Announcement

Collapse
No announcement yet.

Acquittement De Ministres En Poste Durant Le Genocide Des Tutsi

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Acquittement De Ministres En Poste Durant Le Genocide Des Tutsi

    ACQUITTEMENT DE MINISTRES EN POSTE DURANT LE GENOCIDE DES TUTSI

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=71292
    Publie le : 13-02-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Tribunal Penal
    International de La Haye (Pays-Bas) a acquitte deux anciens ministres
    rwandais, dans leur procès en appel. Justin Mugenzi etait ministre
    du Commerce pendant le genocide. Son collègue Prosper Mugiraneza,
    licencie en droit de l'Universite nationale du Rwanda (UNR) de Butare,
    occupait le poste de ministre de la Fonction publique. Les deux hommes
    n'etaient pas accuses d'avoir dirige sur le terrain des bandes de
    tueurs, mais d'avoir participe au limogeage du prefet de Butare, dans
    la ville universitaire de Sud du Rwanda, le 17 avril 1994. Ce prefet
    etait le seul prefet tutsi du Rwanda. Le seul a resister obstinement
    a l'entreprise de destruction des Tutsi engagee le 6 avril au soir,
    et qui aboutira a l'extermination d'environ les trois quarts des Tutsi
    du Rwanda. Les genocidaires enrageaient de ne pas parvenir a leurs
    fins dans le sud du Rwanda. Le Collectif VAN vous invite a lire cet
    article publie sur le site Afrikarabia le 11 fevrier 2013.

    Photo © JF. Dupaquier DR

    Afrikarabia

    Rwanda : Manifestation contre l'acquittement des 2 ministres du
    "gouvernement genocidaire"

    Article de Jean-Francois DUPAQUIER (avec Agence Hirondelle)

    lundi, 11 fevrier 2013

    Lundi 11 fevrier, les averses n'ont pas decourage les manifestants
    de Kigali, indignes par l'acquittement de deux anciens ministres
    rwandais en appel par le Tribunal Penal International de La Haye.

    Justin Mugenzi etait ministre du Commerce pendant le genocide. Son
    collègue Prosper Mugiraneza, licencie en droit de l'Universite
    nationale du Rwanda (UNR) de Butare, occupait le poste de ministre de
    la Fonction publique. Les deux hommes n'etaient pas accuses d'avoir
    dirige sur le terrain des bandes de tueurs, mais d'avoir participe
    au limogeage du prefet de Butare, dans la ville universitaire de Sud
    du Rwanda, le 17 avril 1994. Ce prefet, Jean-Baptiste Habyarimana
    (aucun lien de parente avec le president Juvenal Habyarimana tue le
    6 avril precedent) etait le seul prefet tutsi du Rwanda. Le seul a
    resister obstinement a l'entreprise de destruction des Tutsi engagee
    le 6 avril au soir, et qui aboutira a l'extermination d'environ les
    trois quarts des Tutsi du Rwanda. Les genocidaires enrageaient de ne
    pas parvenir a leurs fins dans le sud du Rwanda.

    Justin Mugenzi et Prosper Mugiraneza ont participe le 17 avril
    a Gitarama, dans le centre du Rwanda, au conseil des ministres
    qui a decide de limoger le prefet " rebelle ". Sa revocation fut
    annoncee le surlendemain dans un stade de Butare, en presence des
    membres du gouvernement (dont Justin Mugenzi et Prosper Mugiraneza )
    et d'autres responsables tant civils que militaires. Peu après, le
    prefet Habyarimana fut tue avec toute sa famille et les massacres
    dans sa prefecture se generalisèrent.

    Une revocation pour " des raisons politiques et administratives " ?

    En première instance, le 30 septembre 2011, le Tribunal penal
    international pour le Rwanda (TPIR) siegeant a Arusha, en Tanzanie,
    avait estime que les preuves contre les deux ministres etaient
    accablantes. Ils avaient ete declares coupables d'entente en vue de
    commettre et d'incitation directe et publique a commettre le genocide.

    Outre le conseil des ministres convoque pour limoger le prefet tutsi,
    on leur reprochait leur presence lors du discours incendiaire prononce
    le 19 avril 1994 a Butare par le president interimaire Theodore
    Sindikubwabo, appelant explicitement a l'aneantissement des Tutsi.

    Mais le lundi 4 fevrier 2013 a la surprise generale, la chambre d'appel
    a La Haye, paye (Pays Bas)residee par le juge americain Theodor Meron,
    a " infirme leur condamnation " au titre des deux chefs d'accusation et
    " ordonne leur liberation immediate ". Selon le jugement d'appel, le
    limogeage du prefet Habyarimana a certes contribue a la generalisation
    des massacres mais la decision du gouvernement pourrait avoir ete
    prise pour " des raisons politiques et administratives " et non pas
    necessairement pour laisser le champ libre aux tueurs.

    Le gouvernement s'etait en effet plaint de l'absence du prefet a
    certaines reunions d'autres responsables de son rang. Les juges ont
    egalement suivi le raisonnement des appelants selon lesquels ils ne
    savaient que le president interimaire allait prononcer un discours
    incendiaire.

    Pourtant dans son plaidoyer de culpabilite, le Premier ministre
    interimaire, Jean Kambanda, condamne a la reclusion a vie, avait
    reconnu que son gouvernement avait pilote le genocide.

    Quatre juges sur cinq

    Sur les cinq membres de la chambre d'appel presidee par le juge
    americain Theodor Meron, quatre ont vote l'acquittement. L'opinion
    dissidente du Juge Liu a ete actee dans l'arret d'appel.

