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Genocide Armenien : Informations Sur Les Massacres De Seert

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  • Genocide Armenien : Informations Sur Les Massacres De Seert

    GENOCIDE ARMENIEN : INFORMATIONS SUR LES MASSACRES DE SEERT

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75007
    Publie le : 16-08-2013

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Le Collectin VAN vous
    invite a lire cette information publiee sur le site Imprescriptible.

    Imprescriptible

    Chapitre IV Des informations sur les massacres de Seert parviennent
    a Mardin

    Les trois pères dominicains1 et le père Armale, recueillent a Mardin
    des informations sur les massacres de Seert. De leur côte, l'abbe
    Naayem et le temoin chaldeen donnent des versions voisines. Ces
    chroniqueurs ne sont que les porte-parole des survivants qui leur
    ont confie leur recit. Le recoupement de ces rapports permet de se
    faire une idee precise sur les evenements survenus a Seert de mai a
    septembre 1915, avec cette part d'incertitude liee aux necessaires
    contradictions des temoignages. D'autre part, dans cette region
    où les chretiens sont en grande majorite armeniens, les rares
    survivants des massacres sont des chaldeens. Ils parlent d'abord du
    sort des chretiens de leur confession, ce qui contribue a deformer la
    perception des evenements. C'est pourquoi ce recit decale de faits
    survenus a distance de Mardin, mais rapportes a Mardin presente un
    interet tout particulier.

    Bien que la ville ne soit pas situee administrativement dans le vilayet
    de Diarbekir, elle est l'un des principaux diocèses chaldeens - ce
    diocèse comprend trente villages - et les chaldeens y furent tues avec
    les autres chretiens. Le sandjak est rattache geographiquement a la
    province de Diarbekir. En effet, il est coince entre les montagnes
    du Taurus armenien au Nord, le Bohtan Sou a l'Ouest et le Tigre au
    Sud. Ses voies de communication se font par le vilayet de Diarbekir.

    C'est ainsi qu'après les massacres de Seert une partie des survivants
    des differentes confessions se refugient a Mardin où ils racontent
    leur histoire. D'autre part, la province de Bitlis est plongee dans la
    guerre en mai 1915. Le vali, Mustafa Abdulhalik, beau-frère de Talaat,
    ne commence a persecuter les Armeniens qu'a partir de la fin avril
    1915. Il est soutenu par les Kurdes, majoritaires dans le vilayet. A
    la fin mai, le vali de Van, Djevdet, beau-frère d'Enver, qui conduit
    les operations militaires dans son vilayet, fait assassiner depuis le
    debut de la guerre les chretiens des regions frontalières de Perse. A
    la fin mai, il doit evacuer Van en hâte devant la poussee de l'armee
    russe, sans avoir pu reduire les Armeniens retranches dans leurs
    quartiers. Il ne peut attaquer les nestoriens du Hakkari, invincibles
    dans leurs montagnes, et il s'enfuit vers le sud. Il entre a Seert
    avec 8 000 soldats qu'il appelle lui-meme les " bataillons bourreaux
    " - kassap tabouri. C'est dans ce contexte que sont perpetres les
    massacres de Seert et des villages environnants.

    La ville de Seert est a cinquante kilomètres au sud-ouest de
    Bitlis, a quatre jours de marche de Mardin, dans une vallee riante
    formee par le fleuve Bohtan, sur le versant sud des montagnes du
    Sassoun. Elle est entouree de vallons couvert de vignobles, de
    figuiers, d'amandiers, de grenadiers et de noisetiers. Ses maisons
    a deux etages sont construites avec du gypse, une sorte de plâtre,
    ce qui les rend humides et fragiles2. De loin, avec ses maisons
    blanches, la ville a belle allure. Mais les demeures sont souvent
    delabrees et les egouts s'ecoulent a l'air libre dans les rues. Le
    sandjak de Seert comprend plus de 60 000 chretiens, dont 25 000
    Armeniens apostoliques3, 20 000 jacobites, 15 000 chaldeens, des
    Syriens catholiques et quelques nestoriens. La population de la ville
    de Seert est estimee en 1914 a 7 442 habitants, dont 3 320 Kurdes
    et 4 032 Armeniens (423 maisons), qui disposent de deux eglises
    (apostolique dediee aux saints Thaddee et Barthelemy et catholique)
    et d'un temple protestant4. L'eveche du diocèse armenien est installe
    dans le monastère voisin de Saint-Jacques. Ce decompte ne mentionne pas
    les autres communautes. Or le merkez-caza de Seert regroupe trente-six
    villages, en majorite chaldeens et jacobites. Sur les 12 000 chretiens
    de ce caza, 7 000 au moins sont chaldeens, pour la plupart des
    villageois. Le diocèse chaldeen de Seert est sous la responsabilite
    de l'archeveque, Monseigneur Addaï Scheer. Ce prelat est un ancien
    elève des dominicains de Mossoul. C'est aussi un savant celèbre par
    ses recherches historiques. Les pères dominicains francais ont une
    maison a Seert. Ils possèdent un couvent, deux ecoles de garcons et
    de filles et un orphelinat tenu par des s~\urs de la Presentation,
    assistees par quatre chretiennes de la ville. Le 21 novembre 1914,
    trois semaines après l'entree en guerre de l'Empire ottoman, les trois
    missionnaires, les pères Michel de Boisset, Louis Sayegh et Chariot,
    sont invites a regagner la France et ils confient les affaires de
    leurs ecoles et de leur orphelinat aux religieux et enseignants
    sujets ottomans5.

