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    * Manifestation arménienne vendredi à Bruxelles contre une adhésion turque
    * Génocide/Arménie: l'UDF demande à Jacques Chirac une clarification
    * Chirac: la reconnaissance du génocide arménien, "c'est la loi"
    * Villiers: "nous sommes tous des Arméniens de France"
    * Chirac sur TF1: satisfaction des défenseurs de la cause arménienne
    * Arméniens et Grecs d'Uruguay manifestent contre négociations Turquie/UE
    * "Merci, Monsieur": la presse turque salue les propos de Chirac
    * Pas de consensus sur l'adhésion turque au sommet européen virtuel d'Istanbul (MAGAZINE)
    * Robert Badinter (PS) accuse Jacques Chirac de "capitulation"
    * Barroso contre une solution "à mi-chemin" de l'adhésion pour la Turquie
    * Chirac says 'oui, si' to Turkey's EU entry
    * Barroso: Turkey needs to make EU 'gesture'
    * Génocide arménien : Chirac met en garde Ankara si pas de travail de mémoire
    * Une association arménienne dénonce la "capitulation" de l'UE face à la Turquie
    * Devedjian "très heureux" des déclarations de Chirac sur le génocide arménien
    * 200 manifestants à Erevan contre l'adhésion de la Turquie à l'UE
    * Des milliers d'Arméniens à Bruxelles contre une adhésion turque à l'UE
    * Organisations arméniennes : "preuve que les conditions ne sont pas réunies"
    * L'intervention du Président; Evènement 2. Union Européenne
    * A droite, la base turcophobe fait feu de tout bois.;
    * Chirac fait passer la pilule turque; Evènement 2. Union Européenne
    * Des Turcs euro-enthousiastes mais amers; Evènement 2. Union Européenne
    * Candidature d'Ankara : Jacques Chirac promet aux Français qu'ils « auront le dernier mot »
    * La Turquie en tout cas
    * Jean-Arnold de Clermont : « La loi de 1905 n'est pas taboue »; PROTESTANTS
    * Nicolas Sarkozy : « Il va falloir que j'apaise les choses »;
    * Incompréhension chez les Turcs de France;
    * Comment le chef de l'Etat a dû consentir des infléchissements;
    * Turquie : le « oui, si » de Jacques Chirac;
    * Le message de fermeté du Parlement européen;
    * Entretien - Europe; Levent Yilmaz: Un Turc éclairé
    * La bataille de Turquie
    * Questions à Pierre Alduy;
    * La Turquie vient d'officialiser sa politique négationniste sur le génocide arménien;
    * Les eurodéputés donnent un signal clair en acceptant l'ouverture de négociations avec la Turquie;
    * « Circonlocutions autour du mot génocide »
    * Union européenne. L'Europe est prête à entrouvrir sa porte à la Turquie.
    * La Nouvelle République du Centre Ouest
    * UE-ARMENIOS: PROTESTA CONTRA ADHESION DE TURQUIA
    * Aunque las negociaciones concluyeran con exito ...
    * Los lideres europeos debaten la fecha para abrir negociaciones con Turquia
    * (PROG)UE-TURQUIA: COMENZO CUMBRE QUE TRATARA ADHESION ANKARA
    * UE: TURCHIA, CENTINAIA ARMENI MANIFESTANO A BRUXELLES ; CHIEDONO RICONOSCIMENTO GENOCIDIO CONDIZIONE PER AVVIO NEGOZIATI
    * Borghezio: «Dico tre volte no ad Ankara»
    * Gli armeni: «Riconoscano l’olocausto del nostro popolo»
    * Chirac preme per il si' ad Ankara
    * VERTICE A BRUXELLES: Oltre che di Ankara si discuterà anche dell’ingresso di Croazia, Romania e Bulgaria
    * Il politologo Alexandre Del Valle mette in guardia Bruxelles: ad Ankara comandano gli islamici radicali
    * Josè Barroso, sul patto di stabilità ascolteremo Berlusconi con attenzione;

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    Manifestation arménienne vendredi à Bruxelles contre une adhésion turque

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    BRUXELLES 14 déc -- Des milliers de représentants de la communauté
    arménienne de l'Union Européenne sont attendus à Bruxelles vendredi
    pour manifester contre une entrée de la Turquie dans l'Union
    européenne, ont annoncé mercredi les organisateurs du rassemblement.

    Cette manifestation se déroulera en marge du sommet au cours duquel
    les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE doivent décider d'ouvrir
    les négociations en vue de l'intégration d'Ankara.

    "Toutes les organisations arméniennes sont unanimes : la Turquie, au
    stade actuel de son évolution, ne peut pas être membre de l'Union
    européenne", a déclaré Hilda Tchoboian, présidente de la Fédération
    euro-arménienne pour la justice et la démocratie qui regroupe près de
    200 organisations en Europe.

    La communauté arménienne n'est pas contre le principe de l'adhésion,
    mais "pas dans les conditions actuelles, pas avec une Turquie qui est
    capable d'imposer ses vues à l'Union européenne", a-t-elle ajouté.

    Elle a estimé, pour le déplorer, que c'était "la Turquie qui a imposé
    ses vues" aux Européens et non l'inverse dans les discussions qui ont
    eu lieu jusqu'à maintenant, depuis l'accord d'association signé en
    1963 à Ankara.

    L'UE n'a pas imposé à la Turquie "la reconnaissance du génocide
    arménien ni la reconnaissance de la République de Chypre", a-t-elle
    souligné.

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'Empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l'Arménie, et entre
    250.000 et 500.000, selon la Turquie.

    Selon Mme Tchoboian, il y a aujourd'hui environ 1 million de
    personnes d'origine arménienne dans l'UE à 27 (avec la Roumanie et la
    Bulgarie), dont plus de 400.000 en France.

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    Génocide/Arménie: l'UDF demande à Jacques Chirac une clarification

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004 -- L'UDF a demandé mercredi au président Jacques
    Chirac "de clarifier la position de la France à propos du génocide
    arménien", estimant que le mot "génocide" devait être "prononcé".

    Par la voix du député de la Loire François Rochebloine, l'UDF a fait
    part de sa "stupéfaction" après que le ministre des Affaires
    étrangères, Michel Barnier, a affirmé ne pas avoir employé lui-même,
    mardi à l'Assemblée, le mot "génocide" arménien, et n'avoir fait que
    reprendre l'expression du président UDF François Bayrou qui
    l'interrogeait.

    Dans un communiqué, M. Rochebloine a observé que "le 18 janvier 2001,
    dans le cadre d'une niche parlementaire UDF, l'Assemblée nationale
    avait adopté à l'unanimité la reconnaissance du génocide arménien".
    "Cette loi, a-t-il poursuivi, a été promulguée le 20 janvier 2001 par
    le président de la République".

    Pour l'UDF, "la loi promulguée doit être appliquée, y compris par le
    ministre des Affaires étrangères et le mot génocide doit être
    prononcé".

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    Chirac: la reconnaissance du génocide arménien, "c'est la loi"

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004

    Le président Jacques Chirac a affirmé mercredi sur TF1 que la
    reconnaissance du génocide arménien, "c'est la loi" en France et a
    demandé à la Turquie de faire "un effort de mémoire".

    "Nous sommes en France un pays de droit.

    Il y a une loi qui a été votée, d'ailleurs presqu'à l'unanimité aussi
    bien du Sénat que de l'Assemblée nationale, qui parle de génocide.
    Par conséquent, c'est la loi", a affirmé le chef de l'Etat dans une
    interview télévisée.

    Sans en faire explicitement une condition d'adhésion de la Turquie à
    l'UE, Jacques Chirac a insisté sur "les efforts de réconciliation et
    de paix" qui ont "jalonné" l'histoire européenne et se sont traduits
    partout "par un effort de mémoire important". "Cet effort doit être
    fait, bien entendu, par la Turquie et je suis sûr qu'elle le fera",
    a-t-il dit.

    Le président de la République a souligné l'importance de la
    communauté arménienne en France qui est "totalement intégrée" et dont
    "le drame" qu'elle a vécu "doit être respecté".

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    Villiers: "nous sommes tous des Arméniens de France"

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004 -- Le président du Mouvement pour la France (MPF)
    Philippe de Villiers a déclaré mercredi que "nous sommes tous des
    Arméniens de France" lors d'un meeting organisé à Paris contre l'entrée
    de la Turquie en Europe.

    "Nous sommes tous des Arméniens, il y a en France une loi précise qui
    punit le négationisme, une loi juste, mais en Turquie il y a une loi
    qui protège le négationisme", a-t-il déclaré en référence au refus de
    la Turquie de reconnaître le génocide des Arméniens au début du XXème
    siècle.

    Ironisant sur les explications du ministre des Affaires Etrangères
    Michel Barnier qui a déclaré qu'il n'avait pas véritablement prononcé
    le terme de "génocide" mais celui de "tragédie", M. de Villiers a
    déclaré: "on s'est couché devant la Turquie, honte à la France de
    faire des choses pareilles, moi je demande la démission de ce M.
    Barnier".

    Philippe de Villiers, qui s'exprimait devant près de 700 personnes -
    un millier selon les organisateurs-, avec une partie de l'assistance
    debout faute de place, a également attaqué Jacques Chirac, qui
    s'exprimait sur TF1 au même moment, sur la question turque.

    "D'ou vient ce tropisme oriental ? Il a troqué la tête de veau contre
    la tête de turc", a-t-il déclaré. "S'il ne brandit pas le veto, c'est
    nous qui allons le brandir au premier référendum qui passe", a-t-il
    ajouté. "Le joker c'est le référendum", a-t-il précisé.

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    Chirac sur TF1: satisfaction des défenseurs de la cause arménienne

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi

    PARIS 15 déc 2004 -- Le Comité de défense de la cause arménienne
    (CDCA) a fait état de sa "satisfaction" après les déclarations faites
    mercredi sur TF1 par le président Jacques Chirac.

    "Nous notons avec satisfaction l'évolution du président" qui,
    interrogé il y a quelques mois sur le génocide arménien "avait
    déclaré qu'il s'agissait d'un problème bilatéral entre l'Arménie et
    la Turquie", a indiqué dans un communiqué Harout Mardirossian,
    président du CDCA.

    Selon lui, "il y a aujourd'hui un véritable engagement à faire en
    sorte que la Turquie respecte toutes les conditions de son adhésion,
    particulièrement s'agissant du génocide arménien".

    Pour Mourad Papazian, président de la FRA Dachaktsoutioun (parti
    socialiste arménien) "ce point (ndlr: le génocide) doit être pris en
    compte dans la déclaration finale du conseil européen du 17
    décembre", à Bruxelles.

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    Arméniens et Grecs d'Uruguay manifestent contre négociations Turquie/UE

    Agence France Presse
    15 décembre 2004 mercredi 10:28 PM GMT

    MONTEVIDEO 15 déc -- Plusieurs centaines d'Arméniens et de Grecs ont
    manifesté mercredi devant le siège de la représentation de l'Union
    européenne à Montevideo pour exprimer leur opposition à l'entrée de la
    Turquie dans l'UE, a annoncé à l'AFP un porte-parole des organisateurs.

    Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE doivent se prononcer lors
    d'un sommet qui débute jeudi à Bruxelles sur l'ouverture de
    négociations en vue de l'adhésion de la Turquie.

    Les communautés arménienne et grecque d'Uruguay demandent que
    l'ouverture des négociations soit conditionnée au respect par la
    Turquie des droits des minorités ethniques et religieuses et à la
    libération de tous les prisonniers politiques.

    Federico Waneskahian, Gariné Dermousessian et Patricia Koharian, au
    nom des jeunes de la communauté arménienne en Uruguay, ont estimé que
    la Turquie devait reconnaître le génocide commis contre les Arméniens
    de 1915 à 1923 et demander pardon au monde.

    Des membres de la communauté grecque en Uruguay se sont associés à la
    manifestation pour réclamer l'évacuation de Chypre par les troupes
    turques et la reconnaissance de "la légitimité du gouvernement
    chypriote élu par la majorité de son peuple", selon un communiqué à
    l'AFP.

    "L'Union européenne s'est construite sur des valeurs communes comme
    la défense des droits de l'homme alors que la Turquie a violé et
    viole encore ces droits", selon le communiqué.

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    "Merci, Monsieur": la presse turque salue les propos de Chirac

    Agence France Presse
    16 décembre 2004 jeudi

    ANKARA 16 déc -- La presse saluait unanimenent jeudi les propos tenus
    la veille par le président français Jacques Chirac, qui a confirmé
    avec force qu'il était favorable à l'adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne.

    "Merci monsieur", lançaient les journaux à gros tirage Hurriyet et
    Vatan, relevant que les déclarations de M. Chirac en faveur d'une
    adhésion d'Ankara à l'Union, si elle remplit "toutes les conditions"
    à cet effet, est de nature à avoir une répercussion positive sur les
    dirigeants européens.

    Ces derniers se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles pour décider
    de donner un feu vert conditionnel à l'ouverture des négociations
    d'adhésion à la Turquie.

    L'ensemble des grands journaux réservaient une place à la Une pour
    les propos du président français. "Grand appui de Chirac", titrait
    notamment Milliyet (libéral), qui se félicite de ses "déclarations
    historiques".

    "Chirac a été très net" vis-à-vis de la Turquie, indiquait pour sa
    part le journal pro-européen Radikal (gauche modérée).

    Les quotidiens cependant semblaient volontairement ignorer ou traiter
    dans les pages intérieures les propos de M. Chirac sur le génocide
    arménien de 1915.

    Interrogé sur cette question extrémement sensible en Turquie, le
    président français a demandé à Ankara de faire "un effort de mémoire
    important", mais sans faire de cette question un préalable pour les
    négociations.

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    Pas de consensus sur l'adhésion turque au sommet européen virtuel d'Istanbul (MAGAZINE)
    Par Nicolas CHEVIRON

    Agence France Presse
    16 décembre 2004 jeudi

    ISTANBUL (Turquie) 16 déc

    S'il faut en croire les résultats du faux sommet européen organisé
    mercredi soir à Istanbul par des étudiants de l'université de
    Galatasaray, le vrai sommet de Bruxelles, qui doit décider jeudi et
    vendredi de l'ouverture ou non de négociations d'adhésion avec la
    Turquie est voué à l'échec.

    Trois heures durant, les pseudo-dirigeants des 25 ont fait valoir les
    arguments de leur pays respectifs avec une verve, une passion et
    parfois une mauvaise foi dignes de leurs modèles, sans parvenir à un
    consensus final sur la position à adopter vis-à-vis d'Ankara.

    "Le respect insuffisant des droits de l'Homme, le risque d'une forte
    émigration et des différences culturelles insurmontables sont autant
    de raisons de refuser l'adhésion turque", a plaidé l'apprentie
    juriste Ozder Sari, dans le rôle difficile de l'Autriche, perçue
    comme hostile aux demandes d'Ankara.

    L'argumentaire a été réfuté point par point par la représentante
    germanique Katharina Cihar Ozsen, qui, inspirée du ministre allemand
    des Affaires étrangères Joschka Fischer, n'a pas hésité à évoquer "un
    tournant dans l'histoire de l'humanité" permettant d'arrimer la
    Turquie et le reste du monde musulman aux valeurs démocratiques.

    Plus vrais que nature, les faux-dirigeants grec et chypriote ont
    exprimé leur "profond désir" de voir la Turquie débuter les
    négociations d'adhésion avec le club européen, tout en exigeant une
    reconnaissance préalable par Ankara de la République de Chypre.

    La Turquie refusant de reconnaître cet Etat administré par les
    Chypriotes grecs tant que le conflit ayant entraîné la partition de
    l'île en 1974 ne sera pas résolu, cette nouvelle condition a comme il
    se doit fait sortir de ses gonds le sosie approximatif du Premier
    ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

    "On ne peut pas changer les règles du jeu au milieu du match. Nous
    avons accompli notre devoir, c'est à votre tour de faire le vôtre",
    s'est exclamé à l'instar de l'original le "chef du gouvernement", un
    peu débraillé, Berkay Noyan.

    Dans un style très chiraquien, le faux président français Mehmet
    Pozam a pour sa part multiplié les allusions à l'axe fondateur
    Paris-Berlin et au rôle prépondérant de la France dans l'UE avant
    d'affirmer qu'une adhésion turque ne serait pas envisageable avant 10
    ou 15 ans.

    Le Chirac-bis a en outre évoqué la nécessité d'une reconnaissance par
    Ankara du caractère génocidaire des massacres d'Arméniens perpétrés
    en 1915 par l'empire ottoman, concluant son discours par une vraie
    leçon de diplomatie : "nous avons vendu plein d'Airbus à la Turquie,
    il faut bien leur donner quelque chose en retour".

    Interrogés lors de la pause cigarette précédant le vote d'un projet
    de conclusions, les chefs d'Etat en herbe ont quitté leur rôle pour
    exprimer, unanimement cette fois, leur désir de voir la Turquie
    s'intégrer au club européen.

    Les membres du club Euroforum 2005, consacré à l'organisation de
    simulations portant sur le fonctionnement des institutions
    européennes, se sont dits prêts à accomplir, le moment venu, leur
    devoir dans les couloirs de Bruxelles et de Strasbourg.

    "Une partie d'entre nous se destine à travailler dans
    l'administration, notamment dans la diplomatie. Nous serons là au
    moment de faire entrer la Turquie dans l'UE", a expliqué le
    soit-disant Hongrois Mustafa Oguz.

    "Ce mélange d'arguments sincères et de manoeuvres, d'enjeux
    collectifs et de considérations nationales nous passionne", a
    complété Berkay Noyan.

    Les espoirs des étudiants pourraient cependant tourner court au vu de
    leur propre scrutin final : l'Autriche et une Belgique quelque peu
    égarée ayant voté contre, le sommet s'est conclu sur un échec et
    l'examen de la candidature turque a été remis aux calendes grecques.

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    Robert Badinter (PS) accuse Jacques Chirac de "capitulation"

    Agence France Presse
    16 décembre 2004 jeudi

    PARIS 16 déc 2004


    Robert Badinter, sénateur socialiste des Hauts-de-Seine et ancien
    président du Conseil constitutionnel, a dénoncé jeudi "la
    capitulation" de Jacques Chirac devant le chef du gouvernement turc
    Recep Tayyip Erdogan.

    "Tout ce qui déplaît à M. Erdogan au départ de la négociation a été
    retiré.

    Cela s'appelle une capitulation avant même d'entreprendre une
    négociation", a affirmé Robert Badinter sur Europe 1.

    Selon lui, "tous les préalables" à l'ouverture des négociations ont
    été "retirés" : "la reconnaissance de Chypre, la reconnaissance de la
    tragique réalité du génocide arménien".

    Le sénateur socialiste a ajouté aussi qu'on avait évoqué "deux
    possibilités, l'adhésion pure et simple ou bien un pacte
    préférentiel". "C'est complètement effacé", a-t-il dit en jugeant
    "consternants" les propos de Jacques Chirac, mercredi soir sur TF1.

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    Barroso contre une solution "à mi-chemin" de l'adhésion pour la Turquie

    Agence France Presse
    16 décembre 2004 jeudi 12:11 PM GMT

    BRUXELLES 16 déc


    Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso a
    appelé jeudi le sommet européen de Bruxelles à offrir à la Turquie
    une perspective claire d'adhésion à l'UE et pas une solution "à
    mi-chemin".

    "Notre vision pour la Turquie est claire: nous ne cherchons pas une
    solution à mi-chemin. Si nous devions débuter les négociations avec
    la Turquie, cela devrait être avec en tête la perspective d'une
    adhésion complète", a déclaré M. Barroso lors d'une conférence de
    presse quelques heures avant la rencontre.

    Il a lancé en retour un appel implicite à la Turquie pour que
    celle-ci s'engage à reconnaître juridiquement la République de
    Chypre, la partie grecque de l'île divisée seule à être entrée dans
    l'Union européenne le 1er mai dernier.

    "Chypre sera assis à la table quand les discussions sur les
    négociations d'adhésion avec la Turquie vont commencer. La question
    pour la Turquie, c'est quel sorte de message elle envoie si elle ne
    reconnaît pas tous les membres autour de la table", a souligné le
    président de la Commission.

    S'agissant de la revendication de la communauté arménienne en Europe
    que la Turquie reconnaisse un "génocide" des Arméniens au début du
    vingtième siècle, M. Barroso a estimé que cette question "devait
    faire l'objet d'un dialogue franc, sincère, complexe" entre "nos
    sociétés" et "la Turquie".

    Mais la reconnaissance par Ankara ne peut pas être incluse au dernier
    moment comme un préalable à l'ouverture aux négociations, a-t-il
    ajouté.

    M. Barroso a beaucoup insisté sur la nécessité pour Ankara de gagner
    la "bataille de l'opinion publique".

    "La Turquie a devant elle un grand défi et ce n'est pas seulement un
    défi diplomatique. La Turquie a devant elle le défi de conquérir
    l'esprit, le coeur des Européens, parce que la vérité est que dans
    certains de nos pays, l'opinion publique est très réticente", a
    déclaré M. Barroso.

    "Nous devons faire notre part" pour gagner l'opinion publique sur
    cette question "mais la Turquie aussi doit faire sa part et prendre
    des initiatives pour gagner le bon vouloir" des opinions européennes,
    a-t-il souligné.

    M. Barroso a défendu le principe de clauses dérogatoires ou de
    sauvegarde dans le futur traité d'adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne, en expliquant qu'elles étaient nécessaires pour répondre
    aux craintes de certains Etats membres.

    Mais la recommandation de la Commission est "de ne pas trop élargir
    le champ" de ces clauses dérogatoires, a-t-il souligné.

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    Chirac says 'oui, si' to Turkey's EU entry

    EUpolitix, Belgium
    Dec 16 2004

    Jacques Chirac has appealed directly to France's citizens, in a TV
    plea to give Turkey the chance to begin EU entry talks.

    The French president took to his country's television screens on
    Wednesday in a bid to win over strong domestic opposition to Turkish
    EU membership.

    Chirac insisted that - in the long term - Turkey's place in the EU
    club would benefit both France and Europe.

    "Does Europe, and in particular France, have an interest in Turkey
    joining? My answer is yes, if. Yes, if Turkey fills totality of the
    conditions which are binding to any candidate for our union," he
    said.

    And with polling showing two thirds of French voters opposed to
    Turkey, Chirac warned that a 'non' to Ankara may have dire
    consequences.

    "It is obvious that, in the field of safety, stability, of peace, to
    have with us [Turkey], within our doors today, is completely
    positive," he said.

    "To have rejected would certainly represent a risk of instability, of
    insecurity at our borders which it is necessary, without any doubt to
    avoid."

    But using words unlikely to please Turkey, Chirac reminded the French
    that a national referendum on Ankara's EU membership, in ten to 20
    years, could "block the totality of the negotiations".

