a été inscrite dans le Code pénal.

    177. Bien que l'Azerbaïdjan ait fait d'importants progrès dans la
    pénalisation de la corruption, d'autres modifications législatives
    majeures sont nécessaires, notamment en ce qui concerne deux
    définitions, celle d'« agent public » qui doit inclure tous les
    fonctionnaires et employés publics au niveau central et régional et
    celle d'« infraction de corruption consommée » qui doit couvrir
    également la promesse d'un pot-de-vin et l'acceptation d'une offre65.

    178. En outre, l'immunité accordée aux agents publics ne doit pas
    constituer un obstacle à l'exercice de poursuites pénales effectives
    pour corruption. Cette immunité devrait se limiter à l'exercice des
    fonctions officielles.

    179. Le pays a fait des progrès dans la mise en place de règles de
    conduite pour les agents publics en général et pour certaines
    administrations et professions en particulier ; un code de déontologie
    pour les juges a notamment été établi. La loi impose aux agents
    publics de déclarer leurs revenus et actifs, mais l'application de
    cette obligation ne semble pas être assurée dans la pratique. En
    outre, il n'y a pas de règles claires concernant les conflits
    d'intérêts et aucune législation relative à la protection des donneurs
    d'alerte66.

    180. Bien que la législation de l'Azerbaïdjan soit largement conforme
    Ã la convention pour ce qui est de la confiscation des produits de la
    corruption, il conviendrait d'améliorer la mise en Å`uvre des lois en
    vigueur67.

    181. En outre, l'Azerbaïdjan devrait revoir sa position en ce qui
    concerne les réserves faites à la convention, introduites en 2004 pour
    une période de trois ans et par la suite reconduites pour une nouvelle
    période de trois ans de juin 2010 Ã juin 2013. Ces réserves concernent
    la corruption d'agents publics étrangers, de membres d'assemblées
    publiques étrangères et de membres d'assemblées parlementaires
    internationales, ainsi que le trafic d'influence68.

    182. Enfin, l'Azerbaïdjan devrait adhérer sans plus tarder au
    Protocole additionnel à la Convention pénale contre la corruption (STE
    n° 191).

    183. En tout état de cause, l'application effective de la législation
    reste la principale tche à laquelle doit s'atteler l'Azerbaïdjan en
    matière de lutte contre la corruption. Si les autorités ont, Ã
    différents niveaux, fait de la lutte contre la corruption une priorité
    politique, l'incapacité Ã mettre en Å`uvre certaines mesures peut être
    le signe d'une volonté insuffisante de traduire les paroles en actes.

    184. En 2007, l'Azerbaïdjan a élaboré une Stratégie nationale de
    renforcement de la transparence et de lutte contre la corruption, qui
    a été complétée par un plan d'action pour 2007-2011. Nous avons été
    informés qu'un nouveau plan d'action venait d'être préparé et était en
    cours d'examen par le gouvernement. Nous avons également appris que la
    société civile avait été associée à l'élaboration de certaines parties
    de ce plan d'action, ce qui constitue à nos yeux une évolution
    positive.

    185. Cela dit, de manière générale, la contribution des organisations
    non gouvernementales aux activités anticorruption menées par le
    gouvernement reste limitée à la participation de leurs représentants Ã
    un groupe de travail de la Commission de lutte contre la corruption.
    On ne peut que le regretter, car les ONG pourraient jouer un rôle
    beaucoup plus important dans ce domaine. Le gouvernement devrait donc
    établir des mécanismes permettant d'assurer une participation plus
    active de la société civile à la stratégie anticorruption.

    186. Nous tenons à féliciter les autorités pour la campagne
    anticorruption lancée en 2011, qui comporte des activités et des
    programmes de sensibilisation à la corruption à l'intention des agents
    publics et des membres des forces de l'ordre, notamment pour ce qui
    est des aspects juridiques et du signalement des cas de corruption.
    Jusqu'Ã présent, son impact a été plutôt modeste69.

    187. Les autorités ont accompli d'importants progrès dans le
    renforcement des capacités du service de lutte contre la corruption du
    ministère public, qui est le principal organe chargé de la lutte
    contre la corruption par l'application de la loi. L'année dernière, le
    nombre d'agents placés sous la responsabilité directe du Procureur
    général est passé de 60 Ã 100. Les salaires ont également été
    sensiblement relevés.

    188. Ce service autonome est composé de procureurs spécialisés,
    compétents pour mener des enquêtes et engager des poursuites pénales
    dans les affaires de corruption. Ils proposent également des mesures
    de lutte contre la corruption. Une ligne téléphonique spéciale, le «
    161 », a été créée pour recevoir les plaintes des citoyens concernant
    des faits de corruption.

    189. En 2011, le service anticorruption a traité 142 dossiers
    impliquant 229 personnes et en a saisi les tribunaux. En 2012, ce
    chiffre était de 70 affaires impliquant 134 personnes. 6.3. Exécution
    des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme

    190. D'après les informations fournies par le greffe de la Cour
    européenne des droits de l'homme, en 2011, 1 543 affaires contre
    l'Azerbaïdjan étaient pendantes devant la Cour.

    191. Comme cela a déjà été mentionné, la commission des questions
    juridiques et des droits de l'homme suit dans des rapports périodiques
    l'exécution des arrêts par les autorités nationales des Etats
    concernés. Lors de l'examen du rapport le plus récent à l'Assemblée en
    2011, l'Azerbaïdjan n'a pas été inclus dans le groupe de neuf Etats
    qui connaissent des problèmes structurels majeurs à l'origine de
    retards extrêmement préoccupants dans l'exécution des arrêts.

    192. Tous les grands problèmes évoqués dans le présent rapport se
    retrouvent dans les arrêts de la Cour relatifs à l'Azerbaïdjan. Ainsi,
    la majeure partie des requêtes portées devant la Cour concernent les
    mauvais traitements en détention, la liberté d'expression ou la
    non-exécution des décisions de justice internes. Nous avons ajouté Ã
    ces catégories les affaires relatives à des violations des droits
    électoraux. 7. Droits de l'homme et libertés fondamentales

    193. Le rapport le plus récent du Commissaire aux droits de l'homme du
    Conseil de l'Europe a été publié en juin 2010. En septembre 2011, le
    Commissaire a publié des observations sur le respect des droits de
    l'homme en Azerbaïdjan, faisant suite à son rapport de 2010, dans
    lesquelles il affirmait que les recommandations formulées dans le
    rapport n'avaient pas été suivies d'effet.

    194. Le rapport le plus récent de l'ECRI a été publié en mai 2011. Il
    soulevait des préoccupations concernant la liberté de religion.

    195. En décembre 2011, Amnesty International a publié un rapport sur
    l'Azerbaïdjan. Comme cela a déjà été mentionné, la commission de suivi
    a tenu une audition sur ce thème avec le représentant d'Amnesty
    International le 16 décembre 2011.

    196. Dans le présent chapitre, nous nous sommes également appuyés sur
    des rapports de Human Rights Watch, Human Rights House et d'autres
    organismes de surveillance nationaux et internationaux.

    197. En 2011, un programme d'action national visant à accroître
    l'efficacité de la protection des droits de l'homme et des libertés en
    République d'Azerbaïdjan a été approuvé par ordonnance présidentielle.
    Cette ordonnance chargeait le Commissaire aux droits de l'homme
    (ombudsman) de la République d'Azerbaïdjan de diriger le groupe de
    coordination de la mise en Å`uvre du programme ; elle contient diverses
    mesures concrètes à prendre (notamment l'élaboration d'une
    législation) pour assurer le respect des obligations et engagements de
    l'Azerbaïdjan découlant des traités et conventions internationaux.
    7.1. Prisonniers politiques présumés et problèmes humanitaires

    198. A ce jour, Amnesty International considère qu'il y a huit
    personnes en Azerbaïdjan qui sont des prisonniers d'opinion ou qui
    sont poursuivies sur la base d'accusations fabriquées de toutes pièces
    ; 15 autres, détenues et condamnées à des peines de deux à trois ans
    d'emprisonnement l'année dernière à la suite des manifestations de
    mars et d'avril, ont été libérées sur décision de justice ou par grce
    présidentielle.

    199. En 2010, la Cour européenne des droits de l'homme a ordonné la
    libération du journaliste Eynulla Fatullayev et lui a accordé 25 000
    euros pour préjudice moral. Elle a conclu à deux violations de
    l'article 10 de la Convention ainsi qu'Ã une violation des articles
    6.1 et 6.2 (présomption d'innocence).

    200. Comme indiqué précédemment, la question des prisonniers présumés
    est traitée par notre collègue de la commission des questions
    juridiques et des droits de l'homme, M. Strässer. Son rapport, adopté
    en commission en juin dernier, figure à l'ordre du jour de la
    prochaine partie de session de l'Assemblée qui se tiendra en janvier
    2013 ( Doc. 13079 ).

    201. Sans préjuger du débat à venir au sein de l'Assemblée, nous
    tenons à évoquer ici les questions importantes suivantes.

    202. Tout d'abord, un problème persistant se pose dans le domaine de
    la justice en Azerbaïdjan. Le recours à des accusations forgées de
    toutes pièces (voir ci-après) ou l'utilisation de certains articles du
    Code pénal à des fins répressives contre des militants et des
    journalistes sont trop souvent mentionnés dans les rapports d'ONG
    internationales pour être ignorés ou considérés comme de simples
    erreurs de la part des tribunaux. Les grces présidentielles répétées
    ne sont pas non plus une solution. C'est aux juges qu'incombe en
    dernier ressort la responsabilité de statuer sur les affaires au fond
    et en toute impartialité, et d'analyser de manière critique les
    preuves fournies par le ministère public et par la défense.

    203. Depuis le début de notre mission, nous sommes très préoccupés par
    la question des prisonniers politiques présumés et prisonniers
    d'opinion. Tout en comprenant que l'Azerbaïdjan craigne l'extrémisme
    et les menaces terroristes, nous condamnons aussi la suppression des
    libertés fondamentales au moyen de poursuites pénales. Au cours de
    chacune de nos visites, nous avons rencontré des personnes qui étaient
    ou avaient été détenues et déclaraient que la raison réelle de leur
    détention était leurs opinions et leurs avis critiques, même si elles
    avaient été condamnées sous le coup d'accusations pénales. Leurs
    témoignages étaient extrêmement troublants. Nous avons discuté de
    certains cas individuels avec les autorités compétentes et avons
    obtenu des résultats positifs, certaines personnes ayant été libérées.

    204. Après avoir consulté les autorités, des militants de la société
    civile, des représentants d'ONG, des journalistes et des juristes
    indépendants, nous avons instamment demandé aux autorités de revoir
    les cas des personnes suivantes dans le but de trouver une voie de
    recours judiciaire aux problèmes soulevés : personnes toujours en
    détention : Aliyev Mamedali Dilavar, Asgarov Mammad Tofiq, Bayramli
    Anar, Farzullayev Jeyhun Hidayet, Hasanli Shahin, Ilyasov Fari,
    Iskandarov Zaur Shalar, Iskenderov Vivaldi, Ismaylov Araz Vasif,
    Jabiyev Azer, Janiyev Aydin, Khasmammadov Taleh, Musayev Ilgar,
    Panahov Neymat ; ainsi que les personnes sous le coup d'une
    inculpation et en attente de jugement, dont la situation a été évoquée
    avec les autorités : Gonagov Vugar, Guliyev Zaur, Zeynalli Avaz,
    Seyidov Elnur, Mamedov Bakthiar, Amiraslanov Ilhan, Gulaliyev Ogtay,
    Babayev Dayanat, Huseynov Mehman.

    205. Fin 2011, le ministère de la Justice a autorisé l'OSCE Ã mener un
    certain nombre de missions de suivi des droits de l'homme dans les
    lieux de détention, ce que nous considérons comme un signe de bonne
    volonté, laissant entrevoir des perspectives encourageantes pour
    l'avenir. 7.2. Conditions de détention et violations commises par les
    forces de l'ordre 7.2.1. Torture et autres mauvais traitements

    206. Des défenseurs des droits de l'homme et des ONG nationales et
    internationales ont signalé plusieurs cas alarmants d'allégations de
    torture et de mauvais traitements en garde à vue, durant la phase
    d'instruction et au sein d'établissements pénitentiaires. Des actes de
    torture auraient également été commis dans les forces armées. Enfin,
    la police aurait eu recours à la violence contre des journalistes
    couvrant certains événements. A notre demande expresse, les
    représentants des autorités nous ont assuré que les forces de l'ordre
    prenaient toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur ces
    accusations.

    207. Les circonstances des décès en prison de M. Novruzali Mammadov,
    rédacteur en chef du journal Tolishi Sado en 2009, et de M. Turaj
    Zeynalli dans le département de Nakhitchevan du ministère de la
    sécurité nationale en 2011 ne sont pas claires et n'ont pas fait
    l'objet d'enquêtes effectives.

    208. M. Afgan Mukhtarli se plaignait d'avoir été agressé par des
    membres des forces de l'ordre en janvier 2009 alors qu'il couvrait, en
    reportage pour Yeni Musavat , un rassemblement devant l'ambassade
    d'Israël. Les poursuites ont été abandonnées par le procureur faute de
    preuves et cette affaire est maintenant en instance devant la Cour
    européenne des droits de l'homme.

