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Cncdh : Avis Sur La Cour Penale Internationale

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    CNCDH : AVIS SUR LA COUR PENALE INTERNATIONALE

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=70725
    Publie le : 23-01-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le 23/10/12, la Commission
    Nationale Consultative des Droits de l'Homme (CNCDH) s'est saisie
    de la question du positionnement de la France vis-a-vis du Statut du
    Rome portant creation de la Cour penale internationale. Elle appelle
    a un engagement plus fort dans ce domaine et rappelle que la France
    doit mettre en conformite son droit interne avec ses engagements
    internationaux. Dans son avis, la CNCDH s'inquiète du desengagement
    de la France vis-a-vis de la Cour penale internationale chargee
    de poursuivre les auteurs de " crimes internationaux " (crime de
    genocide, crimes contre l'humanite et crimes de guerre). Bien sûr,
    nulle mention du genocide armenien. Il est etonnant que le genocide
    des Tutsi au Rwanda soit cite selon l'appellation "Genocide rwandais",
    generalement utilisee par les negationnistes qui cherchent a valider
    la "thèse" de genocides reciproques entre les populations tutsi et
    hutu du Rwanda. Le Collectif VAN vous invite a lire cette information
    publiee sur le site de la CNCDH le 23 octobre 2012.

    CNCDH

    Date d'adoption : 23/10/12

    Avis sur la Cour penale internationale

    La CNCDH se saisit de la question du positionnement de la France
    vis-a-vis du Statut du Rome portant creation de la Cour penale
    internationale. Elle appelle a un engagement plus fort dans ce domaine
    et rappelle que la France doit mettre en conformite son droit interne
    avec ses engagements internationaux.

    Dans son avis, la CNCDH s'inquiète du desengagement de la France
    vis-a-vis de la Cour penale internationale chargee de poursuivre les
    auteurs de " crimes internationaux " (crime de genocide, crimes contre
    l'humanite et crimes de guerre).

    Pour la CNCDH, la France, signataire du Statut de Rome et membre
    permanent du Conseil de securite, a un rôle moteur a jouer : promouvoir
    et soutenir la Cour, tant dans sa legislation interne que dans ses
    arbitrages budgetaires et sa politique diplomatique, dans le respect
    de l'independance judiciaire.

    La CNCDH demande, comme elle l'avait deja fait dans d'autres avis,
    que les conditions très restrictives a l'exercice de la competence
    extraterritoriale des tribunaux francais soient revues. Elle appelle a
    ce que le Senat et l'Assemblee se saisissent au plus vite de la mise
    en conformite de la legislation francaise avec le Statut de Rome. La
    Commission souhaite une augmentation des moyens alloues au pôle du
    TGI de Paris specialise dans les crimes internationaux.

    Elle deplore le manque de mobilisation de la France, comme de
    l'ensemble de la Francophonie, pour defendre la presence juridique,
    culturelle et linguistique francophone au sein de la Cour.

    Par ailleurs, la CNCDH relève des lacunes dans le fonctionnement
    interne de la Cour. Elle formule notamment des recommandations sur
    la procedure de selection des juges et du Procureur et appelle la
    France a soutenir le budget de la CPI afin de garantir une application
    satisfaisante du mandat de la Cour.

    ----------------------------------------------------------------------------------------

    COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L'HOMME

    Avis sur la Cour penale internationale

    Assemblee plenière du 23 octobre 2012

    Resume

    La Cour penale internationale (CPI), mise en place a la suite
    de l'entree en vigueur du Statut de Rome en 2002, est la première
    juridiction penale internationale permanente chargee de poursuivre les
    personnes soupconnees d'avoir commis un ou des " crimes internationaux
    " (crime de genocide, crimes contre l'humanite et crimes de guerre).

    Le Statut de Rome rappelle cependant qu'en vertu du principe de
    complementarite, les Etats conservent la responsabilite première de
    lutter contre l'impunite des auteurs de ces crimes.

    L'avis de la CNCDH est le fruit d'une reflexion globale de la CNCDH
    sur les dix premières annees de fonctionnement de la Cour et propose
    des perspectives d'evolution du système de la Cour ainsi que du rôle de
    la France. En sa qualite d'Etat partie au Statut de Rome et de membre
    permanent du Conseil de securite, la France a, a l'evidence, un rôle
    moteur a jouer tant au regard de ses engagements juridiques vis-a-vis
    du Statut de Rome et de ses positions dans le cadre de l'Assemblee des
    Etats parties (AEP), que dans ses contacts avec les organes de la Cour.