    Chirac did not mention explicitly the issue of Armenian genocide, but
    called on Turkey to make "a significant effort with its memory".

    The French opposition Socialists mirror splits in Chirac's ruling
    centre-right government with deep divisions between those backing
    Turkish EU membership and others favouring a looser 'privileged
    partnership' for Ankara.

    ************************************************** *************************
    Barroso: Turkey needs to make EU 'gesture'

    EUpolitix, Belgium
    Dec 16 2004

    No new conditions should be imposed on Turkey but Ankara should
    consider a "gesture" before EU entry talks begin, José Manuel Barroso
    has said.

    The European Commission president is opposing moves by some EU
    capitals to tie Turkey's EU membership bid with new strings.

    But, ahead of a summit of Europe's leaders, Barroso did indicate that
    Ankara's early recognition of Cyprus would be a useful "gesture".

    "Cyprus will be sitting at the negotiating table when EU membership
    talks begin. So the question for Turkey is: what kind of message does
    it send when you do not recognise all members sitting at the table of
    the club you want to join?," he said.

    Cyprus has been divided into a Greek controlled south and a Turkish
    controlled north since Turkey invaded the island in 1974.

    Ankara refuses to recognise the Greek Cypriot government in the south
    - a government that is an EU member.

    Barroso suggests that an early move or signal from Turkey on the
    Cyprus question could help overcome stiff opposition to EU membership
    in some European countries.

    "Turkey must win over the hearts and minds of everyone in Europe,
    there are obvious problems with public opinion in some member
    states," he said.

    "I think a good way of winning the battle is not to complicate
    negotiations but to take the initiative to tackle reservations."

    "[Turkey] should make a gesture sooner rather than later. It must go
    the extra mile."

    The Brussels chief rejects calls for Turkish recognition of the 1915
    Armenian 'genocide' as a precondition for EU entry talks - but says
    the issue should be up for debate.

    "All of this is going to have to be up for discussion… but we can not
    introduce new political conditions," he said.

    "Neither today or tomorrow are we going to come up with new
    conditions."

    EU diplomats, and Barroso, are concerned that if Europe's heads of
    state and government demand too many conditions Turkey may walk away.

    Calls from some national governments to impose permanent 'safeguard
    clauses' restricting Ankara's access to EU funding or the free
    movement of Turkish workers are, Barroso acknowledged, "very
    sensitive".

    Turkey fears that such departures from full membership could see
    Ankara given a second class EU status.

    But the commission president stresses that restrictions on Turkish
    workers are not necessarily to be used or to be in force on a
    permanent basis.

    "We understand the sensitivity of the word permanent for our Turkish
    friends," he said.

    "When we speak about permanent safeguard clauses it does not mean
    that the safeguard clauses are permanent as such. It means that there
    is the permanent availability of using safeguard clauses."

    Turkish leader Racep Tayyip Erdogan is asking EU leaders to make good
    on previous pledges to treat Turkey equally.

    "We have based our diplomatic understanding on honest and sincere
    rules until today. We have pursued our activities within this
    understanding," he told journalists.

    "We want an unconditional full membership and a negotiation process
    to start without a need for second decision. We do not want a
    criterion to be presented which does not exist among [previous]
    political criteria."

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    Génocide arménien : Chirac met en garde Ankara si pas de travail de mémoire

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi 6:15 PM GMT

    BRUXELLES 17 déc 2004 -- Le président français Jacques Chirac a
    averti vendredi que les Français pourraient dire non à l'entrée de la
    Turquie dans l'Union européenne si Ankara ne faisait pas "un travail
    de mémoire" vis-à-vis du génocide arménien de 1915.

    "Toute l'histoire de la construction européenne, c'est l'histoire du
    dialogue, du respect de l'autre et de la reconnaissance des erreurs
    que nous avons pu faire dans le passé", a-t-il dit lors d'une
    conférence de presse à l'issue du Conseil européen qui a fixé au 3
    octobre 2005 l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à
    l'UE.

    "Le travail de mémoire, qui est tout-à-fait naturel aujourd'hui dans
    l'esprit des Européens, doit être considéré comme un nécessité
    incontournable, je dis bien incontournable", a ajouté M. Chirac.

    "Je ne doute pas un instant que si ce travail de mémoire n'avait pas
    été fait (d'ici à la fin des négociations), les Français en
    tiendraient le plus grand compte dans le jugement qu'ils porteraient
    sur l'éventuel traité d'adhésion" qu'ils devront ratifier par
    référendum, a affirmé le président français.

    La France abrite une importante communauté d'origine arménienne -
    évaluée à 400.000 par les associations arméniennes - qui demande que
    la reconnaissance du génocide perpétré par l'empire ottoman en 1915
    soit une condition à l'entrée de la Turquie dans l'UE.

    Le parlement français a reconnu ce génocide qui a fait 1,5 million de
    morts en 2001.

    Des milliers de représentants de la communauté arménienne de l'Union
    européenne ont manifesté vendredi sous la pluie à Bruxelles contre
    une entrée de la Turquie dans l'UE.

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    Une association arménienne dénonce la "capitulation" de l'UE face à la Turquie

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi

    BRUXELLES 17 déc -- La Fédération euro-arménienne pour la justice et
    la démocratie, qui regroupe près de 200 organisations arméniennes en
    Europe, a dénoncé vendredi la "capitulation" de l'Union européenne
    face à la Turquie lors du sommet qui s'est tenu à Bruxelles jeudi
    et vendredi.

    "Ce n'est pas une négociation, c'est une capitulation. L'Europe
    politique est très sérieusement compromise", a déclaré dans un
    communiqué Laurent Leylekian, directeur de la Fédération
    euro-arménienne.

    "Ce résultat consternant est certes dû à l'inflexibilité d'Ankara qui
    n'a rien cédé du tout, mais aussi à la faiblesse patente des
    structures politiques intégrées de l'Union qui a encouragé la
    démission des chefs d'Etat et de gouvernement", selon lui.

    La Fédération a organisé vendredi une manifestation ayant rassemblé à
    Bruxelles 8.000 personnes d'origine arménienne selon un organisateur
    et 2.300 selon la police. Elle regrette que "les questions de droits
    de l'Homme --la torture persistante, l'émancipation des femmes, la
    question kurde ou la reconnaissance du génocide des Arméniens--
    n'aient pas même été évoquées" lors du sommet.

    "Quant à Chypre, les instances européennes se satisfont des vagues
    promesses émises par M. Erdogan", estime la Fédération.

    Les 25 dirigeants de l'UE ont entériné vendredi après-midi un accord
    global sur les futures négociations d'adhésion avec la Turquie,
    confirmant l'offre faite jeudi soir par l'UE d'engager les
    négociations le 3 octobre 2005.

    Dans le cadre de cet accord, Ankara accepte d'étendre à l'ensemble
    des dix pays entrés dans l'Union le 1er mai dernier, dont Chypre, un
    accord d'association signé en 1963 à Ankara par les Turcs et les
    Européens.

    Cet accord ne constitue pas une reconnaissance légale de Chypre par
    Ankara mais est une "étape importante", selon la présidence
    néerlandaise de l'Union européenne.

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    Devedjian "très heureux" des déclarations de Chirac sur le génocide arménien

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi

    QUIMPER 17 déc 2004 -- Le ministre de l'Industrie Patrick Devedjian
    s'est dit vendredi "très heureux" des déclarations du président
    Jacques Chirac mercredi sur le génocide arménien.

    "Je suis très heureux d'une chose, et surtout à titre personnel,
    c'est que le président de la République ait pris position pour
    demander la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie",
    a-t-il déclaré à l'occasion d'un déplacement à Quimper.

    "C'est la première fois qu'un chef d'Etat d'un grand pays, la France,
    exprime une telle demande", a ajouté M. Devedjian. "Ensuite, la
    longue négociation qu'il va y avoir permettra de faire le point" sur
    l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'UE, a-t-il ajouté.

    Le président Jacques Chirac a demandé mercredi sur TF1 à la Turquie
    de faire un "effort de mémoire", rappelant que la reconnaissance du
    génocide arménien était "la loi" en France, sans en faire
    explicitement une condition à l'adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne.

    Interrogé pour savoir s'il aurait souhaité que M. Chirac fasse de
    cette reconnaissance un préalable, M. Devedjian a répondu: "Je l'ai
    compris comme une condition, ce n'était pas une condition à la
    négociation mais c'est une condition à l'adhésion, à l'aboutissement
    de la négociation", a-t-il dit.

    Les dirigeants de l'Union européenne sont tombés d'accord jeudi soir
    au sommet de Bruxelles pour ouvrir des négociations d'adhésion avec
    la Turquie le 3 octobre 2005.

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    200 manifestants à Erevan contre l'adhésion de la Turquie à l'UE

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi

    EREVAN 17 déc -- Plus de 200 jeunes Arméniens ont manifesté vendredi
    devant la représentation de la Commission européenne à Erevan contre
    l'adhésion de la Turquie à l'UE, exigeant notamment d'Ankara qu'elle
    reconnaisse le génocide arménien de 1915, selon une journaliste de
    l'AFP sur place.

    "Non à la Turquie", pouvait-on lire sur les pancartes des jeunes
    manifestants réunis à l'appel de l'organisation de jeunesse du parti
    socialiste arménien, le Dachnaktsoutioun.

    Ils réclamaient également qu'Ankara rouvre sa frontière avec
    l'Arménie.

    "Les pays européens ne doivent pas se laissent fléchir par de fausses
    réformes réalisées en Turquie et ne doivent pas intégrer dans leurs
    rangs un pays ayant commis le plus grand crime contre l'humanité, le
    génocide", écrivent les organisateurs dans une lettre transmise aux
    représentants européens.

    "En acceptant de commencer les négociations, les pays européens
    prennent sur eux la responsabilité de ce crime", accusent-ils.

    Des milliers de représentants de la communauté arménienne de l'Union
    européenne ont manifesté le même jour à Bruxelles contre une entrée
    de la Turquie dans l'UE, près du bâtiment où les chefs d'Etat et de
    gouvernement européens sont réunis depuis jeudi pour un sommet
    consacré à l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie.

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'Empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l'Arménie, et entre
    250.000 et 500.000, selon la Turquie, qui rejette le terme de
    génocide.

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    Des milliers d'Arméniens à Bruxelles contre une adhésion turque à l'UE

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi

    BRUXELLES 17 déc -- Des milliers de représentants de la communauté
    arménienne de l'Union européenne ont manifesté vendredi sous la pluie
    à Bruxelles contre une entrée de la Turquie dans l'UE, a constaté un
    journaliste de l'AFP.

    Les manifestants, venus notamment de France, Allemagne, Pays-Bas,
    Russie et Suède, étaient rassemblés dans le parc du Cinquantenaire, à
    environ 500 mètres du bâtiments où les chefs d'Etat et de
    gouvernement européens sont réunis depuis jeudi pour un sommet
    consacré à l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie
    mais où la question arménienne ne devait pas être officiellement
    abordée.

    Vingt cars ont été affrétés de Paris, un avion de Grèce et un autre
    de Suède, ainsi qu'un train de Marseille (sud-est de la France), a
    expliqué sur place Laurent Leylekian, de la Fédération arménienne
    européenne, en estimant le nombre de manifestants à 8.000. Selon la
    police de Bruxelles, ils étaient 2.300.

    Sur un podium, les orateurs lançaient: "Voulez-vous de cette Turquie
    là dans l'Union européenne?". "Non!", répondaient les manifestants,
    qui portaient de drapeaux rouge, bleu et orange, les couleurs de
    l'Arménie.

    Des élus, notamment français, comme le maire des 13e et 14e
    arrondissements de Marseille, Garo Housepian, ont pris la parole pour
    s'opposer à l'ouverture des négociations avec la Turquie au stade
    actuel.

    "Nous voulons signifier aux 25 pays européens réunis en ce moment que
    les citoyens d'origine arménienne exigent que la reconnaissance du
    génocide arménien par la Turquie soit une condition préalable à
    l'ouverture des négociations d'adhésion", a expliqué à l'AFP Vartan
    Arzoumaniam, l'un des organisateurs de la manifestation.

    Une délégation portant ces revendications a été reçue vendredi par la
    présidence néerlandaise de l'Union européenne, a-t-il indiqué.

    Les massacres et déportations d'Arméniens sous l'Empire ottoman de
    1915 à 1917 ont fait 1,5 million de morts, selon l'Arménie, et entre
    250.000 et 500.000, selon la Turquie.

    Selon les associations arméniennes, il y a aujourd'hui environ un
    million de personnes d'origine arménienne dans l'UE à 27 (avec la
    Roumanie et la Bulgarie), dont plus de 400.000 en France.

    Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, avait
    demandé lundi à la Turquie de reconnaître la "tragédie" arménienne,
    avant de rejoindre l'Union européenne.

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    Organisations arméniennes : "preuve que les conditions ne sont pas réunies"

    Agence France Presse
    17 décembre 2004 vendredi

    PARIS 17 déc 2004 -- Le Comité de Défense de la Cause Arménienne
    (CDCA) et la FRA Dachnaktsoutioun (Parti Socialiste Arménien) ont
    affirmé vendredi que le fait de repousser l'ouverture des négociations
    d'adhésion de la Turquie à l'UE au 3 octobre 2005 était "la preuve
    que les conditions ne sont pas réunies pour débuter ce processus".

    "Repousser l'ouverture des négociations au 3 octobre 2005 est la
    preuve que les conditions ne sont pas aujourd'hui réunies pour
    débuter ce processus", ont estimé les deux organisations dans un
    communiqué, tout en "prenant acte de la proposition du Conseil
    européen d'ouvrir les négociations d'adhésion".

    "Si la Turquie avait accompli les efforts nécessaires au cours des
    trois dernières années pour se conformer aux conditions fixées par
    l'Union européenne, cette question ne se poserait pas et les
    négociations s'engageraient dès janvier 2005", a déclaré Harout
    Mardirossian, président du Comité de Défense de la Cause Arménienne.

    De son côté, Mourad Papazian, président de la FRA Dachnaktsoutioun
    (Parti Socialiste Arménien) souligne que "le fait de ne pas garantir
    que le processus débouche sur une intégration est la preuve que
    l'Europe a encore des doutes sur la capacité de la Turquie à faire
    les efforts nécessaires".

    Selon lui, "cette Turquie négationniste, cette Turquie qui bafoue les
    droits de l'Homme, cette Turquie qui occupe illégalement un pays
    européen et qui refuse de le reconnaître ne doit pas faire l'objet de
    la moindre indulgence de la part du Conseil européen."

    Les deux organisations appellent à une manifestation vendredi à
    Bruxelles, devant le Conseil européen.

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    L'intervention du Président; Evènement 2. Union Européenne

    Libération
    16 décembre 2004

    Oui, si : "Est-ce que l'Europe, et notamment la France, ont ou non
    intérêt à ce que la Turquie les rejoigne ? Ma réponse est oui, si."

    Encore des efforts : "Négociation ne veut pas dire adhésion. La
    Turquie devra faire encore des efforts considérables (...) pour
    reprendre toutes les règles, les valeurs, les modes de vie qui sont
    les nôtres, tant sur le plan des droits de l'homme que de l'économie
    de marché." Partenariat privilégié : "Ils n'accepteront jamais. C'est
    un peuple fier qui a conscience de faire des efforts gigantesques
    dans notre direction." Génocide arménien : "Suppose un effort de
    mémoire de la part de la Turquie."

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    A droite, la base turcophobe fait feu de tout bois.;
    par LEBEGUE Thomas

    Libération
    16 décembre 2004

    Maires et députés UMP ou UDF multiplient les initiatives pour
    exprimer leur opposition.

    Sur la page d'accueil de son site Internet, le député UMP des
    Bouches-du-Rhône, Richard Mallié, a mis la photo en noir et blanc
    d'un cadavre d'enfant arménien, victime du génocide perpétré par les
    Turcs en 1915. "Comment la Turquie ose-t-elle encore nier l'horrible
    réalité !", clame le titre. Le reste est du même acabit. "Entrée de
    la Turquie : combien ça coûte ? Vraiment très, très cher", répond le
    député, qui parle d'un chiffre de 3 à 5 milliards d'euros par an pour
    les contribuables français. Pour faire bonne mesure, Richard Mallié
    rappelle que cela représente la moitié du trou de la Sécu... "Face à
    la position mondialiste de Jacques Chirac, je défends la voix du
    peuple !", dit le député de Gardanne. Demain, avec d'autres collègues
    de l'UMP, il ira manifester à Bruxelles contre l'adhésion de la
    Turquie à l'Union européenne. Une première pour des députés français.


    "Héritage judéo-chrétien". Depuis que le chef de l'Etat a refusé
    d'organiser un vote sur la question au Parlement, la résistance
    s'organise dans les rangs de la droite. Le député souverainiste
    Philippe Pémezec (UMP, Hauts-de-Seine) a déjà réuni 90 collègues qui
    disent être prêts à dire non à la Turquie. Soit un quart des députés
    de la majorité. "Nous ne voulons pas voir ce genre de pays dans
    l'Europe, car il ne partage pas notre héritage judéo-chrétien. Ou
    alors, on va faire entrer tout le pourtour méditerranéen. Et pourquoi
    pas la Russie, qui est, sur un plan culturel, beaucoup plus proche de
    nous ?", lance Pémezec, qui pointe "une divergence absolue entre la
    base et Jacques Chirac". Impuissants à l'Assemblée nationale, les
    turcophobes de la majorité font feu de tout bois pour se faire
    entendre. Mardi, Pémezec et ses amis ont créé une Association
    nationale des élus locaux contre l'entrée de la Turquie. Ils ont
    écrit à 10 000 maires, envisagent de lancer une pétition nationale et
    prévoient de tenir des réunions publiques sur tout le territoire.

    D'autres élus, comme Nicolas Perruchot, maire (UDF) de Blois, ont
    directement consulté leur population. Le résultat est sans surprise.
    Sur les 4 500 personnes qui ont répondu, 97 % s'opposent à
    l'intégration de la Turquie dans l'Europe ! D'autres sondages, tout
    aussi orientés, fleurissent un peu partout, notamment sur les sites
    Internet des députés concernés (77 % de "non" sur celui de Richard
    Mallié).

    Chantage. Au final, l'entrée de la Turquie réunit contre elle une
    curieuse alliance de souverainistes acharnés, comme Nicolas
    Dupont-Aignan, et de centristes bon teint qui suivent François Bayrou
    dans sa croisade contre l'Empire ottoman. Certains membres de l'UDF
    vont jusqu'à remettre en cause leur vote en faveur de la future
    Constitution européenne. C'est le cas de Jean-Bernard Thonus, adjoint
    au maire de Saint-Maur, qui ne votera pas la Constitution "tant que
    le problème de la Turquie ne sera pas résolu. C'est quand même un
    pays où la lapidation des femmes adultères a failli entrer dans le
    code pénal !". L'information est fausse. Mais l'argument en dit long
    sur ceux qui, à droite, veulent se faire les porte-parole de
    "l'Europe de la rue".

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    Chirac fait passer la pilule turque; Evènement 2. Union Européenne
    par QUATREMER Jean

    Libération
    16 décembre 2004


    Alors qu'Ankara doit obtenir ce soir le feu vert pour les
    négociations d'adhésion, le Président a tenté de rassurer une opinion
    hostile.

    Bruxelles (UE), de notre correspondant.

    La Turquie va obtenir, ce soir, du Conseil européen des chefs d'Etat
    et de gouvernement réuni à Bruxelles, le feu vert qu'elle attend
    depuis quarante ans pour entamer des négociations d'adhésion à
    l'Union. Mais quelques pays, dont la France, bataillent ferme pour
    que les Vingt-Cinq ne lui donnent qu'un feu orange clignotant, afin
    de montrer à leurs opinions publiques réticentes que le processus
    n'est pas irréversible. Au grand dam d'Ankara, qui feint de pouvoir
    tourner le dos à l'Europe (lire page 4). Les Vingt-Cinq vont donc
    devoir peser leurs mots au trébuchet.

    Hier, le Parlement européen a montré que la candidature turque est
    massivement soutenue au sein de l'Union. Réunis en session plénière à
    Strasbourg, les eurodéputés ont approuvé l'ouverture "sans délai
    inutile" des négociations, par 407 voix contre 262 et 29 abstentions
    (sur 732 députés). Parmi les probables tenants du non - le vote était
    à bulletins secrets -, la droite française (UMP et UDF), la CDU-CSU
    allemande, les conservateurs autrichiens, hongrois, polonais et
    britanniques ainsi que quelques socialistes français, les
    souverainistes et l'extrême droite. Cet étrange attelage n'a pas
    réussi à faire passer ses amendements proposant un plan B, en
    l'occurrence un "partenariat privilégié". Pour le Parlement,
    l'objectif final est une adhésion en bonne et due forme.

    Pédagogie. Jacques Chirac, pourtant partisan convaincu de la cause
    turque, entend batailler afin de souligner que le processus de
    négociation est "ouvert" et que l'adhésion n'est pas garantie, à la
    différence de ce qui s'est toujours passé. Alors qu'une majorité de
    Français, ainsi que son propre parti, l'UMP, s'y opposent, le chef de
    l'Etat a fait un exercice de pédagogie en faveur de l'adhésion, hier
    soir sur TF1. Il a notamment trouvé une formule pour résumer sa
    position, le "oui, si" : "Oui, si la Turquie remplit la totalité des
    conditions qui s'imposent à tout candidat à l'Union." Pour rassurer
    l'opinion française, il a rappelé qu'elle s'exprimerait par
    référendum à la fin des négociations - qui prendront, selon lui, de
    dix à quinze ans. Son entourage se prévaut du soutien affiché de
    l'Autriche et du Danemark et de l'appui, plus discret, des Pays-Bas
    et de "quelques nouveaux Etats membres d'Europe centrale", inquiets
    de voir la Turquie s'arroger demain tous les fonds communautaires.
    Reste à savoir si ses explications suffiront à calmer les opposants à
    l'adhésion. D'Israël, hier, son rival, le président de l'UMP Nicolas
    Sarkozy, a estimé que la position du chef de l'Etat soulève "une
    difficulté incontestable avec les Français".

