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    Le suivi de la question des prisonniers politiques en Azerbaïdjan
    Rapporteur STRÄSSER, Christoph (Allemagne , SOC)

    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=85689
    Doc. 13079

    14 décembre 2012

    Le suivi de la question des prisonniers politiques en Azerbaïdjan Rapport1

    Commission des questions juridiques et des droits de l'homme M.
    Christoph STRÄSSER Allemagne Groupe socialiste Résumé

    La question des prisonniers politiques n'est toujours pas réglée en
    Azerbaïdjan, malgré les efforts constants de l'Assemblée
    parlementaire. Outre plusieurs cas non résolus datant de l'adhésion de
    l'Azerbaïdjan au Conseil de l'Europe, plusieurs nouveaux cas de
    prisonniers politiques ont fait leur apparition qui concernent des
    responsables politiques et des militants liés à l'opposition, ainsi
    que des journalistes, des auteurs de blogs et des manifestants
    pacifiques condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement.

    Dans plusieurs cas, des raisons humanitaires, notamment l'âge de
    certains prisonniers et la détérioration de leur état de santé,
    imposent leur libération immédiate, indépendamment de tout autre
    critère.

    Dans un certain nombre de ces affaires, la Cour européenne des droits
    de l'homme a déjà conclu à la violation de la Convention européenne
    des droits de l'homme. Les affaires d'autres prisonniers politiques
    présumés sont toujours pendantes devant cette juridiction, tandis que
    d'autres prisonniers ont été incités à s'abstenir de saisir la Cour en
    temps utile contre la promesse d'une amnistie qui ne s'est pas
    concrétisée par la suite.

    Les autorités azerbaïdjanaises sont invitées, d'une part, Ã trouver
    une issue rapide aux cas des personnes qui figurent sur la liste
    récapitulative de prisonniers politiques présumés et sont toujours
    emprisonnées, sans exiger en contrepartie de leur libération qu'elles
    reconnaissent leur culpabilité ou se repentent publiquement et,
    d'autre part, à prendre les mesures qui s'imposent pour veiller à ce
    qu'aucun nouveau cas de prisonnier politique présumé n'apparaisse,
    notamment en s'abstenant d'arrêter les participants à des
    manifestations pacifiques et d'engager des poursuites à leur encontre,
    en s'abstenant d'incriminer l'expression de points de vue politiques
    et religieux dans les médias, en mettant un terme à la torture et aux
    autres formes de mauvais traitements infligés aux suspects placés en
    garde à vue et en détention provisoire, en permettant à tout suspect
    d'être assisté par l'avocat de son choix et en veillant à ce que toute
    perquisition et saisie soit effectuée en présence de témoins
    véritablement indépendants.

    Sommaire Page

    ¢ Projet de résolution. ¢ Exposé des motifs, par M. Strässer,
    rapporteur. ¢ Introduction. ¢ Etat actuel de la procédure et cadre
    géographique du rapport. ¢ Le contexte historique de la question des
    prisonniers politiques au Conseil de l'Europe : l'adhésion de
    l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. ¢ Répartition des tâches entre la Cour
    européenne des droits de l'homme et l'Assemblée parlementaire. ¢ La
    notion de « prisonnier politique » selon la définition retenue par les
    experts indépendants du Conseil de l'Europe. ¢ Infractions à caractère
    purement politique. ¢ Autres infractions à caractère politique. ¢
    Infractions dépourvues de caractère politique. ¢ Charge de la preuve.
    ¢ Résumé des critères. ¢ Acceptation générale des critères retenus par
    les experts indépendants. ¢ Application de la définition à un certain
    nombre de cas présumés de prisonniers politiques. ¢ Méthodologie. ¢
    Les cas de prisonniers politiques présumés. ¢ Conclusions. ¢ - Liste
    récapitulative des prisonniers politiques présumés (par ordre
    alphabétique). ¢ - Personnes figurant autrefois sur les listes de
    prisonniers politiques présumés, mais qui ne sont plus emprisonnées
    (par ordre alphabétique). A. Projet de résolution2

    1. L'Assemblée parlementaire rappelle que la définition de «
    prisonnier politique » a été élaborée en 2001 au sein du Conseil de
    l'Europe par les experts indépendants du Secrétaire Général, qui
    avaient pour mission d'apprécier les cas de prisonniers politiques
    présumés en Arménie et en Azerbaïdjan, dans le cadre de l'adhésion de
    ces deux pays à l'Organisation.

    2. Elle observe avec satisfaction que les critères généraux retenus
    par les experts indépendants à l'époque ont été approuvés par
    l'ensemble des parties prenantes, y compris par le Comité des
    Ministres du Conseil de l'Europe, l'Assemblée parlementaire et les
    autorités arméniennes et azerbaïdjanaises. L'Assemblée réaffirme son
    adhésion à ces critères.

    3. L'Assemblée observe que la question des prisonniers politiques
    n'est toujours pas réglée en Azerbaïdjan, malgré les efforts constants
    de l'Assemblée, qui a adopté les Résolutions 1359 (2004) et 1457
    (2005) et la Recommandation 1711 (2005) , spécialement consacrées à ce
    sujet. Elle souscrit pleinement aux conclusions et recommandations
    formulées par le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de
    l'Europe à la suite de ses visites en Azerbaïdjan en mars 2010 et
    septembre 2011.

    4. Cela vaut également pour un certain nombre de personnes figurant
    sur la deuxième liste de 107 prisonniers politiques dits « oubliés »,
    dont le sort n'a été connu qu'après la publication de la version
    définitive du rapport des experts indépendants.

    5. De plus, plusieurs nouveaux cas ont fait leur apparition depuis
    l'achèvement des travaux des experts indépendants, qui concernent des
    responsables politiques et des militants liés à l'opposition, ainsi
    que des journalistes, des auteurs de blogs et des manifestants
    pacifiques condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement.

    6. Dans un certain nombre de cas, ces prisonniers ont déjà passé
    tellement de temps en prison qu'ils devraient être libérés pour ne pas
    faire l'objet de discrimination vis-Ã-vis des autres détenus condamnés
    pour des infractions similaires, même si les verdicts prononcés contre
    eux à la suite de procès controversés étaient fondés.

    7. Dans plusieurs cas, des raisons humanitaires, notamment l'âge de
    certains prisonniers et la détérioration de leur état de santé,
    imposent leur libération immédiate, indépendamment de tout autre
    critère.

    8. L'Assemblée est consciente du fait que tout prisonnier peut, en
    principe, introduire une requête devant la Cour européenne des droits
    de l'homme lorsqu'il estime que son cas satisfait aux critères de la
    définition des prisonniers politiques.

    9. L'Assemblée observe que, dans un certain nombre de ces affaires, la
    Cour européenne des droits de l'homme a déjà conclu à la violation de
    la Convention européenne des droits de l'homme (STE n o 5). Les
    affaires d'autres prisonniers politiques présumés sont toujours
    pendantes devant cette juridiction, tandis que d'autres prisonniers
    encore ont été incités à s'abstenir de saisir la Cour en temps utile
    contre la promesse d'une amnistie qui ne s'est pas concrétisée par la
    suite.

    10. L'Assemblée reconnaît qu'elle n'est pas compétente pour décider du
    fond d'affaires individuelles de violations supposées des droits de
    l'homme. Mais elle estime avoir le devoir d'enquêter sur les
    allégations de problèmes systémiques en matière de protection des
    droits de l'homme dans l'ensemble des Etats membres, ainsi que
    d'analyser et d'apprécier, du point de vue juridique et politique,
    toute affaire ou groupe d'affaires susceptible d'apporter des
    éclaircissements sur les types de violation des droits de l'homme
    auxquels il convient de remédier par des mesures juridiques et
    politiques adéquates.

    11. L'Assemblée observe que plusieurs personnes qui figuraient sur la
    liste récapitulative des prisonniers politiques présumés ou sur les
    versions antérieures de telles listes ont été remises en liberté pour
    divers motifs, par exemple parce qu'elles ont bénéficié d'une grâce
    présidentielle, pour raisons de santé ou simplement après avoir purgé
    leur peine d'emprisonnement.

    12. Au vu de ce qui précède, l'Assemblée invite les autorités azerbaïdjanaises :

    12.1. Ã trouver une issue rapide aux cas des personnes qui figurent
    sur la liste récapitulative et sont toujours emprisonnées, sans exiger
    en contrepartie qu'elles reconnaissent leur culpabilité ou se
    repentent publiquement :

    12.1.1. en libérant immédiatement, en application des dispositions du
    Code pénal relatives à la libération conditionnelle, les prisonniers
    politiques présumés qui ont déjà purgé plusieurs années de leur peine
    ;

    12.1.2. en libérant ou en rejugeant les prisonniers politiques
    présumés qui ont été condamnés en violation des principes du droit Ã
    un procès équitable ;

    12.1.3. en libérant pour raisons humanitaires tous les prisonniers
    politiques présumés qui sont gravement malades ;

    12.1.4. en libérant ou en rejugeant les prisonniers politiques
    présumés qui ont été impliqués dans certains événements politiques Ã
    un degré moindre et très secondaire, sachant que les instigateurs
    présumés de ces événements ont été eux-mêmes déjà graciés ;

    12.1.5. en libérant les prisonniers politiques présumés qui n'ont
    d'autre lien avec les événements en question que d'être parent, ami ou
    simple connaissance de membres éminents de précédents gouvernements ;

    12.2. à prendre les mesures qui s'imposent pour veiller à ce qu'aucun
    nouveau cas de prisonnier politique, considéré comme tel au regard des
    critères précités, n'apparaisse, notamment :

    12.2.1. en s'abstenant d'arrêter les participants à des manifestations
    pacifiques et d'engager des poursuites à leur encontre ;

    12.2.2. en s'abstenant d'incriminer l'expression de points de vue
    politiques et religieux dans les médias, y compris sur Internet ; il
    convient toutefois que le discours de haine et l'incitation à la
    violence continuent à faire l'objet de poursuites, conformément à la
    jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme ;

    12.2.3. en mettant un terme à la torture et aux autres formes de
    mauvais traitements infligés aux suspects placés en garde à vue et en
    détention provisoire ;

    12.2.4. en permettant à tout suspect d'être assisté par l'avocat de son choix ;

    12.2.5. en veillant à ce que toute perquisition et saisie soit
    effectuée en présence de témoins véritablement indépendants.

    B. Exposé des motifs, par M. Strässer, rapporteur

    1. Introduction

    1.1. Etat actuel de la procédure et cadre géographique du rapport

    1. Le présent rapport devait au départ prendre en compte les deux
    mandats pour lesquels j'ai été désigné rapporteur, respectivement le
    24 mars et le 16 décembre 2009, sur :

    - « Le suivi de la question des prisonniers politiques en Azerbaïdjan » ;

    - « La définition des prisonniers politiques ».

    2. Les deux mandats de rapporteur ont été regroupés sur décision de la
    commission des questions juridiques et des droits de l'homme lors de
    sa réunion du 24 juin 2010. Au cours de la même réunion, sur la base
    d'une note introductive que j'avais présentée3 et d'une audition
    d'experts, la commission a avalisé les critères proposés pour la
    définition des prisonniers politiques et m'a autorisé Ã effectuer une
    visite d'étude à Bakou. Lors de sa réunion du 5 octobre 2011, la
    commission a rebaptisé le rapport conjoint « Revoir la question des
    prisonniers politiques » sur proposition de son président, dans le
    cadre d'un compromis avec la délégation azerbaïdjanaise, qui
    s'opposait à ce que son pays soit désigné de façon distincte dans
    l'intitulé du rapport et refusait de m'autoriser à effectuer une
    visite d'étude.

    3. Lors de la réunion du 8 mars 2011, la délégation azerbaïdjanaise a
    tenté de revenir sur la décision du 24 juin 2010 et de scinder ce
    double mandat, en rétablissant les deux mandats distincts initiaux ;
    cette proposition a été rejetée par la commission. J'ai tenté Ã
    plusieurs reprises, mais en vain, d'obtenir la collaboration des
    autorités azerbaïdjanaises pour organiser ma visite d'étude. En août
    2011, ma demande de visa a été officiellement rejetée4. Deux autres
    tentatives d'organisation d'une visite en novembre 2011 et fin janvier
    2012 ont également échoué, en dépit de plusieurs interventions des
    présidents de la commission, M. Pourgourides, puis M. Chope. Après la
    fixation d'un dernier délai d'invitation au 12 mars 2012 par le
    président lors de la réunion de janvier 2012, la commission a été
    informée à l'occasion de sa réunion du 12 mars 2012 qu'une date de
    visite avait été prévue pour la première semaine de mai 2012.
    Malheureusement, une semaine avant la visite convenue, au cours de la
    partie de session d'avril 2012, la délégation azerbaïdjanaise a soumis
    l'octroi de mon visa à une nouvelle condition : je devais accepter
    d'examiner uniquement la définition théorique des prisonniers
    politiques et non les cas présumés de prisonniers politiques
    azerbaïdjanais. Je me suis fait un devoir d'insister pour effectuer
    une visite d'étude sur la base du double mandat qui m'avait été
    confié. Je n'ai finalement pas obtenu de visa et la visite déjà prévue
    pour la semaine suivante a dû être annulée. La commission, lors de sa
    réunion du 24 avril 2012, m'a autorisé Ã présenter mon rapport sans
    avoir effectué la visite d'étude habituelle.

    4. A l'occasion de sa réunion du 21 mai 2012, la commission a
    finalement décidé de scinder mon double mandat et m'a demandé de
    présenter deux rapports distincts, l'un sur la définition des
    prisonniers politiques5 et l'autre sur les cas présumés de prisonniers
    politiques. Comme l'a expliqué le Secrétaire général de l'Assemblée
    parlementaire au cours de la même réunion, cette décision rétablit la
    situation qui existait avant la fusion des deux propositions du 24
    juin 2010. En conséquence, la modification de l'intitulé Ã laquelle il
    avait été procédé en octobre 2011 n'est plus d'actualité.

    5. Pour ce qui est du cadre géographique du présent rapport, la
    première des deux propositions sur lesquelles il repose se limite
    expressément à l'Azerbaïdjan. La deuxième, qui concerne la définition
    des prisonniers politiques, ne vise pas un pays précis. La décision de
    regrouper ces deux propositions dans un même rapport, prise en juin
    2010, n'a entraîné aucune modification du cadre géographique. Le fait
    de rebaptiser en octobre 2011 le futur rapport (nouvel intitulé : «
    Revoir la question des prisonniers politiques ») m'a permis d'étendre
    le cadre géographique possible de mon mandat, conformément Ã
    l'explication donnée par le président de la commission des questions
    juridiques et des droits de l'homme, qui avait proposé le nouvel
    intitulé. Mais compte tenu de l'annulation, le 21 mai 2012, de la
    décision de fusionner les deux rapports, il n'y a plus lieu de
    modifier l'intitulé du rapport, ni d'en élargir éventuellement le
    cadre géographique.

    6. En guise d'introduction, je donnerai un aperçu de la longue et
    douloureuse histoire de la question des prisonniers politiques en
    Arménie et en Azerbaïdjan (chapitre 1.2 ci-dessous) et je rappellerai
    les points de vue que j'ai défendus, et que la commission des
    questions juridiques et des droits de l'homme a avalisés lors de sa
    réunion du 24 juin 2010, Ã propos de la répartition des tâches entre
    l'Assemblée et la Cour européenne des droits de l'homme (« la Cour »)
    (chapitre 1.3 ci-dessous). J'évoquerai, dans la première grande partie
    du présent rapport (chapitre 2 ci-dessous), la définition en vigueur,
    parfaitement admise, des prisonniers politiques, applicable en
    principe à l'ensemble des Etats membres du Conseil de l'Europe, comme
    l'a réaffirmé la commission des questions juridiques et des droits de
    l'homme lors de sa réunion du 24 juin 2010. La deuxième grande partie
    (chapitre 3 ci-dessous) consistera en une application de ces critères
    Ã un certain nombre de cas et de catégories de cas de prisonniers
    politiques présumés en Azerbaïdjan. 1.2. Le contexte historique de la
    question des prisonniers politiques au Conseil de l'Europe :
    l'adhésion de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan

    7. La question des prisonniers politiques au Conseil de l'Europe
    remonte aux négociations engagées lors de l'adhésion de l'Azerbaïdjan
    Ã l'Organisation. L'Azerbaïdjan s'était notamment engagé « Ã libérer
    ou rejuger ceux des prisonniers qui sont considérés comme des
    `prisonniers politiques' par des organisations de protection des
    droits de l'homme »6. En novembre 2000, le Comité des Ministres
    adoptait les Résolutions Res(2000)13 et Res(2000)14, qui invitaient
    simultanément l'Arménie et l'Azerbaïdjan à devenir Etats membres du
    Conseil de l'Europe, statut qui devait être confirmé une fois fixée la
    date d'adhésion. Afin de permettre à certains Etats de surmonter leurs
    réticences à l'égard de ces deux adhésions à l'époque, un compromis
    avait été obtenu au sein du Comité des Ministres, en vertu duquel il
    avait également été décidé en novembre 2000 que le Comité des
    Ministres assurerait le suivi régulier de l'évolution démocratique des
    deux pays. L'Arménie et l'Azerbaïdjan adhéraient au Conseil de
    l'Europe le 25 janvier 2001. Le Comité des Ministres ensuite
    approuvait, le 31 janvier 2001, l'initiative prise par le Secrétaire
    Général de nommer trois éminents « experts indépendants »7 chargés
    d'examiner les listes de cas de prisonniers politiques présumés
    établies par des organisations non gouvernementales (ONG) arméniennes
    et azerbaïdjanaises de défense des droits de l'homme8. Avant cet
    examen, les experts indépendants avaient entrepris de déterminer, en
    agissant quasiment en qualité de juges, quelles personnes pouvaient «
    être considérées comme des prisonniers politiques sur la base de
    critères objectifs, Ã la lumière de la jurisprudence de la Cour
    européenne des droits de l'homme et des normes du Conseil de l'Europe
    »9. Ils avaient alors procédé Ã l'examen des 716 cas figurant sur
    cette liste en vue de définir, en se fondant sur une série de critères
    préétablis et admis par l'ensemble des organes pertinents du Conseil
    de l'Europe et des autorités azerbaïdjanaises, si les détenus en
    question étaient effectivement des prisonniers « politiques »10. Le
    Comité des Ministres avait aussi créé un groupe spécial présidé par
    l'Ambassadeur italien de l'époque M. Ago (« le groupe Ago ») pour
    suivre la mise en Å`uvre de cet engagement. Malheureusement, les 716
    cas n'ont pas tous été résolus en temps voulu. Vingt-trois cas de la
    liste initiale, qui en comptait 716, avaient été traités en priorité
    par les experts comme des « affaires pilotes ». En avril 2003, une
    bonne partie de ces 716 affaires avaient été résolues et leur liste
    réduite à 212 cas, qui ont fait l'objet d'un deuxième mandat des
    experts. En juillet 2004, les experts ont remis la version définitive
    de leur rapport au Secrétaire Général. Outre les 20 avis émis à propos
    des affaires pilotes, ils ont rendu 104 avis relatifs aux 212 affaires
    qui leur avaient été transmises. Ils ont ainsi conclu que 62 détenus
    avaient la qualité de prisonniers politiques, ce qui n'était pas ou
    plus le cas de 62 autres personnes.

    8. Une liste complémentaire de 88 nouvelles affaires de prisonniers
    politiques présumés a ensuite été établie par des ONG. Elle comporte
    les noms de personnes arrêtées ou condamnées avant le 1 er janvier
    2001 et qui avaient été omises par erreur de la liste initiale des 716
    prisonniers politiques présumés ou qui ont été arrêtées ou condamnées
    entre le 1 er janvier 2001 et le 14 avril 2002, date de l'entrée en
    vigueur de la Convention européenne des droits de l'homme (STE n o 5,
    « la Convention ») en Azerbaïdjan. Seule l'Assemblée parlementaire a
    procédé Ã une évaluation de cette liste, qui figure en annexe de son
    rapport de janvier 2004 ( Doc. 10026 ). Dans sa Résolution 1359 (2004)
    sur les prisonniers politiques en Azerbaïdjan, l'Assemblée avait
    invité en vain le Secrétaire Général de l'époque, M. Walter Schwimmer,
    Ã prolonger les travaux des experts indépendants en leur assignant un
    troisième mandat pour cette liste supplémentaire. L'Assemblée a
    présenté une autre liste de 107 nouveaux cas dans son rapport sur le «
    Suivi de la Résolution 1359 (2004) sur les prisonniers politiques en
    Azerbaïdjan »11, qui a conduit à l'adoption de la Résolution 1457
    (2005) et de la Recommandation 1711 (2005) .

    9. Depuis l'adhésion de l'Azerbaïdjan en 2001, l'Assemblée
    parlementaire a examiné Ã quatre reprises la question des prisonniers
    politiques en Azerbaïdjan : en janvier 2002, juin 2003, janvier 2004
    et juin 200512. Dans la dernière résolution consacrée à ce sujet, la
    Résolution 1457 (2005) , l'Assemblée

    « réaffirme fermement sa position de principe suivant laquelle les
    détenus qui ont été reconnus comme prisonniers politiques doivent être
    libérés. Elle demande aux autorités azerbaïdjanaises de trouver une
    issue rapide et définitive à la question des prisonniers politiques et
    prisonniers politiques présumés :

    i. en libérant les trois prisonniers politiques restants, reconnus
    comme tels par les experts indépendants, ou en ouvrant la possibilité
    de voir leurs affaires réellement examinées par la Cour européenne des
    droits de l'homme, moyennant un procès en révision ou en appel, comme
    l'ont proposé les autorités azerbaïdjanaises ;

    ii. en libérant immédiatement, en application des dispositions du Code
    pénal relatives à la libération conditionnelle, les prisonniers
    politiques présumés qui ont déjà purgé plusieurs années de leur peine
    ;

    iii. en libérant ou en rejugeant les prisonniers politiques présumés
    dont les jugements sont contraires aux principes du droit à un procès
    équitable ;

    iv. en libérant, pour des raisons humanitaires, les prisonniers
    politiques présumés qui sont gravement malades ;

    v. en libérant ou en rejugeant les prisonniers politiques présumés qui
    ont été impliqués dans certains événements politiques à un degré
    moindre et très secondaire, sachant que les commanditaires présumés
    ont été eux-mêmes déjà graciés ;

    vi. en libérant les prisonniers politiques présumés qui n'ont d'autre
    lien avec les événements en question que d'être parent, ami ou simple
    connaissance des membres éminents de précédents gouvernements ;

    et elle salue l'engagement des autorités azerbaïdjanaises d'exploiter
    toutes les procédures juridiques possibles (amnistie, procès en
    révision devant les tribunaux de plus haute instance, libération
    conditionnelle, libération pour motif de santé, grâce) afin de
    résoudre ce problème ».