    L'intendance est assuree par Suleiman dont le frère dirige le couvent
    El-Choufa au Liban6. Les six s~\urs tertiaires, de nationalite
    ottomane, restent a Seert. L'eglise de la mission devient une mosquee
    et l'ecole un magasin militaire. Les orphelins, comme les s~\urs,
    sont victimes des tracasseries de la police7.

    Au mois de mai 1915, une bande kurde se dirige sur Seert. Monseigneur
    Addaï offre cinq cents livres au mutessarif, Hilmi bey, qui fait
    eloigner les Kurdes. Le chef de la municipalite, Abdul Rezzak,
    ami de plusieurs familles chaldeennes, est destitue et remplace par
    Hami effendi qui voue aux chretiens une haine fanatique. Des bruits
    circulent, annoncant tantôt l'arrivee des Kurdes, tantôt celle des
    soldats. Les massacres de Seert auraient commence brutalement, le 5
    juin 1915, a l'arrivee de Djevdet et de ses bataillons bourreaux. En
    fait, son armee ne reste pas longtemps a Seert. Elle se dirige vers
    Bitlis. Après avoir ete rejoint par le 5e corps expeditionnaire de
    Halil, Djevdet investit Bitlis a la mi-juin et y detruit la population
    chretienne.

    Selon les temoignages des survivants, il apparaît que la presence de
    cette armee provoque une ruee sur les maisons armeniennes, et que le
    processus, ainsi amorce, reprend ensuite selon le protocole habituel.

    Dans un rapport remis au ministère des Affaires etrangères francais, le
    16 janvier 1918, le consul de France a Bassorah reproduit le temoignage
    d'un chaldeen, qui pourrait faire croire que les massacres ont eu
    lieu sur place : " On peut considerer notre diocèse chaldeen de Seert
    comme tout a fait extermine. En fait, les registres du gouvernement
    ne portent que les noms de 767 hommes, mais ce ne sont que les noms de
    ceux qui furent fusilles en une fois sur le penchant d'une colline qui
    se trouve a une heure de la ville. Le nombre est beaucoup plus grand
    de ceux qui furent tues dans les maisons et les rues. Les massacres
    durèrent plus d'un mois. Ils commencèrent vers la mi-mai 1915 et ne
    finirent qu'au mois de juin. Personne ne fut epargne. Les tchatals
    [tchete] se chargèrent des chretiens de la ville et les Kurdes de
    ceux des villages...8 "

    Le recit du père Armale et les temoignages de survivants chaldeens
    recueillis par l'abbe Naayem permettent de reconstituer les etapes
    de la suppression des chretiens de Seert qui a lieu selon le schema
    habituel9.

    Dès le 5 juin, les maisons sont pillees par les soldats et les notables
    sont arretes - parmi eux, ceux des familles Mansour, Aboche, Kerendi,
    Nasri, Sado, Hikari -, ainsi que les pretres - seul, Monseigneur
    Addaï parvient a s'echapper pour etre ensuite tue [recit S1]. Ils
    sont rassembles dans la caserne et depouilles de leurs vetements
    par les tchete. Le regiment de tchete est constitue de deserteurs
    sortis de leur cachette pour etre enrôles dans cette milice et de
    brigands. Des notables musulmans de Seert les commandent. Ces miliciens
    ont pour toute arme une epee. Pendant quatre jours ces detenus sont
    tortures. Le mardi 8 juin, la maison des dominicains est assaillie
    par les soldats, envahie et pillee. La superieure, s~\ur Suzanne,
    est rouee de coups. Plusieurs jeunes filles sont enlevees. Le 9 juin,
    par groupes de sept, les detenus sont conduits par une centaine de
    tchete a une heure de Seert, dans la vallee Zeryebe. Un religieux
    syrien catholique du couvent Saint-Ephrem de Mardin prononce un court
    preche : il exhorte ces hommes a mourir dans la foi du Christ. Ils
    sont ensuite egorges.