    Les discussions d'aujourd'hui s'annoncent délicates pour la France :
    non seulement il ne faut pas froisser la Turquie, qui exige de ne pas
    être traitée différemment des autres pays, mais il faut convaincre la
    très grande majorité des Vingt-Cinq, qui ne comprend pas les
    atermoiements français. Le chancelier Schröder refuse par exemple
    qu'une alternative à l'adhésion soit mentionnée dans le texte.
    D'autant que la Commission a déjà prévu une série de garde-fous : en
    cas de violations "sérieuses et répétées" de la démocratie et des
    droits de l'homme, le Conseil des ministres pourra suspendre les
    négociations à la majorité qualifiée. De même, l'application
    effective par la Turquie de "l'acquis communautaire" - les 80 000
    pages de lois européennes - fera l'objet d'un rapport annuel. Même si
    la Croatie, que le sommet devrait autoriser à commencer des
    négociations d'adhésion en avril 2005, aura à se plier aux mêmes
    contrôles, on peut comprendre l'agacement turc : aucun candidat ne
    s'était jusqu'à présent vu imposer un tel traitement. Or, les dix
    nouveaux membres - comme la Bulgarie et la Roumanie qui vont signer
    leur traité d'adhésion début mai -, sont loin de respecter l'ensemble
    des normes européennes.

    Génocide arménien. En revanche, à la satisfaction d'Ankara, aucune
    condition préalable ne sera posée à l'ouverture des négociations.
    Paris a obtenu d'en repousser la date au second semestre 2005, pour
    ne pas "polluer" le référendum français sur la Constitution
    européenne. La Turquie ne sera donc pas obligée de reconnaître
    formellement la République de Chypre. En revanche, elle n'échappera
    pas à sa reconnaissance de facto puisqu'elle va devoir accepter que
    l'Union douanière de 1995, qui la lie à l'Union, soit étendue aux dix
    nouveaux membres, dont Chypre... De même, si la France, qui compte
    une forte communauté arménienne, évoquera le génocide de 1915, sa
    reconnaissance ne sera pas un préalable : "Cette question est hors du
    champ de la négociation", reconnaît-on à Paris. Par une courte
    majorité de 332 voix contre 325, le Parlement européen a lui aussi
    demandé que "la Commission européenne et le Conseil (...) exigent des
    autorités turques la reconnaissance formelle de la réalité historique
    du génocide des Arméniens en 1915". Chacun estime à Bruxelles que ce
    devra être chose faite d'ici à 2014, date probable de la fin des
    négociations.

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    Des Turcs euro-enthousiastes mais amers; Evènement 2. Union Européenne
    par DURAN Ragip

    Libération
    16 décembre 2004

    L'hostilité européenne douche l'entrain de la population, qui se
    passionne pour ce débat.

    Istanbul de notre correspondant

    Des rives du Bosphore au fin fond des montagnes kurdes, les Turcs ne
    parlent plus que de l'Union européenne. "On ne veut pas de
    strapontin, mais un vrai fauteuil de velours !", lance un commerçant
    du bazar d'Istanbul. La Bourse, le Parlement, l'université, les
    milieux d'affaires, les médias... tous sont suspendus à la décision
    du 17 décembre. A la veille du sommet européen, les dirigeants du
    pays ont haussé le ton, affirmant qu'une intégration à l'Europe ne se
    ferait pas à n'importe quel prix. "La Turquie n'hésitera pas à dire
    non à l'Union européenne si des conditions inacceptables lui étaient
    imposées", a martelé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, leader
    de l'AKP, parti issu du mouvement islamiste. Le ministre des Affaires
    étrangères, Abdullah Gül, est revenu à la charge en disant que "la
    Turquie avait accompli les efforts attendus" pour intégrer l'Europe.

    "Ode à la joie". Le débat n'a pas lieu que dans les médias, mais
    aussi à l'école, à l'usine, au bureau, voire dans la rue. Les
    caricaturistes s'en donnent à coeur joie. Un dessin montre un jeune
    homme abordant une fille : "Tu ne veux pas coucher avec moi ? Avec
    cette mentalité on ne rentrera jamais dans l'UE !" La musique la plus
    diffusée sur les ondes est désormais l'Ode à la joie de Beethoven,
    hymne de l'Union européenne. La très grande majorité des Turcs et en
    particulier les Kurdes sont "euro-enthousiastes". Mais beaucoup ne
    cachent pas une certaine amertume. "Ils nous ont mal traités. Et
    surtout la France !", dit des Européens Cengiz Aktar, un
    universitaire spécialiste des questions européennes.

    Les médias, traditionnellement progouvernementaux et prudents,
    insistent sur des points comme le retrait des troupes turques du nord
    de Chypre, la question kurde ou le génocide arménien, mis en avant
    par les Européens. Sujets sur lesquels le tabou est en train de se
    lever et dont nul n'osait discuter aussi ouvertement il y a cinq ans
    à peine. Mais on s'interroge aussi sur le quotidien, la possibilité
    future d'aller - mais quand ? - sans visa en Europe, et sur les
    limitations qui risquent d'être imposées à la libre circulation des
    Turcs.

    Repli. L'attitude quasi-turcophobe de certains dirigeants européens
    rend le débat totalement irrationnel. Si la décision du 17 décembre
    n'est pas positive, la déception risque de pousser les Turcs à un
    repli identitaire, voire nationaliste. Le front antieuropéen et
    souverainiste essaie d'exploiter les ressentiments. "L'Union
    européenne veut diviser notre pays", estime le très kémaliste
    quotidien Cumhuriyet. "L'UE est impérialiste !", accuse le petit
    Parti communiste de Turquie. Les islamistes purs et durs ne sont pas
    en reste et un de leurs chroniqueurs se demande : "Vont-ils nous
    interdire les prières de vendredi et rouvrir les églises ?"

    Personne cependant n'ose se prononcer catégoriquement contre
    l'adhésion à l'Union européenne. Même ceux qui en appellent à
    "l'honneur national", à "nos us et coutumes" ou à "la tradition" pour
    freiner la marche européenne de la Turquie.

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    Candidature d'Ankara : Jacques Chirac promet aux Français qu'ils « auront le dernier mot »
    YANN ROUSSEAU

    Les Echos
    16 décembre 2004

    Jacques Chirac s'est livré hier soir à un exercice complexe
    d'équilibriste. Intervenant sur TF1 avant son départ pour le Conseil
    européen de Bruxelles, le chef de l'Etat, personnellement favorable à
    l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, s'est employé à
    convaincre l'opinion publique, très réticente, et ses propres alliés
    politiques, très hostiles, de l'intérêt d'ouvrir des négociations
    avec Ankara. L'enjeu est d'importance pour le président de la
    République, qui n'intervient que rarement à la télévision : Jacques
    Chirac redoute que l'épineuse question turque ne vienne parasiter la
    campagne du référendum sur le Traité constitutionnel européen, dans
    laquelle il veut pleinement s'investir l'année prochaine. Hier soir,
    il s'est donc employé à dissocier les deux débats et à rassurer les
    Français sur la candidature turque que les souverainistes de droite,
    mais également les opposants de gauche à la Constitution, utilisent
    dans leur campagne pour le « non ».

    Le concept de « lien fort »

    « Est-ce que l'Europe, et notamment la France, ont ou non intérêt à
    ce que la Turquie la rejoigne ? Ma réponse est oui, si », a d'emblée
    déclaré le chef de l'Etat. Après avoir rappelé les multiples
    avantages que la France et l'Union européenne tireraient d'une
    intégration de la Turquie - consolidation de la paix en Europe, «
    enracinement de la démocratie et des droits de l'homme », accès à un
    « énorme marché économique », renforcement du poids de l'Europe -, le
    chef de l'Etat s'est empressé de rappeler que les négociations qui
    seront lancées à Bruxelles ne déboucheront pas automatiquement sur
    une adhésion.

    La Turquie devra d'abord « remplir la totalité des conditions qui
    s'imposent à tout candidat à notre union », a-t-il insisté. Elle
    devra fournir « des efforts considérables » pendant les « dix ans,
    quinze ans, vingt ans » de négociations pour reprendre les « 88.000
    pages » de la législation européenne. A chaque phase de cette
    discussion, « chaque nation conservera le droit de tout arrêter », a
    encore rappelé Jacques Chirac avant d'indiquer que, « en tout état de
    cause, les Français auront le dernier mot ». Comme il l'avait déjà
    annoncé en octobre, le chef de l'Etat a indiqué que ces derniers
    seraient consultés au terme des pourparlers par référendum sur
    l'adhésion de la Turquie. Une clause a été spécialement introduite à
    cet effet dans le projet de loi constitutionnelle qui sera soumis
    début janvier au Conseil des ministres (lire page 16).

    S'il s'est efforcé de rassurer l'opinion, le chef de l'Etat a, en
    revanche, rejeté le concept de « partenariat privilégié » avec
    Ankara, que sa majorité et une partie de la gauche voulaient
    substituer au projet d'adhésion. « Demander à un grand pays comme la
    Turquie de faire des efforts aussi considérables pour arriver à un
    résultat aléatoire ou partiel, ce n'est évidemment pas raisonnable »,
    a tranché le président français. En revanche, l'Elysée serait prêt à
    défendre le concept de « lien fort » entre la Turquie et les
    Vingt-Cinq, en cas d'échec des négociations. L'expression faisait
    toujours l'objet, hier soir, d'âpres négociations entre les
    différentes capitales. Pour apaiser les élus de droite et de gauche
    qui s'opposent également à l'entrée d'Ankara au nom de la
    non-reconnaissance du « génocide arménien » de 1915, le chef de
    l'Etat a demandé à la Turquie de faire « un effort de mémoire ». Il
    n'a toutefois pas fait de cette reconnaissance une condition de
    l'adhésion d'Ankara.

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    La Turquie en tout cas
    FRANÇOISE FRESSOZ

    Les Echos
    16 décembre 2004

    Ala veille de la décision de l'Union européenne sur l'adhésion de la
    Turquie, la vigueur des arguments échangés tend à dramatiser le
    débat. La somme impressionnante des raisons affichées « pour » et «
    contre » fournit enfin de l'information. Elle révèle en même temps
    aux opinions publiques qu'une fois de plus des orientations ont été
    décidées et des engagements souscrits sans elles. Cette habitude
    prise par les responsables de gérer les affaires communes à l'abri
    des tribunes a permis, il faut le reconnaître, de faire avancer
    l'Union. Mais c'est sans doute pour la dernière fois, car la maturité
    politique acquise par l'Union l'interdit désormais. La Turquie, en
    tout cas, est associée à l'Europe depuis 1963, liée à elle depuis
    1995 par une union douanière, et reconnue officiellement comme pays
    candidat depuis décembre 1999. La logique complexe enchaînée depuis
    des dizaines d'années dans la discrétion des cabinets se trouve ainsi
    soudainement mise au jour. D'où cet effet de relief.

    Sur le fond du dossier, et pour faire simple, les arguments
    économiques sont plutôt « pour » : accélération de nos débouchés, des
    investissements directs en Turquie et de son développement, ancrage
    dans l'Europe de ce nouveau marché. Et du côté du « contre », des
    arguments principalement politiques, culturels et diplomatiques.
    Politiques : la pondération démographique de ce grand pays dans les
    instances de décision de Bruxelles, le poids de son agriculture dans
    le budget communautaire, la dilution aggravée de la cohérence de
    l'Union. Culturels : la compatibilité de l'islam - quoi qu'on dise -
    avec le principe commun de la supériorité de la loi civile sur les
    préceptes religieux et avec l'égalité des sexes (d'autant que
    l'épouse et les filles du leader turc portent le voile) ; le mélange
    inextricable entre les Turcs modernes, effectivement quasieuropéens,
    et la masse traditionaliste encore très éloignée des valeurs
    modernes. Des considérations électorales bien compréhensibles
    conduisent le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, à
    faire, non sans talent, de l'équilibrisme entre les deux. C'est aussi
    pour donner un gage au nationalisme qu'il prend le risque
    diplomatique de refuser à la fois la reconnaissance du génocide
    arménien et l'indépendance de Chypre. En cas de refus européen, cette
    posture lui permettra de se poser en gardien de l'essentiel. En cas
    d'acceptation, il pourra afficher une éclatante victoire. Avec, en
    prime, les avantages d'un développement économique dont il pourra
    d'ailleurs faire partager à Bruxelles l'impopularité des disciplines
    qu'il implique.

    Ne dramatisons pas. Le Premier ministre turc a politiquement bien
    préparé ses arrières. Et puisque la coopération économique reste le
    terrain le plus prometteur, il ne tient qu'à l'Europe d'en proposer
    plus encore, à partir d'une association en tout cas engagée.

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    Jean-Arnold de Clermont : « La loi de 1905 n'est pas taboue »; PROTESTANTS

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    Elie MARECHAL


    Le conseil de la Fédération protestante de France, présidé par
    Jean-Arnold de Clermont, a exprimé sa « perplexité devant le débat
    public qui s'est ouvert au sein de la majorité concernant
    l'éventuelle modification de la loi de 1905 ». Explications.

    TEXTE-ARTICLE:


    LE FIGARO.

    Vous paraissez agacé par les diverses prises de position de la
    majorité gouvernementale au sujet de la loi de 1905. Pourquoi ?

    Pasteur Jean-Arnold de CLERMONT. Ces prises de position ne sont que
    querelles d'hommes. Elles ne font nullement avancer le débat que nous
    souhaitons sur la mise en pratique actuelle de la loi de 1905, sur la
    place du religieux dans la société française, sur les droits des
    associations cultuelles.

    Au lieu d'un débat fécond, ce ne sont que soupçons frileux ou
    affirmations de principe stériles. Or, en un siècle, la laïcité
    française n'a cessé d'évoluer. J'attends donc que 2005 ne soit pas la
    commémoration aveugle d'une loi taboue, mais l'occasion d'une
    réflexion posée sur les religions présentes actuellement en France et
    sur l'évolution ou les blocages des relations entre les Églises et
    l'État.

    Quels sont vos griefs précis ?

    Le 9 décembre dernier, devant préfets et sous-préfets, Jean-Pierre
    Raffarin m'a paru s'en prendre particulièrement à la Fédération
    protestante de France et aux associations cultuelles protestantes qui
    y sont affiliées : elles sont plusieurs milliers, bien plus
    nombreuses que les cultuelles d'autres religions. Le premier ministre
    visait « l'organisation d'activités cultuelles et le respect des
    règles d'urbanisme (qui) s'impose à tous, même aux associations à
    vocation cultuelle ».

    Or, depuis plusieurs mois, des associations cultuelles, notamment
    évangéliques, subissent des tracasseries au sujet de leurs lieux de
    culte, à Bagnolet, à Saint-Denis, à Dijon... Que l'État se préoccupe
    de solutions pour implanter des mosquées, soit ! et j'y suis
    favorable. Mais entre les musulmans et les protestants, il semble
    qu'il y ait deux poids, deux mesures.

    Est-ce le complexe de la minorité qui vous fait regimber ?

    Aucun complexe ! Parmi les religions présentes en France, les
    protestants sont ceux qui utilisent le plus largement la loi de 1905
    par leurs associations cultuelles. Nous ne menons donc pas le combat
    d'une minorité. Notre attitude est nourrie de l'expérience
    quotidienne et des difficultés réelles que nous rencontrons, alors
    que nous sommes si attachés à la laïcité. Que justice nous soit faite
    ! Nous ne sommes ni des adorateurs d'une loi centenaire, ni des
    complexés à la conquête de privilèges.

    Vous êtes aussi président de la Conférence des Églises européennes et
    vous avez écrit à Jacques Chirac pour lui exprimer votre inquiétude
    sur l'éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Quel
    est votre souci ?

    L'acceptation ou le refus de l'adhésion de la Turquie n'est pas de
    notre ressort. Mais nous voulons souligner que cette question est
    indissociable du respect des droits de l'homme et de la liberté
    religieuse, de la reconnaissance du génocide arménien et d'une vraie
    réconciliation entre la Turquie et ses voisins.

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    Nicolas Sarkozy : « Il va falloir que j'apaise les choses »;

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    Pour le président de l'UMP, la position de Chirac crée une «
    difficulté incontestable »

    Guillaume TABARD, Judith WAINTRAUB


    En marge de sa visite en Israël, Nicolas Sarkozy a estimé, hier,
    avant l'intervention de Jacques Chirac, que la position du chef de
    l'État sur la question turque créait une « difficulté incontestable »
    vis-à-vis de l'opinion française, majoritairement hostile à
    l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne. Le président de l'UMP, qui
    considère que la Turquie n'a pas sa place dans le « projet politique
    européen », redoute que l'ouverture des négociations fasse monter le
    non au référendum sur le traité constitutionnel de Bruxelles.

    Ses craintes sont partagées par Jean-Pierre Raffarin et par certains
    des dirigeants de la majorité puisque, au cours de leur petit
    déjeuner hebdomadaire à Matignon mardi dernier, Philippe Douste-Blazy
    et les présidents des groupes parlementaires de l'UMP, Bernard
    Accoyer et Josselin de Rohan, ont évoqué le sujet dans les mêmes
    termes. A cette occasion, Nicolas Sarkozy a suggéré que Jacques
    Chirac fasse de la reconnaissance du génocide arménien une condition
    à l'ouverture des négociations avec Ankara. Le président de l'UMP a
    cru comprendre que Jean-Pierre Raffarin jugeait l'idée habile, mais
    le chef de l'État, lui, n'a pas voulu la reprendre.

    Hier soir, avant l'intervention présidentielle, Nicolas Sarkozy
    n'avait donc plus aucune illusion sur l'éventualité d'une volte-face
    de Jacques Chirac et se préparait déjà à affronter l'incompréhension
    de l'écrasante majorité de l'UMP, hostile à l'adhésion turque. Le
    dernier sondage sur la question, publié lundi par Le Figaro, et
    réalisé par Ifop, n'indiquait-il pas que 71 % des sympathisants UMP
    restaient opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. «
    Il va falloir que j'apaise les choses », confie-t-il.

    Jusqu'au bout, certains parlementaires UMP auront tenté d'infléchir
    la position de Jacques Chirac. Mardi, quatre-vingt-dix députés,
    conduits par Philippe Pémezec, lançaient un appel à une «
    mobilisation d'ampleur nationale » contre l'entrée de la Turquie dans
    l'Union. Hier, les souverainistes Nicolas Dupont-Aignan et Jacques
    Myard « imploraient » une dernière fois Jacques Chirac de proposer à
    Ankara un simple « partenariat privilégié ». Député européen et
    nouveau secrétaire général délégué de l'UMP, Brice Hortefeux espérait
    que serait mieux prise en compte la position du groupe PPE qui s'est
    rallié à la surprise générale à la position défendue par le parti
    majoritaire français.

    L'UMP s'est certes habituée à cette divergence avec le président de
    la République qui ne pourra pas être mise sur le compte de la
    rivalité Chirac-Sarkozy, puisque c'est le plus breveté des
    chiraquiens, Alain Juppé, qui avait pris le premier cette position.
    Dès le 7 avril 2004, il avait annoncé : « L'UMP souhaite qu'on
    n'engage pas de discussion avec la Turquie à la fin de l'année »,
    suggérant alors l'idée du « partenariat privilégié ». Cette ligne
    avait été ensuite officiellement ratifiée lors du conseil national de
    l'UMP, le 9 mai, en pleine campagne pour les élections européennes.

    S'appuyant sur cette continuité avec son prédécesseur, Nicolas
    Sarkozy a confié, en marge de sa visite en Israël : « En tout cas,
    aucun élément nouveau ne me conduit à demander à l'UMP de changer la
    position qu'elle a prise lors de son conseil national. » « Seul un
    nouveau vote du conseil national pourrait modifier ce qui a été
    adopté », a-t-il ajouté, en précisant que « la question turque et,
    au-delà, celle des limites de l'Europe » seront abordées « d'une
    façon ou d'une autre lors du prochain conseil national, à la fin
    février ».

    Réactions contrastées à l'UMP



    Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a
    estimé hier soir dans un communiqué que Jacques Chirac avait «
    défendu une vision ambitieuse pour la France et l'Union européenne
    dans un monde désormais multipolaire », lors de son interview sur TF
    1. Jugeant que le chef de l'Etat avait « expliqué avec beaucoup de
    clarté et de pédagogie les enjeux majeurs du sommet européen de
    Bruxelles », M. Accoyer a « salué la volonté de Jacques Chirac de
    donner à chaque Français par la voie référendaire la responsabilité
    de décider eux-mêmes de l'avenir de l'UE ».

    En revanche, le président de Debout la République, Nicolas
    Dupont-Aignan, a appelé mercredi à « voter non à la Constitution
    européenne », estimant que Jacques Chirac « a voulu endormir les
    Français », lors de son interview sur TF 1, « en se faisant l'avocat
    de l'entrée de la Turquie dans l'UE ». « Sa promesse de référendum ne
    trompera personne, a ajouté le député UMP de l'Essonne dans un
    communiqué. Pour éviter une telle faute historique pour la France et
    pour l'Europe, il n'y a désormais qu'une seule solution : voter non à
    la Constitution européenne. »

    Très prudent, le secrétaire national aux questions européennes, Alain
    Lamassoure, a souligné que « le président de la République a rappelé
    sa position constamment affirmée en l'assortissant de plusieurs
    conditions ». « Le Conseil européen ne doit pas seulement prendre en
    compte les demandes turques, mais aussi les réserves croissantes qui
    s'expriment au sein des opinions publiques de beaucoup d'Etats »
    européens. « Le cycle de négociation qui va s'ouvrir ne doit pas se
    clore sur une solution qui ne serait pas acceptée et voulue par le
    peuple français. C'est la garantie qu'apportera un référendum sur
    l'élargissement de l'Union que le président de la République a, à
    juste titre, annoncé et proposé. »

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    Incompréhension chez les Turcs de France;

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    Leur communauté représente quelque 350 000 personnes

    Cécilia GABIZON


    Les enfants d'immigrés turcs en France se disent atteints par les
    oppositions à l'adhésion d'Ankara à l'Union. « Je suis choquée », dit
    Ozlem Yildirim, présidente de l'association étudiante franco-turque.
    En maîtrise de communication, « totalement française et absolument
    turque », cette jeune femme enrage contre un traitement médiatique
    qu'elle juge « malhonnête » et qui, selon elle, conditionnerait
    l'opinion publique. « Les reportages ne montrent que des villages
    arriérés d'Anatolie, alors qu'Istanbul est une ville moderne et que
    le pays est à 70 % urbain. »

    En Alsace, où vit une grande partie des quelque 350 000 Turcs de
    France, comme en Ile-de-France ou dans la région Rhône-Alpes, le
    débat sur l'adhésion de la Turquie met leur fibre patriotique à
    l'épreuve. Pour les jeunes, qui représentent près de la moitié de
    cette communauté constituée par vagues successives d'immigration
    depuis la fin des années 70, la Turquie reste une référence très
    présente. Bien qu'ils n'aient pas chanté l'hymne national le matin en
    classe comme leurs parents, ils ont reçu en héritage une langue et
    une culture. Sans que « cela ne pose de conflit d'identité », dit
    Nour, 19 ans. La plupart trouvent donc naturel que la Turquie, qu'ils
    pensent incarner, trouve sa place dans l'Europe.