    10. En dépit de quelques avancées réalisées à la suite des diverses
    résolutions adoptées par l'Assemblée13, cette question n'est toujours
    pas réglée, comme le rappellent dans les termes suivants les auteurs
    de l'une des propositions sur laquelle se fonde le présent rapport :

    « Aucune suite n'a malheureusement été donnée aux recommandations de
    l'Assemblée. On n'a enregistré aucun résultat et le groupe d'action a
    été bien moins actif depuis l'adoption de la Résolution 1545 (2007) .
    Il n'a eu que deux réunions. Aucun décret de grâce n'a été pris depuis
    le mois de mars 2007 en dépit de promesses de le faire.

    Dans le même temps, la liste de prisonniers politiques allégués ne
    cesse de s'allonger. Certains journalistes qui ont été condamnés pour
    diffamation ont été déclarés prisonniers de conscience par Amnesty
    international. Au total, la liste de la Fédération azerbaïdjanaise
    d'organisations de défense des droits de l'homme comprend 72
    prisonniers politiques, neuf prisonniers politiques probables et 10
    `ex-prisonniers politiques'. Certains d'entre eux ont été arrêtés pour
    la seconde fois. Mme Faïna Kungurova, ex-prisonnière politique, est
    morte en prison (le 18 novembre 2007) dans des circonstances peu
    claires »14.

    11. En juin 2010, l'Assemblée a débattu d'un rapport sur le
    fonctionnement des institutions démocratiques en Azerbaïdjan qui, dans
    son chapitre consacré aux droits de l'homme et aux libertés
    fondamentales, met en avant un certain nombre d'affaires de
    journalistes et de militants emprisonnés, qu'il convient de régler
    d'urgence15. A la suite de la visite des corapporteurs en Azerbaïdjan
    du 31 janvier au 2 février 2012, la commission pour le respect des
    obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe
    (commission de suivi) a examiné une note d'information de ces
    derniers, datée du 25 avril 2012, qui évoque une fois de plus des cas
    de militants de l'opposition et de journalistes emprisonnés, ainsi que
    la nécessité pour la commission des questions juridiques et des droits
    de l'homme de préciser la notion de prisonnier politique16.

    12. Le Commissaire aux droits de l'homme de l'époque, Thomas
    Hammarberg, a publié en mars 2010 et septembre 2011 deux rapports dans
    lesquels il dénonçait l'utilisation de chefs d'accusations inventés de
    toutes pièces pour arrêter et réduire au silence des candidats aux
    élections législatives, des journalistes et des membres de groupes de
    jeunesse17. Au vu de mes propres constatations, je souscris pleinement
    Ã la manière dont les conclusions et les recommandations18 du
    Commissaire résument les problèmes constatés.

    13. Le 17 décembre 2009, le Parlement européen a indiqué que, «
    préoccupé par la détérioration de la liberté des médias en
    Azerbaïdjan, [il déplorait] les pratiques d'arrestation, de poursuite
    et de condamnation de journalistes d'opposition accusés de divers
    délits » et invitait les autorités d'Azerbaïdjan « Ã libérer sans
    délai les journalistes emprisonnés ». Le 24 mai 2012, le Parlement
    européen a adopté une autre résolution19 qui critique vivement les
    récentes arrestations de journalistes et de militants en Azerbaïdjan
    et demande que les « personnes détenues pour des motifs politiques »
    soient libérées.

    14. Parmi les affaires survenues récemment et qui méritent, selon moi,
    d'être traitées de toute urgence, figurent celles des jeunes
    journalistes d'Internet (« blogueurs ») et militants de la jeunesse
    qui ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement pour «
    hooliganisme » après avoir été eux-mêmes victimes, sans provocation,
    d'une agression des forces de sécurité20. En novembre 2011, Amnesty
    International a lancé un appel urgent en faveur de la libération de 17
    « prisonniers de conscience »21. Ces affaires récentes traduisent la
    persistance en Azerbaïdjan du problème structurel du recours Ã
    l'emprisonnement pour réduire au silence toute opposition.

    15. Bon nombre des « cas anciens » ont fini par devenir des questions
    humanitaires urgentes au vu du temps que les intéressés ont déjà passé
    en prison et compte tenu de leur ge et de leur état de santé
    précaire. Il est parfaitement injuste de maintenir en prison des
    personnes qui, au moment où les infractions alléguées ont été
    commises, étaient extrêmement jeunes et auxquelles seule une
    complicité accessoire pouvait dans le pire des cas être reprochée,
    alors que la qualité de prisonniers politiques a été reconnue aux
    instigateurs et organisateurs, qui ont été libérés depuis longtemps.
    Il est tout aussi injuste de maintenir en prison des personnes
    arrêtées après expiration du mandat des experts indépendants et qui
    n'ont pu être prises en compte dans les travaux de ces derniers pour
    cette unique raison. Elles continuent de purger une peine pour avoir
    participé Ã la commission d'infractions dont les instigateurs et les
    organisateurs, là encore, ont été libérés depuis longtemps après que
    la qualité de prisonniers politiques leur avait été reconnue. 1.3.
    Répartition des tches entre la Cour européenne des droits de l'homme
    et l'Assemblée parlementaire

    16. Les critères retenus pour la définition des « prisonniers
    politiques » se réfèrent fréquemment à la Convention européenne des
    droits de l'homme. Est considérée comme un prisonnier politique une
    personne détenue en violation de la Convention (et notamment de ses
    articles 5, 6 et 10). Il va sans dire que l'interprétation authentique
    de la Convention relève de la seule compétence de la Cour européenne
    des droits de l'homme. Depuis l'entrée en vigueur de la Convention en
    Azerbaïdjan, la Cour est également compétente pour examiner les
    requêtes individuelles introduites par les personnes qui s'estiment
    victimes d'une violation de leurs droits consacrés par la Convention.
    Rappelons à cet égard que le 22 avril 2010, la Cour a conclu que M.
    Eynulla Fatullayev, incarcéré en avril 2007 après avoir écrit une
    série d'articles critiques à l'égard du pouvoir, avait été emprisonné
    Ã tort et a demandé sa libération immédiate22. Mais le fait qu'un
    certain nombre d'affaires de prisonniers politiques présumés soient
    encore pendantes devant les juridictions nationales ou la Cour
    européenne des droits de l'homme n'interdit pas en principe Ã
    l'Assemblée de procéder à l'évaluation politique d'un éventuel
    problème systémique : l'emprisonnement fréquent des opposants
    politiques et des journalistes indépendants, dû soit à l'absence de
    conformité des dispositions juridiques pertinentes avec les normes du
    Conseil de l'Europe, soit à une application incompatible avec ces
    normes des dispositions en question. Conformément à un usage bien
    établi au sein de l'Assemblée23, les rapporteurs sont libres d'évoquer
    des affaires individuelles pour déceler et illustrer d'éventuelles
    violations structurelles, ainsi que de formuler des observations au
    sujet de ces affaires, en vue de proposer des solutions possibles.
    Bien entendu, l'Assemblée n'a aucune intention, lorsqu'elle porte une
    appréciation politique sur ces affaires en se fondant sur la
    Convention, de commettre une ingérence dans l'indépendance de la Cour,
    qu'elle a systématiquement affirmée et défendue. Comme la Cour est
    actuellement submergée par les requêtes individuelles de certains pays
    causées par des problèmes « systémiques », l'Assemblée peut faire
    Å`uvre utile en abordant de tels problèmes sur la base d'exemples
    soigneusement documentés et en proposant aux autorités nationales des
    solutions susceptibles de tarir à la source cet afflux massif de
    requêtes. 2. La notion de « prisonnier politique » selon la définition
    retenue par les experts indépendants du Conseil de l'Europe

    17. Le juge Stefan Trechsel a présenté les conclusions établies par
    ses collègues et lui-même sur la définition et les critères de la
    notion de « prisonnier politique » lors de l'audition de la commission
    des questions juridiques et des droits de l'homme, le 24 juin 2010 Ã
    Strasbourg24. Les experts indépendants ont fondé leurs travaux sur
    ceux du professeur Carl Aage Nørgaard, qui était alors Président de la
    Commission européenne des droits de l'homme et avait été invité par le
    Conseil de sécurité des Nations Unies à définir la qualité de
    prisonnier « politique » en Namibie en 1989 et 1990. Le proche
    collaborateur du professeur Nørgaard, Andrew Grotrian, figure
    également parmi les experts entendus lors de l'audition du 24 juin. Le
    troisième expert présent lors de cette audition était M. Javier Gómez
    Bermúdez, juge, président de la chambre criminelle de l'Audiencia
    Nacional (Espagne). A la suite de ces échanges avec les experts, la
    commission a approuvé les conclusions de ma note introductive25et m'a
    invité Ã poursuivre mes travaux sur la base de ces critères objectifs.

    18. Au cours de ces échanges, les experts sont convenus que les
    personnes condamnées pour des crimes violents, comme les actes
    terroristes, ne pouvaient prétendre à la qualité de « prisonniers
    politiques », même si elles affirmaient avoir agi pour des raisons «
    politiques ». M. Gómez Bermúdez a précisé que ce principe était
    applicable aux Etats démocratiques dirigés par des gouvernements
    légitimes, où il ne saurait être question de « résistance légitime »,
    comme ce fut le cas pour la « Résistance » française pendant la
    seconde guerre mondiale. Cet argument est étayé par l'article 17 de la
    Convention européenne des droits de l'homme, intitulé « Interdiction
    de l'abus de droit »26.

    19. Pour résumer27, le cadre suivant a été établi par les experts
    indépendants sur la base de la Convention européenne des droits de
    l'homme et de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de
    l'homme ; il varie en fonction de la nature de l'infraction pour
    laquelle l'intéressé est emprisonné. 2.1. Infractions à caractère
    purement politique

    20. Il s'agit des infractions qui concernent uniquement l'organisation
    politique de l'Etat, comme la « diffamation » Ã l'égard de ses
    instances ou d'autres infractions du même type.

    21. Tous les auteurs d'infractions emprisonnés pour ces motifs n'ont
    pas la qualité de « prisonniers politiques ». Le critère de la
    légalité de leur détention au regard de la Convention européenne des
    droits de l'homme, selon l'interprétation retenue par la Cour
    européenne des droits de l'homme, permet de les distinguer. Le
    discours « Ã caractère politique », y compris lorsqu'il se montre
    extrêmement critique à l'égard de l'Etat et du pouvoir en place, est
    en principe protégé par l'article 10 : son libellé n'en permet pas
    l'interdiction au nom d'un « besoin social impérieux » dans une «
    société démocratique »28. Mais il arrive que le discours à caractère
    politique aille au-delà des limites fixées par la Convention, par
    exemple lorsqu'il incite à la violence, au racisme ou à la
    xénophobie29. Il convient de noter que, chaque fois que la Cour a jugé
    la répression de ce discours admissible au titre de la Convention, les
    peines infligées par les juridictions nationales étaient en grande
    partie symboliques. Comme l'interprétation de la Convention doit être
    cohérente et dépourvue de contradictions, une personne condamnée au
    titre de l'article 10, paragraphe 2, de la Convention ne peut être
    considérée comme détenue illégalement au regard de l'article 5 ni, par
    voie de conséquence, avoir la qualité de prisonnier politique. Il est
    cependant entendu que les peines infligées pour la tenue de propos Ã
    caractère politique qui ne bénéficient pas de la protection de
    l'article 10 peuvent être contraires à la Convention (et soulever la
    question du caractère « politique » du détenu concerné) lorsque la
    peine infligée est disproportionnée, discriminatoire ou le fruit d'un
    procès entaché d'iniquité. 2.2. Autres infractions à caractère
    politique

    22. Il s'agit des infractions commises pour des motifs politiques (et
    non par intérêt personnel) et qui portent atteinte aussi bien aux
    intérêts de l'Etat qu'Ã ceux d'autres particuliers, comme c'est le cas
    des actes terroristes. Bien entendu, l'Etat territorialement compétent
    lorsque de tels actes sont commis n'est pas seulement habilité Ã
    poursuivre leurs auteurs, il en a également l'obligation positive. En
    conséquence, les personnes condamnées pour ce type d'infraction ou
    placées en détention provisoire parce qu'elles sont soupçonnées
    d'avoir commis de telles infractions n'ont pas la qualité de
    prisonniers politiques. Ce principe souffre toutefois les mêmes
    exceptions que dans la catégorie précédente lorsque la peine est
    disproportionnée, discriminatoire ou infligée à l'issue d'un procès
    inique. 2.3. Infractions dépourvues de caractère politique

    23. Les personnes placées en détention pour avoir commis des
    infractions dépourvues de caractère politique (c'est-Ã-dire toute
    autre infraction dans laquelle ni l'acte ni l'intention délictueuse
    n'ont une connotation politique) n'ont pas, en principe, la qualité de
    prisonniers politiques. LÃ encore, ce principe connaît un certain
    nombre d'exceptions. Une personne condamnée pour une infraction
    dépourvue de caractère politique peut avoir la qualité de prisonnier
    politique lorsque les pouvoirs publics l'incarcèrent pour des motifs
    politiques. Ceux-ci peuvent devenir évidents lorsque la peine
    prononcée est totalement disproportionnée par rapport à l'infraction
    commise ou lorsque la procédure est clairement entachée d'iniquité.
    2.4. Charge de la preuve

    24. La répartition de la charge de la preuve est particulièrement
    cruciale dans un domaine qui dépend en grande partie de la motivation
    « politique » ou autre de l'auteur de l'infraction ou des pouvoirs
    publics. L'approche retenue par les experts indépendants du Conseil de
    l'Europe est la suivante : il appartient en premier lieu à ceux qui
    affirment qu'une personne précise a la qualité de prisonnier politique
    de fournir un commencement de preuve. Ces éléments sont alors soumis Ã
    l'Etat concerné qui, Ã son tour, aura la possibilité de présenter des
    éléments de preuve qui réfutent cette allégation. Comme l'a résumé
    Stefan Trechsel30,

    « sauf capacité de l'Etat défendeur à démontrer que la détention de
    l'intéressé est pleinement conforme aux dispositions de la Convention
    européenne des droits de l'homme, telles que les a interprétées la
    Cour européenne des droits de l'homme sur le fond de l'affaire, que
    les règles de proportionnalité et de non-discrimination ont été
    respectées et que la privation de liberté est le résultat d'une
    procédure régulière, l'intéressé devra être considéré comme un
    prisonnier politique ».

    25. Les personnes chargées d'établir le caractère politique d'une
    détention peuvent également appliquer, par analogie, la jurisprudence
    rendue par la Cour au sujet des présomptions de fait dans les affaires
    où l'Etat défendeur refuse de coopérer en mettant à disposition
    certains documents ou d'autres informations exclusivement détenus par
    les pouvoirs publics31. 2.5. Résumé des critères32

    26. « Une personne privée de sa liberté individuelle doit être
    considérée comme un `prisonnier politique' :

    a. si la détention a été imposée en violation de l'une des garanties
    fondamentales énoncées dans la Convention européenne des Droits de
    l'Homme (CEDH) et ses Protocoles, en particulier la liberté de pensée,
    de conscience et de religion, la liberté d'expression et d'information
    et la liberté de réunion et d'association ;

    b. si la détention a été imposée pour des raisons purement politiques
    sans rapport avec une infraction quelle qu'elle soit ;

    c. si, pour des raisons politiques, la durée de la détention ou ses
    conditions sont manifestement disproportionnées par rapport Ã
    l'infraction dont la personne a été reconnue coupable ou qu'elle est
    présumée avoir commise ;

    d. si, pour des raisons politiques, la personne est détenue dans des
    conditions créant une discrimination par rapport à d'autres personnes
    ; ou,

    e. si la détention est l'aboutissement d'une procédure qui était
    manifestement entachée d'irrégularités et que cela semble être lié aux
    motivations politiques des autorités. »

    33

    27. Le fait d'affirmer qu'une personne est un « prisonnier politique »
    doit se fonder sur des indices sérieux ; il appartient dès lors Ã
    l'Etat dans lequel la personne est détenue de prouver que la détention
    est pleinement conforme aux dispositions de la Convention européenne
    des droits de l'homme, selon l'interprétation retenue par la Cour
    européenne des droits de l'homme sur le fond de l'affaire, que les
    principes de proportionnalité et de non-discrimination ont été
    respectés et que la privation de liberté est le résultat d'une
    procédure équitable.

    28. L'examen attentif de ces critères montre qu'une personne Ã
    laquelle la qualité de prisonnier « politique » est reconnue n'est pas
    nécessairement « innocente ». La dimension politique d'une affaire
    peut résider, par exemple, dans l'application sélective du droit, dans
    le fait d'infliger à l'intéressé une lourde peine, disproportionnée
    par rapport à celle à laquelle seraient condamnées pour une infraction
    similaire des personnes dépourvues d'antécédents « politiques », ou
    dans l'absence d'équité de la procédure, qui peut néanmoins aboutir Ã
    la condamnation d'un coupable. Par conséquent, le fait de reconnaître
    Ã un détenu la qualité de prisonnier « politique » n'impose pas
    nécessairement qu'il soit immédiatement libéré : la façon la plus
    appropriée de remédier à cette situation est sans doute de le juger
    une nouvelle fois au cours d'un procès équitable. Cela dit, compte
    tenu du temps que bon nombre de ces prisonniers ont déjà passé en
    prison, le fait de les libérer d'urgence, même s'ils sont
    effectivement « coupables » des crimes qui leur sont reprochés, est
    désormais souvent le seul moyen de dissiper le soupçon que le
    traitement particulièrement dur qui leur a été appliqué l'a été pour
    des raisons « politiques ». 2.6. Acceptation générale des critères
    retenus par les experts indépendants

    29. Les critères résumés ci-dessus ont été transmis à l'ensemble des
    parties concernées. Comme le précise le document d'information du
    Secrétaire Général sur les conclusions des travaux réalisés par les
    experts indépendants, « [a]ucune objection de fond n'a été soulevée
    [au sujet de ces critères] »34. Lors de leur 765 e réunion du 21
    septembre 200135, les Délégués ont « [pris] note avec satisfaction du
    rapport des experts indépendants du Secrétaire Général sur les
    prisonniers politiques présumés en Arménie et Azerbaïdjan, tel qu'il
    figure dans le document [SG/Inf(2001)34 et les Addendum I et Addendum
    II] (...) » et ont adopté la déclaration suivante sur cette question :

    « Le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe a appris avec
    satisfaction que le Président de la République d'Azerbaïdjan a, le 17
    août 2001, par décret accordé son pardon à 89 prisonniers politiques ,
    dont 66 ont été libérés et 23 ont vu leur peine réduite (...) »
    (caractère gras ajouté pour souligner le fait que le terme «
    prisonniers politiques » a été utilisé par le Comité des Ministres
    lui-même)

    30. Trois ans plus tard, au terme du deuxième mandat des experts
    indépendants, le document d'information établi par le Secrétaire
    Général réaffirme que « [c]es critères ont été acceptés par les
    autorités azerbaïdjanaises et toutes les instances du Conseil de
    l'Europe »36. Les résolutions ultérieures de l'Assemblée parlementaire
    se fondaient également sur ces critères généralement admis, établis
    par les experts indépendants37.

    31. Au cours de mon mandat actuel de rapporteur, certains membres de
    la commission ont tenté Ã plusieurs reprises de rouvrir la question de
    la définition des prisonniers politiques38. Mais je reste convaincu
    que toute tentative de « réinventer la roue » aurait pour seul effet
    de nous détourner de l'importante mission qui est la nôtre : aider
    l'Azerbaïdjan à régler de façon durable sa question des prisonniers
    politiques.

    32. Je tiens à rappeler à ce propos qu'il ne fait aucun doute que les
    terroristes de l'ETA, du PKK ou de n'importe quelle autre organisation
    terroriste n'entrent pas dans le champ d'application de la définition
    des prisonniers politiques, même s'ils affirment avoir commis leurs
    crimes odieux pour des raisons « politiques ». Toutefois, les
    personnes accusées d'avoir commis des actes terroristes et condamnées,
    pour des motivations politiques, invoquées cette fois par les
    autorités, sur la base d'un procès inique et de preuves douteuses («
    aveux » extorqués sous la torture ou témoignages obtenus sous la
    contrainte, par exemple) peuvent parfaitement être présumées «
    prisonniers politiques » si des indices suffisants conduisent à penser
    que ces violations ont bel et bien eu lieu. 3. Application de la
    définition à un certain nombre de cas présumés de prisonniers
    politiques 3.1. Méthodologie

    33. Au cours de l'enquête menée pour la préparation du présent
    rapport, j'ai proposé aux autorités azerbaïdjanaises de suivre une
    procédure en six étapes :

    - Première étape : établir un « projet de liste récapitulative des
    prisonniers politiques présumés », Ã partir des listes de prisonniers
    politiques présumés présentées par les différentes ONG.

    - Deuxième étape : transmettre le « projet de liste récapitulative »
    aux autorités azerbaïdjanaises pour qu'elles y apportent leurs
    observations.

    - Troisième étape : communiquer les observations des autorités aux ONG
    ayant transmis les noms des intéressés, en leur demandant de se
    prononcer sur ces observations.

    - Quatrième étape : au cours de la visite d'étude prévue à Bakou,
    examiner avec les représentants des autorités et de la société civile
    les résultats obtenus de la première à la troisième étape.

    - Cinquième étape : analyser les informations obtenues et apprécier
    chaque cas à la lumière des critères réaffirmés par la commission des
    questions juridiques et des droits de l'homme lors de sa réunion de
    juin 2010.

    - Sixième étape : présenter les conclusions sous la forme d'un projet
    de résolution et d'un rapport, pour adoption par la commission des
    questions juridiques et des droits de l'homme, puis par l'Assemblée
    parlementaire.

    34. Malheureusement, les autorités n'ont pas transmis leurs
    observations sur la liste que je leur ai fournie en décembre 2011.
    L'expert sélectionné par les autorités et invité Ã l'audition de
    janvier 2012 a lui aussi choisi d'examiner uniquement les questions
    d'ordre général et n'a pas commenté sur le fond les cas que j'avais
    soulevés. Comme je l'ai déjà indiqué39, les autorités azerbaïdjanaises
    ne m'ont pas non plus autorisé à effectuer une visite d'étude à Bakou,
    ce qui leur aurait pourtant donné une autre occasion de me présenter
    un point de vue officiel sur les affaires en question.