    L'action de la France doit viser a un renforcement de la coherence
    et de l'effectivite du système de la CPI, ainsi qu'a la recherche de
    son universalite. Elle doit egalement se traduire par un engagement
    plus grand et une presence renforcee, afin de preserver le pluralisme
    juridique au sein de la Cour, et notamment la tradition de droit
    romano germanique.

    Engagements juridiques de la France au regard du Statut de Rome

    La France doit etre exemplaire, en mettant pleinement en oeuvre dans
    son droit interne le principe de complementarite. A cet egard, la CNCDH
    rappelle les recommandations deja formulees dans ses avis de 2008 et
    de 2010 concernant l'exercice de la competence extraterritoriale des
    tribunaux francais pour connaitre des crimes internationaux commis
    a l'etranger, par une personne etrangère, contre des personnes
    etrangères. Aujourd'hui, cet exercice est rendu très difficile par
    l'exigence de conditions cumulatives très restrictives.

    Aussi, la CNCDH demande a nouveau que des amendements soient
    apportes a la loi du 10 août 2010 portant adaptation du droit penal
    a l'institution de la CPI afin de la mettre en conformite avec les
    exigences du Statut de Rome.

    Par ailleurs, tout en se felicitant de la creation d'un pôle judiciaire
    au sein du TGI de Paris specialise dans les crimes de genocide,
    contre l'humanite, de guerre et de torture, qui devrait faciliter les
    enquetes et les poursuites de ces crimes en France, la CNCDH demande
    une augmentation significative des moyens de ce pôle, en adequation
    avec le nombre et la complexite des affaires qui y seront traitees.

    La France et la Cour penale internationale

    A l'issue des auditions menees par la CNCDH, il apparaît que la
    strategie diplomatique et la politique juridique de la France sont
    aujourd'hui insuffisantes, notamment en ce qui concerne la presence
    et la participation a la CPI. L'eclipse de la presence francaise et
    francophone, a la suite des dernières elections des juges, revèle
    un manque de mobilisation de la France, comme de l'ensemble de la
    Francophonie, pour defendre la presence juridique, culturelle et
    linguistique francophone au sein de la Cour.

    La CNCDH recommande une politique francaise active de presence,
    d'engagement et de soutien a la Cour. La politique de presence
    necessite par exemple de favoriser le developpement d'une expertise
    juridique francaise et francophone au sujet de la CPI. La politique
    d'engagement exige une implication plus active et constructive de la
    France dans les groupes d'etude et de travail de l'AEP. La politique
    de soutien passe enfin par une cooperation effective avec la Cour. La
    France, qui fait plutôt figure de " bonne elève " en la matière,
    devrait conclure rapidement avec la Cour un accord sur l'execution
    des peines d'emprisonnement et sur la reinstallation des victimes
    et des temoins. La cooperation des Etats et du Conseil de securite,
    en cas de renvoi d'une situation par ce dernier, devrait egalement
    etre amelioree et systematisee.

    La France qui a soutenu, et parfois meme initie, les resolutions de
    renvoi a la Cour par le Conseil de securite a, en tant que membre
    permanent, une responsabilite particulière dans la place croissante
    faite a la justice penale internationale, et a la CPI en particulier,
    dans les relations internationales. La France devrait continuer
    a soutenir ce mouvement, tout en oeuvrant pour que soient adoptes
    des critères objectifs garantissant une coherence dans les renvois
    a la CPI par le Conseil de securite et en veillant a ce que la Cour
    dispose des moyens adequats pour mener a bien ces nouvelles affaires.

    L'action diplomatique de la France devrait en outre s'employer a ce
    que les Etats non parties adhèrent au Statut de Rome, a commencer
    par les membres permanents du Conseil de securite. Elle devrait
    egalement integrer cette dimension de son action dans les politiques
    de cooperation internationale et d'aide au developpement.

    Fonctionnement interne de la CPI

    Les auditions ont mis en exergue les difficultes de fonctionnement
    interne de la CPI sur lesquelles la France peut, dans le respect de
    l'independance judiciaire de la Cour, proposer des solutions.

    Certains Etats, dont la France, plaident pour une " croissance nominale
    zero " du budget de la Cour, alors meme que l'institution est en phase
    de croissance. Ce positionnement va a l'encontre d'une application
    satisfaisante du mandat de la Cour dans le respect des garanties du
    procès equitable. La CNCDH recommande l'adoption par la France d'une
    politique budgetaire realiste fondee sur les besoins de la Cour, qui
    soit fonction de l'evolution du nombre de situations et d'affaires
    qui lui sont soumises.

