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Un séisme frappe le nord de l'Iran et le sud de l'Arménie

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  • Un séisme frappe le nord de l'Iran et le sud de l'Arménie

    Un séisme frappe le nord de l'Iran et le sud de l'Arménie

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=66311
    Publié le : 13-08-2012


    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - L'institut d'études
    géologiques américain a mesuré ce samedi 11 août 2012 deux forts
    séismes de magnitude 6,2 et 6,3 en Iran. L'épicentre se situait à 49
    km au nord-est de la grande ville de Tabriz, non loin des frontières
    de l'Arménie et de la Turquie, ainsi que du Nakhitchevan, province
    arménienne "offerte" par Staline à l'Azerbaïdjan. La ville de Tabriz -
    qu'avait visitée au printemps 1272 Marco Polo après avoir traversé la
    Cilicie et les deux Arménies (la grande et la petite, dans l'actuelle
    Turquie) - compte actuellement 1,5 million d'habitants. Le bilan des
    deux séismes de samedi se montait dimanche matin, à 227 morts (en
    majorité des femmes et des enfants), 1380 blessés et plus de 16 000
    sinistrés. La moitié des 600 villages de la zone ont été détruits de
    40 à 100 %. Plus de 80 répliques de moindre importance ont frappé la
    région depuis le séisme. La secousse de ce samedi a également été
    ressentie en Arménie. Dans la capitale, Erévan, mais surtout dans la
    région du Syunik, au sud de l'Arménie (Siounik, en français Siounie,
    appelé aussi Zanguézour). De nombreuses routes - dont celle reliant
    Meghri à Erévan - ont été rendues dangereuses du fait d'éboulements de
    roches suite aux secousses. En Arménie, le séisme a été de 4,5 degrés
    sur l'échelle de Richter, dans les villes d'Agarak, Meghri, Kadjaran,
    Ghapan et Goris. Le séisme du 7 décembre 1988 est encore dans toutes
    les mémoires en Arménie : de 6,9 sur l'échelle de Richter, il avait
    dévasté les villes de Spitak et de Gumri (alors nommée Leninakan),
    faisant - suivant le bilan officiel des autorités soviétiques - 55 000
    morts. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale,
    l'Union soviétique (URSS) avait accepté une assistance étrangère
    d'urgence.

    Si le nord-ouest de l'Iran a vu décroître (voire totalement
    disparaître) la population arménienne qui y était installée depuis des
    millénaires, il compte encore - essentiellement à Tabriz - une
    communauté chrétienne regroupée autour de son diocèse qui dépend du
    catholicossat de la Grande Maison de Cilicie (ou catholicossat de Sis,
    juridiction autocéphale de l'Église apostolique arménienne).
    D'importants vestiges religieux arméniens subsistent dans la région.
    Il en est ainsi du monastère arménien de Saint-Thaddée, situé dans
    l'actuelle province iranienne d'Azerbaijan-e-gharbi, à côté de
    Chaldoran (Tchldoran), à une vingtaine de kilomètres de Maku (Magou).
    Ce complexe monastique figure sur la liste du Patrimoine mondial de
    l'UNESCO depuis le 6 juillet 2008, aux côtés du monastère arménien de
    Saint-Stepanos et de la chapelle Sainte-Mère-de-Dieu de Dzordzor.
    Toutes ces merveilles architecturales ont fait l'objet de campagnes de
    rénovation menées à la fin des années 1970 avec le concours de l'OTC
    (Organisation Terre et Culture), association basée à Paris. A l'heure
    actuelle, nous ne disposons pas d'informations sur d'éventuels
    dommages subis par ces monuments historiques.

    Contrairement à son voisin azerbaïdjanais qui efface méthodiquement
    toutes traces de la présence arménienne sur les territoires
    historiques des Arméniens (avec en particulier, la destruction en 2005
    - par l'armée azérie - du cimetière médiéval arménien de Djulfa
    (Jugha) et de ses milliers de croix de pierre ciselées, la République
    islamique d'Iran semblerait protéger le patrimoine culturel et
    chrétien de la communauté arménienne.