    35. J'ai en revanche reçu de nombreuses observations, des précisions
    supplémentaires, des éclaircissements et d'autres explications au
    sujet des différentes catégories de cas de la part des organisations
    non gouvernementales, que j'ai consultées avant et après l'audition de
    janvier 2012. Les 10 et 11 mai 2012, notamment, j'ai eu l'occasion de
    travailler avec deux défenseurs azerbaïdjanais des droits de l'homme,
    qui se sont rendus à Berlin et nous ont transmis, à mes collaborateurs
    et moi-même, une profusion d'informations sur un certain nombre de cas
    choisis. J'aimerais remercier MM. Anar Mammadli et Anar Gasimli pour
    le professionnalisme et la patience dont ils ont fait preuve en
    faisant face au rythme soutenu des questions que nous leur avons
    posées pendant ces deux jours de travail intense40.

    36. Dans la mesure où les affaires en question remontent aux mandats
    successifs des experts indépendants du Conseil de l'Europe, je me suis
    appuyé en grande partie sur les études de cas des experts. Je n'ai pas
    cherché Ã remettre en cause a posteriori les conclusions des éminents
    experts indépendants, qui ont bénéficié pour leurs travaux de
    ressources bien supérieures à celles dont je disposais en qualité de
    rapporteur de l'Assemblée. Les représentants des ONG qui avaient
    auparavant collaboré avec les experts indépendants m'ont indiqué sur
    la base de solides éléments que l'absence de reconnaissance de la
    qualité de prisonnier politique a parfois uniquement été due au fait
    que les intéressés n'avaient pas fourni aux experts les informations
    qui leur permettaient de constater l'existence d'un « commencement de
    preuve »41. D'après les ONG, cela peut s'expliquer par un manque de
    conseils juridiques ou d'assistance prodigués aux intéressés par
    certaines ONG, qui ne font pas toutes preuve du même professionnalisme
    et de la même objectivité. Certaines personnes dont les noms
    figuraient sur la liste ont pu avoir, Ã tort, l'impression que leur
    inscription sur cette liste entraînerait automatiquement leur
    libération. Comme cette occasion représente peut-être pour elles une
    dernière chance d'être libérées, j'ai décidé de les faire figurer sur
    le « projet de liste récapitulative des prisonniers politiques
    supposés » transmis aux autorités et aux représentants de la société
    civile pour observations. Lorsque je disposais dans ces affaires
    d'éléments suffisants pour me permettre de conclure qu'un commencement
    de preuve permettait de considérer que les cas de ces intéressés
    étaient de nature « politique », alors que les autorités ne
    fournissaient aucun élément qui démontrait le contraire, je les ai
    inscrits sur la version définitive de ma liste. Ces affaires
    englobaient notamment le cas de très jeunes (Ã l'époque des faits)
    soldats des forces spéciales du ministère de l'Intérieur (`OPON'), qui
    avaient pris part à un coup d'Etat avorté en 1995, en obéissant aux
    ordres de leurs supérieurs. Alors que leurs officiers supérieurs,
    c'est-Ã-dire les organisateurs et les instigateurs de cette tentative
    de coup d'Etat, ont été libéré depuis longtemps après que la qualité
    de « prisonniers politiques » leur a été reconnue par le Conseil de
    l'Europe, plusieurs hommes de troupe et chauffeurs, notamment, sont
    toujours en prison. Il convient de les libérer eux aussi, sous peine
    de faire preuve à leur égard de discrimination, à moins qu'ils n'aient
    été condamnés à l'occasion d'un procès équitable pour des infractions
    commises à l'occasion de la tentative de coup d'Etat pour laquelle la
    responsabilité de leurs chefs n'a pu être engagée.

    37. Comme je l'ai indiqué plus haut42, j'ai conscience que cette
    Assemblée n'est pas une juridiction. C'est pourquoi je n'établirai pas
    de conclusion définitive sur les cas de prisonniers politiques
    présumés portés à mon attention. Mais j'ai réuni un nombre
    considérable d'informations puisées auprès de plusieurs sources
    différentes. Comme les autorités azerbaïdjanaises ne m'ont pas fait
    connaître leur point de vue sur les informations que je leur ai
    transmises43, j'ai appliqué, mutatis mutandis, le principe juridique
    de la présomption de fait auquel la Cour européenne des droits de
    l'homme recourt lorsque l'Etat défendeur ne donne pas une autre
    version crédible des faits présentés par le requérant44. A la lumière
    de ce principe, l'examen attentif de toutes les informations dont je
    disposais m'a donc conduit à reconnaître à un certain nombre de
    personnes la qualité de prisonniers politiques « présumés »45. Il
    convient en effet de libérer ces personnes ou tout au moins de les
    juger une nouvelle fois au cours d'un procès équitable, Ã moins que
    les autorités ne parviennent à réfuter point par point les éléments
    spécifiques sur lesquels se fonde mon appréciation. Comme les
    autorités azerbaïdjanaises n'ont pas fait cette démarche lors de
    l'élaboration du présent rapport, elles devront à présent l'effectuer
    dans le cadre du suivi de ce rapport, si elles ne veulent pas être
    tenues pour absolument responsables d'avoir permis que, dans un Etat
    membre du Conseil de l'Europe, des cas de prisonniers politiques
    présumés ne trouvent aucune issue. Il appartiendra à d'autres de
    déterminer en temps utile les conséquences d'une telle situation.

    38. Les cas de prisonniers politiques présumés seront exposés dans ce
    rapport par catégorie, afin de les replacer plus clairement dans leur
    contexte politique. Faute de place, seuls un ou deux cas
    particulièrement représentatifs de chaque catégorie pourront être
    présentés en détail. Pour faciliter les renvois, une liste
    alphabétique de tous les cas examinés figure en annexe46. Le rapport
    principal comporte uniquement les cas des personnes qui, au moment de
    sa rédaction, étaient toujours emprisonnées. J'ai cependant établi une
    deuxième liste en annexe qui énumère les personnes qui satisfont aux
    critères des « prisonniers politiques », mais qui ne sont plus en
    prison, soit parce qu'elles ont purgé leur peine, soit parce qu'elles
    ont été graciées. L'existence même de ces cas est une illustration
    supplémentaire des problèmes systémiques que ce rapport entend
    aborder. Cette même raison m'a amené Ã regrouper certains cas dans une
    « liste d'observation » de personnes qui restent placées en détention
    provisoire et n'ont pas encore été condamnées. Quoi qu'il en soit, les
    listes que j'ai établies n'ont pas l'ambition d'être exhaustives ; il
    est de fait très probable qu'un certain nombre d'affaires aient
    échappé Ã mon attention. 3.2. Les cas de prisonniers politiques
    présumés

    39. La présentation des cas de prisonniers politiques présumés sera
    scindée en deux grandes parties : les nouveaux cas, qui se sont
    produits après le dernier rapport de l'Assemblée de 2005, et les cas
    plus anciens, qui remontent à l'époque des experts indépendants du
    Conseil de l'Europe ou sont liés à ces affaires. 3.2.1. Les nouveaux
    cas

    40. Les « nouveaux » cas de prisonniers politiques présumés sont
    répartis en cinq catégories principales. La première comprend les cas
    des responsables ou des militants des principaux partis d'opposition
    laïcs (notamment « Musavat » et le « Front populaire »). La deuxième
    catégorie regroupe les cas de militants des droits civiques (y compris
    les membres d'« Assemblée des citoyens »/Ictimai Palata, qui réunit
    plusieurs groupes de la société civile et de l'opposition, mais pas la
    totalité d'entre eux). La troisième catégorie comprend les
    journalistes (dont plusieurs figurent sur ma « liste d'observation »
    des personnes placées en détention provisoire). La quatrième catégorie
    comporte différentes séries d'affaires qui concernent des militants
    islamistes, tandis que la cinquième et dernière catégorie regroupe
    d'autres cas emblématiques, comme ceux d'anciens ministres qui ont
    pris leurs distances avec le pouvoir actuel. 3.2.1.1. Les cas de
    responsables et militants des principaux partis d'opposition laïcs

    41. Dans cette catégorie figurent un certain nombre de jeunes arrêtés
    au cours de la manifestation pacifique générale organisée par l'«
    Assemblée des citoyens » le 2 avril 2011, alors que les autorités
    craignaient que le « Printemps arabe » ne se propage à l'Azerbaïdjan.
    Il leur est principalement reproché d'avoir provoqué des « troubles »
    lors de cette manifestation ou d'y avoir participé.

    Cas n° 1 : Abbasli (Abbasly), Tural

    42. M. Abbasli, président de l'organisation de jeunesse du parti
    d'opposition « Musavat », était étudiant à l'université de Bakou
    (Master de journalisme) ; il en a été exclu au moment de son
    arrestation. Il a été arrêté le 2 avril 2011, tout au début du
    rassemblement organisé par l'« Assemblée des citoyens », alors qu'il
    scandait des slogans en faveur de la liberté et de la démission du
    gouvernement. D'après ses avocats, deux policiers l'ont frappé Ã coups
    de matraque et l'ont conduit au commissariat de police du district de
    Yasamal, où il a à nouveau été frappé, cette fois par le responsable
    du commissariat. Lorsque son avocat, M. Gasimli, s'est rendu au
    commissariat, il a constaté des traces de coups (autour des yeux et
    sur les jambes de M. Abbasli) et a demandé Ã un enquêteur
    l'autorisation de prendre des photos, ce qui lui a été refusé.
    L'enquêteur a également refusé d'être photographié. Au cours du
    procès, M. Abbasli a informé le juge qu'il avait été frappé. Le juge a
    ordonné au procureur d'ouvrir une enquête par écrit, ce que le parquet
    a refusé. Selon le parquet, les traces de coups, dont la présence
    avait été entre-temps confirmée par un expert, ont été causées par M.
    Abbasli lui-même, alors qu'il opposait une résistance au moment de son
    arrestation.

    43. Le 7 septembre 2011, M. Abbasli a été reconnu coupable du délit
    prévu à l'article 233 du Code pénal (organisation d'un acte ayant
    entraîné un trouble à l'ordre public) et condamné à une peine de deux
    ans et six mois d'emprisonnement.

    44. La peine maximale encourue au titre de l'article 233 du Code pénal
    est de trois ans d'emprisonnement. Cette disposition offre plusieurs
    alternatives à l'emprisonnement, comme une amende, des travaux
    d'intérêt général ou une peine maximale de deux ans de restriction de
    liberté. Quatorze personnes au total ont été arrêtées à l'occasion du
    rassemblement du 2 avril, dont quatre en qualité d'organisateurs et
    les 10 autres pour y avoir pris une « part active ». Trois des quatre
    « organisateurs », M. Abbasli, M. Hajili (cas n o 34) et M. Majidli
    (cas n o 64), ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement ;
    le quatrième, M. Fuad Gahramanli, a uniquement été assigné Ã
    résidence, alors qu'il était l'un des organisateurs officiels de la
    manifestation. Les défenseurs des droits de l'homme estiment que cette
    différence de traitement correspond à une stratégie « diviser pour
    régner », pour favoriser les rumeurs de collusion avec les autorités,
    de manière à faire régner la méfiance entre les militants de
    l'opposition.

    45. En revanche, le fait d'avoir reconnu M. Abbasli coupable d'avoir
    été un « organisateur » de ce rassemblement est une erreur judiciaire
    manifeste : au moment où le comité d'organisation de la manifestation
    se réunissait et décidait de la tenue de ce rassemblement le 2 avril
    2011, c'est-Ã-dire le 18 mars 2011, M. Abbasli était en réalité placé
    en détention administrative. Il avait été arrêté le 12 mars 2011 Ã la
    suite d'un rassemblement des organisations de jeunesse le 11 mars 2011
    et n'avait été remis en liberté que le 19 mars 2011.

    46. Les lourdes peines prononcées contre les organisateurs et les
    participants du rassemblement du 2 avril ont été motivées par les
    prétendues « violences » commises par certains participants. D'après
    les avocats et les ONG, qui nous ont fourni les séquences filmées des
    événements47 qui semblent confirmer leurs dires, cette manifestation
    correspondait un exercice pacifique du droit à la liberté
    d'expression. Alors que des vitrines étaient brisées à la fin de la
    manifestation par des personnes inconnues des organisateurs (et
    soupçonnées d'être des « agents provocateurs »), certains policiers
    ont frappé les manifestants, qui se sont contentés de lever les bras
    pour se protéger des coups de matraque. Les dépositions de certains
    témoins de l'accusation, propriétaires d'échoppes dans un marché
    proche du lieu de la manifestation, qui ont affirmé que l'accès à leur
    échoppe avait été perturbé Ã un point tel qu'ils avaient été obligés
    de les fermer provisoirement, ont été « parfaitement répétées » selon
    les avocats. En tout état de cause, aucune des personnes condamnées
    pour avoir organisé ou pris une part active à cette manifestation n'a
    été accusée d'avoir commis des actes de violence et encore moins
    condamnée pour violence.

    47. Amnesty International a reconnu à M. Abbasli la qualité de «
    prisonnier de conscience ». Je le considère également comme un
    prisonnier politique présumé au regard des « critères Trechsel ». Le
    fait d'organiser un événement ou d'y participer en exerçant son droit
    Ã l'expression pacifique de ses opinions ne devrait pas être incriminé
    et ne devrait assurément pas donner lieu à des peines d'emprisonnement
    aussi lourdes. Les vices de procédure et l'établissement illogique des
    faits corroborent encore la présomption du caractère politique de
    cette affaire.

    Cas n° 23 : Eyvazli Zulfugar (Zulfuqar) / Eyvazov Zulfigar

    48. M. Eyvazli est président de la section du parti d'opposition Front
    populaire (AXCP/PPFA) du district de Nizami. Il a été condamné Ã une
    peine d'un an et six mois d'emprisonnement pour avoir pris une « part
    active » Ã la manifestation du 2 avril 2011 (voir le cas n o 1
    ci-dessus).

    Cas n° 33 : Hajili (Hajily), Arif

    49. M. Hajili dirige l'appareil central du parti Musavat ; il a été
    arrêté au cours du rassemblement « Assemblée des citoyens » le 2 avril
    2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et condamné Ã une peine de deux ans
    et six mois d'emprisonnement. M. Hajili avait été auparavant arrêté
    lors d'un rassemblement de protestation organisé Ã la suite de
    l'élection présidentielle de 2003 et condamné Ã une peine d'un an
    d'emprisonnement.

    50. Le 10 janvier 2012, la Cour européenne des droits de l'homme a
    statué en faveur de M. Hajili48, en concluant à la violation de
    l'article 3 du Protocole n o 1 à la Convention (droit à des élections
    libres). Bien que cette affaire ne soit pas liée au motif de son
    emprisonnement, elle illustre le conflit politique qui oppose M.
    Hajili aux autorités azerbaïdjanaises.

    51. Amnesty International a reconnu à M. Hajili la qualité de «
    prisonnier de conscience ». Il est également un prisonnier politique
    présumé, compte tenu du caractère politique de son action, de la peine
    disproportionnée qui lui a été infligée et du contexte dans lequel
    s'est inscrit son procès et celui d'autres militants, sur fond de
    conflit antérieur avec les autorités à propos du droit à des élections
    libres.

    Cas n° 34 : Hajibeyli, Rufet (Rufat)

    52. M. Hajibeyli a pris part aux activités des partis et mouvements
    d'opposition ; il a été reconnu coupable d'avoir pris une « part
    active » Ã la manifestation du 2 avril 2011 (voir le cas n o 1
    ci-dessus) et a été condamné Ã une peine d'un an et six mois
    d'emprisonnement.

    Cas n° 35 : Hasanli, Shahin

    53. M. Hasanli, responsable de direction du parti d'opposition Front
    populaire, a été arrêté avant la manifestation du 2 avril 2011, alors
    qu'il passait la nuit chez sa mère à l'extérieur de Bakou. Il avait
    quitté son domicile après avoir été averti de son arrestation. Lorsque
    la police a investi la maison de sa mère durant la nuit, il n'a opposé
    aucune résistance, mais a refusé de signer le procès-verbal de
    perquisition en raison de l'absence des témoins indépendants prévus
    par la loi. Au cours de la perquisition litigieuse, la police a trouvé
    une cartouche. Des témoins de cette perquisition ont comparu lors du
    procès, mais la défense a déclaré qu'ils ne se trouvaient pas sur les
    lieux au moment de la perquisition. Le 21 juillet 2011, M. Hasanli a
    été reconnu coupable d'avoir pris une « part active » Ã la
    manifestation du 2 avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus), de
    n'avoir pas exécuté un ordre donné par la police et de détention
    illicite de munitions ; il a été condamné Ã une peine de deux ans
    d'emprisonnement.

    54. La nature politique de l'acte dont il a été reconnu coupable et le
    caractère disproportionné de la lourde peine d'emprisonnement Ã
    laquelle il a été condamné font de lui un prisonnier politique présumé
    (curieusement, alors qu'il était effectivement un « organisateur »
    officiel de la manifestation du 2 avril, il ne s'y trouvait pas
    puisqu'il avait été arrêté auparavant et condamné pour y avoir pris
    une « part active »). Le fait qu'il ait été déclaré coupable de
    détention de munitions semble particulièrement suspect au regard des
    circonstances : outre l'absence alléguée des témoins, pourquoi
    aurait-il apporté une cartouche dans la maison de sa mère s'il avait
    des raisons de craindre une arrestation imminente ?

    Cas n° 36 : Hasanov, Babek

    55. M. Hasanov est militant d'un parti d'opposition ; il a été reconnu
    coupable d'avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2
    avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et condamné Ã une peine d'un
    an et demi d'emprisonnement.

    Cas n° 57 : Kerimov, Sahib

    56. M. Kerimov est militant d'un parti d'opposition ; il a été reconnu
    coupable d'avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2
    avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et condamné Ã une peine de
    deux ans d'emprisonnement.

    Cas n° 60 : Majidli, Elnur

    57. M. Majidli est militant d'un parti d'opposition ; il a été reconnu
    coupable d'avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2
    avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et condamné Ã une peine d'un
    an et demi d'emprisonnement.

    Cas n° 61 : Majidli, Mahammad (Mohammad)

    58. M. Majidli est vice-président du parti d'opposition Front
    populaire (AXCP/PPFA) ; il a été reconnu coupable d'avoir été l'un des
    organisateurs de la manifestation du 2 avril 2011 (voir le cas n o 1
    ci-dessus) et condamné Ã une peine de deux ans d'emprisonnement.

    Cas n° 64 : Mammadli (Mamedli), Ahad

    59. M. Mammadli est un membre actif du parti d'opposition Musavat ; il
    a été reconnu coupable d'avoir pris une « part active » Ã la
    manifestation du 2 avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et d'avoir
    opposé une résistance par la force à des agents de l'Etat (article 315
    du Code pénal) ; il a été condamné Ã une peine de trois ans
    d'emprisonnement.

    Cas n° 80 : Quliyev, Ulvi

    60. M. Quliyev est un militant de l'opposition. Il a été reconnu
    coupable d'avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2
    avril 2011 (voir le cas n o 1 ci-dessus) et d'avoir opposé une
    résistance par la force à des agents de l'Etat (article 315 du Code
    pénal) ; il a été condamné Ã une peine de trois ans d'emprisonnement.
    3.2.1.2. Les cas de militants des droits civiques

    Cas n° 43 : Iskenderov (Isganderov), Vivadi

    61. M. Iskenderov a été candidat indépendant aux élections
    législatives de 2010. Il est président de l'association publique «
    Aide à la protection de la démocratie » et milite pour la défense des
    droits civiques ; il a été reconnu coupable le 27 août 2011 de «
    pressions exercées sur les électeurs » (article 159.3, du Code pénal),
    d'« ingérence auprès des membres d'une commission électorale »
    (article 160.1), de « voies de fait et violence physique » (article
    132) et condamné Ã une peine de trois ans d'emprisonnement.

    62. Selon ses avocats, les événements suivants se sont déroulés dans
    un bureau de vote du district d'Agdash-Goychay pendant les élections
    législatives de 2010 : M. Iskenderov, qui était habilité, en sa
    qualité de candidat, Ã être présent dans le bureau de vote, a constaté
    un bourrage des urnes. Il a demandé l'annulation des résultats de ce
    bureau de vote et a entamé une discussion avec les membres de la
    commission électorale qui s'y trouvaient. Des personnes non autorisées
    présentes dans le bureau de vote l'ont contraint à quitter les lieux,
    tandis que M. Iskenderov tentait de protéger passivement son intégrité
    physique et son droit à être présent dans le bureau de vote. Les
    témoins cités par l'accusation lors du procès avaient un lien de
    parenté avec les membres de la commission électorale et les
    observateurs autorisés présents dans le bureau de vote n'ont pas
    confirmé que M. Iskenderov ait frappé qui que ce soit. L'allégation de
    bourrage des urnes dans ce bureau de vote n'a fait l'objet d'aucune
    enquête, malgré les preuves (notamment les enregistrements vidéo)
    produites par M. Iskenderov.

    63. Les autorités étaient semble-t-il mécontentes du fait que M.
    Iskenderov dispense gratuitement des conseils juridiques aux habitants
    de la région de Goychay-Kurdemir.

    64. Compte tenu de la connotation politique des faits dont il a été
    reconnu coupable, de ses activités de militant politique et des droits
    civiques, ainsi que de la lourde peine qui lui a été infligée Ã
    l'issue d'un procès suspect, apparemment pour le punir de son
    insistance à dénoncer une fraude électorale, je considère M.
    Iskenderov comme un prisonnier politique présumé. 3.2.1.3. « Liste
    d'observation » : personnes placées en détention provisoire, arrêtés
    dans des circonstances suspectes, mais pas encore condamnées

    65. Human Rights Watch (HRW) m'a demandé de signaler les deux cas
    suivants de militants des droits civiques arrêtés dans des
    circonstances suspectes :

    Cas n° 54 : Khasmammadov, Taleh

    66. M. Khasmammadov est avocat, défenseur des droits de l'homme et
    blogueur à Goychay ; il a été arrêté en novembre 2011 sous le chef
    d'accusation de « hooliganisme » et voies de fait sur un agent public.
    M. Khasmammadov est spécialisé dans les enquêtes menées en cas
    d'allégation de violence et d'activités illégales commises par des
    fonctionnaires de police. Je partage les craintes de HRW : il se peut
    qu'il soit victime de représailles de la part des forces de l'ordre
    mécontentes de ses enquêtes.