    209. D'après des ONG locales, en février 2009, des agents de la
    sécurité nationale de la République autonome du Nakhitchevan auraient
    détenu et maltraité le journaliste indépendant Idrak Abbasov70.

    210. M. Seymur Haziev, reporter pour Azadliq , a été détenu et
    maltraité le 15 mai 2010, alors qu'il participait à un rassemblement
    où les manifestants appelaient à la levée des restrictions à la
    liberté de réunion. Il a porté plainte mais l'enquête n'a pas abouti.

    211. Plusieurs militants détenus lors des manifestations de mars-avril
    2011 et à l'issue de ces dernières se sont plaints de mauvais
    traitements durant leur arrestation puis lors de leur garde à vue.

    212. A ce jour, aucune enquête effective n'a été menée dans les
    affaires portant sur des allégations de mauvais traitement Ã
    l'encontre des personnes suivantes : M. Hasan Karimov, vice-président
    du parti du Front populaire, qui a été arrêté Ã son domicile sans
    mandat d'arrêt et détenu dans des conditions mettant en danger sa
    santé, ce qui a entraîné son hospitalisation ; M. Tazakhan Miramamli,
    président de la section de Jalilabad du parti du Front populaire, qui
    a été frappé par la police le 2 avril 2011 au cours de son arrestation
    et de sa garde à vue ; M. Tural Abbasli, qui a été arrêté le 2 avril
    2011, n'a pas été autorisé Ã voir son avocat pendant les deux premiers
    jours de sa détention et dit avoir été frappé ; M. Bakhtiyar Hajiyev,
    militant de l'opposition, qui a été détenu et accusé de s'être
    soustrait au service militaire le 4 mars 2011, peu après avoir appelé
    Ã une manifestation en ligne. Il aurait été menacé et frappé durant sa
    garde à vue. Le 4 juin 2012, un tribunal a accordé à M. Bakhtiyar
    Hajiyev une libération conditionnelle neuf mois avant le terme de sa
    peine de deux ans. Toutefois, aucune enquête effective n'a été menée
    sur les allégations de mauvais traitements, qui demeurent71.

    213. Plus récemment, en décembre 2011, des actes de torture ont été
    signalés au Nakhichevan à l'encontre du défenseur des droits de
    l'homme, M. Zeynal Bagirzade ; en mars 2012, on a appris que de fortes
    pressions étaient exercées sur M. Zaur Guliyev, rédacteur en chef de
    la société de radiodiffusion régionale « Khayal », et l'un de ses
    employés, M. Vugar Gonagov.

    214. Lors de notre visite en juin 2012, nous avons rencontré M. Ogtay
    Gulaliyev, journaliste et coordinateur de Kur Civil Society, une
    organisation non gouvernementale qui défend les droits des résidents
    touchés par les inondations de mai 2010. Nous notons avec satisfaction
    qu'il a été libéré après avoir été détenu pendant deux mois, depuis
    avril 2012. Il dit avoir été victime de mauvais traitements durant
    cette période et a signalé des abus de la part de la police. Les
    poursuites engagées à son encontre n'ont pas été abandonnées.

    215. Ces allégations de mauvais traitements, tout comme le climat
    d'impunité, sont confirmés par plusieurs arrêts de la Cour européenne
    des droits de l'homme. Ces dernières années, la Cour a plusieurs fois
    déclaré l'Azerbaïdjan coupable de violations des articles 2 (droit Ã
    la vie) et 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) de
    la Convention72.

    216. En 2007, M. Jalaloglu a obtenu gain de cause dans l'affaire
    portant sur les actes de torture dont il a été victime en prison en
    2003, mais personne n'a été sanctionné Ã ce jour, bien que l'identité
    d'un des auteurs des faits soit connue.

    217. Dans l'affaire Hummatov c. Azerbaïdjan , la Cour a conclu que
    l'absence de prise en charge médicale adéquate de la tuberculose et
    l'absence de recours effectif constituaient une violation des articles
    3 et 13 respectivement73.

    218. Il est préoccupant de constater qu'aucun de ces arrêts n'a pour
    l'instant donné lieu à des poursuites à l'encontre de membres des
    forces de l'ordre.

    219. Cela dit, un nombre bien plus important encore d'affaires sont
    toujours en instance devant la Cour. Ainsi, M. Emin Huseynov,
    journaliste et directeur de l'IRFS, a été détenu en juin 2008 et
    aurait subi des mauvais traitements en garde à vue. La police a
    abandonné l'enquête et la Cour européenne des droits de l'homme a été
    saisie de l'affaire. Nous avons rencontré M. Huseynov à plusieurs
    reprises et avons entendu sa version des faits.

    220. Le rapport le plus récent du CPT sur l'Azerbaïdjan a été publié
    en 2008. Il fait également état de cas de mauvais traitements en
    prison. A cet égard, nous saluons le Programme national d'action
    approuvé par le Président azerbaïdjanais le 27 décembre 2011, qui
    renforce la protection des droits de l'homme et des libertés
    fondamentales. Ce programme définit des mesures renforcées pour que
    soient instruites les affaires de violation des droits de l'homme
    concernant des détenus, y compris les cas de torture, de mauvais
    traitements et de sévices. Il prévoit également l'adoption d'une
    nouvelle loi relative aux droits des personnes qui sont arrêtées,
    ainsi que des formations pour les juges et les représentants des
    forces de l'ordre.

    221. La violence à l'égard des journalistes couvrant divers événements
    est une autre source de préoccupation. M. Elmin Badalov, reporter de
    Yeni Musavat , et un autre reporter, M. Anar Gerayli, affirment avoir
    été agressés par la police le 28 juillet 2010 alors qu'ils prenaient
    des photos pour un article d'investigation sur des villas de luxe dans
    la périphérie de Bakou. Ils ont porté plainte74.

    222. Le 2 avril 2011, plusieurs journalistes qui couvraient les
    manifestations contre le gouvernement ont été empêchés, par des
    représentants des forces de l'ordre, de photographier et d'interviewer
    les participants puis ont été placés en détention75.

    223. Certains journalistes azerbaïdjanais, qui suivaient la démolition
    de logements à Bakou, ont été victimes d'agressions. Par exemple, M.
    Idrak Abbasov, lauréat 2012 du prix du journalisme Index-Guardian, a
    été frappé le 18 avril 2012 alors qu'il filmait une démolition en
    périphérie de Bakou. MM. Etimad Budagov et Nushaba Fatullayeva,
    respectivement photographe et reporter de l'agence d'information
    Turan, ont été agressés alors qu'ils filmaient une autre démolition Ã
    Bakou76. 7.3. Liberté d'expression

    224. La liberté d'expression soulève des préoccupations en
    Azerbaïdjan. La situation, telle que décrite par les organisations de
    la société civile et l'opposition extraparlementaire, se caractérise
    par une mainmise de l'Etat sur les médias, un manque de diversité de
    la presse écrite, une pénalisation de la diffamation et des pratiques
    d'intimidation à l'encontre des journalistes critiques, aggravées par
    l'impunité des auteurs de ces actes.

    225. Des organismes de surveillance nationaux et internationaux, parmi
    lesquels Reporters sans Frontières, le Comité pour la protection des
    journalistes, Amnesty International, Human Rights Watch et la Human
    Rights House Foundation, nous ont fourni des informations très
    inquiétantes faisant état de violations de la liberté d'expression.

    226. En outre, de graves préoccupations au sujet de la liberté
    d'expression ont été soulevées par le Commissaire aux droits de
    l'homme du Conseil de l'Europe dans son rapport de 2010 sur
    l'Azerbaïdjan et ses observations sur la situation des droits de
    l'homme en 2011, ainsi que par le représentant de l'OSCE pour la
    liberté des médias77 et le Parlement européen78.

    227. L'Azerbaïdjan occupe la 162 e place sur 173 pays dans le
    classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans
    Frontières. C'est le pire résultat de tous les Etats membres du
    Conseil de l'Europe. L'Azerbaïdjan arrive derrière des pays comme
    l'Arabie Saoudite ou l'Ouzbékistan.

    228. On observe un manque flagrant de diversité dans les médias. Il
    ressort de l'étude des chaînes de télévision nationales du pays (deux
    chaînes d'Etat, une chaîne publique et cinq chaînes privées) menée
    dans le cadre du projet « Free Airways » financé par la Commission
    européenne que la télévision est utilisée comme plateforme de
    propagande gouvernementale et qu'il y a une absence totale d'opinions
    critiques79. En outre, bon nombre d'hommes politiques de l'opposition
    et de défenseurs de droits de l'homme ne bénéficient ni d'un temps
    d'antenne, ni d'une couverture de leurs activités suffisants.

    229. Lors de son adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé Ã « transformer
    la chaîne nationale de télévision en chaîne publique, gérée par un
    conseil d'administration indépendant ». La deuxième chaîne de
    télévision d'Etat (AzTV2) a juridiquement été transformée en un
    service public de radiodiffusion en 2005. Toutefois, la première
    chaîne de télévision d'Etat (AzTV1) reste sous contrôle de l'Etat et
    continue de fonctionner avec un budget accru, en dépit des demandes
    répétées du Conseil de l'Europe, du représentant de l'OSCE pour la
    liberté des médias et du OSCE/BIDDH de remédier à cette situation. En
    2007, des experts du Conseil de l'Europe ont formulé des
    recommandations en vue d'introduire dans la législation des garanties
    permettant d'assurer l'indépendance des médias, mais la loi sur la
    radio et la télévision d'Azerbaïdjan n'a pas été modifiée pour
    l'instant.

    230. En outre, en 2008, le gouvernement a interdit à trois stations de
    radio étrangères - Radio Liberty, BBC et VOA - de diffuser via des
    fréquences locales. Ces stations étaient très appréciées par la
    population.

    231. En Azerbaïdjan, le marché de la publicité est très limité en
    volume. Il y a toutefois quelques journaux nationaux, et notamment
    deux journaux d'opposition, Azadliq et Yeni Musavat , qui conservent
    leur indépendance éditoriale mais ne sont diffusés qu'Ã 25 000
    exemplaires dans un pays comptant plus de neuf millions d'habitants.

    232. Dans ce contexte, Internet et les médias sociaux sont devenus une
    tribune importante pour l'expression de points de vue critiques et
    d'opposition. Bien que les médias électroniques soient considérés
    comme étant largement à l'abri de toute censure directe en
    Azerbaïdjan, les autorités en surveillent le contenu et prennent
    quelquefois des mesures à l'encontre de ceux qui expriment des points
    de vue critiques (voir ci-après).

    233. Le cadre législatif relatif à la liberté d'expression pose
    également problème. L'Assemblée parlementaire, le représentant de
    l'OSCE pour la liberté des médias et le Commissaire aux droits de
    l'homme ont appelé à plusieurs reprises les autorités à supprimer les
    articles 147 (diffamation) et 148 (injure) du Code pénal, qui
    prévoient des peines allant jusqu'Ã trois ans et six mois
    d'emprisonnement respectivement. La Cour européenne des droits de
    l'homme a rendu plusieurs arrêts condamnant le placement en détention
    pour diffamation80. La dépénalisation de la diffamation est une mesure
    essentielle pour la protection de la liberté d'expression.

    234. Le ministère de la Justice a adressé des avertissements Ã
    l'Institut pour la liberté et la sécurité des reporters81 ainsi qu'au
    centre de ressources pour le développement des ONG et de la démocratie
    basé au Nakhitchevan, évoquant la diffusion d'informations « biaisées
    » via le lien www.nakhchivan.org.az en février 2012.

    235. Ces dernières années, des journalistes, y compris M. Eynulla
    Fatullayev, ont été condamnés en vertu des dispositions relatives à la
    diffamation et cette pratique se poursuit. La diffamation étant
    considérée comme une infraction pénale en Azerbaïdjan, les autorités
    se servent de ce motif contre les journalistes d'opposition, pour
    faire taire les critiques. Un exemple particulièrement probant à cet
    égard est le cas de M. Eyyub Karimov, rédacteur en chef de Femida OO7,
    qui a été condamné à 18 mois de redressement par le travail et à une
    amende à la suite d'accusations portées contre lui par le ministre de
    l'Intérieur concernant certains articles critiques publiés dans les
    journaux82.

    236. Rien qu'au premier semestre 2011, il y a eu sept affaires de
    diffamation contre des journalistes, dont deux ont abouti à une
    incarcération83.

    237. Le programme d'action national visant à accroître la protection
    des droits de l'homme et des libertés en République d'Azerbaïdjan
    prévoyait l'adoption en 2012 d'une nouvelle loi visant à dépénaliser
    la diffamation Au cours de notre dernière visite en novembre 2012,
    nous avons appris que les autorités azerbaïdjanaises avaient demandé,
    en septembre 2012, l'assistance de la Commission de Venise pour
    élaborer la nouvelle loi sur la diffamation.

    238. Les lois relatives à la protection des données et à l'accès Ã
    l'information ont été modifiées dernièrement. Les amendements
    introduits récemment à la loi sur l'obtention d'informations
    n'obligent guère les organes de l'Etat à répondre aux demandes
    d'information du public et restreignent considérablement la liberté
    d'information des citoyens azerbaïdjanais.