    L'Iran Pour les Nuls

    Un pèlerinage chrétien en République islamique d'Iran

    Spas ! - Attends ! - s'écrie en arménien une jeune iranienne qui
    enlève son foulard et son manteau avant de rejoindre ses amies. Elle
    vient d'arriver au monastère de Saint-Thaddée pour trois jours de
    pélerinage pendant lequel ce sont les règles des arméniens chrétiens
    qui s'appliquent, et pas celles des persans musulmans.Les pèlerins
    sont accueillis par les portraits des ayatollah Khomeini et Khamenei,
    respectivement premier et second guide de la révolution iranienne ; de
    Mahmoud Ahmadinejad, l'actuel président de la république ; et des deux
    patriarches de l'église chrétienne arménienne.

    Depuis plus d'un demi-siècle est organisé un pèlerinage
    en l'honneur de Saint-Thaddée, rassemblant plusieurs milliers de
    fidèles de l'église arménienne. Les arméniens d'Iran ou de l'étranger
    se déplacent en masse spécialement pour cette occasion. Ils viennent
    honorer Saint-Thaddée, un apôtre de Jésus connu sous le nom de
    Saint-Jude en Occident. Selon la tradition chrétienne arménienne,
    Thaddée, accompagné de Saint Barthélémy, aurait contribué à
    évangéliser cette région du monde au premier siècle après J.-C. Selon
    la même tradition, Saint-Thaddée aurait fondé la première église du
    monde à l'emplacement du monastère actuel avant d'être persécuté et
    d'être enterré en ce même lieu.

    Le monastère autour duquel se déroule est situé sur le territoire de
    la république islamique d'Iran, même si les scènes qu'on y voit
    pourraient faire penser le contraire. Pendant trois jours, à
    Saint-Thaddée d'Artaz, la langue arménienne remplace la langue
    iranienne, devenue inaudible. Les débardeurs colorés, les shorts et
    les cheveux au vent remplacent le hejab islamique, d'ordinaire
    strictement incontournable en public au pays des mollahs. Pendant ces
    trois jours, la culture chrétienne arménienne se vit au grand jour,
    dans un esprit particulièrement festif. Cette atmosphère tranche avec
    le reste de l'année, pendant laquelle le monastère désaffecté
    n'accueille que de rares touristes. « Ce rassemblement n'est pas
    seulement un pèlerinage, c'est aussi une occasion de retrouver la
    famille et les amis. Le pèlerinage à Saint-Thaddée représente pour
    nous un espace de liberté, où nous pouvons chanter, danser et boire en
    toute tranquillité d'esprit » indique Michel Baghalian, un jeune
    diplômé en informatique venu de Téhéran avec trois de ses amis.

    Loin des interdits islamiques, hommes et femmes vivent leur culture
    pendant ce pèlerinage annuel.

    Dès l'instant où les pèlerins arrivent sur place, ils profitent de
    cette coupure annuelle avec leur quotidien. De la musique techno
    s'échappe des haut-parleurs des voitures, réglés au maximum. Les
    grillades improvisées à même le sol répandent leurs appétissantes
    odeurs et donnent l'occasion de goûter l'alcool de raisin préparé dans
    le secret des maisons. On trinque à la santé des présents et de ceux
    qui ne viendront pas. Les toasts sont nombreux, joyeux et amènent
    l'ivresse. Quand le soleil s'est caché pour la nuit, les grillades et
    l'ivresse recommencent ; les instruments sont sortis de leurs étuis.
    Certains sont venus avec leur guitare et poussent la chansonnette
    autour d'un feu de bois. Un peu plus loin, au milieu des tentes,
    retentit le son du dhol (percussion ressemblant à une grosse caisse).
    Un cercle de danseurs s'est formé et se lance dans une ronde
    traditionnelle, sur un mode connu du Caucase à l'Irak.