    Cas n° 62 : Mamedov, Bakthiar

    67. M. Mamedov, de Bakou, est également avocat ; il a défendu les
    droits de deux familles victimes d'une expulsion illégale dans le
    district de Bail à Bakou. Selon Amnesty International, il a été arrêté
    le 30 décembre 2011 sous le chef d'accusation apparemment fallacieux
    d'extorsion et de fraude et se trouve toujours placé en détention
    provisoire.

    Cas n° 29 : Gulaliyev, Ogtay

    68. Human Rights House (HRH) et plusieurs autres ONG m'ont également
    demandé d'inscrire d'urgence le cas suivant sur notre « liste
    d'observation ».

    69. M. Gulaliyev est un défenseur des droits de l'homme bien connu,
    qui assure la coordination du centre « Kura », dont le but est d'aider
    les victimes des inondations d'avril et mai 2010 Ã obtenir l'aide que
    l'Etat leur a promis. Après avoir dénoncé de graves irrégularités de
    gestion et des actes de corruption, il a été arrêté le 8 avril 2012.
    Le traitement qui lui a été réservé en détention et le déroulement de
    l'enquête sont extrêmement inquiétants49. Il a été mis en liberté le
    13 juin 2012 par le tribunal de Sabirabad, mais les poursuites contre
    lui continueraient selon les informations que j'ai reçues juste avant
    l'adoption de ce rapport.

    Cas n° 84 : Seyidov, Elnur

    70. Un groupe de membres éminents du Conseil de coordination d'«
    Assemblée des citoyens » d'Azerbaïdjan m'a demandé d'attirer
    l'attention sur l'affaire suivante, qui concerne le beau-frère d'un
    important responsable politique de l'opposition, M. Ali Karimli, qui
    subirait depuis plusieurs années des pressions exercées par les
    autorités.

    71. M. Seyidov, qui n'a aucune activité politique et souffre d'une
    grave incapacité physique (sclérose en plaques), aurait été arrêté le
    27 mars 2012 sous le chef d'accusation de fraude apparemment inventé
    de toutes pièces. D'après de nombreux observateurs, cette arrestation
    visait à faire pression sur M. Ali Karimli. Cette affaire fait l'objet
    d'une enquête du ministère de la Sûreté nationale, au mépris des
    dispositions classiques de la procédure pénale. 3.2.1.4. Les cas de
    journalistes emprisonnés

    72. Tous les cas suivants, Ã l'exception du premier, m'ont été
    communiqués par Human Rights Watch en avril 2012. Je les ai également
    examinés en détail avec les deux avocats de Bakou venus à Berlin les
    10 et 11 mai 2012. Contrairement aux autres cas évoqués dans le
    présent rapport, il ne figurait pas dans les listes initiales de cas
    supposés de prisonniers politiques présentées par les ONG
    azerbaïdjanaises qui ont participé Ã l'audition de janvier 2012.

    Cas n° 21 : Bayramov, Ramin

    73. M. Bayramov est éditeur du site Web « Islamazeri.az ». Il a été
    arrêté le 11 juillet 2011 et condamné le 26 janvier 2012 Ã une peine
    d'un an et six mois d'emprisonnement pour détention de drogue et
    d'armes à feu. Selon les observateurs50, on peut s'interroger sur les
    véritables raisons de son arrestation, qui a eu lieu le même jour que
    celle des dirigeants du Parti islamique d'Azerbaïdjan (PIA)51. Le
    ministère de la Sûreté nationale soupçonnait au départ M. Bayramov
    d'entretenir des liens avec le Centre culturel iranien de Bakou et de
    faire partie du groupe chiite radical « Jafari », mais il a ensuite
    été accusé de détention de drogue et d'armes à feu.

    74. D'après un militant de défense des droits de l'homme qui ne peut
    être soupçonné de sympathie particulière envers les idées islamistes,
    les accusations dont M. Bayramov fait l'objet ne sont guère
    convaincantes. La drogue a été trouvée dans la poche d'un fidèle
    musulman traditionaliste arrêté dans la rue soi-disant par hasard et
    dont l'examen médico-légal a révélé qu'il n'était pas toxicomane.

    75. Le site Web publié par M. Bayramov se montre extrêmement critique
    vis-Ã-vis du gouvernement sur le plan de l'islam et s'est, par
    exemple, opposé Ã l'interdiction du port du foulard islamique (« hijab
    ») Ã l'école52.

    Cas n° 49 : Janiyev, Aydin

    76. M. Janiyev, journaliste du quotidien Khural de Lankaran, a été
    condamné Ã une peine de trois ans d'emprisonnement en novembre 2011
    pour « hooliganisme », en représailles semble-t-il des articles qu'il
    avait publiés. 3.2.1.5. « Liste d'observation » : personnes placées en
    détention provisoire, arrêtées dans des circonstances suspectes, mais
    pas encore condamnées

    77. Human Rights Watch et d'autres associations locales de défense des
    droits de l'homme m'ont demandé d'attirer l'attention sur les cas
    suivant de journalistes qui se trouvent toujours placés en détention
    provisoire :

    Cas n° 20 : Bayramli, Anar

    78. M. Baramli, journaliste de la chaîne de télévision iranienne «
    Sahar », a été arrêté le 17 février 2012, sous le chef d'accusation
    visiblement suspect de détention de drogue. Il s'est rendu de lui-même
    au commissariat de police locale après avoir été informé Ã son
    domicile par des fonctionnaires de police que leur responsable
    souhaitait s'entretenir avec lui. A son arrivée au commissariat, il a
    dû laisser sa veste dans une pièce et a été conduit dans une autre
    pièce. Le chef de la police n'est jamais venu et M. Bayramli n'a pas
    été interrogé ; il a alors été ramené dans la première pièce où les
    policiers ont fouillé ses vêtements. Selon l'avocat de M. Bayramli,
    ceux-ci ont trouvé 0,387 g d'héroïne dans une poche de sa veste. Le
    chauffeur de M. Bayramli, Ramil Dadashov, a été arrêté séparément le
    même jour sous le chef d'accusation tout aussi douteux de détention de
    drogue.

    79. Human Rights Watch m'a signalé que les forces de l'ordre
    azerbaïdjanaises ont souvent recours aux fausses accusations de
    détention de drogue à l'encontre des personnes qui critiquent le
    gouvernement, de façon à les réduire au silence, comme cela a été le
    cas dans les récentes affaires Eynulla Fatullayev, Jabbar Savanli et
    Mirza Zakit. J'ai été informé peu avant la distribution de ce rapport
    que M. Bayramli a en effet été condamné le 11 juin 2012 par la cour de
    Binaqadi à deux ans de prison pour possession de drogue.

    Cas n° 28 : Gonagov, Vugar

    Cas n° 30 : Guliyev, Zaur

    80. M. Gonagov et M. Guliyev, respectivement directeur exécutif et
    rédacteur en chef de la chaîne de télévision Xayal TV de Guba, sont
    depuis le 13 mars 2012 en détention provisoire, pour avoir « organisé
    et pris part à des troubles à l'ordre public et abus de fonctions ».
    Ces accusations semblent liées au fait qu'ils avaient posté sur «
    YouTube » le discours prononcé par un haut responsable du pays à Guba,
    qui a été, d'après de nombreuses personnes, le déclencheur des
    manifestations de masse de Guba le 1 er mars 2012.

    81. Le traitement qui leur est réservé en détention est préoccupant :
    ils ont été détenus illégalement dans une cellule des services de
    police jusqu'au 6 avril 2012, date à laquelle ils ont été transférés Ã
    la maison d'arrêt de Kurdakhani. M. Guliyev n'a pas été autorisé Ã
    recevoir la visite de son avocat du 13 mars au 6 avril. M. Gonagov a
    pu recevoir deux fois la visite de son avocat, mais uniquement pour
    apprendre lors de la deuxième visite que cet avocat refusait d'assurer
    sa défense, sans doute à cause des pressions qui ont été exercées sur
    lui. Jusqu'à leur transfert à Kurdakhani, ils n'étaient pas autorisés
    Ã recevoir la visite de membres de leur famille. Malgré de nombreuses
    demandes, les avocats des deux journalistes n'ont pas eu accès à leur
    dossier. M. Guliyev souffre par ailleurs de graves ulcères. Bien qu'il
    ait été examiné par un médecin dans le centre de détention provisoire,
    l'établissement prétend ne pas disposer des médicaments nécessaires Ã
    son traitement.

    Cas n° 89 : Zeynalli, Avaz

    82. M. Zeynalli, rédacteur-en-chef du quotidien Khural , a été arrêté
    en octobre 2008 et se trouve toujours placé en détention provisoire
    sous le chef d'inculpation contestable d'extorsion ; selon HRW, il est
    apparemment retenu en représailles des articles critiques parus dans
    Khural . Les accusations portées contre M. Zeynalli ont été retenues
    sous la pression d'un parlementaire membre de la majorité au pouvoir.
    M. Zeynalli a également été accusé en mars 2012 d'évasion fiscale. En
    outre, le quotidien a été saisi par les huissiers en octobre 2011,
    suite au non-paiement des amendes infligées pour diffamation dans les
    actions en justice intentées par le chef de l'administration
    présidentielle et le directeur du Fonds national d'aide aux médias de
    masse. 3.2.1.6. Les cas de militants islamistes

    83. Cette catégorie de cas est particulièrement délicate et leur liste
    est indéniablement incomplète. Mes interlocuteurs au sein des
    associations de défense des droits de l'homme en Azerbaïdjan
    distinguent trois sous-catégories, qui regroupent largement plus de
    200 cas : premièrement, les membres d'organisations politiques et de
    groupes armés illégaux et clandestins ; deuxièmement, les membres du «
    Parti islamique d'Azerbaïdjan », qui n'est pas enregistré
    officiellement, mais agit ouvertement et de façon non-violente ; et,
    troisièmement, les fidèles et les ecclésiastiques liés à Saïd
    Dadashbeyli, qui sont persécutés en raison de leurs activités
    religieuses.

    84. Il convient de rappeler, pour replacer la situation dans son
    contexte, que les musulmans azerbaïdjanais se répartissent en 70 % de
    chiites et 30 % de sunnites. Les chiites sont traditionnellement
    tournés vers l'Iran et vivent principalement dans les provinces
    méridionales de Lankaran, Astara, Masally et Bilasuvar ; mais les
    régions de Bakou et Sumqayit comptent également d'importantes
    communautés chiites. Les sunnites vivent essentiellement dans le nord
    du pays ou dans la région de Bakou, ainsi que dans d'autres régions,
    leurs communautés se composant alors de réfugiés des zones occupées du
    centre du pays. Ils sont traditionnellement liés au Daguestan et à la
    Tchétchénie et certains d'entre eux ont participé au Jihad au Caucase
    du Nord et en Afghanistan, sous l'influence radicale de courants
    étrangers comme le wahhabisme (d'Arabie Saoudite).

    85. D'après mes interlocuteurs de la société civile, rien ne prouve
    que le PIA et le groupe de Saïd Dadashbeyli recourent à la violence,
    bien qu'ils semblent avoir choisi la clandestinité (le groupe de
    Dadashbeyli n'a jamais cherché Ã obtenir son enregistrement officiel
    et le PIA n'a pas tenté de contester devant les tribunaux le refus
    d'enregistrement opposé par le ministère de la Justice). Des
    interlocuteurs m'ont indiqué que l'objectif de ces groupes était bien
    l'établissement de la charia, certes par des moyens pacifiques, ce qui
    signifierait l'abolition de bon nombre des droits protégés par la
    Convention européenne des droits de l'homme.

    86. Il ne m'a pas été possible, pour des raisons évidentes, de
    rencontrer les dirigeants emprisonnés de ces groupes en Azerbaïdjan.
    J'ai cependant consulté la direction du PIA par courrier, par
    l'intermédiaire de leur avocat, M. Gasimli, avec lequel je me suis
    longuement entretenu des cas présentés ci-dessous lors de notre
    réunion de travail à Berlin les 10 et 11 mai 2012. J'ai posé à cette
    occasion des questions « irrévérencieuses » sur les objectifs
    politiques des dirigeants du parti et les moyens qu'ils comptaient
    utiliser pour arriver au pouvoir. Ils m'ont systématiquement donné des
    réponses « bien convenables », en récusant les principes archaïques de
    la charia et en condamnant sans réserve toute violence. Je dois
    néanmoins reconnaître que j'ai encore quelques difficultés à évaluer
    ces catégories de cas particulièrement diverses. Fidèle aux critères
    convenus de la définition des prisonniers politiques, je me suis
    attaché principalement à vérifier l'existence d'un procès équitable.
    Il est parfaitement légitime et expressément admis par l'article 17 de
    la Convention européenne des droits de l'homme qu'un Etat puisse
    défendre son ordre constitutionnel contre les groupes qui souhaitent
    le renverser pour établir un nouveau régime contraire aux droits et
    libertés protégés par la Convention. Mais il peut arriver qu'une
    personne soit innocente, même si elle est reconnue coupable d'un acte
    de violence constitutif d'une infraction par un tribunal à l'évidence
    partial et sur la base, par exemple, d'aveux extorqués sous la
    torture, et que la qualité de prisonnier politique lui soit reconnue
    si elle est persécutée pour des raisons politiques. Je ne puis
    qu'inviter solennellement les autorités azerbaïdjanaises, et notamment
    les autorités judiciaires, à s'abstenir de recourir à des méthodes
    iniques et illégales pour lutter contre l'extrémisme islamique. Le
    recours à la torture, à des accusations forgées de toutes pièces, à la
    manipulation des témoins ou à une appréciation partiale des éléments
    de preuve, par exemple, finit uniquement par priver la lutte contre
    les groupes extrémistes de sa légitimité et par les renforcer en
    donnant naissance à des « martyrs ». C'est la position adoptée par
    notre Assemblée à la lumière de récents rapports, comme ceux de Dick
    Marty et de Lord Tomlinson, qui traitent des différents aspects de la
    lutte contre le terrorisme, tout en préconisant le respect des droits
    de l'homme53 ; je la partage totalement.

    87. Au vu de ce qui précède, je privilégierai un petit nombre
    d'affaires emblématiques au sujet desquelles j'ai recueilli des
    informations suffisamment précises54. 3.2.1.7. Les militants du Parti
    islamique d'Azerbaïdjan

    88. Le président, le vice-président et les autres membres du PIA ont
    été arrêtés en 2011 pour tentative de coup d'Etat. Selon les
    observateurs, la persécution des membres de ce parti a débuté après un
    discours prononcé par son président et posté sur internet55, qui
    critiquait vivement le gouvernement et appelait tous les musulmans Ã
    le renverser. Des armes auraient été trouvées au domicile de plusieurs
    membres du parti ou de membres de leur famille, mais les
    perquisitions, les saisies et le procès ont été entachés d'importants
    vices de forme. Je présenterai plus en détail le cas du président du
    parti, Movsum Samedov ; j'ai pu interroger son avocat durant notre
    session de travail à Berlin les 10 et 11 mai 2012. La plupart des cas
    qui suivent, présentés par ordre alphabétique, sont liés à cette
    affaire (Ã l'exception de ceux de quatre autres militants du PIA, de
    M. Ganiyev (cas n o 25) et de M. Ilyasov (cas n o 40)).

    Cas n° 3 : Abbasov, Faramiz (Faramaz)

    89. M. Abbasov a été arrêté en 2011 et condamné Ã une peine de 11 ans
    d'emprisonnement pour tentative de coup d'Etat.

    Cas n° 5 : Abdullayev, Vagif

    90. Vice-président du Parti islamique, il a été arrêté en 2011 et
    condamné Ã une peine de 11 ans d'emprisonnement pour tentative de coup
    d'Etat.

    Cas n° 7 : Ahundzade, Ruxulla (Akhundazadeh, Rufulla)

    91. Président de la section régionale d'Astara du Parti islamique, il
    a été arrêté en 2011 et condamné Ã une peine de 11 ans et six mois
    d'emprisonnement pour tentative de coup d'Etat.

    Cas n° 25 : Ganiyev, Arif

    92. Militant éminent du PIA, M. Ganiyev a été arrêté le 11 juillet
    2011 (au même moment que le blogueur islamique Ramin Bayramov)56 et
    condamné le 26 janvier 2011 sous le chef d'accusation fallacieux de
    détention de drogue et d'armes57.

    Cas n° 40 : Ilyasov, Fahri

    93. Condamné Ã une peine d'emprisonnement de trois ans et six mois
    pour « hooliganisme », M. Ilyasov est un théologien islamique et un
    membre dirigeant du PIA. Il a été arrêté Ã l'occasion d'une
    manifestation distincte de protestation contre l'interdiction du «
    hijab » dans la ville de Ganja et a été reconnu coupable de
    dégradation de matériel policier et « d'atteinte aux conditions de
    travail harmonieuses » du commissariat de police, sur la seule base de
    preuves présentées par les services de police.

    Cas n° 63 :Mamedrzayev, Firdovsi

    94. Membre du Parti islamique, M. Mamedrzayev a été arrêté en 2011,
    condamné Ã une peine de 10 ans d'emprisonnement pour tentative de coup
    d'Etat et placé Ã l'isolement en prison.

    Cas n° 82 : Samedov, Dayanat

    95. Ce membre de la famille du président du Parti islamique a été
    arrêté en 2011, accusé de tentative de coup d'Etat et condamné Ã une
    peine de 10 ans d'emprisonnement.

    Cas n° 83 : Samedov, Movsum

    96. M. Samedov est président du Parti islamique d'Azerbaïdjan et
    médecin de formation. Il a été placé en détention administrative le 7
    janvier 2011, en détention provisoire le 20 janvier 2011 et condamné
    le 7 octobre 2011 Ã une peine de 12 ans d'emprisonnement pour
    tentative de coup d'Etat (« prise du pouvoir par la violence »).

    97. La principale preuve sur laquelle est basée sa condamnation a été
    le discours qu'il a prononcé. M. Samedov a notamment accusé le
    gouvernement actuel d'être corrompu et « l'ami des sionistes » ; il a
    déclaré que « le peuple azerbaïdjanais [devait] en finir avec ce
    régime cruel ». La signification de ce discours, constitutif d'une
    tentative de « prise du pouvoir par la violence », a été appréciée par
    un expert désigné par le tribunal, physicien de formation. La demande
    de contre-expertise déposée par la défense a été rejetée par le
    tribunal.

    98. M. Samedov a également été reconnu coupable de préparation d'actes
    terroristes contre les juifs de la région de Guba (que l'on appelle
    les « juifs montagnards » et qui sont considérés comme
    particulièrement bien intégrés dans la société azerbaïdjanaise). Le
    ministère public n'a fourni aucune précision sur ce supposé complot.
    Un parlementaire juif de la région, M. Jevda Abrahamov, a déclaré
    publiquement que sa communauté n'avait aucun litige avec les musulmans
    de cette zone.

    99. La procédure suivie au cours de la phase qui a précédé le procès
    est discutable. Alors que M. Samedov avait été arrêté le 7 janvier
    2011, les membres de sa famille ignoraient où il se trouvait. Ils se
    sont adressés à un avocat le 12 janvier, pour lui demander de les
    aider dans leur recherche. L'avocat a écrit à toutes les autorités
    compétentes (ministères de l'Intérieur et de la Justice,
    administration pénitentiaire) mais n'a obtenu aucune réponse pendant
    une semaine. La semaine suivante, il a pu rencontrer son client une
    seule fois, au ministère de l'Intérieur et sous surveillance
    policière. M. Samedov n'a été placé en détention provisoire et accusé
    d'une infraction pénale (tentative de prise du pouvoir par la
    violence, l'élément constitutif de l'infraction étant le discours
    susmentionné) que le 20 janvier 2011.

    100. Des armes ont été trouvées chez des membres de sa famille : une
    Kalashnikov, trois grenades et quelques munitions dans le mini-marché
    qui appartient à son neveu ; une semaine plus tard, une autre
    Kalashnikov et d'autres grenades ont été trouvées au domicile d'un de
    ses beaux-frères. Dans les deux cas, les procès-verbaux de
    perquisition ont été signés par des personnes amenées par la police.
    Elles ont été qualifiées de « policiers à temps partiel » par son
    avocat, qui m'a indiqué avoir la preuve que les services de police
    avaient constamment recours aux mêmes témoins, ayant attesté leur
    présence parfois au même moment dans des lieux différents.

    101. Son avocat a décrit un autre type de vice de procédure comme suit
    : les témoins cités par le ministère public avaient été « bien
    préparés », mais s'ils commençaient à perdre pied devant les questions
    de la défense, le juge mettait un terme à leur interrogatoire. Ainsi,
    un témoin qui se présentait comme un « homme pieux » a été interrogé
    sur la fréquence de ses prières quotidiennes ; il a répondu qu'il
    priait « 17 fois » par jour, suite à quoi le juge a interrompu
    l'interrogatoire.

    102. Les avocats n'avaient pas la possibilité de rencontrer de façon
    constructive leur client au cours du procès : il se poursuivait toute
    la journée, jour après jour, sans que les avocats ne puissent voir
    leur client à l'issue de l'audience.

    103. Comme M. Samedov était accusé et a été reconnu coupable d'être le
    cerveau d'un prétendu complot et d'une prétendue tentative de coup
    d'Etat, il est surprenant que, malgré les possibilités de surveillance
    évidentes des personnes soupçonnées de tels actes, l'accusation n'ait
    pas même cherché Ã présenter une preuve, par exemple des messages ou
    des conversations interceptés, pour étoffer les accusations, qui sont
    apparemment restées très vagues.

    104. Compte tenu de la nature politique de l'acte dont il a été
    reconnu coupable (un discours public), du rôle politique joué par M.
    Samedov, de l'arrestation et de la condamnation parallèles de
    l'intégralité de la direction du parti, ainsi que des apparents vices
    de procédure et incohérences du dossier de l'accusation, je considère
    M. Samedov comme un prisonnier politique présumé au regard des
    critères retenus. 3.2.1.8. Le « groupe Saïd Dadashbeyli »

    105. Les cas suivants sont ceux des membres d'un groupe constitué
    principalement de jeunes gens arrêtés le 13 janvier 2007 pour une
    supposée tentative de coup d'Etat. Ce groupe est réputé pro-islamique.
    Il semble que les procès aient été entachés de nombreux vices de
    forme. Les accusés ont fait état de fortes pressions et de torture ;
    certains d'entre eux ont introduit une requête devant la Cour
    européenne des droits de l'homme. Des observateurs d'ONG locales, qui
    n'ont en règle générale aucune sympathie pour les objectifs politiques
    de ce groupe, estiment qu'il n'y a guère, voire aucune preuve de
    violences avérées ou projetées par celui-ci et que de nombreux chefs
    d'accusations ont été fabriqués de toutes pièces (« découverte »
    d'armes ou de drogue).