    239. Dans son rapport sur l'Azerbaïdjan, le Commissaire aux droits de
    l'homme attirait l'attention sur l'existence d'une « liste noire de
    journaux racketteurs », publiée par le Conseil de la presse
    azerbaïdjanais84 et contenant les noms de 90 journaux qui n'auraient
    pas respecté les règles de déontologie du journalisme et auraient eu
    recours au chantage. Tout en reconnaissant la nécessité d'assurer le
    professionnalisme des journalistes, le Commissaire se montrait
    particulièrement réservé quant à cette façon de procéder, qui risquait
    de donner lieu à des décisions partiales et arbitraires. Nous avons
    été informés que la tenue d'une telle « liste noire de journaux
    racketteurs » par le Conseil de la presse azerbaïdjanais avait des
    aspects positifs. En effet, un journal peut être placé sur la liste
    s'il reçoit plusieurs avertissements à l'issue de procédures d'examen
    de plaintes menées par le Conseil. Cette liste noire n'a aucune force
    juridique mais, constituant une forme de blme, elle permet de faire
    connaître au public les journaux qui ne respectent pas le code de
    conduite des journalistes.

    240. Nous avons reçu des informations inquiétantes concernant le
    recours à des chefs d'accusation fabriqués de toutes pièces pour
    arrêter des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme, des
    candidats aux élections législatives et des militants. L'une des
    recommandations du rapport de 2010 du Commissaire aux droits de
    l'homme du Conseil de l'Europe était de mettre un terme aux pratiques
    consistant à engager des poursuites pénales injustifiées ou sélectives
    contre des journalistes ou d'autres personnes pouvant exprimer des
    opinions critiques.

    241. Cette pratique peut être illustrée par l'exemple de M. Eynulla
    Fatullayev, accusé en 2009 de possession de drogues alors qu'il était
    en prison pour diffamation. Il a été libéré par grce présidentielle
    en 2011. Les cas des deux militants « blogueurs » de Bakou, M. Emin
    (Milli) Abdulayev et M. Adnan Hajizadeh, condamnés en 2010 pour
    hooliganisme et libérés en 2011, sont similaires.

    242. Parmi les exemples les plus récents, on peut évoquer la situation
    de M. Avaz Zeynalli, rédacteur en chef de Khural , qui a été arrêté en
    octobre 2011 pour avoir accepté des pots-de-vin. Il se défend en
    expliquant que la personne qui l'accuse aujourd'hui lui avait en fait
    proposé des pots-de-vin en échange de son silence, mais qu'il avait
    refusé ces derniers. Reporters sans Frontières, qui suit cette
    affaire, ainsi que d'autres organismes de surveillance internationaux,
    estiment que les chefs d'accusation à l'encontre de M. Zeynalli ont
    été fabriqués de toutes pièces.

    243. En novembre 2011, M. Taleh Khasmammadov, blogueur et défenseur
    des droits de l'homme, a été accusé de hooliganisme et d'agression
    physique contre un fonctionnaire, mais il affirme avoir été poursuivi
    en raison de son blog consacré aux actions menées dans le domaine des
    droits de l'homme.

    244. Le blogueur et militant de la société civile, M. Bakhtiyar
    Hajiyev, qui a été mis en liberté conditionnelle le 4 juin 2012, avait
    été condamné en mai 2011 Ã une peine d'emprisonnement de deux ans pour
    s'être soustrait au service militaire, après avoir participé Ã
    l'organisation des manifestations de mars 2011 via Facebook. Le moment
    choisi pour son arrestation et les accusations portées contre lui
    semblent être révélateurs d'une tentative de le faire abandonner ses
    activités critiques à l'égard du gouvernement. En outre, sa
    condamnation a trait à l'un des engagements de l'Azerbaïdjan, à savoir
    la mise en place d'une solution alternative au service militaire,
    garantie à l'article 76 de la Constitution. On notera à ce propos que
    la loi sur le service de remplacement n'a pas encore été adoptée (voir
    ci-après).

    245. En mai 2011, M. Jabbar Savalan, membre de l'Association des
    jeunes du parti du Front populaire d'Azerbaïdjan, a été condamné Ã
    deux ans et demi de prison pour détention de stupéfiants. Peu avant
    cela, il avait publié plusieurs commentaires critiques à l'égard des
    autorités et appelé Ã des manifestations sur des réseaux sociaux. Des
    organisations nationales et internationales de la société civile ont
    exprimé leur préoccupation face à ce qu'elles considèrent comme des
    chefs d'accusation fabriqués de toutes pièces. M. Jabbar Savalan a été
    libéré par grce présidentielle en décembre 2011.

    246. En août 2011, M. Vidadi Iskenderov, candidat aux élections
    législatives de 2010, a été condamné Ã trois ans de prison pour
    ingérence dans le processus électoral. Il avait auparavant dénoncé des
    fraudes dans le déroulement de ces élections.

    247. D'après la Human Rights House Foundation, au 4 juin 2012, sept
    journalistes étaient en prison en Azerbaïdjan. Les défenseurs des
    droits de l'homme et les militants politiques et de la société civile
    sont confrontés à des problèmes similaires lorsqu'ils émettent des
    critiques à l'encontre des autorités. Toujours d'après la Human Rights
    House Foundation, Ã la même date, quatre défenseurs des droits de
    l'homme étaient en prison85.

    248. Lors de notre visite en Azerbaïdjan le 12 juin 2012, M. Mehman
    Huseynov, photojournaliste et blogueur, a été arrêté et accusé
    d'agression physique contre des policiers lors d'un rassemblement non
    autorisé contre le gouvernement, organisé en marge du concours
    Eurovision de la chanson qui a eu lieu à Bakou en mai 2012. Il a été
    libéré après quelques heures mais les poursuites n'ont pas été
    abandonnées. Nous nous sommes entretenus avec son frère, M. Emin
    Huseynov, directeur de l'Institut pour la liberté et la sécurité des
    reporters, qui estime que faire pression sur un photojournaliste
    revient à faire pression sur tous les participants à la campagne «
    Chanter pour la démocratie ».

    249. Ces dernières années, les personnes placées en détention pour des
    raisons liées à l'exercice de leur droit à la liberté d'expression ont
    souvent été libérées avant la fin de leur peine d'emprisonnement (tel
    a été le cas de M. Eynulla Fatullayev fin mai 2011, et des blogueurs
    Adnan Hajizade et Emin Milli). Cependant, tous ces anciens détenus
    conservent un casier judiciaire, ce qui constitue un handicap
    manifeste pour leur vie future.

    250. Les accusations fallacieuses et l'incarcération ne sont pas les
    seules menaces qui pèsent sur les journalistes qui enquêtent sur les
    violations des droits de l'homme et les signalent : ils sont aussi
    quelquefois victimes d'agressions. Selon le rapport 2012 de Human
    Rights World sur l'Azerbaïdjan, il y aurait eu en 2011 plus de 50 cas
    signalés de harcèlement ou d'agression contre des journalistes. Dans
    la grande majorité des cas, les auteurs de ces actes n'ont pas été
    traduits en justice.

    251. L'assassinat du rédacteur du magazine Monitor , M. Elmar
    Huseynov, en 2005, et l'agression fatale contre le journaliste et
    écrivain Rafiq Tagi en 2011 restent non résolus et les enquêtes en
    cours n'ont pas abouti.

    252. M. Seymur Haziyev, journaliste au journal d'opposition Azadliq ,
    aurait été frappé le 26 mars 2011. A ses dires, ses agresseurs
    l'auraient mis en garde contre la rédaction d'articles critiques. Son
    dossier a récemment été renvoyé par la Cour d'appel pour un complément
    d'enquête. Nous avons demandé instamment aux autorités de faire la
    lumière sur cette affaire.

    253. M. Agil Khalil, correspondant d'investigation d' Azadliq , a été
    victime de plusieurs agressions, dont une à l'arme blanche. Bien qu'il
    ait signalé Ã la police locale les menaces de mort dont il avait fait
    l'objet, aucune mesure de protection n'a été prise à son égard.

    254. Le 3 avril 2011, un autre journaliste d' Azadliq , M. Ramin Deko,
    aurait été agressé physiquement et mis en garde contre la rédaction
    d'articles critiques.

    255. D'après les documents de Human Rights Watch, les cas de
    harcèlement, d'agressions, d'intimidation et de menaces à l'encontre
    de journalistes azerbaïdjanais se sont multipliés ces dernières
    années. Dans la quasi-totalité des affaires consignées par Human
    Rights Watch, les journalistes ont porté plainte, mais il n'y a pas eu
    d'enquêtes effectives ayant donné lieu à des poursuites à l'encontre
    des auteurs de ces actes86.

    256. Le 7 mars 2012, la journaliste d'investigation de Radio Free
    Europe, Mme Khadija Ismailova, qui enquêtait sur des plaintes
    concernant un éventuel conflit d'intérêts dans un projet de
    construction lucratif dans la ville de Bakou, a reçu des photographies
    prises en caméra cachée dans son appartement, la montrant dans son
    intimité, accompagnées d'une lettre la menaçant d'une publication des
    clichés sur internet si elle ne mettait pas un terme à son enquête. La
    journaliste a dénoncé publiquement cette tentative de chantage. Cela a
    entraîné la publication de la vidéo - un acte que les autorités ont
    ouvertement condamné. D'après les informations reçues, le Bureau du
    Procureur général a ouvert une enquête judiciaire pour faire suite Ã
    la plainte de Mme Ismailova. L'instruction est en cours. A ce jour,
    personne n'a encore été traduit en justice. 7.4. Liberté de réunion

    257. Depuis le début de l'année 2006, les pouvoirs locaux de Bakou
    interdisent systématiquement les rassemblements publics dans le
    centre-ville au motif qu'ils dérangeraient la population. Les
    événements de ce type doivent par conséquent se tenir dans des zones
    officiellement désignées à cet effet, éloignées du centre-ville et
    donc de la vie urbaine. Les manifestations qui se déroulent sans
    autorisation préalable sont souvent dispersées par la force et mènent
    à des arrestations, voire dans certains cas à des peines de détention
    administrative ou d'emprisonnement excessivement sévères.

    258. La liberté de réunion a été gravement bafouée en 2011, notamment
    en mars et en avril, avec le placement en détention de près de 200
    personnes, parmi lesquelles le chef de l'organisation des jeunes du
    parti Musavat, M. Tural Abbasli, Ã la suite de manifestations non
    autorisées dans le centre de Bakou. D'après les militants, les
    manifestations ont parfois été dispersées par un recours excessif à la
    force et le travail des journalistes a été entravé. Selon les
    autorités, 13 policiers ont été blessés, plus de 20 véhicules ont été
    endommagés et les vitrines de 17 magasins et établissements bancaires
    ont été brisées par les manifestants. Des enregistrements vidéo
    confirment dans une certaine mesure les allégations de part et
    d'autre.

    259. Les tribunaux azerbaïdjanais ont condamné au moins 30 personnes Ã
    des peines d'emprisonnement allant de cinq à huit jours de prison dans
    le cadre de procès à huis clos. En outre, la plupart des prévenus
    n'ont pas eu le droit de contacter leurs avocats. Quatorze personnes
    ont été condamnées à des peines d'un an et demi à trois ans de prison
    pour avoir participé à des « actions portant atteinte à l'ordre public
    », Ã la suite de procès dont la conformité avec les normes des droits
    de l'homme a été mis en cause par des ONG et des défenseurs des droits
    de l'homme.

    260. Comme nous l'avons déjà mentionné, au cours de notre visite en
    février 2012, nous avons rendu visite en prison à deux militants du
    parti Musavat et du parti du Front populaire condamnés respectivement
    Ã deux et trois ans d'emprisonnement pour vandalisme. Ils nous ont
    décrit les circonstances de leur détention, confirmant ainsi les
    craintes de la société civile nationale et internationale.

    261. A ce jour, aucun participant à ces manifestations n'est plus en
    détention. Lors de nos deux dernières visites, nous avions demandé
    instamment que toutes les personnes soient libérées sans délai par
    tous les moyens légaux possibles.

    262. En mars 2012, la police de Bakou a employé la force pour
    disperser une manifestation non autorisée mais pacifique dans le
    centre-ville. Quatre jeunes militants ont été frappés et 14
    manifestants ainsi qu'un journaliste couvrant l'événement ont été
    arrêtés.

    263. Egalement en mars 2012, Ã Guba près de 1 000 personnes sont
    descendues dans la rue pour demander la démission du chef du pouvoir
    exécutif local. Cette manifestation pacifique a été dispersée
    brutalement par les forces anti-émeutes. Au moins deux journalistes
    ont été grièvement blessés87.

    264. Des manifestations non autorisées à proximité du lieu où se
    tenait le Concours Eurovision de la chanson ont également été
    dispersées.

    265. Dans tous les cas précités, les organisateurs n'ont pas eu le
    droit de manifester au centre de Bakou ; les autorités leur ont
    proposé des sites de substitution en périphérie de la ville. Le
    Commissaire aux droits de l'homme a publiquement dénoncé cette méthode
    de restriction de la liberté de réunion. La jurisprudence de la Cour
    européenne des droits de l'homme88 indique qu'un tel refus de la part
    des autorités constitue une violation de l'article 11 de la
    convention.