    Une posture souvent plus émotionnelle que rationnelle. Certains font
    d'ailleurs remarquer, comme Muhammat-Ali Soylu, architecte, que la
    Turquie va beaucoup perdre en rejoignant l'Union. « Mais le pays a un
    vrai désir d'Europe. » La phrase revient dans toutes les bouches, et
    chacun de conter comment le pays s'est bâti en référence à la France,
    en regardant vers l'Ouest. « Nous nous sentons européens. Nous avons
    bâti nos lois sur le modèle des Lumières », dit Murat Erdeniz,
    documentaliste turc installé en France.

    Toutes les conditions fixées par Bruxelles, dont la reconnaissance du
    génocide arménien, leur paraissent fondées mais circonstancielles. «
    Ce n'est pas à l'Europe de nous imposer ça. C'est un travail interne
    que les historiens des deux bords doivent mener », affirme Ozgur. «
    En réalité, observe Gaye Petek, présidente de l'association
    culturelle Elélé, la Turquie sert de révélateur, montrant les
    réticences des Français à l'extension de l'Europe et leurs
    interrogations sur la place de l'islam. »

    La génération des parents paraît d'ailleurs convaincue que les
    affaires de foulards impliquant des Turcs en France ont « donné une
    mauvaise image du pays ». Depuis vingt-trois ans dans la confection à
    Paris, Habip Dazuhan, 58 ans, regrette le comportement de certains
    compatriotes qui « obligent leurs femmes et leurs filles à se couvrir
    la tête ici ». Kurde de Turquie, Selena Koc croit d'ailleurs deviner
    chez les Français « la peur d'une déferlante d'immigrés ». Une
    crainte partagée discrètement par certains Turcs qui craignent de
    perdre leur emploi.

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    Comment le chef de l'Etat a dû consentir des infléchissements;

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    Comment le chef de l'Etat a dû consentir des infléchissements;
    Il a renoncé à l'idée du « partenariat privilégié » lancée par Alain
    Juppé

    Pierre ROUSSELIN


    Favorable depuis toujours à la candidature turque, Jacques Chirac a
    été contraint d'infléchir sa position sur la scène européenne sous la
    pression des réticences dans son propre camp.

    Sur le fond, il n'a pas changé d'avis, mais c'est, dans l'histoire de
    la Ve République, l'un des rares cas où un chef de l'Etat a dû, sous
    la pression conjuguée de sa majorité et de l'opinion publique,
    modifier son attitude sur une question de politique étrangère
    relevant de « son domaine réservé ».

    Le président de la République est toujours aussi persuadé que la
    Turquie a « toute sa place en Europe », formule qu'il avait adoptée
    dès le départ pour signifier que rien ne devait a priori s'opposer à
    une candidature d'Ankara. L'argument qui l'emporte reste d'ordre
    géopolitique : pour éviter un « choc des civilisations », l'Europe a
    intérêt à avoir la Turquie avec elle. Cela est jugé nécessaire pour
    stabiliser les marches orientales de notre continent et apaiser nos
    relations avec le monde musulman.

    Dans l'opinion, le message a eu le plus grand mal à passer. La prise
    de position de Valéry Giscard d'Estaing, à la fin 2002, affirmant
    qu'un élargissement à la Turquie serait « la fin de l'Union
    européenne », a creusé un scepticisme déjà existant. Aujourd'hui,
    l'UDF et l'UMP ont rejoint les souverainistes dans leur opposition à
    la Turquie. Et c'est, paradoxalement, la gauche avec le PC et les
    Verts ouvertement en faveur de la Turquie, et le PS divisé qui est la
    plus en phase avec la position du chef de l'Etat.

    La proximité du référendum sur la Constitution européenne explique,
    en partie, l'inquiétude de la classe politique. Pour éviter que le
    débat sur la Turquie n'apporte de l'eau au moulin des partisans du «
    non » à la Constitution, Jacques Chirac a promis qu'une autre
    consultation populaire aurait lieu à la fin du processus de
    négociation, dans dix à quinze ans. Ainsi, les Français pourront-ils,
    s'ils le veulent, voter « oui » à la Constitution européenne et « non
    » à l'adhésion turque.

    Un autre geste a été fait avec la prise en compte du vote de
    l'Assemblée nationale, en 2001, exigeant d'Ankara une «
    reconnaissance publique » du génocide arménien de 1915. Initialement,
    l'Elysée s'était distancié de ce texte qui avait ouvert une crise
    avec Ankara. Aujourd'hui, Paris insiste pour que la Turquie effectue
    son « devoir de mémoire ». Ce ne peut être un préalable, mais cette
    question, plus sensible en France qu'ailleurs, compte tenu de
    l'importance de la diaspora arménienne, pèsera lourd lors du
    référendum qui sera organisé dans notre pays.

    Enfin, toujours pour répondre aux réticences de l'opinion, Jacques
    Chirac a repris l'idée d'une « troisième voie », celle d'une
    alternative possible au cas où les négociations n'aboutiraient pas.
    Il n'a pas t retenu l'idée d'un « partenariat privilégié », option
    rejetée par le chancelier allemand Gerhardt Schröder qui ne veut pas
    céder à son opposition de droite mais la France a adopté la formule
    très vague d'un « lien fort » à maintenir quoi qu'il arrive avec la
    Turquie. Très isolé sur cette question, il est douteux que le
    président de la République obtienne à Bruxelles que l'hypothèse d'un
    échec des négociations soit explicitement mentionnée.

    A l'Elysée, on relève que le sondage publié lundi par Le Figaro
    montre que, si les Français sont à 67 % opposés à l'adhésion de la
    Turquie, ils sont majoritairement favorables à l'ouverture des
    négociations. Jacques Chirac a rappelé que les Français auront le «
    dernier mot » par voie de référendum. D'ici-là, les pourparlers
    pourront, à tout moment, être interrompus, comme ils l'avaient été
    avec la Grande-Bretagne par le général de Gaulle, dans les années 60.

    ************************************************** *************************
    Turquie : le « oui, si » de Jacques Chirac;

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    CONSEIL EUROPÉEN Le président a réaffirmé sa position favorable à
    l'adhésion, tout en insistant sur le fait que les Français auront «
    le dernier mot »

    Anne FULDA

    Il fallait à tout prix parler. User de pédagogie pour expliquer
    pourquoi la France, malgré une opinion publique majoritairement
    hostile, va se prononcer aujourd'hui, lors du Conseil européen de
    Bruxelles, en faveur de l'ouverture de négociations d'adhésion avec
    la Turquie. Hier, sur TF 1, dans une interview de 19 minutes
    enregistrée en fin de matinée à l'Elysée, le chef de l'Etat s'est
    donc efforcé de rassurer les Français, sans pour autant changer de
    cap sur le fond. Interviewé par Patrick Poivre d'Arvor, Jacques
    Chirac a exposé les raisons pour lesquelles la France et l'Europe
    doivent oeuvrer pour l'intégration de ce pays qui a toujours été « à
    la recherche d'un choix entre l'Asie et l'Europe » et qui devrait
    pour notre intérêt « pencher vers l'Europe ».




    Après le fameux « oui mais » de Valéry Giscard d'Estaing et, plus
    récemment, le « non sauf si » exprimé par Laurent Fabius, Jacques
    Chirac a plaidé, lui, pour un « oui si ». « Est-ce que l'Europe et
    notamment la France ont ou non intérêt à ce que la Turquie les
    rejoigne ? Ma réponse est « oui si ». Oui, si la Turquie remplit la
    totalité des conditions qui s'imposent à tout candidat à notre Union
    », a-t-il indiqué en citant notamment les progrès à « consolider » en
    matière de démocratie, de droits de l'homme, de liberté religieuse ou
    d'égalité hommes-femmes.

    Estimant que la France et l'Europe avaient « intérêt » à voir la
    Turquie intégrée à l'Europe, le président a poursuivi : « Il est
    évident que, sur le plan de la sécurité, de la stabilité, de la paix,
    avoir avec nous ce grand ensemble, à nos portes aujourd'hui, est tout
    à fait positif. L'avoir rejeté représenterait certainement un risque
    d'instabilité, d'insécurité à nos frontières (...) ».

    Afin de rassurer des Français inquiets face à cette perspective
    d'entrée d'Ankara, le chef de l'Etat a déclaré que « négociation,
    cela ne veut pas dire adhésion. Cela veut dire que la Turquie devra
    encore faire des efforts considérables, qui vont durer dix, quinze,
    vingt ans ». Il a également beaucoup insisté sur le fait que les
    négociations se déroulent « d'Etat à Etat » et a indiqué que chaque
    pays, y compris la France, a le droit de « tout arrêter », de «
    décider que ça ne marche pas et bloquer la totalité des négociations
    ».

    Le président de la République a surtout rappelé à deux reprises «
    que, en toute hypothèse (...), les Français gardent le dernier mot
    dans cette affaire », puisqu'ils seront consultés par référendum au
    terme des négociations, à l'horizon d'une quinzaine d'années. Il a
    également affirmé que la reconnaissance du génocide arménien « c'est
    la loi » en France (depuis le vote d'un texte en janvier 2001) et,
    sans en faire explicitement une condition d'adhésion, il a demandé à
    la Turquie de faire « un travail de mémoire ».

    Le chef de l'Etat a par ailleurs refusé fermement l'hypothèse d'un «
    partenariat privilégié », pourtant souhaitée par Alain Juppé, puis
    Nicolas Sarkozy, au nom de l'UMP. « Demander à un pays comme la
    Turquie, un grand pays riche d'une longue histoire, de faire des
    efforts aussi considérables pour arriver à un résultat aléatoire ou
    partiel, ce n'est évidemment pas raisonnable. » Il a également réfuté
    l'argument religieux utilisé par certains pour refuser l'entrée de la
    Turquie : « Nous avons tout à y perdre, à commencer par la dignité. »


    Enfin, soucieux de ne pas lier la question turque à la ratification
    de la Constitution européenne, le président de la République n'a
    donné aucune indication sur la date à laquelle aurait lieu le
    référendum sur le traité de Bruxelles. Souhaitant que les Français
    répondent oui au référendum sur le traité constitutionnel, Jacques
    Chirac a cependant émis le désir que cette « réponse importante à une
    question importante » ne soit pas « assumée dans un contexte
    politique avec des préoccupations qui n'ont rien à voir ».

    ************************************************** *************************
    Le message de fermeté du Parlement européen;

    Le Figaro
    16 décembre 2004

    Le vote favorable aux négociations s'accompagne de conditions

    Pierre AVRIL

    Le plébiscite parlementaire en faveur du « oui » à Ankara ne s'est
    pas réalisé. Hier, à Strasbourg, les députés européens se sont
    contentés d'adopter, à une confortable majorité, une résolution
    favorable à une ouverture des négociations d'adhésion avec la
    Turquie, sans « report inutile ». 59 % d'entre eux ont adopté le
    rapport d'un conservateur néerlandais préconisant une telle
    alternative, tout en l'assortissant de conditions restrictives.

    « Il s'agit d'un résultat très clair », s'est félicité le président
    socialiste du Parlement, Josep Borrel. « Ce n'est pas extraordinaire
    », a répliqué le centriste Jean-Louis Bourlanges, opposé à l'adhésion
    d'Ankara, « surtout lorsqu'on connaît l'obsession multiculturaliste
    de ce Parlement ». Ce résultat positif sera transmis demain pour
    information au Conseil européen, sans qu'il ait une quelconque valeur
    juridique. Il s'agit d'un simple « appui » politique apporté aux
    chefs d'Etat, a précisé Josep Borrel.

    Du côté des socialistes à l'exception des Français qui avaient déjà
    rejeté la Constitution , cette issue ne faisait guère de doute. Avec
    le soutien des libéraux de l'ADLE, des Verts et de l'extrême gauche,
    le PSE a rejeté, à 62 % l'hypothèse d'un « partenariat privilégié »
    avec la Turquie, soutenue par plusieurs conservateurs (PPE) et les
    centristes français de l'ADLE. « Le plan B été rejeté », s'est réjoui
    Josep Borrel. L'adoption ou non de cette voie alternative à
    l'adhésion représentait en effet le véritable enjeu de ce scrutin.

    Afin d'empêcher l'expression de votes purement légitimistes et
    nationaux, 172 députés du PPE (français, allemands, autrichiens,
    hongrois, polonais), emmenés par l'UMP Jacques Toubon, ont demandé
    l'organisation d'un vote secret. Cette initiative a aussitôt provoqué
    la colère des libéraux, des Verts et des socialistes. « Dans l'esprit
    des conservateurs, une décision aussi fondamentale ne doit pas être
    prise de manière ouverte et transparente », a ironisé le président du
    groupe PSE, Martin Schultz. Finalement la « manoeuvre » aura échoué.

    Les 262 députés hostiles à l'ouverture de négociations d'adhésion
    (sur un total de 732), ont dû se contenter d'amendements visant à
    exercer davantage de pression sur Ankara. L'un stipule que le feu
    vert parlementaire « implique la reconnaissance de Chypre par la
    Turquie », une condition rejetée par le premier ministre Erdogan. Un
    autre invite le gouvernement « à prendre davantage de mesures actives
    en vue d'édifier une réconciliation avec les organisations kurdes qui
    choisiraient d'abandonner le recours aux armes ». Le plus
    significatif, déposé par l'UMP Jacques Toubon, « exige des autorités
    turques la reconnaissance du génocide arménien ». Un geste qu'Ankara
    n'est pas davantage disposé à accomplir.

    Lors de l'examen du texte en commission parlementaire, cet
    amendement, que même Paris ne serait pas prêt à soutenir, avait été
    rejeté. Le fait qu'il ait été soutenu hier à une très courte majorité
    montre que les eurodéputés ont choisi, au dernier moment, d'adresser
    un message de fermeté à Ankara.

    ************************************************** *************************
    Entretien - Europe; Levent Yilmaz: Un Turc éclairé
    par Claude Arnaud

    Le Point
    16 décembre 2004

    Ce jeune intellectuel turc vient de publier «Le temps moderne»
    (Gallimard). Un essai revigorant qui fête la victoire des Lumières
    sur l'obscurantisme. L'occasion de revisiter avec lui quelques
    siècles d'Histoire et de réajuster notre vision - parfois sommaire -
    de la Turquie à l'heure où le débat fait rage au sujet de son
    éventuelle entrée dans l'Union européenne.


    C'est peut-être un des handicaps secrets de la Turquie, au moment où
    se joue son droit d'entrée dans l'Europe: elle est pour nous sans
    visage, sinon celui de son Premier ministre Erdogan, issu de la
    mouvance islamiste. Le Turc, dans l'inconscient collectif, reste une
    tête inquiétante rayée par une moustache massive, une figure rustique
    à l'agressivité séculaire - aux antipodes du peuple en plein essor
    qui frappe pacifiquement à la porte de l'Europe, assure Levent
    Yilmaz. Lui reflète assez bien le dynamisme de la nouvelle Turquie:
    simple, chaleureux, accessible, il témoigne, à 35 ans, d'un activisme
    intercontinental et d'une ouverture d'esprit enviables. La
    publication d'un recueil de poèmes à 22 ans, puis la traduction en
    turc de poètes aussi exigeants qu'Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet
    ou Louis-René des Forêts ne l'ont pas empêché de proposer aux
    éditions Yapi Kredi les aventures de Harry Potter, qui partirent à
    750 000 exemplaires. Il peut publier à Ankara les trois volumes de
    «Capitalisme, économie et société», de Fernand Braudel, mais aussi
    préfacer la traduction du «Gilles et Jeanne» de Michel Tournier, ou
    superviser la traduction anglaise d'un choix de ses poèmes, «Saturn»
    (à paraître chez The Sheep Meadow Press, New York). Aujourd'hui,
    c'est un ouvrage exhaustif qu'il signe sur la victoire de la
    modernité en Europe, à partir de cette querelle des Anciens et des
    Modernes qui a tant contribué à notre destin, en nous faisant
    valoriser l'avenir, et plus seulement le passé.

    Il était tentant de demander à cet intellectuel vivant entre la
    France, l'Italie et la Turquie d'appliquer à son pays le traitement -
    fouillé, intelligent et panoptique - qu'il vient de réserver au
    nôtre.

    Le Point: La Turquie est-elle prête à entrer dans l'Europe ?

    Levent Yilmaz: Oui. La croissance due aux premiers accords douaniers
    avec l'Union, le démantèlement juridique de l'héritage du
    totalitarisme kémaliste, les réformes en faveur des femmes des Codes
    civil et pénal, l'abolition de la peine de mort, enfin
    l'aggiornamento de Recep Tayyip Erdogan qui n'a laissé, en quittant
    le parti de son parrain islamiste, Erbakan, que 3 % des voix à ce
    dernier, ont engendré en Turquie une étonnante dynamique
    démocratique: et, à rebours de ce qui s'est passé au Portugal, en
    Grèce ou récemment en Pologne, l'écrasante majorité de la population
    y souhaite l'Europe. Consciente de pouvoir apporter sa force de
    travail, sa jeunesse et son armée aux Vingt-Cinq, elle attend d'eux
    en retour développement, libéralisation et prospérité. Le vieux
    projet de paix perpétuelle issu des Lumières, paradoxalement,
    pourrait bien trouver là-bas ses rêveurs les plus actifs.

    Votre essai le montre: l'idée de modernité s'est imposée ici quand
    écrivains et savants cessèrent, sous Louis XIV, de tenir la
    littérature antique, la Bible révélée et le système astronomique de
    Ptolémée pour des oeuvres indépassables. Quand a-t-elle émergé en
    Turquie ?

    Dès 1830. Devant la montée en puissance de l'Europe, l'Empire ottoman
    cherche alors à importer les recettes de la révolution industrielle,
    qui aboutiront à la construction du chemin de fer Berlin-Bagdad.
    Avide de technologies susceptibles de l'aider à «tenir» un Empire
    comportant encore une bonne part de l'Europe orientale, l'armée est
    déjà au centre de ce processus d'adaptation, certes plus contraint
    que spontané, mais qui va marquer les élites. Dès 1850, en effet, le
    mouvement s'étend à l'intelligentsia, qui traduit Voltaire et
    Montesquieu, puis diffuse les Lumières et les idées de la Révolution.
    Jusque-là influencée par la poésie persane, la littérature se donne
    pour modèle le grand roman européen ; le monde arabe n'avait jamais
    été, pour les Ottomans, qu'une région parmi d'autres, plutôt facile à
    contrôler: en prenant après 1918 son indépendance, il sortit des
    préoccupations de la jeune république.

    Atatürk accentua ce tournant, j'imagine ?

    Bien sûr. En imposant le dimanche comme jour férié, puis en donnant
    en 1934 aux femmes le droit de voter et d'être éligibles, il
    contribua à la modernisation. Mais il abolit aussi l'alphabet arabe
    pour le remplacer par le latin, tout en «épurant» le turc de ses mots
    persans, arabes et grecs, en sorte qu'un roman imprimé à la fin du
    XIXe siècle devint à double titre illisible aux nouvelles
    générations. La vieille culture d'origine persane qui rattachait à
    l'ensemble moyen-oriental les peuples de la Sublime Porte laissa
    entièrement la place, en moins d'un demi-siècle, à une culture
    d'inspiration européenne. La littérature passée continua d'être lue -
    quand elle avait été «traduite» dans la langue nouvelle -, mais sans
    provoquer de nostalgie. La Turquie cessa dès lors de se situer
    culturellement en Orient.

    La laïcité radicale imposée par Atatürk ne rencontra pas que des
    opposants, j'imagine ?

    Non. La présence d'orthodoxes et de juifs sur le territoire turc,
    comme l'extraordinaire diversité ethnique de la population, avait
    déjà suscité cette sorte de relativisme qui s'exprime ouvertement
    aujourd'hui: le mouvement nationaliste des Jeunes-Turcs comportait
    d'ailleurs de nombreux juifs. Chaque Turc trouvant un chrétien, un
    Bulgare ou un Arménien dans son arbre généalogique, c'est aujourd'hui
    un pays laïque, quoique originairement musulman, qui veut rejoindre
    l'Europe - comme la France est un pays laïque, quoique
    incontestablement chrétien d'extraction ; les islamistes radicaux,
    les kémalistes intégristes et les militaires soucieux de préserver
    leur pouvoir sont moins nombreux, proportionnellement, que l'addition
    des nostalgiques et des radicaux qui rejettent ici l'Europe. Istanbul
    connaît certes des femmes voilées à l'iranienne, et l'Anatolie ses
    épouses battues, mais l'ex-Constantinople a aussi son festival du
    film gay et lesbien. Tout comme à Paris, on trouve de tout dans
    l'ancienne capitale des empereurs romains d'Orient: l'idole de la
    chanson turque, Zeki Muren, était un homme vivant et chantant en
    femme, au su de tous.

    La Turquie se serait encore plus nettement défaite de son passé que
    nous ?

    Sans doute. Beaucoup de Français gardent des nostalgies
    souverainistes ; aucun Turc, à l'inverse, n'est tenté de regretter
    l'Etat totalitaire ou les groupes armés qui le combattirent: les
    nouvelles générations - 70 % de la population a moins de 35 ans -
    sont si profondément impliquées dans le présent qu'elles ont déjà
    oublié ce qu'elles vivaient voilà encore cinq ans. Et beaucoup
    ignorent tout des crimes impunis du passé.

    Précisément: un article du Code prévoit toujours de lourdes sanctions
    contre quiconque évoque le génocide arménien de 1915-1916.

    Non, ce n'est pas vrai ; le Code ne cite pas spécifiquement cet
    événement, ni aucun autre d'ailleurs ; il parle de blasphème contre
    l'intégrité et l'unité de la République - et un juge peut interpréter
    de moult manières cet article.

    Il y a tout de même eu un négationnisme à ce propos ?

    Il n'y a même eu que cela pendant longtemps ; mais, pour vous dire
    franchement, des historiens ont utilisé le terme génocide, dans des
    articles de presse - c'est mon cas - ou dans des travaux
    scientifiques - je pense notamment à Taner Akçam -, et ils n'ont pas
    été condamnés. On vient de publier ainsi un livre du grand
    spécialiste arménien Vahakn Dadrian, qui n'a été ni interdit ni même
    censuré. Mais on peut dire effectivement que le génocide arménien
    constitue le dernier grand tabou national, et il doit être
    publiquement débattu en Turquie, ce qui commence à se faire. Recep
    Tayyip Erdogan et bien d'autres ont fait savoir que c'était un sujet
    à résoudre par les historiens. Or le problème vient essentiellement
    du fait que le terme juridique a été inventé en 1948 pour le génocide
    des juifs. Le grand débat est là: peut-on comparer ces événements, ou
    non ?

    On a certes vénéré en Anatolie Jupiter, puis Diane, pendant plus d'un
    millénaire, le Christ pendant onze siècles, mais Allah est bien
    depuis six cents ans la référence unique ?