    106. Les cas suivants appartiennent à cette catégorie. Je traiterai
    plus en détail du cas personnel de M. Dadashbeyli.

    Cas n° 6 : Agayev, Farig (Farid) Nadir

    107. M. Agayev a été condamné Ã une peine de 13 ans d'emprisonnement ;
    son affaire est pendante devant la Cour européenne des droits de
    l'homme58.

    Cas n° 9 : Aliyev, Ceyhun (Djeyhun/Jeyhun) Saleh

    108. Condamné Ã une peine de 14 ans d'emprisonnement.

    Cas n° 13 : Aliyev, Rashad Ismail

    109. Condamné Ã une peine de 14 ans d'emprisonnement.

    Cas n° 22 : Dadashbeyli, Said Alakbar

    110. M. Dadashbeyli est né en 1975 ; il a été arrêté le 13 janvier
    2007 et reconnu coupable le 10 décembre 2007 au titre de huit articles
    différents du Code pénal, notamment pour tentative de prise du pouvoir
    par la violence (article 228.4), détention illicite d'armes et de
    munitions (article 228.1), constitution d'un groupe terroriste
    (article 218.2) et utilisation de fausse monnaie (article 204.3.1). Il
    a été condamné Ã une peine de 14 ans d'emprisonnement.

    111. Il a été reconnu coupable d'être le chef d'un complot terroriste
    islamiste. Environ 35 conspirateurs présumés ont été arrêtés, puis
    placés à l'isolement dans des cellules du ministère de la Sûreté
    nationale pendant deux jours. Onze d'entre eux ont été mis en
    accusation : 10 ont été condamnés et le onzième est mort en détention.
    D'après mes interlocuteurs, les familles de neuf condamnés auraient
    refusé de payer des pots-de-vin qui leur auraient été demandés (aucune
    proposition n'aurait été faite à la famille de M. Dadashbeyli). On
    présume qu'une vingtaine de libérations d'autres détenus ont été «
    achetées ». Aucun des neufs condamnés n'a jamais critiqué publiquement
    le gouvernement.

    112. Certains membres supposés de ce groupe sont connus pour être
    laïques, d'autres pour être chiites et d'autres encore pour être
    sunnites. Les jugements parlent de rapports entretenus avec l'Iran et
    l'Arabie Saoudite, ainsi qu'avec des loges maçonniques. Mes
    interlocuteurs jugent peu probable que des chiites (soutenus par
    l'Iran) et des sunnites (soutenus par l'Arabie saoudite) prennent part
    ensemble à une conspiration avec des francs-maçons. Les relations
    entre les deux principaux courants de l'islam en Azerbaïdjan sont
    généralement réputées aussi froides que celles qu'entretiennent les
    deux pays réputés les soutenir. Les observateurs jugent plus probable
    que les autorités aient évoqué un « complot islamiste » imaginaire
    pour renforcer le soutien des Azerbaïdjanais laïques et des pays
    occidentaux au régime.

    113. Bien que certains membres du groupe aient « avoué » avoir fait
    partie de cette conspiration, il semble que ces aveux leur aient été
    arrachés sous la torture. L'un des accusés, M. Emin Mammadov, est
    décédé pendant sa détention provisoire. Le ministère public a déclaré
    qu'il était mort de maladie. Les familles des membres présumés du
    groupe ont subi des pressions pour qu'elles ne s'entretiennent pas
    avec les défenseurs des droits de l'homme. Après le prononcé du
    jugement, les familles des personnes condamnées ont cependant créé un
    groupe de soutien et affirmé notamment que les aveux avaient été
    arrachés aux accusés sous la torture. M. Dadashbeyli, que l'on m'a
    présenté comme un homme cultivé, qui s'exprime avec distinction, s'est
    également plaint d'avoir été torturé. Il a précisé au cours du procès
    qu'il avait été frappé et qu'on l'avait contraint à ingérer des
    psychotropes.

    114. Selon les avocats, les perquisitions qui ont conduit à la saisie
    des armes et des munitions sont entachées de vices de forme comme
    celles qui ont été menées dans les affaires du PIA59. Les enquêteurs
    n'ont, semble-t-il, pas même présenté de mandats de perquisition ni
    prélevé d'empreintes digitales sur les objets saisis.

    115. M. Dadashbeyli a été qualifié dans le jugement de « chef » de ce
    groupe, sans aucune justification ni preuve. D'après les avocats, la
    plupart des personnes accusées d'être membre du groupe ont déclaré au
    cours du procès qu'ils ne se connaissaient même pas personnellement
    avant leur arrestation et s'étaient uniquement croisés à l'occasion
    dans un café, où ils avaient abordé des sujets politiques et religieux
    ; l'accusation n'a pas apporté la preuve contraire, en dehors d'une
    vidéo dépourvue de son60 prise dans un café et sur laquelle bon nombre
    des accusés étaient présents61.

    116. J'ai appris que le juge chargé du procès de M. Dadashbeyli, M.
    Anvar Seyidov, était souvent saisi des affaires à caractère politique
    et que la Cour européenne des droits de l'homme avait déjà constaté de
    nombreuses violations de la Convention dans les affaires confiées à ce
    juge. En l'espèce, le juge Seyidov aurait adressé une lettre datée du
    24 décembre 2007 au ministre de la Sûreté nationale, M. E. Mahmudov,
    pour lui demander de récompenser les agents du ministère qui avaient
    travaillé sur cette affaire62. Ceci semble constituer une violation
    des obligations constitutionnelles et conventionnelles de séparation
    des pouvoirs, de neutralité et d'objectivité des juges.

    117. Compte tenu de la troublante absence de preuves, Ã l'exception de
    quelques aveux obtenus dans des circonstances douteuses, de la mort
    d'un prévenu pendant sa détention provisoire et des pressions exercées
    sur les membres de la famille de l'accusé, Ã quoi s'ajoute le scénario
    improbable d'une conspiration commune entre chiites soutenus par
    l'Iran, sunnites soutenus par l'Arabie Saoudite et francs-maçons, je
    considère M. Dadashbeyli et les autres membres de son groupe supposé
    comme des prisonniers politiques présumés.

    Cas n° 27 : Gocayev (Gojayev), Samir Edik

    118. M. Gocayev été condamné Ã une peine de 13 ans d'emprisonnement ;
    son affaire est pendante devant la Cour européenne des droits de
    l'homme63.

    Cas n° 31 : Guliyev (Quliyev), Baybala (Beybala) Yahya

    119. M. Guliyev a été condamné Ã une peine de 13 ans d'emprisonnement.
    Il souffrirait de tuberculose et l'hôpital psychiatrique de Sumgayit a
    établi à son sujet en août 2004 le diagnostic suivant : « personne de
    type schizoïde ».

    Cas n° 39 : Idrisov, Mikayil Garib

    120. M. Idrisov a été condamné Ã une peine de 12 ans d'emprisonnement
    ; il souffrirait de graves problèmes de santé. Son affaire est
    pendante devant la Cour européenne des droits de l'homme64.

    Cas n° 53 : Karimov (Kerimov), Rasim Rafig

    121. M. Karimov a été arrêté à son retour d'un pèlerinage à la Mecque
    ; il a passé neuf mois dans un centre de détention du ministère de la
    Sûreté nationale et a été condamné Ã une peine de 11 ans
    d'emprisonnement.

    Cas n° 56 : Kerimov (Karimov), Jahangir Ramiz

    122. M. Kerimov a été condamné Ã une peine de 14 ans d'emprisonnement
    et souffrirait de tuberculose.

    Cas n° 69 : Mehbaliyev, Emin (Emil) Nuraddin

    123. M. Mehbaliyev a été condamné Ã une peine de 12 ans
    d'emprisonnement. 3.2.1.9. « L'affaire du hijab »65

    124. Le groupe de cas suivant concerne un certain nombre de personnes,
    principalement des jeunes, arrêtées le 6 mai 2011 alors qu'elles
    manifestaient devant le ministère de l'Education contre l'interdiction
    du port du foulard islamique (hijab) Ã l'école. Elles ont été
    condamnées à des peines comprises entre un an et six mois et trois ans
    et six mois d'emprisonnement. Selon les observateurs des ONG, les
    actes de violence qui leur sont reprochés étaient essentiellement
    destinés à leur permettre de se défendre contre la violence physique
    dont les forces de l'ordre ont fait usage à leur égard ; c'est la
    raison pour laquelle leurs cas peuvent être comparés à ceux des jeunes
    militants arrêtés pour des actes commis en faveur du PIA (chapitre
    3.2.1.7 ci-dessus)66.

    125. L'expert qui a examiné les jugements (en azéri) Ã ma demande67 a
    conclu que « les accusations portées contre eux étaient exagérées et
    semblaient parfois peu sérieuses ». Ainsi, dans le jugement prononcé
    contre le premier groupe, le 7 octobre 2011, cinq participants de la
    manifestation étaient accusés d'avoir blessé 30 policiers armés de
    matraques en leur opposant une résistance à l'aide de btons et de
    pierres. Les accusés qui, sur les enregistrements vidéo, ne
    manipulaient ni bton ni pierre ont précisément été ceux auxquels les
    plus lourdes peines ont été infligées. Aucun des membres du second
    groupe, condamnés le 5 décembre 2011, n'avait été filmé un bton ou
    une pierre à la main, mais ils ont eux aussi été condamnés aux peines
    les plus lourdes. Aucun des membres du troisième groupe, condamnés le
    23 décembre 2011, ne figurait muni d'une arme sur un enregistrement.
    Aucune lésion n'a été décelée chez un seul manifestant, alors qu'ils
    étaient accusés d'avoir opposé une vive résistance à leur arrestation
    ; les enregistrements vidéo des forces de police ne montraient
    d'ailleurs aucun manifestant frappant un policier ou un véhicule.
    Selon cet expert, même la version officielle des événements confirme
    que la manifestation était pacifique, au moins jusqu'Ã ce que les
    policiers commencent à la disperser.

    126. Les cas de Hasan Mammadov (cas n o 65) et Ilgar Musayev (cas n o
    70) ne sont pas liés à la manifestation contre l'interdiction du hijab
    du 6 mai 2011, mais concernent une manifestation distincte, qui a eu
    lieu à Jalilabad le 2 juin 2011.

    Cas n° 2 : Abbasov, Elshan Sardar

    127. M. Abbasov été condamné Ã une peine d'un an d'emprisonnement.

    Cas n° 8 : Alekberov, Taleh

    128. M. Alekberov a été condamné Ã une peine d'un an et six mois
    d'emprisonnement.

    Cas n° 16 : Arbarov, Taleh

    129. Condamné Ã une peine d'un an et six mois d'emprisonnement.

    Cas n° 17 : Asgarov, Mammad Tofiq

    130. M. Asgarov a été condamné Ã une peine de trois ans d'emprisonnement.

    Cas n° 19 : Bagirov, Taleh Kamil

    131. M. Bagirov a été condamné Ã une peine d'un an et six mois
    d'emprisonnement en sa qualité d'« organisateur ».

    Cas n° 42 : Iskandarov (Isgandarov), Zaur Shahlar (Toghrul)

    132. M. Iskandarov a été condamné Ã une peine de trois ans
    d'emprisonnement le 5 décembre 2011 ; cette peine a été confirmée par
    la cour d'appel de Bakou le 29 février 2012.

    Cas n° 45 : Ismaylov, Araz Vasif

    133. M. Ismaylov a été condamné Ã une peine de deux ans et six mois
    d'emprisonnement.

    Cas n° 47 : Ismaylov, Tarlan

    Cas n° 48 : Jabiyev, Azer

    Cas n° 1468 : Mammadov, Nurani Ahmad

    134. Les trois personnes susmentionnées ont été condamnées à une peine
    de deux ans d'emprisonnement.

    Cas n° 65 : Mammadov (Mammedov), Hasan Alipasha

    Cas n° 70 : Musayev, Ilgar

    135. M. Mammadov et M. Musayev ont été condamnés respectivement à une
    peine de trois ans et six mois et trois ans d'emprisonnement pour «
    hooliganisme », pour avoir prononcé un discours public contre
    l'interdiction du port du foulard à Jalilabad à l'occasion de la fête
    d'« Ashura », le 2 juin 2011. Le verdict se fondait sur le seul
    témoignage des fonctionnaires de police, qui affirmaient que les
    détenus avaient opposé une résistance au moment de leur arrestation.

    Cas n° 75 : Novruzov, Chingiz Farman

    136. M. Novruzov a été condamné Ã une peine d'un an et six mois
    d'emprisonnement.

    Cas n° 76 : Nuriyev, Rufat Fazil

    137. M. Nuriyev a été condamné Ã une peine de deux ans d'emprisonnement.

    Cas n° 88 : Valiquliyev (Valiguliyev), Rashad

    138. M. Valiquliyev a été condamné Ã une peine d'un an et six mois
    d'emprisonnement. 3.2.1.10. Autres affaires politiques emblématiques

    139. Les cas suivants sont peut-être les plus emblématiques du
    traitement réservé par les forces de l'ordre à ce qu'elles considèrent
    comme des opposants politiques ; ils concernent l'ancien ministre du
    Développement économique, Farhad Aliyev. Les autorités ont non
    seulement pris pour cible l'ancien ministre, qui a été arrêté pour
    avoir participé Ã un supposé coup d'Etat, puis, après 17 mois de
    détention provisoire, a été accusé d'infractions radicalement
    différentes ; mais elles ont également persécuté les membres de sa
    famille et ses anciens collaborateurs. La ferme détermination des
    autorités transparaît également dans le fait qu'elles n'ont même pas
    réagi aux nombreux appels à la libération de M. Aliyev pour raisons
    humanitaires, compte tenu de ses graves problèmes de santé, lancés
    notamment par la commission des questions juridiques et des droits de
    l'homme de l'Assemblée.

    Cas n° 10 : Aliyev, Farhad

    140. L'ancien ministre du Développement économique a été arrêté Ã la
    veille des élections législatives de 2005 et accusé de participation Ã
    une tentative de coup d'Etat. Mais au cours de son procès, il a
    uniquement été accusé d'infractions économiques (abus de fonctions et
    vol de biens publics) et condamné Ã une peine de 10 ans
    d'emprisonnement.

    141. Durant l'exercice de ses fonctions de ministre du Développement
    économique, Farhad Aliyev avait vivement critiqué la corruption Ã
    grande échelle et l'absence de transparence dans l'utilisation des
    revenus pétroliers ; il avait entrepris de profondes réformes pour
    prévenir tout abus de fonctions des fonctionnaires gouvernementaux
    (par exemple la réduction du nombre d'activités commerciales soumises
    Ã l'octroi d'une licence, qui était passé de 270 Ã 30, et la création
    du Fonds pétrolier)69. Une campagne avait alors été lancée contre lui
    et contre l'ensemble des membres de sa famille et plusieurs de ses
    proches collaborateurs, dont Alihuseyn Shaliyev, qui est mort en
    détention apparemment après avoir refusé de témoigner contre Farhad
    Aliyev. Dès l'arrestation de M. Aliyev, le 3 novembre 2005, le
    Président azerbaïdjanais aurait tenu des propos menaçants à son
    encontre et manifesté son intention de lui nuire70. Le procès de M.
    Aliyev a été apparemment entaché de vices de forme particulièrement
    graves. L'accusation initiale de tentative de coup d'Etat n'ayant pu
    être corroborée d'aucune façon, de nouveaux chefs d'accusation,
    constitués cette fois « d'infractions économiques », avaient été
    retenus contre lui après 17 mois de détention provisoire. Il aurait Ã
    cette occasion subi de très fortes pressions (notamment été menacé de
    se voir reprocher la responsabilité du meurtre du célèbre journaliste
    Elmar Huseynov) pour qu'il accepte de reconnaître qu'il avait projeté
    de faire une « révolution orange » avec la complicité des services
    secrets de plusieurs pays occidentaux. Le procès s'est déroulé dans
    une petite salle d'audience, dont les places avaient été préalablement
    occupées par de prétendues « victimes » de M. Aliyev, de manière Ã
    empêcher concrètement les défenseurs des droits de l'homme, les
    journalistes et les représentants étrangers d'assister à l'audience.
    Ses avocats et les témoins cités par la défense auraient également
    subi des pressions et ses avocats n'ont pas eu la possibilité de
    contester les éléments de preuve produits par l'accusation, ni de
    présenter leurs propres preuves. Enfin, des personnes arrêtées et
    mises en accusation parallèlement à M. Aliyev ont été remises en
    liberté après avoir témoigné contre lui. Un proche collaborateur de
    Farhad Aliyev au ministère du Développement économique, M. Alihuseyn
    Shaliyev, a également été arrêté et aurait été soumis à la torture
    pour qu'il accepte de témoigner contre lui. Il est mort à l'hôpital
    pénitentiaire et les causes de son décès n'ont apparemment jamais fait
    l'objet d'une enquête en bonne et due forme.

    142. Farhad Aliyev souffre de graves problèmes de santé. La commission
    des questions juridiques et des droits de l'homme a demandé aux
    autorités de le libérer pour raisons humanitaires en septembre 2011.
    La Cour européenne des droits de l'homme a constaté plusieurs
    violations des articles 5 et 6 de la Convention71 (son frère Rafiq a
    obtenu gain de cause devant la Cour le 6 décembre 2011).

    143. Au vu de la connotation politique du procès intenté Ã un ancien
    ministre, dont les réformes économiques menaçaient les bénéficiaires
    de monopoles liés aux autorités en place, des nombreux vices de forme
    commis avant et pendant le procès, de la persécution parallèle des
    membres de la famille et des proches collaborateurs de M. Aliyev,
    ainsi que de la peine excessivement lourde qui lui a été infligée et
    du traitement excessivement rigoureux auquel cet homme gé et
    gravement malade est soumis, je considère Farhad Aliyev comme un
    prisonnier politique présumé au regard de nos critères72.

    Cas n° 12 : Aliyev, Rafiq

    144. Rafiq Aliyev est le frère de Farhad Aliyev (cas n o 10) et
    l'ancien président de la société « Azpetrol ». Comme son frère, il a
    été arrêté Ã la veille des élections législatives de 2005 et accusé
    d'infractions économiques (abus de fonctions, vol de biens publics).
    Plusieurs observateurs considéraient à l'époque que cette arrestation
    visait à faire pression sur son frère Farhaq, afin qu'il « avoue » sa
    participation à un complot politique. Une fois expirée la durée
    maximale de la détention provisoire prévue en cas d'infraction
    économique, il a été accusé de participation à une tentative de coup
    d'Etat. Cette accusation n'ayant pu être corroborée par aucun élément,
    il a été condamné Ã une peine de neuf ans d'emprisonnement pour
    diverses infractions économiques.

    145. Comme son frère, Rafiq Aliyev a obtenu gain de cause devant la
    Cour européenne des droits de l'homme73, qui a constaté plusieurs
    violations de la Convention en raison de la durée excessive de sa
    détention provisoire, de l'absence de contrôle juridictionnel et de
    l'atteinte à son droit à la propriété privée (article 1 er du
    Protocole n o 1). Selon moi, Rafiq Aliyev est, pour les mêmes raisons
    que son frère, un prisonnier politique présumé.

    Cas n° 11 : Aliyev, Mamedali Dilavar

    146. Bien qu'il s'agisse d'un « nouveau » cas, dans la mesure où
    Mamedali Aliyev n'a été arrêté qu'en 2008, il est étroitement lié Ã «
    l'affaire des généraux » (tentative supposée de coup d'Etat). Les
    personnes condamnées dans cette affaire figuraient sur la « liste des
    716 personnes » examinée par les experts indépendants du Secrétaire
    Général (c'est-Ã-dire Rahim Gaziyev, Alikram Gumbatov, Elkhan Abbasov,
    Huseynbala Huseynov, Rafik Agayev). En 2002, les experts ont reconnu Ã
    chacun d'eux la qualité de prisonnier politique, suite à quoi ils ont
    tous été libérés74. Malheureusement pour lui, Mamedali Dilavar Aliyev,
    partisan de l'ancien président Ayaz Mutalibov et vice-président du
    Parti travailliste pro-Mutalibov, a été arrêté seulement en 2008. Son
    cas n'a par conséquent pas été examiné par les experts indépendants.
    Mais je suis convaincu que la qualité de prisonnier politique lui
    serait reconnue au regard des mêmes critères et qu'il doit par
    conséquent être remis en liberté sans tarder.

    147. M. Aliyev a 70 ans et il est en très mauvaise santé. Il convient
    donc également de le libérer pour raisons humanitaires.

    Cas n° 24 : Farzullayev Jeyhun Hidayet

    148. M. Farzullayev a été arrêté le 8 janvier 2011 par la police du
    district de Nasimi, au même moment que Nemat Panahov (cas n o 81
    ci-dessous), célèbre militant de l'opposition. Le responsable adjoint
    du service de police aurait ordonné Ã M. Farzullayev de faire un faux
    témoignage contre M. Panahov. Comme il refusait de le faire, il a été
    arrêté, mis en accusation parallèlement à M. Panahov et finalement
    condamné Ã une peine de quatre ans d'emprisonnement pour «
    hooliganisme ».

    Cas n° 77 : Panahov, Neymat (Panahly, Nemat)

    149. M. Panahov est l'un des chefs historiques du mouvement de
    libération nationale de l'Azerbaïdjan. Il a renoué il y a quelque
    temps avec ses activités politiques en s'opposant au gouvernement
    actuel, qu'il a vivement critiqué en public. Il a été arrêté le 8
    janvier 2011 pour « hooliganisme » (article 221 du Code pénal) et
    coups et blessures volontaires (articles 126 et 127) et condamné Ã une
    peine de six ans d'emprisonnement. Il existe de sérieuses allégations
    de vices de procédure, notamment les pressions que la police a tentées
    d'exercer sur une autre personne, Farzullayev Jeyhun Hidayet (cas n o
    24 plus haut), pour qu'il se livre à un faux témoignage contre M.
    Panahov. Au cours de l'audience, la victime prétendue (des insultes et
    coups et blessures) et d'autres témoins présentés par le ministère
    public ont en réalité nié les accusations portées. Le tribunal s'est
    apparemment contenté d'ignorer ces témoignages, ainsi que ceux des
    témoins oculaires de la défense, qui ont déclaré qu'aucune infraction
    n'avait été commise. Les avocats venus travailler à mes côtés à Berlin
    en mai 2012 ont confirmé ces allégations, que j'ai d'abord eu beaucoup
    de mal à croire. Elles jettent une ombre sur l'objectivité et même sur
    le professionnalisme dont font preuve les juridictions
    azerbaïdjanaises dans les affaires judiciaires à caractère politique.