    Un attroupement s'est formé autour d'un couple arrivé de l'Arménie
    voisine. L'homme frappe son tombak et la femme gratte son santour en
    chantant. Garçons et filles ont entamé une danse sensuelle, faite de
    gracieux mouvements de bras et d'`illades appuyées sous le regard de
    leurs aînés. Alors que les festivités battent leur plein et que les
    pèlerins se promènent dans le camp de tentes, la foi n'est pas mise de
    côté. Il suffit de se glisser dans l'église pour être enveloppé dans
    un silence religieux.Le calme est parfois ponctué par les allées et
    venues d'un couple qui vient se recueillir et brûler un cierge. Ou
    d'un jeune homme qui dansait une heure avant et qui vient s'assoir
    quelques minutes sur les bancs de l'église et s'absorbe dans une
    prière. Jan et Alex, un couple d'européens qui ont fait étape à
    Saint-Thaddée sur l'itinéraire de leur tour du monde en camping car,
    concluent la journée en comparant ce pèlerinage « à une sorte de
    Woodstock à l'iranienne ».

    Saint Thaddée a subi pillages et destructions depuis sa création, mais
    a toujours été survécu.Le lendemain matin, le soleil se lève sur un
    village de tentes endormi. La lumière encore douce du soleil d'été
    inonde le promontoire sur lequel est construit l'église, à 1800 m
    altitude sur les hauts plateaux de la région d'Artaz, à proximité de
    Tchaldirn. Tchaldirn, ou les quatre portes, est à la croisée de
    l'Asie mineure, de la Perse, de l'Arménie et du Kurdistan. Les
    montagnes et les hauts plateaux entourant l'église ont été le thétre
    de nombreux évènements historiques. L'existence d'une église à cet
    endroit n'est attestée que depuis le dixième siècle, même si la
    légende remonte un millénaire plus tôt. L'histoire de l'église et du
    monastère qui l'entoure est une suite d'épisodes de destruction et de
    restaurations. L'édifice est pillé par les mongols en 1230-1231 puis
    restauré par le sultan mongol Hûlagû Khan une vingtaine d'années plus
    tard sous l'insistance de sa mère et de sa femme, converties au
    christianisme. Une inscription dans l'église indique qu'un tremblement
    de terre a détruit l'église en 1319, et que l'évêque Zakaria a élevé
    une nouvelle église en pierres noires à l'emplacement de l'ancienne.
    Le monastère sera ensuite pillé à plusieurs reprises jusqu'au XXème
    siècle. En effet, la plaine de Tchaldirn, à la croisée de quatre
    mondes, a bien souvent été le théatre de combats entre Ottomans et
    Perses jusqu'à la première guerre mondiale. La dernière restauration
    d'importance est due au prince héritier de la dynastie iranienne des
    Qajar, Abbas Mirza. Il fait adosser une nouvelle église en pierre
    claires à l'ancienne église réalisé en pierres noires. Les travaux
    commandés par Abbas Mirza seront les derniers réalisés sur l'église,
    qui prend au XIXème siècle la forme sous laquelle on peut la visiter
    aujourd'hui. La couleur noire des pierres de l'ancienne église a donné
    son nom à l'édifice, connu sous l'appellation de Qara Kelisa (l'église
    noire) dans tout l'Iran.

    C'est le dernier jour du rassemblement qu'a lieu la messe, célébrée en
    la présence de patriarches venus de Téhéran et de Tabriz. Dès le
    matin, les pèlerins se préparent pour la célébration religieuse. Une
    table est dressée devant le portail de l'église qui permettra aux
    bénévoles de l'organisation du pèlerinage de vendre des cierges, et de
    préparer ainsi le prochain pèlerinage. Quand les officiants sortent de
    la sacristie située de l'autre côté de la cour, la foule les
    accueillit en formant spontanément une haie d'honneur autour d'eux. A
    l'instant où les patriarches et leurs aides passent le portail de
    l'église, ils découvrent une foule attendant impatiemment cette
    célébration du mystère chrétien, point culminant du pèlerinage. La
    petite église millénaire ne peut accueillir tous les pèlerins, et
    certains attendent dehors la sortie d'autres avant de pénétrer dans le
    lieu de culte.

