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Le duel des drones sur la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan

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  • Le duel des drones sur la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan

    HAUT-KARABAGH
    Le duel des drones sur la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
    pourrait conduire à la guerre


    EREVAN, Arménie - Dans une région où se maintient une paix fragile qui
    repose sur trois conflits gelés, les pays du Sud-Caucase bourdonnent
    du bruit des drones qu'ils font voler pour tester les défenses les uns
    des autres et pour s'espionner au-dessus des territoires disputés.

    La région accueille également un réseau stratégique d'oléoducs et
    gazoducs et un système compliqué d'alliances et de ressources
    précieuses dont les observateurs disent qu'ils risquent de provoquer
    une vive aggravation des échauffourées de frontière et les violations
    d'espaces aériens en un conflit plus large amorcé par l'Arménie et
    l'Azerbaïdjan et qui pourrait potentiellement entraîner Israël, la
    Russie et l'Iran.

    Dans une certaine mesure, ces pays sont déjà en conflit. En septembre
    dernier, l'Arménie avait abattu un drone azerbaïdjanais fabriqué en
    Israël au-dessus du Haut-Karabagh et le gouvernement soutient que des
    drones ont été détectés avant de récentes incursions de troupes
    d'Azerbaïdjan dans les territoires tenus par les Arméniens.

    Richard Guiragossian, directeur du Centre d' Etudes Régionales
    d'Erevan, disait dans une réunion d'information que les attaques de
    cet été ont montré que l'Azerbaïdjan est pressé de ` se servir de ses
    nouveaux jouets ` et ses forces ont montré ` une impressionnante
    amélioration tactique et opérationnelle `.

    L'International Crisis Group a prévenu que les incidents du genre
    prêté pour un rendu, deviennent plus dangereux, ` Il y a de plus en
    plus de risques que la tension sur la ligne de front provoque une
    guerre accidentelle `.

    Sachant cela, l'ONU et l'Organisation pour la Sécurité et la
    Coopération en Europe (OSCE) ont depuis longtemps imposé un embargo
    non-contraignant sur les livraisons d'armes aux deux pays, et les deux
    pays sont soumis de facto à une interdiction de livraison d'armes par
    les Etats-Unis. Mais selon l'Institut International de Recherche sur
    la Paix de Stockholm (SIPRI), cela n'en a pas empêché Israël et la
    Russie de leur en vendre.

    Après avoir engagé cette guerre sanglante du début des années 1990 sur
    le territoire disputé du Haut-Karabagh, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se
    sont retrouvés dans l'impasse politique d'un cessez-le-feu souvent
    violé maintenant entre eux une paix fragile.

    Et les drones ne sont que la dernière nouveauté sur le champ de
    bataille. En mars, l'Azerbaïdjan a signé avec Israël un contrat
    d'armement de 1,6 million de dollars, largement basé sur la fourniture
    de drones de la dernière génération et d'un système de défense
    aérienne. A travers ce contrat et d'autres, l'Azerbaïdjan Accumule une
    escadre de plus de 100 drones tous issus des trois sociétés de premier
    ordre productrices d'armement d'Israël.

    L'Arménie, pour sa part, n'emploie qu'un faible nombre de drones
    qu'elle même produits localement.

    L'acquisition d'informations n'est qu'une application des drones, qui
    sont utilisés également pour localiser les cibles pour l'artillerie,
    et, quand ils sont armés, frapper les cibles eux-mêmes.

    Les forces arméniennes et azerbaïdjanaises échangent régulièrement des
    tirs de snippers le long de la ligne de front, et se blment
    systématiquement l'une et l'autre d'avoir violé le cessez-le-feu. Au
    moins soixante personnes ont été tuées au cours des violations du
    cessez-le-feu au cours des deux dernières années et l'International
    Crisis Group basé à Bruxelles soutient dans un rapport publié en
    février 2011 que la violence sporadique a coûté des centaines de vies.

    ` Chacun (Arménie et Azerbaïdjan) use apparemment des incidents et de
    la menace d'une nouvelle guerre pour faire pression sur son adversaire
    au cours des négociations, chacun se préparant en même temps à
    l'éventualité d'un conflit déclaré en cas d'une rupture complète des
    pourparlers de paix `, lit-on dans le rapport.

    Alexander Iskandaryan, directeur de l'Institut Caucasien d'Erevan, la
    capitale arménienne, dit que l'accumulation d'armes de part et d'autre
    rend la situation plus dangereuse mais dit aussi que les incidents
    sont des actes calculés, le nombre de tués devenant une tactique de
    négociation.