    150. D'autres défenseurs des droits de l'homme75 soulignent que
    l'arrestation de M. Panahov est essentiellement due aux vives
    critiques qu'il a formulées à l'égard du gouvernement dans le
    quotidien « Nota P.S. » , en déplorant notamment les fraudes
    électorales auxquelles il avait assisté dans sa circonscription. Ces
    militants observent également que les objets saisis au domicile de M.
    Panahov, comme des vidéocassettes en rapport avec le Mouvement de
    libération nationale, n'ont aucun lien avec le chef d'accusation de «
    hooliganisme ». Par ailleurs, ils font remarquer que des pressions ont
    également été exercées sur la famille de M. Panahov (il a la charge de
    six enfants et de ses deux parents gés), notamment en procédant à la
    coupure de l'électricité et du chauffage de son domicile fin décembre
    2011. Le père de M. Panahov, gé de 83 ans et qui vivait à son
    domicile, est mort à la suite de problèmes cardiaques. Contrairement Ã
    ce que prévoient les dispositions pénitentiaires azerbaïdjanaises76,
    M. Panahov n'a même pas été autorisé Ã assister aux funérailles de son
    père.

    151. Une requête introduite par M. Panahov serait pendante devant la
    Cour européenne des droits de l'homme.

    152. Au vu du traitement rigoureux et discriminatoire que lui ont
    réservé le tribunal et les autorités pénitentiaires, qui s'explique
    uniquement par des motivations en rapport avec ses activités
    politiques, je considère M. Panahov comme un prisonnier politique
    présumé.

    Cas n° 32 : Gurbanov, Maarif

    153. M. Gurbanov était responsable d'une direction du ministère du
    Développement économique au moment de son arrestation en 2005 ; il a
    été condamné Ã une peine de sept ans et six mois d'emprisonnement pour
    détournement de fonds et corruption. Cette affaire est directement
    liée à celle des frères Aliyev (cas n o s 10 et 12 plus haut),
    prisonniers politiques présumés. M. Gurbanov aurait refusé de donner
    un faux témoignage contre Farhad Aliyev et a été condamné en
    représailles à une peine de prison particulièrement lourde.

    154. Il aurait introduit une requête devant la Cour européenne des
    droits de l'homme.

    Cas n° 41 : Insanov, Ali

    155. Il s'agit d'un autre cas emblématique, qui a déjà été évoqué dans
    plusieurs résolutions de l'Assemblée parlementaire. M. Insanov est un
    ancien ministre de la Santé, spécialiste des sciences médicales de
    renom international et ancien membre du comité exécutif de
    l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a été arrêté le 20
    octobre 2005, Ã la veille des élections législatives, et accusé
    d'avoir participé Ã une tentative de coup d'Etat. Au cours de son
    procès, il a cependant été uniquement accusé et reconnu coupable
    d'infractions économiques (abus de fonctions, vol de biens publics).
    Il a été condamné Ã une peine de 11 ans d'emprisonnement, et serait
    détenu dans des conditions particulièrement dures, malgré son ge (M.
    Insanov est né en 1946) et les graves problèmes de santé dont il
    souffre.

    156. Les membres de sa famille et ses anciens collaborateurs auraient
    été intensément persécutés. Bon nombre d'entre eux ont perdu leur
    emploi, ont vu leurs biens confisqués ou ont été poursuivis pour des
    chefs d'accusation apparemment fabriqués de toutes pièces. La vente de
    l'ouvrage médical de M. Insanov sur le traitement de la tuberculose,
    pourtant plébiscité au niveau international, a même été interdite en
    Azerbaïdjan.

    157. Le cas de M. Insanov a déjà été évoqué dans deux textes adoptés
    par l'Assemblée le 16 avril 200777et le 6 juin 200878. La requête
    qu'il a introduite le 31 mars 2008 devant la Cour européenne des
    droits de l'homme est encore pendante79.

    158. Compte tenu du contexte politique de cette affaire, de la
    modification des chefs d'accusation pendant la détention provisoire de
    l'intéressé, des fortes pressions exercées sur les membres de sa
    famille et ses collaborateurs, du traitement discriminatoire réservé Ã
    M. Insanov, dont témoignent la durée inhabituelle de sa peine
    d'emprisonnement, la confiscation de l'ensemble de ses biens,
    l'interdiction de la vente de son ouvrage médical et ses dures
    conditions de détention en dépit de son ge et de ses problèmes de
    santé, je ne puis que considérer M. Insanov comme un prisonnier
    politique présumé. 3.2.2. « Cas anciens » de prisonniers politiques
    présumés

    159. Les cas suivants sont, soit ceux de la liste des 716 prisonniers
    politiques présumés, arrêtés jusqu'en 2000 et examinés par les experts
    indépendants, mais qui n'ont toujours pas été réglés, soit les cas de
    personnes arrêtées ultérieurement pour avoir participé aux mêmes
    événements ou qui ont été omis par mégarde sur cette liste de 716
    noms, mais qui ont été insérés dans la deuxième liste des 107 cas
    examinés par le premier rapport de suivi de l'Assemblée en 2004.
    3.2.2.1. OPON (événements de mars 1995)

    160. Les trois premiers cas sont les plus emblématiques : la qualité
    de « prisonnier politique » leur a été reconnue par les experts
    indépendants en 2002 et les intéressés n'ont toujours pas été libérés.
    Ces détenus ont participé Ã la mutinerie de l'unité spéciale de la
    police « OPON » (événements de mars 1995).

    Cas n° 15 : Amiraslanov, Elchin Samed

    Cas n° 55 : Kazymov, Arif Nazir

    Cas n° 78 : Poladov, Safa Alim

    161. Les cas de ces trois personnes ont été étudiés de façon très
    précise par les experts indépendants, qui les considéraient comme des
    cas pilotes et leur ont reconnu la qualité de prisonniers
    politiques80. Les intéressés continuent à purger leur peine de prison
    Ã perpétuité Ã la prison de Qobustan.

    162. La reconnaissance de leur statut de « prisonnier politique » se
    fonde sur de graves vices de procédure, et notamment de graves
    accusations de torture subie par M. Amiraslanov et M. Kazymov ; le
    refus de permettre à M. Amiraslanov d'être assisté par un avocat avant
    et pendant son procès ; le harcèlement des membres de leur famille, et
    notamment les coups violents portés par des fonctionnaires de police Ã
    la sÅ`ur cadette de M. Amiraslanov ; l'utilisation des aveux faits au
    cours de l'enquête par M. Kazymov, qui s'est ensuite rétracté ; et,
    enfin, le manque d'indépendance et d'impartialité des magistrats au
    cours du procès où d'anciens officiers à la retraite ont joué le rôle
    « d'assesseurs populaires ».

    163. En septembre 2007, les derniers membres du « Groupe de travail
    sur les prisonniers politiques » (dont plusieurs représentants
    d'importantes ONG étaient exclus à l'époque) auraient convenu avec les
    autorités que Elchin Samed Amiraslanov, Arif Kazymov et Safa Alim
    Poladov étaient en fait des « criminels ». M. Poladov a été rejugé et
    reconnu coupable une nouvelle fois.

    164. Les cinq cas suivants concernent également des personnes qui
    auraient participé Ã la mutinerie des « OPON », mais auxquelles les
    experts indépendants n'ont pas reconnu la qualité de « prisonniers
    politiques ».

    Cas n° 4 : Abdullayev, Shamsi Vahid81

    165. La qualité de prisonnier politique n'a pas été reconnue à M.
    Abdullayev par les experts indépendants. En l'espèce, il ne prétendait
    pas avoir été torturé. Les experts indépendants n'ont pas constaté
    l'absence d'indépendance et d'impartialité du tribunal, même si M.
    Abdullayev a été jugé dans le cadre du même procès que M. Amiraslanov
    (cas n o 15 plus haut). Elément déterminant, M. Abdullayev a avoué le
    meurtre, de droit commun, d'un homme d'affaires.

    Cas n° 50 : Karimov (Kerimov) Dayanat Kerim82

    166. La qualité de prisonnier politique n'a pas davantage été reconnue
    Ã M. Karimov par les experts indépendants. LÃ non plus, aucun acte de
    torture n'était allégué. M. Karimov a été reconnu coupable de graves
    crimes de droit commun, dont l'homicide, dans cinq procès distincts.
    Aucun jugement ne mentionne la participation de M. Karimov aux
    événements de mars 1995 (mutinerie des OPON).

    Cas n° 72 : Mustafayev, Hasan Huseyn83

    167. La qualité de prisonnier politique n'a pas davantage été reconnue
    Ã M. Mustafayev par les experts indépendants ; en absence
    d'allégations de torture, il a été reconnu coupable de graves crimes
    de droit commun, dont l'homicide et la prise d'otages.

    Cas n° 87 : Tahirov, Aliyusif Damet84

    168. M. Tahirov n'a pas été considéré comme un prisonnier politique,
    bien qu'il ait été également condamné pour sa participation aux
    événements de mars 1995 (OPON), dans la mesure où il a également été
    condamné pour un certain nombre de crimes graves sans rapport avec ces
    événements (homicide et enlèvements) ; son cas a été mentionné dans
    l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme du 19 janvier 2006
    (Requête n o 35608/02).

    169. Je partage l'avis des experts indépendants au sujet des cas
    précités (cas n os 4, 50, 72 et 87). La qualité de prisonniers
    politiques ne devrait pas être reconnue à ces détenus puisqu'ils ont
    été reconnus coupables de graves crimes de droit commun sans rapport
    avec leur participation aux événements de mars 1995 (mutinerie des
    OPON).

    170. D'après les informations que m'ont communiquées les ONG, la
    qualité de prisonniers politiques a été reconnue à plusieurs personnes
    jugées et condamnées parallèlement à ces trois cas (cas n o s 15, 55
    et 78), qui n'ont jamais figuré sur aucune liste de prisonniers
    politiques présumés ou ont été rayées de ces listes pour des raisons
    qui n'ont aucun rapport avec leurs activités criminelles supposées et
    qui sont toujours emprisonnées aujourd'hui. Puisque ces membres de
    l'OPON étaient extrêmement jeunes à l'époque des faits, qu'ils étaient
    soldats du rang ou de grades inférieurs et qu'ils se sont contentés
    d'obéir aux ordres de leurs supérieurs, sans commettre aucune
    infraction violente en marge de leur participation aux événements de
    mars 1995, et au vu du temps qu'ils ont déjà passé en prison et des
    graves vices de procédure qui entachent ce procès collectif, ils
    doivent être libérés.

    171. Cet argument est d'autant plus valable après l'amnistie dont a
    bénéficié fin 2011 M. Nizami Orudj Shamuradov, commandant en chef de
    tous les soldats de l'OPON encore incarcérés aujourd'hui. Il n'a passé
    que quatre ans en prison, après avoir été en fuite pendant plusieurs
    années et s'être rendu de lui-même en 2007. Afin d'éviter cette «
    ironie du sort », pour reprendre les termes d'un avocat azerbaïdjanais
    défenseur des droits de l'homme, il importe que les autorités tournent
    Ã présent la page et libèrent également les soldats du rang ou de
    grades inférieurs qui composent encore ce groupe de cas. 3.2.2.2. Les
    partisans de l'ancien Premier ministre Suret Huseynov/Guseynov («
    affaire SH »)

    172. Un autre catégorie « historique » de cas est celle des partisans
    de l'ancien Premier ministre Suret Huseynov. Tout d'abord reconnu
    coupable de tentative de coup d'Etat en 1994, la qualité de prisonnier
    politique lui a été reconnue par les experts indépendants85 et il a
    ensuite été libéré. Mais un certain nombre de ses partisans sont
    toujours en prison. Le statut de prisonniers politiques ne leur a pas
    été reconnu par les experts indépendants parce qu'ils ont été
    condamnés pour des crimes graves, de droit commun, commis avec
    violence, notamment l'homicide, le vol et l'enlèvement, en l'absence
    d'allégations de torture ou d'autres vices de procédure
    particulièrement graves.

    173. Les cas suivants relèvent de cette catégorie.

    Cas n° 37 : Huseynov, Magsud Vagif (Maqsud Vaqif)86

    174. M. Huseynov est le fils de Vagif Huseynov (cas n o 38 ci-dessous).

    Cas n° 38 : Huseynov, Vagif (Vaqif) Rza87

    175. M. Huseynov était un proche partisan de l'ancien Premier
    ministre, ainsi qu'un parlementaire du Front populaire d'Azerbaïdjan,
    parti de l'opposition. Mais il a été reconnu coupable à l'issue de son
    procès, au cours duquel il a joui des droits élémentaires de la
    défense, de graves crimes de droit commun commis avec violence
    (homicide, vol, enlèvements), ainsi que « d'usurpation du pouvoir »
    dans un district administratif, parallèlement à la tentative de coup
    d'Etat de Suret Huseynov.

    Cas n° 46 : Ismaylov, Rashid Nurulla88

    176. M. Ismaylov a rejoint l'unité de l'armée commandée par Suret
    Huseynov après s'être évadé de la maison d'arrêt où il était placé en
    détention provisoire pour avoir participé Ã une crise de folie
    meurtrière avec une bande armée. Les experts ont estimé que « bien que
    les faits dont M. Ismaylov a été reconnu coupable soient liés à des
    événements politiques, leur qualification juridique est de droit
    commun ».

    Cas n° 52 : Karimov (Kerimov), Keramat Pasha89

    177. M. Karimov, cousin de Suret Huseynov, a été l'un des principaux «
    exécutants » de la tentative de coup d'Etat dont Suret Huseynov aurait
    été l'instigateur en 1994. Mais d'après le jugement, il a participé Ã
    des actes de violence (y compris des crimes dépourvus de caractère
    politique, comme l'homicide, le vol, l'enlèvement et la torture) et a
    incité d'autres personnes à commettre de tels actes, de sorte que la
    peine d'emprisonnement à perpétuité qui lui a été infligée ne peut
    être considérée comme disproportionnée pour des raisons politiques.
    Les allégations d'actes de torture dont il aurait été victime au cours
    de sa détention provisoire, selon sa famille, n'ont pas été reprises
    par M. Karimov au cours de son procès.

    Cas n° 71 : Mustafayev, Elshad Teyyub90

    Cas n° 73 : Mustafayev, Maqsad Teyyub91

    178. Ils étaient tous deux membres du groupe armé de Vaqif Huseynov,
    qui a pris part à la tentative de coup d'Etat dont Suret Huseynov
    aurait été l'instigateur (voir plus haut le cas n o 38). Ils ont été
    reconnus coupables de crimes dépourvus de caractère politique et
    commis avec violence, notamment du meurtre avec préméditation d'un
    procureur. Certaines contradictions demeurent dans les jugements,
    notamment le fait qu'ils auraient dû tous deux se trouver encore en
    prison pour y purger leur peine précédente au moment où ils étaient
    censés avoir commis certains des crimes qui leur étaient reprochés
    dans l'acte d'accusation.

    179. Plusieurs défenseurs des droits de l'homme azerbaïdjanais ont
    fait observer, Ã propos du refus des experts indépendants de
    reconnaître aux cas précités un statut « politique » (cas n os 37, 38,
    46, 52, 71 et 73), qu'il était fort possible que l'une ou l'autre de
    ces personnes n'ait pas été informée de la procédure de vérification
    en cours ou n'ait pas bénéficié des services d'un avocat compétent et
    n'ait pas présenté pour cette raison un commencement de preuve de
    l'existence de graves violations, comme l'exigent les critères définis
    par les experts.

    180. Le fait de rejeter ces considérations me met mal à l'aise, mais
    je ne suis pas en mesure de remettre en cause a posteriori les
    conclusions des experts indépendants, qui disposaient de moyens
    beaucoup plus importants que moi pour examiner en profondeur ces
    affaires. Cela dit, considérant le temps qu'ils ont déjà passé en
    prison, ils devraient pouvoir bénéficier d'une libération
    conditionnelle au titre des dispositions ordinaires. Si les autorités
    persistent à refuser d'appliquer les dispositions ordinaires à ces
    personnes, cela pourrait constituer en soi une discrimination et faire
    naître des soupçons de motivations politiques. 3.2.2.3. Membres du
    groupe paramilitaire « Quaranqush » (Hirondelle), 1993

    181. Le détachement « Quaranqush », composé de huit volontaires, avait
    été créé pour la défense du district frontalier de Gubadli à cause de
    la menace d'une invasion militaire de l'Arménie. Un membre de ce
    groupe avait été tué au combat et célébré Ã titre posthume comme un
    héros ; un autre membre avait quitté le détachement après avoir été
    blessé au combat. Après la création de l'armée nationale
    azerbaïdjanaise en octobre 1991, les six derniers membres du
    détachement « Quaranqush » avaient été transférés dans des unités
    régulières de la police et de l'armée. Selon les autorités, ils
    avaient continué Ã mener ensemble des activités criminelles dignes de
    gangsters dans ce district ; elles leur reprochaient également d'avoir
    attaqué Ã main armée un service de police et d'avoir assassiné cinq «
    traîtres » supposés le jour de l'invasion arménienne. D'après les ONG
    de défense des droits de l'homme, les liens que ce groupe entretenait
    avec le mouvement du Front populaire92 inquiétaient les autorités
    nouvellement en place, qui en ont persécuté les membres avec une
    dureté particulière. Un membre du groupe, F. Shahmuradov, a été tué au
    cours de son arrestation. Un autre membre, M. Maharramov, s'est
    suicidé. Un troisième, M. Qayibov, a tenté de se suicider à deux
    reprises (lors de son arrestation et pendant sa détention). Deux
    autres membres, les frères Novruzov, sont morts pendant l'instruction.

    Cas n° 58 : Maherramov, (Maharramov) Nadir Eldar

    182. M. Maherramov a été condamné en 2002 Ã une peine de prison Ã
    perpétuité en tant que membre supposé de « Quaranqush ». Il figurait
    sur la « liste des 107 » examinée par les premiers rapports de
    l'Assemblée sur les prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Mon
    prédécesseur M. Malcolm Bruce, rapporteur sur cette question, qui a pu
    encore effectuer une visite d'étude en Azerbaïdjan, a formulé Ã propos
    de ce cas les observations suivantes dans son rapport de 2005 :

    « J'avoue avoir été particulièrement interpellé par le cas de Nadir
    Maharramov, arrêté en 2003 et condamné Ã perpétuité pour avoir
    soi-disant fait partie du groupe de reconnaissance Garangush. Ce
    groupe avait été `dissous' en 1993 (doux euphémisme pour dire que ces
    membres, d'abord héros de l'Azerbaïdjan, ont été pourchassés, arrêtés,
    torturés et proprement liquidés !). Nadir avait 18 ans à l'époque des
    faits et tous les témoignages concordent pour dire qu'il n'a jamais
    fait partie de ce groupe.93 »

    183. Considérant que ce groupe, après avoir perdu deux membres, en
    conservait six, dont trois sont morts lors de leur arrestation ou de
    leur détention et trois autres (les cas n os 66, 79 et 85 ci-dessous)
    sont toujours détenus, je ne peux qu'inviter, comme mon collègue, les
    autorités à réparer l'injustice évidente faite à cet homme qui a
    désormais passé un tiers de son existence en prison.

    Cas n° 66 : Mammedaliyev (Mammadaliyev), Sahib Nureddin94

    Cas n° 79 : Qayibov, Intiqam Yusif95

    Cas n° 85 : Shahmuradov, Yashar Khasay96

    184. Ces trois hommes ont été condamnés en 1993 Ã mort (condamnation
    transformée par la suite en perpétuité). Ils avaient été membres du
    groupe paramilitaire « Qaranqush » (Hirondelle) et partisans du
    mouvement du Front populaire. Les experts indépendants ne leur ont pas
    reconnu la qualité de prisonniers politiques, considérant que, même si
    le tribunal n'avait pas précisé la responsabilité individuelle de
    chaque membre de la bande dans les crimes commis par elle, ils avaient
    été tous les trois condamnés pour leur participation à un crime
    particulièrement violent (meurtre avec préméditation).

    185. Bien que le fait de ne pas considérer ces trois détenus comme des
    prisonniers politiques présumés me mette mal à l'aise, compte tenu du
    caractère politique évident de ce dur traitement réservé Ã d'anciens «
    héros », je ne souhaite pas remettre en cause a posteriori les
    conclusions des experts indépendants, qui ont fondé leur décision sur
    le caractère violent des crimes dont les intéressés ont été reconnus
    coupables, conformément aux critères auxquels j'ai moi aussi souscrit
    dans la première partie du présent rapport. 3.2.2.4. Autres « cas
    anciens »

    Cas n° 14 : Aliyev, Sadykh Mikayil97

    Cas n° 67 : Mammedveliyev, Sabuhi Seyfeddin

    186. Tous deux ont été arrêtés en 2000 et condamnés à perpétuité en
    leur qualité de membres dirigeants du groupe « Bohran » (Crise). Le
    Comité de la sécurité d'Etat de l'Azerbaïdjan (KGB) avait créé ce
    groupe en 1989 pour contrer la menace qu'était censée représenter,
    pour la sécurité, le mouvement azerbaïdjanais Front populaire. Ce
    groupe aurait commis plusieurs assassinats politiques de partisans du
    Président Heydar Aliyev, ainsi que d'autres meurtres motivés par des
    raisons privées. Les experts indépendants n'ont pas reconnu à M.
    Sadykh Aliyev la qualité de prisonnier politique en raison de la
    nature violente des actes dont il a été reconnu coupable et la requête
    qu'il avait introduite devant la Cour européenne des droits de l'homme
    a été jugée irrecevable. M. Mammedveliyev figure sur la « liste des
    107 » jointe en annexe du précédent rapport de l'Assemblée sur cette
    question, établi par Malcolm Bruce. Je ne souhaite pas me dissocier de
    l'appréciation des experts indépendants ; par conséquent, je ne
    considère pas ces deux hommes comme des prisonniers politiques
    présumés.

    Cas n° 51 : Karimov, Kamran Sultan

    Cas n° 59 : Mahsimov (Maksimov), Rahib Shaval

    Cas n° 81 : Safaraliyev, Alfat Khalid98

    187. M. Karimov a été condamné en 1999 Ã une peine de 14 ans
    d'emprisonnement pour ses activités de membre du mouvement national
    lezguien « Sadval » (Unité). Ce groupe serait officiellement
    enregistré en Fédération de Russie, mais considéré comme un groupe
    terroriste illégal en Azerbaïdjan. Il a fait campagne dans les années
    1990 pour l'unification de tous les Lezguiens dans un seul et même
    Etat (le « Lezguistan ») regroupant des régions appartenant à la
    Russie (le sud du Daghestan) et au nord de l'Azerbaïdjan. M. Karimov a
    été reconnu coupable d'avoir participé à une attaque à main armée
    perpétrée sur des gardes frontière.