    Oui, mais il y a plusieurs façons de lui rendre grâce. Les alevis -
    près de 30 % de la population - pratiquent un islam doux, où le Coran
    n'a pas le même statut que chez les sunnites et où les femmes sont
    des égales. Grâce aux hussards de la République kémaliste, en outre,
    la grande majorité du pays est alphabétisée et peut lire une presse
    inspirée, depuis peu, de l'Angleterre - les tirages des romanciers
    turcs feraient d'ailleurs pâlir les écrivains français. Enfin je
    rappelle que la Turquie n'est pas un pays arabe (et il n'y aurait
    aucun mal si elle l'était), et que Byzance a été pendant dix siècles
    le coeur de l'Europe: on y a parlé grec jusqu'à sa conquête par
    Mehmet II en 1453, français dans toutes les bonnes maisons, et on se
    fait à peu près partout comprendre avec l'anglais aujourd'hui en
    Turquie. 70 % des Turcs vivaient de l'agriculture il y a encore
    trente ans, ils ne sont plus qu'un tiers. Le réveil démocratique est
    si profond que je prends le pari qu'il se poursuivrait quand bien
    même l'Europe nous fermerait ses portes.

    Les résistances sont nombreuses ici, moins économiques que
    culturelles, pour une fois: chacun s'accorde à voir dans le marché
    turc un eldorado. Que pensez-vous de l'opinion de Peter Sloterdijk,
    le philosophe allemand, pour qui la Turquie n'a pas renié ses rêves
    impérialistes ?

    Certes, le turc est parlé des confins bulgares aux républiques
    musulmanes chinoises, en passant par le Turkestan ou le Kirghizistan,
    mais le rêve d'une pan-Turquie, caressé par certains lors de
    l'écroulement de l'URSS, a fait long feu. Et le conflit irakien,
    depuis, n'a fait qu'encourager un peu plus les Turcs à tourner le dos
    à l'Orient pour regarder vers Berlin et Paris, comme ils le faisaient
    à la fin du XIXe siècle, quand Guillaume II et Abdulhamid
    s'allièrent. Donc, à M. Sloterdijk de chercher d'autres arguments?

    Pourquoi, en fin de compte, la modernité a-t-elle éclos ici et non
    là-bas ?

    Ah, j'ai rédigé tout un livre pour répondre à cette question! Il n'y
    a pas de réponse simple: la modernité n'était nullement prévisible en
    Occident. Pour faire vite, on pourrait dire que la fusion de
    l'héritage gréco-latin et de l'apport judéo-chrétien a permis, quand
    le premier fut redécouvert au XIII-XIVe siècle, de relativiser les
    systèmes de référence rigides. Le rêve de la Renaissance était de
    retrouver dans le futur une nouvelle gloire, celle d'une Rome habitée
    par les chrétiens, unis au Ciel par la grâce intérieure. On entrevoit
    là, bien que de façon assez floue, une possibilité pour une future
    liberté moderne opposée à celle des Anciens. Née d'une greffe
    musulmane sur un fond byzantin, la Turquie héritait, elle, de
    traditions plus absolutistes: le Christ Pantokrator qui règne sur le
    monde orthodoxe est à peine moins omniscient qu'Allah, dont le
    Prophète ne sut pas tempérer les pouvoirs en demandant de rendre à
    César ce qui est à César, comme le font les chrétiens d'Occident. En
    Occident, dès le XIVe siècle, il se passe quelque chose comme un
    revirement temporel. Pétrarque, qui ouvre les temps modernes dans son
    «Secretum», ose consciemment prononcer ces mots: «Je ne cherche pas à
    devenir Dieu pour jouir de l'éternité et embrasser le ciel et la
    terre. La gloire humaine me suffit tout à fait. C'est elle que je
    cherche. Etant mortel, je ne désire que des choses mortelles

    Levent Yilmaz, «Le temps moderne. Variations sur les Anciens et les
    contemporains», Gallimard, 277 pages, 19,50 e.

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    La bataille de Turquie
    par Alain Franco, Olivier Weber, Marc Nexon

    Le Point
    16 décembre 2004

    L'ouverture de négociations pour l'adhésion de la Turquie à l'Union
    européenne donne lieu à une empoignade historique. Questions sur un
    enjeu crucia


    Le trouble est réel. Le sommet européen du vendredi 17 décembre à
    Bruxelles devrait, sauf énorme surprise, approuver l'ouverture de
    négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Une
    décision soutenue par Jacques Chirac et prise de concert avec ses
    vingt-quatre homologues. Mais ce choix, Jacques Chirac l'assume, en
    France, seul contre tous. Contre sa majorité, largement hostile à
    l'initiative. Contre une partie de la gauche. Et contre les Français,
    opposés à 67 % à l'entrée de la Turquie dans l'Europe, selon le tout
    dernier sondage Ifop/Le Figaro.

    «C'est une conviction personnelle. Il y a toujours été favorable»,
    justifie-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat. Une conviction
    fondée sur la nécessité de préserver un pays de 70 millions
    d'habitants de l'islam radical. Pourquoi pas? Mais les parlementaires
    français, eux, s'étranglent. Et redoutent qu'un tel feu vert ne
    débouche sur une adhésion automatique à l'horizon 2015. «Faux»,
    répond-on à l'Elysée. Le peuple aura le dernier mot à la faveur d'un
    référendum. A l'image de celui organisé en 1972 par Georges Pompidou
    au sujet de l'entrée de la Grande-Bretagne. Sauf qu'un non à la
    Turquie après dix ans de négociations ouvrirait une crise majeure
    avec ce pays.

    L'Union européenne, aussi, cache mal son embarras. Face aux opinions
    réticentes, elle donne des gages. Elle promet de veiller à la stricte
    application des réformes votées par la Turquie. Elle entend également
    contraindre Ankara à reconnaître l'existence de Chypre, fraîchement
    arrivée dans l'Union. «Il serait inconcevable qu'un postulant ne
    reconnaisse pas l'un des vingt-cinq Etats membres !» s'emporte un
    diplomate français. Chypre, dont un tiers du territoire est occupé
    depuis 1974 par les troupes turques, réclame une «normalisation» de
    ses relations avec son voisin au plus vite. Sous la pression, la
    Turquie s'apprêterait à faire un geste. De leur côté, les Grecs ne
    semblent pas vouloir faire de Chypre un casus belli.

    La Turquie a-t-elle vocation à intégrer l'Union européenne ?

    C'est la question qui divise. Car la géographie n'apporte aucune
    réponse tranchée. Autant l'Europe discerne assez bien ses frontières
    au sud (d'où le rejet de la candidature du Maroc en 1987), autant
    celles-ci lui apparaissent brouillées à l'est. Les opposants à
    l'adhésion font du détroit du Bosphore la frontière naturelle du
    continent européen. A leurs yeux, l'immense majorité du territoire
    turc appartient à l'Asie. Intégrer la Turquie obligerait, en outre, à
    accueillir un jour, disent-ils, la Géorgie, l'Ukraine ou la
    Biélorussie. Mais aussi à se découvrir des voisins turbulents comme
    l'Irak, l'Iran ou la Syrie.

    Les partisans de l'adhésion refusent la démarcation du Bosphore. Et
    pointent une contradiction. Chypre, nouvel Etat membre de l'Union, se
    situe bien plus à l'est qu'Istanbul.En revanche, les liens
    historiques plaident davantage pour l'intégration. Car les premiers
    pas de danse entre la Turquie et l'Europe sont anciens. Ils remontent
    à la signature d'un accord d'association en 1963, date à laquelle de
    Gaulle avait évoqué «la vocation européenne de la Turquie». Depuis,
    les gestes de rapprochement n'ont jamais cessé. 1987: acte de
    candidature turque à l'Europe. 1995: accord d'union douanière. 1999:
    le pas décisif. Le conseil européen d'Helsinki voit dans la Turquie
    un «Etat candidat qui a vocation à rejoindre l'Union».

    L'islam est-il un frein à la candidature de la Turquie ?

    Jusqu'à présent, tous les pays de l'Union européenne sont de culture
    chrétienne. L'adhésion de la Turquie changerait cette réalité. Les
    dirigeants turcs mettent en avant le principe de laïcité imposé au
    pays par Kemal Atatürk à la fin de la Première Guerre mondiale. Une
    réalité inscrite dans la Constitution. Et farouchement défendue par
    l'armée, auteur de trois coups d'Etat militaires depuis 1960. Une
    laïcité poussée très loin (interdiction du foulard à l'université,
    absence d'éducation religieuse obligatoire). Avec, à la clé, des
    acquis historiques: droit au divorce depuis 1923, droit de vote des
    femmes depuis 1934 et droit à l'avortement depuis 1987. «Le parti au
    pouvoir a beau être religieux, nos institutions sont inchangées»,
    assure Mustafa Ozyurt, député du CHP (Parti républicain du peuple,
    opposition).

    Inchangées? Pas sûr. L'arrivée des islamistes au pouvoir consacre le
    lent retour du fait religieux. Témoin, le projet du gouvernement
    d'autoriser désormais le port du voile à la faculté. L'apparition de
    la femme du Premier ministre turc, elle-même voilée, lors d'un voyage
    officiel à Athènes, en mai, a frappé les esprits.De fait, la
    séparation de la religion et de l'Etat n'existe pas en Turquie. Les
    pouvoirs publics s'impliquent fortement dans l'organisation du culte
    musulman (gestion de 75 000 mosquées, rédaction des prêches?). Au
    point de nier les droits des autres communautés religieuses. A
    l'automne 2003, la Commission relevait un fait déplorable:
    «L'importation de manuels religieux non approuvés est interdite et il
    y a eu des cas de livres confisqués en douane.»Surtout, si l'Etat
    turc est officiellement laïque, la société, elle, demeure fortement
    islamisée et traversée de courants fondamentalistes.

    La non-reconnaissance du génocide arménien par la Turquie est-elle un
    obstacle à son adhésion ?

    C'est un vieux contentieux. Et la France prend le risque de le
    raviver. En demandant aux Turcs de reconnaître le génocide arménien,
    le gouvernement français veut accentuer la pression sur Ankara. Il y
    a quatre ans, le vote par l'Assemblée nationale de la reconnaissance
    des massacres de 1915 (250 000 à 500 000 morts selon les Turcs ; 1,5
    million selon les Arméniens) avait déclenché les foudres du
    gouvernement turc. «Inacceptable», avait-il rétorqué.

    Le scénario a cependant peu de chances de se reproduire. D'abord
    parce que Michel Barnier, le ministre des Affaires étrangères, a
    précisé qu'il ne s'agissait pas d'une condition à l'ouverture des
    négociations. Ensuite parce que l'Union européenne ne l'a jamais
    évoqué dans ses critères de Copenhague. Paris adresse surtout un
    message à sa classe politique, remontée contre la perspective de
    l'adhésion. Et promet de revenir sur le sujet au cours des dix
    prochaines années. La Turquie a le temps de voir venir?

    La Turquie a-t-elle réalisé les réformes nécessaires ?

    En partie. «La Turquie a accompli des progrès substantiels», admet la
    Commission européenne, favorable à l'ouverture de négociations sur
    l'adhésion. Depuis trois ans, il est vrai, Ankara légifère à tour de
    bras. Et pas sur des sujets mineurs. Suppression des cours de sûreté
    de l'Etat, abolition de la peine de mort, affirmation de la liberté
    d'expression, primauté du droit international sur les lois nationales
    en matière de droits de l'homme, reconnaissance des droits culturels
    des Kurdes, et notamment de l'usage de leur langue? Autant de signaux
    positifs auxquels s'ajoutent d'autres projets de loi, en particulier
    sur la décentralisation. Preuve, selon Bruxelles, que la Turquie
    satisfait aux critères politiques de l'adhésion définis en juin 1993
    à Copenhague.

    Que lui reste-t-il à faire ?

    Beaucoup de choses. Trop! plaident les adversaires de l'intégration
    turque. Les manquements? Une application insuffisante de la
    législation sur le terrain. Même Bruxelles pointe les failles. Les
    lois sur les associations, sur l'exécution des peines et la police
    judiciaire tardent ainsi à entrer en vigueur. Tout comme le nouveau
    Code pénal.

    Mais il y a plus délicat. En dépit des garde-fous législatifs,
    l'usage de la torture persiste. Dans le rapport de la délégation pour
    l'Union européenne publié à l'issue de la visite en Turquie, il y a
    deux mois, d'un groupe de parlementaires français, les organisations
    non gouvernementales s'alarment. «L'application de la législation est
    une véritable catastrophe» et la torture dans les commissariats
    possède un «caractère systématique et répandu», y lit-on. Les
    plaintes des victimes en témoignent. Et ne refluent pas,
    contrairement aux affirmations du gouvernement. Au nombre de 925 en
    2003, elles s'élèvent à 597 au cours des huit premiers mois de cette
    année. Quant aux condamnations des policiers tortionnaires, elles
    relèvent de l'exception. Sur 41 procès suivis, un seul a donné lieu à
    une peine d'emprisonnement.Autre question sensible: la condition des
    femmes. «Un problème majeur», souligne la Commission. «Plus de la
    moitié de la population féminine subit des formes de violence
    physique et psychologique», explique-t-elle dans un rapport publié
    l'an passé. Certes, des améliorations existent. Comme l'illustre la
    réduction du nombre de «crimes d'honneur». Mais le gouvernement turc
    peine à rompre avec ses vieux démons. En septembre, son projet de
    punir l'adultère d'une peine de prison a déclenché un tollé. Car la
    mesure, outre son caractère archaïque, pénalisait d'abord les femmes,
    lesquelles n'auraient jamais été autorisées par le clan familial à
    dénoncer la faute de leur mari. Bruxelles a dû exercer une pression
    énorme pour contraindre Ankara à abandonner son projet.

    L'économie turque est-elle soluble dans l'Union ?

    Oui et non. Oui parce qu'elle engrange des résultats spectaculaires.
    L'inflation, mal endémique depuis un quart de siècle, plonge de façon
    vertigineuse (9% prévus en 2004, contre 90 % en 1995 !). La
    croissance (10 %) surclasse celle des meilleurs de la classe
    européenne. La Turquie s'offre même le luxe d'un excédent budgétaire.
    Sa main-d'oeuvre jeune et bien formée (50 % de la population a moins
    de 25 ans) affiche, certes, un coût supérieur à celle de la Bulgarie
    ou de la Roumanie. Mais les 44,74 heures de travail hebdomadaires et
    les 12 jours de congé annuels en vigueur dans le pays le placent à un
    niveau très compétitif.

    Reste la face honteuse: la moitié du PIB du pays repose sur
    l'économie parallèle. Mafieuse ou non. Un niveau exceptionnellement
    élevé. Et jamais atteint au sein de l'Union. Y compris parmi les dix
    nouveaux pays de l'Est, dont le marché «informel» avoisine 20 %.
    Difficile de transférer des fonds communautaires dans ces conditions
    !Deuxième faiblesse: le secteur agricole. Il occupe un tiers de la
    population active. Et souffre d'une productivité dérisoire (4 à 5
    hectares de superficie moyenne). L'ouverture des frontières promet
    donc de bouleverser les campagnes et de déclencher un gigantesque
    exode rural. D'abord vers les grandes métropoles du pays, puis vers
    l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas et la France, destinations
    privilégiées de l'émigration turque.Les plus optimistes objecteront
    que la Pologne, plombée par une agriculture aussi arriérée, a
    néanmoins satisfait au test de l'intégration. C'est vrai. A une
    nuance près: la Pologne est deux fois moins peuplée.Dernière menace:
    les disparités régionales. Elles sont considérables. Et sans doute
    irrémédiables entre Istanbul - une ville de 14 millions d'habitants,
    véritable puissance économique, parvenue à égaler la richesse moyenne
    de l'Union - et les villages reculés de l'Anatolie, parfois dotés
    d'un niveau de vie quarante fois inférieur !Pour ne rien arranger,
    les entreprises étrangères boudent le pays. Elles renâclent à
    investir dans les deux activités phares du pays, le textile et
    l'automobile. «La situation se retournera si l'Union se déclare
    ouverte à des négociations», promet Omer Sabanci, le patron de
    l'association industrielle turque.

    Quelles seraient les conséquences d'une adhésion de la Turquie sur le
    fonctionnement des institutions européennes ?

    La Turquie disposerait d'un poids considérable en raison de sa
    population. Forte de 71 millions d'habitants, elle figure déjà au 2e
    rang des pays les plus peuplés derrière l'Allemagne (82 millions).
    Mieux: elle dépasserait l'Allemagne d'ici dix à quinze ans (voir
    tableau), date de son éventuelle adhésion. Or les traités européens
    privilégient le critère démographique dans la répartition des
    pouvoirs. Autrement dit, dans une Europe à vingt-huit ou vingt-neuf
    membres (avec la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie en phase
    d'intégration), la Turquie aurait la capacité d'assurer une minorité
    de blocage et de s'opposer ainsi aux décisions du Conseil. Pas toute
    seule, néanmoins. Il lui faudrait s'allier à deux autres grands pays
    ou quatre autres petits pour atteindre le seuil requis. Il n'empêche.
    Son influence politique apparaîtrait démesurée. C'est notamment la
    thèse défendue par Valéry Giscard d'Estaing, le principal artisan de
    la Constitution européenne.

    Autre impact: le Parlement européen. Une fois dans l'Union, la
    Turquie pourrait dépêcher à Strasbourg une centaine de députés (78
    pour la France). Soit l'une des plus imposantes formations
    nationales. Un solide atout compte tenu du rôle croissant de
    l'Assemblée européenne.

    Quelles seraient les conséquences financières pour l'Union ?

    La somme fait peur. Selon la Commission européenne, l'adhésion de la
    Turquie devrait coûter 28 milliards d'euros par an en 2025, soit le
    tiers du budget actuel de l'Union. «Il est clair que cette incidence
    budgétaire serait substantielle sur la base des politiques
    actuelles», juge Bruxelles dans sa recommandation publiée en octobre.
    Une façon de placer les grands pays devant leurs contradictions. Et
    de leur dire que le moment est mal choisi de vouloir réduire les
    prélèvements communautaires! S'il faut à la fois financer
    l'élargissement aux dix Etats membres et assurer le redressement de
    l'économie turque (de 6 à 9 milliards d'euros consacrés aux aides
    agricoles en 2015), Jacques Chirac et Gerhard Schröder auront du mal
    à justifier le plafonnement du budget européen à 1 % du PNB de
    l'Union.

    Une consolation: la Turquie consentirait, elle aussi, un gros effort.
    Sa contribution au budget européen s'élèverait ainsi à 8 milliards
    d'euros à l'horizon 2025. A condition toutefois de voir son économie
    décoller? Ce dont les experts ne doutent pas. «Au cours des dix
    prochaines années, son PIB par habitant va doubler grâce à une
    croissance soutenue», prédit William Thomson, de l'institut Global
    Insight.

    Bruxelles estime finalement que le choc financier est absorbable. Il
    suffira de conclure quelques «arrangements spéciaux» avec la Turquie.
    On aimerait savoir lesquels?

    ************************************************** *************************
    Questions à Pierre Alduy;

    Le Point
    16 décembre 2004

    Harkis: «Comment demander à la Turquie de reconnaître le génocide
    arménien si nous ne sommes pas capables nous-mêmes de reconnaître nos
    fautes ?»

    par Jean-Michel Décugis


    Le sénateur des Pyrénées-Orientales et maire de Perpignan, Pierre
    Alduy, devait déposer, le 16 décembre, à l'occasion du projet de loi
    sur les harkis et les rapatriés, un amendement qui vise à reconnaître
    la responsabilité de l'Etat français dans le massacre, l'enlèvement
    et la disparition des harkis et rapatriés.

    Pourquoi cet amendement ?

    J'ai participé au dernier voyage du président Jacques Chirac en
    Algérie. Et j'ai compris que pour qu'il y ait une vraie
    réconciliation entre Algériens et Français il faut que les deux Etats
    reconnaissent chacun leur part de responsabilité.

    Il a fallu quarante ans pour que l'on admette que le 19 mars n'était
    pas la fin de la guerre d'Algérie et que l'on choisisse le 5 décembre
    comme date de commémoration. Il ne doit demeurer aucune ambiguïté sur
    cette période noire de notre histoire. Comment demander à la Turquie
    de reconnaître le génocide arménien sans être capables nous-mêmes de
    reconnaître nos fautes? Le couple franco-algérien doit être le moteur
    de l'Euroméditerranée. Cette Euroméditerranée représente une chance
    de construction de paix durable entre le monde judéo-chrétien et le
    monde arabo-musulman mis à mal par les situations en Irak, Palestine
    et Israël?

    N'est-ce pas un désaveu pour le général de Gaulle ?

    La responsabilité est collective. Le sujet n'est pas le général de
    Gaulle, mais comment construit-on une nation? La France peut-elle
    avoir encore une parole forte dans le monde si elle fuit ses
    responsabilités ?

    ************************************************** *************************
    La Turquie vient d'officialiser sa politique négationniste sur le génocide arménien;

    Le Temps
    16 décembre 2004

    Alexis Krikorian, directeur du secteur «liberté de publier» à l'Union
    internationale des éditeurs, basée à Genève, demande que, sans
    retarder le début des négociations d'adhésion, l'Union européenne
    fixe à la Turquie de nouvelles conditions, dont principalement la
    reconnaissance du génocide arménien de 1915. Il s'exprime ici à titre
    pesonnel.



    La reconnaissance du génocide arménien est enfin au coeur des
    arguments des partisans et des opposants à l'adhésion de la Turquie à
    l'Union européenne. Les eurodéputés ont adopté hier un amendement par
    332 voix contre 325 appelant «la Commission européenne et le Conseil
    à exiger des autorités turques la reconnaissance formelle de la
    réalité historique du génocide des Arméniens en 1915», sans en faire
    cependant un préalable aux négociations.

    La reconnaissance du génocide arménien pèse en réalité très peu
    auprès de la majorité des partisans de l'adhésion de la Turquie à
    l'Europe, qu'ils soient eurosceptiques ou guidés par les seuls motifs
    économiques ou géopolitiques. Inversement, certains opposants à
    l'adhésion de la Turquie instrumentalisent la reconnaissance du
    génocide arménien. Les anti-musulmans se rangent sans doute dans
    cette catégorie.

    Il n'empêche, dans les deux camps, certains, je les espère nombreux,
    abordent la reconnaissance du génocide arménien sans arrière-pensée.