    ` Ce n'est ici ni l'Afghanistan, ni la Somalie. Il ne s'agit pas
    là-bas de pays indépendants. Les forces armées arméniennes,
    azerbaïdjanaises et du Karabagh ont une chaîne de commandement rigide
    et il n'est pas question par conséquent qu'un sergent ou un lieutenant
    donne l'ordre d'ouvrir le feu au hasard. Ce sont des attaques
    politiques absolument synchronisées, ` nous dit Iskandaryan.

    ` La plus récente montée de violence sanglante sur la frontière entre
    l'Arménie et l'Azerbaïdjan et la ligne de contact autour du Karabagh
    s'est produite au début du mois de juin, quand la Secrétaire d'Etat
    Hillary Clinton visitait la région. Même si le nombre de tués varie
    [selon les sources], deux douzaines au moins de soldats ont été tués
    ou blessés dans une série de fusillades le long du front.

    L'an passé, au moins quatre soldats arméniens ont été tués au cours
    d'une incursion déclarée de troupes azerbaïdjanaise, dans la journée
    qui a suivi un sommet entre les présidents arménien, azerbaïdjanais et
    russe à Saint-Pétersbourg, en Russie.

    ` Personne n'a dormi pendant deux ou trois jours [lors des accrochages
    de juin] ` a dit Grush Aghayan, le maire du village frontalier de
    Voskepar depuis les trois dernières décennies, une interruption de 7
    années mise à part. ` Tout le monde sait que cela pourrait commencer à
    n'importe quel moment `.

    L'Azerbaïdjan a refusé son accréditation au correspondant de
    GlobalPost pour entrer dans le pays pour y faire un reportage sur les
    tirs et sur la modernisation militaire de l'Azerbaïdjan.

    Très en fonds avec le revenu des exportations d'énergie, l'Azerbaïdjan
    a augmenté le budget annuel de la défense de 160 millions de dollars
    estimés en 2003 à 3,6 milliards de dollars en 2012. Selon un rapport
    de SIPRI, c'est largement sous l'effet de son contrat pharamineux
    d'équipement en drones avec Israël que le budget de la défense a
    augmenté de 88 pourcent cette année - l'augmentation des dépenses
    militaires la plus élevée au monde.

    Israël a depuis longtemps utilisé les contrats d'armement pour obtenir
    des leviers stratégiques contre ses rivaux dans la région. Bien qu'il
    soit difficile de le confirmer, beaucoup d'analystes stratégiques
    croient que les contrats avec la Russie ont lourdement joué dans la
    décision de Moscou de suspendre une série de contrats avec l'Iran et
    la Syrie, contrats qui leur auraient procuré des systèmes de défense
    plus efficaces et des avions de combat.

    Stephen Blank, un professeur chercheur au United-States Army War
    College (Ecole de Guerre de l'Armée des Etats-Unis], a déclaré
    qu'empêcher la fourniture d'armes à la Syrie et à l'Iran - en
    particulier le système de défense antiaérienne S-300 russe - a été
    parmi les objectifs majeurs dans ses accords.

    ` Il y a toujours quiproquo `, a dit Blank. ` Personne ne vend jamais
    des armes seulement pour l'argent `.

    En Azerbaïdjan en particulier, Israël a négocié sa technologie très
    demandée relative aux drones contre des arrangements sur le
    renseignement sur l'Iran et sur ses positions camouflées. En janvier
    2009, dans un cble diplomatique rendu public par WikiLeaks, un
    diplomate des USA déclarait que dans une conversation à huis clos, le
    Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a comparé ses relations avec
    Israël à un iceberg - les neuf dixièmes au-dessous de la surface.

    Bien que l'Etat juif et l'Azerbaïdjan, un pays musulman conservateur,
    peuvent ressembler à un couple mal assorti, le télégramme affirme, `
    chaque pays trouve que les difficultés géopolitiques de l'autre pays
    sont faciles à identifier, et les deux considèrent l'Iran comme une
    menace existentielle sur leur sécurité `. Les querelles entre
    l'Azerbaïdjan et l'Iran couvrent la gamme des disputes territoriales,
    religieuses et géopolitiques et Téhéran a menacé à plusieurs reprises
    de ` détruire ` le pays pour son soutien à la gouvernance séculière et
    son intégration à l'Otan.