    188. M. Mahsimov, chef de la branche azerbaïdjanaise de « Sadval », a
    été condamné en 1994 Ã perpétuité pour sa participation supposée dans
    l'attentat terroriste du métro de Bakou en 1994, qui avait fait 14
    morts.

    189. Tous deux figuraient sur la « liste des 107 » nouveaux
    prisonniers politiques établie par Malcolm Bruce99. La requête
    introduite par M. Mahsimov devant la Cour européenne des droits de
    l'homme a abouti, en ce sens que la Cour a conclu à la violation de
    l'article 6, alinéa 1 (procès équitable), en se fondant sur le fait
    que le pourvoi en cassation avait été examiné par la Cour suprême
    d'Azerbaïdjan en l'absence de M. Mahsimov100.

    190. M. Safaraliyev a été condamné en 2000 Ã une peine de 15 ans
    d'emprisonnement pour complicité dans l'attentat à la bombe du métro
    de Bakou en 1994. Il aurait également participé Ã une émeute survenue
    dans la prison de Qobustan en janvier 1999. Les experts indépendants
    ne lui ont pas reconnu la qualité de prisonnier politique au vu de la
    nature violente des actes dont il a été reconnu coupable. Je partage
    ce point de vue.

    Cas n° 18 : Badalov, Rovshan

    Cas n° 68 : Mammedov (Mammadov), Mammad Ali

    191. Les deux détenus auraient participé en tant que combattants aux
    conflits de Tchétchénie et du Karabakh.

    192. M. Badalov a été arrêté en 2004 et condamné Ã une peine de neuf
    ans d'emprisonnement pour homicide, cambriolage et constitution de
    formations armées illégales.

    193. M. Mammedov a été condamné en 2001 et 2003 Ã perpétuité pour le
    meurtre d'un garde frontière alors qu'il introduisait des armes de
    contrebande sur le territoire géorgien. Son avocat conteste qu'il soit
    l'auteur de ce meurtre et prétend qu'il a uniquement tiré en l'air et
    que le tribunal a interprété les éléments de preuve de façon partiale,
    au détriment de M. Mammedov, pour éviter toute implication des membres
    des forces du ministère de l'Intérieur azerbaïdjanais dans cet
    incident. M. Mammedov a obtenu gain de cause auprès de la Cour
    européenne des droits de l'homme devant laquelle il avait introduit
    une requête101 ; elle a conclu à la violation de l'article 6 (procès
    équitable), mais pas à celle de l'article 3 (interdiction de la
    torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants), faute
    d'épuisement des voies de recours internes. Les autres griefs invoqués
    sur le fondement des articles 5, 6 13 et 14 de la Convention ont été
    rejetés comme étant manifestement mal fondés. M. Mammedov figurait sur
    la « liste des 107 ». J'hésite néanmoins à reconnaître à ces deux
    personnes la qualité de prisonnier politique présumé, faute d'éléments
    suffisants sur les vices de forme précis dont ils ont été victimes et
    sur le caractère « politique » des actes dont ils ont été reconnus
    coupables et qui constituent, au regard de n'importe quelle norme, des
    crimes commis avec violence. 4. Conclusions

    194. A la lumière des différentes catégories de cas que j'ai examinées
    et brièvement présentées dans le présent rapport, mes conclusions
    politiques sont les suivantes :

    195. En Azerbaïdjan, la procédure judiciaire peut et semble toujours
    être utilisée de manière abusive à des fins politiques, en vue
    d'intimider, de réduire au silence ou de neutraliser les opposants en
    qui l'élite au pouvoir voit une menace, qu'il s'agisse des militants
    des partis d'opposition laïcs ou religieux ou des militants
    indépendants de la société civile, des avocats, des défenseurs des
    droits de l'homme et des journalistes. La pression croissante qui est
    exercée sur les avocats qui continuent à oser défendre les personnes
    qui font l'objet d'affaires « politiques » représente un symptôme
    inquiétant, que l'ONG norvégienne « Human Rights House » a porté Ã ma
    connaissance récemment102.

    196. Cette stratégie d'intimidation n'impose pas de mettre constamment
    sous les verrous l'ensemble des opposants. Le « jeu » consiste
    apparemment à condamner certains opposants plus lourdement que
    d'autres, Ã laisser les uns purger l'intégralité de leur peine et Ã
    libérer les autres plus tôt, de préférence après une démonstration
    publique de soumission et de repentance ; cette méthode est indigne
    d'un Etat membre du Conseil de l'Europe. Tout juge professionnel qui
    se respecte se doit de ne pas participer à ce « jeu » et de condamner
    uniquement sur la base de la preuve crédible d'une infraction avérée.

    197. Peut-on encore parler de tribunal au sens de la Convention
    européenne des droits de l'homme lorsqu'un responsable politique gé
    peut être reconnu coupable de hooliganisme et condamné Ã une peine de
    six ans d'emprisonnement, alors que les témoins à charge et la
    prétendue victime elle-même témoignent devant cette juridiction de
    l'absence de toute infraction103 ? Le système de la Convention et la
    Cour européenne des droits de l'homme sont-ils outillés pour traiter
    d'affaires forgées de toutes pièces à partir de fausses preuves, comme
    la drogue « trouvée » sur M. Fatullayev peu de temps après que la Cour
    avait conclu, de façon exceptionnelle, que le seul moyen d'exécuter un
    arrêt qui constatait les nombreuses violations de la Convention
    commises lorsque l'intéressé avait été reconnu coupable d'un « crime »
    d'opinion consistait à le libérer immédiatement ? Qu'en est-il des
    affaires dans lesquelles les perquisitions effectuées au domicile
    d'opposants ciblés permettent de « trouver » des armes, des munitions
    (parfois une seule cartouche) ou de la drogue, systématiquement en
    présence de « témoins » qui sont parfois miraculeusement présents en
    plusieurs lieux au même moment ? La Cour européenne des droits de
    l'homme a les moyens de constater les vices de procédure ou les autres
    violations de la Convention dans les affaires de manipulations les
    plus extrêmes et les plus maladroites. Mais ensuite ? La constatation
    même de graves vices de procédure, généralement plusieurs années après
    la décision définitive des juridictions nationales, ne conduit pas
    automatiquement à rejuger le prisonnier concerné, encore moins Ã
    l'acquitter et à le libérer. Le système de la Convention suppose que
    l'ensemble des Etats aient la volonté politique de faire respecter les
    droits de l'homme et de permettre à leurs partenaires de corriger
    leurs erreurs dans le cadre de la procédure de contrôle mutuel prévue
    Ã cette fin par la Convention. Pour être franc, je ne suis pas
    convaincu que les autorités azerbaïdjanaises actuelles aient cette
    volonté politique, si j'en juge par l'absence de coopération dont
    elles ont fait preuve à mon égard lorsque j'ai tenté pendant des
    années d'engager un dialogue constructif avec elles pour examiner le
    problème des prisonniers politiques et trouver des solutions.

    198. Mais la délégation azerbaïdjanaise peut encore me démontrer que
    je me trompe, en acceptant et en appuyant les propositions
    pragmatiques et constructives que je soumets à l'approbation de
    l'Assemblée le projet de résolution établi sur la base du présent
    rapport. Annexe 1 - Liste récapitulative des prisonniers politiques
    présumés (par ordre alphabétique)104

    1. ABBASLI (Abbasly), Tural

    2. ABBASOV, Elshan Sardar

    3. ABBASOV, Faramiz (Faramaz)

    4. Abdullayev, Shamsi Vahid

    5. ABDULLAYEV, Vagif

    6. AGAYEV, Farig (Farid) Nadir

    7. AHUNDZADE, Ruxulla (Akhundzadeh, Rufulla)

    8. ALEKBEROV, Taleh

    9. ALIYEV, Ceyhun (Djeyhun/Jeyhun) Saleh

    10. ALIYEV, Farhad

    11. ALIYEV, Mamedali Dilavar

    12. ALIYEV, Rafiq

    13. ALIYEV, Rashad Ismail

    14. Aliyev, Sadykh Mikayil

    15. AMIRASLANOV, Elchin Samed

    16. ARBAROV, Taleh

    17. ASGAROV (Asgerov), Mammad Tofiq

    18. Badalov, Rovshan

    19. BAGIROV, Taleh Kamil

    20. Bayramli, Anar

    21. BAYRAMOV, Ramin

    22. DADASHBEYLI, Said Alakbar

    23. EYVAZLI, Zulfugar (Zulfuqar)/Eyvazov, Zulfigar

    24. FARZULLAYEV, Jeyhun Hidayet

    25. GANIYEV, Arif

    26. GOCAYEV (Gojayev), Samir Edik

    27. Gonagov, Vugar

    28. Gulaliyev, Ogtay

    29. Guliyev, Zaur

    30. GULIYEV (Quliyev), Baybala (Beybala) Yahya

    31. GURBANOV, Maarif

    32. HAJILI (Hajily), Arif

    33. HAJIBEYLI, Rufet (Rufat)

    34. HASANLI, Shahin

    35. HASANOV, Babek

    36. Huseynov, Magsud Vagif (Maqsud Vaqif)

    37. Huseynov, Vagif (Vaqif) Rza

    38. IDRISOV, Mikayil Garib

    39. ILYASOV, Fahri

    40. INSANOV, Ali

    41. ISKANDAROV (Isgandarov), Zaur Shalar (Toghrul)

    42. ISKENDEROV (Isganderov/Isgandarli), Vivadi

    43. ISMAYLOV, Araz Vasif

    44. Ismaylov, Rashid Nurulla

    45. ISMAYLOV, Tarlan

    46. JABIYEV, Azer

    47. JANIYEV, Aydin

    48. Karimov (Kerimov), Dayanat Kerim

    49. KARIMOV, Kamran Sultan

    50. Karimov (Kerimov), Keramat Pasha

    51. KARIMOV (Kerimov), Rasim Rafig

    52. Khasmammadov, Taleh

    53. KAZYMOV (Kazimov), Arif Nazir

    54. KERIMOV (Karimov), Jahangir Ramiz

    55. KERIMOV, Sahib

    56. MAHERRAMOV (Maharramov), Nadir Eldar

    57. MAHSIMOV (Maksimov), Rahib Shaval

    58. MAJIDLI, Elnur

    59. MAJIDLI, Mahammad (Mohammad)

    60. Mamedov, Bakthiar

    61. MAMEDRZAYEV, Firdovsi

    62. MAMMADLI (Mamedli), Ahad

    63. MAMMADOV (Mammedov), Hasan Alipasha

    64. Mammedaliyev (Mammadaliyev), Sahib Nureddin

    65. Mammedveliyev, Sabuhi Seyfeddin

    66. Mammedov (Mammadov), Mammad Ali

    67. MEHBALIYEV, Emin (Emil) Nuraddin

    68. MUSAYEV, Ilgar

    69. Mustafayev, Elshad Teyyub

    70. Mustafayev, Hasan Huseyn

    71. Mustafayev, Maqsad Teyyub

    72. NOVRUZOV, Chingiz Farman

    73. NURIYEV, Rufat Fazil

    74. PANAHOV, Neymat (Panahly, Nemat)

    75. POLADOV, Safa Alim

    76. Qayibov, Intiqam Yusif

    77. QULIYEV, Ulvi

    78. Safaraliyev, Alfat Khalid

    79. SAMEDOV, Dayanat

    80. SAMEDOV, Movsum

    81. Seyidov, Elnur

    82. Shahmuradov, Yashar Khasay

    83. Tahirov, Aliyusif Damet

    84. VALIQULIYEV (Valiguliyev), Rashad

    85. Zeynalli, Avaz Annexe 2 - Personnes figurant autrefois sur les
    listes de prisonniers politiques présumés, mais qui ne sont plus
    emprisonnées (par ordre alphabétique)

    1. Abdullayev, Mais

    Affaire du hijab, libéré en 2012.

    2. Abdurahmanov (Abdurahimov), Ali

    Arrêté en 2009 (2008 ?). Partisan de l'ancien Premier ministre Suret
    Huseynov accusé d'avoir participé Ã l'organisation d'un coup d'Etat en
    1994. La qualité de prisonnier politique a été reconnue par les
    experts indépendants du Secrétaire Général à Suret Huseynov lui-même,
    qui a été libéré. Libéré le 14 août 2009.

    3. Abdurahmanov (Abdurahimov), Mahir

    Arrêté in 2009. Partisan de l'ancien Premier ministre Suret Huseynov
    accusé d'avoir participé Ã l'organisation d'un coup d'Etat en 1994. La
    qualité de prisonnier politique a été reconnue à Suret Huseynov
    lui-même, qui a été libéré, par les experts indépendants du Secrétaire
    Général. Libéré le 12 juin 2009.

    4. Ahmadov, Mahir Teyyub

    Arrêté en 1997, condamné Ã une peine de 15 ans d'emprisonnement.
    Affaire du meurtre du député Ali Antsukhsky (actes terroristes
    supposés). Liste des 716/49. SG/Inf(2004)21, NPP. Libéré le 5 novembre
    2010.

    5. Aliyev, Fuad Faril

    Affaire des représentants de la mosquée « Juma » ; arrêté en 2005,
    condamné Ã une peine de six ans d'emprisonnement. Libéré le 13 avril
    2011.

    6. Alisli (Alyshly), Arif

    Membre du Front populaire (AXCP/PPFA), parti d'opposition, condamné Ã
    une peine de trois ans d'emprisonnement. A bénéficié d'une libération
    conditionnelle en janvier 2012 .

    7. Bagirzade, Zeynal

    Membre actif de la section du Nakhitchevan du Parti du Front populaire
    ; arrêté le 27 décembre 2011 et condamné le 2 mars 2012 Ã une peine de
    sept ans et six mois d'emprisonnement pour avoir prétendument fait une
    fausse déclaration d'invalidité et perçu indûment des allocations.
    Libéré en mai 2012.

    8. Bashirli, Ruslan Djalil

    M. Bashirli, ancien responsable du mouvement de jeunesse « Yeni Fikir
    » du Parti du Front populaire, a vivement critiqué le gouvernement. Il
    a été arrêté en 2005 pour ses liens supposés avec les services secrets
    arméniens. L'enregistrement de ces prétendues rencontres avec les
    services secrets arméniens a été diffusé Ã la télévision. Il a été
    condamné Ã une peine de sept ans d'emprisonnement pour espionnage. La
    requête qu'il a introduite devant la Cour européenne des droits de
    l'homme est toujours pendante (Requête n o 32066/07).

    Il a bénéficié d'une libération conditionnelle en mars 2012, quelques
    mois à peine avant le terme de sa peine, après avoir écrit une lettre
    ouverte au Président, dans laquelle il se « repentait » de s'être
    allié aux groupes d'opposition dans sa jeunesse, assurait le Président
    qu'il avait réfléchi à ses erreurs pendant sa détention et qu'il était
    parvenu à la conclusion que le Président méritait la plus extrême
    loyauté pour tout le bien qu'il avait fait pour le pays105.

    9. Fatullayev, Eynulla

    Journaliste (fondateur et rédacteur en chef des quotidiens Gündelik
    Azerbaycan et Realny Azerbaijan, connus tous deux pour leur critique
    du gouvernement). Arrêté le 20 avril 2007, condamné Ã l'issue de
    procédures pénales distinctes pour deux articles à une peine totale de
    huit ans et six mois d'emprisonnement (pour diffamation et « menace de
    terrorisme »). La Cour européenne des droits de l'homme (Requête n o
    40984/07, arrêt du 22 avril 2010) a conclu à la violation de l'article
    10 (liberté d'expression et d'information) et de l'article 6 (procès
    équitable) et a ordonné sa libération. Libéré par amnistie
    présidentielle le 26 mai 2011, après plusieurs tentatives d'engagement
    de poursuites à son encontre pour détention de drogue à la suite de
    l'arrêt de la Cour.

    10. Hajiev, Bakhtiyar

    Diplômé de l'université de Harvard, membre du mouvement de jeunesse «
    Vrai changement » et candidat indépendant aux élections législatives
    de 2010, M. Hajiev a été arrêté le 4 mars 2011 avant une manifestation
    prévue le 11 mars 2011 (« Grande Fête nationale »), qu'il avait
    activement promue par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Accusé de
    s'être soustrait à son obligation de service militaire (en qualité
    d'objecteur de conscience), il a été condamné Ã une peine de deux ans
    d'emprisonnement. Début juin 2012, M. Haijev a bénéficié d'une
    libération conditionnelle.

    L'objection de conscience et le droit de faire un autre type de
    service sont prévus par la Constitution azerbaïdjanaise, mais le texte
    législatif d'application qui fixe les conditions du service alternatif
    fait toujours défaut, officiellement à cause du conflit continu avec
    l'Arménie. Dix autres personnes au moins ont été reconnues coupables
    de la même infraction, sans être pourtant arrêtées ni condamnées à une
    peine d'emprisonnement.

    M. Haijev affirme également avoir été frappé pendant la période qui a
    précédé son procès, au cours de laquelle il a posté ses mésaventures
    sur les réseaux sociaux. Il était assigné Ã résidence et a été
    convoqué Ã plusieurs reprises au commissariat. Pendant le procès, il a
    demandé Ã titre de preuve qu'un médecin l'examine et que les policiers
    qui l'auraient frappé soient interrogés, mais le tribunal a rejeté ces
    deux demandes. La Cour suprême d'Azerbaïdjan a rejeté son recours le 6
    décembre 2011.

    Amnesty International considère M. Hajiev comme un prisonnier de conscience.

    Compte tenu de la nature politique de l'infraction pour laquelle il a
    été condamné, du contexte de son arrestation, qui est intervenue dans
    le cadre d'une manifestation qu'il avait aidé Ã organiser, de ses
    activités politiques de candidat indépendant aux élections
    législatives et du traitement discriminatoire qui lui a été réservé,
    beaucoup plus dur que les autres objecteurs de conscience, ainsi que
    des mauvais traitements qui lui ont été infligés durant l'instruction
    et pour lesquels les autorités ont refusé d'ouvrir une enquête, M.
    Hajiev était également un prisonnier politique présumé au regard des
    critères du Conseil de l'Europe.

    11. Hasanov, Elshan

    Elshan Hasanov, militant d'un parti d'opposition, a été reconnu
    coupable d'avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2
    avril 2011 et condamné Ã une peine de deux ans d'emprisonnement. Il a
    été libéré le 22 février 2012.

    12. Israfilov, Elnur

    M. Israfilov est le neveu du président de la section du district de
    Narimanov du « Front populaire », parti d'opposition (AXCP/PPFA) ; il
    a été condamné Ã une peine de deux ans et six mois d'emprisonnement
    pour avoir pris une « part active » Ã la manifestation du 2 avril
    2011. Il a été gracié en mars 2012.

    13. Madatov, Mushfig Israfil

    Ancien garde du corps du Président, libéré après avoir été gracié le
    13 avril 2011.

    14. Mammadov, Nurani Ahmad

    Affaire du « hijab », libéré en 2012.

    15. Mammedov, Mehman Qardashkan

    Arrêté en 2006, condamné Ã une peine de sept ans d'emprisonnement.
    Partisan de l'ancien vice-ministre de l'Intérieur Rovshan Javadov,
    accusé d'avoir participé Ã l'organisation d'un coup d'Etat en 1995.
    Libéré Ã l'occasion de l'amnistie présidentielle de la fin 2011.

    16. Marqashvili, Khyzyr

    Arrêté en 2004, condamné Ã une peine de neuf ans d'emprisonnement
    prétendument pour homicide, cambriolages, constitution de formations
    armées illicites. Libéré le 13 août 2008.

    17. Mecidli (Macidli) Elnur Arzuman

    Arrêté le 10 avril 2011 et reconnu coupable d'avoir pris une « part
    active » Ã la manifestation d'« Assemblée des citoyens » le même jour
    ; libéré le 15 mai 2012.

    18. Mikayilzadeh Zulfigar

    Membre de l'organisation régionale « Masally », condamné Ã une peine
    de cinq ans d'emprisonnement pour préparation d'actes terroristes et
    de coup d'Etat. Libéré.

    19. Milli, Emin

    Blogueur et jeune militant, arrêté en même temps qu'Adnan Hajidze le
    10 juillet 2009 ; deux jours plus tôt, il avait été frappé par deux
    hommes dans un restaurant, peu de temps après avoir diffusé sur les
    médias sociaux une vidéo satirique critique à l'égard du gouvernement
    ; il a été condamné Ã une peine de deux ans et six mois
    d'emprisonnement (Hajidze : deux ans), pour coups et blessures
    volontaires. Ils ont été libérés tous les deux les 18/19 novembre 2010
    après une vague de protestations, notamment dans les milieux
    universitaires et les médias sociaux.

    20. Namazov, Anar

    Neveu d'Ali Insanov (ancien ministre de la Santé, toujours détenu),
    condamné le 20 avril 2007 Ã une peine de sept ans et six mois
    d'emprisonnement. Libéré par décret présidentiel du 26 mai 2011.

    21. Namazov, Tapdiq Bahman

    Membre de l'AXCP (Front populaire d'Azerbaïdjan), arrêté en 2003,
    condamné Ã une peine de 11 ans d'emprisonnement ; liste des 107.
    Libéré.

    22. Orujov, Shirkhan

    Arrêté en mai 2011 et placé en détention provisoire en qualité de
    suspect dans l'affaire du « hijab ». Le 17 octobre 2011, le tribunal
    d'instance du district de Narimanov à Bakou l'a condamné à une peine
    de trois ans et six mois d'emprisonnement ; le tribunal a cependant
    suspendu l'exécution de la peine, suite à quoi M. Orujov a été libéré.

    23. Savalan(li), Jabbar

    Jeune militant du parti d'opposition PPFA. Arrêté au cours de la
    manifestation générale pacifique organisée par Ictimai Palata
    (IP/Assemblée des citoyens) le 2 avril 2011, condamné Ã une peine de
    deux ans et six mois d'emprisonnement pour détention de drogue (qui
    aurait été dissimulée à dessein sur lui). Considéré par Amnesty
    International comme prisonnier de conscience (voir le communiqué de
    presse d'Amnesty International du 30 novembre 2011). Libéré Ã
    l'occasion de l'amnistie présidentielle de fin 2011.

    24. Shamuradov, Nizami Orudj

    Arrêté en 2007 (2008 ?), il s'est rendu volontairement après avoir été
    recherché par la police pendant 13 ans dans le cadre de l'affaire de
    l'OPON, et a été condamné Ã une peine de sept ans d'emprisonnement.
    Partisan de l'ancien vice-ministre de l'Intérieur Rovshan Javadov,
    accusé d'avoir participé Ã l'organisation d'un coup d'Etat en 1995.
    Libéré Ã l'occasion de l'amnistie présidentielle de la fin 2011.