    Je suis plutôt favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Europe, mais
    ceux qui pensent que la perspective de l'adhésion incitera les Turcs
    à assumer leur histoire, notamment le génocide des Arméniens de 1915,
    se trompent. En effet, c'est au moment même où les négociations
    d'adhésion vont débuter que la Turquie officialise - dans l'article
    306 du nouveau Code pénal adopté le 27 septembre dernier et dont
    l'entrée en vigueur est prévue pour avril prochain - sa politique
    négationniste à l'égard du génocide arménien. Cet article punit de 3
    à 10 ans de prison, ainsi qu'à de lourdes amendes, celles et ceux qui
    mettraient à mal l'intérêt national turc. Or seuls deux exemples de
    mise à mal dudit intérêt national sont cités dans l'article 306 du
    nouveau Code pénal: appeler de ses voeux l'évacuation de Chypre nord
    par les troupes turques, ou dire que les Arméniens de l'Empire
    ottoman ont connu un génocide pendant la Première Guerre mondiale.

    La publication du présent article dans un quotidien turc ne serait
    donc pas possible, sauf pour l'auteur et l'éditeur à courir le risque
    d'une lourde amende et de l'emprisonnement.

    L'article 306 du nouveau Code pénal est le dernier avatar du
    négationnisme d'Etat en Turquie, en germe dès 1915 lorsque les
    télégrammes d'Istanbul commandant l'extermination des Arméniens des
    Vilayets orientaux furent immédiatement suivis par des télégrammes
    ordonnant la destruction des premiers télégrammes.

    Avec ce nouvel article, on assiste à la sacralisation - définitive? -
    d'un des grands tabous de la Turquie kémaliste qui empêche une
    expression pleine, libre et entière en Turquie. Il y en a bien
    d'autres. L'intellectuel stambouliote Ragip Duran en liste 4: la
    question kurde, le rôle des militaires, la position des femmes et le
    kémalisme (par exemple, la loi n° 5816 interdit d'insulter la mémoire
    d'Atatürk). Parfois, il en ajoute un autre: la charia.

    L'article 306 du nouveau Code pénal vise notamment à tuer dans l'oeuf
    le débat naissant en Turquie sur le génocide arménien. Ce débat a été
    lancé en Turquie par des éditeurs courageux, en particulier les
    Editions Belge, il y a maintenant quelques années. Belge est la
    maison d'édition des époux Zarakolu. Elle a été fondée à Istanbul en
    1977. Les époux Zarakolu ont lutté tant et plus contre au moins trois
    de ces tabous, le génocide arménien, la question kurde et le rôle des
    militaires. A titre d'exemple, Ragip Zarakolu a failli aller en
    prison en décembre dernier pour avoir publié Le régime du 12
    septembre en procès. Ce livre décortique les atteintes aux droits de
    l'homme sous le régime militaire issu du coup d'Etat de 1980.

    L'accusation estimait que son livre était une «incitation à la haine»
    (ancien article 312, nouvel article 216 du Code pénal turc). Fort
    heureusement, et grâce à une mobilisation interne et externe sans
    précédent, il a été acquitté dans cette malheureuse affaire. Les
    éditeurs courageux comme lui font l'objet d'un véritable harcèlement
    de la part des autorités judiciaires turques. Ragip Zarakolu, pour ne
    citer que lui, est constamment en procès. Sa maison d'édition est au
    bord de la faillite. Il a véritablement du mal à faire son métier
    d'éditeur.

    Dans ces conditions, il n'est pas impossible de penser que l'article
    306 du nouveau Code pénal vise en particulier les Editions Belge et
    Ragip Zarakolu. Dans la Turquie actuelle, le débat sur le génocide
    arménien ne peut et n'a pu venir en premier lieu que de la traduction
    de livres étrangers sur la question du génocide, comme Ermeni Tabusu
    d'Yves Ternon publié par les Editions Belge il y a quelques années
    déjà. Cette publication a conduit Ragip Zarakolu et son épouse, Ayse
    Nur, devant les tribunaux à plusieurs reprises. Leurs locaux ont même
    été plastiqués en décembre 1993. Les époux Zarakolu ont fini par
    l'emporter, jusqu'à ce que cet article 306 soit voté par les
    parlementaires d'Ankara en septembre dernier.

    Bien sûr, il est sans doute possible de se dire, dans un élan
    enthousiaste, qu'il s'agit là d'un geste de trop, désespéré, de la
    part des autorités turques. Je ne le crois pas. C'est justement parce
    que les Européens sont faibles sur cette question que les autorités
    turques se sentent autorisées à officialiser leur politique de
    négation du génocide arménien.

    L'ultimatum de l'Europe sur l'adultère («c'est soit la loi sur
    l'adultère, soit l'adhésion à l'UE») a finalement porté ses fruits,
    Ankara abandonnant au bout du compte cette législation d'un autre
    âge. Les rapports de force sont maîtres dans les rapports UE-Turquie.
    Le président de l'Institut kurde de Paris, Kendal Nezan, parle à
    juste titre d'un «mariage de raison» entre la Turquie et l'UE. Il ne
    serait donc pas sot, dans ces conditions, d'imposer de nouvelles
    conditions à la Turquie dès le sommet des chefs d'Etat et de
    gouvernement qui se tient aujourd'hui et demain à Bruxelles, sans
    pour autant retarder le début des négociations d'adhésion. Au nom des
    valeurs éthiques de l'Europe, au nom des valeurs de justice, de
    vérité et de réconciliation qui sont au coeur du pacte européen (qui
    l'étaient?), la reconnaissance du génocide arménien par les autorités
    turques doit logiquement figurer au rang des nouvelles conditions.

    La Turquie doit impérativement reconnaître le génocide des Arméniens
    avant de rejoindre la grande famille européenne. Au nom de ses
    obligations morales envers la communauté internationale dans son
    ensemble. La reconnaissance du génocide arménien ne relève pas des
    rapports bilatéraux entre la Turquie et l'Arménie comme le déclarait
    récemment le président Chirac. Les Européens - à Bruxelles, comme
    dans les capitales nationales - ne peuvent se faire les complices
    d'une politique négationniste d'Etat. Il en va des valeurs de
    l'Europe. Il en va du sens même de mon passeport français et
    européen.

    Pour l'heure, comme l'écrivait récemment Daniel Vernet dans Le Monde,
    «le refus persistant de reconnaître ce fait historique disqualifie la
    Turquie comme membre de l'Union».

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    Les eurodéputés donnent un signal clair en acceptant l'ouverture de négociations avec la Turquie;

    Le Temps
    16 décembre 2004

    UNION EUROPEENNE. Les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent
    ce soir et demain à Bruxelles pour un sommet dominé par le dossier
    d'adhésion d'Ankara. Les Vingt-Cinq devraient accepter d'entamer les
    négociations. Les Turcs ont affirmé qu'ils gèleraient leur
    candidature en cas de conditions inacceptables.



    Les parlementaires européens ont indiqué mercredi la voie que
    devraient suivre, sauf surprise, les chefs d'Etat et de gouvernement
    européens réunis en Sommet ce jeudi soir et vendredi à Bruxelles.
    Lors d'un vote consultatif à bulletin secret à Strasbourg, ils ont
    jugé par 407 voix contre 262 et 29 abstentions qu'Ankara pouvait
    commencer ses négociations d'adhésion avec l'Union européenne.

    Si la France se déchire depuis des semaines en des débats qui ont
    fini par faire vaciller la position de Jacques Chirac lui-même - il
    s'est rallié à l'idée que des négociations pourraient déboucher sur
    un partenariat qui ne serait pas une adhésion - une majorité de pays
    européens soutient beaucoup plus franchement la candidature turque.
    Certes, tous sont d'accord pour y poser des conditions et considérer
    les dix à quinze ans de pourparlers qui s'annoncent comme un
    «processus ouvert». Vienne partage les réticences françaises, mais
    les Britanniques, les Allemands, les Espagnols, les Italiens, les
    Belges, les Scandinaves - les Danois mis à part - et la plupart des
    nouveaux pays adhérents - à l'exception évidente de Chypre - veulent
    que l'Europe envoie un signal positif à la Turquie. Les Néerlandais,
    qui présideront cette réunion des Vingt-Cinq, n'envisagent guère
    l'échec, même s'ils reconnaissent qu'un «déraillement», pour
    reprendre l'expression du premier ministre Jan Peter Balkenende,
    n'est pas à exclure lors des dernières tractations avec Ankara et
    entre les Vingt-Cinq.

    Le rôle de Chypre

    C'est, pour de nombreux diplomates, la grande inconnue: jusqu'où les
    Chypriotes sont-ils prêts à s'obstiner et les Turcs à coopérer?
    Nouvelle en Europe, la république grecque a caressé l'idée d'un veto
    si la Turquie ne reconnaissait pas son existence. Bruxelles espère
    qu'Ankara acceptera lors du sommet de s'engager à signer un accord
    qui étend l'Union douanière avec l'Europe aux dix pays de
    l'élargissement. Ce serait un premier pas vers une reconnaissance
    effective, que les Chypriotes devraient se résigner à attendre encore
    un peu.

    Le génocide arménien

    Le Parlement européen et Paris souhaitent que la Turquie, dans son
    processus de rapprochement avec l'Union, fasse un «travail de
    mémoire» et reconnaisse son rôle dans le massacre de 1,5 million
    d'Arméniens entre 1915 et 1917. Mais ces voeux ne constituent, ni
    pour l'assemblée strasbourgeoise ni pour le gouvernement français,
    une condition à l'ouverture des négociations. Les associations
    arméniennes manifesteront vendredi aux abords du quartier européen.

    Les clauses de sauvegarde

    Ankara bataille fermement et a même menacé hier de geler sa
    candidature si son futur statut d'Etat membre est assorti de
    restrictions trop contraignantes. L'Europe songe en effet à imposer
    aux Turcs une sorte de statut spécial après l'adhésion qui
    empêcherait, par exemple, les travailleurs turcs de s'établir aussi
    librement que les autres Européens dans le pays de l'Union de leur
    choix.

    Le début des négociations

    La France aurait voulu qu'on ne commence pas avant fin de 2005 voire
    début 2006, mais de nombreux pays ne voient pas la nécessité
    d'attendre autant. Bien des observateurs estiment que l'on devrait
    décider de lancer les pourparlers dans le courant de l'automne
    prochain. L'Europe veut aussi garder le contrôle du déroulement des
    discussions et envisage de se prononcer à l'unanimité à chaque étape
    des négociations, qui pourront être interrompues si la Turquie devait
    renoncer aux réformes fondamentales qu'elle a lancées.

    Roumanie, Bulgarie, Croatie

    Les conditions posées à Ankara rejailliront-elles sur les autres
    candidats à l'adhésion? Les négociations étant achevées avec la
    Roumanie et la Bulgarie, l'UE devrait signer les traités d'adhésion
    au printemps. Leur arrivée est prévue pour 2007 mais pourrait être
    retardée à 2008 si ces pays ne sont pas prêts économiquement. La
    Croatie, elle, devrait se voir encouragée à mieux collaborer avec le
    Tribunal pénal international de La Haye avant de commencer au
    printemps ses négociations d'adhésion.

    ************************************************** *************************
    « Circonlocutions autour du mot génocide »

    Le Monde
    16 décembre 2004

    UNION EUROPÉENNE - Jacques Chirac défend sur TF1 sa position sur
    l'adhésion de la Turquie


    Les propos de Michel Barnier, ministre français des affaires
    étrangères, sur le génocide arménien ont été mal reçus par le Comité
    de défense de la cause arménienne (CDCA) en France qui qualifie de «
    pathétiques » ce qu'il appelle des « circonlocutions autour du mot
    génocide ». « Le génocide arménien n'est pas une tragédie dont la
    reconnaissance n'a pas été effectuée que de façon solennelle par le
    Parlement français.

    Il s'agit d'une loi, signée par le président de la République,
    Jacques Chirac » déclare dans un communiqué Harout Mardirossian,
    président du CDCA.

    Vardan Oskanian, le ministre arménien des affaires étrangères, qui
    note que M. Barnier a promis que la France poserait la « question »
    de la reconnaissance du génocide arménien, parle de « déclaration
    méritoire » montrant « que la question de la reconnaissance du
    génocide a dépassé le cadre de l'Arménie et de son peuple ». « Il est
    difficile de dire quel tournant cette question prendra lors des
    négociations avec la Turquie » a ajouté le ministre. M. Barnier avait
    insisté sur le fait que cette reconnaissance « n'était pas une
    condition » à l'ouverture des négociations d'adhésion d'Ankara à
    l'UE.

    ************************************************** *************************
    Union européenne. L'Europe est prête à entrouvrir sa porte à la Turquie.

    La Croix
    16 décembre 2004

    ÉLARGISSEMENT. Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants
    des 25 États membres devraient décider d'ouvrir des négociations avec
    la Turquie, malgré quelques questions qui fâchent encore.

    MASSON Marie-Françoise

    Sauf coup de théâtre, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union
    européenne, réunis en sommet à Bruxelles, ce soir et demain matin,
    devraient accepter l'ouverture de négociations d'adhésion avec la
    Turquie. Il reste toutefois quelques compromis à affiner. On peut
    diviser les questions qui fâchent en deux catégories, celles qui
    conditionnent l'ouverture des négociations et celles qui pèseront
    dans le futur.

    Les questions qui conditionnent l'ouverture des négociations

    La date d'ouverture. En décembre 2002, il avait été prévu que les
    négociations seraient entreprises "aussitôt l'accord obtenu". Il
    semble pourtant que l'on attendra le deuxième semestre 2005. Raison
    officielle invoquée, la Commission européenne a besoin de quelques
    mois pour préparer le mandat de négociation. Mais la raison
    officieuse plus importante est la nécessité pour la France de bien
    séparer dans le temps la question turque du référendum sur la
    Constitution européenne qui se tiendrait au premier semestre.

    La reconnaissance de Chypre par la Turquie. La République de Chypre,
    membre à part entière de l'Union depuis mai, explique qu'elle ne peut
    pas donner son accord à l'ouverture des négociations avec un pays qui
    ne la reconnaît pas. L'île est toujours divisée entre la partie
    grecque entrée dans l'Union européenne, et la partie turque, reconnue
    exclusivement par la Turquie. Un artifice devrait être trouvé. La
    Turquie, qui doit prochainement étendre aux dix États ayant adhéré en
    mai son traité d'union douanière avec l'UE, reconnaîtrait ainsi de
    facto la République chypriote.

    L'évocation d'un autre lien que l'adhésion. Les États membres se
    divisent en deux groupes. Le premier, le plus nombreux, mené par le
    Royaume-Uni et l'Allemagne, considère que les manquements notamment
    aux droits de l'homme se régleront en cours de négociations. Le
    second composé de l'Autriche, du Danemark et surtout de la France,
    demande que soit inscrite dans le document adressant un feu vert à
    l'ouverture de négociations, une alternative à l'adhésion, au cas
    d'échec de ces négociations. Le premier groupe de pays est réticent,
    car il craint que cela n'envoie un signal négatif à la Turquie, qui
    s'oppose d'ailleurs farouchement à cette idée. Mais la France,
    l'Autriche, le Danemark et - en sourdine - les Pays-Bas, exigent que
    soit mentionnée cette réserve.

    La présidence néerlandaise va donc essayer de proposer une formule de
    consensus d'autant plus nécessaire qu'hier, lors du vote par le
    Parlement européen d'une résolution avalisant l'ouverture des
    négociations d'adhésion avec la Turquie, les eurodéputés opposés à
    l'ouverture de négociations d'adhésion ont donné de la voix.

    Les questions qui pèseront dans le futur

    Les autres sujets de polémique, s'ils ne conditionnent pas le sommet
    de Bruxelles, demeureront vifs, en toile de fond.

    La question kurde. Alors que 15 à 20 millions de Kurdes vivent sur le
    sol turc, deux cents personnalités représentant toutes les tendances
    et sensibilités politiques et culturelles kurdes en Turquie ont signé
    la semaine dernière un appel pour un règlement équitable de la
    question dans le cadre des négociations d'adhésion. Ces personnes
    réclament principalement qu'une Constitution reconnaissant
    l'existence du peuple kurde, lui garantissant tous ses droits.
    "L'Europe doit réaliser que sa frontière passera un jour au milieu du
    Kurdistan, explique Kendal Nezan, président de l'Institut kurde de
    Paris, et si une solution n'est pas trouvée, elle pourrait bien
    connaître alors des tensions."

    Le génocide arménien. La reconnaissance des actes commis dans le
    passé ne fait pas partie des conditions préalables d'admission dans
    l'UE. Mais c'est dans une logique de réconciliation que l'Europe
    s'est construite et beaucoup estiment en Europe que cette logique
    devra prévaloir un jour entre la Turquie et les Arméniens.
    Actuellement, la Turquie ne reconnaît pas le caractère de génocide
    des massacres d'Arméniens sous l'Empire ottoman de 1915 à 1917. La
    France, où vivent 350 000 Arméniens, est à la pointe du débat. Lundi
    et mardi, le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, a
    explicitement utilisé le terme de "génocide" en déclarant que la
    France poserait "toutes les questions, notamment celle du génocide
    arménien", lors des négociations.

    La limitation permanente de liberté de circulation des travailleurs
    turcs. Cette clause, exigée par le Danemark et de l'Autriche, a été
    avalisée par la Commission européenne dans son rapport d'octobre. On
    sait que la Turquie se battra contre une disposition qui fait de ses
    citoyens des personnes de seconde zone, tandis que certains États
    feront valoir qu'existent déjà des situations différentes dans l'UE.
    La liberté de circulation risque donc d'être l'une des questions les
    plus discutées dans l'avenir.

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    La Nouvelle République du Centre Ouest
    16 décembre 2004

    Les déclarations du Président


    « Oui, si » à l'adhésion. - « La question qu'il faut se poser, c'est
    " est-ce que l'Europe, et notamment la France, ont ou non intérêt à
    ce que la Turquie les rejoigne ? " Ma réponse est " oui, si ".

    « Oui, si la Turquie remplit naturellement la totalité des conditions
    qui s'imposent à tout candidat à notre Union.

    « L'Union européenne, c'est d'abord un projet pour la paix et la
    stabilité, c'est l'enracinement de la démocratie et le développement
    économique et social ».

    « Au regard de ces trois critères, je crois que nous avons intérêt à
    avoir la Turquie avec nous, si elle remplit toutes les conditions.

    « Au cours de l'histoire, la Turquie a penché tantôt vers l'Asie,
    tantôt vers l'Europe. La question qui se pose aujourd'hui, ce n'est
    pas de savoir si elle est d'Asie ou d'Europe. La question qui se
    pose, c'est de savoir quel est l'intérêt de l'Europe.

    « Notre intérêt, c'est qu'elle penche vers l'Europe, nos valeurs,
    notre conception des droits de l'homme, de la paix, de la démocratie,
    et non pas vers l'Asie, où elle risquerait d'emprunter une autre
    voie, qui probablement générerait ou pourrait générer de
    l'instabilité ou de l'insécurité pour l'Europe. »

    « La reconnaissance du génocide arménien, c'est la loi ». - « Nous
    sommes en France un pays de droit. Il y a une loi qui a été votée
    d'ailleurs presqu'à l'unanimité aussi bien du Sénat que de
    l'Assemblée nationale, qui parle de génocide. Par conséquent, c'est
    la loi.

    « Des efforts de réconciliation et de paix ont jalonné l'histoire
    européenne et se sont traduits partout par un effort de mémoire
    important. Cet effort doit être fait, bien entendu, par la Turquie,
    et je suis sûr qu'elle le fera. »

    La Turquie est « loin du terme de son effort ». - « La Turquie a fait
    un effort considérable pour se rapprocher de l'Union européenne, mais
    elle est loin du terme de cet effort.

    « Négociations, cela ne veut pas dire adhésion. Ces négociations vont
    durer 10 ans, 15 ans, 20 ans pour permettre à la Turquie de rejoindre
    l'acquis communautaire, c'est-à-dire toutes les règles, les valeurs,
    les modes de vie qui sont les nôtres, tant sur le plan des droits de
    l'homme que sur le plan de l'économie de marché. Et pour cela, elle
    doit faire des efforts considérables. »

    « Les Français auront le dernier mot ». - « Toute nouvelle adhésion
    devra être sanctionnée [...], pas par la voie parlementaire, mais
    obligatoirement par la voie référendaire. Ce qui veut dire en clair
    qu'en toute hypothèse, chaque Française et chaque Français conserve
    son droit à s'exprimer, et que les Français auront le dernier mot. »

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    UE-ARMENIOS: PROTESTA CONTRA ADHESION DE TURQUIA

    ANSA Noticiero en español
    December 17, 2004

    BRUSELAS

    BRUSELAS, 17 (ANSA) - Centenares de armenios realizaron una
    manifestación en Bruselas, en una zona ubicada a poca distancia del
    palacio Justus Lipsius, mientras el Consejo Europeo debatía la
    adhesión de Turquía a la UE.

    Los manifestantes, con carteles que llevaban la frase "Contra Turquía
    en Europa", advirtieron que la Unión Europea debe reconocer el
    "genocidio armenio" perpetrado por Ankara.

    Armenios de distintos países de Europa, entre ellos España, Grecia,
    Holanda e Italia, llegaron a Bruselas para participar de la protesta.

    Los manifestantes reclamaron que la Unión Europea imponga como
    condición para la adhesión de Turquía el reconocimiento por parte de
    Ankara de la matanza de 1,5 millones de armenios entre 1915 y
    1923.(ANSA).

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    Aunque las negociaciones concluyeran con exito ...

    El Mundo, España
    16 Dic 2004

    LA NUEVA EUROPA / Aunque las negociaciones concluyeran con exito, la
    adhesion no podria llevarse a cabo hasta dentro de 10 anos / El pais
    aspirante ha de resolver sus conflictos exteriores con Armenia y
    Chipre.

    El Europarlamento, a favor de abrir la puerta ya a Turquia.
    Todos los eurodiputados espanoles, salvo uno del PNV que se abstuvo,
    se pronunciaron a favor de que se inicien conversaciones con Ankara.

    JUAN CARLOS GONZALEZ. Corresponsal

    UE. Incorporacion de Turquia. El Parlamento europeo se favor de abrir
    la puerta ya a Turquia con un resultado de 407 votos a favor, 262 en
    contra y 29 abstenciones. Portada


    BRUSELAS.- Con un resultado de 407 votos a favor, 262 en contra y 29
    abstenciones, los eurodiputados se pronunciaron ayer, en votacion
    secreta, a favor de la apertura de las negociaciones de adhesion con
    Turquia. Los eurodiputados espanoles apoyaron casi unanimemente esta
    mocion, salvo un representante del Partido Nacionalista Vasco (PNV)
    que se abstuvo.

    La decision, que no tiene caracter vinculante, es una senal politica
    enviada a los lideres europeos que se reunen a partir de esta tarde,
    y hasta manana, en la capital belga para tomar una decision sobre la
    fecha del inicio de las negociaciones con Turquia.

    A pesar del apoyo de la Eurocamara, los eurodiputados advierten de
    que las negociaciones no tienen "por que conducir a priori y de forma
    automatica a una adhesion".