    L'odeur de l'encens remplit l'église. Les chants grégoriens de la
    chorale résonnent dans cette enceinte millénaire qui a aussi entendu
    le bruit des fusils des arméniens qui se battaient contre les ottomans
    pendant la première guerre mondiale. Après plus de deux heures et
    demie de messe et un sermon passionné, les religieux distribuent de
    l'eau bénite aux pèlerins, qui la boivent en faisant un v`u ou une
    prière. Cette eau bénite dégage une odeur presque enivrante dans
    l'église ; plus de quarante plantes et essences étant utilisées pour
    sa confection.

    Le dernier prêtre à sortir de l'église est soutenu pour ne pas
    s'effondrer à cause de la fatigue et de la chaleur accumulées pendant
    près de trois heures de cérémonie. Malgré sa faiblesse, il répondra à
    toutes les sollicitations de bénédiction de la part des pèlerins.
    Certains ont parcouru plus de 2000 km sur les routes iraniennes ou
    franchi plusieurs frontières pour venir, et ne se voient pas repartir
    sans avoir fait bénir leur dernier né ou les crois achetées aux
    marchands du temple installés devant l'église.

    La messe passée, les odeurs de grillade de moutons tués pour
    l'occasion et distribués aux voisins flottent de nouveau dans
    l'atmosphère.

    Les conversations tournent autour des bons moments passés pendant ce
    pèlerinage, et de l'examen du dossier du monastère par l'UNESCO pour
    son inscription au patrimoine mondial de l'humanité. « Que l'église
    fasse partie du patrimoine serait une excellente chose pour la survie
    de nos traditions. Cela obligerait les autorités à préserver notre
    site alors que notre situation devient plus difficile dans ce pays
    depuis quelques années. Nombreux sont les arméniens qui émigrent en
    Californie. Notre situation économique est parfois difficile, et
    l'Etat ne nous aide pas beaucoup », commente Edmond Gharadaghi, un
    ouvrier en travaux publics originaire d'Ispahan.

    Un des pèlerins a sûrement fait le v`u d'une inscription de l'église
    au patrimoine mondial en buvant l'eau bénite distribuée à la fin de la
    messe. La semaine suivante, l'UNESCO annonçait l'inscription des
    monastères arméniens d'Iran à la liste du patrimoine mondial de
    l'humanité. Avec le site de Saint Thaddée d'Artaz, les monastères de
    Sainte Marie de Dzordzor et de Saint Stéphane, situés dans la région,
    seront préservés pour les générations futures. Et le pèlerinage à
    Saint Thaddée aura encore de beaux jours devant lui.

    NB : les noms de personnes ont été modifiés pour préserver leur anonymat.

    Un pèlerinage chrétien en République islamique d'Iran

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    UNESCO

    Ensembles monastiques arméniens de l'Iran

    Brève description

    Les Ensembles monastiques arméniens de l'Iran, au nord-ouest du pays
    comprennent trois ensembles monastiques historiques de la foi
    chrétienne arménienne : St-Thaddeus, St-Stepanos et la chapelle
    Ste-Marie de Dzordzor. Ces édifices, dont le plus ancien, St-Thaddeus,
    date du VIIème siècle, sont des exemples de valeur universelle
    exceptionnelle des traditions architecturale et décorative
    arméniennes. Ils montrent également les très importants échanges qui
    ont eu lieu avec d'autres cultures, notamment byzantine, orthodoxe et
    perse. Situés aux limites sud-est de la zone principale de la culture
    arménienne, les monastères ont été un centre majeur de sa diffusion
    dans la région. Ce sont aujourd'hui les derniers témoignages régionaux
    de cette culture dans un état d'intégrité et d'authenticité
    satisfaisants. De plus, en tant que lieux de pèlerinage, les ensembles
    monastiques apportent un témoignage vivant des traditions religieuses
    arméniennes à travers les siècles.