    Pendant un mois, les femmes vivent calfeutrees dans leurs maisons
    où elles cachent les hommes qui ont echappe aux perquisitions et
    pillages. Le jour, elles circulent d'une maison a l'autre, par les
    terrasses, et elles rentrent la nuit dans leurs maisons videes en
    apportant la nourriture. Quelques musulmans font, pour elles, leurs
    achats en ville. Elles les remontent par des cordes descendues des
    fenetres. Puis la menace d'une deportation se precise. Par des ruses
    diverses, les fonctionnaires et les soldats etablissent des listes
    des chretiens restes dans leurs maisons et recensent les objets de
    valeurs qu'ils ont preserves.

    Le 11 juillet, un dimanche matin, les maisons chretiennes sont
    evacuees. Femmes et enfants sont reunis dans la cour de la caserne où
    ils passent la nuit. Le lendemain, ils sont deportes avec un convoi
    de femmes venu de Bitlis. Au total, ce sont plus de 1 000 femmes
    qui partent de Seert par ce premier convoi. Les enfants qui les
    accompagnent ont tous moins de six ans. Les autres ont ete enleves ou
    tues. Elles marchent par des chemins caillouteux, devetues, mourant de
    faim et de soif, epuisees par la chaleur, leurs enfants dans les bras.

    Plusieurs jours après, elles arrivent a Savour. Elles ne sont guère
    plus de 250. Le kaïmakam demande a Mardin ce qu'il doit en faire.

    Bedreddine lui repond qu'il doit les garder, ce qui signifie les faire
    disparaître. Elles partent alors dans des chemins de montagne. Une
    femme accouche en route d'un enfant mort-ne. Contrainte de poursuivre,
    elle meurt peu après. Le reste du convoi parvient dans une vallee,
    Wadi-Waweli, où des Kurdes les attendent. Ils lapident les deportees,
    prennent leurs vetements et enlèvent quelques jeunes filles [recits
    S2 et S3].

    Deux convois suivent, le deuxième quinze jours après - il comprend
    des Armeniennes et des jacobites -, le troisième huit jours après le
    deuxième - il regroupe 600 femmes chaldeennes. Le 16 août, quelques
    survivantes parviennent a Mardin où elles font au père Armale le
    recit de ces evenements. Parmi elles, une s~\ur dominicaine, la s~\ur
    Wareina, accompagnee de trois autres femmes. Elles appartiennent
    au troisième et dernier convoi. Les deportees ont marche dans des
    conditions aussi insupportables que les femmes des deux autres
    convois. A chaque etape, les tchete passaient au cours de la nuit
    avec des torches. Ils choisissaient leurs victimes, les violaient
    et les tuaient. La s~\ur, qui marchait en compagnie de sa mère, de
    ses s~\urs et de leurs enfants, s'etait barbouille le visage pour
    s'enlaidir. La mère est assassinee, une de ses s~\urs tuees pour
    avoir refuse de suivre un Kurde. Elle-meme est laissee pour morte
    et rejoint a Mardin l'eglise Saint-Ephrem, où elle a la joie de
    retrouver les trois pères dominicains de Mossoul. Sur 350 femmes de
    son convoi, elles sont seulement10 a survivre. Près de Mardin, les
    femmes se sont procure des hardes pour se vetir. Le père Berre les
    accueille a Saint-Ephrem. Il les confie a Monseigneur Tappouni qui
    les envoie se retablir au couvent des s~\urs, puis les fait conduire
    a Mossoul. Dans son rapport au ministère des Affaires etrangères, le
    père Berre mentionne le recit de la religieuse, s~\ur Wareina : " Une
    des religieuses institutrices indigènes de notre mission appartenant a
    notre residence de Seert, dans le Kurdistan, nous rejoignit a Mardin
    dans le courant de septembre 1915 et nous donna des renseignements
    precis sur les massacres dont elle avait ete temoin...

