Announcement

Collapse
No announcement yet.

Archives Sur La "Memoire Des Armeniens De Marseille"

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Archives Sur La "Memoire Des Armeniens De Marseille"

    ARCHIVES SUR LA "MEMOIRE DES ARMENIENS DE MARSEILLE"

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=68502
    Publie le : 31-10-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "Reconnu par la
    loi francaise en 2001, quatorze ans après sa reconnaissance par
    le Parlement europeen, le genocide armenien de 1915-1916 a eu,
    entre autres consequences, la constitution a Marseille et dans
    l'ensemble du departement des Bouches-du-Rhône, d'une importante
    communaute armenienne. Aujourd'hui, ces immigres et leurs descendants
    portent encore la memoire de ce genocide, mais surtout de l'exil,
    des savoir-faire notamment culinaires, d'une certaine forme de
    sociabilite qui disparaît peu a peu, d'un mode de vie aujourd'hui
    profondement modifie". Melanie Castelle a publie sur le site de l'AFAS
    [Association des detenteurs de documents audiovisuels et sonores] "
    La collection d'archives orales "Memoire des Armeniens des quartiers
    de Marseille et des Bouches-du-Rhône" : comment la valoriser, comment
    la faire evoluer ? Etude d'un corpus sonore en ligne ", le 24 octobre
    2012. Le Collectif VAN relaye ici son etude.

    L'AFAS [Association des detenteurs de documents audiovisuels et
    sonores] est une association creee en 1979 sur l'initiative de
    responsables de fonds d'archives sonores ou de phonogrammes inedits ou
    edites a vocation de recherche, d'etudes ou d'usage professionnel. Son
    objectif est avant tout de reunir institutions et personnes qui
    s'interessent a la sauvegarde, au traitement et a la communication
    des documents sonores et audiovisuels inedits ou edites.

    Melanie Castelle, " La collection d'archives orales "Memoire des
    Armeniens des quartiers de Marseille et des Bouches-du-Rhône" :
    comment la valoriser, comment la faire evoluer ? Etude d'un corpus
    sonore en ligne ", Bulletin de liaison des adherents de l'AFAS [En
    ligne], 37 | automne-hiver 2011, mis en ligne le 24 octobre 2012,
    consulte le 28 octobre 2012.

    AFAS

    La collection d'archives orales "Memoire des Armeniens des quartiers
    de Marseille et des Bouches-du-Rhône" : comment la valoriser, comment
    la faire evoluer ? Etude d'un corpus sonore en ligne

    Melanie Castelle

    Reconnu par la loi francaise en 2001, quatorze ans après sa
    reconnaissance par le Parlement europeen, le genocide armenien
    de 1915-1916 a eu, entre autres consequences, la constitution a
    Marseille et dans l'ensemble du departement des Bouches-du-Rhône,
    d'une importante communaute armenienne. Aujourd'hui, ces immigres
    et leurs descendants portent encore la memoire de ce genocide, mais
    surtout de l'exil, des savoir-faire notamment culinaires, d'une
    certaine forme desociabilite qui disparaît peu a peu, d'un mode de
    vie aujourd'hui profondement modifie...

    L'association Paroles Vives, en collaboration avec les Archives
    departementales des Bouches-du-Rhône et avec l'appui technique et
    scientifique de la phonothèque de la Maison Mediterraneenne des
    Sciences de l'Homme, a ainsi souhaite, a l'occasion de l'annee de
    l'Armenie ("Armenie, mon amie", 21 septembre 2006 au 14 juillet
    2007), recueillir cette memoire au travers d'une serie d'entretiens
    realises en 2006 et 2007, qui forment une collection aujourd'hui
    deposee dans les deux institutions. Celle-ci1 a deja fait l'objet
    de presentations de la part des personnes qui ont contribue a son
    elaboration : une importante note methodologique a ete redigee afin
    d'expliquer et d'exposer la manière de faire, un billet sur le blog de
    la phonothèque en souligne la specificite2 et a ete presentee lors de
    journees d'etude3. Mon point de vue dans ce texte est different en ce
    qu'il provient de l'exterieur. En effet, j'ai ete amenee a m'interesser
    a cette collection lors de la realisation d'un devoir, dans le cadre du
    cours dispense par Florence Descamps (maître de conferences a l'EPHE,
    specialiste en histoire des organisations et archives orales) au sein
    du Master 2 professionnel Histoire et gestion du patrimoine culturel,
    que j'ai suivi durant l'annee 2010-2011. Ce travail m'a conduite a un
    certain nombre de reflexions qu'il m'a semble pertinent de partager
    avec les adherents de l'AFAS.