    La CNCDH formule ensuite des recommandations sur la procedure
    de selection des juges et du Procureur de la CPI, tant au niveau
    international qu'interne, afin de remedier aux critiques recurrentes du
    manque de formation, d'experience et de professionnalisme de certains
    juges. Au-dela du respect strict des critères poses par le Statut de
    Rome, la CNCDH considère que l'experience de la conduite du procès
    penal, la disponibilite et la capacite de travail d'un juge devraient
    entrer en ligne de compte. Elle recommande egalement une amelioration
    du processus national de presentation des candidats francais, afin
    qu'il soit plus ouvert et plus transparent.

    Enfin, constatant la lenteur des procedures devant la Cour et les
    difficultes relatives a la place des temoins, des intermediaires, de
    la defense et des victimes, la CNCDH repertorie un certain nombre de
    pistes de reflexions. Elle demande plus specifiquement que la France
    soutienne le renforcement des moyens institutionnels et financiers
    de la defense et promeuve activement, comme elle l'a fait au moment
    des negociations du Statut de Rome, la participation effective des
    victimes aux procès devant la Cour.

    1. Depuis les procès de Nuremberg et de Tokyo, la France a tenu
    une place d'avant-garde dans l'action internationale menee contre
    l'impunite des crimes les plus graves : genocide, crimes contre
    l'humanite et crimes de guerre. Elle a joue un rôle de premier plan
    dans la creation des Tribunaux penaux ad hoc, des juridictions penales
    hybrides et de la Cour penale internationale (CPI).

    2. Dès 1991, la CNCDH a manifeste avec constance son appui determine
    a cette contribution majeure en faveur d'un ordre juridique penal
    international. A de nombreuses reprises, elle a adopte des avis
    circonstancies sur cette question, particulièrement sur le Statut
    de Rome portant creation de la CPI - première juridiction penale
    internationale permanente - et l'adaptation du droit penal francais
    a ce Statut1.

    3. A la suite de la première decision de condamnation prononcee le 10
    juillet 2012 par la CPI dans l'affaire Le Procureur c. Thomas Lubanga
    Dyilo2, et alors qu'un nombre croissant de situations est soumis
    a la Cour3, la CNCDH estime le moment venu d'une reflexion sur les
    dix premières annees de fonctionnement de cette juridiction et d'un
    bilan realiste de son action. Cette reflexion, tournee vers l'avenir,
    vise egalement a proposer des perspectives d'evolution possibles et
    souhaitables du système du Statut de Rome.

    4. A cet effet, la CNCDH a organise, de decembre 2011 a mars 2012,
    une serie d'auditions de personnalites qualifiees, qui ont mis en
    lumière la complexite et la multiplicite des enjeux auxquels les
    Etats et la Cour doivent faire face. Une mission d'etude de la CNCDH
    a La Haye a ensuite permis au groupe de travail de completer les
    enseignements tires des auditions avec des informations concrètes,
    ainsi que de confronter ses conclusions aux constats et difficultes
    pratiques exprimes par les differents services de la Cour.

    5. L'experience des tribunaux penaux internationaux dont les mandats
    sont en phase d'achèvement apporte en outre une contribution precieuse
    a la reflexion, meme si, en raison de differences importantes de nature
    et de fonctionnement, celle-ci n'est pas totalement transposable a la
    CPI. De meme, des enseignements peuvent etre tires de l'experience des
    juridictions hybrides, dont certaines decisions recentes temoignent
    de la montee en puissance, sous diverses formes, de la justice penale
    internationale4.

    6. La CNCDH estime que la France doit etre exemplaire, en mettant
    pleinement en oeuvre dans son droit interne le principe de
    complementarite consacre dans le Statut de Rome - qui rappelle la
    responsabilite première des Etats dans la lutte contre l'impunite
    des crimes internationaux5 -, ainsi qu'en en pratiquant une politique
    active d'engagement, de presence et de soutien a la CPI. La France a,
    a l'evidence, un rôle moteur a jouer tant dans le cadre de l'Assemblee
    des Etats parties (AEP) que dans ses relations avec les organes de
    la CPI et avec les Etats, parties ou non au Statut de Rome, en vue de
    faire mieux prendre en compte ses conceptions juridiques et de viser
    a l'universalite, la coherence et l'effectivite du système du Statut
    de Rome.

    7. La CNCDH estime que la France devrait saisir toute occasion,
    tant dans le cadre des Nations Unies, que des reunions periodiques
    des Etats parties et de l'Union europeenne, pour renforcer le rôle
    que le Statut de Rome doit jouer comme instrument normatif dans les
    relations internationales. L'action diplomatique de la France devrait
    en particulier viser l'adhesion au Statut de Rome de tous les membres
    permanents du Conseil de Securite.