    A la fin, ` l'objectif principal d'Israël est de préserver
    l'Azerbaïdjan en tant qu'allié contre l'Iran, en tant que plateforme
    pour la reconnaissance [pour les vols de reconnaissance] de ce pays,
    et en tant que marché pour le matériel militaire ; ` lit-on dans le
    télégramme diplomatique.

    Cependant, tandis que ces mensonges sont évidemment restés immergés
    pendant la plus grande parie de la décennie écoulée, une série de
    fuites a révélé cette année l'étendue de leur coopération et Israël
    est monté d'un cran dans la guerre non-déclarée contre la République
    Islamique.

    En février, le Times de Londres a cité une source qui, selon le
    quotidien, est un agent du Mossad en activité en Azerbaïdjan, et qui
    disait que ce pays en était au degré zéro du travail de renseignement.
    Cela s'est produit au milieu d'accusations venues de Téhéran selon
    lesquelles l'Azerbaïdjan aurait aidé les agents d'Israël à assassiner
    un scientifique nucléaire iranien en janvier. Ensuite, au même moment
    où Bakou parvenait à atténuer les tensions avec la République
    Islamique, le magazine Foreign Policy publiait un article citant des
    fonctionnaires du renseignement de Washington qui soutenaient
    qu'Israël avait signé des accords pour utiliser les terrains
    d'aviation azerbaïdjanais dans le cadre d'un éventuel programme de
    bombardement des sites nucléaires d'Iran.

    Bakou a vigoureusement infirmé ces déclarations, mais en septembre,
    les officiels azerbaïdjanais et des sources militaires ont dit à
    Reuters que le pays figurerait dans les contingences d'Israël pour une
    éventuelle attaque contre l'Iran.

    ` Un des problèmes d'Israël est que s'il bombarde l'Iran et ses sites
    nucléaires, il est incapable de ravitailler ses appareils `, a dit
    Rasim Musabayov, un membre de la commission parlementaire
    azerbaïdjanaise des affaires étrangères à Reuters. ` Je pense que leur
    plan comporte un certain recours à l'autorisation d'accéder en
    Azerbaïdjan. Nous avons (des bases) totalement équipées pour la
    navigation moderne, les défenses antiaériennes et du personnel formé
    par les Etats-Unis et si c'est nécessaire, on peut les utiliser sans
    aucune préparation `.

    Il a continué en disant que les drones qu'Israël a vendu à
    l'Azerbaïdjan permettent de ` regarder indirectement ce qui se passe
    en Iran `.

    Selon le SIPRI, l'Azerbaïdjan a acquis 30 drones fournis par les
    firmes d'Israël Aeronautics Ltd et Elbit Systems vers la fin de 2011,
    dont au moins 25 drones Hermes-450 et Aerostar de taille moyenne

    En octobre 2011, l'Azerbaïdjan a signé un accord de licence et produit
    elle-même 60 drones Aerostar et Orbiter 2M. Ses achats les plus
    récents à Israël Aeronautics Industries (IAI), en mars, porteraient
    sur 10 drones de haute altitude Heron-TP - le drone le plus avancé
    d'Israël en service - d'après Oxford Analytica.

    Dans l'ensemble, ces achats ont apporté à l'Azerbaïdjan au moins 50
    drones similaires en classe, taille et capacité à l'American Predator
    et au drone du type Reaper, qui constituent le gros des moyens des
    campagnes des frappes des USA au Pakistan et au Yémen.

    Il se peut qu'Israël ait vendu des drones à l'Azerbaïdjan en pensant à
    l'Iran, mais Bakou a dit ouvertement qu'il a l'intention d'employer
    son nouveau matériel pour reprendre le territoire qu'il a perdu au
    profit de l'Arménie. Jusqu'ici, la flotte des drones d'Azerbaïdjan
    n'est pas armée, mais les experts de l'industrie disent que les
    modèles qu'il emploie peuvent porter des munitions et être programmés
    pour frapper des cibles.

    Les drones sont à l'usage des conflits gelés des outils tentants,
    parce qu'alors que leur présence fait monter les tensions, les lois
    internationales sont au mieux vagues sur la légalité de leur emploi.
    En 2008, plusieurs drones géorgiens avaient été abattus au-dessus de
    la région rebelle d'Abkhazie. Une enquête des Nations-Unies a conclu
    qu'au moins l'un d'entre eux avait été abattu par un avion de chasse
    de la Russie qui avait une mission de maintien de la paix sur le
    territoire. Tandis qu'il a été retenu que la Russie avait violé les
    termes du cessez-le-feu en envoyant un avion dans la zone de conflit,
    la Géorgie avait elle aussi été critiquée pour avoir violé le
    cessez-le-feu par l'envoi d'un drone sur une zone d' ` opération
    militaire ` du conflit.

