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Voyage En Armenie Occidentale

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  • Voyage En Armenie Occidentale

    VOYAGE EN ARMENIE OCCIDENTALE

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=75190
    Publie le : 28-08-2013

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - " Pendant que je regardais
    par le hublot de l'avion revenant vers Boston, plusieurs idees m'ont
    traverse la tete. La première et la plus importante, c'est la nouvelle
    perspective que j'ai acquise. Depuis que je suis petit, on me parle
    du genocide armenien et des atrocites survenues. On m'a appris que
    1,5 million d'Armeniens ont ete massacres et d'immenses territoires
    nous ont ete pris. On m'a enseigne l'importance d'etre armenien et
    de conserver vivantes ma culture, ma langue et mon histoire. Bien
    qu'il soit difficile pour moi, a 25 ans et vivant en diaspora, de bien
    saisir ce que cela signifie vraiment de perdre 1,5 million de frères
    et de s~\urs, ce que je suis capable de faire aujourd'hui, en raison
    de mon voyage en Armenie occidentale, c'est de reellement apprecier
    l'importance que revet pour nous de rester forts dans notre combat
    pour la reconnaissance et les reparations. " Le Collectif VAN vous
    propose la traduction d'un article en anglais paru sur le site The
    Armenian Weekly le 24 août 2013. Le jeune auteur, Raffi Yaboujian,
    decrit son voyage en Armenie occidentale (actuelle Turquie), avec
    l'exaltation et les references patriotiques en vogue dans les milieux
    dachnags (FRA: Federation Revolutionnaire Armenienne).

    The Armenian Weekly

    le 24 août 2013

    Explorer le 'Hayastan' [Nota CVAN : Armenie] que la plupart des gens
    ne voient pas : mon voyage en Armenie occidentale

    Par Raffi Yaboujian

    Alors que j'etais dans l'avion et que je m'ennuyais, fatigue de
    regarder des films, je me suis mis a parcourir les photos que j'avais
    prises sur mon iPhone. Comme c'est toujours le cas, mes vacances
    sont vite passees. Je suis parti pendant 21 jours, et au cours de ces
    trois semaines, j'ai visite quatre pays, j'avais donc cinq monnaies
    differentes dans mon sac et pas assez d'heures de sommeil. Il est
    exact de dire que j'etais fatigue. Mais ce voyage a ete different. Ce
    voyage a ete epanouissant. Je quittais le Liban avec quelque chose
    que je n'avais pas 21 jours auparavant.

    Je me souviens avoir pris des photos du mont Ararat en etant du côte
    turc pendant notre voyage, esperant simplement qu'un jour il y aurait
    des Armeniens vivant des deux cotes de cette montagne.

    Tout Armenien vivant en diaspora, et qui s'est rendu dans la patrie,
    sait que c'est une chose qui ne peut etre prise pour acquise. Il existe
    un lien special que tout Armenien arrivant en Hayastan [Nota CVAN :
    Armenie] ressent. Plusieurs annees avaient passe depuis mon dernier
    sejour a Erevan et je ne pouvais pas etre plus content de m'y rendre
    a partir du Liban. J'avais entendu dire tant de choses positives sur
    la capitale, sur les ameliorations faites depuis ma dernière visite
    et j'etais très heureux de voir qu'Erevan se transformait lentement
    pour le mieux. Deux jours après mon arrivee a Erevan, j'ai refait
    mes valises et j'ai dit au revoir a l'auberge AYF (Armenian Youth
    Federation) qui m'avait heberge. L'heure etait venue, pour l'une des
    deux raisons qui m'avait fait traverser la moitie du monde (je garde
    la deuxième pour moi) : il etait temps de quitter Erevan et de me
    diriger vers le territoire ennemi pour explorer l'Armenie historique.

    Nous nous etions tous mis d'accord pour nous retrouver le 24 juillet
    a 5h45. Il y avait avec moi deux amis de AYF côte Est, venant du New
    Jersey. Dans le taxi qui nous emmenait au bureau ARF, tôt le matin, pas
    l'un de nous ne savait ce que ces sept nuits nous reservaient. Des gens
    commencaient a sortir du bureau petit a petit. En tout, nous etions
    27, plus nos 2 chauffeurs. C'etait un bon melange de gens venant
    de divers pays du monde. Il y avait un groupe du Liban, quelques
    personnes de Teheran, une femme d'Argentine et des locaux vivant en
    Hayastan. Nous nous sommes repartis dans les bus de 15 passagers et
    avons entame notre voyage vers la frontière Armenie-Georgie. Notre
    voyage devait durer huit jours et sept nuits.