    Pour ceux qui ne connaissent pas la collection, l'objectif qui lui
    etait fixe etait de permettre de decrire l'installation de la diaspora
    armenienne dans les Bouches-du-Rhône, en particulier a Marseille, et
    la transmission de la culture armenienne au fil des trois generations
    qui se sont succedees depuis les annees 1920. Elle se compose de
    108 entretiens realises avec 126 personnes, pour un total de 162
    heures d'enregistrement. La question du genocide n'est pas toujours
    abordee ou en tout cas developpee dans les entretiens. Souvent
    les personnes sont trop jeunes (elles n'etaient pas nees ou etaient
    seulement âgees de quelques annees) pour en avoir de vrais souvenirs,
    cependant plusieurs d'entre elles rapportent la manière dont elles en
    ont eu connaissance dans leur famille, qui n'en parlait pas devant
    les enfants par exemple : par la captation de conversations entre
    adultes en particulier. Les entretiens se concentrent surtout sur
    la transmission d'une culture armenienne, notamment a travers les
    traditions culinaires, le maintien d'une "culture du travail" et la
    fierte d'appartenir a un peuple travailleur. Si le genocide armenien
    et les evenements historiques ont leur place dans la constitution de
    la campagne de collecte, c'est principalement dans la reflexion des
    ethnologues en amont de ce travail : d'une part sur les personnes a
    interroger, d'autre part sur la familiarisation avec l'histoire de
    cette communaute comme travail preparatoire a la campagne de collecte
    et l'etablissement des thèmes a aborder lors des entretiens. La
    grille d'enquete s'adapte ainsi au vecu de la personne interrogee et
    a ce qu'elle veut bien dire. C'est pourquoi, notamment du fait de
    l'anciennete du genocide ou de l'installation familiale en France,
    ces sujets ne constituent souvent pas le c~\ur du propos recueilli. La
    note methodologique presentee avec le corpus sur le site Internet de la
    phonothèque de la MMSH, ainsi que la reflexion qu'illustre le billet
    de Laëtitia Nicolas et Corinne Casse, traduisent une qualite certaine
    dans la collecte et le traitement documentaire de cette collection
    d'archives orales. La rigueur observee sur le plan juridique notamment,
    avec la signature systematique de contrats entre les informateurs et
    les enqueteurs d'abord, ensuite entre les enqueteurs et l'association
    collectrice, enfin entre l'association et les institutions conservant
    la collection, permet la diffusion et l'exploitation ulterieure des
    temoignages recueillis. De meme, le reste de la methodologie, telle
    qu'elle est exposee dans l'annexe methodologique a la collection,
    a suivi des standards reconnus par la profession, malgre la nouveaute
    de la demarche. En effet, celle-ci est tout-a-fait originale dans le
    milieu des chercheurs en sciences sociales, principalement du fait du
    but affiche dès le depart de constitution d'un corpus pour etre diffuse
    au public tel quel, avec les indications methodologiques necessaires
    a sa comprehension. La collecte n'a en revanche pas ete entreprise
    dans l'objectif de l'analyser ulterieurement par les memes acteurs
    qui l'auraient realisee, comme les ethnologues le font generalement ;
    meme si l'un des objectifs, a terme, est que les chercheurs puissent
    l'utiliser dans le cadre de leurs travaux. Les entretiens, s'ils ont
    bien sûr ete concus a partir de questionnements, ont ainsi ete menes
    dans le but de ne pas repondre a une problematique particulière. La
    specificite de cette demarche a ete soulignee, et a forcement amene a
    employer une technique qui s'est affinee tout au long de la campagne de
    collecte, afin de remplir les objectifs nouveaux que les commanditaires
    ainsi que les collecteurs ont attribues a cette collection ; d'où de
    necessaires amenagements methodologiques en fonction des resultats
    du terrain, au fil du temps.