    Presque tous les chretiens de Seert, Armeniens, Chaldeens et Syriens
    catholiques, au nombre d'environ 12 000, avaient ete massacres. Des
    familles entières avaient ete torturees dans leurs maisons. Un pretre
    chaldeen, ancien elève de notre seminaire de Mossoul, avait ete coupe
    en morceaux dans les rues de cette ville. Beaucoup d'hommes avaient
    subi aussi, dans les rues, d'atroces supplices. La population musulmane
    avait pris part au carnage. L'archeveque chaldeen de Seert, Monseigneur
    Addaï Scheer, ancien elève de notre seminaire, qui avait essaye de
    fuir, fut rejoint en route et fusille par les gendarmes envoyes a sa
    poursuite. On forma ensuite des convois de femmes et d'enfants qui
    furent achemines de divers côtes. Nos religieuses institutrices et
    plusieurs jeunes filles elèves de leurs ecoles furent emmenees avec
    un grand nombre d'autres femmes sur le chemin qui conduit de Seert a
    Mardin. Elles furent livrees, vers le milieu de la route, a des bandes
    de Kurdes qui les attendaient a un endroit indique a l'avance. Après
    les avoir depouillees de leurs vetements, ces barbares, aides par les
    gendarmes, les attachèrent par petits groupes les unes aux autres ;
    des enfants etaient lies avec leur mère. Chaque groupe fut place,
    comme une cible, a une certaine distance et lapide par ces energumènes
    qui hurlaient de joie quand les coups avaient bien porte. Un chef
    kurde d'un village voisin, saisi de compassion, emmena dans sa maison
    une vingtaine de ces pauvres femmes et pourvut genereusement a leur
    entretien pendant plusieurs mois. Il donna la liberte a quelques
    unes d'entre elles après s'etre assure qu'elles seraient recueillies
    a Mardin dans des maisons chretiennes. Notre institutrice fut de ce
    nombre. Il nous envoya, plus tard, deux elèves de nos ecoles de Seert.

    Plusieurs femmes de Seert qui avaient ete emmenees dans d'autres
    convois vinrent aussi se refugier a Mardin. Leur temoignage confirma
    les renseignements qui nous avaient ete donnes sur les massacres de
    cette region. Elles avaient assiste aux tortures de tout genre subies
    par leurs malheureuses compagnes 10 ".

    Soixante femmes et enfants de Seert sont rachetees aux Kurdes par
    l'archeveque chaldeen de Mardin, Monseigneur Israël. Il s'agit sans
    doute de deportees du troisième convoi11 [Recit S4].

    Le sort des s~\urs dominicaines de Seert preoccupe au premier chef
    le frère Simon, d'autant que plusieurs sont originaires de Mardin. Il
    s'agit des six s~\urs tertiaires " indigènes ", donc restees après le
    depart des pères francais de la mission de Seert - la seule survivante
    est la s~\ur Wareina, refugiee a Saint-Ephrem. La superieure, s~\ur
    Suzanne Kahka, soixante-trois ans, fondatrice de la maison de Seert,
    part avec le convoi du 12 juillet. Elle tombe, epuisee, après trois
    jours de marche. Peu après, elle est depouillee de ses vetements par
    les miliciens convoyeurs et tuee d'une balle en plein c~\ur. A Savour,
    a quinze heures de Mardin, trois autres s~\urs, filles de notables
    de Mardin, sont lapidees par des Kurdes : Anna, fille d'Hakouf Habo,
    trente trois ans ; Seïdi, fille de Saïd Sado, trente ans ; Radji,
    de la famille Kerendi, trente ans. La s~\ur Warda meurt après le
    premier jour de marche, lorsque la caravane s'arrete a Daradja Tellen,
    poignardee par des tchete. Ses tantes et une nièce qui l'accompagnent
    sont tuees quelques heures après12.

    Seuls restent a Seert un groupe d'enfants qui sont nourris de temps
    en temps jusqu'a ce qu'on les tue a l'approche de l'armee russe. Les
    musulmans de la ville s'approprient les biens meubles et immeubles
    des chretiens. Ils fouillent les maisons de fond en comble et sondent
    les murs où ils decouvrent parfois de l'argent cache. Ils pillent
    les magasins et dilapident les produits. La cathedrale chaldeenne
    est transformee en ecurie et le cimetière chretien est profane. Les
    trente-six villages chaldeens des environs sont rases, leurs habitants
    tues sur place ou conduits a Seert pour partir avec les convois13. A
    Redwan, où vivent 500 chaldeens, les femmes et les enfants sont enduits
    de petrole et brûles14. Pour le seul diocèse chaldeen, ce sont trente
    et une eglises, sept chapelles et un ancien couvent qui sont detruits.