    266. Il est inquiétant de voir que le parlement a récemment adopté des
    modifications au Code pénal et au Code administratif, qui visent Ã
    alourdir les peines infligées aux participants et aux organisateurs de
    manifestations non autorisées. Il est probable que ces modifications,
    conjuguées à l'interdiction générale et continue des rassemblements Ã
    Bakou, vont encore restreindre les libertés de réunion et
    d'expression. Lors de nos entretiens avec les autorités, nous avons
    insisté sur la nécessité de trouver une solution de compromis avec les
    organisateurs de manifestations et de désigner un lieu, Ã Bakou,
    susceptible de leur convenir et, en même temps, de répondre aux
    exigences de sécurité.

    267. Le OSCE/BIDDH et la Commission de Venise ont publié conjointement
    des lignes directrices relatives à la liberté de réunion pacifique (
    Guidelines on Freedom of Peaceful Assembly ), dont les législateurs et
    les autorités devraient s'inspirer. 7.5. Liberté d'association

    268. Selon les autorités, plus de 2 700 ONG sont enregistrées en
    Azerbaïdjan. La grande majorité d'entre elles regroupent des personnes
    qui partagent les mêmes intérêts et s'efforcent de les promouvoir (par
    exemple personnes gées, femmes, vétérans de guerre, PDI, etc.).

    269. Le gouvernement encourage le militantisme civil dans certains
    domaines et reçoit à cette fin le soutien de la communauté
    internationale, notamment du Conseil de l'Europe et de l'OSCE dans le
    cadre de programmes de coopération. Lorsque nous étions à Guba, nous
    avons rencontré le représentant d'une association chargée d'aider les
    ONG locales à mener leurs activités. Cette action est financée pour
    partie par le gouvernement et pour partie par les projets d'ONG
    internationales.

    270. Toutefois, les ONG Å`uvrant dans le domaine des droits de l'homme
    et des libertés, en particulier celles qui critiquent ouvertement le
    gouvernement, rencontrent quelques problèmes.

    271. La question de l'enregistrement des organisations non
    gouvernementales demeure problématique. Les modifications de la loi
    relative aux ONG adoptées le 9 juin 2009 ont instauré un certain
    nombre de dispositions restrictives concernant les ONG
    internationales, notamment celle interdisant aux ONG étrangères
    d'exercer leurs activités à moins que celles-ci ne reposent sur un
    accord international officiel. La procédure à suivre pour conclure ce
    type d'accord, qui a été annoncée par le gouvernement dans un décret
    publié le 16 mars 2011 seulement, n'est pas claire.

    272. Pourtant, le 10 mars 2011, l'antenne azerbaïdjanaise de la
    fondation Human Rights House a été fermée à la suite d'une
    notification émanant du service de l'immatriculation du ministère de
    la Justice, selon laquelle la fondation n'avait pas conclu d'accord
    avec le ministère, comme l'exigeaient les modifications apportées à la
    loi relative aux ONG. Cette organisation a récemment choisi un
    coordinateur local et poursuit ses activités dans le pays. Par
    ailleurs, une autre ONG internationale présente en Azerbaïdjan depuis
    le milieu des années 1990, le National Democratic Institute, a été
    fermée.

    273. Le décret précité dispose, en outre, que les organisations
    internationales doivent respecter les « valeurs nationales et morales
    » et ne pas s'engager dans la « propagande politique ou religieuse »,
    des motifs qui peuvent toujours servir de prétexte pour ne pas
    enregistrer une ONG. Ces termes sont trop vagues et peuvent faire
    l'objet d'interprétations erronées.

    274. Les ONG nationales rencontrent, elles aussi, des difficultés Ã
    exercer leurs activités89. Bien que la réglementation nationale
    azerbaïdjanaise n'instaure pas expressément une obligation
    d'enregistrement des ONG locales, ces dernières doivent être
    enregistrées pour acquérir le statut de personne morale nécessaire Ã
    leur fonctionnement. Par conséquent, dans la plupart des cas, les ONG
    présentent une demande d'enregistrement au ministère de la Justice.
    Cela dit, elles font quelquefois l'objet d'une application restrictive
    de la réglementation, qui aboutit à de longs délais d'attente ou Ã
    l'absence de réponse formelle aux demandes d'enregistrement. Dans
    plusieurs cas, les refus d'enregistrement ne précisaient pas la base
    juridique sur laquelle reposait la décision négative. D'après l'ONG «
    Human Rights Home Foundation » basée en Norvège, l'EMDEC (Election
    Monitoring and Democracy Education Centre), ONG bien connue, s'est
    retrouvé dans cette situation90.

    275. Le 3 octobre 2011, la Conférence des Organisations
    internationales non-gouvernementales du Conseil de l'Europe a dénoncé
    les modifications apportées à la loi relative aux ONG et adopté une
    recommandation dans laquelle elle invitait les autorités
    azerbaïdjanaises à réviser cette loi.

    276. Dans un avis juridique rendu en octobre 2011, la Commission de
    Venise recensait un certain nombre de problèmes concernant
    essentiellement la procédure d'enregistrement. Elle estimait que les
    modifications apportées en 2009 et le décret de 2011 constituaient un
    retour en arrière par rapport aux efforts entrepris précédemment pour
    se conformer aux normes internationales.

    277. Enfin, depuis plusieurs mois, certaines ONG nationales et
    internationales rencontrent des difficultés pour exercer leurs
    activités en toute liberté. Il y a eu des signalements de menaces et
    d'actes de harcèlement contre des membres de la société civile, et
    notamment des défenseurs des droits de l'homme et leurs familles. Les
    problèmes évoqués dans le précédent chapitre sur la liberté
    d'expression sont directement liés aux activités de la société civile
    en Azerbaïdjan. 7.6. Démolition de logements

    278. La mairie de Bakou a lancé en 2009 une campagne d'expropriation
    en vue de la construction d'un complexe « parc-jardins » parmi
    d'autres projets architecturaux, dans le cadre d'un programme de
    reconstruction. Les habitants qui ont refusé d'être dédommagés ou
    relogés ont été expulsés. Selon les autorités, certains d'entre eux se
    sont plaints du montant de la compensation financière, mais une large
    majorité a accepté la proposition standard.

    279. Au cours de nos réunions avec les représentants de la société
    civile, des critiques ont été exprimées à ce propos. Les problèmes
    sont multiples : tout d'abord, l'ensemble du processus manque de
    transparence. La planification à long terme ne fait pas l'objet d'une
    communication publique suffisante, il n'y a pas d'accès public à la
    documentation, la procédure et la prise de décisions sont peu clairs
    et le préavis au terme duquel les habitants sont tenus de quitter leur
    logement est parfois très court. Nous avons été informés qu'Ã aucune
    des audiences dans lesquelles les résidents ont contesté la démolition
    de leurs logements devant les tribunaux, les autorités de la ville de
    Bakou n'ont présenté de programme de développement urbain.

    280. Deuxièmement, les expulsions forcées sont contraires à la
    législation azerbaïdjanaise en vigueur, qui garantit le droit à la
    propriété privée et n'autorise les expropriations que dans des cas
    limités, notamment pour des questions de défense nationale ou pour les
    besoins de l'Etat91. Les expropriations doivent en outre reposer sur
    une ordonnance d'un tribunal92. De nombreuses démolitions ont eu lieu
    sans ordonnance de ce type voire, dans certains cas, en dépit de
    décisions de justice interdisant la démolition avant la fin de la
    procédure judiciaire.

    281. Troisièmement, une compensation financière unique de 1 900
    dollars par mètre carré a été définie, indépendamment de l'usage, de
    l'ge ou de l'état des habitations. Les autorités nous ont expliqué
    que les logements à détruire étaient, pour la plupart, anciens et
    délabrés. Par ailleurs, il est apparu clairement au cours des
    discussions que les prix de 5 000 dollars par mètre carré évoqués ne
    concernaient que des appartements bien situés dans des immeubles
    construits récemment. Les habitants n'ont pas obtenu de dédommagement
    pour les terrains sur lesquels leurs maisons étaient construites,
    contrairement aux dispositions de la loi en vigueur.

    282. En outre, Ã ce jour, 30 maisons qui avaient été classées parmi
    les btiments présentant un intérêt architectural par la décision n°
    132 (2001) du gouvernement ont été démolies93. Leurs propriétaires ont
    obtenu la même indemnisation standard.

    283. De nombreux éléments, y compris des enregistrements vidéo,
    montrent que la police a participé activement aux expulsions
    forcées94.

    284. Le 12 août 2011, le btiment qui abritait plusieurs organisations
    de droits de l'homme, dont le renommé Institut pour la paix et la
    démocratie, a été rasé au bulldozer. Nous nous sommes entretenus avec
    la directrice de l'institut, Mme Leyla Yunus, défenseur des droits de
    l'homme qui se bat depuis longtemps contre les expulsions forcées.
    Nous avons appris que le personnel de l'institut n'avait pas été
    autorisé Ã évacuer le matériel (ordinateurs, etc.). Mme Yunus a estimé
    la valeur de marché de son immeuble à 625 000 dollars, alors que les
    autorités considéraient que la superficie totale de son appartement et
    du bureau de son institut n'était que de 85 m2, soit une demande de
    plus de 7 300 dollars par mètre carré. Mme Yunus affirme en outre
    n'avoir reçu aucun préavis d'expulsion. Après avoir engagé une action
    en justice contre la ville en février 2011, elle a obtenu en mai une
    décision d'un tribunal de commerce local ordonnant la suspension de
    tous les travaux de démolition jusqu'Ã la fin de la procédure.
    Autrement dit, l'expulsion forcée enfreignait la décision du tribunal.
    Toutefois, Mme Yunus n'a pas encore poursuivi son action au civil.
    7.7. Liberté de conscience et de religion

    285. D'après les chiffres officiels, 97 % de la population
    azerbaïdjanaise (qui compte 9 millions de personnes) est musulmane. Le
    reste de la population se compose principalement d'orthodoxes russes,
    d'orthodoxes arméniens, d'autres groupes chrétiens, de Juifs et de
    non-croyants.

    286. La Constitution de l'Azerbaïdjan garantit la liberté religieuse.
    Toutefois, d'autres lois et politiques d'application soulèvent des
    préoccupations en ce qu'elles sont pourraient restreindre la liberté
    de conscience et de religion.

    287. Certaines conditions déjà restrictives pour les communautés
    religieuses ont été renforcées par l'adoption, en mai 2009,
    d'amendements à la loi sur la liberté de religion obligeant les
    communautés religieuses à se réenregistrer pour pouvoir poursuivre
    leurs activités. Par ailleurs, des amendes plus élevées peuvent
    désormais être imposées aux étrangers ou aux apatrides qui font de la
    propagande religieuse, ainsi qu'aux personnes qui pratiquent leurs
    rites à toute adresse autre que celle enregistrée par leur communauté
    religieuse, qui publient, importent ou exportent des ouvrages
    religieux sans avoir obtenu au préalable l'autorisation du Comité
    d'Etat chargé des relations avec les organisations religieuses, qui
    diffusent des ouvrages religieux sans autorisation, qui vendent des
    ouvrages religieux en dehors des lieux autorisés ou qui s'engagent
    dans des activités de prosélytisme non prévues par les statuts de leur
    communauté religieuse.

    288. Dans son rapport le plus récent sur l'Azerbaïdjan, l'ECRI s'est
    déclarée vivement préoccupée par cette situation, soulignant qu'elle
    n'était pas en conformité avec la jurisprudence de la Cour européenne
    des droits de l'homme et, plus particulièrement, avec la jurisprudence
    concernant la pratique d'activités religieuses en privé et les
    restrictions préalables à la publication, ainsi que sur la distinction
    faite par la Cour entre, d'une part, le témoignage religieux et,
    d'autre part, le prosélytisme abusif.

    289. Certains groupes n'ont eu aucun mal à se conformer à l'obligation
    de réenregistrement de tous les groupes religieux indépendamment de
    leur statut antérieur, entrée en vigueur en 2010. Néanmoins, d'autres
    groupes se sont vu refuser l'enregistrement et se retrouvent dans une
    situation incertaine. Tel est le cas en particulier de certaines
    communautés de Témoins de Jéhovah, de Baptistes, d'Adventistes du
    septième jour, de la mosquée Fatima Zahra, du Baku International
    Fellowship, de l'Eglise baptiste d'Aliabad et de l'église Cathedral of
    Praise, de l'église Nehemiah et de l'église Pentecôtiste.

    290. D'après les chiffres fournis par le ministère de la Justice,
    avant l'entrée en vigueur des amendements de 2010, il y avait 534
    communautés religieuses enregistrées.

    291. A la date de décembre 2010, le Comité d'Etat a indiqué qu'un
    total de 576 communautés religieuses avaient été enregistrées, parmi
    lesquelles 493 étaient musulmanes, 9 chrétiennes, 6 juives, 1 Hare
    Krisjna et 1 Baha'I, et 17 non musulmanes. Le processus
    d'enregistrement est en cours pour d'autres groupes. Toutefois,
    certaines communautés se plaignent d'avoir obtenu des réponses
    contradictoires, malgré des tentatives répétées de réenregistrement.
    Sept groupes ont reçu une réponse négative. D'après la jurisprudence
    de la Cour européenne des droits de l'homme, tout refus de
    réinscription de communautés qui existaient déjà dans le pays depuis
    un certain temps et y exerçaient leurs activités en toute légalité
    doit reposer sur des motifs particulièrement impérieux et solides.