    Chaque jour, nous devions nous rendre dans differentes villes,
    nous arretant dans un hôtel quelques heures pour nous reposer et
    repartir le jour suivant. Notre objectif etait de visiter certains des
    villages, eglises, villes et châteaux armeniens les plus importants
    avant qu'ils ne nous aient ete arraches durant le genocide. Nous
    allions aussi essayer de trouver des Armeniens vivant en Turquie,
    ce qui s'est avere difficile, car meme aujourd'hui, le gouvernement
    turc utilise des tactiques de peur et d'autres methodes pou effacer
    lentement toute trace d'Armenien encore existant.

    Quand j'ai regarde la frontière armenienne, de la Georgie, c'est la
    que ca m'a frappe pour la première fois : j'allais faire partie de
    cet infime pourcentage d'Armeniens qui ont la chance de passer les
    frontières et d'explorer ce que la plupart des gens considèrent etre
    aujourd'hui l'Armenie occidentale. Notre voyage en Georgie fut court.

    Nous avons fait un bref arret a Akhalkalak, un village majoritairement
    armenien. En fait, le village etait tellement armenien qu'il y avait
    une eglise armenienne, mais aussi une statue de Mesrob Machtots [Nota
    CVAN : inventeur de l'alphabet armenien] dans le centre ville. Nous
    avons poursuivi notre route vers la frontière turque. Les sept jours
    suivants allaient filer. En un rien de temps, j'avais visite 13 villes
    differentes, vu des sites a couper le souffle, rencontrer des gens
    extraordinaires, entendu des histoires epoustouflantes et ressenti
    des emotions que je ne peux transcrire avec des mots. Nos bus sont
    devenus des unites très soudees, qui perdureraient certainement après
    ce voyage.

    Ayant visite Ani, Kars, Van, Mouch, Kharpert, Dersim, Tunceli,
    Erzeroum, Ispir, Rize, Hopa et Ardahan, je peux dire que chaque
    ville a sa propre histoire et que chacune d'elles a apporte son lot
    d'emotions, mais quelques lieux, en particulier, se sont distingues
    des autres. L'arrivee dans les ruines d'Ani, par exemple, a ete un
    moment très special pour tout le monde. En nous approchant des ruines
    et en voyant l'immense drapeau turc plante en haut des murs massifs,
    je me suis senti un peu mal a l'aise. Il etait etrange d'entendre
    notre guide nous expliquer qu'a l'âge d'or d'Ani, sa population etait
    de plus de 100 000 personnes et qu'elle etait l'une des villes les
    plus importantes de l'epoque. Nous marchions a present dans un champ
    où seules subsistaient quelques eglises. C'etait dur a accepter et
    encore plus dur d'y penser sachant ce qui aurait pu etre. La frontière
    armenienne etait si proche, que j'aurais pu litteralement ramasser une
    pierre et la jeter au-dessus de la clôture qui separe les deux pays.

    C'est un sentiment qui allait resurgir de nombreuses fois au cours
    de ces sept jours.

    De tout le voyage, l'un de mes sites preferes fut l'arrivee dans la
    ville de Van, poser mes yeux sur le Vana lidj [Nota CVAN : lac de
    Van] pour la première fois. C'etait une pure beaute. Kilomètre après
    kilomètre, il semblait n'avoir pas de fin. Notre bus ne cessait de
    rouler le long de l'eau bleue cristalline et notre groupe avait de
    plus en plus envie de sauter dedans, mais les enguers [Nota CVAN:
    amis] qui avaient organise le voyage, nous avaient planifie une
    excursion surprise. Quand le bus s'est arrete, nous avons detache
    notre regard de l'eau pour le tourner vers les montagnes. La-haut,
    se trouvait l'eglise Sourp Thomas. Du bus, elle avait l'air d'un
    point minuscule au sommet d'une gigantesque montagne. Une heure et
    demie après, et 50 epines plantees dans mes jambes, nous avons enfin
    atteint le sommet de la montagne. Devant nous se dressait l'eglise
    Sourp Thomas et, d'après notre guide, nous etions le premier groupe
    de cette taille a y venir depuis 100 ans.

    En examinant l'eglise plus attentivement, le deuxième thème recurrent
    de mon voyage fut de nouveau present : tout ce que nous visitions
    possedait les traces des Armeniens. Que ce soit un khatchkar de pierre
    ou des inscriptions en armenien sur les murs, les preuves etaient
    indeniables. Ce qui a rendu le trajet jusqu'en haut de la montagne un
    peu plus doux, c'est le fait que nous avions pris un drapeau armenien
    avec nous. Donc pendant les 30 minutes que nous avons passees la,
    nous avons pu en quelque sorte faire revivre les racines armeniennes
    de l'eglise Sourp Thomas. La vue du lac de Van du haut de cette eglise
    sacree valait a elle seule la difficulte d'arriver au sommet, mais il
    etait deja temps de redescendre et de sauter dans l'eau. Elle etait
    exactement comme nous l'avions imagine du bus - chaude et claire,
    le rafraîchissement ultime après une journee fatigante.

