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La Guerre : Une Decennie Particuliere, 1991-1999

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  • La Guerre : Une Decennie Particuliere, 1991-1999

    LA GUERRE : UNE DéCENNIE PARTICULIèRE, 1991-1999

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=74900
    Publié le : 09-08-2013

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    propose cette analyse d'Etienne Copeaux publiée sur son blog
    susam-sokak.fr.

    susam-sokak.fr

    Mercredi 8 mai 2013

    Légende photo : Commémoration des événements de 1992 a Sırnak,
    en aoÃ"t 2009 (photo yuksekovahaber.com)

    Esquisse n° 38 - La guerre : une décennie particulière, 1991-1999

    Des célébrations de Newroz endeuillées par des dizaines de morts,
    la destruction par les forces étatiques de Sırnak et plusieurs
    bourgades, l'assassinat de l'intellectuel kurde Musa Anter et de
    plusieurs journalistes... Ces événements de l'année 1992 sont un
    énorme choc pour les Kurdes, les démocrates turcs et sont dénoncés
    a l'étranger.

    C'est une période noire qui commence, close par la capture d'Apo en
    1999 et la victoire apparente de l'Etat.

    On a cru que la guerre au Kurdistan allait cesser lorsqu'Ocalan a
    été brièvement détenu a Rome, en novembre 1998, puis lors de son
    enlèvement au Kenya en février 1999. Mais depuis que le chef du
    PKK a été emprisonné a Imralı, la guerre a duré aussi longtemps
    qu'avant sa capture...

    A supposer, d'ailleurs, que la guerre ait commencé en 1984 ! Certes,
    cette date est celle du début de l'insurrection armée du PKK, mais
    il est plus juste de considérer la date de 1925 comme le début des
    hostilités entre les Kurdes et l'Etat turc. En fait, le problème
    kurde était implicitement contenu dans les quatorze points de Wilson
    (janvier 1918) : Â" Aux régions turques de l'Empire ottoman actuel
    devraient être assurées la souveraineté et la sécurité ; mais aux
    autres nations qui sont maintenant sous la domination turque on devrait
    garantir une sécurité absolue de vie et la pleine possibilité de se
    développer d'une facon autonome Â". Ces Â" autres nations Â" sont les
    non musulmans et les Kurdes de l'Empire. Le traité de Sèvres (1920)
    a tenu compte des idées de Wilson et visait a démembrer l'Empire,
    prévoyant entre autres l'existence d'un Kurdistan au sud-est de
    l'Anatolie, sous protection francaise et britannique. Le souvenir de
    ce projet de démembrement reste, jusqu'a nos jours, une blessure
    vive dans la mémoire nationale, comme le souligne Hamit Bozarslan
    dans son ouvrage La Question kurde: Â" Le souvenir du démembrement
    [...] est décisif dans l'évaluation de l'enjeu que représente la
    question kurde Â".

    Après 1923, la victoire de Mustafa Kemal rend le traité de Sèvres
    nul et non avenu ; la république de Turquie, sur une base territoriale
    incluant toute l'Anatolie, est reconnue par le traité de Lausanne.

    L'idée de séparatisme est désormais inacceptable et ne peut plus
    s'appuyer sur les textes internationaux. L'unité et l'indivisibilité
    sont les pierres de touche du nouvel Etat, mais l'idéologie
    d'alors n'envisage pas l'union de plusieurs peuples ou cultures en
    un seul pays, mais l'union des Turcs musulmans dans une république
    construite pour eux. Les Arméniens ont déja été Â" éliminés Â",
    et les orthodoxes sont expulsés en 1922 puis en 1955-1960. Dans ses
    écrits des années 1990, Hamit Bozarslan cite des propos terrifiants -
    s'ils sont authentiques - du président Cemal Gursel (1960-1966) ou
    du théoricien panturquiste Nihal Atsız, qui promettent aux Kurdes
    l'anéantissement de leur peuple en cas de soulèvement.

    Ainsi c'est au cours des années vingt et trente qu'il faut chercher
    le début de la question kurde, avec le soulèvement de Cheikh
    Saïd, mÃ" par la religion (1925), et la révolte de Dersim (1938),
    et la répression impitoyable qui a suivi. Le nombre des victimes,
    l'étendue des déportations, des destructions de villes et villages
    est encore mal connu, il le sera de mieux en mieux car la mémoire
    de ces massacres refait surface depuis quelques années. Si la
    rébellion a connu une pause par la suite, c'est simplement du fait
    de la sauvagerie de la répression, qui a non seulement terrorisé,
    mais provoqué une hémorragie dans la population et les rangs
    des insurgés kurdes (entre 10 000 et 40 000 morts). Qu'on pense
    aux décennies qui ont suivi la répression de la révolution de
    1848 en France : il a fallu une génération pour que les forces se
    reconstituent, jusqu'a la Commune de Paris (1871). C'est ce qui se
    passe au Kurdistan des années cinquante a 1974.

    La vision d'une guerre s'étendant sur une longue durée a eu du mal
    a s'imposer car, si l'on admet que le problème remonte aux années
    vingt, cela revient a rejeter une bonne part du kémalisme, et a
    rendre Ataturk lui-même au moins en partie responsable du malheur
    kurde. Le problème semble lié a l'histoire de la république,
    et semble aussi consubstantiel au régime que l'est le tabou sur le
    génocide des Arméniens.

    Le lien entre les soulèvements du passé et ceux du présent, la
    continuité de la répression, sont établis par le sociologue Ismail
    Besikci dans son livre Hayali Kurdistan'ın dirilisi [La Renaissance du
    'Kurdistan imaginaire'] (voir le compte rendu par ce lien) publié en
    1998 3. La couverture du livre elle-même l'exprime, une caricature
    parue dans Milliyet du 19 septembre 1930. Le dessin représente une
    pierre tombale sur laquelle est gravée l'inscription : Â" Muhayyel
    Kurdistan burada medfundur, Ci-gît le Kurdistan rêvé Â". En 1930,
    la presse kémaliste estimait le problème kurde réglé par la
    répression !

    Ismail Besikci réinterprète les coups d'Etat de 1971 et 1980 comme
    des actes de la politique kurde de la Turquie, des tentatives de
    briser la renaissance du mouvement kurde. Et dès la première page
    du livre, il évoque les tortures psychologiques, les humiliations
    impardonnables imposées a la population ; ceux qui ont pris les armes
    a partir de 1984, écrit Besikci, sont ceux qui ont vu leurs parents
    ou grands-parents subir ces humiliations, peut-être plus durement
    ressenties encore que les violences physiques.

    Lire la suite sur susam-sokak le blog d'Etienne Copeaux

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    Source/Lien : susam-sokak.fr

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