    Valeur universelle exceptionnelle

    Les monastères arméniens de l'Iran représentent, depuis les origines
    du christianisme et de manière certaine depuis le VIIe siècle, la
    manifestation permanente de la culture arménienne en direction et au
    contact des civilisations perse puis iranienne. Ils témoignent d'un
    panorama très large et raffiné des contenus architecturaux et
    décoratifs de la culture arménienne, en interaction avec d'autres
    cultures régionales : byzantine, orthodoxe, assyrienne, perse,
    musulmane. Les monastères ont survécu à près de 2000 ans de ravages,
    du fait tant des hommes que des catastrophes naturelles. Ils ont été
    reconstruits à plusieurs reprises dans un esprit conforme aux
    traditions culturelles arméniennes. Ils sont aujourd'hui les seuls
    vestiges importants de la culture arménienne dans cette région.
    Saint-Thaddeus, lieu présumé de la sépulture de l'apôtre du Christ,
    Saint Thaddée, a toujours été un lieu de haute valeur spirituelle pour
    les chrétiens et pour les autres habitants de la région. C'est
    toujours un lieu vivant de pèlerinage de l'Église arménienne.

    Critère (ii) : Les monastères arméniens de l'Iran illustrent la valeur
    universelle exceptionnelle des traditions architecturales et
    décoratives arméniennes. Ils témoignent d'échanges culturels très
    importants avec les autres cultures régionales, notamment byzantine,
    orthodoxe et perse.

    Critère (iii) : Situés aux limites sud-est de la zone principale de la
    culture arménienne, les monastères ont été un centre majeur de sa
    diffusion dans la région. Ce sont aujourd'hui les derniers témoignages
    régionaux de cette culture dans un état d'intégrité et d'authenticité
    satisfaisant.

    Critère (vi) : Les ensembles monastiques sont le lieu du pèlerinage de
    l'apôtre Saint Thaddée, qui apporte un témoignage vivant exceptionnel
    des traditions religieuses arméniennes à travers les siècles.

    L'État partie a fait un effort important et de longue durée pour la
    restauration et la conservation de l'ensemble des monastères arméniens
    en Iran. Leur intégrité et authenticité est satisfaisante, y compris
    pour la chapelle de Dzordzor dont le déplacement et la reconstruction
    (en raison d'un projet de construction de barrage) ont été effectués
    dans un souci évident d'authenticité.

    La protection juridique en place est appropriée. L'état actuel de
    conservation de l'ensemble des monastères est bon. Le plan de gestion
    apporte les garanties nécessaires pour la conservation à long terme du
    bien et l'expression de sa valeur universelle exceptionnelle.

    Description historique

    Parmi les trois ensembles monastiques du bien proposé pour
    inscription, le plus ancien est celui de Saint- Thaddeus. La légende
    voudrait que cet apôtre thaumaturge ait terminé sa vie en ce lieu et y
    soit enterré (Ier siècle) ; puis que saint Grégoire, père de l'église
    arménienne, y créa un lieu de culte (IVe siècle). Toutefois, aucun
    élément historique ou archéologique précis, aucune indication dans les
    btiments eux-mêmes ne confirment à ce jour ce récit fondateur.

    Les premières mentions confirment la présence d'un évêque chrétien
    arménien au VIIe siècle dans la vallée de Maku, puis, plus
    précisément, du monastère de Saint- Thaddeus lui-même, au Xe siècle,
    comme siège du diocèse. C'est également au VIIe siècle que fut fondé
    le monastère de Saint-Stepanos (1ère trace en 649), et une nouvelle
    église est construite au Xe siècle. Il apparaît comme un centre de la
    culture et de la foi chrétienne, dans une période d'indépendance et de
    développement de l'Arménie (885-1079). Saint-Thaddeus est alors l'un
    des sites majeurs de la spiritualité arménienne.