    292. Certaines communautés ont contesté la décision négative des
    autorités devant les tribunaux.

    293. En décembre 2010, le parlement a adopté une loi qui augmentait
    considérablement les amendes imposées pour violation des lois sur les
    activités religieuses, notamment s'agissant de l'importation de
    certains matériels religieux. Aux termes de la précédente loi, un
    individu reconnu coupable d'une violation seule (production,
    importation ou diffusion d'ouvrages religieux sans autorisation du
    Comité d'Etat et « propagande religieuse » par des étrangers) était
    passible d'une amende de 100 Ã 300 manat (environ 105 Ã 315 euros).
    Aux termes de la nouvelle loi, un individu reconnu coupable de la même
    violation s'expose à une amende de 1 500 à 2 000 manat (environ 1 580
    Ã 2 100 euros).

    294. Les amendements à la législation nationale adoptés courant 2011
    ont entraîné un nouveau durcissement des règles à respecter pour la
    création d'une communauté religieuse et instauré une obligation de
    déclaration au Conseil des musulmans du Caucase et au Comité d'Etat
    chargé des relations avec les communautés religieuses, ce qui a
    considérablement accru la gravité des sanctions encourues. Des
    obligations d'enregistrement contraignantes sont également imposées
    aux groupes religieux. L'avis de la Commission de Venise a été adopté
    en octobre 2012. Nous demandons aux autorités azerbaïdjanaises de
    s'attaquer à ces problèmes et de suivre les recommandations figurant
    dans cet avis.

    295. A notre demande, la commission de suivi a décidé, Ã sa réunion du
    31 mai 2012, de solliciter l'avis de la Commission de Venise sur la
    loi relative à la liberté religieuse.

    296. Lors de notre visite en juin 2012, nous avons, il faut le
    reconnaître, été marqués par notre rencontre avec les représentants
    des principales confessions présentes en Azerbaïdjan (musulmans,
    orthodoxes, catholiques et juifs). Selon eux, les conditions
    d'exercice du culte sont pleinement satisfaisantes et la coopération
    entre les confessions est exemplaire, ce qui confirme le climat de
    tolérance religieuse qui règne dans le pays. Ils ont tous insisté sur
    le fait qu'ils sont totalement libres de pratiquer leur religion et
    qu'ils adhèrent pleinement à la politique des autorités
    azerbaïdjanaises en ce qui concerne la liberté de religion. Ils ont
    invité l'Union européenne à se focaliser sur cet aspect spécifique de
    la société azerbaïdjanaise et à apporter au pays un soutien sans
    équivoque afin d'encourager cette politique de tolérance religieuse
    aux confins de l'Europe.

    297. S'il est vrai que les communautés religieuses traditionnelles ne
    rencontrent aucun obstacle majeur à l'exercice de leur religion, nous
    avons eu connaissance d'informations selon lesquelles les autorités
    auraient surveillé et perquisitionné certains services, ou encore
    confisqué du matériel religieux à de petits groupes religieux
    sectaires. La polémique actuelle concernant l'interdiction officielle
    du port du hijab (voile) Ã l'école et l'incarcération des chefs du
    parti islamique d'Azerbaïdjan en 2011 risque d'entraîner une montée de
    l'extrémisme religieux dans une société par ailleurs tolérante. 7.8.
    Service de remplacement

    298. Lors de l'adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé « Ã adopter une
    loi sur un service de remplacement conforme aux normes européennes
    dans les deux années suivant son adhésion et, entre-temps, Ã amnistier
    les objecteurs de conscience purgeant actuellement des peines de
    prison ou servant dans des bataillons disciplinaires, en les
    autorisant (une fois la loi sur le service de remplacement entrée en
    vigueur) Ã choisir de faire leur service militaire dans des unités non
    armées ou dans un service civil de remplacement ».

    299. La Constitution de l'Azerbaïdjan contient une disposition
    stipulant expressément que, si le service militaire est contraire aux
    convictions d'une personne, une forme alternative du service militaire
    peut, dans les cas prévus par la loi, être autorisée au lieu du
    service militaire ordinaire (article 76.II). Malheureusement, la loi
    correspondante n'a jamais été adoptée.

    300. Un projet de loi a été préparé et a fait l'objet d'un avis de la
    Commission de Venise en 2006, mais n'a pas été adopté.

    301. Les autorités nous ont expliqué au cours de nos visites que ce
    retard était dû au conflit non résolu avec l'Arménie à propos du
    Haut-Karabakh. Toutefois, au cours de notre visite en juin 2012, nous
    avons été heureux d'apprendre que la loi sur le service de
    remplacement était en cours de préparation.

    302. Nous demandons instamment aux autorités d'adopter sans plus
    tarder une loi sur le service civil de remplacement conformément aux
    normes du Conseil de l'Europe et, dans l'intervalle, de ne pas
    poursuivre ou emprisonner les objecteurs de conscience au service
    militaire, mais de leur offrir la possibilité d'accomplir leur devoir
    envers la société conformément à leurs convictions. 7.9. Protection
    des minorités, xénophobie et intolérance

    303. L'Azerbaïdjan est un pays multi-ethnique et multi-culturel. Les
    principaux groupes ethniques de la population sont les Azerbaïdjanais
    (91,6 %), les Lezguiens (2,02 %), les Arméniens (1,35 %), les Russes
    (1,35 %), les Talish (1,26 %), les Avars (0,56 %) et les Turcs (0,43
    %). Lors de l'adhésion, l'Azerbaïdjan s'est engagé Ã adopter, dans un
    délai de trois ans suivant son adhésion, « une loi sur les minorités
    qui complète les dispositions sur la non-discrimination contenues dans
    la Constitution et le Code pénal et qui se substitue au décret
    présidentiel sur les minorités nationales ».

    304. Depuis qu'il a ratifié la Convention-cadre pour la protection des
    minorités nationales (STE n o 157) en juin 2000, l'Azerbaïdjan est
    soumis à la procédure de suivi de la Convention. Le rapport le plus
    récent du Comité consultatif date de 2008. Le rapport étatique le plus
    récent a été présenté en 2011.

    305. Le cadre juridique et institutionnel applicable à la protection
    des minorités nationales en Azerbaïdjan est très limité. La loi sur
    les minorités, qui constitue l'un des engagements du pays, fait
    l'objet d'un débat public depuis plusieurs années mais n'a pas encore
    été adoptée pour l'instant et les principales bases législatives de la
    politique à l'égard des minorités restent le décret présidentiel de
    1992 sur les droits et libertés des minorités nationales et l'article
    45 de la Constitution qui énonce le droit de suivre un enseignement
    dispensé dans une langue minoritaire.

    306. En outre, il n'y a pas de structure institutionnelle chargée de
    traiter spécifiquement et de manière régulière les questions relatives
    Ã la protection des minorités nationales. Il n'existe pas non plus de
    mécanisme permettant la consultation et la participation effective des
    personnes appartenant aux minorités nationales dans la prise de
    décisions sur les sujets qui les concernent.

    307. Des efforts ont certes été déployés pour préserver les monuments
    culturels des minorités nationales, notamment les établissements de
    culte, mais les politiques en faveur des minorités nationales et des
    activités de leurs organisations sont rares. En outre, il n'existe pas
    de système institutionnel d'attribution d'aides aux organisations de
    minorités.

    308. Il y a lieu de se féliciter, toutefois, des progrès accomplis
    dans le domaine de l'éducation des minorités, et du fait qu'il existe
    des écoles où l'intégralité du programme est dispensé en russe ou en
    géorgien. Il est également possible d'étudier d'autres langues
    minoritaires à l'école primaire dans les régions où résident des
    minorités.

    309. Les personnes appartenant aux minorités nationales sont présentes
    dans la vie politique azerbaïdjanaise, y compris au sein d'organes
    élus. Toutefois, elles ne disposeraient pas d'un véritable moyen de
    défendre les intérêts et d'exprimer les préoccupations des minorités.
    7.10. L'institution de l'Ombudsman

    310. La loi constitutionnelle sur le commissaire aux droits de l'homme
    de la République d'Azerbaïdjan a été promulguée en 2002. L'ombudsman
    est élu par le parlement parmi trois candidats présentés par le
    président de la République. Depuis la création de l'institution, ce
    poste est occupé par Mme Elmira Suleymanova, que nous avons rencontrée
    Ã plusieurs reprises. Le bureau du commissaire compte quatre centres
    régionaux.

    311. Outre le traitement des requêtes individuelles concernant des
    violations de droits de l'homme, le commissaire peut présenter au
    parlement des propositions de révision de la législation.

    312. L'ordonnance présidentielle de 2009 a désigné le commissaire
    comme étant le mécanisme national de prévention de la torture. Le
    commissaire est donc autorisé Ã effectuer régulièrement des visites
    dans les lieux de détention, les centres d'isolement, les cellules
    d'isolement utilisées durant les enquêtes, les établissements
    pénitentiaires, les prisons et les établissements psychiatriques. Il
    publie des rapports périodiques contenant ses conclusions95 et formule
    des propositions pour résoudre les problèmes recensés.

    313. Comme mentionné précédemment, le commissaire est également
    responsable de la coopération relative à la mise en Å`uvre du Plan
    d'action national de protection des droits de l'homme. Annexe 1 -
    Tableau de la législation mise en place par l'Azerbaïdjan en vue de la
    réalisation des ses engagements, tels qu'énoncés dans l' Avis 222
    (2000) de l'Assemblée parlementaire sur la demande d'adhésion de
    l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe

    Liste des engagements

    Résultats obtenus

    i. en matière de conventions :

    a. Ã signer, au moment de son adhésion, la Convention européenne des
    droits de l'homme, telle qu'amendée par ses Protocoles n os 2 et 11,
    et les Protocoles n os 1, 4, 6 et 7 ;

    Signée le 25 janvier 2001.

    b. Ã ratifier la Convention et ses Protocoles n os 1, 4, 6 et 7 dans
    l'année suivant son adhésion ;

    Ratifiés le 15 avril 2002.

    c. à signer et à ratifier, dans un délai d'un an suivant son adhésion,
    la Convention européenne pour la prévention de la torture et des
    peines ou traitements inhumains ou dégradants, et ses protocoles ;

    Ratifiés le 15 avril 2002.

    d. à signer et à ratifier, dans un délai d'un an suivant son adhésion,
    la Convention-cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des
    minorités nationales ;

    Ratifiée le 26 juin 2000.

    e. à signer et à ratifier, dans un délai d'un an suivant son adhésion,
    la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ;

    Signée le 21 décembre 2001 mais pas ratifiée.

    f. à signer et à ratifier, dans un délai d'un an suivant son adhésion,
    la Charte européenne de l'autonomie locale ;

    Ratifiée le 15 avril 2002.

    g. à signer et à ratifier, dans un délai de deux ans suivant son
    adhésion, la Convention-cadre européenne sur la coopération
    transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales et ses
    protocoles additionnels ainsi que les conventions du Conseil de
    l'Europe relatives à l'extradition, à l'entraide judiciaire en matière
    pénale, celle relative au blanchiment, au dépistage, Ã la saisie et Ã
    la confiscation des produits du crime, et celle sur le transfèrement
    des personnes condamnées, et à appliquer entre-temps leurs principes
    fondamentaux ;

    La Convention-cadre sur la coopération transfrontalière a été ratifiée
    le 30 mars 2004, les conventions sur l'extradition en 2002, la
    convention relative à l'entraide judiciaire en matière pénale et son
    protocole additionnel ainsi que la convention relative au blanchiment,
    au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime
    le 4 juillet 2003 et la convention sur le transfèrement des personnes
    condamnées le 25 janvier 2001.

    La version actualisée de la Convention sur le blanchiment de capitaux
    et le financement du terrorisme (STCE n° 198) pas signée.

    h. Ã signer, dans un délai de deux ans suivant son adhésion, la Charte
    sociale européenne, Ã la ratifier dans un délai de trois ans suivant
    son adhésion et, dès à présent, à s'efforcer de mettre en Å`uvre une
    politique conforme aux principes de la charte ;

    Ratifiée le 2 septembre 2004.

    i. à signer et à ratifier, dans un délai de deux ans suivant son
    adhésion, la Convention pénale sur la corruption et la Convention
    civile sur la corruption ;

    Ratifiées le 11 février 2004.

    j. Ã signer l'Accord général sur les privilèges et immunités du
    Conseil de l'Europe et ses protocoles additionnels au moment de son
    adhésion, et à le ratifier dans un délai d'un an suivant son adhésion
    ;

    Ratifiés le 16 janvier 2002.

    ii. en matière de règlement du conflit du Haut-Karabakh :

    a. Ã poursuivre les efforts pour résoudre ce conflit exclusivement par
    des moyens pacifiques ;

    Les négociations sont en cours dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE.

    b. Ã régler les différends internationaux et internes par des moyens
    pacifiques et selon les principes de droit international (obligation
    qui incombe à tous les Etats membres du Conseil de l'Europe), en
    rejetant résolument toute menace d'employer la force contre ses
    voisins ;

    iii. en matière de législation interne :

    a. Ã réviser la législation en matière d'élections, en particulier la
    loi sur la commission électorale centrale et la loi électorale, en
    tenant compte des recommandations faites par les observateurs
    internationaux lors des scrutins passés, de façon à ce que les
    prochaines élections législatives qui auront lieu en automne 2000
    confirment définitivement les progrès effectués et que leurs résultats
    soient acceptés par la majorité des partis politiques participant aux
    élections, et qu'elles puissent être considérées comme libres et
    équitables par des observateurs internationaux ;

    La législation en matière d'élections n'est pas pleinement conforme
    aux normes du Conseil de l'Europe.