    L'incident avait rapidement élevé la tension entre la Russie et la
    Géorgie, chacun y voyant une preuve que l'autre préparait une attaque.
    Trois mois plus tard, ils se sont combattus dans une guerre brève mais
    destructrice qui fit des centaines de morts.

    La légalité des drones au-dessus du Haut-Karabagh est même encore
    moins claire parce que le conflit a été arrêté en 1994 par un simple
    cessez-le-feu qui a mis fin aux hostilités sans stipuler aucun retrait
    des forces de la région. En outre, les analystes pensent qu'une guerre
    en règle entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan serait plus longue et
    difficile à contenir que le conflit des cinq jours entre la Russie et
    la Géorgie.

    Tandis que la Russie avait été capable de mettre rapidement en déroute
    l'armée géorgienne avec des forces très supérieures, les analystes
    disent que l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont beaucoup plus équilibrés et
    le conflit pourrait par conséquent être prolongé et coûteux en vies
    humaines et en ressources.

    Blank a dit qu'un nouveau recours à la guerre serait ` un événement
    très catastrophique ` et mènerait tout droit à une rapide escalade au
    niveau international. ' L'Arménie est une alliée militaire de la
    Russie et accueille sur son sol une base de 5 000 militaires russes.
    Après les incidents de frontière de cet été la Russie a annoncé
    l'augmentation de ses patrouilles dans l'espace aérien arménien de 20
    pourcent.

    L'Iran soutient également l'Arménie et entretien avec ce pays des
    liens d'affaires importants, que Téhéran utilise comme ` mandataire `
    selon les analystes pour contourner les sanctions internationales.

    Blank a dit qu'Israël a fait un geste risqué en fournissant des drones
    et d'autres équipements de haute technologie à l'Azerbaïdjan, étant
    donnée le fragile équilibre des forces entre les positions arméniennes
    lourdement fortifiées et les forces plus nombreuses et
    technologiquement supérieures de l'Azerbaïdjan. ` Si elle se rallume
    `, a-t-il dit, ` [une guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan] ne sera
    pas petite. Si je suis sûr de quelque chose, c'est bien de cela `.

    Nicolas Clayton


    Global News


    23 octobre 2012

    http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/europe/121022/drone-violence-along-armenian-azerbaijani-border-could-lead-war

    Traduction et commentaire de Gilbert Béguian

    Il se dégage de l'article du journaliste américain, vis-à-vis du
    conflit du Karabagh, un souci d'équilibre et d'objectivité sur les
    responsabilités et c'est déjà une retombée positive pour la position
    des Arméniens. A la lecture de ce texte, c'est la véritable boulimie
    de Bakou pour les armes qui est mise en évidence. A l'inverse, la
    position arménienne apparaît comme mesurée et avisée. Nicholas Clayton
    recueille en direct la position d'élus arméniens, mais il doit
    recourir, et pour cause, à des citations pour décrire la position de
    Bakou : son accréditation pour enquêter sur le territoire azéri a été
    refusée au journaliste.
    On trouve dans l'article les causes et les objectifs des tirs de
    snipers qui tuent nos jeunes sur la ligne de front. Les seules données
    statistiques sont basées sur des informations de première main
    arméniennes. La politique régionale d'Israël est clairement décrite,
    et pour le coup, ses ambiguïtés et ses dangers sont mis en évidence.
    Les drones fournis à Bakou (mais au prix fort ! ) pour espionner
    l'Iran mais employés sur le front arménien sonnent faux dans les
    rapports entre Israël et Azerbaïdjan. Les limites de ` ce couple mal
    assorti ` sont exposées en détail. Du fait de la duplicité de Bakou,
    c'est cette affaire de drones qui crée un lien entre le conflit gelé
    du Karabagh et l'éventuelle guerre entre Israël et l'Iran. Au total,
    même si la reprise de la guerre au Karabagh paraît encore moins
    raisonnable, les drones de Bakou induisent une cause supplémentaire
    d'incidents aux frontières. A part la survenance d'un événement qui
    changerait la politique azérie, la guerre reste malheureusement une
    probabilité.

    samedi 27 octobre 2012,
    Ara ©armenews.com



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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