    El voto fue secreto para intentar que quienes estan en contra del
    ingreso lo puedan manifestar sin verse sometidos a la presion
    publica. Junto con el informe del Parlamento, los eurodiputados
    tambien se pronunciaron sobre dos enmiendas contrarias al ingreso de
    Turquia. La primera proponia como alternativa "una colaboracion
    privilegiada" con el socio turco. Fue rechazada, tambien en votacion
    secreta, por 415 votos en contra y 250 a favor. La segunda afirmaba
    que el Parlamento Europeo "rechaza que Turquia sea miembro de pleno
    derecho de la Union Europea". El texto solo logro el apoyo de 235
    representantes.

    Los partidarios del "no" se repartieron entre los populares galos y
    alemanes, asi como los soberanistas y la extrema derecha, de acuerdo
    con las opiniones expresadas por los eurodiputados de estos grupos
    politicos en el debate previo a la votacion. Los defensores de la
    apertura de las negociaciones forman parte del resto de la mayoria de
    los populares europeos, los liberales, los socialistas y los verdes.

    Condiciones

    A pesar de que una mayoria de eurodiputados se pronuncio a favor de
    la apertura de las negociaciones, la Eurocamara fija toda una serie
    de condiciones y, sobre todo, no garantiza que este proceso
    desemboque de manera automatica en un ingreso.

    "El objetivo de las negociaciones es la adhesion de Turquia a la
    Union Europea, pero la realizacion de esta ambicion dependera de los
    esfuerzos de ambas partes", senala el texto adoptado ayer.Al igual
    que preconizaba la Comision en su informe del 6 de octubre sobre los
    progresos realizados por Turquia, los eurodiputados incluyen en su
    informe la posibilidad de "suspender" las negociaciones en caso de
    "serias y persistentes" violaciones de los derechos humanos y de las
    libertades fundamentales.

    En todo caso, el camino para el ingreso de Turquia en la Union
    tambien se preve largo. Para el Parlamento Europeo si las
    negociaciones finalizan con exito, la adhesion no podra llevarse a
    cabo antes de que se firmen las perspectivas financieras (conjunto de
    ingresos y gastos de las arcas comunitarias) para el periodo
    2014-2020.

    En estos momentos los Veinticinco estan negociando las perspectivas
    financieras para el periodo 2007-2013. Y las negociaciones para el
    periodo siguiente no se concluiran antes de 2013, dentro de casi 10
    anos.

    Otra de las condiciones impuesta por la Eurocamara previa al ingreso
    es que Turquia resuelva sus conflictos exteriores, tanto con Armenia
    como con Chipre. "La retirada de las fuerzas turcas" del norte de la
    isla de Chipre, es considerada como "un paso necesario", afirman los
    eurodiputados.

    Chipre es miembro de la Union desde el pasado 1 de mayo, y al igual
    que el resto de los paises miembros dispone de un poder de veto para
    aceptar o rechazar la ampliacion de la Union Europea.

    Conscientes de que la comunidad grecochipriota rechazo la
    reunificacion de la isla, en referendum, los miembros de la
    Eurocamara piden "a las autoridades turcas que mantengan su actitud
    constructiva para encontrar una solucion equitativa que utilice como
    base de las negociaciones el plan de Annan", afirma el texto.

    En el caso de Armenia, el Parlamento europeo exige a las autoridades
    turcas "el reconocimiento formal de la realidad historica del
    genocidio de los armenios en 1915". Tambien se pronuncian a favor de
    la apertura de la frontera entre Turquia y Armenia en un "breve
    plazo".


    GRAPHIC: Caption: Miembros del Parlamento Europeo muestran carteles
    en apoyo del ingreso de Turquia, ayer en Estrasburgo. / REUTERS

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    Los lideres europeos debaten la fecha para abrir negociaciones con Turquia

    El Pais, España
    16 Dic 2004

    Bruselas

    La decision de la cumbre de Bruselas condicionara el futuro de la UE,
    sus fronteras y su seguridad. CARLOS YARNOZ,. Los jefes de Estado y
    Gobierno de la UE se reunen hoy y manana en Bruselas para tomar una
    decision clave para el futuro de la Union, sus fronteras, su
    seguridad y su capacidad de convivencia entre pueblos, civilizaciones
    y religiones. La cumbre debe decidir si abre negociaciones de
    adhesion con Turquia, pais de 70 millones de musulmanes, fronterizo
    con Iran, Irak o Siria, llamado a ser el mas poblado de la UE. Salvo
    sorpresas imprevistas, Los 25 acordaran que las negociaciones
    comiencen a finales de 2005, pero lo haran mirando de reojo a una
    mayoria de sus electores disgustada con esa decision.


    La suerte parece echada para los turcos, que estan llamando a la
    puerta de la Union desde 1963. Hasta 1999, no logro el estatuto de
    pais candidato y, el pasado 6 de octubre, la Comision Europea
    certifico que Ankara habia hecho "unas reformas impresionantes" y
    cumplia ya los llamados criterios de Copenhague (democracia, derechos
    humanos, respeto a las minorias y economia de mercado competitiva),
    pero aconsejo tambien unas leoninas condiciones negociadoras que los
    lideres no solo se aprestan a imponer a Turquia, sino tambien a todos
    los potenciales candidatos en el futuro.

    A Turquia se le podra aplicar una clausula permanente de salvaguardia
    para que los turcos no disfruten del sagrado principio comunitario de
    la libertad de movimiento y establecimiento de trabajadores. La UE
    intenta paliar asi el pavor de los europeos a una avalancha de
    emigrantes turcos hacia Alemania, Austria, Belgica, Holanda y
    Francia, paises que ya suman mas de cuatro millones de turcos.

    Tambien se le aplicaran a Ankara clausulas de salvaguardia temporales
    para limitar sus accesos a las ayudas regionales y agricolas europeas
    o a las ventajas del mercado interior. El primer ministro turco,
    Recep Tayyip Erdogan, ha declarado a este periodico: "Podemos aceptar
    limitaciones temporales, pero no permanentes". Reino Unido, Espana y
    Belgica tampoco ven con entusiasmo las clausulas permanentes.

    Seguimiento del compromiso

    Ademas, durante los al menos 10 anos que durara la negociacion, la UE
    realizara un permanente y pormenorizado seguimiento del compromiso
    turco para erradicar la tortura y los malos tratos o para respetar
    los derechos de las mujeres y de los kurdos. En caso de grave
    incumplimiento de algunos de estos principios democraticos, las
    conversaciones quedaran suspendidas de inmediato.

    No solo eso. La decision de los 25 lideres europeos debe ser adoptada
    por unanimidad y, por tanto, debe contar con el apoyo de Chipre, un
    pais no reconocido por Turquia, que ocupa militarmente el norte de la
    isla desde 1974. El borrador de conclusiones de la cumbre de hoy y
    manana incluye el compromiso de Ankara de actualizar su acuerdo
    aduanero con la Union, lo que implicaria la firma en un acuerdo
    internacional de Turquia y Chipre y, de paso, el reconocimiento de
    facto.

    Ankara rechaza tal compromiso y, pese a todo, Chipre no vetara la
    decision y Los 25 se conformaran con un gesto de Ankara antes de que
    el proximo ano empiecen las negociaciones. Tampoco acepta Ankara las
    presiones de Francia para que, en el futuro, reconozca la existencia
    del genocidio armenio y su participacion en los terribles sucesos que
    costaron la vida a centenares de miles de personas entre finales del
    siglo XIX y comienzos del XX.

    En ningun documento figurara por escrito por el momento, pero el
    canciller aleman, Gerhard Schroeder; el primer ministro britanico,
    Tony Blair, y el presidente frances, Jacques Chirac, ya han hablado
    esta semana de la posibilidad de que si Turquia entra en la Union
    seran cambiadas las reglas de reparto de poder en la UE pactadas en
    la Constitucion europea. De no ser asi, Turquia sera el pais con mas
    peso en el Consejo de la Union y en la Eurocamara, porque, a partir
    de 2015, tendra mas habitantes que Alemania.

    Por todas esas razones, prevenciones y miedos, la UE dejara escrito
    que el inicio de negociaciones no supone automaticamente que el
    escenario final sea la entrada de Turquia en el club. Ankara, en
    cambio, ha evitado que Austria, Francia y Dinamarca incluyeran
    tambien en las conclusiones una referencia a un plan B para el caso
    de que las negociaciones fracasen. Se trata de la "asociacion
    privilegiada", sin pertenencia al club, que el Partido Popular
    Europeo defiende como alternativa al ingreso.

    Rechazo popular

    Por el contrario, y como pactaron hace dos semanas Alemania y
    Francia, en las conclusiones quedara claro que el objetivo de las
    negociaciones es "la adhesion", aunque no pueda prejuzgarse ese
    final. "Nunca seremos un socio privilegiado, porque esa figura no
    existe", aseguro Erdogan.

    Los sondeos mas recientes han puesto otra vez de manifiesto uno de
    los principales motivos por el que los lideres europeos toman tantas
    precauciones. Una encuesta difundida el lunes por el diario frances
    Le Figaro senala que el 67% de los franceses rechaza la entrada de
    Turquia, como un 55% de los alemanes y hasta el 75% de los
    austriacos. Por eso, Francia ha tomado mas cautelas que nadie: entre
    enero y marzo se incluira en su Constitucion la obligacion de
    convocar un referendum antes de cada nueva incorporacion. "La ultima
    palabra la tendra el ciudadano", ha insistido el ministro frances de
    Exteriores, Michel Barnier.

    Reino Unido, Italia, Espana y Holanda han sido en este proceso los
    valedores de Turquia. Fuera de Europa, ha sido EE UU su gran abogado
    en su acercamiento a la UE. Para Erdogan, el balance entre ventajas y
    desventajas de la adhesion se resume en estos comentarios: "Si Europa
    es solo un club cristiano, puede pasar sin nosotros; pero si es un
    conjunto de valores comunes, necesita a Turquia, porque somos una
    pieza esencial para la reconciliacion de civilizaciones. Lo que
    proponemos es un acuerdo entre civilizaciones". Para eso, como
    recordo el presidente de la Comision Europea, "habra que conquistar
    los corazones y las mentes de los ciudadanos".

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    (PROG)UE-TURQUIA: COMENZO CUMBRE QUE TRATARA ADHESION ANKARA

    ANSA Noticiero en español
    16 Dic 2004

    BRUSELAS


    BRUSELAS, 16 (ANSA)- Los gobernantes de los 25 países de la Unión
    Europea iniciaron hoy la cumbre de dos días en la que decidirán si
    comienzan las negociaciones con Turquía para su adhesión al bloque.

    "No debemos insertar nuevas condiciones políticas", reiteró hoy
    varias veces el presidente de la Comisión Europea, José Manuel
    Barroso, en una conferencia de prensa en Bruselas.

    En la agenda de la reunión iniciada por la tarde, los gobernantes
    europeos deberán decidir también sobre el ingreso de Rumania y
    Bulgaria a la UE y la apertura de las negociaciones con Croacia.

    "Nuestra visión sobre Turquía es clara: no buscamos una solución a
    medias. Si vamos a abrir las negociaciones con Turquía, esto deberá
    hacerse teniendo en cuenta la perspectiva de una adhesión completa",
    declaró Barroso.

    El presidente del ejecutivo europeo rechazó así una hipótesis
    alternativa, come la de la asociación especial, impulsada por los
    franceses y austríacos.

    "Es justo el momento de iniciar las negociaciones", agregó Barroso.

    Por su parte, el presidente pro témpore de la Unión Europea, el
    premier holandés Jan Peter Balkenende, sostuvo: "estamos en una buena
    dirección, pero sobre algunas temáticas permanecen las dificultades".


    Balkenende aclaró que las discusiones sobre éstas dificultades se
    resolverán en la cena de los 25 del jueves al viernes.

    El miércoles el Europarlamento aprobó una resolución que pide a los
    gobernantes de la UE que inicien negociaciones con Turquía sobre una
    adhesión plena al bloque.

    Pero además requiere que Turquía reconozca el genocidio armenio de
    1915, cuando exterminó a un millón de personas, y a la República de
    Chipre, miembro de la UE y cuyo norte ocupa.

    El tema de Chipre se convirtió en uno de los que puede trabar las
    esperanzas de Ankara de unirse al bloque.

    Chipre es una de las diez naciones que se incorporaron en mayo a la
    UE, pero Turquía sólo reconoce el norte de la isla que ocupa desde
    1974.

    El premier turco, Tayyip Erdogan, dijo hoy que el tema de Chipre "se
    resolverá mañana" y precisó que su país "podría tener una actitud
    positiva" al respecto.

    Además, Erdogan desmintió haber dicho que Ankara no reconocerá nunca
    a la república chipriota.

    Otro de los temas en discusión es la cláusula permanente de
    salvaguardia hacia los trabajadores inmigrantes turcos, que evite
    flujos masivos a los países de la UE, una condición sobre la cual
    Turquía puso objeciones.

    "Recomendamos a los jefes de estado y de gobierno de la UE que no
    amplíen demasiado la portada de los períodos de transición", indicó
    Barroso.

    Las preocupaciones sobre el mercado laboral radican en que Turquía
    tiene una población de 71 millones de habitantes, de mayoría
    musulmana, que crecerá a 80 millones en 2015. Eso implica que
    superará al país más poblado europeo, Alemania.

    Los países que más respaldan el ingreso de Ankara al bloque, cuyas
    negociaciones pueden durar diez años, son Alemania, Gran Bretaña,
    Italia y España, que ven en Turquía el puente a la comunidad
    musulmana.

    La adhesión es resistida por Austria, Dinamarca y Chipre, que creen
    que el país no alcanza los estándares.

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    UE: TURCHIA, CENTINAIA ARMENI MANIFESTANO A BRUXELLES ; CHIEDONO RICONOSCIMENTO GENOCIDIO CONDIZIONE PER AVVIO NEGOZIATI

    ANSA Notiziario Generale in Italiano
    17 dicembre 2004

    BRUXELLES


    (ANSA) - BRUXELLES, 17 DIC - Diverse centinaia di armeni
    hanno manifestato a Bruxelles in una piazza del quartiere
    comunitario a poca distanza dal palazzo Justus Lipsius dove si
    svolge il Consiglio europeo sull'avvio dei negoziati di adesione
    con la Turchia. Chiedono all'Unione europea di esigere il
    riconoscimento del genocidio armeno da parte di Ankara.

    La manifestazione e' stata organizzata dalla Federazione
    degli armeni di Europa, una vasta comunita' che conta circa un
    milione di persone.

    Per protestare "contro questa Turchia in Europa" - come
    hanno scritto su molti cartelli - gli armeni sono giunti da
    diversi paesi europei. Il gruppo piu' numeroso quello arrivato
    dalla Francia, dove risiedono circa 400mila armeni. Altri gruppi
    sono giunti dalla Spagna, dalla Grecia, dall'Olanda, dalla
    Svezia e anche dall'Italia (circa un centinaio di persone),
    principalmente da Milano e da Roma dove si trovano le comunita
    armene italiane piu' numerose.

    I manifestanti chiedono che l'Unione imponga alla Turchia
    come pre-condizione per l'avvio dei negoziati di adesione il
    riconoscimento del genocidio armeno perpetrato dai turchi tra il
    1915 e il 1923 causando circa 1,5 milioni di vittime.

    Gli armeni non sono stati i soli a manifestare contro la
    Turchia in Europa. Nel quartiere comunitario anche un sit-in di
    protesta con qualche decina di militanti di organizzazioni degli
    immigrati turchi in Europa contrari alle politiche del governo
    turco, compresa quella per l'ingresso nell'Unione. (ANSA).

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    Borghezio: «Dico tre volte no ad Ankara»

    La Padania, Italia
    giovedì 16 dicembre 2004

    Mario Borghezio, capo delegazione della Lega Nord al Parlamento
    Europeo, intervenendo nell’aula di Strasburgo dopo il voto favorevole
    all’apertura dei negoziati per l’entrata della Turchia in Europa, ha
    ribadito con forza la posizione della Lega Nord.
    «Diciamo no alla Turchia - ha dichiarato il parlamentare leghista -
    perché essa ha una società civile e politica fondamentalmente
    islamica. Diciamo no perché sarebbe irrimediabilmente compromesso il
    carattere cristiano della nostra civiltà. Diciamo no perché la
    Turchia, dal punto di vista storico, geografico e politico, non
    appartiene all’Europa e non vogliamo un’Europa che confini con Iran,
    Iraq e Siria». «Urliamo infine il nostro no - ha concluso Borghezio -
    perché non vogliamo che sventoli una bandiera, quella della Turchia,
    ancora insaguinata dal sangue del popolo armeno».
    Borghezio ha ribadito che sull'ingresso della Turchia nella Ue
    «devono decidere i cittadini italiani ed europei attraverso lo
    svolgimento di referendum». Il deputato ha aggiunto che avvierà la
    campagna di raccolta delle firme per la consultazione popolare.


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    Gli armeni: «Riconoscano l’olocausto del nostro popolo»

    La Padania, Italia
    giovedì 16 dicembre 2004


    BRUXELLES - “Contro questa Turchia in Europa”. Con questo slogan gli
    armeni europei, come hanno annunciato ieri nel corso di una
    conferenza stampa, manifesteranno domani mattina a Bruxelles in
    occasione della giornata conclusiva del Consiglio europeo che dovrà
    decidere sull'avvio dei negoziati per l’adesione della Turchia
    all’Ue.
    «Non siamo contrari a priori all’ingresso di Ankara nell’Ue, ma
    vogliamo che il riconoscimento del genocidio armeno sia posto come
    condizione per l’inizio dei negoziati», ha dichiarato il presidente
    della Federazione degli armeni che vivono in Europa Hilda Tchoboian
    nel corso della conferenza stampa. «Noi vogliamo che si parli di
    genocidio invece che di tragedia», ha sottolineato Tchoboian.
    Secondo i rappresentanti della Federazione armena, «durante le
    trattative degli ultimi anni l’Unione europea ha lasciato cadere o ha
    annacquato molte delle richieste fatte precedentemente dalla stessa
    Ue alla Turchia».
    «Il paradosso è che spesso non è stata l’Unione ad imporre le sue
    condizioni, bensì è stata Ankara a far valere le sue ragioni
    utilizzando l’arma del ricatto politico ed economico», ha aggiunto il
    direttore della Federazione Laurent Leylekian.
    Gli armeni reclamano il riconoscimento del genocidio condotto ai loro
    danni dai turchi tra il 1915 e il 1923: un olocausto di inaudite
    proporzioni che ha provocato più di un milione e mezzo di vittime
    accertate. Gli armeni che oggi vivono in Europa sono circa un
    milione, escludendo la Russia. La comunità più numerosa è in Francia
    con circa 400.000 cittadini e l’opinione pubblica francese è la più
    decisa nel “no” all’innaturale e antistorico assemblaggio della
    Turchia all’Europa.
    Intanto anche in Austria la “questione turca” è fonte di polemiche e
    divisioni. Il governo austriaco non è riuscito a trovare una
    posizione comune al parlamento di Vienna sull’adesione della Turchia
    all’Unione europea. Nella seduta di ieri, ogni partito ha presentato
    una propria mozione, di cui nessuno è riuscito a trovare una
    maggioranza.
    Non ci sono raccomandazioni al cancelliere, Wolfgang Schuessel, al
    quale passano quindi tutte le competenze per portare avanti le
    trattative al vertice di Bruxelles. Il partito nazional-liberale di
    destra Fpoe, alleato di Schuessel al governo, nella sua mozione si è
    detto contraria all’apertura di trattative per l’adesione con la
    Turchia e chiede negoziati per un partneriato strategico. Simile
    anche la posizione dei socialdemocratici, maggiore partito di
    opposizione, mentre i Verdi hanno chiesto l’avvio di negoziati con la
    Turchia con l’obiettivo di una piena adesione del paese “estraneo”
    all’Ue.

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    Chirac preme per il si' ad Ankara
    Vittorio Da Rold

    Il Sole 24 Ore, Italia
    16 dicembre 2004

    Referendum: l'Eliseo teme che un <no> ai turchi colpisca anche la
    Carta


    PARIGI *c Il presidente francese Jacques Chirac e' sceso in campo
    direttamente con tutto il suo carisma di politico di razza sul
    terreno molto delicato della questione turca, un argomento dirompente
    che vede il 67% dei francesi contrari all'ingresso di Ankara in
    Europa e che rischia di rompere i gia' precari equilibri interni
    della politica francese.

    Il Capo dello Stato ieri sera, nel corso di una rara intervista sulla
    principale rete televisiva privata Tf1, ha detto <si'> all'ingresso
    della Turchia nell'Unione europea. <Se la Turchia riuscira' ad
    adempiere a tutte le condizioni che vengono richieste ai candidati -
    ha detto - sara' nell'interesse dell'Europa che entri nell'Unione>.

    Il presidente ha respinto la scappatoia di un "partenariato
    privilegiato" della Ue con la Turchia, affermando che i turchi non
    accetterebbero <mai> una soluzione simile.

    Con questo appello diretto e <pedagogico> Chirac - secondo il
    quotidiano "Le Monde" - <spera di convincere l'opinione pubblica,
    dopo che non ha convinto il suo proprio campo>. L'ex presidente e
    padre della Carta europea Valery Giscard d'Estaing, alla vigilia
    dell'elezione a membro dell'Academie Frantaise, e' fermamente
    contrario all'ingresso turco per un problema di identita' culturale.

    L'Ump, il partito di maggioranza, teme un'immigrazione selvaggia
    senza contare la questione del riconoscimento del genocidio degli
    armeni che ha infiammato l'Assemblea Nazionale.

    In questo quadro Chirac rischia l'isolamento nella sua famiglia
    politica e teme di vedere crescere, a causa della questione turca, il
    campo del <no> alla Costituzione europea, che deve essere anch'essa
    adottata per referendum.

    C'e' l'ipotesi di un effetto domino: un eventuale <no> al referendum
    sull'ingresso della Turchia potrebbe influenzare negativamente anche
    l'approvazione sulla Costituzione Ue (anch'essa sottoposta al <si'>
    popolare) e questo significherebbe un doppio smacco per Chirac. Un
    brutto colpo alla politica estera equivarebbe a veder naufragare le
    sue speranze per un terzo mandato all'Eliseo. Ipotesi che l'attuale
    presidente, trionfatore il 5 maggio 2002 con un risultato
    plebiscitario su Le Pen, non ha mai escluso dall'orizzonte politico
    del 2007.