    Cependant, il me semble que certains points meriteraient d'etre
    eclaircis. Tout d'abord, la question du public auquel est destine ce
    corpus. Elle apparaît de manière très marginale dans les differentes
    communications qui ont pu traiter de la collection. Qui est-il
    et que veut-on lui transmettre ? Le travail effectue l'est-il a
    destination des chercheurs, de la communaute armenienne concernee,
    de l'ensemble de la communaute armenienne, de la population des
    Bouches-du-Rhône, du grand public de manière plus generale, du monde
    enseignant... ou de plusieurs de ces groupes ? De cette question du
    public de destination, decoule bien evidemment celle du devenir de la
    collection. Quel rôle souhaite-t-on lui voir remplir par la suite,
    une fois collectee et referencee ? Actuellement, les usagers de la
    collection sont majoritairement les chercheurs en sciences sociales
    et elle est plutôt bien referencee sur les sites scientifiques. Elle
    pourrait eventuellement etre completee par d'autres corpus, realisees
    par d'autres chercheurs sur les communautes armeniennes a des fin
    de comparatisme.

    En revanche, il n'y a a ce jour eu aucune valorisation en direction
    d'autres publics. Je pense notamment a des modes de restitution aux
    temoins, et a une ouverture a une audience plus large. Les temoins
    ont apparemment chacun recu un CD de leur temoignage, ainsi que les
    references pour la consultation en ligne. Ils attendaient peut-etre
    que leur parole soit plus largement connue et diffusee, et qu'elle
    "serve" a quelque chose, par exemple a sensibiliser la population
    des lieux où ils vivent au genocide armenien, ou a faire prendre
    conscience des specificites de la communaute armenienne, afin de mieux
    la faire accepter... Bref, qu'elle ne reste pas confidentielle. Il est
    toujours difficile de valoriser et de faire connaître a un public non
    habitue ce type de patrimoine, qui n'est pas perceptible de manière
    visuelle, a la difference de monuments ou encore d'objets. Comment
    faire du temoignage oral - sonore ou transcrit - le centre d'une
    manifestation, d'une exposition... de manière attractive et ludique,
    de manière a ce qu'il suscite un interet chez le public vise ?C'est
    la principale difficulte dans cette demarche. N'etant pas visuelles,
    excepte dans leurs transcriptions qui ne peuvent pas telles quelles
    constituer une valorisation, les archives orales necessitent
    generalement pour pouvoir attirer l'attention d'un public d'etre
    accompagnees d'autres supports de mediation : image, activite...D'un
    autre côte, il faut aussi souligner les avantages d'un tel patrimoine
    "dematerialise". En effet, du fait qu'il soit aisement reproductible
    et transportable, le temoignage oral, que ce soit sous sa forme sonore
    ou ecrite (transcription) est facilement adaptable a toutes sortes
    d'utilisations, et n'entraîne pas de contraintes materielles fortes.

    L'archive orale peut s'adapter a toutes sortes de lieux, contrairement
    a une sculpture ou encore une ancienne machine. Dans cette demarche,
    plusieurs types de diffusion de l'archive orale sont imaginables. Une
    exposition peut etre envisagee, a destination du grand public plutôt
    local (sans cerner en priorite des personnes deja sensibilisees),
    en prenant un point d'entree ludique pour traiter de la culture
    armenienne comme la cuisine, les mets, les traditions culinaires,
    qui semblent etre un thème qui rassemble y compris les temoins. Avec
    possibilite de deguster ou d'acheter certains produits typiques a
    la fin par exemple... D'autres thèmes peuvent servir de base a une
    exposition : la religion, la langue, la memoire de l'enfance...