    25. Umnyashkin, Alexander

    Professeur de médecine, arrêté en 2005 dans le cadre de l'affaire de
    l'ancien ministre de la Santé, Ali Insanov (qui avait été son
    professeur d'université), condamné Ã une peine de trois ans
    d'emprisonnement le 20 avril 2007. Gracié par décret présidentiel en
    août 2008.

    26. Zahid, Quanimat

    Condamné pour « hooliganisme » Ã la suite d'une prétendue provocation
    ; libéré le 17 mars 2010.

    27. Zeynalov, Akif

    Arrêté en 2006 et condamné Ã une peine de 13 ans d'emprisonnement.
    Partisan de l'ancien Premier ministre Suret Huseynov, accusé d'avoir
    participé Ã l'organisation d'un coup d'Etat en 1994. Suret Huseynov
    lui-même a été considéré comme un prisonnier politique par les experts
    indépendants du Secrétaire Général et libéré. M. Zeynalov a été libéré
    le 15 décembre 2007.

    1. Renvoi en commission : Doc. 11468 , Renvoi 3518 du 26 janvier 2009.

    2. Projet de résolution adopté par la commission le 26 juin 2012.

    3. AS/Jur (2010) 28 du 17 juin 2010.

    4. Voir « Azerbaijan won't give visa to PACE rapporteur », RFE, 18
    août 2011 : www.rferl.org/content/azerbaijan_will_not_give_visa_to_pace_rapporteur/24300593.html.

    5. Voir Doc. 13011 et Résolution 1900 (2012) .

    6. Paragraphe 14.4. b de l' Avis 222 (2000) de l'Assemblée.

    7. MM. Stefan Trechsel, ancien Président de la Commission européenne
    des droits de l'homme et juge au Tribunal pénal international pour
    l'ex-Yougoslavie (TPIY), Evert Alkema, ancien membre du Conseil d'Etat
    néerlandais et de la Commission européenne des droits de l'homme, et
    Alexander Arabadjiev, ancien juge à la Cour constitutionnelle bulgare
    et actuellement membre de la Cour de justice de l'Union européenne.

    8. Pour de plus amples précisions, voir le document publié par le
    Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, SG/Inf(2001)34 et ses
    addenda. Les quelques affaires qui concernaient l'Arménie ont été
    rapidement réglées à l'époque.

    9. Voir la décision du Comité des Ministres du 31 janvier 2001 (voir
    le document SG/Inf(2001)34, Addendum I, p. 93).

    10. Voir le document SG/Inf(2004)21.

    11. Suivi de la Résolution 1359 (2004) sur les prisonniers politiques
    en Azerbaïdjan. Doc. 10564 du 31 mai 2005 (rapporteur : Malcolm Bruce,
    Royaume-Uni, ADLE).

    12. Voir : Résolution 1272 (2002) et Doc. 9310 ; Doc. 9826 ;
    Résolution 1359 (2004) et Doc. 10026 ; Résolution 1457 (2005) ,
    Recommandation 1711 (2005) et Doc. 10564 .

    13. Voir par exemple le communiqué de presse des rapporteurs sur
    l'Azerbaïdjan du 5 janvier 2010 sur le décret de grce présidentiel
    pris à l'occasion du Nouvel An 2010 :
    http://assembly.coe.int/ASP/NewsManager/FMB_NewsManagerView.asp
    ?ID=5164 .

    14. Voir la proposition de résolution sur le suivi de la question des
    prisonniers politiques en Azerbaïdjan, Doc. 11468.

    15. Voir le Doc. 12270 du 31 mai 2010 (corapporteurs Andreas Herkel
    (Estonie, PPE/DC) et Joseph Debono Grech (Malte, SOC)), notamment les
    paragraphes 54-83, et la Résolution 1750 (2010) , paragraphes 13-16.

    16. Voir AS/Mon(2012)05 rev. (notamment les paragraphes 41-43 et 52-56).

    17. Voir « Report by Thomas Hammarberg, Commissioner for Human Rights
    of the Council of Europe, following his visit to Azerbaijan from 1 to
    5 March 2010 » (disponible en anglais uniquement :
    https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp ?id=1642017 ) et « Observations on the
    human rights situation in Azerbaijan - Freedom of expression, freedom
    of association, freedom of peaceful assembly » (disponible en anglais
    uniquement : https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp ?id=1839497 ).

    18. Voir « Report by Thomas Hammarberg », ibid ., paragraphes 76-93.

    19. www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do
    ?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P7-TA-2012-0228+0+DOC+XML+V0//FR (voir
    notamment le paragraphe 6).

    20. Voir le communiqué de presse d'« Article 19 », du 12 novembre 2009
    ( www.article19.org ) et le communiqué de presse du rapporteur du 12
    novembre 2009 ( http://assembly.coe.int/ASP/Press/StopPressVoir.asp
    ?ID=2261 ).

    21. Voir « The spring that never blossomed, freedoms suppressed in
    Azerbaijan : www.amnesty.org/en/library/asset/EUR55/011/2011/en/831dedec-1c7a-47a3-99ec-f59d1c2f3a19/eur550112011en.pdf
    .

    22. Voir Fatullayev c. Azerbaijan , Requête n o 40984/07, arrêt du 22
    avril 2010.

    23. Voir, par exemple, les rapports sur les prisonniers politiques en
    Azerbaïdjan cités dans la partie 2 ci-dessus et les rapports de Mme
    Sabine Leutheusser-Schnarrenberger sur « Les circonstances entourant
    l'arrestation et l'inculpation de hauts dirigeants de loukos » ( Doc.
    10368 , 29 novembre 2004), « Les enquêtes sur les crimes qui auraient
    été commis par de hauts responsables sous le régime Koutchma en
    Ukraine - l'affaire Gongadze : un exemple emblématique » ( Doc. 11686
    , 11 juillet 2008), les « Allégations d'utilisation abusive du système
    de justice pénale, motivée par des considérations politiques, dans les
    Etats membres du Conseil de l'Europe » ( Doc. 11993 , 7 août 2009),
    ainsi que de Christos Pourgourides sur « L'équité des procédures
    judiciaires dans les affaires d'espionnage ou de divulgation de
    secrets d'Etat » ( Doc. 11031 , 25 septembre 2006) et « Le devoir des
    Etats membres de coopérer avec la Cour européenne des Droits de
    l'Homme » ( Doc. 11183 , 9 février 2007), de Dick Marty sur les «
    Recours juridiques en cas de violations des droits de l'homme dans la
    région du Caucase du Nord » ( Doc. 12276 , 4 juin 2010) et d'Erik
    Jurgens sur la « Restitution des dépôts en devises effectués dans les
    filiales de l'ancienne Ljubljanska Banka situées en dehors du
    territoire de la Slovénie, 1977-1991 » ( Doc. 10135 , 14 avril 2004).

    24. Pour une présentation complète de la question, voir Stefan
    Trechsel, « La notion de `prisonnier politique' telle que définie en
    vue d'identifier des prisonniers politiques en Arménie et en
    Azerbaïdjan », volume 14, Revue universelle des Droits de l'Homme
    (2002), p. 169-176 (version anglaise dans le volume 23, Human Rights
    Law Journal (2002), p. 293-300).

    25. Voir le document AS/Jur (2010) 28, et tout particulièrement son
    paragraphe 17.

    26. Le texte intégral de l'article 17 de la Convention est libellé
    comme suit : « Aucune des dispositions de la présente Convention ne
    peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou
    un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou
    d'accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés
    reconnus dans la présente Convention ou à des limitations plus amples
    de ces droits et libertés que celles prévues à ladite Convention ».

    27. Le rapport distinct que j'ai consacré Ã cette question donne une
    définition plus précise des prisonniers politiques ( Doc. 13011 ).

    28. Voir les arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme cités
    par Stefan Trechsel, op. cit ., note 24.

    29. Voir le précédent cité par Stefan Trechsel, op. cit ., note 24.
    Plus récemment, la Cour a jugé admissible la condamnation du
    responsable politique d'extrême droite Jean-Marie Le Pen pour ses
    propos xénophobes (voir la décision sur la recevabilité du 7 mai 2010
    dans l'affaire Le Pen c. France (Requête n o 18788/09) ; mais la Cour
    a également jugé admissible, au regard de la Convention, la
    condamnation des auteurs de propos critiques particulièrement
    virulents et diffamatoires adressés à M. Le Pen ( Lindon, Otchakovsky,
    July c. France , Requêtes n os 21279/02 et 36448/02, arrêt du 22
    octobre 2010 (Grande Chambre)).

    30. Ibid ., p. 299.

    31. Voir, par exemple, les arrêts rendus par la Cour européenne des
    droits de l'homme dans les affaires Orhan c. Turquie le 18 juin 2000
    (Requête n o 25656/94), paragraphe 266, TimurtaÅ? c. Turquie le 13 juin
    2002 (Requête n o 23531/94), paragraphes 66 et 70, et Khashiyev et
    Akayeva c. Russie le 24 février 2005 (Requêtes n os 57942/00 et
    57945/00), paragraphe 137.

    32. SG/Inf(2001)34 du 27 octobre 2001, Cas de prisonniers politiques
    présumés en Arménie et en Azerbaïdjan, I. Informations fournies par le
    Secrétaire Général, II. Rapport des experts indépendants, MM. Stefan
    Trechsel, Evert Alkema et Alexander Arabadjiev, paragraphe 10.

    33. Par sa Résolution 1900 (2012) , l'Assemblée a réaffirmé son
    adhésion à ces critères.

    34. Voir note 32 ci-dessus. Rapport des experts indépendants, paragraphe 11.

    35. Document CM/Del/Dec(2001)765bis, point 2.4, du 21 septembre 2001.

    36. SG/Inf(2004)21 du 13 juillet 2004, paragraphe 8.

    37. Voir, par exemple, la Résolution 1359 (2004) , fin du paragraphe 3
    : « L'Assemblée estime que les critères objectifs adoptés pour définir
    les `prisonniers politiques' en Arménie et en Azerbaïdjan sont valides
    » ; Résolution 1457 (2005), paragraphes 4 et 11.

    38. Lors des réunions de la commission du 24 juin 2010, du 8 mars
    2011, du 5 octobre 2011 et du 26 janvier 2012.

    39. Voir plus haut paragraphe 1.

    40. J'aimerais également remercier les organisations internationales
    non gouvernementales ARTICLE 19, Index on Censorship, Human Rights
    House Foundation et Human Rights Watch d'avoir financé très
    rapidement, avec le soutien de la Plate-forme de solidarité, le voyage
    d'études de M. Mammadli et de M. Gasimli.

    41. Voir plus haut point 2.4.

    42. Voir plus haut paragraphe 16.

    43. Voir plus haut les paragraphes 33 et 34.

    44. Voir le rapport de Christos Pourgourides (Chypre, PPE/DC) sur le
    devoir des Etats membres de coopérer avec la Cour européenne des
    droits de l'homme ( Doc. 11183 , 9 février 2007, paragraphes 77-83
    (qui renvoie à des affaires dans lesquelles la Cour européenne des
    droits de l'homme a statué)).

    45. La même terminologie a été utilisée par mon prédécesseur, le
    rapporteur Malcolm Bruce, dans son dernier rapport consacré au « Suivi
    de la Résolution 1359 (2004) sur les prisonniers politiques en
    Azerbaïdjan » ( Doc. 10564 du 31 mai 2005), qui a rencontré la même
    difficulté.

    46. Les noms des personnes mentionnées ont été orthographiés de façon
    différente par les autorités et les ONG, selon que leur transcription
    a été faite en anglais ou en allemand et depuis le russe ou l'azéri.
    J'ai utilisé les orthographes les plus répandues (en ajoutant entre
    parenthèses une autre orthographe, de manière à éviter toute méprise).

    47. Disponible sur www.youtube.com/watch
    ?feature=player_embedded&v=HMOmAQXUku0 .

    48. Hajili c. Azerbaïdjan , Requête n o 6984/06, arrêt du 10 janvier 2012.

    49. Human Rights House m'a transmis une note d'information écrite et
    détaillée sur cette affaire, ce qui me permettra de continuer à la
    suivre, y compris au cours des suites données au présent rapport.

    50. Voir le communiqué de presse de Reporters sans frontières du 9
    mars 2012 : « Azerbaïdjan : un journaliste en ligne condamné Ã un an
    et demi de prison » (
    http://fr.rsf.org/azerbaidjan-un-journaliste-en-ligne-condamne-a-09-03-2012,42046.html
    ).

    51. Voir les paragraphes 88-104 ci-dessous.

    52. Voir les paragraphes 124-138 ci-dessous.

    53. Voir Lord John Tomlinson (Royaume-Uni, SOC), « Les droits de
    l'homme et la lutte contre le terrorisme », Doc. 12712 du 16 septembre
    2011 ; Dick Marty (Suisse, ADLE), « Les recours abusifs au secret
    d'Etat et à la sécurité nationale : obstacles au contrôle
    parlementaire et judiciaire des violations des droits de l'homme »,
    Doc. 12714 du 7 septembre 2011 ; « Détentions secrètes et transferts
    illégaux de détenus impliquant des Etats membres du Conseil de
    l'Europe : second rapport », Doc. 11302 du 16 novembre 2011 ; et
    premier rapport, Doc. 10957 du 12 juin 2006.

    54. J'ai reçu début juin 2012 une autre liste de prisonniers
    politiques supposés appartenant à différents groupes musulmans ; je
    n'ai pu en tenir compte faute de temps pour procéder à des recherches
    approfondies.

    55. www.youtube.com/watch ?v=rXS8mMKhfZw (traduction en anglais
    disponible auprès du secrétariat).

    56. Voir plus haut paragraphe 72, le cas n o 21.

    57. Voir Reporters sans frontières, note 50.

    58. Requête n o 38091/11.

    59. Voir plus haut les paragraphes 88-104.

    60. Au cours du procès, la défense a demandé au ministère de la Sûreté
    nationale la mise à disposition des enregistrements vidéo et audio des
    conversations entre les membres supposés du groupe. Mais les agents du
    ministère ont déclaré que tous les enregistrements avaient été
    détruits dans un incendie qui s'était déclaré dans le btiment du
    ministère.

    61. Selon les avocats, MM. D. Aliyev et D. Karimov se connaissaient
    vaguement, tandis que M. Dadashbeyli, M. Idrisov et M. Mehbaliyev
    étaient collègues de travail dans une société pétrolière occidentale
    et participaient avec d'autres collègues à des activités caritatives
    en faveur des enfants.

    62. Lettre qui figurerait au dossier déposé devant la Cour européenne
    des droits de l'homme (Requête n o 11297/09).

    63. Requête n o 5317/11.

    64. Requête n o 1697/09.

    65. La liste actualisée (en azéri) est disponible sur http://hicab.org/ ?p=5560.

    66. Les liens suivants sont ceux de vidéos publiées sur Youtube, qui
    semblent confirmer cette affirmation : www.youtube.com/watch
    ?v=f4Xy9wZpgpc ; www.youtube.com/watch ?v=MaZ4Cee4IH0&feature=related
    ; www.youtube.com/watch ?v=73Xf8zTrsqo&feature=related.

    67. L'expert était M. Eldar Zeynalov, qui a déjà collaboré avec les
    experts indépendants du Conseil de l'Europe en 2001-2004 et qui a
    participé Ã l'audition organisée lors de la réunion de la commission
    du 26 janvier 2012.

    68. Voir Annexe 2, cas n o 14.

    69. Les avocats de Farhad et Rafiq Aliyev m'ont transmis une
    documentation complète sur ces mesures de réforme, ainsi que les
    déclarations faites par le ministre lors de ses visites aux Etats-Unis
    et dans d'autres pays occidentaux avant son arrestation.

    70. Le libellé précis, traduit en anglais, a été mis à la disposition
    du rapporteur par les avocats de M. Aliyev.

    71. Requête n o 37138/06, arrêt du 9 novembre 2010 (définitif).

    72. Les avocats de Farhad et Rafiq Aliyev ont également procédé Ã une
    analyse point par point au regard des critères définis par les experts
    indépendants ; faute de place, il m'est impossible de la présenter ici
    de façon aussi détaillée. Les avocats et les militants de défense des
    droits de l'homme qui n'agissent pas pour le compte des frères Aliyev
    ont confirmé cette appréciation et ont notamment observé que les
    peines, respectivement de dix et neuf ans d'emprisonnement pour
    infractions économiques et la confiscation de leurs avoirs étaient
    extraordinairement lourdes, y compris au regard des normes
    azerbaïdjanaises habituelles.

    73. Requête n o 45875/06, arrêt du 6 décembre 2011.

    74. Voir le Doc. 10564 du 31 mai 2005 de l'Assemblée (rapport de
    Malcolm Bruce sur les prisonniers politiques en Azerbaïdjan, Annexe
    2.A (« cas pilotes »).

    75. Le comité de soutien de Nemat Panahli, président du Parti national
    pour la création de l'Etat d'Azerbaïdjan, chef du Mouvement national
    de libération de l'Azerbaïdjan en 1988 (lettre du 28 février 2012
    adressée à Andres Herkel, président de la commission de suivi de
    l'Assemblée).

    76. La lettre précitée mentionne l'article 89, alinéas 1, 2, 4, et 5
    du Code d'exécution des peines dans les établissements pénitentiaires
    de la république d'Azerbaïdjan.

    77. Résolution 1545 (2007) , paragraphe 7.13.

    78. Doc. 11627 du 6 juin 2008, « Le fonctionnement des institutions
    démocratiques en Azerbaïdjan », paragraphe 137 et Annexe II.

    79. Requête n o 16133/08 (voir la décision partielle sur la
    recevabilité du 19 novembre 2009).

    80. SG/Inf(2004)21 (p. 38/Amiraslanov et 62/Kazymov), liste des
    716/132, 341 et 523, cas pilotes n o 5/Amiraslanov et 15/Kazymov ;
    Poladov : avis du 12 mai 2003, SG/Inf(2004)21 addendum partie I, p.
    213-218.

    81. Liste des 716/22 SG/Inf(2004)21 addendum partie II (p. 283-285),
    avis du 12 mai 2003.

    82. Liste des 716/350, SG/Inf(2004)21, Addendum partie II (p.
    377-382), avis du 11 décembre 2003.

    83. Liste des 716/475 SG/Inf(2004)21, Addendum partie II (p. 421-425),
    avis du 11 décembre 2003.

    84. Liste des 716/676 SG/Inf(2004)21, addendum partie II (p. 486-489),
    avis du 7 juillet 2004.

    85. Cas pilote n o 17, SG/Inf(2001)34, addendum 1, p. 67-69 ; motifs :
    extradition illégale de Russie, torture (traces visibles lors de la
    visite des experts en prison), intimidation de nombreux membres de la
    famille, y compris de sa vieille mère ; 30 coaccusés qui avaient avoué
    au cours de l'instruction se sont rétractés en affirmant avoir été
    torturés, mais le tribunal n'en a tenu aucun compte.

    86. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 352-355, avis du 15 juin 2004
    (liste des 716/283).

    87. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 356-361, avis du 15 juin 2004
    (liste des 716/298).

    88. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 366-368, avis du 12 mai 2003
    (liste des 716/331).

    89. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 383-389, avis du 7 juillet 2004
    (liste des 716/358).

    90. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 418-420, avis du 12 mai 2003
    (liste des 716/474).

    91. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 426-428, avis du 12 mai 2003
    (liste des 716/476).

    92. Mouvement civique et politique en activité entre 1989 et 1995, qui
    bénéficiait d'un solide soutien de la population ; Ã ne pas confondre
    avec le « Front populaire d'Azerbaïdjan » (AXCP), parti d'opposition
    créé en 1995.

    93. Doc. 10564 , paragraphe 70.

    94. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 398-401, avis du 11 décembre 2003
    (liste des 716/386).

    95. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 438-441, avis du 11 décembre 2003
    (liste des 716/550).

    96. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 466-469 (liste des 716/649).

    97. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 306-310 (liste des 716/105).

    98. SG/Inf(2004)21, addendum II, p. 458-462 (liste des 716/625).

    99. Doc. 10564 du 31 mai 2005, Annexe III.

    100. Arrêt du 8 octobre 2009 (Requête n o 38228/05).

    101. Arrêt du 11 octobre 2011 (Requête n o 38073/06).

    102. L'avocat Elchin Namazov, qui défendait les participants de la
    manifestation du 2 avril 2011 (voir plus haut les paragraphes 41 et
    suivants) aurait été menacé par le chef de la police de Ganja d'être
    accusé de détention de drogue et d'être radié de l'ordre des avocats
    s'il défendait les jeunes militants Azar Jabiyev et Fakhri Ilyasov
    (voir plus haut respectivement les paragraphes 133 et 93) ; le
    btonnier de l'ordre l'a menacé de radiation de l'ordre des avocats
    s'il défendait Bakthtiar Hajiev (voir annexe 2, n o 10) ; les agents
    du ministère de la Sûreté nationale l'ont menacé de radiation (sic !)
    s'il défendait le journaliste Ramin Bayramov (voir plus haut les
    paragraphes 73-75). L'avocat Khalid Bagirov, qui avait assuré la
    défense de Vidadi Iskandarov (voir plus haut les paragraphes 61 et
    suivants) et d'Elnur Mecidli (voir annexe 2, n o 17) aurait déjà été
    suspendu du barreau. L'avocat Elchin Sadigov, spécialisé dans la
    protection des droits des médias, qui avait défendu notamment Eynulla
    Fatullayev, a été accusé d'avoir accepté d'être payé par des
    ambassadeurs étrangers et des députés gagnés à l'opposition pour faire
    de la propagande contre le gouvernement. Les avocats Intigam Aliyev et
    Yalchin Imanov auraient également subi régulièrement des pressions et
    les autorités les empêchent fréquemment de rencontrer leurs clients et
    d'exercer leurs obligations professionnelles.

    103. Voir plus haut le cas de Neymat Panahov, paragraphes 149 et suivants.

    104. Les noms en majuscules désignent les personnes auxquelles la
    qualité de prisonnier politique présumé a été reconnue ; les noms en
    italique désignent les détenus qui figurent sur la « liste
    d'observation » des personnes placées en détention provisoire

    105. Le texte de cette lettre inouïe est disponible en azéri et en
    anglais sur http://news.az/articles/society/56578 .

    vendredi 28 décembre 2012,
    Stéphane ©armenews.com


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