    Dans son avis de 2008, la Commission de Venise a souligné un certain
    nombre de problèmes dans le Code électoral, notamment en ce qui
    concerne la composition de la Commission électorale centrale (CEC) et
    des commissions électorales territoriales, l'enregistrement des
    candidats, les observateurs, la liste électorale et son exactitude,
    ainsi que la procédure de réclamation et d'appel.

    Dans deux résolutions consécutives sur le fonctionnement des
    institutions démocratiques en Azerbaïdjan, en 2008 et 2010,
    l'Assemblée a demandé aux autorités de réviser les lois
    correspondantes.

    b. Ã amender, avant la tenue des prochaines élections locales, la
    législation actuelle relative aux pouvoirs des autorités locales en
    vue d'accroître leurs compétences et leur autonomie, en tenant compte
    des recommandations formulées en la matière par le Congrès des
    pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe (CPLRE) ;

    En 2003, le Congrès a adopté plusieurs recommandations adressées aux
    autorités azerbaïdjanaises concernant l'introduction d'une nouvelle
    législation relative à la démocratie locale et régionale.

    En 2009, le Congrès s'est dit préoccupé par l'amendement à la
    Constitution relatif à la démocratie locale.

    En 2009 également, la Commission de Venise s'est montrée préoccupée
    par le projet d'amendement à la loi sur le statut des municipalités,
    élaboré pour assurer la mise en Å`uvre de ce changement
    constitutionnel.

    En 2012, le Congrès a conclu qu'il n'y avait pas eu de progrès réels
    dans la mise en Å`uvre de la Charte européenne de l'autonomie locale.

    c. à poursuivre les réformes visant à renforcer l'indépendance du
    pouvoir législatif vis-Ã-vis de l'exécutif pour que le premier puisse
    exercer le droit d'interpellation des membres du gouvernement ;

    La loi constitutionnelle « sur les sauvegardes pour le vote de
    confiance du Milli Mejlis envers le gouvernement » adoptée en 2001
    prévoit, pour le pouvoir législatif, un droit d'interpellation des
    membres du gouvernement. Toutefois, comme l'a fait remarquer la
    Commission de Venise en 2001, l'adoption de la loi constitutionnelle
    précitée ne donne pas au parlement le droit d'émettre un vote de
    défiance à l'égard du gouvernement.

    d. Ã adopter, dans un délai d'un an suivant son adhésion, le Code de
    procédure pénale, en tenant compte des observations des experts du
    Conseil de l'Europe ;

    Le Code de procédure pénale a été préparé avec l'aide d'experts du
    Conseil de l'Europe, mais toutes leurs remarques n'ont pas été prises
    en compte.

    e. Ã adopter, dans un délai d'un an suivant son adhésion, la loi sur
    l'ombudsman ;

    Une loi sur l'ombudsman a été adoptée le 28 décembre 2001.

    f. Ã adopter, dans un délai d'un an suivant son adhésion, une loi sur
    la lutte contre la corruption et, dans un délai de deux ans suivant
    son adhésion, un programme d'Etat de lutte contre la corruption ;

    Une loi sur la lutte contre la corruption a été adoptée le 13 janvier
    2004. Une stratégie nationale contre la corruption et un plan d'action
    pour sa mise en Å`uvre sur la période 2007-2011, élaborés en
    coopération avec le Conseil de l'Europe, ont été adoptés par décret
    présidentiel en juillet 2007.

    L'Azerbaïdjan a accompli des progrès significatifs pour ce qui est de
    la pénalisation de la corruption ; cependant, d'après les rapports du
    GRECO, d'autres modifications législatives s'imposent, notamment en ce
    qui concerne la définition des termes « agent public » et « infraction
    de corruption consommée ».

    g. Ã adopter une loi sur un service de remplacement conforme aux
    normes européennes dans les deux années suivant son adhésion et,
    entre-temps, Ã amnistier les objecteurs de conscience purgeant
    actuellement des peines de prison ou servant dans des bataillons
    disciplinaires, en les autorisant (une fois la loi sur le service de
    remplacement entrée en vigueur) Ã choisir de faire leur service
    militaire dans des unités non armées ou dans un service civil de
    remplacement ;

    Aucune loi sur le service de remplacement n'a été adoptée. Un projet
    de loi a été préparé et a été évalué par le Conseil de l'Europe en
    2006.

    iv. en matière de droits de l'homme et de libertés fondamentales :

    a. Ã signer un accord avec le Comité international de la Croix-Rouge
    (CICR) garantissant l'accès de ce dernier aux détenus sans
    restrictions et sans réserves ;

    Des visites régulières dans les lieux de détention sont organisées par
    le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

    b. Ã libérer ou rejuger ceux des prisonniers qui sont considérés comme
    des « prisonniers politiques » par des organisations de protection des
    droits de l'homme, notamment M. Iskander Gamidov, M. Alikram Gumbatov
    et M. Raquim Gaziyev ;

    Les dossiers des détenus qui ont été identifiés comme des prisonniers
    politiques par les experts indépendants du Secrétaire Général en 2001
    et en 2002-2004 (« liste des 716 ») ont été clos, toutes ces personnes
    ayant été libérées ou rejugées.

    Depuis, l'Assemblée parlementaire a soulevé la question d'autres
    prisonniers politiques présumés en Azerbaïdjan dans les Résolutions
    1547 (2007) et 1676 (2009) . Le rapport de la commission des questions
    juridiques et des droits de l'homme sur le sujet sera débattu Ã
    l'Assemblée durant la partie de session de janvier 2013.

    c. Ã poursuivre en justice les membres des organes chargés de faire
    appliquer la loi qui n'ont pas respecté les droits de l'homme
    (notamment l'interdiction de la torture) dans l'exercice de leurs
    fonctions ;

    Les cas de torture et d'autres mauvais traitements demeurent une
    source de préoccupation en Azerbaïdjan. Des défenseurs des droits de
    l'homme et des ONG nationales et internationales ont signalé plusieurs
    cas alarmants d'allégations de torture et de mauvais traitements en
    garde à vue, durant la phase d'instruction et au sein des
    établissements pénitentiaires. La police aurait également eu recours Ã
    la violence contre des journalistes couvrant certains événements.

    Aucune enquête effective n'a été menée dans la majorité des cas.

    d. Ã garantir la liberté d'expression et l'indépendance des médias et
    des journalistes et, notamment, Ã exclure l'utilisation des mesures
    administratives pour limiter la liberté des médias ;

    L'état actuel de la liberté d'expression en Azerbaïdjan soulève de
    graves préoccupations. Elle est menacée par plusieurs facteurs : la
    mainmise de l'Etat sur les médias, le manque de diversité de la presse
    écrite, la pénalisation de la diffamation et l'utilisation répressive
    de la législation relative à la diffamation ainsi que les pratiques
    consistant à engager des poursuites pénales injustifiées ou sélectives
    contre des journalistes ou d'autres personnes pouvant exprimer des
    opinions critiques, mais aussi et surtout les cas de harcèlement et de
    violence à l'encontre de journalistes critiques, aggravés par
    l'impunité des auteurs de ces actes.

    e. à réexaminer et à amender, dans un délai de deux ans au plus tard
    après son adhésion, la loi sur les médias ;

    Voir commentaires ci-dessus.

    f. Ã transformer la chaîne nationale de télévision en chaîne publique,
    gérée par un conseil d'administration indépendant ;

    La deuxième chaîne de télévision d'Etat (AzTV2) a juridiquement été
    transformée en service public de radiodiffusion, mais la première
    chaîne de télévision d'Etat (AzTV1) reste sous contrôle de l'Etat.

    L'Assemblée parlementaire et des institutions telles que le
    représentant de l'OSCE pour la liberté des médias et le BIDDH/OSCE
    dans le cadre des élections, ont tous souligné le manque
    d'indépendance de ces deux chaînes.

    En juin 2007, des experts du Conseil de l'Europe ont formulé des
    recommandations en vue d'introduire dans la législation des garanties
    permettant d'assurer une telle indépendance (cf. document
    ATCM(2007)11), mais la loi sur la radio et la télévision d'Azerbaïdjan
    n'a pas été modifiée.

    g. Ã adopter, dans un délai de trois ans suivant son adhésion, une loi
    sur les minorités qui complète les dispositions sur la
    non-discrimination contenues dans la Constitution et le Code pénal et
    qui se substitue au décret présidentiel sur les minorités nationales ;

    Aucune loi spécifique sur la protection des minorités nationales n'a
    été adoptée pour l'instant.

    h. à réexaminer et à amender, dans un délai d'un an au plus tard après
    son adhésion, les critères d'enregistrement des associations et les
    procédures de recours.

    La Commission de Venise, dans son avis, a soulevé un certain nombre de
    problèmes en ce qui concerne la loi sur les ONG. Annexe 2 - Avis
    divergent de MM. Davit Harutyunyan (Arménie, GDE) et Armen Rustamyan
    (Arménie, SOC), membres de la commission de suivi96

    Introduction

    Nous sommes en désaccord avec certaines conclusions des corapporteurs
    pour l'Azerbaïdjan ainsi qu'avec le choix des termes utilisés dans le
    rapport intitulé « Respect des obligations et engagements de
    l'Azerbaïdjan », en particulier en ce qui concerne la partie de ce
    rapport relative au conflit du Haut-Karabakh, pour les raisons
    ci-après :

    - L'information présentée dans le rapport est partiale.

    - L'information, très souvent, n'est que l'écho de la propagande du
    Gouvernement azerbaïdjanais.

    - La formulation employée n'est pas conforme à celle convenue et
    utilisée par le Groupe de Minsk de l'OSCE - seul format autorisé et
    internationalement reconnu pour traiter la question du règlement du
    conflit du Haut-Karabakh.

    Pour ces raisons, les conclusions tirées sur tous les aspects de ce
    conflit sont trompeuses et ne reflètent pas la situation sur le
    terrain.

    On trouvera ci-après nos objections au rapport et à l'exposé des
    motifs des corapporteurs

    Paragraphe 5

    Malgré le débat d'actualité sur l'affaire Safarov tenu lors de la
    partie de session d'automne 2012 de l'Assemblée et malgré la
    condamnation catégorique et sévère par la communauté internationale
    (notamment le Président de l'Assemblée parlementaire, le Secrétaire
    Général du Conseil de l'Europe, le Commissaire aux droits de l'homme,
    le Président de l'ECRI, etc.) des actes scandaleux des autorités
    azerbaïdjanaises concernant la libération et l'apologie d'un assassin,
    ces agissements inacceptables et intolérables sont évoqués par les
    corapporteurs dans une phrase neutre. De surcroît, ceux-ci ne disent
    rien de l'utilisation abusive par l'Azerbaïdjan de la Convention du
    Conseil de l'Europe sur le transfèrement des personnes condamnées.

    Paragraphes 21 et 26

    Dans ces paragraphes, les corapporteurs utilisent les mots « conflit
    en cours avec l'Arménie au sujet du Haut-Karabakh ». Ce libellé ne
    correspond pas au format convenu par le Groupe de Minsk de l'OSCE,
    seul format internationalement reconnu et accepté pour traiter la
    question du conflit du Haut-Karabakh.

    Les trois principes de référence reconnus par le Groupe de Minsk de
    l'OSCE et, par défaut, par l'ensemble des Etats membres de cette
    organisation - Etats qui sont également membres du Conseil de l'Europe
    - sont le « droit à l'autodétermination », le « non-recours à la force
    et à la menace de la force » et « l'intégrité territoriale ».

    Le libellé proposé par les corapporteurs reflète la position des
    autorités azerbaïdjanaises, pour qui le conflit est d'ordre
    territorial. Cette affirmation est sans fondement ; la population du
    Haut-Karabakh a exercé son droit à l'autodétermination. Or, ainsi
    qu'indiqué précédemment, ce droit est reconnu par le Groupe de Minsk
    et par l'Azerbaïdjan lui-même (voir, par exemple, la Déclaration
    ministérielle d'Astana, OSCE, 2010).

    De plus, on dénombre trois parties au conflit : l'Azerbaïdjan,
    l'Arménie et le Haut-Karabakh ; l'Arménie est en effet «
    conditionnellement » partie au conflit dans la mesure où la communauté
    internationale, de manière générale, et l'Assemblée parlementaire en
    particulier, l'ont priée « d'utiliser l'influence considérable qu'elle
    a sur les Arméniens du Haut-Karabakh pour encourager la résolution du
    conflit » (voir l'Avis 221 (2000) de l'Assemblée parlementaire sur la
    demande d'adhésion de l'Arménie au Conseil de l'Europe, paragraphe
    13.2. b ). Le Protocole de cessez-le-feu de Bichkek a été signé en
    1994 par les représentants élus du Haut-Karabakh. Si un accord de paix
    est trouvé, il doit être signé par les autorités de la République du
    Haut-Karabakh.