    VITTORIO DA ROLD

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    VERTICE A BRUXELLES: Oltre che di Ankara si discuterà anche dell’ingresso di Croazia, Romania e Bulgaria

    Avvenire, Italia
    Venerdi 17 dicembre 2004

    Berlusconi: in autunno i negoziati con la Turchia

    Il premier e Fini: dal 3 ottobre si tratterà i turchi per l'adesione
    all'Ue Barroso: le porte si sono aperte

    Dal Nostro Inviato A Bruxelles Giorgio Ferrari

    Turgut Ozatek e Serap Khassadiy appoggiano con preoccupazione i loro
    telefonini sul nastro del metal detector che scrutina implacabile i
    visitatori del Justus Lipsius, guardandoli scomparire al di là di una
    tendina gommosa con i loro giubbotti colorati. Turgut e Serap sono
    marito e moglie e lavorano per una tv di Ankara.
    È la prima volta che vengono a Bruxelles, ma forse è la prima volta
    in assoluto che mettono piede fuori dalla Turchia. C'è da scommettere
    che molti di quei 687 giornalisti turchi ufficialmente accreditati al
    vertice che si è aperto ieri nella capitale belga sono in trasferta
    per la prima volta. Ma è impossibile non notare questa pacifica
    invasione di colleghi turchi che da soli hanno occupato metà degli
    spazi di lavoro disponibili e rappresentano l'involontaria metafora
    della grande paura che serpeggia in Europa e che ha trovato la sua
    catarsi proprio qui, nel cuore del palazzo del potere temporale dei
    capi di Stato e di governo dell'Unione europea, gli stessi che ieri
    notte hanno deciso di dare avvio ai negoziati di adesione della
    Turchia nella Ue (insieme alla Croazia e all'ingresso di Romania e
    Bulgaria). Il ministro degli esteri Gianfranco Fini ha annunciato per
    primo che «è stata definita la data dei negoziati che partiranno con
    il secondo semestre del 2005». Poco dopo lo stesso premier indicava
    una data: 3 ottobre. Quindi il presidente della commissione Josè
    Manuel Durao Barroso: «Stasera abbiamo aperto le porte alla Turchia».
    «È interesse dell'Europa e dell'Occidente in generale che la Turchia
    entri a far parte dell'Unione europea», aveva annunciato poco prima
    Silvio Berlusconi al termine di un incontro all'Hotel Conrad con il
    premier turco Tayyp Erdogan. «Erdogan confida che io possa
    intervenire per fare aprire i negoziati - ha detto -. Mi batterò per
    avere una data immediata, senza precondizioni. Sono convinto che sia
    interesse del popolo europeo e dell'Occidente di avere la Turchia
    nell'Unione europea per avviare il dialogo tra due culture». La
    stessa scelta di fissare il negoziato tra nove mesi deriva dalla
    volontà di dare tempo al parlamento turco per approvare il
    riconoscimento di Cipro. Dal canto suo, Erdogan ha assicurato che i
    turchi faranno «tutto il possibile» e si è detto disposto a parlare
    con il presidente cipriota Tassos Papadopolus. Italia e Gran Bretagna
    sono i grandi sponsor di Ankara (ieri si è raggiunto un compromesso
    in sede Ppe), che gioca la carta cipriota del riconoscimento per
    alzare la posta. Se ne continuerà a parlare oggi, ha confermato il
    presidente di turno dell'Ue, il premier olandese Jan Peter
    Balkenende.
    E veniamo alla grande paura, che mette contro i francesi e il loro
    presidente (perfino l'Ump contesta Chirac mentre l'opposizione gli dà
    del monarca assoluto), danesi e olandesi contro la Commissione (a
    Copenaghen qualcuno ha messo il burqa alla «sirenetta»), tedeschi
    dell'Spd contro tedeschi popolari (questi ultimi, Angela Merkel in
    testa, preoccupatissimi per un'Europa scristianizzata e in procinto
    di diventare paramusulmana), euroscettici ed euroentusiasti con
    schieramenti trasversali indecifrabili e ottimismi di facciata
    altrettanto ridicoli. In realtà sono i numeri a far paura: 70 milioni
    di turchi, il Paese più vasto d'Europa, una proporzione di muslmani
    che salirebbe dal 3% di oggi al 20% di domani. E sullo sfondo, una
    Costituzione pensata a stento per gli equilibri attuali e decisamente
    squilibrata e incompleta nel caso la Turchia diventasse membro a
    tutti gli effetti.
    E allora ci sono due modalità di reazione alla grande paura: quella
    del rifiuto esplicito (come fa la Lega in Italia, le destre xenofobe
    europee e sottotraccia molti cuori moderati) e quella della corsa in
    avanti, come fanno gli eurottimisti. «La nostra visione per la
    Turchia - dice Barroso - è chiara: non cerchiamo una soluzione a
    metà. Se dobbiamo aprire i negoziati, questo dovrà essere fatto
    avendo in testa la prospettiva di un'adesione completa». Rottura,
    adesione, partenariato pr ivilegiato. Sono le tre tavolette su cui si
    gioca la difficile partita turca, che come posta ha l'ammissione di
    responsabilità del genocidio armeno, il riconoscimento di Cipro,
    passi concreti sulla strada dei diritti umani e l'accettazione di un
    lungo percorso dilatorio, revocabile nel caso l'anomalia turca
    diventasse un ostacolo all'integrazione europea. Una posta troppo
    alta perfino per Erdogan e per chiunque insegua quel sogno nato
    quarant'anni fa: il sogno di portare la testa dell'Anatolia nel cuore
    dell'Europa, mutandone la carta geografica e gli equilibri in nome di
    un laicismo musulmano moderato.

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    Il politologo Alexandre Del Valle mette in guardia Bruxelles: ad Ankara comandano gli islamici radicali

    La Padania, Italia
    giovedì 16 dicembre 2004

    «Turchia nell’Ue, il suicidio dell’Occidente»

    Lo studioso francese denuncia la “deriva imperialista” di un’Europa
    “infantile”

    roberto pich

    La Turchia in Europa? Un errore madornale, uno dei tanti che
    l’Occidente - e l’Europa in particolare - da un po’ di tempo ama
    buttarsi sulle spalle per giustificarsi davanti alla propria storia e
    zittire la propria cattiva coscienza. Ne è convinto Alexandre Del
    Valle, studioso francese di geopolitica e attento osservatore del
    fenomeno Islam soprattutto negli ultimi anni.
    Professor Del Valle, queste ultime settimane, un po’ in tutti i Paesi
    europei, si è acceso il dibattito sull’ingresso della Turchia nella
    “famiglia” europea. Lei come giudica un’eventuale futura adesione a
    pieno titolo di Ankara all’Ue?
    «Sarebbe un fatto gravissimo per più di un motivo: innanzitutto la
    Turchia non è assolutamente uno Stato europeo, anche se parte dei
    suoi abitanti lo sono per lontana origine, benché islamizzati e
    turcizzati, e una parte ancor più piccola del suo territorio lo è dal
    punto di vista geografico. Ma la Turchia non può assolutamente dirsi
    uno Stato europeo, né per la storia né per la cultura. Di più, la
    Turchia è e rimane uno Stato fortemente negazionista, che ancora oggi
    non accetta le responsabilità dell’Impero Ottomano nel genocidio del
    popolo armeno. E per finire, rimane un Paese militarista e direi
    anche fascista, dove i diritti umani sono rispettati solo sulla
    carta: per non parlare della presenza turca a Cipro, alla quale
    Ankara non vuole assolutamente rinunciare».
    Un riconoscimento del genocidio armeno per mano turca e una soluzione
    alla questione cipriota non basterebbero dunque a suo avviso nel
    rendere accettabile l’ingresso turco in Europa?
    «No, non foss’altro che la Turchia - lo ripeto - non è un Paese
    europeo. Ha una grande storia, sicuramente una grande civiltà: ma non
    è europea. In questo non c’è niente di male, semplicemente esiste una
    diversità che va riconosciuta. Così come va riconosciuta anche la
    profonda intolleranza della società turca: chi non è maomettano viene
    tacciato di “infedele”, come gli ebrei turchi che vi abitano da
    secoli, o gli assiro-caldei che abitavano la Turchia prima che
    nascesse Maometto, ma oggi sono solo gavur, infedeli».
    I sostenitori dell’ingresso della Turchia nella Ue ripetono però che
    si tratta di un Paese null’affatto radicale, con una forte laicità
    delle sue istituzioni. È così?
    «Se è pur vero che i militari, i “custodi” in un certo senso della
    Turchia kemalista e quindi laica, detengono ancora un certo potere, è
    altrettanto vero che proprio Bruxelles sta spingendo Ankara ad una
    loro esautorazione dalle leve del comando, con grande soddisfazione
    dell’attuale governo Erdogan. In sostanza, si dice alla Turchia di
    mettere da parte i militari, come una delle condizioni per il suo
    ingresso in Europa, dimenticando allo stesso tempo - o facendo finta
    di dimenticarsi - che una volta spezzato il potere dell’esercito,
    addio laicità della Costituzione».
    L’attuale premier Recepp Erdogan e il suo governo non sarebbero
    quindi quegli islamici moderati che vogliono apparire?
    «Assolutamente no. Anzi. Lo stesso Erdogan ha una paura folle
    dell’esercito che contribuì in passato alla sua carcerazione per
    istigazione all’odio religioso. Si figuri che il premier ha mandato
    le sue figlie a studiare negli Stati Uniti...».
    Sembrerebbe invece un bell’esempio di laicità e di “modernismo”...
    «Tutt’altro. Le ha mandate negli Usa perché in Turchia la
    Costituzione kemalista vieta l’uso del velo e dei simboli religiosi
    nelle Università, mentre in America hanno la possibilità di
    indossarlo liberamente».
    Le polemiche dei mesi scorsi sulla proposta di considerare
    l’adulterio come reato non erano dunque uno scivolone di poche teste
    calde.
    «Tutt’altro. La loro intenzione, quella di chi è oggi al governo in
    Turchia, è quella di distruggere pezzo a pezzo l’impalcatura
    kemalista dello Stato per sostituirvi infine la sharia, la legge
    coranica».
    E Bruxelles si presta a questo gioco?
    «Come tante volte nella nostra storia, l’Occidente gioca contro se
    stesso: e il finto europeista Erdogan ringrazia per l’aiuto. Se va
    vanti così, tra vent’anni lo Stato kemalista sarà distrutto, gli
    islamici radicali avranno il potere in mano. E l’Occidente dovrà
    ringraziare se stesso ancora una volta».
    Occidente suicida in quale altre occasioni?
    «Quando aiutò Komehini, quando addestrò i guerriglieri musulmani alla
    guerra santa contro l’Unione Sovietica: Bin Laden e i talebani sono
    nati per mano dell’Occidente».
    Eppure, nonostante tutto questo, non sembra esservi una grande
    ostilità all’idea di una Turchia nella Ue, almeno a livello politico.
    Come mai?
    «In realtà esiste un fronte anti-turco, a cominciare dalla Lega e
    dall’Udc in Italia, a buona parte dei partiti austriaci,
    all’opposizione danese. Ed è anche vero che a Strasburgo, seppur 400
    deputati hanno votato a favore dell’apertura dei negoziati con
    Ankara, 250 hanno invece votato contro».
    Tornando alla questione cipriota: tempo fa la Grecia rifiutò il
    cosiddetto “piano Annan” per la soluzione della controversia con la
    Turchia. Oggi Ankara e i suoi supporter si fanno scudo di quella
    decisione.
    «Il piano Annan era improponibile per i greci che bene hanno fatto a
    non accettarlo. Si figuri che ai ciprioti greci era vietato perfino
    ricomprarsi le case dalle quali erano stati cacciati dai soldati
    turchi. E sa chi l’aveva steso quel piano? Un inglese. Perché non
    dimentichiamo che dietro la Turchia c’è soprattutto la Gran Bretagna
    con i suoi interessi strategici e militari nella zona».
    Perché tanti politici europei farebbero carte false pur di vedere la
    Turchia in Europa?
    «Per servilismo verso gli Stai Uniti, da un lato. E per cattiva
    coscienza».
    Cioè?
    «A mio parere in questa vicenda, gioca molto la cattiva coscienza
    europea, i suoi sensi di colpa per il periodo coloniale. E così,
    invece di risarcire o di scusarsi con i Paesi effettivamente
    colonizzati, ci si mette la coscienza a posto caldeggiando l’ingresso
    di un Paese islamico come la Turchia».
    E, Dio non voglia, se la Turchia entrerà veramente nella Ue a tutti
    gli effetti?
    «Avrebbe la maggioranza relativa di deputati a Strasburgo, e allora
    ci sarebbe da ridere...».
    Ha parlato di servilismo verso gli Usa, e in effetti Washington è uno
    dei massimi sponsor di Ankara nell’Ue. In un suo libro di qualche
    anno fa (Guerre contro l’Europa: Bosnia, Kosovo, Cecenia...),
    all’epoca dell’intervento americano in Kosovo, lei sosteneva
    l’intenzione degli Stati Uniti di favorire una “dorsale verde”
    turco-islamica” in funzione anti-russa e anti-europea, dall’Albania
    all’Afghanistan. È ancora di questa idea?
    «È tutt’oggi una mia convinzione che a lunga scadenza l’intento degli
    Usa sia quello di impedire la rinascita dell’ex nemico russo
    utilizzando questa “dorsale verde”, favorendo l’indipendenza dei
    paesi musulmani dell’ex Urss per far perdere a Mosca il controllo
    delle riserve di petrolio e di gas. In più la creazione di Stati
    islamici nei Balcani servirà a buttare fuori la Russia dall’Europa e
    creare instabilità nel nostro continente».
    Come giudicherebbe invece un ingresso della Russia nell’Ue?
    «Sono assolutamente favorevole: la Russia è un paese europeo sotto
    ogni aspetto, nonostante la visione anglosassone - ma anche cattolica
    - del mondo cristiano ortodosso, considerato “esotico” e
    “orientaleggiante”. Ma la storia della Russia, la sua civiltà e
    cultura sono lì a dimostrare esattamente il contrario: che la Russia
    è Europa a tutti gli effetti, a differenza della Turchia. E con la
    Russia, con il suo esercito e le sue riserve energetiche, l’Europa
    sarebbe certamente più forte. Certo, si tratterebbe di un
    avvicinamento a lunga scadenza, almeno fintantoché la Russia vede
    l’Europa come un club filo-Atlantico».
    Cosa ne pensa dell’appoggio Usa e Ue al separatismo ucraino?
    «Non trovo per nulla giusto da parte degli Usa appoggiare una destra
    cattolica antisemita come quella ucraina, solo per creare difficoltà
    alla Russia. Purtroppo l’Europa suicida segue a ruota, con
    l’eccezione di qualcuno come Berlusconi che mi sembra più
    equilibrato».
    Qualcuno l’accuserà di anti-americanismo.
    «Sono tutt’altro che anti-Usa. Anzi, nell’Ump, il partito al quale
    aderisco, sono promotore di una corrente filo-americana e
    filo-atlantica. Ma essere amici degli Stati Uniti non significa dire
    sempre “sì” a Washington».
    Ma questa Ue, cos’è? E cosa vuole diventare?
    «L’Europa è un’entità che soffre di servilismo verso gli Usa, e che
    sta andando verso una deriva imperialista».
    Addirittura?
    «Chi non è in grado di darsi dei confini, come l’Ue, soffre di
    imperialismo. Se l’Ue è disposta ad accettare la Turchia in nome
    dell’idea unica del “rispetto dei diritti umani” e della
    sottoscrizione di qualche trattato, allora ha deciso per un
    allargamento di tipo imperialista. La Ue con la Turchia non sarebbe
    più Europa ma Eurasia. E dopo la Turchia, perché non il Marocco,
    l’Iran o la Tunisia?».
    C’è un eccesso di economicismo dietro a questa deriva?
    «Non direi. Si possono fare ottimi affari, come fa la Svizzera,
    restandone al di fuori. Ma l’Ue è prostrata dal servilismo verso gli
    Usa e dal “politicamente corretto”».
    Ma servilismo verso gli Usa e aspirazioni imperialiste non sono in
    contraddizione?
    «È in effetti un “Impero infantile” (come lo definisce un libro in
    uscita in Francia) che si fonda sull’idea unica dei “diritti
    dell’uomo”, base astratta di una falsa identità: un pretesto in
    definitiva per giustificare un allargamento senza fine. La Ue è una
    sorta di “aspirante impero” frustrato dalla potenza militare
    dell’omologo impero americano. L’Ue si sta costruendo come vogliono
    gli Usa e le rare contrapposizioni diplomatiche sono dovute
    essenzialmente a motivazioni “nazionalistiche” di singoli politici,
    come il filo-arabismo francese di Chirac».
    Infine, ritiene un errore non aver inserito il richiamo alle radici
    cristiane nella Costituzione Ue?
    «Senz’altro un errore molto grave, nonostante che più voci di siano
    levate di contro: come l’Ump in Francia, l’Udc e la Lega in Italia, o
    lo stesso Berlusconi. Non sarebbe stato un ritorno alla teocrazia,
    come sostenuto da alcuni in maniera pretestuosa, ma piuttosto il
    riconoscimento del fatto che tanti valori laici hanno la loro origine
    proprio nelle radici giudeo-cristiane dell’Europa».
    Sarebbe stato un segnale forte anche verso Ankara?
    «Verso Ankara e verso tutti gli altri paesi islamici che vorrebbero
    entrare nella Ue. Sarebbe servito a far capire che l’Europa definisce
    se stessa anche religiosamente, nel senso culturale del termine.
    Invece oggi Erdogan può dire che l’Europa non è un club cristiano e
    che anche la Turchia ha il diritto di farne parte».


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    Josè Barroso, sul patto di stabilità ascolteremo Berlusconi con attenzione;

    ItaliaOggi
    17 dicembre 2004

    Aperti ieri in serata i lavori del consiglio europeo. Il premier: non
    prevedo resistenze alla mia idea.

    by da Bruxelles Federica Zoja


    'Non è previsto nell'agenda di questo vertice che si discuta del
    Patto di stabilità, il Consiglio non prenderà nessuna decisione in
    merito '.

    È quanto ha dichiarato il presidente della Commissione europea, Josè
    Manuel Durao Barroso, nel corso dell'incontro con la stampa
    internazionale di ieri mattina a Bruxelles.

    Nel rispondere alle domande dei giornalisti riguardo all'intenzione
    del premier italiano, Silvio Berlusconi, di intervenire in serata al
    Consiglio europeo per proporre una revisione del Trattato, Barroso,
    inoltre, ha sottolineato: 'La credibilità del Patto è più che mai
    valida; la sospensione delle procedure per deficit eccessivo contro
    Francia e Germania è motivata, nessun paese gode di privilegi. Una
    cosa è chiara, che quando ci sarà la discussione, sotto presidenza
    lussemburghese, sarà basata su due pilastri, la credibilità del patto
    e la sua applicazione a tutti i paesi membri, indipendentemente dalla
    loro dimensione. So che Berlusconi vorrà parlare dell'argomento. Noi
    ascolteremo le preoccupazioni del presidente italiano con la più
    grande attenzione e vi posso garantire' ha poi proseguito più in là
    riferendosi al negoziato sotto presidenza lussemburghese 'che
    discuteremo in modo approfondito, e la Commissione giocherà un ruolo
    determinante'.

    Ma proprio Silvio Berlusconi ieri poco prima di raggiungere il
    palazzo Justus Lipsius per i lavori del Consiglio europeo, si è detto
    fiducioso che la sua proposta di ripartire su più esercizi le spese
    per gli investimenti, ai fini del calcolo del deficit per i parametri
    di Maastricht, sarà accolta da tutti i partner europei. 'Credo che su
    questo tema non ci dovrebbero essere resistenze da parte di alcun
    paese', ha spiegato il presidente del consiglio. Il premier ha
    spiegato di non averne parlato con gli altri leader del Ppe cui aveva
    già avuto modo di illustrare la sua idea di applicare la cosiddetta
    golden rule. 'Nessuno può dire no a una proposta di assoluta
    ragionevolezza', ha sottolineato.

    Al vertice europeo apertosi ieri sera sotto la presidenza di turno
    dell'Olanda, la Commissione si presenterà con un dossier di temi
    caldi, riguardo ai quali solleciterà gli stati membri a lavorare
    costruttivamente.

    Il presidente ha ribadito: 'Il tempo delle negoziazioni con la
    Turchia è arrivato. L'adesione di questo paese all'Unione europea non
    è paragonabile a quella degli altri Stati, sarebbe inutile
    nasconderlo, ma ci sono importanti segnali da parte del governo turco
    di un avanzamento della democrazia. Come il mio predecessore, esprimo
    il mio supporto personale e quello della Commissione all'apertura
    delle negoziazioni'.

    La questione turca, però, rischia di sovrapporsi a quella
    dell'adozione della Costituzione in quei paesi in cui è previsto, già
    nei primi mesi del 2005, il referendum (in Spagna il 20 febbraio
    prossimo ): 'È importante che l'informazione in proposito sia chiara:
    accettare la carta costituzionale non equivale ad accettare
    l'ingresso della Turchia né di altri stati nell'Unione'.

    Qualora il Consiglio, come è probabile, dovesse dare il proprio
    assenso, dopo quello del parlamento mercoledì scorso, alle
    negoziazioni, 'si aprirà la vera sfida' ha commentato Josè Barroso
    'non tanto diplomatica quanto sociale. Che cosa sapranno fare i 25
    per favorire un dialogo fra le rispettive società e quella turca?'.

    A coloro che fino all'ultimo hanno chiesto di aggiungere alle
    condizioni di Copenhagen il riconoscimento da parte della Turchia del
    genocidio armeno, il governo francese in primis, il presidente ha
    voluto rispondere: 'Non è corretto sollevare nuovi criteri all'ultimo
    momento: negli anni a venire si potrà allargare la prospettiva'.

    Allo stesso modo, una revisione del sistema di voto a doppia
    maggioranza introdotto dalla Costituzione è un'ipotesi 'attualmente
    fuori discussione': in virtù del fattore demografico, la Turchia, con
    una popolazione di 71 milioni di abitanti, avrebbe lo stesso potere
    politico della Germania. È in discussione, dunque, l'intero
    equilibrio del progetto europeo'.

    Ma di fronte al consiglio, Barroso esprimerà anche il proprio
    supporto all'allargamento dell'Unione a Romania e Croazia, e una
    raccomandazione a rafforzare il ruolo dei 25 in politica estera e le
    misure anti-terrorismo.

    Nel frattempo, nella mattinata di ieri il parlamento europeo ha
    approvato il budget 2005, il primo relativo ai 25, così come
    elaborato dalla Commissione Prodi. Il documento finanziario contiene,
    per la prima volta, un riferimento alle priorità politiche: fra
    questi, il sostegno alla strategia di Lisbona, la promozione dei
    diritti fondamentali, il rilancio dell'economia, l'integrazione
    effettiva dei nuovi 10 stati membri.

    'La Commissione ha obiettivi chiari, non si può dire lo stesso di
    tutti i 25', ha dichiarato lapidario Barroso. (riproduzione
    riservata)

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    This compilation was contributed to by:
    Katia Peltekian

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