    Un ouvrage, alliant retranscriptions de passages d'entretiens avec
    des photographies des temoins ou bien des objets dont ils parlent
    ou encore des photographies d'epoque, serait peut-etre plus facile
    d'accès que les enregistrements bruts. Il permettrait aux temoins de
    consulter facilement d'autres paroles que les leurs sur un sujet bien
    precis. Il aurait aussi l'avantage de pouvoir etre consulte dans les
    bibliothèques et acquis par des lecteurs interesses, pas forcement
    issus de la communaute armenienne. Un site Internet dedie, permettant
    de consulter l'ensemble des temoignages, et autorisant egalement
    les internautes a faire part de leur experience, constituerait une
    plate-forme d'echange entre Paroles Vives, la phonothèque de la MMSH,
    les archives departementales et le public, mais surtout un lieu de
    dialogue entre les consultants de la collection, interesses par
    le sujet et souhaitant eventuellement enrichir la collection de
    leur propre temoignage. Enfin, le projet de collecte etait parti
    au depart de l'idee de constituer une mallette pedagogique qui ne
    s'est finalement pas realisee. Il serait interessant que certains des
    temoignages puissent neanmoins etre utilises dans le cadre scolaire.

    Le genocide armenien peut aujourd'hui etre aborde a differents niveaux
    : ecole primaire, classe de 3ème, classes de 1ère. A partir de la
    manière dont peut etre traite le sujet du genocide armenien dans
    chaque classe, et selon les thematiques fixees par les programmes
    scolaires, on peut se servir des entretiens realises dans le cadre de
    la collecte "Memoire orale des Armeniens des quartiers de Marseille
    et des Bouches-du-Rhône". En effet, meme si, on l'a deja evoque, cet
    evenement n'est pas central dans les temoignages, et parfois n'apparaît
    qu'en filigrane, ils peuvent permettre de sensibiliser davantage
    les elèves. Utiliser la voix des temoins comme media pour leur faire
    comprendre de quelle manière a pu etre vecu et percu ce genocide et
    quelles consequences il a pu avoir (exclusion, emigration...) dans
    une mallette pedagogique me paraît ainsi tout a fait pertinent.

    Ces propositions ne sont que des exemples de valorisation possible
    d'une telle collection. Par sa richesse, la rigueur avec laquelle
    elle a ete collectee et le passionnant sujet qu'elle vise a couvrir,
    elle merite en tout cas qu'on l'utilise et qu'elle constitue un
    materiau d'etude pour les chercheurs, et soit mieux connue du grand
    public. La reflexion sur le travail de restitution est apparemment
    en cours ; elle aurait peut-etre merite d'etre abordee plus en
    amont. Cela a neanmoins permis d'eviter l'ecueil du biais constitue
    par la preoccupation du devenir de la collection, ce qui lui permet
    aujourd'hui de s'adapter a un grand nombre d'usages (exploitation par
    les chercheurs, valorisation auprès du grand public, enrichissement
    posterieur a la première campagne...).

    Notes

    1
    http://phonotheque.mmsh.univ-aix.fr/Record.htm?idlist=6&record=19109831124919270139

    2 Quand l'ethnologue cree une source pour la mettre a disposition
    du public dans une phonothèque de recherche, V. Ginouvès,
    http://phonotheque.hypotheses.org/18

    3 C. Casse et L. Nicolas, "Interroger l'histoire et l'actualite des
    descendants d'Armeniens : la creation d'une collection sonore aux
    archives departementales des Bouches-du-Rhône et a la phonothèque de
    la maison mediterraneenne des sciences de l'homme", Imageson.org,
    9 oct. 2008. http://www.imageson.org/document1033.html, consulte
    le 29/08/11.

    Retour a la rubrique

    Source/Lien : AFAS

Working...
X