    Les mots « conflit du Haut-Karabakh » sont les seuls à être reconnus
    par les coprésidents du Groupe de Minsk, qui les utilisent dans toutes
    leurs communications et déclarations officielles. Nous considérons que
    notre Organisation devrait se garder de déformer tout terme convenu,
    surtout quand il s'agit de traiter de problèmes complexes et hautement
    politiques tels que le conflit du Haut-Karabakh.

    Références :

    - http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewPDF.asp ?FileID=16815&Language=FR

    - www.nkrusa.org/nk_conflict/documents.shtml#two

    Paragraphe 30

    Dans ce paragraphe, les corapporteurs insistent sur le fait que « la
    communauté internationale, Ã laquelle on peut reprocher de n'avoir pas
    respecté ses propres résolutions relativement à ce conflit, exerce par
    ailleurs une pression politique considérable sur l'Azerbaïdjan dans
    d'autres domaines ». Ce faisant, ils se bornent malheureusement Ã
    reprendre la position des autorités azerbaïdjanaises qui prétextent du
    conflit pour tenter de justifier l'absence de mise en Å`uvre de leurs
    engagements en matière de droits de l'homme, d'Etat de droit et de
    démocratie. Nous estimons que la communauté internationale n'exerce
    aucune pression injustifiée sur le Gouvernement azerbaïdjanais. Dans
    sa résolution de 1999 sur l'appui au processus de paix dans la région
    du Caucase, le Parlement européen affirme que « le renforcement de la
    démocratie et le respect des droits de l'homme sont des conditions
    essentielles pour une solution pacifique au conflit du Karabakh ».
    L'existence d'un conflit ne saurait justifier l'absence de progrès
    dans d'autres domaines. Nous considérons que les corapporteurs de
    l'Assemblée parlementaire ne devraient pas suivre l'argumentation du
    Gouvernement azerbaïdjanais mais insister plutôt sur le fait que rien
    ne justifie l'absence de mise en Å`uvre des engagements souscrits.

    Références :

    - http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewHTML.asp ?FileID=16816&Language=FR

    - http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do ?uri=OJ
    :C:1999:175:0251:0252 :FR :PDF

    Paragraphe 31

    Dans ce paragraphe, les corapporteurs affirment que : « Dix-huit ans
    après l'accord de cessez-le-feu, aucune solution pacifique n'a été
    trouvée : près de 20 % du territoire azerbaïdjanais, et notamment le
    Haut-Karabakh et sept districts environnants, est toujours occupé.
    Quelque 900 000 personnes, soit 10 % de la population du pays, restent
    déplacées, ce qui pèse lourdement sur la situation économique et
    sociale de l'Azerbaïdjan »97.

    La question du futur statut du Haut-Karabakh et de l'état des
    territoires environnants est une des principales questions
    actuellement négociées dans le cadre des principes de Madrid rappelés
    dans la Déclaration du Sommet du G8 de L'Aquila et les déclarations
    consécutives des G8 de Muskoka et de Deauville, ainsi que dans la
    Déclaration du G20 de Los Cabos (par les Présidents américain, russe
    et français). Alors que le Conseil de l'Europe a reconnu le format du
    Groupe de Minsk et les négociations en cours dans le cadre de
    celui-ci, il ne faudrait pas que les documents adoptés par l'Assemblée
    parlementaire s'écartent de ce format car les négociations pourraient
    en ptir. C'est pourquoi, lorsqu'ils évoquent le statut ou l'état des
    territoires touchés par le conflit, les corapporteurs ne devraient pas
    oublier que ces questions font actuellement l'objet de négociations
    qui ne sont pas achevées. Pour ce qui est des chiffres concernant les
    territoires, mieux vaut ne pas en mentionner ; ceux qui sont cités
    sont très éloignés de la réalité.

    De plus, il convient de tenir compte du paragraphe 10 de la Résolution
    du Parlement européen du 20 mai 2010 « sur la nécessité d'une
    stratégie de l'Union européenne en faveur du Caucase du Sud »
    (2009/2216(INI)) selon lequel « il convient d'abandonner rapidement la
    position selon laquelle le Haut-Karabakh inclut tous les territoires
    azerbaïdjanais occupés qui l'entourent ; (...) le statut provisoire du
    Haut-Karabakh pourrait constituer une solution en attendant la
    fixation de son statut définitif et créer un cadre transitoire pour la
    coexistence pacifique et la coopération entre les populations
    arménienne et azerbaïdjanaise de la région ». Il ne faut pas non plus
    oublier que l'accord de cessez-le-feu de 1994, dénommé « Protocole de
    Bichkek », a été signé par toutes les parties au conflit : Arménie,
    Haut-Karabakh et Azerbaïdjan.

    Références :

    - www.osce.org/mg/85838 ; www.osce.org/mg/91393 ;
    www.osce.org/mg/78195 ; www.osce.org/mg/69515 ;

    - www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do
    ?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2010-0193+0+DOC+XML+V0//FR

    Les données chiffrées sur les personnes déplacées communiquées par les
    corapporteurs ne sont absolument pas fiables. Pourtant, les
    corapporteurs font référence au Doc. 11196 sur les personnes disparues
    en Arménie, en Azerbaïdjan et en Géorgie dans les conflits touchant
    les régions du Haut-Karabakh, d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud pour
    justifier leurs affirmations à cet égard, ce qui appelle plusieurs
    observations :

    - Le Doc. 11196 , qui ne porte que sur les questions relatives aux
    personnes disparues, ne comporte aucun chiffre.

    - Tous les documents internationaux reprennent les chiffres du
    Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, notamment la
    Résolution du Parlement européen de 1999 sur l'appui au processus de
    paix dans la région du Caucase. En particulier, il est dit au
    paragraphe B de ce texte que « la guerre a engendré de graves
    problèmes humains, du fait notamment du déplacement de plus d'un
    million de personnes d'Arménie, du Karabakh et d'Azerbaïdjan ». Les
    documents de l'Assemblée parlementaire sur la question sont : Doc.
    7250 (1995) sur la situation humanitaire des réfugiés et des personnes
    déplacées en Arménie et en Azerbaïdjan (rapporteur : David Atkinson),
    Doc. 9480 (2002) sur la situation des réfugiés et des personnes
    déplacées en Arménie, en Azerbaïdjan et en Géorgie (rapporteure :
    Ruth-Gaby Vermot-Mangold) et Doc. 10835 (2006) sur les réfugiés et
    personnes déplacées en Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie (rapporteur :
    Boriss CileviÄ?s).

    Références :

    - http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do ?uri=OJ
    :C:1999:175:0251:0252 :FR :PDF

    - http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewHTML.asp ?FileID - 61&Language=FR

    - http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewHTML.asp ?FileID=11140&Language=FR

    Paragraphe 34

    Dans ce paragraphe, les corapporteurs insistent sur le fait que les «
    efforts de médiation n'ont apporté que des avancées très limitées dans
    l'enquête portant sur la violation de l'accord de cessez-le-feu ». Les
    corapporteurs, qui connaissent très bien la véritable situation, se
    gardent de relever que le seul obstacle à ces progrès est le refus
    officiel opposé par l'Azerbaïdjan à la création, dans le cadre du
    format de l'OSCE, du mécanisme d'enquête sur les violations de la
    ligne de contact. L'Azerbaïdjan freine constamment les efforts
    déployés par l'OSCE pour développer le mécanisme d'enquête, y compris
    en menaçant de suspendre les budgets alloués (sur cette question) au
    représentant spécial du Président en exercice de l'OSCE pour le
    conflit dont est saisi le Groupe de Minsk.

    Paragraphe 37

    Dans ce paragraphe, les corapporteurs insistent sur le fait que « [l]e
    travail de cette commission ad hoc a été rendu difficile, dès le
    départ... par un manque de coopération du côté arménien ». Il convient
    de mentionner que la délégation arménienne a participé Ã la première
    réunion de la commission ad hoc. Les corapporteurs auraient dû
    consulter le procès-verbal de cette réunion, tenue sous la présidence
    de Lord Russell-Johnston. Aucun propos ne vise le manque de
    participation de la délégation arménienne aux réunions et rien n'est
    dit non plus à ce sujet dans le rapport soumis au Bureau par Lord
    Russell-Johnston.

    Pour ce qui est de la reconstitution de la commission ad hoc en 2010,
    la délégation arménienne a exprimé ses doutes sur la véritable raison
    d'être de celle-ci dans une lettre adressée au Bureau le 25 janvier
    2010 [la lettre est jointe à l'attention des corapporteurs].

    Paragraphe 40

    Dans ce paragraphe, les corapporteurs notent que « [l]a réussite des
    initiatives de règlement de ce conflit, qui a été un frein au
    développement interne du pays dans le domaine politique, économique,
    institutionnel et social, est déterminante pour les progrès
    démocratiques futurs de l'Azerbaïdjan ».

    C'est le manque de progrès dans la construction d'une société
    démocratique où les droits et libertés fondamentaux de l'homme sont
    respectés, où la démocratie locale est établie, où les journalistes ne
    sont pas emprisonnés, où les gens ne sont pas détenus pour leurs
    opinions et positions politiques, qui est un « frein au développement
    interne du pays dans le domaine politique, économique, institutionnel
    et social ». Le régime d'Aliev repousse le règlement du conflit pour
    l'utiliser comme un instrument de consolidation et d'oppression contre
    les mouvements en faveur de la réforme démocratique et sociale. On
    peut citer plusieurs cas d'Etats connaissant un conflit où les
    processus de démocratisation ont néanmoins abouti (Chypre, Inde,
    Irlande du Nord, Israël, etc.). Les autorités azerbaïdjanaises
    prétexteront du paragraphe proposé par les corapporteurs pour
    continuer de ne pas s'acquitter de leurs engagements en matière de
    protection et de promotion des droits de l'homme, de développement des
    institutions démocratiques à tous les échelons et de promotion de
    l'Etat de droit. En adoptant une telle position, les corapporteurs
    apportent leur soutien au régime azerbaïdjanais et à ses résultats en
    matière de droits de l'homme.

    Paragraphe 41

    Dans ce paragraphe, les auteurs du rapport indiquent : « Nous avons
    noté, cependant, que la crédibilité de ce format [celui du Groupe de
    Minsk] était de plus en plus contestée. »

    Incidemment, ils oublient de relever que c'est l'Azerbaïdjan qui a
    toujours mis en cause l'efficacité et la crédibilité du Groupe de
    Minsk. Par conséquent, ce paragraphe reflète lui aussi la position des
    autorités azerbaïdjanaises, qui se sont employées à imposer l'idée de
    l'inefficacité des efforts de médiation internationale, justifiant
    ainsi le vif mécontentement de l'Azerbaïdjan. Mis à part cet Etat,
    aucun pays, ni organisation n'ont jamais contesté le format du Groupe
    de Minsk. C'est pourquoi, une fois de plus, il est regrettable que les
    corapporteurs suivent le même chemin que le Gouvernement
    azerbaïdjanais au lieu de faire preuve d'impartialité et d'esprit
    d'indépendance.

    Paragraphe 194

    Dans ce paragraphe d'une seule phrase, les corapporteurs font
    référence au rapport de l'ECRI de 2011 sur l'Azerbaïdjan et se bornent
    Ã noter que celui-ci « soulevait des préoccupations concernant la
    liberté de religion ». Etonnamment, rien n'est dit dans ce paragraphe
    des préoccupations et recommandations contenues dans les rapports de
    l'ECRI. Les corapporteurs oublient de faire état de la montée sans
    précédent d'un sentiment anti-arménien encouragé par l'Etat, que
    révèle le rapport de l'ECRI. Quant à « l'affaire Safarov », elle
    montre bien que la xénophobie et l'intolérance suscitent une
    inquiétude croissante en Azerbaïdjan, ce qui devrait être reflété et
    traité comme il se doit dans le rapport sur ce pays.

    1. Renvoi en commission : Résolution 1115 (1997) .

    2. Projet de résolution adopté par la commission le 12 décembre 2012.

    3. Ils ont donné lieu à l'adoption par l'Assemblée des résolutions
    suivantes : 1305 (2002) , 1358 (2004) , 1398 (2004) , 1456 (2005) ,
    1545 (2007) , 1614 (2008) et 1750 (2010) .

    4. Voir les Résolutions 1272 (2002) , 1359 (2004) , 1398 (2004) et 1457 (2005) .

    5. Voir Doc. 13079 , rapport sur le suivi de la question des
    prisonniers politiques en Azerbaïdjan.

    6. Voir Doc. 12455 , Résolution 1787 (2011) .

    7. Voir Recommandation 1897 (2010) sur le respect de la liberté des
    médias, et Doc. 12102 .

    8. Voir Doc. 12957 , Résolution 1891 (2012) .

    9. Voir Résolution 1416 (2005) et Recommandation 1690 (2005) sur le
    conflit du Haut-Karabakh traité par la Conférence de Minsk de l'OSCE.
    Voir également la Résolution 1525 (2006) sur l'établissement d'un
    pacte de stabilité pour le Caucase du Sud. La Commission prépare
    actuellement un rapport sur « Les nouveaux efforts parlementaires pour
    créer un pacte de stabilité dans le Caucase ».

