Ouest-France
lundi 27 mai 2013
Salon du livre : le dernier des Manouchian très sollicité
« Les enfants, vous pourrez dire que vous avez vu l'un plus vieux
anciens combattants de France. » À 97 ans, Arsène Tchakarian, le
dernier des survivants des commandos de l'Affiche rouge, aura marqué
cette 5e édition du salon du livre. Pas facile d'interviewer quelqu'un
qui a risqué sa vie plus d'une centaine de fois dans l'« armée des
ombres ». C'est lui qui pose les questions : « Qu'est-ce que vous
savez de l'Affiche rouge ? Qui étaient ces gens ? Vous le savez ? Moi,
pas. Car on ne se connaissait pas. On ne se disait même pas nos noms,
nos prénoms. On pouvait être arménien, polonais, espagnol, hongrois,
catholiques ou juifs, on ne posait jamais de questions car c'était
interdit. Mais tous étaient instruits et courageux. »
Dans l'ombre de Missak Manouchian.C'est pour tous ces anonymes des
commandos de l'Affiche rouge qu'Arsène Tchakarian a pris son bton de
pèlerin : « Manouchian avait été mis à la tête mais ce n'est pas lui
qui nous commandait. C'est Michel, de son vrai nom Marcel Rajman, qui
nous a commandés dès le départ en 1943. Il avait 19 ans et a été
fusillé à 20 ans. On ne parle jamais de ces gars-là. Comme on ne dit
pas que 30 % étaient juifs. Oui, je suis Arménien, comme Manouchian,
mais c'est d'abord de mes camarades juifs dont je veux parler. Je
sais, ce que je dis, ça déplaît ».
Sauvé par un commissaire de police. Comment Arsène Tchakarian a-t-il
échappé à l'arrestation ? « Grce au père d'un ami, blessé en 1940 et
que j'avais aidé. Au moment de l'arrestation du commando, j'ai été
prévenu que les Allemands m'attendaient chez moi. Je suis allé voir
cet ami et son père m'a caché dans un endroit à Paris ». Des amis que
n'avaient pas les résistants juifs : « C'est pour ça que la majorité
des fusillés sont des juifs. »
Un dossier de légion d'honneur resté enfoui. Comment la France
l'a-t-elle remercié ? « Je n'attendais rien. Si, je suis officier de
l'armée française ». Et la légion d'honneur ? « J'ai fait le dossier
il y a trente ans. Il est resté dans les tiroirs d'un ministère. » Il
lui faudra attendre début 2012 pour être fait officier de la légion
d'honneur.
Que lui reste-t-il du groupe Manouchian aujourd'hui« La fraternité
»,répond Arsène Tchakarian. En interrogeant :« Où est cette fraternité
maintenant ?»
lundi 27 mai 2013
Salon du livre : le dernier des Manouchian très sollicité
« Les enfants, vous pourrez dire que vous avez vu l'un plus vieux
anciens combattants de France. » À 97 ans, Arsène Tchakarian, le
dernier des survivants des commandos de l'Affiche rouge, aura marqué
cette 5e édition du salon du livre. Pas facile d'interviewer quelqu'un
qui a risqué sa vie plus d'une centaine de fois dans l'« armée des
ombres ». C'est lui qui pose les questions : « Qu'est-ce que vous
savez de l'Affiche rouge ? Qui étaient ces gens ? Vous le savez ? Moi,
pas. Car on ne se connaissait pas. On ne se disait même pas nos noms,
nos prénoms. On pouvait être arménien, polonais, espagnol, hongrois,
catholiques ou juifs, on ne posait jamais de questions car c'était
interdit. Mais tous étaient instruits et courageux. »
Dans l'ombre de Missak Manouchian.C'est pour tous ces anonymes des
commandos de l'Affiche rouge qu'Arsène Tchakarian a pris son bton de
pèlerin : « Manouchian avait été mis à la tête mais ce n'est pas lui
qui nous commandait. C'est Michel, de son vrai nom Marcel Rajman, qui
nous a commandés dès le départ en 1943. Il avait 19 ans et a été
fusillé à 20 ans. On ne parle jamais de ces gars-là. Comme on ne dit
pas que 30 % étaient juifs. Oui, je suis Arménien, comme Manouchian,
mais c'est d'abord de mes camarades juifs dont je veux parler. Je
sais, ce que je dis, ça déplaît ».
Sauvé par un commissaire de police. Comment Arsène Tchakarian a-t-il
échappé à l'arrestation ? « Grce au père d'un ami, blessé en 1940 et
que j'avais aidé. Au moment de l'arrestation du commando, j'ai été
prévenu que les Allemands m'attendaient chez moi. Je suis allé voir
cet ami et son père m'a caché dans un endroit à Paris ». Des amis que
n'avaient pas les résistants juifs : « C'est pour ça que la majorité
des fusillés sont des juifs. »
Un dossier de légion d'honneur resté enfoui. Comment la France
l'a-t-elle remercié ? « Je n'attendais rien. Si, je suis officier de
l'armée française ». Et la légion d'honneur ? « J'ai fait le dossier
il y a trente ans. Il est resté dans les tiroirs d'un ministère. » Il
lui faudra attendre début 2012 pour être fait officier de la légion
d'honneur.
Que lui reste-t-il du groupe Manouchian aujourd'hui« La fraternité
»,répond Arsène Tchakarian. En interrogeant :« Où est cette fraternité
maintenant ?»