    Le jour suivant, nous sommes alles dans l'un de mes endroits preferes,
    le Pont Sulukh a Mouch. C'est la que le legendaire fedaï armenien
    Kevork Chavouch a ete blesse, puis est mort lors de la bataille. De
    voir les endroits dont j'avais entendu parler dans des histoires ou des
    chants revolutionnaires etaient surrealiste. Chavouch est une icône
    legendaire pour tout Armenien, en raison de ses combats heroïques
    contre l'opposition turque et kurde. À ce jour, il est celebre dans
    ses histoires et chansons, et l'on s'en souviendra toujours comme
    l'un des plus grands revolutionnaires de la riche histoire armenienne.

    Le dernier jour de notre voyage, nous nous sommes retrouves dans la
    ville de Hopa. Notre programme etait simple : nous devions rouler dans
    les parties montagneuses de cette region a une altitude provoquant
    des saignements de nez pour voir un petit village d'Armeniens
    Hamchentsi[Nota CVAN : Armeniens islamises de la region de Hamchen].

    Nous avons pu voir trois familles ce jour-la. Nous avons fait la
    connaissance de la famille la plus memorable des trois en dernier,
    quand nous avons rencontre une vieille grand-mère armenienne avec ses
    deux filles et ses petits-enfants. Ils avaient des racines armeniennes,
    et bien que les filles et les petits-enfants n'aient pas vraiment
    souvenir de leur heritage armenien, la grand-mère s'est finalement
    reconnectee a ses racines armeniennes. Une fois assis dans le patio,
    on nous a offert du the, pour 30 personnes - ce qui montre combien
    les Armeniens sont hospitaliers envers d'autres Armeniens, où que vous
    alliez - et l'un des organisateurs du voyage, U. Haygaz, a commence a
    parler avec notre nene Hamchentsi [Nota CVAN: meme]. Après 30 minutes
    de paroles chaleureuses, plus quelques implorations et arguments,
    il l'a enfin convaincue de chanter pour nous. Tandis que notre groupe
    etait assis, concentre sur sa chanson, je me suis senti a l'aise comme
    jamais encore pendant ce voyage. Voir et entendre par moi-meme que des
    Armeniens existaient encore dans ces villages recules fut un temps
    fort comme aucun autre. Et aussi heureux que cette famille l'etait
    de nous voir, je pense que ce sont eux qui nous laisseront les plus
    fortes impressions.

    Donc, pendant que je regardais par le hublot de l'avion revenant
    a Boston, plusieurs idees m'ont traverse la tete. La première
    et la plus importante, c'est la nouvelle perspective que j'ai
    acquise. Depuis que je suis petit, on me parle du genocide armenien
    et des atrocites survenues. On m'a appris que 1,5 million d'Armeniens
    ont ete massacres et d'immenses territoires nous ont ete pris. On
    m'a enseigne l'importance d'etre armenien et de conserver vivantes ma
    culture, ma langue et mon histoire. Bien qu'il soit difficile pour moi,
    a 25 ans et vivant en diaspora, de bien saisir ce que cela signifie
    vraiment de perdre 1,5 million de frères et de s~\urs, ce que je suis
    capable de faire aujourd'hui, en raison de mon voyage en Armenie
    occidentale, c'est de reellement apprecier l'importance que revet
    pour nous de rester forts dans notre combat pour la reconnaissance
    et les reparations.

    D'avoir ete en mesure d'etablir une connexion concrète avec la terre -
    marcher dans les rues, nager, escalader les montagnes et meme respirer
    l'air - m'a vraiment fait comprendre que l'on nous a vole nos biens
    les plus prestigieux et beaux. Je ne cesse de penser au fait que
    chaque endroit visite etait encore plus magnifique que le precedent,
    et a ce que l'Armenie serait aujourd'hui si ces terres etaient encore
    en notre possession.

    C'est de la que viendra la motivation pour notre future generation.

    Nous, en tant qu'Armeniens, devons commencer a nous preoccuper
    d'accorder plus de valeur a la partie occidentale de l'Armenie. Et
    de meme que c'est un devoir pour chaque Armenien, hors d'Armenie,
    de se rendre dans la Patrie, la partie occidentale de l'Armenie
    ne devrait pas faire exception. Je suis tellement reconnaissant a
    AYF-YOARF qui m'a donne l'opportunite de representer la region Ouest,
    en tant que membre d'AYF et ARF. Je me souviens avoir pris des photos
    du mont Ararat en etant du côte turc pendant notre voyage, esperant
    simplement qu'un jour il y aurait des Armeniens vivant des deux cotes
    de cette montagne. Bien que cela soit un reve qui pourrait mettre 50
    a 100 ans a se realiser, maintenant, je sais pourquoi mes ancetres
    sont morts et pourquoi nous, la generation armenienne actuelle,
    nous continuons de nous battre.

    ©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN -27 août 2013
    - www.collectifvan.org

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