    10. Voir la Résolution 1497 (2006) et la Recommandation 1877 (2009) «
    Les peuples oubliés d'Europe : protéger les droits fondamentaux des
    personnes déplacées de longue date ».

    11. Voir Doc. 11769 sur l'observation de l'élection présidentielle en
    République d'Azerbaïdjan (15 octobre 2008) ; Doc. 11865 Partie II ,
    Annexe au rapport d'activité du Bureau sur la mission de présence lors
    du référendum constitutionnel en République d'Azerbaïdjan (18 mars
    2009) et Doc. 12475 sur l'observation des élections législatives en
    Azerbaïdjan (7 novembre 2010).

    12. Voir Résolutions 1480 (2006) et 1505 (2006) .

    13. Voir Avis n° 390/2006.

    14. Voir Avis n° 518/2008.

    15. Voir Avis n° 548/2009.

    16. Voir Avis n° 559/2009.

    17. Voir Avis n° 636/2011.

    18. Voir Avis n° CDL(2012)066.

    19. Voir documents AS/Mon (2011) 07 rev et AS/Mon (2012) 05 rev.

    20. L'Iran exige que la mer Caspienne soit répartie en cinq parts
    égales entre les pays riverains et remet en cause les activités
    d'exploration pétrolière de l'Azerbaïdjan dans les eaux concernées.

    21. Voir Doc. 11196 .

    22. Le texte de ce rapport est disponible sur le site web de l'OSCE.

    23. Voir AS/Bur/AdhocNK (2011) 01.

    24. Europe briefing n° 60 d'International Crisis Group (ICG) (février 2011).

    25. Ibid .

    26. Voir plan d'action Union européenne/Azerbaïdjan.

    27. Voir Doc. 12881 .

    28. Le taux de croissance était proche de 10 % par an durant la
    période 2000-2004 ; il était de 26,4 % en 2005 (deuxième taux de
    croissance du PIB le plus fort dans le monde), a franchi la barre des
    36 % en 2006 (taux de croissance le plus fort dans le monde) et a même
    atteint 41,7 % au premier trimestre 2007. Une croissance si élevée ne
    pouvant s'inscrire dans la durée, le taux est passé Ã 11,6 % en 2008,
    puis à 9,3 % en 2009, 5 % en 2010 et 0,1 % en 2011.

    29. 10 % en 2005, 20 % en 2007.

    30. Oil and Gas Journal , janvier 2012.

    31. AIOC est un consortium de 10 sociétés pétrolières ayant signé des
    contrats d'extraction avec l'Azerbaïdjan ; il est dirigé par BP et
    inclut Chevron, Statoil, Turkiye Petrolleri, ExxonMobil et la SOCAR.

    32. Voir rapport par pays du FMI n° 12/6, janvier 2012.

    33. Ibid .

    34. Voir Doc. 11769 .

    35. Voir Doc. 12475 .

    36. Voir avis n° 518/2008 sur les projets d'amendements à la
    Constitution de la République d'Azerbaïdjan, adopté par la Commission
    de Venise à sa 78 e session plénière, CDL-AD(2009)10.

    37. Voir communiqué de presse 161 (2009) du 2 mars 2009 publié par le
    Congrès (« Le Bureau du Congrès appelle au report du référendum en
    Azerbaïdjan ») et communiqué de presse 218 (2009) du 16 mars 2009 («
    Ian Micallef met l'Azerbaïdjan en garde contre un affaiblissement de
    sa Constitution »).

    38. La Commission de Venise a conclu que « [c]ertains amendements
    représentent indéniablement d'importantes améliorations par rapport Ã
    la Constitution actuelle et il convient de s'en féliciter. Dans le
    même temps, il y a lieu de s'inquiéter de quelques évolutions très
    négatives sur le plan de la pratique démocratique, compte tenu de la
    situation qui prévaut en Azerbaïdjan. C'est essentiellement le cas de
    l'abrogation de la limite du double mandat présidentiel, qui renforce
    la position déjà considérable du chef de l'Etat et ne suit pas la
    pratique européenne ».

    39. Voir document CPL(18)2.

    40. Voir les rapports de l'Assemblée sur les missions d'observation en
    Azerbaïdjan : Doc. 10003 du 27 novembre 2003 (élection présidentielle
    de 2003), Doc. 10751 du 29 novembre 2005 (élections législatives de
    2005), Doc. 10941 du 13 mai 2006 (répétition partielle des élections
    législatives de 2005), Doc. 11769 (élection présidentielle de 2008),
    et Doc. 12475 (élections législatives de 2010).

    41. Voir Doc. 10807 .

    42. Kerimova c. Azerbaïdjan (30 septembre 2010) ; Namat Aliyev c.
    Azerbaïdjan (8 avril 2010) ; Seyidzade c. Azerbaïdja n (8 avril 2010)
    ; Kerimli c. Azerbaïdjan (10 janvier 2012) ; Hajili c. Azerbaïdjan (10
    janvier 2012) ; Alibeyli c. Azerbaïdjan (10 janvier 2012), Jalaloglu
    c. Azerbaïdjan (10 janvier 2012).

    43. Voir Doc. 11769 .

    44. Avis conjoint de la Commission de Venise et du OSCE/BIDDH sur le
    projet d'amendements au Code électoral de la République d'Azerbaïdjan,
    CDL-AD(2008)11/Avis n o 390/2006.

    45. Les normes de transparence en matière de financement des partis
    politiques sont contenues dans la Recommandation Rec(2003)4 du Comité
    des Ministres sur les règles communes contre la corruption dans le
    financement des partis politiques et des campagnes électorales.

    46. Voir Avis n o 631/2011.

    47. Dans leurs observations sur le présent rapport, les autorités
    azerbaïdjanaises nous ont informés qu'en vertu du décret présidentiel
    du 8 mai 2012 relatif aux mesures visant à assurer l'application de la
    loi du 20 avril 2012, un parti peut être dissous par décision de
    justice sur la base d'une demande déposée par le ministère de la
    Justice.

    48. CDL-INF(2001)26.

    49. Document CG(23)12. Voir aussi Résolution 345 (2012) et
    Recommandation 326 (2012) du Congrès.

    50. Voir Avis n° 518/2008.

    51. Voir note de bas de page n° 16.

    52. Voir Avis n° 390/2006.

    53. Voir note de bas de page n° 49.

    54. Voir le rapport du Congrès sur l'observation des élections
    municipales, CPL(18)2.

    55. Dans leurs observations, les autorités appellent notre attention
    sur l'évaluation de la procédure de sélection des juges effectuée par
    la Commission européenne pour l'efficacité de la justice (CEPEJ), qui
    conclut que « le modèle défini par les autorités azerbaïdjanaises pour
    la sélection des nouveaux juges peut être vu comme un exemple
    intéressant de bonne pratique, en cela qu'il possède les spécificités
    d'un système judiciaire indépendant et efficace et montre la voie vers
    la mise en place d'un tel système » (voir document CEPEJ-COP(2011)1).

    56. Les ressources financières du budget de l'Etat consacrées au
    fonctionnement de la justice ont triplé entre 2006 et 2008, passant de
    10 millions à plus de 30 millions d'euros.

    57. Les autorités indiquent dans leurs observations que cette
    procédure est conforme aux dispositions contenues dans la
    Recommandation CM/Rec(2010)12 du Comité des Ministres sur les juges :
    indépendance, efficacité et responsabilités.

    58. Voir la note de bas de page n° 55.

    59. Ibid .

    60. Ibid .

    61. Trial Monitoring Report Azerbaijan 2010, Bureau de l'OSCE Ã Bakou,
    disponible sur le site web de l'OSCE.

    62. Voir rapport d'Amnesty International sur les libertés en
    Azerbaïdjan publié en novembre 2011.

    63. Par exemple, M. Elchin Namazov, célèbre avocat qui défendait les
    participants aux manifestations d'avril 2011, a été radié de l'Ordre
    des avocats en septembre 2011 sur décision de justice.

    64. Human Rights House Foundation, « Serious concerns about human
    rights abuses in the Republic of Azerbaijan », juin 2012.

    65. Les autorités nous ont informés que les modifications apportées au
    Code pénal pour régler ces problèmes ont été adoptées depuis la
    publication du dernier rapport du GRECO.

    66. Dans leurs observations, les autorités nous ont informés que le
    projet de loi relatif à la prévention des conflits d'intérêts dans les
    activités des agents publics est en cours d'élaboration.

    67. Voir réseau anti-corruption de l'OCDE pour l'Europe orientale et
    l'Asie centrale, rapport de suivi, mars 2010.

    68. Dans leurs observations, les autorités nous ont informés que
    l'Azerbaïdjan avait retiré toutes ses réserves par décision du
    parlement du 1 er octobre 2012.

    69. Dans leurs observations, les autorités nous ont informés des
    progrès accomplis dans la mise en place du système de services publics
    électroniques, qui, selon elles, devrait contribuer dans une large
    mesure à la lutte contre la corruption.

    70. Rapport sur l'Azerbaïdjan d'Human Rights Watch, octobre 2010.

    71. Human Rights House Foundation, note d'information à l'Assemblée
    parlementaire, juin 2012.

    72. Voir, par exemple, les affaires Garayev c. Azerbaïdjan , arrêt du
    10 juin 2010, ou Muradova c. Azerbaïdjan , arrêt du 2 avril 2009.

    73. Les autorités ont souligné que le jugement concerne des événements
    qui remontent à 2004. Depuis, des progrès considérables ont été
    accomplis dans le traitement de la tuberculose dans les lieux de
    détention et les établissements pénitentiaires.

    74. Rapport sur l'Azerbaïdjan de Human Rights Watch, octobre 2010.

    75. Voir note de bas de page n° 58.

    76. Ibid .

    77. Voir www.osce.org/fom .

    78. Voir la Résolution sur la situation des droits de l'homme en
    Azerbaïdjan adoptée par le Parlement européen le 24 mai 2012,
    2012/2654(RSP).

    79. Rapport de Human Rights Watch sur l'Azerbaïdjan, « Beaten,
    blacklisted and behind the bars ; The vanishing space for freedom of
    expression in Azerbaijan », 2010.

    80. Voir les affaires Fatullayev c. Azerbaïdjan et Mahmudov et Agazade
    c. Azerbaïdjan .

    81. Dans leurs observations, les autorités font savoir que
    l'avertissement faisait suite à la non-présentation au ministère de la
    Justice, depuis 2006, par cette organisation d'informations concernant
    l'élection de son président, comme l'exige la législation.

    82. Rapport d'Amnesty International, novembre 2011.

    83. Ibid .

    84. Voir document CommDH(2010)21.

    85. Human Rights House Foundation, Note d'information à l'Assemblée
    parlementaire, juin 2012 ; voir également le site web d'Amnesty
    International.

    86. Rapport Human Rights Watch sur l'Azerbaïdjan, 2010.

    87. Dans leurs observations, les autorités affirment que la
    manifestation qui s'est déroulée à Guba n'était pas pacifique ; les
    manifestants auraient mis le feu à une maison, endommagé des biens
    publics et privés, et blessé plusieurs policiers.

    88. Voir Stankov and the United Macedonian Organisation Ilinden c.
    Bulgarie , arrêt du 2 octobre 2001.

    89. La Cour européenne des droits de l'homme a déclaré l'Azerbaïdjan
    coupable de violations de l'article 11 (liberté d'association) Ã
    plusieurs reprises, et notamment dans les affaires suivantes :
    Ramazanova et autres c. Azerbaïdjan (2007) ; Ismayilov c. Azerbaïdjan
    (2008) ; Nasibova c. Azerbaïdjan (2007) ; Aliyev et autres c.
    Azerbaïdjan (2008) et Tebieti Mühavize et Israfilov c. Azerbaïdjan
    (2009).

    90. Rapport sur l'état du secteur non gouvernemental en Azerbaïdjan,
    Human Rights House Foundation, Bakou, 2011.

    91. L'article 29(4) de la Constitution prévoit la possibilité d'une
    expropriation, pour les besoins de l'Etat uniquement et à la suite
    d'une décision du gouvernement. Une telle décision n'a jamais été
    rendue publique.

    92. Article 29(4) de la Constitution.

    93. Voir le site web de Human Rights House.

    94. Ibid .

    95. Les rapports sont disponibles sur le site internet du commissaire.

    96. En application de l'article 49.4 du Règlement de l'Assemblée (« En
    outre, le rapport d'une commission comporte un exposé des motifs
    établi par le rapporteur. La commission en prend acte. Les avis
    divergents qui se sont manifestés au sein de la commission y sont
    inclus à la demande de leurs auteurs, de préférence dans le corps même
    de l'exposé des motifs, sinon en annexe ou dans une note de bas de
    page »).

    97. Voir Doc. 11196 [auquel renvoient les corapporteurs].

    lundi 31 décembre 2012,
    Stéphane ©armenews.com


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