    Les différents conflits régionaux et invasions du Moyen ge
    endommagent ensuite gravement ces deux monastères, à plusieurs
    reprises : celui de Saint-Stepanos lors des guerres entre les
    Seldjoukides et Byzance (XIe - XIIe siècles) et celui de
    Saint-Thaddeus lors des invasions mongoles (1231 et 1242). Le nouveau
    souverain de la Perse, Hulagu, et à sa suite la dynastie des Ilkhans,
    sont toutefois favorables aux chrétiens et les monastères sont
    restaurés (seconde moitié du XIIIe siècle). Un accord de paix durable
    est signé entre l'Église arménienne et les Ilkhans. Les XIIIe et XIVe
    siècles sont une période d'intense rayonnement des monastères,
    notamment face aux missions chrétiennes d'Occident.

    L'évêque Zachariah et sa puissante famille entreprennent en 1314 la
    construction d'un vaste ensemble monacal, un peu en amont de
    Saint-Thaddeus, sur la rivière Makuchay, à Dzordzor. Il prend la suite
    d'un édifice religieux plus modeste et plus ancien, dont les vestiges
    archéologiques vont du Xe au XIIe siècles et révèlent une influence
    byzantine. Saint-Thaddeus est détruit à la même époque par un
    tremblement de terre (1319). Sa reconstruction est immédiatement
    entreprise par Zachariah. Les deux ensembles monastiques sont achevés
    dans les années 1320. Saint-Stepanos connaît ensuite un brillant
    apogée de son rayonnement culturel et intellectuel (XIVe siècle). De
    nombreuses oeuvres artistiques et littéraires y sont alors produites
    sous forme de peintures et de manuscrits enluminés, dont les sujets
    touchent à la religion, à l'histoire, à la philosophie. Plusieurs des
    productions iconographiques et littéraires originales de
    Saint-Stepanos ont été conservées (Erevan, Venise).

    Protégée par la forteresse de Maku, la région échappe aux guerres de
    Tamerlan contre la dynastie des Ilkhans.

    Au début XVe siècle, la nouvelle dynastie des Safavides confirme sa
    protection aux Chrétiens arméniens. La région devient toutefois un
    enjeu de conquête pour les Ottomans, qui contrôlent l'Arménie centrale
    et occidentale (1513). Les centres monastiques de la partie orientale
    entrent alors en déclin (XVIe-XVIIe siècles) ; puis le Chah Abbas
    décide de dépeupler la zone frontalière en 1604, à des fins
    stratégiques. 250 à 300 000 arméniens émigrent alors vers le centre de
    l'Iran ; les monastères sont délaissés. L'ensemble monastique de
    Dzordzor est partiellement démoli, ne laissant que la chapelle.
    Toutefois, dans le contexte d'une consolidation du pouvoir des
    Safavides face aux Ottomans, une réoccupation des monastères et des
    travaux de restauration sont entrepris à compter de 1650, à Saint-
    Thaddeus puis à Saint-Stepanos. Vers 1700, le monastère de
    Saint-Stepanos est décrit par le voyageur français J.-B. Tavernier
    comme un reliquaire de la culture arménienne ; un ossuaire vient
    d'être mis au jour par une fouille (2005).

    À la fin du XVIIIe siècle, la région est un point de rencontre entre
    les ambitions des empires russe, ottoman et perse. Les équilibres
    territoriaux se modifient et les communautés arméniennes se trouvent
    au coeur des conflits.

    Dans un premier temps, la nouvelle dynastie perse des Qadjar envahit
    la Georgie (prise de Tiflis, 1787). Au cours de cette campagne, de
    nombreux édifices religieux arméniens sont saccagés, dont
    Saint-Thaddeus.