    L'informateur chaldeen du consul de France a Bassorah donne
    cependant une version differente des evenements de Seert, puisqu'il
    confirme l'arrivee a Mossoul de deportees chretiennes appartenant
    a differentes confessions : " Les femmes armeniennes de Seert
    arrivèrent les premières a Mossoul. De 1 700 qu'elles etaient en
    partant, a peine 600 ou 700 arrivèrent, et dans un etat lamentable,
    après huit jours de marches forcees. Les arrivantes etaient toutes
    des femmes âgees. Les jeunes avaient ete ravies par les Kurdes ou
    vendues et tuees par les gendarmes. Elles furent installees dans
    la maison du delegue apostolique, habillees a neuf par le consul
    allemand [Holstein] : elles eurent ensuite le sort des autres. Les
    femmes chaldeennes de Seert eurent un sort plus malheureux encore,
    mais avec cela une conduite heroïque et digne d'admiration. Après
    avoir resiste pendant près d'un mois aux sollicitations impudiques
    des officiers turcs et de leur soldatesque devergondee, elles furent
    traitees sans pitie a cause de leur vertu. On leur avait promis de
    les laisser dans leurs foyers après la disparition de leurs maris et
    enfants. Pour se mettre a l'abri des dangers qu'elles couraient, elles
    s'etaient reunies dans les cinq ou six grandes maisons du quartier
    chaldeen. Elles furent delogees en fin de compte de leurs abris et
    conduites dans une direction inconnue. Elles sortirent de la ville
    en cortège, toutes habillees en noir, et en larmes. Les tertiaires
    dominicaines, au nombre de seize, les precedaient et chantaient des
    cantiques [il n'y avait que six s~\urs tertiaires a Seert].

    Leur superieure, une vieille, fut tuee a coups de crosse parce qu'elle
    ne pouvait plus se traîner [s~\ur Suzanne]. Un certain nombre d'entre
    elles, dit-on, avec plusieurs autres jeunes filles se jetèrent dans
    une rivière et perirent ainsi pour echapper aux poursuites de leurs
    bourreaux. D'autres furent prises par les Kurdes. Le plus grand nombre
    s'extenuèrent en route ou perirent sous les coups des gendarmes qui
    les pressaient de marcher tantôt dans une direction, tantôt dans une
    autre. J'ai vu 9 d'entre elle, (5 femmes et 4 fillettes), de mes
    proches, arriver a Mossoul dans un etat piteux. Après mon depart,
    j'ai appris que deux nièces et deux petits neveux etaient venus se
    joindre a mes parents a Mossoul. A y ajouter quatre cousines et un
    cousin encore a Mossoul, une quinzaine de filles a Mardin, une dizaine
    de personnes a Alep, une quarantaine de femmes retenues par les Kurdes
    dans le village de Tello, a une heure a l'est de Seert, peut-etre une
    vingtaine d'autres a Seert meme et dans les autres villages, en tout
    a peine une centaine de personnes, c'est tout ce qui reste du diocèse
    chaldeen de Seert qui comptait 7 000 a 8 000 âmes. Le reste, eveque,
    clerge de la ville et des trente petits villages qui composaient le
    diocèse a complètement disparu15 ".

    1) Malheureusement le recit du père Rhetore sur Seert s'interrompt
    après quelques pages : les pp. 300 a 314 manquent.

    2) V. Cuinet, op. cit., vol. II, p. 601.

    3) R. Kevorkian, op. cit., p. 502.

    4) Ibid., p. 503.

    5) J. M. Merigoux, Va a Ninive ! Un dialogue avec l'Irak. Mossoul et
    les villages chretiens, op. cit., pp. 459-461.

    6) Al qoucara [trad. B], p. 386.

    7) J. M. Merigoux, op. cit., p. 460.

    8) MAE, A 394-3. " Les victimes de la nation chaldeenne dans les
    massacres d'Armenie ", pp. 186-194.

    9) J. Naayem, Les Assyro-chaldeens et les Armeniens massacres par
    les Turcs, op. cit., pp. 48-96. Une liste des fonctionnaires et des
    notables musulmans qui dirigent les massacres et les pillages a Seert
    figure pp. 57-58.

    10) A. Beylerian, art. cit., pp. 90-91.

    11) J. Naayem, op. cit., p. 87.

    12) H. Simon, op. cit., pp. 170-171 ; cf. infra, fiches biographiques.

    13) La liste des principaux villages chaldeens figure dans J. Naayem,
    op. cit., p. 49.

    14) Ibidem, p. 87.

    15) MAE, A 394-3. " Les victimes de la nation chaldeenne dans les
    massacres d'Armenie ", pp. 191-192.

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    © Yves Ternon pour le texte Mardin 1915

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