    Le Procureur general du Rwanda Martin Ngoga a juge " extremement
    decevant " l'arret de la chambre d'appel qui a remis en liberte
    les deux anciens membres du gouvernement. " C'est une decision
    extremement decevante de la part de la chambre d'appel du TPIR ",
    s'est indigne Martin Ngoga. Les effroyables divergences entre les
    decisions de première instance et les decisions d'appels dans nombre
    d'affaires, dont celle-ci, posent de serieuses questions (...). Les
    plus recentes decisions de la chambre d'appel tendent a adopter un
    traitement simpliste des faits et creent une tendance a exonerer les
    dirigeants politiques ".

    De son côte, Jean-Pierre Dusingizemungu, president d'Ibuka, la
    principale organisation de survivants du genocide des Tutsis, s'est
    dit " très attriste " par le jugement. Pour lui, cet arret " apporte
    de l'eau au moulin des negationnistes du genocide " des Tutsis.

    Lundi, malgre les averses de la petite saison des pluies, une foule
    de manifestants a parcouru Kigali pour protester contre le jugement
    d'appel.

    Certains manifestants appelaient a la fermeture immediate du TPIR.

    Mais le Conseil de securite a deja vote la fin du TPIR en 2014. A
    Arusha, une " structure residuelle " est chargee des affaires
    courantes. Il ne reste que la Chambre d'appel du TPIR qui fermera
    ses portes a son tour le 31 decembre 2014.

    La raison de telles incoherences

    Reste a expliquer les incoherences frequentes entre les jugements
    de première instance et d'appel. Selon un ancien collaborateur du
    Tribunal Penal international de La Haye, " les Juges font, a tous
    niveaux, ce qu'ils veulent, la Chambre d'appel ayant toujours refuse
    de jouer un rôle harmonisateur, tant sur le fond des jugements que
    sur le montant des peines ".

    Selon un membre du Parquet s'exprimant sous couvert d'anonymat,
    " ce sont des professeurs de droit très âges et complètement
    deconnectes des realites ". Les incoherentes concernent aussi
    bien les affaires judiciaires de l'ex-Yougoslavie que celles du
    Rwanda. S'exprimant aussi sous couvert d'anonymat, l'expert ajoute :
    " Leur approche est exclusivement inspiree de la rhetorique juridique
    et complètement detachee des realites factuelles, politiques, sociales
    ou psychologiques : ils sont dans leur bulle, et personne ne peut leur
    dire qu'il faudrait en sortir afin de ne pas etre a côte de la plaque.

    "

    " A côte de la plaque " ?

    Cet expert nous livre une anecdote significative : " Je me souviens
    avoir suggere, une fois, de facon informelle, que le quantum des
    peines soit soumis prealablement a leur prononce a l'appreciation,
    pour avis, a des connaisseurs du contexte ex-yougoslave, afin de les
    aider a ajuster voire a prendre en consideration l'impact possible
    qu'aurait leur decision. Le President du TPIY (Claude Jorda) a qui
    je suggerais cette approche disons "psycho-sociale" m'a regarde comme
    si je blasphemais leur sacro-sainte 'independance'. "

    Le president de chambre d'appel qui a prononce la relaxe des deux
    ministre du " gouvernement genocidaire, l'Americain Theodor Meron, est
    ne le 28 avril 1930. Ce rescape de la Shoah " est en parfaite forme
    physique et mentale " nous indique un de ses proches. Il s'apprete
    neanmoins a feter son 83e anniversaire, et on peut legitimement se
    demander si l'ONU ne devrait pas fixer une limite d'âge raisonnable
    au mandat des juge sinternationaux. Son collègue Patrick Robinson,
    ne en 1944, approche les 70 ans. Theodor Meron et Patrick Robinson
    ne sont pas des exceptions. A La Haye, le Juge du TPIY Arpad Prandler
    (qui doit partir en juin prochain) a egalement 82 ans. Dans ce groupe
    de vieillards, il faut aussi citer Mhemet Guney, de Turquie, qui n'a
    " que " 76 ans, mais en paraît au moins dix de plus. Il est aussi
    membre d'une prestigieuse mais contestee chambre d'appel....

    Des magistrats hors d'âge ?

    Theodor Meron, - qui s'est rendu a la 10e commemoration du massacre
    de Srebrenica -, ne connaît a peu près rien du Rwanda, ce qui n'est
    pas forcement un avantage.

    L'affaire des deux acquittement a provoque un vent de colère a Kigali
    et aggrave le contentieux judiciaire relatif au genocide des Tutsi
    en 1994. Kigali accuse le Tribunal penal international pour le Rwanda
    de pratiquer " la politique de deux poids, deux mesures ", et menace
    de chasser les observateurs designes par cette institution pour faire
    le monitoring d'une affaire renvoyee devant la justice rwandaise.

    Le Rwanda exige aussi que la France, a laquelle le TPIR a confie deux
    affaires fin 2007, fasse egalement l'objet d'une surveillance de la
    part du tribunal international.

    Fin 2007, le TPIR s'est dessaisi au profit de la France, des dossiers
    de l'abbe Wenceslas Munyeshyaka, ancien vicaire d'une paroisse de
    Kigali, et de Laurent Bucyibaruta, ancien prefet de Gikongoro (sud).

    Mais l'instruction avance a pas comptes en France.

    Jean-Francois DUPAQUIER (avec Agence Hirondelle)

    Retour a la rubrique

    Source/Lien : Afrikarabia

Working...
X