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    L'AZERBAïDJAN FACE AU DESASTRE CULTUREL

    Le Temps, Suisse
    4 novembre 2006

    L'Unesco reste impuissante face a la nouvelle campagne que mène le
    gouvernement azeri pour effacer toute trace de la culture armenienne
    sur son sol.

    En août 2005, l'informaticien ecossais Steven Sim entreprit un voyage
    perilleux au Nakhitchevan, province de l'Azerbaïdjan enclavee entre
    l'Armenie et l'Iran. Sur cette terre aride et grandiose, pratiquement
    fermee aux etrangers, ce passionne d'architecture esperait visiter
    plusieurs eglises armeniennes, dont certaines datent du XIIe siècle.

    Mais ce qu'il trouva lui fit froid dans le dos: a la place des
    monuments repertories voici une quinzaine d'annees, il ne restait
    que des tas de gravats.

    Le temoignage de Steven Sim a ete divulgue le mois dernier a Paris,
    photos a l'appui: il apporte une nouvelle preuve de la campagne
    menee par le gouvernement d'Azerbaïdjan pour effacer toute trace de
    la culture armenienne sur son sol. Par son ampleur, cette destruction
    methodique rappelle celle des bouddhas de Bamyan par le regime afghan
    des talibans, en 2001, celle des monuments ottomans de Bosnie par les
    Serbes, dans les annees 1990, ou celle, plus recente, de certaines
    eglises serbes du Kosovo.

    "Au Nakhitchevan, je suis alle voir les emplacements de huit eglises
    armeniennes", a explique Steven Sim au Temps. "Je me suis rendu sur
    les sites, a present vides, de deux [eglises], et j'ai vu d'assez
    près [les sites restants] pour etre a 100% certain que les six autres
    n'existent plus." Ainsi, le village d'Abrakounis, dans l'imposante
    vallee du Yerndjak, possedait une eglise de 1381 ornee de fines
    sculptures. A l'endroit meme où elle fut photographiee en 1990,
    il n'y a plus qu'un terrain vague jonche d'eclats de briques.

    Steven Sim, qui a fini par etre expulse du Nakhitchevan pour s'etre
    montre trop curieux, craint que toutes les anciennes eglises de cette
    province - leur nombre est evalue entre 59 et une centaine - n'aient
    ete aneanties. Une video, prise en decembre 2005 depuis le territoire
    iranien, renforce cette hypothèse: on y voit des soldats reduire en
    miettes les croix gravees du cimetière medieval de Jughla, situe sur
    la rive azerie du fleuve Araxe. Ce site, qui comptait quelque dix
    mille stèles au debut du XXe siècle, a ete aplati au bulldozer et
    transforme en terrain militaire.

    Après la diffusion du film, le gouvernement d'Azerbaïdjan a reagi.

    Une lettre envoyee au Temps par son ambassadeur a Paris affirme ainsi
    que "le cimetière armenien de Jughla n'existe pas" et que les images
    montrant la destruction des croix "ne permettent pas de localiser le
    site photographie avec certitude". Pourtant, au printemps dernier, une
    delegation de parlementaires europeens s'est vu refuser l'autorisation
    de se rendre sur place.

    Malgre des demandes reiterees, l'ambassadeur n'a pas repondu aux
    questions du Temps sur les destructions d'eglises denoncees par
    Steven Sim. Le temoignage de ce dernier est certes "oriente", puisque
    le coût de son voyage au Nakhitchevan a ete pris en charge par une
    organisation armenienne, mais, pour l'heure, les autorites de Bakou
    n'ont pas pris la peine de le refuter.

    Afin de contrer les accusations concernant le cimetière de Djougha,
    l'Azerbaïdjan se dit victime d'une "campagne de propagande" menee par
    l'Armenie et affirme que plus de cinq cents monuments azeris ont ete
    detruits par les Armeniens. Les deux Etats se sont affrontes entre
    1990 et 1994 pour la province azerie du Haut-Karabakh, actuellement
    contrôlee par les Armeniens. Ils se livrent aujourd'hui une sorte de
    guerre froide, marquee par des echanges de tirs episodiques.

    Dans ce contexte tendu, l'influente diaspora armenienne mobilise
    ses amis politiques en Occident. Le 17 octobre, deux parlementaires
    suisses, le Vert genevois Ueli Leuenberger et le democrate-chretien
    fribourgeois Dominique de Buman, ont conduit une delegation d'elus
    de plusieurs pays au siège parisien de l'Unesco, division de l'ONU
    chargee de la sauvegarde des monuments anciens.

    Mais ils sont ressortis consternes de leur rencontre avec le directeur
    general de l'organisation, Koïchiro Matsuura. "Nous ne sommes pas
    du tout satisfaits, a declare Ueli Leuenberger a l'issue de la
    reunion. On a l'impression que l'Unesco n'a rien fait face a ces
    destructions. C'est incomprehensible."

    Car cela fait des mois, voire des annees, que l'organisation a
    ete informee du desastre culturel en cours dans le Caucase. Il y
    a six mois, ses fonctionnaires annoncaient l'envoi imminent d'une
    "mission d'experts" sur place. Depuis, plus rien. "Si on devait
    enqueter sur toutes les allegations de destructions de monuments
    dans le monde, on aurait besoin de 5000 ou 10000 employes [il y en a
    2160]", expliquait au printemps dernier un cadre de l'organisation,
    avec un melange d'amertume et de desinvolture.

    Aujourd'hui, l'Unesco observe un mutisme complet sur la question des
    monuments detruits au Nakhitchevan, et justifie son silence par de
    mysterieux pourparlers diplomatiques en cours. Ses relations avec le
    gouvernement d'Azerbaïdjan sont au beau fixe: le 19 octobre, a Paris,
    la femme du president azeri Ilham Aliev a assiste a un concert donne
    pour les 60 ans de l'Unesco sous le titre "Azerbaïdjan, carrefour
    des civilisations et des cultures".

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