    8. La CNCDH formule un ensemble de recommandations a l'intention du
    Gouvernement, en particulier du ministère des Affaires etrangères,
    mais aussi du ministère de la Justice, qui, semble-t-il, devrait jouer
    un rôle plus affirme en ce domaine. Ces recommandations concernent
    successivement les engagements juridiques de la France au regard du
    Statut de Rome (§§ 9 a 12), le rôle de la France dans ses relations
    avec la CPI (§§ 13 a 28), ainsi qu'a l'egard du fonctionnement interne
    de la Cour (§§ 29 a 53).

    **********

    Engagements juridiques de la France au regard du Statut de Rome

    9. L'engagement et le soutien de la France a l'integrite et a
    l'evolution du Statut de Rome devraient aujourd'hui se renforcer
    davantage. La declaration de la France au titre de l'article 124 du
    Statut de Rome permettant a un Etat partie de refuser la competence de
    la Cour pour les crimes de guerre commis sur son territoire ou par ses
    ressortissants, meme si celle-ci a ete retiree depuis, avait constitue
    un mauvais signal6. De plus, la France n'a pas encore ratifie les
    amendements au Statut de Rome adoptes par la Conference de revision
    a Kampala (2010) relatifs d'une part, aux crimes de guerre, d'autre
    part, au crime d'agression, ce qui laisse place a des interrogations
    sur les intentions reelles de la France a cet egard7.

    10. De meme, la mise en conformite du droit francais aux exigences
    du Statut de Rome qui aurait dû constituer une priorite aussi bien
    diplomatique que juridique, a pu apparaître, malgre les avertissements
    repetes de la CNCDH, comme trop lente et trop limitee par rapport
    aux dispositions du Statut de Rome ainsi qu'au droit international
    humanitaire et coutumier. C'est une initiative parlementaire qui est
    a l'origine de la loi du 26 fevrier 2002 relative a la cooperation
    avec la Cour penale internationale. Quant a la loi du 9 août 2010
    portant adaptation du droit penal a l'institution de la Cour penale
    internationale, qui n'a ete inscrite a l'ordre du jour de l'Assemblee
    nationale qu'a la veille de la Conference de revision de Kampala,
    ses limites de fond ont ete relevees a maintes reprises par la CNCDH,
    tant sur le plan des incriminations, que des règles de prescription
    et de la competence des tribunaux francais pour les crimes couverts
    par le Statut de Rome8. Sur ce dernier point, la CNCDH souligne que
    le droit international humanitaire conventionnel et coutumier exige
    des Etats l'etablissement de la competence universelle de leurs
    juridictions nationales pour connaître des infractions graves au
    droit international humanitaire9, qualifiees de crimes de guerre10,
    dont la plupart sont d'ailleurs couvertes par le Statut de Rome et
    le Code penal francais, a l'exception pour celui-ci de deux de ces
    infractions (voir recommandation 2). La CNCDH se rejouit donc que
    ses recommandations aient ete prises en compte dans la proposition
    de loi deposee sur le bureau du Senat le 6 septembre 2012 tendant a
    modifier les conditions d'exercice sur la competence extraterritoriale
    des juges francais concernant le crime de genocide, le crime contre
    l'humanite et le crime de guerre11.

    11. La CNCDH a deja releve que le ministère public se montrait
    parfois reticent a engager des poursuites contre les personnes
    etrangères suspectees d'actes de torture lorsqu'elles se trouvaient
    sur le territoire francais et relevaient donc de la competence
    extraterritoriale de la justice francaise12. De plus, la duree de la
    procedure judiciaire, une fois celle-ci enclenchee, est revelatrice
    d'un certain manque de volonte de la part des autorites francaises
    et d'une insuffisance de moyens mis a la disposition de la justice13.

    C'est egalement le cas pour les poursuites, qui restent rares en
    France, d'auteurs presumes de crimes internationaux14. Cette reticence
    s'est par exemple manifestee dans l'affaire Mbarushimana. En France
    depuis 2003, C. Mbarushimana n'a fait l'objet d'une information
    judiciaire pour son implication dans le genocide rwandais, qu'a partir
    de septembre 2010, au moment où la CPI etait sur le point de rendre
    public le mandat d'arret emis a son encontre pour son implication
    presumee pour des crimes perpetres en Republique democratique du Congo
    en 2009-2010, et ce malgre une requete des Nations unies en 200515
    et une plainte de 2008 du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda.

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    Source/Lien : CNCDH

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