    La prise d'Erevan par les Russes, en 1808, repousse la frontière sur
    la rivière Araxe, coupant la région en plusieurs zones sous des
    administrations différentes : turque, perse et russe. Des déplacements
    forcés de populations se produisent vers la partie russe. Toutefois,
    la dynastie des Qadjar protège les Arméniens, favorisant un mouvement
    de restauration et de reconstruction des édifices religieux. À
    Saint-Thaddeus, l'Eglise blanche est btie dans sa forme actuelle
    (1814) ; Saint-Stepanos est reconstruit entre 1819 et 1825 et le
    village de Darresham est racheté par l'Église arménienne.

    Dans les années 1900-1910, Saint-Thaddeus devient un centre actif de
    la résistance arménienne aux Ottomans. Suite aux conséquences de la
    révolution soviétique, le Catholicos de l'église arménienne est
    transféré à Saint- Thaddeus de 1930 à 1947.

    Aujourd'hui, le monastère de Saint-Thaddeus est le centre religieux
    principal des Arméniens d'Iran. C'est un lieu actif de pèlerinage pour
    les chrétiens orientaux mais aussi pour les musulmans de la région. Il
    est défini par l'État partie comme un patrimoine vivant.

    Les formes architecturales générales et le plan actuel de l'ensemble
    monastique de Saint-Thaddeus datent pour l'essentiel de la
    reconstruction des années 1320, après le tremblement de terre de 1319.
    Ils ont repris, notamment pour l'église, les éléments antérieurs
    restants des VIIe et Xe siècles, dans l'esprit d'une reconstruction
    fidèle aux origines. Des travaux de restaurations sont entrepris dans
    la seconde moitié du XVIIe siècle. L'église blanche est ajoutée au
    début du XIXe siècle, elle témoigne d'une reconstruction visant à
    imiter l'Église patriarcale d'Etchmiadzine (Arménie actuelle).

    Saint-Stepanos a été lui aussi reconstruit vers 1330, sous l'impulsion
    des Zachariah, à partir des éléments antérieurs des VIIe et Xe
    siècles, puis à nouveau à la fin du XVIIe siècle.

    Le tremblement de terre de 1940 affecta à nouveau gravement l'église
    de Saint-Thaddeus. Un premier programme de restauration a été
    entrepris en 1972- 1973 par le Ministère de la Culture et des Arts,
    avec le soutien de l'UNESCO. Cette première phase de travaux urgents
    s'est poursuivie jusqu'en 1977, permettant de consolider les murs, de
    restaurer le dôme et de mettre hors d'eau une partie de l'église.

    Une seconde étape d'études et de travaux a eu lieu de 1977 à 1983, par
    un programme supporté par la Faculté d'Architecture et des Arts de
    Téhéran et par une équipe d'architectes dépendant du diocèse arménien.
    Les travaux ont poursuivi l'intervention précédente et ont entrepris
    de nouveaux travaux de restauration.

    Une troisième étape de 1983 à 2001 a repris et complété de nombreux
    travaux précédents, devant faire face à d'importants problèmes
    d'étanchéité sur l'ensemble de l'édifice et de conservation, notamment
    à l'Eglise blanche. En 1992, des travaux de restauration extérieurs
    ont été entrepris.

    Depuis 2001, un programme global de site a été mis en place.

    A Saint-Stepanos, un programme de restauration des remparts a été mis
    en place en 1974, ainsi que d'étude des éléments archéologiques du
    village de Darresham. Des travaux ont été menés régulièrement dans le
    monastère à compter de cette date. Un problème général de stabilité
    des sols alluviaux supportant les btiments existe à Saint-Stepanos,
    et il a nécessité d'importants travaux de consolidation des murs et
    des voûtes, notamment la reconstruction des deux niveaux supérieurs de
    la tour de l'horloge.

    La chapelle de Dzordzor est le reliquat d'un ensemble monastique
    beaucoup plus important, qui a disparu au début du XVIIe siècle. Ses
    vestiges ont été déplacés et reconstruits en raison de la construction
    d'un barrage. Le démontage des ruines de la chapelle et sa
    reconstruction ont été effectués en 1987-1988, par un programme du
    gouvernement et en accord avec l'Église arménienne.

    Ensembles monastiques arméniens de l'Iran


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