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La Memoire Des Armeniens Se Donne A Voir

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    LA MEMOIRE DES ARMENIENS SE DONNE A VOIR
    par Pierre Barbancey

    L'Humanite, France
    20 novembre 2006

    Manifeste . À La Villette a Paris, parcours entre documents et tableaux
    dans l'histoire d'un peuple marquee par le terrible genocide de 1915,
    l'immigration mais aussi une soif d'avenir.

    On ne sait ce qui prevaut exactement aux declinaisons instaurees "
    L'annee de... " mais il faut bien admettre que celle qui demarre,
    consacree a l'Armenie, ne saurait mieux tomber. Il y a, bien sûr,
    l'actualite, le vote francais d'une loi punissant le negationnisme
    du genocide armemien. Il y a les mesures de retorsions militaires
    du pouvoir turc. Mais il y a aussi la volonte de la communaute
    armenienne en France d'aller au-dela du folklore pour donner a voir et
    a entendre leurs vies, leur vecu, dont le martyre du groupe Manouchian,
    l'Affiche rouge, est un des episodes glorieux. Georges Bensoussan
    est par exemple venu dire, a l'occasion d'un debat, le lien entre
    tous les genocides et leur particularite.

    Installation, expo, films, tables rondes C'est a La Villette que les
    " Memoires armeniennes " (1) se sont installees, sur le parquet de
    bal comme cela est joliment precise.

    Installation audiovisuelle, exposition, films et tables rondes balisent
    le parcours qui s'ouvre sur une carte de l'empire ottoman.

    Quinze fenetres videos aident a s'inscrire dans le plateau armenien.

    " Nous avons voulu montrer avec ces films, dont certains ont ete
    realises il y a vingt ans, montrer comment ces Armeniens sont arrives
    en France, a Marseille, Nice, Valence ou ailleurs ", explique Jacques
    Kebadian, une des chevilles ouvrières de cet evenement, qui risque
    fort d'etre le seul où sera evoque le genocide de 1915. Ils sont partis
    comme ils ont pu, emportant avec eux ce qu'ils pouvaient. Un des films
    de Kebadian, intitule, au singulier, Memoire armenienne, restitue
    les temoignages mais le temps a amene le realisateur a apposer des
    " s " aux memoires multiples. C'est aussi ce que restitue le Centre
    de recherches sur la diaspora armenienne (2), dirige par Jean-Claude
    Kebabdjian. L'exposition presentee " est un element de reflexion
    et de dignite. Il aurait ete paradoxal de ne pas rendre hommage a
    nos ancetres qui ne sont pas venus ici en vacances ", dit-il, en se
    souvenant du travail inlassable du depute communiste Guy Ducolone
    pour la reconnaissance du genocide armenien et d'accompagnement de
    la communaute.

    Parcourir les allees de l'exposition, entre documents et peintures,
    revèle bien des surprises. Comme ce vieil Armenien, ne en 1925, qui ne
    souhaite pas voir son nom cite, qui raconte comment ses grands-parents
    ont ete deportes, qui parle des orphelinats où ont echoue beaucoup
    d'enfants, armeniens. Il dit simplement se sentir francais " mais
    mes origines sont la-bas ". La comedienne Ariane Ascaride, qui campe
    le personnage principal du Voyage en Armenie de Robert Guediguian,
    explique aussi comment elle est " tombee amoureuse de ce pays ", parce
    qu'il y a " dans la culture armenienne des choses qui me correspondent,
    de la beaute, ce qui n'est plus pratique en Europe occidentale. Parce
    que j'ai vu les degâts que les Sovietiques avaient faits. Ils sont
    partis, mais ils les ont laisses dans la merde. Il faut voir comment
    ces gens sont impregnes par un liberalisme demoniaque. Qu'est-ce qui
    se passe dans la tete des gens ? " L'actrice ajoute : " Il y a le
    genocide, mais l'Armenie a un avenir. C'est ca qui m'interpelle, qui
    m'interesse. " souvenirs douloureux et exigence de vie Impossible,
    evidemment, d'esquiver la question de la memoire. La Villette n'y
    echappe pas. Pourtant, les formats empruntes permettent d'arpenter
    d'autres chemins. Il y a les peintures d'Aïda Kebadian, qui parlent
    de l'enfance, de l'exil, du genocide et de la religion.

    Mais ces toiles, certaines realisees au Mexique, temoignent de
    l'âprete de l'affrontement entre souvenirs douloureux et exigence de
    vie, ici et maintenant comme on dit. Isabelle Ouzonnian ne dit pas
    autre chose en presentant l'entretien avec son père, le dramaturge
    Jean-Jacques Varoujean, aujourd'hui disparu. " C'etait très penible,
    mais j'avais une très grande envie de ce temoignage, meme si je n'ai
    fait que poser la camera ", assure-t-elle.

    (1) Jusqu'au 23 novembre , accès libre de 14 heures a 19 heures, Parc
    de La Villette, metro porte de La Villette (2) Centre de recherches
    sur la diaspora armenienne.

    Tel . : 01 42 46 05 58

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